CENTRE EDUCATIF FERME
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CENTRE EDUCATIF FERME
PROJET Adopté par le Conseil d’Administration de l’ADSEA 38 Le 04/10/2004 Modifié en juin 2005, novembre 2005, septembre 2006 CENTRE EDUCATIF FERME POUR MINEURS DE 13 A 16 ANS DANS LE DEPARTEMENT DE L’ISERE Association Départementale pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte de l’Isère Siège Social 129 Cours Berriat 38000 GRENOBLE – Tél 04.76.49.73.54 Fax 04.76.49.87.61 2 Sommaire FICHE RECAPITULATIVE DU PROJET « CENTRE EDUCATIF FERME » P. 05 PREAMBULE P. 07 I II III PRESENTATION DE L’ASSOCIATION P. 09 POPULATION CONCERNEE P. 13 LES BESOINS DE LA POPULATION ACCUEILLIE P. 15 1 2 3 4 LE BESOIN DE RECONNAISSANCE LE BESOIN DE CADRE LE BESOIN D’EDUCATION LE BESOIN DE SOINS P. 15 P. 16 P. 17 P. 18 IV - L’OFFRE DE SERVICE 1 2 3 P. 19 LE CADRE JURIDIQUE 1. Le Contrôle judiciaire 2. Le sursis avec mise à l’épreuve 3. La libération conditionnelle LE PROJET INDIVIDUALISE AU CŒUR DU DISPOSITIF LA COLLABORATION AVEC LE FIL ROUGE V. L’ORGANISATION DU DISPOSITIF 1 2 3 P. 22 P. 22 P. 23 L’ACCUEIL LES PASSAGES A L’ACTE ET LES FUGUES ARTICULATION CEF/MAGISTRAT A L’ORIGINE DE LA MESURE/ JURIDICTION DE PROXIMITE Rôle central du magistrat à l’origine de la mesure 1. 2. Compétence de la juridiction de Grenoble 3. Rapports adressés aux magistrats VI – LA MISE EN PLACE DU PROJET INDIVIDUEL 1 2 3 4 5 6 7 P. 19 P. 19 P. 20 P. 20 LA VIE QUOTIDIENNE ET LA VIE EN COLLECTIVITE LES ACTIVITES SCOLAIRES ET DE FORMATION PROFESSIONNELLE LES ACTIVITES SPORTIVES LES ACTIVITES CULTURELLES LE SUIVI THERAPEUTIQUE LES RELATIONS AVEC LA FAMILLE LA PREPARATION DE LA SORTIE 3 P. 23 P. 26 P. 28 P. 28 P. 28 P. 29 P. 31 P. 31 P. 34 P. 35 P. 35 P. 35 P. 36 P. 37 VII - LES MOYENS NECESSAIRES 1 2 3 4 P. 38 LE PERSONNEL L’ORGANISATION FONCTIONNELLE LA FORMATION DES PERSONNELS LES LOCAUX P. 38 P. 39 P. 41 P. 41 Pièces annexes : 1 2 3 4 5 6 P. 43 Livret d’accueil Règlement de fonctionnement Déclaration des droits de l’enfant Règlement intérieur du CEF Projet associatif de l’Association Organigramme de l’ADSEA 38 4 FICHE RECAPITULATIVE DU PROJET CENTRE EDUCATIF FERME ACCUEIL EN CONTINU POUR 10 MINEURS DELINQUANTS MULTIRECIDIVISTES OU MULTIREITERANTS DE 13 A 16 ANS REFERENCES LEGISLATIVES : ORDONNANCE DU 2 FEVRIER 1945. LOI DU 9 SEPTEMBRE 2002 REFERENCES REGLEMENTAIRES : CAHIER DES CHARGES POUR LA CREATION DES CEF + ADDITIF JUIN 2003 DUREE DE LA PRISE EN CHARGE : 6 MOIS RENOUVELABLE UNE FOIS DUREE D’OUVERTURE : 365 JOURS PAR AN LIEU D’IMPLANTATION : DEPARTEMENT DE L’ISERE. PROCHE DE L’AGGLOMERATION DE GRENOBLE PROMOTEUR : ASSOCIATION DEPARTEMENTALE POUR LA SAUVEGARDE DE L’ENFANT A L’ADULTE DE L’ISERE – ADSEA 38 HABILITATION PJJ DATE D’OUVERTURE PREVUE : courant 2006 5 6 PREAMBULE L’Association « Sauvegarde de l’Enfance de l’Isère » est née dans l’immédiat après-guerre. Elle partage avec les pouvoirs publics de l’époque et comme l’ensemble des « Sauvegarde », les mêmes valeurs fondamentales issues de la Résistance, celles que l’on retrouve au cœur de l’Ordonnance de 45. En l’occurrence, la primauté des valeurs éducatives en ce qui concerne la jeunesse, y compris et avant tout, la jeunesse délinquante, ce qui a toujours été considéré comme un fondement essentiel de l’action associative. A ce titre l’Association s’est beaucoup investie dans le champ de la protection de l’enfance, tant en milieu ouvert qu’en hébergement, comme dans le champ de la protection judiciaire de la jeunesse. Cet investissement dans ce dernier champ, elle l’a mené en accord avec ses valeurs et avec les grands principes d’une justice « d’exception » pour les mineurs, initiée dans notre pays avec l’Ordonnance de 45. Justice propre aux enfants et adolescents, primauté de l’éducatif sur la répression, de la rééducation sur la prison, prise en compte de la capacité de discernement, tout cela a été au cœur des actions menées depuis plus de cinquante ans par la « Sauvegarde de l’Enfance de l’Isère » devenue depuis « Association Départementale pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte de l’Isère » (ADSEA 38). De la même façon que l’Ordonnance de 45 n’est pas restée un texte figé – celle-ci a été modifiée à 16 reprises avant la loi du 9 septembre 2002 instaurant notamment les Centres Educatifs Fermés – l’ADSEA 38 a pris soin d’adapter sa réflexion et ses projets en fonction des politiques sociales et judiciaires, comme en fonction des besoins des mineurs accueillis ou accompagnés. C’est ainsi que, dès 1996, l’Association a participé à la mise en œuvre du programme des UEER en créant et développant ce qui deviendra le Centre Educatif Renforcé de « La Minardière ». C’est depuis qu’elle a développé une approche, un savoir-faire, des compétences, en matière de prise en charge de mineurs délinquants multirécidivistes, prise en charge pouvant allier l’éducation et la contrainte. Cette expérience, l’Association a hésité un certain temps avant de la mettre au service de ces nouvelles structures mises en place dans le cadre de la Loi de septembre 2002, structures fort improprement appelées, suite à un débat électoral centré sur la sécurité et la délinquance, « Centres Educatifs Fermés ». Cette réflexion préalable a été un moment indispensable pour asseoir la conviction que de telles structures avaient leur place dans le champ des solutions éducatives alternatives à l’incarcération des mineurs délinquants. Elle a été menée en étroite symbiose avec la représentation nationale des « Sauvegarde » qu’est l’UNASEA. A travers son Union Nationale, l’ADSEA 38 a participé à l’élaboration du cahier des charges de ces centres, avant tout éducatifs, et fermés avant tout par le droit. Ces centres ne relèvent pas de l’enfermement, fonction régalienne de l’Etat, mais de l’éducation, de l’éducation renforcée, dans laquelle l’Association se sent prête à jouer son rôle. 7 8 I - PRESENTATION DE L’ASSOCIATION L’Association a été enregistrée à La Préfecture de l’Isère en date du 27 avril 1949 et adhère à l’Union Nationale des Associations pour la Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence et des Adultes, 118 rue du Château des Rentiers 75013 PARIS, reconnue d’utilité publique. Les statuts définissent les Départementale de l’Isère : objectifs de la Sauvegarde, Association - Créer un mouvement d’opinion en faveur de l’enfance, de l’adolescence et des adultes et familles en difficulté - Participer, dans le cadre départemental, régional et national, aux initiatives et aux efforts faits pour cette population - Créer, gérer, animer tous établissements et services, dans le cadre départemental, qui se révèleraient nécessaires - Intégrer ces différentes actions dans le cadre des projets départementaux, en accord avec les services publics et organismes compétents - Se tenir à la disposition des pouvoirs publics pour leur donner éventuellement tout avis sur les questions concernant l’enfance, l’adolescence, les adultes et familles en difficulté, pour proposer toutes mesures et assurer toutes réalisations qui paraissent conformes à leurs intérêts d’ordre matériel et moral - Profiter des compétences professionnelles acquises au sein de l’Association pour en faire bénéficier l’ensemble de la population et plus particulièrement les travailleurs sociaux et les jeunes sous forme d’actions entrant notamment dans le cadre des dispositions de la formation professionnelle continue. Son action s’étend au territoire administratif du département de l’Isère. Les activités de l’Association font partie du domaine réglementaire départemental pour l’essentiel. D’autres activités restent dans les objectifs statuaires : formation et insertion, RMI, milieu « voyageurs ». Ses moyens d’action sont, ou peuvent être, constitués par des organisations telles que : Institutions ou services sociaux spécialisés, services de prévention ou de diagnostic, foyers, centres d’accueil Institutions de rééducation, de réadaptation, ou destinées au reclassement social et professionnel des mineurs et adultes, ou toute autre activité entrant dans son objet social. Ces organismes peuvent être gérés par l’Association, ou conjointement avec d’autres structures publiques ou privées par voie de convention. 9 La Sauvegarde est soumise aux administrations de contrôle selon le type d’activité : CONSEIL GENERAL DE L’ISERE - Direction Enfance et Famille Direction de la Prévention de l’Autonomie ETAT - Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (D.D.A.S.S.) - Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (D.D.P.J.J.) Juge aux Affaires Familiales (J.A.F.) JUSTICE - ORGANISME DE PROTECTION - Caisse Primaire d’Assurance Maladie C.P.A.M. - Caisse d’Allocations Familiales C.A.F MEDICALE ORGANISME DE PROTECTION FAMILIALE Il faut noter que le Conseil Général de l'Isère finance plus de 50 % de la totalité des activités de l'ADSEA 38. Il n’y a pas de convention globale mais des conventions par secteurs d’activités propres à un établissement ou un service, en plus de l’habilitation au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance et de l’autorisation de fonctionner. Dans le cadre du Décret du 30 octobre 2003, les services centraux du Siège Social ont été agréés et autorisés à fonctionner par délibération du 15 janvier 2005 du Président du Conseil Général de l’Isère, principal financeur des activités de l’Association. Elle assume la responsabilité des établissements et services suivants : SECTEUR HANDICAPE I.M.P. Le Barioz à Theys S.E.S.S.A.D de la Sauvegarde dans la vallée du Grésivaudan Foyer Hébergement Le Home à St Martin d’Hères SECTEUR SOCIAL « ENFANCE » Deux services sociaux spécialisés sur le département : Assistance Educative en Milieu Ouvert (AEMO), Tutelles aux Prestations sociales, Enquêtes sociales pour juges des enfants et juges aux affaires familiales, mesures d’Investigation et d’Orientation Educative (IOE), Médiation Familiale, Aide au logement (Fond Social Logement) « Point Clef » : Point rencontre « enfants - parents divorcés » Unité d’Accueil en urgence Le 44 à Nivolas Vermelle (foyer et familles d’accueil) Action et Promotion en Milieu Voyageur Dispositif Rose Pelletier Centre d’Accueil et d’Orientation pour Mineurs Etrangers Isolés « Le Catalpa » 10 SECTEUR JUSTICE : Centre Educatif Renforcé La Minardière à Sinard Service d’Adaptation Progressive au Milieu Naturel (SAPMN) SECTEUR SOCIAL « ADULTE » : Unité d’Accueil en Urgence Berriat à Grenoble Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile « Le Cèdre » à Grenoble Pôle Hébergement en Attente d’un Statut pour Etranger en Situation Régulière (PHASES) à Grenoble Le siège Social et la Direction Générale de l'Association sont situés au 129 cours Berriat 38000 Grenoble. Le Conseil d’Administration réunit des hommes et des femmes, actifs ou retraités, de toutes opinions, venus d’horizons professionnels différents, enseignants, magistrats, professions libérales ou salariés du public comme du privé, dotés de compétences variées, et unis autour de valeurs communes fortes. Le Conseil d'Administration (15 membres) se réunit toutes les 3 semaines et tient une Assemblée générale deux fois par an. Chaque administrateur est impliqué dans le suivi d'une ou plusieurs structures à travers des Conseils d'Animation et de Gestion (CAG) et des Conseils de la Vie Sociale(CVS) partout où la loi les prévoit. Ces instances, qui se réunissent trois fois par an, regroupent administrateurs, professionnels, directeurs, partenaires et, de plus en plus souvent, usagers, autour des projets, des budgets, du fonctionnement de chaque établissement ou service concerné. Les missions de la Direction Générale sont les suivantes : Mise en oeuvre de la politique associative et de la réalisation des programmes définis par les instances compétentes de l'Association Développement du partenariat avec les autorités départementales et les autres Associations Coordination des différentes activités, de la conduite et de l'animation des études et recherches menées dans l'Association Fonctionnement administratif, comptable et financier de l'ensemble des équipements et de leur bonne marche au plan technique. En 2003, l’Association a redéfini l’ensemble des délégations qui régissent son fonctionnement, tant au niveau de ses instances (Assemblée Générale, Conseil d’Administration, …) qu’au niveau de ses responsables (Président, Trésorier, Secrétaire, Directeur Général, Directeurs d’établissements et de services, Cadres avec sub-délégations). Un organigramme fonctionnel a été institué (cf document en annexe). 11 En 2004, l’Association a entrepris la réécriture de son projet associatif. Celuici a été adopté par son Assemblée Générale du 28 avril 2005 après une année de réflexion entre administrateurs et professionnels (cf. document en annexe). Le projet associatif réaffirme en premier lieu les fondements de l’action de l’Association que sont les valeurs qu’elle entend défendre et promouvoir. Ces valeurs s’appliquent bien évidemment au champ de la prise en charge des mineurs délinquants. Elles sous-tendent une approche avant tout éducative, dans le droit fil de l’Ordonnance de 45 et de ses différentes modifications, de l’adolescent délinquant, et une attention particulière portée aux modalités dans lesquelles se réalisent son accueil, son accompagnement et nécessairement sa contention en période de crise, d’agressivité et de violence. Dans cette prise en charge en CEF, tout acte de violence verbale, physique ou psychologique de la part des professionnels doit être banni. Les missions de l’Association Départementale pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte de l’Isère s’articulent autour de l’éducation, de la prévention, de la protection et de la promotion de la personne. Ces missions de service public et d’intérêt général s’insèrent dans la politique de l’enfance et de la famille. Elles concourent à l’aide éducative et à la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse. Elles s’étendent à l’accompagnement des personnes en difficulté sociale et à l’accompagnement médico-social des enfants et adultes présentant un handicap. A travers son PROJET ASSOCIATIF, l’ADSEA 38 affirme la volonté de : • Promouvoir les VALEURS essentielles qui fondent et légitiment son action. Définir, dans le cadre de ses missions, des AXES DE PROGRES pour un accompagnement social et médico-social de qualité et pour une entreprise associative à la hauteur de ces enjeux. 12 II - POPULATION CONCERNEE Jeunes mineurs (de 13 à 16 ans) délinquants multi récidivistes ou « multi réitérant »… tel est le « profil » de ces jeunes à qui sont destinés les Centres Educatifs Fermés. Avant d’aborder le profil judiciaire de ces jeunes, il importe de mieux cerner leur profil social, psychologique. La délinquance des mineurs dans son ensemble est à considérer avec circonspection, sans catastrophisme, sans angélisme non plus. Sans catastrophisme tout d’abord. Si la délinquance des mineurs fait beaucoup parler d’elle, si elle fait peur, « il faut savoir que quatre actes de délinquance sur cinq sont dus à des individus majeurs »1. La gravité des actes de délinquance au niveau des mineurs ne fait qu’accompagner celle existante au niveau des adultes. On peut d’ailleurs y voir facilement un lien de cause à effet. Par ailleurs, même si la situation actuelle est particulièrement préoccupante, la délinquance des mineurs a toujours existé. « Je n’ai plus d’espoir pour l’avenir de notre pays si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement de demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible. Notre monde atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents ». Ce constat qui pourrait être celui d’aujourd’hui, date du… VIIIème siècle avant Jésus christ !2 Des « apaches » de la période entre deux guerres aux « blousons noirs » des années 50, l’histoire de nos sociétés est traversée de ce phénomène, parallèle et bien heureusement minoritaire, propre à toute cette période particulière de la vie de chacun qui est celui du passage à la vie adulte. Dans un récent colloque consacré à la question, un sociologue ironisait : « Depuis le temps que l’on affirme que les mineurs sont délinquants de plus en plus jeunes et qu’ils commettent des actes de plus en plus graves, on se demande bien pourquoi aucun nourrisson n’a encore attaqué une banque » ! Dans le cadre de nos missions, ce recul nécessaire à prendre est indispensable si l’on veut garder le caractère éducatif de notre intervention et surtout la conviction, qui doit se traduire dans nos actes, que des résultats sont possibles. Dans la qualité de la prise en charge en éducation renforcée, l’approche du professionnel qui, derrière le délinquant, la brute, continue à voir « un môme », un « gamin », « un môme perdu, un môme souvent cabossé 1 2 Jean-Pierre Rosenczveig, Président du Tribunal pour Enfants de Bobigny Hésiode, Les travaux et les jours 13 par les adultes », « un chien perdu sans collier », cette approche est essentielle. Cela n’empêche nullement de prendre toute la mesure de la gravité des actes commis par certains jeunes et donc de s’inscrire dans un certain nombre de dispositifs, tels les CER ou les CEF mis en place pour y apporter une réponse appropriée. Nul angélisme n’est de mise pour aborder des jeunes commettant des actes de délinquance dont certains peuvent être extrêmement graves. Cette gravité des actes commis est à la hauteur de la gravité des troubles du comportement de ces jeunes entraînés dans la voie de la délinquance. La négation de l’autre, de celui que l’on va agresser, voler, violenter, n’est que le reflet de sa propre négation, de l’absence de représentation positive de soimême. L’exclusion sociale, culturelle, est le terreau sur lequel se construisent ces adolescents « déjantés », prêt à tout pour la satisfaction de leurs besoins immédiats, « sans foi ni loi ». Ces jeunes présentent donc des caractéristiques communes, tant dans le champ culturel et social, que dans le champ de la psychopathologie. Ils sont à la frontière du judiciaire et du psychiatrique. L’absence de repères, familiaux, sociaux, moraux, dans un environnement déstructuré par la misère sociale, le chômage des parents, l’habitat délabré, la crise de l’institution familiale, est la « marque de fabrique » de cette frange de la jeunesse. D’emblée, l’Association a souhaité inscrire ce nouveau dispositif dans le cadre le plus préventif qui soit et envisagé en conséquence l’ouverture d’un CEF pour la frange la plus jeune, les 13-16 ans. Le CEF souhaite dans l’absolu travailler avec ces jeunes dans un cadre mixte – accueil de jeunes, garçons ou filles. L’éducation dans un cadre de mixité, tant au niveau des professionnels que des usagers apparaît être en effet un meilleur cadre, notamment dans l’apprentissage de la socialisation, du respect de l’autre, de l’égalité entre les hommes et les femmes. Cela étant un tel dispositif se prépare, le CEF se réserve une période d’essai dans un premier temps sans introduction de la mixité, en réservant son accueil à des jeunes de sexe masculin. 14 III - LES BESOINS DE LA POPULATION ACCUEILLIE « Répondre aux besoins des usagers », tel est l’objet essentiel d’une offre de service dans le cadre d’une mission de service public. En l’occurrence, que devons-nous entendre par « besoins de l’usager » dans le cadre d’un établissement, le CEF, qui se situe dans le champ de la Loi de janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale ? Quels sont donc les besoins d’un jeune délinquant multi récidiviste placé en CEF par un magistrat dans le cadre d’un contrôle judiciaire ou d’une condamnation assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve ? Certainement pas ses besoins « primaires » et immédiats, dont la volonté de satisfaction brutale l’a conduit là où il en est, mais bien plus les besoins explicites, exprimés ou non qui, au final, ne sont ni plus ni moins que les besoins de tout adolescent : - LE BESOIN DE RECONNAISSANCE - LE BESOIN DE CADRE - LE BESOIN D’EDUCATION - LE BESOIN DE SOINS - LE BESOIN D’INSERTION C’est au regard de ses besoins que le CEF va structurer son offre de service ainsi que son projet de service, son dispositif, les moyens, tant humains que matériels, qu’il va mettre en œuvre. 1. LE BESOIN DE RECONNAISSANCE Le CEF inscrit clairement son champ d’intervention dans celui de la Loi de janvier 2002. Le respect de l’usager, le respect de ses droits fondamentaux, dans le respect des décisions de justice le concernant, dans le respect de l’autorité parentale le concernant, dans le respect de la CHARTE DES DROITS ET LIBERTE DE LA PERSONNE ACCUEILLIE, tout cela constitue le socle premier de l’action éducative en CEF. Ce postulat de départ ne s’entend pas uniquement comme une exigence éthique, même si celle-ci est au cœur de l’éthique associative (on pourrait parler à ce propos d’une « éthique de l’usager »), mais également comme un principe éducatif de base ; comment inculquer à un jeune délinquant le respect de l’autre, sans commencer par le respecter lui-même en tant que personne, mineure en l’occurrence, avec l’ensemble des droits et des devoirs qui lui incombent. Cela signifie qu’un jeune mineur doit être accueilli au CEF et considéré comme toute personne dans la dignité. L’ensemble de ses droits et devoirs doit pouvoir 15 lui être notifié clairement. Son consentement à la mesure prise doit être systématiquement recherché, même si ce consentement fait l’objet d’un réajustement permanent en fonction de l’évolution de la mesure et des effets de cette dernière sur son comportement et son discernement. L’accueil doit être fait sans aucune complaisance sur les actes commis, mais également sans jugement de valeur de la part du professionnel. Chaque jeune doit également être considéré comme une personne unique et abordé en tant que tel. La mise en œuvre d’un projet individualisé adapté à sa propre problématique doit être systématique dès le premier jour, la désignation d’un éducateur référent et l’écriture d’un Document Individuel de Prise en Charge (DIPEC) répond également à cette exigence. La violence physique, psychologique, verbale de l’encadrant doit être proscrite ; là encore, non seulement en raison d’une exigence éthique, mais également en raison d’une efficience éducative : on ne traite pas la violence par la violence ; on ne met pas fin à la loi du plus fort par la loi du plus fort. Si plus fort il doit y avoir, cela se situe au niveau de la conviction éducative et non de la force physique. Cet aspect fondamental de l’accompagnement en CEF est indissociable des notions de contention et de soins qui sont au cœur de l’éducation renforcée. C’est au regard de notre capacité à canaliser, à contenir puis à proscrire cette violence que se situe la réussite ou l’échec du projet éducatif. 2. LE BESOIN DE CADRE Le jeune délinquant accueilli au CEF a avant tout besoin d’un cadre, d’un cadre structuré et structurant. Le cadre juridique est celui du contrôle judiciaire ou du sursis avec mise à l’épreuve. Il impose une articulation étroite avec l’autorité judiciaire, notamment au niveau de l’admission, des comptes-rendus réguliers effectués, des notifications d’incidents et de non-respect éventuel du cadre du placement. Ce cadre est forcément contraignant. C’est avant tout le cadre d’une structure qui se veut en premier lieu une alternative à l’incarcération. C’est donc à la fois une chance pour le mineur, (et pour la société, sachant combien le cadre carcéral, qui parfois ne peut être évité, est criminogène et aggravant), et à la fois une épée de Damoclès très contraignante. Le jeune va se retrouver dans un cadre où on ne lui laissera pas le loisir d’exercer sa toute-puissance, où il apprendra ou réapprendra les règles de bases de la vie en société et de la vie en général. La première contrainte est bien évidemment liée l’interdiction de sortir du Centre sans autorisation, le centre étant avant tout fermé par « le droit » : le contrôle judiciaire, le sursis avec mise à l’épreuve ou la libération conditionnelle (cf plus loin). Dans ces deux cas, c’est le risque de l’incarcération en cas de non-respect. La nécessité de la contention sans violence, la nécessité de « ne pas tenter le diable », imposent de recourir, parallèlement à un accueil le plus chaleureux et 16 respectueux qui soit, à des dispositifs de sécurité passive (fenêtres avec ouvrants à oscillo-battant, alarmes, enceinte autour du CEF…) et des dispositifs de contrôle par les encadrants. Ce cadre de prévention de la fugue, qui n’est bien évidemment pas un délit (c’est le non-respect de la décision judicaire qui l’est), qui n’est pas « une évasion » comme la Presse a pu en parler à propos des premiers CEF, doit rester dans un cadre qui n’est pas celui du cadre carcéral ; un cadre qui ne remet en cause ni la sécurité des personnes, usagers comme professionnels, ni le caractère éducatif de la structure. Ce besoin d’un cadre structurant ne se résume bien évidemment pas au caractère contraignant de la mesure mais à tout un ensemble de mesures éducatives qui devront être mises en œuvre à toutes les étapes de la prise en charge en CEF, de l’accueil à la préparation à la sortie, en passant par la contention de la violence et la mise en œuvre d’un projet personnalisé. L’ensemble des règles de vie au sein de l’institution, au cours des différentes étapes de la prise en charge, sont notifiées dans un règlement de fonctionnement qui est remis au jeune dès son arrivée au Centre. Les règles de vie se veulent résolument en rupture avec le mode de vie antérieur du jeune. Ce cadre contraignant repose sur deux axes essentiels et déterminants pour le jeune : l’éducatif et le soin. 3. LE BESOIN D’EDUCATION La fonction éducative est la première des fonctions du CEF ; c’est même la fonction essentielle. Le débat, entre politiques et entre professionnels, sur le caractère « fermé » des CEF, a fait passer à l’arrière plan celui du caractère « éducatif » du CEF. A partir du moment où l’Association fait le pari de sa capacité à développer une pratique éducative dans une structure contraignante, dans une structure cadrante fermée, non par les barreaux mais par le Droit, elle fait le pari d’une structure avant tout alternative à l’incarcération. Parler à propos du CEF de mission éducative, c’est considérer le jeune délinquant comme éducable. C’est envisager positivement son avenir, c’est considérer que « les dés ne sont pas jetés », qu’il est possible de corriger la trajectoire. Pour ce faire, toute la panoplie des outils de l’éducation spécialisée (ou de la rééducation) doivent être mis en œuvre. L’éducation, c’est apprendre le respect de soi-même et le respect de l’autre. L’accompagnement éducatif en CEF est basé sur la restructuration du jeune autour de sa prise en charge au quotidien. L’ensemble des gestes de la vie quotidienne, vie quotidienne rééquilibrée cela va de soi, fait l’objet d’une attention de tous les instants : lever, toilette, repas, et ce jusqu’au coucher… L’apprentissage ou le réapprentissage de l’autonomie dans tous les gestes de la vie quotidienne est au cœur de la prise en charge éducative. Il est basé sur le « faire avec » de l’éducateur qui est au centre de ce que l’on peut appeler « l’éducation renforcée » : faire sa chambre avec le jeune, préparer le petit déjeuner avec le jeune, faire le ménage avec le jeune, etc. 17 De la même façon, le respect non seulement des autres mais également du cadre de vie, impose une règle permanente et systématique concernant les dégradations, dégâts ou autres dommages causés dans le centre et qui doivent impérativement être réparés par leurs auteurs sous l’autorité et avec l’éducateur. Le « faire avec » déterminera notamment la définition d’un organigramme adapté : faible présence de personnels de services généraux notamment. Ce besoin d’éducation englobe naturellement tout ce qui touche à l’acquisition des connaissances scolaires de base. La caractéristique des jeunes accueillis est d’avoir connu très souvent un parcours scolaire chaotique et donc un niveau d’acquisition des connaissances de base très faible. Donner ou redonner le « goût d’apprendre », la capacité d’écouter, de réfléchir, de raisonner, de comprendre. Tout cela fait partie du cahier des charges du CEF, tant au niveau scolaire que pré professionnel. 4. LE BESOIN DE SOINS La dimension thérapeutique de la prise en charge en CEF doit être prise en compte au vu des troubles dont souffrent les adolescents accueillis. Ces derniers sont souvent dans un état de santé physique et psychique déplorable. Le manque de repères sociaux, familiaux structurants, l’absence de limites dans les passages à l’acte, font que ces jeunes délinquants naviguent à la frontière du pénal et du psychiatrique en étant profondément déstructurés. Le CEF s’occupera donc, en interne avec ses personnels, mais aussi en collaboration étroite avec les partenaires extérieurs (inter secteur de psychiatrie infanto juvénile notamment) de prendre soin, dans tous les sens du terme, des jeunes accueillis : - soins infirmiers et médicaux hygiène de vie : hygiène corporelle, hygiène alimentaire, … prise en compte des conduites addictives suivi psychologique voire psychiatrique en cas de besoin. En tout état de cause, l’accueil en CEF et le cadre de vie imposé (cf règlement intérieur) place ces jeunes dans une situation de « manque » (alcool, tabac, drogue, mais aussi mode de vie habituel et toute-puissance) assimilable à un sevrage. Dans ces conditions, le volet thérapeutique proprement dit est un élément essentiel de la prise en charge, même si le « prendre soin » concerne l’ensemble du personnel du CEF, quelle que soit la qualification. 18 IV - L’OFFRE DE SERVICE L’offre de service du CEF doit répondre aux besoins de ces jeunes. Elle se situe dans un cadre juridique précis et s’articule autour de la mise en œuvre d’un projet individualisé. 1. LE CADRE JURIDIQUE Ce cadre est avant tout bordé, par delà le contexte général de l’Ordonnance de 45 et des textes régissant la Protection judiciaire de la jeunesse, par la Loi du 9 septembre 2002 qui modifie les dispositions relatives au droit des mineurs en créant notamment les Centres Educatifs Fermés. Il est aussi bordé par le texte rénovant l’action sociale et médico-sociale dans son ensemble, la Loi du 2 janvier 2002 à laquelle les CEF sont explicitement rattachés. La loi n° 2002 1138 du 9 septembre 2002 modifie dans son titre III les dispositions relatives au droit pénal des mineurs et crée notamment une nouvelle catégorie d’établissements, les centres éducatifs fermés. Elle les définit dans son article 22 comme «des établissements publics et des établissements privés habilités dans des conditions prévues par le décret en conseil d’état, dans lequel les mineurs sont placés en application d’un contrôle judiciaire d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’une libération conditionnelle ». Le régime juridique des placements en centre éducatif fermé est destiné à permettre une prise en charge efficace des mineurs multirécidivistes ou multiréitérants. Le centre éducatif fermé reçoit donc des mineurs placés dans le cadre d’un contrôle judiciaire, d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’une libération conditionnelle. Il constitue une alternative à l’incarcération et répond à l’objectif d’insertion fixé par le législateur par un projet éducatif construit, intensif et structuré qui permet la prise en charge évolutive des jeunes placés. La contrainte judiciaire résulte de l’ordonnance de contrôle judiciaire ou du jugement de condamnation à une peine d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve. Elle a pour objet d’assurer l’effectivité de la mesure éducative de placement en permettant de sanctionner fermement le non-respect de celle-ci. 1. Le Contrôle judiciaire Les mineurs âgés de 13 à 18 ans peuvent être placés sous contrôle judiciaire dans les conditions prévues de l’article 138 du code de 19 procédure pénale, sous réserve des dispositions de l’article 10 -2 de l’ordonnance du 2 février 45. En matière correctionnelle, les mineurs du centre éducatif fermé qui seront âgés de 1 3 à 16 ans pourront être placés sous contrôle judiciaire avec la seule obligation spécifique de respecter les conditions du placement en centre éducatif fermé visé à l’article 10-2 II 2° de l’ordonnance du 2 février 45. Pour mémoire, ces mineurs ne peuvent faire l’objet d’un contrôle judiciaire qu’à la double condition qu’ils soient poursuivis pour un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement et qu’ils aient déjà fait l’objet d’une mesure éducative pénale (admonestation, remise à parents, mise sous protection judiciaire, liberté surveillée préjudicielle, liberté surveillée ou placement), d’une sanction éducative ou d’une peine. En matière criminelle, pour tous les mineurs de plus de 13 ans, et en matière correctionnelle pour les seuls mineurs âgés de 16 à 18 ans le contrôle judiciaire peut être assorti de l’une ou plusieurs des obligations spécifiques de l’article 10-2 de l’ordonnance du 2 février 45 et/ou de l’une ou plusieurs des obligations de l’article 138 du code de procédure pénale dont celle de ne pas s’absenter de la résidence fixée par le juge. 2. Le sursis avec mise à l’épreuve Pour le sursis avec mise à l’épreuve, la juridiction de jugement peut prononcer, à l’égard des mineurs âgés de 13 à 18 ans, une peine d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve en l’assortissant d’une mesure de placement notamment dans un centre éducatif fermé. Outre les obligations générales et le droit de l’article 132-44 du code pénal, elle peut alors astreindre le mineur à l’obligation de «respecter les conditions d’exécution de la mesure» et/ou à une ou plusieurs obligations de l’article 132-45 du code pénal, dont celle d’établir sa résidence dans un centre éducatif fermé. Dans le cadre du sursis avec mise à l’épreuve, le contrôle de l’obligation spécifique de respecter les conditions d’exécution du placement appartient, conformément à l’article 29- 9 de l’ordonnance du 2 février 1945, à l’article 5 du décret du 6 octobre 88 modifié et par analogie au régime de contrôle judiciaire, au responsable du Centre éducatif fermé. Pour résumer, le centre éducatif fermé reçoit des mineurs placés dans le cadre d’un contrôle judiciaire ou d’une peine d’emprisonnement assorti d’un sursis avec mise à l’épreuve pour une durée de 6 mois, éventuellement renouvelable une fois. 3. La libération conditionnelle La loi 2004-204 du 9 mars ajoute une nouvelle possibilité en permettant le placement d’un mineur délinquant en CEF lorsqu’il bénéficie d’une libération conditionnelle. Le juge peut donc accorder la libération conditionnelle d’un mineur, qui sortira de prison avant la fin de peine, à condition toutefois qu’il soit 20 placé dans un CEF. Si le mineur respecte cette obligation, la peine sera considérée comme définitivement terminée à la fin du placement en CEF. Dans le cas contraire, il perdra le bénéfice de la libération conditionnelle et devra donc retourner en prison pour terminer sa peine. L’article 22 de la Loi de septembre 2002 définit le CEF, notamment le CEF privé habilité comme un établissement accueillant des mineurs placés suite à un contrôle judiciaire, d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’une libération conditionnelle. Le CEF est donc conçu comme une structure apte à permettre une prise en charge de mineurs délinquants multirécidivistes dans le cadre judiciaire précité. Il est également conçu comme une alternative à l’incarcération. C’est cette contrainte judiciaire qui permet d’assurer un accompagnement éducatif, là où d’autres structures éducatives sont dans l’impossibilité de répondre et là où le magistrat estime que l’incarcération peut, à ce prix, être évitée. Le mineur placé en CEF est donc dans l’obligation de « respecter les conditions d’exécution de la mesure », sous peine d’incarcération. La mesure prononcée est une mesure qui est prise pour une durée de 6 mois renouvelable une fois et ce plus particulièrement dans le cadre des contrôles judiciaires. C’est sur cette durée que se construit le projet éducatif. Cette durée peut varier pour ce qui concerne le sursis avec mise à l’épreuve ou la liberté conditionnelle. En tout état de cause, la durée du placement ordonné par le magistrat sera inférieure ou égale à 6 mois, renouvelable dans le cas d’un contrôle judiciaire, limitée à 3 ans dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve, et en fonction du projet d’aménagement de peine dans le cas d’une libération conditionnelle. Contrairement aux CER, le placement en CEF ne relève pas d’un séjour de rupture organisé en session. L’accueil des mineurs délinquants est organisé en continu, ce qui justifiera une organisation spécifique, apte à remplir cette double mission d’accueil en continu et de prise en charge structurée vers un projet de sortie. L’accompagnement en CEF s’inscrit également pleinement dans le cadre de la Loi de janvier 2002. Cela signifie que cet accompagnement est élaboré pour favoriser la prise de conscience du jeune quant à la construction de son devenir et que l’avis, la recherche de l’assentiment du jeune et de sa famille à la mesure, doit être inlassablement recherché et favorisé. L’ensemble des outils préconisés dans le cadre de la Loi de janvier 2002 est le reflet de cette volonté affirmée d’associer, sans renoncement et sans démagogie, le jeune à la mesure prise : livret d’accueil, modalités d’expression institutionnelles, règlement de fonctionnement, document individuel de prise en charge (DIPEC), projet individualisé, … C’est la meilleure option pour lui éviter l’incarcération et lui permettre de construire solidement son avenir dans la société hors des chemins de la délinquance, des délits ou des crimes. 21 Dans le même esprit issu de la Loi de janvier 2002, des instruments permettant l’auto évaluation et l’évaluation de la qualité du service rendu par le dispositif, seront mis en place, notamment au regard de la fiabilité des actions mises en place mais aussi des effets sur le parcours des jeunes à l’issue de leur séjour. 2. LE PROJET INDIVIDUALISE AU CŒUR DU DISPOSITIF L’élaboration d’un projet adapté à chaque mineur délinquant, la prise en compte des spécificités de chaque situation, l’adaptation du cadre général du CEF à chaque profil, doit permettre, par-delà le cadre général et contraignant du CEF, à chaque jeune accueilli de tirer pleinement profit de son séjour. Chaque jeune sera placé sous la responsabilité d’un éducateur référent qui sera le pivot de son suivi avant, pendant et à la sortie de la mesure. L’organisation du travail, les roulements et congés feront que chaque éducateur référent sera « doublé » par un collègue apte à le remplacer pendant ses absences et à assurer ainsi la continuité de la prise en charge. La dynamique de projet individualisé sous-tend un travail important avec le jeune mais également avec sa famille et ce, également à toutes les étapes de la prise en charge. L’objectif est de permettre au jeune un retour en famille, même si ce retour, pour un certain nombre, peut l’être dans la symbolique et ne pas être effectif dans la réalité. Dans ce sens, le DIPEC sera élaboré dans toute la mesure du possible en collaboration étroite avec les titulaires de l’autorité parentale et en faisant appel aux ressources de l’environnement familial. De la même façon, la continuité de la prise en charge avant et après le passage en CEF, doit être assurée par l’établissement en général et l’éducateur référent en particulier, notamment avec les éducateurs « fil rouge » de la PJJ. Le jeune doit être considéré dans son évolution passée et future en lien étroit avec les différents intervenants concernés. 3. LA COLLABORATION AVEC LE FIL ROUGE. Le fil rouge est le référent extérieur PJJ qui suit le jeune dans le cadre pénal. Il a connu le jeune avant son placement et le suivra après. Il doit faire partie intégrante de la mesure de placement du jeune. Dès la phase d’accueil il sera présent et rencontrera l’équipe du CEF mais il sera en lien étroit avec l’éducateur référent interne durant tout le déroulement de la prise en charge du jeune au CEF. Il fera le lien avec les familles entre les rencontres prévues avec cette dernière au CEF. Il sera invité systématiquement aux réunions de bilan mensuel et aux réunions de synthèses. En dehors de ces réunions une rencontre, au minimum mensuelle, sera organisée avec le jeune et le référent interne. Des contacts téléphoniques auront lieu régulièrement. Il aura un rôle prépondérant dans la phase de préparation à la sortie (voir ce paragraphe). 22 V. L’ORGANISATION DU DISPOSITIF La mission de l’établissement peut s’articuler autour de quelques grandes étapes : - L’accueil L’accompagnement La gestion de la crise La préparation à la sortie Chacune de ces étapes peut être plus ou moins longue, plus ou moins rapprochée, mais elle sera présente dans chaque parcours. L’accueil en continu impose à l’établissement de gérer ces différentes étapes en simultané : Avant l’accueil proprement dit, l’établissement met en place une procédure d’admission. Celle-ci est marquée essentiellement par l’audience dans le cabinet du magistrat qui va ordonner la mesure de placement et en notifier le cadre (contrôle judiciaire, sursis avec mise à l’épreuve) et les termes. Dans la mesure du possible, le responsable de l’établissement et l’éducateur qui deviendra le référent sont présents au cours de cette audience. Pour cet accueil comme pour l’ensemble de la vie de la structure, un cadre (directeur ou chef de service) est de permanence 24 heures sur 24, 365 jours par an. 1. L’ACCUEIL La première mission de l’équipe est d’accueillir les jeunes arrivants et leur permettre d’intégrer le mieux possible le cadre du CEF. Etant donné tout ce qui a été dit plus haut concernant le profil des jeunes accueillis, une bonne part de la fonction va reposer sur la notion de contenance et de présence rapprochée. Le jeune aura à accepter dans les faits, par-delà l’admission et l’acceptation de principe du règlement de fonctionnement de la structure, de nombreuses entraves à son mode de fonctionnement antérieur, et à se conformer à de nombreuses règles contraignantes. C’est donc une période extrêmement délicate à gérer, la plus délicate assurément où les encadrants auront à contenir la violence physique, verbale, que le jeune ne manquera pas d’exprimer pour s’échapper de ce carcan éducatif imposé et contraignant. Cette phase de rejet, qui peut s’accompagner d’une phase de décompensation importante, justifie un encadrement renforcé apte à accompagner et sécuriser le jeune. Une présence permanente de 2 éducateurs (hormis les périodes de nuit 23 intra-muros placées sous la responsabilité des surveillants de nuit) est requise pour passer ce cap et permettre la mise en place d’un cadre éducatif adapté. A ce stade de la prise en charge, les deux principaux outils de médiation utilisés seront ceux concernant le cadre de vie lui-même, contraignant et cadrant (horaires du lever, toilette, préparation des repas, repas, entretien des locaux, etc…) et des activités sportives intenses, en interne ou à l’extérieur, dans le cadre de mini transferts. L’environnement Isérois permettant des activités sportives de montagne sera utilement mis à contribution au cours de cette phase Ce cadre volontairement serré est la meilleure façon de passer cette première phase de l’accueil qui va déterminer la suite de la prise en charge. Fort logiquement, c’est cette même organisation qui sera mise en place pour gérer les décompensations ultérieures, les crises qui ne manqueront pas de surgir et de déstabiliser le jeune. Cette mise à l’écart permettra également d’éviter l’éclatement du groupe dans son ensemble. Dans cette phase de gestion de l’accueil et de la crise, le savoir-faire des professionnels, en terme de bienveillance mais aussi de contention, est extrêmement décisif. Il repose avant tout sur le « faire avec », à la base de l’éducation renforcée telle qu’elle s’est expérimentée dans les CER : c’est par la présence à ses côtés de l’éducateur, qui fera avec lui les tâches nécessaires au quotidien, et dans les efforts physiques à fournir, qu’une relation de confiance pourra se nouer et permettre au jeune de comprendre l’intérêt pour lui de « jouer le jeu ». L’aspect « sevrage » de cette période (horaires, interdiction du tabac, interdiction de drogue, d’alcool, efforts physiques,…) oblige à porter une attention particulière à la bonne santé psychique du jeune. La présence renforcée du psychologue du service auprès des éducateurs et des jeunes est déterminante, ainsi qu’auprès du personnel cadre dans la fonction d’autorité et de rappel à la loi qui est la leur, et dans la fonction de tiers par rapport à l’application d’éventuelles sanctions qui pourraient être prises si le règlement intérieur n’était pas respecté. La période d’accueil est la période des différents bilans afin de procéder à l’évaluation du jeune. - Bilan médical : Si nous souhaitons que le jeune retrouve l’estime de soi il est important qu’il soit restauré dans son corps. Un bilan médical complet sera effectué dès l’arrivée du jeune. Ce bilan sera fait sous la responsabilité de l’infirmière et du médecin référent de l’établissement. Si des soins doivent être engagés ils le seront sans attendre. 24 - Bilan psychologique : Un premier bilan psychologique est effectué par le psychologue de l’établissement. Suivant les antécédents du jeune un bilan psychiatrique peut être effectué par le médecin psychiatre référent de l’établissement mais il peut également nécessaire d’utiliser des ressources externes par exemple le réseau de santé adolescents de l’Isère auquel la Sauvegarde de l’enfance est adhérente. - Bilan scolaire : Un bilan scolaire est organisé avec l’instituteur et un éducateur technique afin de déterminer : - le niveau du jeune – ses capacités – ses acquisitions. Cela aidera à évaluer les orientations à prendre dans le cadre d’un programme d’intégration et aussi dans l’élaboration du projet individualisé du jeune. En ce qui concerne les ressources externes nous travaillerons en collaboration avec le CIO (centre d’information et d’orientation) et la chambre des métiers. Le programme d’intégration consiste pendant la phase d’accueil à associer progressivement le jeune aux différentes activités scolaires ou non qui sont instaurées en interne au CEF. Le bilan déterminera si ces activités doivent être individuelles ou collectives. Il s’agit d’une prise de contact, d’apprivoisement. L’intérêt est de pouvoir établir une relation de confiance. Une grille d’évaluation et d’observation construite avec les professionnels sera remplie chaque semaine pour jalonner le parcours du jeune afin de faire ressortir les axes de progrès et d’aider aux bilans mensuels. Dès la période d’accueil il sera remis au jeune un carnet de route. Il sera rempli par le jeune dans le cadre des entretiens avec son référent afin de faire sa propre évaluation ce qui l’aidera à être acteur de son parcours. Outre la rencontre avec la famille dans le cadre de l’admission durant la période d’accueil une autre rencontre sera organisée. Avant la fin de cette période, qui durera environ deux mois, une synthèse sera organisée avec les professionnels concernés et l’éducateur fil rouge. Ce premier rapport d’évaluation sera adressé au magistrat. Cette synthèse va permettre de rédiger le projet individualisé du jeune ce qui va baliser la suite de son parcours au CEF. 25 2. LES PASSAGES A L’ACTE ET LES FUGUES Tout au long de la mesure, le responsable de la structure informe le magistrat des événements pouvant survenir, des décisions prises en interne pour faire face à ces événements. En cas de violation du règlement intérieur, et bien entendu en cas de délit, l’information est transmise en simultané au Parquet de Grenoble et à la Direction Départementale de la PJJ. Dans chaque rapport remis au magistrat le responsable de la structure informe ce dernier des mesures prises, de sa capacité à régler en interne la situation ou au contraire des difficultés qui nécessitent une intervention de la part du magistrat en charge de la mesure. Dans son rapport transmis au magistrat, le responsable du Centre donne systématiquement un avis circonstancié sur les mesures qu’il estime nécessaire de prendre, soit en interne, soit au niveau de la Justice. Sauf à dénaturer les objectifs du placement en CEF (soit par l’absence de réponse éducative, englobant des sanctions maîtrisées en interne, soit par un renvoi systématique à l’autorité judiciaire au risque de transformer le placement en antichambre de l’incarcération), la position du responsable du CEF doit être circonstanciée et adaptée à chaque cas individuel et chaque situation. Le même type de passage à l’acte n’aura pas, pour tel ou tel jeune la même signification et n’attendra pas forcément la même réponse. Cette gestion des crises, élément-clef et incontournable de la prise en charge en CEF, fera l’objet d’une attention particulière, à la fois dans la prise en compte systématique de tout passage à l’acte ou manquement au règlement intérieur (avec information au magistrat), et à la fois dans la capacité propre de l’équipe à y faire face. Modalités internes d’anticipation et de gestion des crises. Dans l’anticipation des crises une chose paraît essentielle : La parole. En effet ces jeunes ont un défaut de verbalisation provoqué par la carence de mentalisation, ce qui les conduit au passage à l’acte. Il sera indispensable de créer des espaces de paroles dans le cadre de cercles de paroles quotidiens animés par les éducateurs et le psychologue. Un rituel strict (« cercle de parole ») est instauré : tout jeune désirant prendre la parole doit faire la demande préalablement pour parler. Nul ne peut prendre la parole autrement. Personne ne coupe la parole à l’autre. Ces jeunes ayant des troubles de l’attention ces cercles ne devront pas excéder 10 à 15 minutes. Cela doit les amener à écouter l’autre et à s’exprimer. Il est nécessaire qu’il y ait des temps de paroles individuels avec les éducateurs référents, le psychologue qu’ils soient institutionnalisés ou spontanés si un adulte repère que le jeune en a besoin à ce moment là. Il est important d’apprendre à ces jeunes à mettre des mots sur leurs maux. 26 Si un jeune manifeste une excitation, une instabilité plus importante qu’à l’accoutumée cela peut être un signe avant coureur. L’éducateur qui se trouvera en présence du jeune pourra prendre l’initiative d’écarter le jeune du groupe en lui proposant un autre espace transitionnel activité ou entretien afin que le jeune puisse se poser et passer à autre chose. Si une crise éclate il est indispensable de mettre immédiatement le jeune à l’écart du groupe même si une contention est nécessaire (nous aborderons la question de la contention lorsque nous aborderons la formation des professionnels) pour y parvenir. Il s’agit de préserver l’équilibre du groupe à ce moment là et aussi pour protéger le jeune contre lui-même. Soit un retour au calme peut se gérer avec les ressources internes éducateurs, psychologue et cadres en situation d’entretien. Soit il y a nécessité que le jeune reste isolé du groupe et il peut être organisé un décadrage de 48 heures de préférence avec l’éducateur référent. Soit le médecin psychiatre évalue au regard de l’état dans lequel se trouve le jeune, qu’une hospitalisation est nécessaire. Il l’organise avec le centre hospitalier ou le réseau de santé adolescent dans lequel la Sauvegarde de l’enfance est membre. Par delà chaque suivi individuel, les difficultés perçues dans le traitement de ces crises, tant du côté du magistrat placeur que du directeur du Centre, feront l’objet d’un examen attentif en Comité de Pilotage. Les fugues. Les éducateurs qu’ils soient de journée ou de soirée et les surveillants de nuit auront une attention particulière à la prévention des fugues. Les adultes présents en journée s’assureront en permanence de la présence physique des jeunes tant dans les actes de la vie quotidienne que dans les activités. Les jeunes doivent toujours être sous le regard d’un adulte. Les éducateurs de soirée s’assureront que les jeunes sont bien dans leur chambre et que les accès à l’établissement sont bien fermés. En plus des rondes fixes, les surveillants de nuit passeront au moins trois fois dans la nuit à heures non fixes afin de vérifier de la présence des jeunes dans leur chambre. Si un adulte constate l’absence d’un jeune, après avoir fait un tour rapide de l’établissement, il informe sans attente le cadre d’astreinte. Charge à lui d’appliquer les procédures fixées par une note de service. 27 En cas de fugue, le directeur informe sans délai les services de police ou de gendarmerie, le magistrat responsable du placement ainsi que le Parquet et la PJJ. Le directeur donne son avis au magistrat responsable du placement quant à la possible poursuite ou non de la mesure. 3. ARTICULATION CEF/MAGISTRAT A L’ORIGINE DE LA MESURE/JURIDICTION DE PROXIMITE 1. Rôle central du magistrat à l’origine de la mesure : Il convient à ce propos de revenir sur les conséquences et le traitement des situations relatives au manquement aux obligations du placement : 1-1 En cas de manquements aux obligations de placement : La réponse à ces manquements relève exclusivement de la compétence du juge qui a ordonné la mesure. Lui seul est légitime et compétent pour révoquer le contrôle judiciaire ou le sursis avec mise à l'épreuve. En règle générale il est constaté, que même si l'éloignement de la juridiction concernée ne facilite pas la réactivité, une suite significative est une garantie pour empêcher les mineurs de s'installer dans une attitude de toute-puissance. 1-2 En cas d'infractions pénales de peu de gravité commises dans l'établissement ou à l'occasion d'activités extérieures : Si le critère de compétence géographique pourrait justifier l'intervention de la juridiction locale, il apparaît que dans cette situation également, la juridiction à l'origine du placement doit rester compétente; en effet c'est elle qui a la meilleure connaissance de la personnalité et du parcours du mineur. À cet effet, il est important que les parquets des mineurs du lieu de l'infraction se mettent sans délais en relation avec le parquet de la juridiction qui a ordonné la mesure de placement pour une réponse rapide et pertinente à la transgression commise par le mineur. 2. Compétence de la juridiction de Grenoble 2.1 L'évaluation de la gravité de l'infraction, que celle-ci se produise au sein ou à l'extérieur de la structure doit s'opérer sous la double appréciation de la gravité objective du passage à l'acte (notamment les actes de violence entre jeunes et en direction des personnels) et des antécédents du mineur. À cet effet, le directeur de services avertira immédiatement le parquet de Grenoble, pour que celui-ci évalue la gravité de l'infraction et lui donne la suite qu'il estimera la plus appropriée. Cette information sera confirmée par un document écrit, permettant de mettre à distance toute charge émotionnelle. 28 Cependant il convient de préciser que le responsable de la structure et ses collaborateurs gardent la possibilité de saisir les services de police ou de gendarmerie pour faire cesser un trouble manifestement excessif et pour interpeller les auteurs de l'infraction. 2.2 Si la juridiction des mineurs de Grenoble devait être saisie, elle devrait, disposer de tous les renseignements utiles sur la personnalité du mineur et sur les objectifs de son placement. Il appartient au juge en charge initiale du dossier de les transmettre sans délai est en tout cas avant tout déferrement pour permettre au parquet de faire le choix de la procédure la plus appropriée : déferrement avec requête au juge des enfants, déferrement aux fins de jugement à délais rapprochés par le tribunal pour enfants, requête aux fins de placement en détention provisoire, etc... Il paraît indispensable de rappeler aux juridictions que le placement d'un mineur dans un centre éducatif fermé ne doit pas se traduire par un transfert de compétence pour gérer localement toutes les difficultés du mineur et que les principes habituels qui donnent compétence au juge de la résidence habituelle du mineur, celui qui connaît le mieux sa personnalité, sa situation familiale et sociale, doivent prévaloir. Le succès et la cohérence de la mesure de placement dépendent de cette continuité. 3. Rapports adressés aux magistrats. 3.1 Premier rapport Un premier rapport de synthèse est adressé au magistrat avant la fin des deux mois de la période d’accueil. Il fait apparaître les différents bilans (santé, scolaire, psychologique et éventuellement psychiatrique). Il notera les orientations du programme éducatif proposé pour la période suivante dans le cadre du projet individualisé. 3.2 Deuxième rapport Un second rapport sera adressé au magistrat vers le quatrième mois de placement. Il fera apparaître le bilan de l’action mise en place ou si des changements ou adaptations ont du être mises en place. Rappelons que la prise en charge est très individualisée et qu’à tout moment le programme du jeune peut être modifié au regard de l’évolution du jeune et de ses besoins. Ce sera également le moment de faire des propositions au magistrat quant à l’intégration du jeune en milieu naturel soit scolaire soit professionnel suivant l’âge du jeune. 29 3.3 Troisième rapport Le rapport final est adressé au magistrat un mois avant la sortie avec les propositions d’orientation qui auront été élaborées avec l’éducateur fil rouge et la famille si possible. 3.4 Conclusion En tout état de cause le magistrat peut être destinataire au cours de la mesure suivant l’évolution du jeune le nécessite par exemple si l’intégration en milieu naturel peut être anticipée mais il peut aussi être destinataire de tous les bilans d’étape. 30 VI – LA MISE EN PLACE DU PROJET INDIVIDUEL Le plus tôt possible, eu égard à la capacité d’entendement du jeune, un projet individuel est élaboré. Le document qui en ressort (DIPEC) est remis au jeune ; il sera repris avec la famille dés que possible. Ce document liste les objectifs pour le jeune dans les différents domaines : - la vie quotidienne et la vie de groupe en collectivité les conditions de relations avec sa famille et ses proches les activités scolaires et de formation professionnelle les activités sportives les activités culturelles 1. LA VIE QUOTIDIENNE ET LA VIE EN COLLECTIVITE Une importance soutenue est accordée à tout ce qui concerne l’organisation de la vie quotidienne. La faible présence de personnel de services généraux a pour corollaire la participation et l’implication du jeune dans tous les aspects de la vie quotidienne, aspects qu’il a bien souvent rejeté et dévolu aux représentants du sexe féminin : ménage, courses, élaboration des repas, vaisselle, entretien du linge, etc. Chaque jeune aura un certain nombre de tâches à accomplir quotidiennement et aura à s’inscrire dans différents services (table, cuisine, rangement, ...) Cette attention particulière permet également de travailler sur l’image de soi, sur la capacité à s’assumer correctement, à développer une bonne hygiène de vie. Il permet également de gérer l’aspect « contribution-rétribution », notamment sous la forme de l’argent de poche qui ne sera en aucun cas un dû mais une récompense eu égard au comportement et à l’acceptation du cadre. L’autre aspect de ce travail au quotidien repose sur la gestion du groupe, de ses tensions, sur l’apprentissage du respect de l’autre, de la gestion des conflits par la parole et le dialogue. Un cercle de parole est instauré quotidiennement permettant de « débriefer » la journée, de faire le bilan des activités, de préparer la journée du lendemain, de mettre des mots sur les événements, les tensions, les conflits, mais aussi les avancées, les joies, les satisfactions. Les horaires sont bâtis sur l’organisation de journées « type » en milieu scolarisé ou professionnel. Ils sont identiques à ceux instaurés dans la cellule d’accueil ; des horaires décalés de week-end sont instaurés pour permettre des activités de loisirs et de détente. 31 LES TEMPS FORTS QUOTIDIENS (cf planning règlement intérieur) ¾ LEVER Après s’être passé les consignes et les évènements de la nuit, les adultes présents lèvent les jeunes. Les adultes présents sont le veilleur de nuit, l’éducateur de nuit et un éducateur de journée. Le petit déjeuner aura été préparé par le veilleur de nuit. Deux éducateurs sont présents lors du petit déjeuner. Toilettes et rangement des chambres un éducateur est toujours en présence des jeunes. Rangement de la salle à manger et vaisselle toujours en présence d’un éducateur. Rappelons que nous sommes toujours dans le « faire avec ». Ménage des locaux collectifs. 8h 15 Départ aux activités Les éducateurs présents accompagnent les jeunes aux différentes activités. ¾ Activités Les activités ont lieu de 8h3O à 11 h 30 avec une pause à 10 heures. Et de 13 h 30 à 16 h 30 avec une pause à 15 heures. Les activités se déroulent de façon collective où individuelle suivant le projet individualisé de chaque jeune. Les adultes présents sont les éducateurs de journée, éducateurs techniques, éducateurs sportifs, maîtresse de maison, psychologue, enseignant, et/ou éducateur scolaire. ¾ Repas de midi A 11 h 30 après avoir rangé le matériel les jeunes rentrent des activités. La ½ heure précédant le repas est le moment pour ceux qui rentrent des activités sportives ou d’ateliers salissants de prendre une douche. Pour les autres c’est un moment de détente et de la préparation de la table suivant un roulement de service établi à la semaine. A 12 heures le repas se prend en commun avec les éducateurs présents et la maîtresse de maison. Une tenue correcte est exigée. Le repas se passe dans le calme et dans le respect des uns et des autres. Il est également important de respecter la nourriture. Les services de débarrassage, nettoyage, balayage se font à tour de rôle suivant le planning et toujours en présence d’un éducateur. Pour les jeunes n’assurant pas les services cette tranche horaire est un moment de détente. 32 A 13 h 15 : Départ pour les activités afin que celles-ci commencent à 13 h 30 précises. Les éducateurs accompagnent les jeunes aux activités et gèrent si besoin est le refus d’activité. ¾ Goûter De 16 h 30 à 17 h30 : c’est le moment du goûter et un moment de détente. Lecture, jeux divers (intérieurs ou extérieurs). ¾ Cercle de paroles De 17 h 30 à 18 heures est organisé le cercle de paroles. Nous avons expliqué par ailleurs ce qu’était le cercle de paroles. La présence de tous les jeunes est obligatoire au cercle de paroles. Chacun doit respecter la parole de l’autre. ¾ Détente De 18 à 19 heures : c’est un moment de détente où les jeunes peuvent choisir des activités plus ludiques qui sont organisées par les éducateurs où par des intervenants. C’est aussi le moment où ils peuvent faire leur courrier où bien encore avoir un entretien soit avec leur éducateur ou le psychologue. ¾ Repas du soir De 19 h à 20 heures : c’est le temps du repas du soir. Le repas du soir se déroule de la même façon que celui de midi. ¾ Soirées De 20 h 15 à 21 h 30 des activités sont organisées par les éducateurs : jeux, ping pong etc. Il peut y avoir des soirées ou vidéo selon un programme établi à l’avance par conséquent les choix sont faits sous contrôle des éducateurs. Ce temps permet aussi d’organiser des entretiens individuels. A 21 h 30 c’est la fin des activités et un retour au calme. Toilette, distribution des médicaments. A 21 h 45 Chaque jeune doit avoir regagné sa chambre. A 22 heures extinction des feux. ¾ Les Week end Les Week end le déroulement des journées est différent. Le lever se fait à 8 h 30. En ce qui concerne le coucher seul le coucher du samedi est plus tardif. Les 33 activités sont plus ludiques ou sportives et elles sont ponctuées par les visites des familles. 2. LES ACTIVITES SCOLAIRES ET DE FORMATION PROFESSIONNELLE Dans la deuxième phase de prise en charge les différentes activités seront proposées au jeune soit de façon collective ou individuelle en interne au CEF ou en externe tout cela au regard du projet individualisé de chaque jeune. Les jeunes accueillis sont souvent en situation d’échec scolaire et de rejet des apprentissages. Ils sont soumis à l’obligation scolaire et une classe spécialisée est installée sur le site, même si une intégration scolaire peut être dans un deuxième temps organisée, notamment dans le cadre de la préparation de la sortie. La taille du groupe permet de réaliser « sur mesure », avec l’aide d’un pédagogue confirmé, des activités de remise à niveau scolaire dans les principales disciplines du « L.E.C. » (Lire, Ecrire, Compter). Les outils modernes, et notamment l’outil informatique, seront largement utilisés dans ce cadre. Deux ateliers professionnels, relativement polyvalents dans l’apprentissage des pré requis professionnels, sont également mis en place avec l’aide d’éducateurs techniques. L’entretien et aménagement des espaces verts d’une part, le second œuvre bâtiment d’autre part, offrent tous les deux l’opportunité de permettre des apprentissages de base qui pourront aider par la suite à une orientation professionnelle : savoir lire un plan, préparer une tâche, préparer son outillage, suivre des consignes, réaliser un objet ou un travail… Un lien classe-atelier sera instauré pour permettre une jonction entre les apprentissages scolaires et le pré professionnel. Un bilan mensuel sera effectué en gardant à l’esprit que l’objectif est l’inscription du jeune en milieu naturel soit dans le cadre de la scolarité (Classe relais, SEGPA, scolarité adaptée UPS à Grenoble) soit dans le cadre de stages en entreprise avec un réseau d’employeurs que nous aurons construit. Un lien important doit être instauré avec les principaux des collèges de référence afin que l’intégration puisse se faire progressivement. Un lien doit également être établi avec le CIO (Centre d’Information et d’Orientation) et la chambre des métiers afin de réaliser des bilans qui nous aideront à l’orientation du jeune. 34 3. LES ACTIVITES SPORTIVES Une place importante est accordée aux activités sportives et notamment celles de montagne. Celles-ci sont étroitement liées à l’acceptation par le jeune d’une nouvelle hygiène de vie et la nécessité de canaliser l’extrême tension qu’il va vivre au cours de son séjour. Des activités de mise en forme quotidienne sont instaurées (assouplissements, abdos, musculation…) de même que la pratique de sports permettant la maîtrise de soi (arts martiaux, sports de combat notamment). A chaque fois que cela sera possible, des activités sportives seront conduites à l’extérieur du centre, dans le cadre d’équipements collectifs et ce, afin de tester et travailler sur la socialisation du groupe. Là encore, l’environnement isérois sera mis à contribution. Les activités seront menées en lien avec des objectifs (travail sur la confiance en soi, sur le groupe, sur la solidarité, …). 4. LES ACTIVITES CULTURELLES De la même façon qu’une re-scolarisation est nécessaire, une réappropriation des champs de la culture doit être menée au CEF. Une ouverture dans ce domaine est organisée par l’équipe éducative, notamment en soirée. Là aussi, un « sevrage », notamment télévisuel, sera de mise au profit d’ouvertures sur les champs variés de la culture. Si les versants les plus familiers aux jeunes de la culture ne seront pas négligés (notamment l’écriture à travers le Rap, la danse à travers le Hip hop), les aspects les plus variés de la culture seront abordés. Dans ce cadre, des sorties à l’occasion de manifestations culturelles sont organisées pour permettre des ouvertures sur le monde de la culture et confronter le groupe à un environnement auquel il peut être peu habitué. C’est dans ce cadre que des ateliers spécifiques seront mises en place avec l’aide d’intervenants locaux (ex : histoire de la résistance avec les Pionniers du Vercors)… Les premiers efforts d’implantation du CEF ont montré l’intérêt de telles activités pour les jeunes et de nombreuses « bonnes volontés » se sont manifestées pour nous aider à les mettre en place. Dans ce domaine comme dans les autres, l’accompagnement éducatif est déterminant afin que les jeunes puissent tirer pleinement profit de ces ouvertures. 5. SUIVI THERAPEUTIQUE Le cadre structuré de l’ensemble des activités, la confrontation de plein fouet de ces apprentissages ou réapprentissages avec le parcours de délinquant de ces jeunes, amènent à accorder une attention toute particulière au suivi thérapeutique de ces derniers. 35 Des entretiens réguliers, au moins une fois par semaine et ayant un caractère obligatoire, seront instaurés avec le psychologue dans un travail de décryptage et d’étayage des expériences et du vécu emmagasiné par le jeune tout au long de son séjour. Le médecin psychiatre référent de l’établissement sera le garant de la bonne santé mentale des jeunes et de leur capacité à poursuivre le séjour. Il pourra faire intervenir l’inter secteur de psychiatrie en cas de besoin, si des prises en charge plus spécialisées s’avéraient nécessaires. Une infirmière tiendra une permanence quotidienne pour gérer les questions de santé, de décompression, gérables à son niveau de même que pour le suivi des éventuels traitements. 6. LES RELATIONS AVEC LA FAMILLE Dès le début de la prise en charge en CEF, le directeur prend contact avec les parents ou les détenteurs de l’autorité parentale pour expliciter avec eux la nature et les conditions du placement en CEF. Cette recherche permanente de l’implication de la famille (même si cela peut passer par un retrait ou une mise à distance temporaire) est indispensable. Il s’agit en effet d’aider à restaurer l’autorité parentale, à permettre au jeune de se resituer dans son histoire familiale et de pouvoir retourner auprès de sa famille à l’issue de la prise en charge dans de bonnes conditions. Même si ce retour ne pourra être, dans un certain nombre de cas, que symbolique et non réel à la sortie du CEF. Il importe de revaloriser chaque fois que possible l’image parentale et de permettre au jeune de se construire avec ses parents tels qu’ils sont, que ce soit dans le rapprochement ou dans la distance. Un certain nombre de jeunes commettant des actes de délinquance et d’agression contre des tiers ont eux-mêmes pu être agressé dans le cadre familial et il importe à la fois de les protéger et de leur permettre de dépasser leurs traumatismes. L’équipe du centre, en relation avec les professionnels ayant suivi le jeune avant son placement, établira les modalités de ce travail avec la famille dans le cadre de l’élaboration du projet individuel et dans le respect des préconisations du magistrat ayant décidé le placement. Le personnel soignant (médecin psychiatre, psychologue, infirmier) attachera une importance particulière à aider à la construction psychique du jeune dans et vis-à-vis de son environnement familial. Un lieu sera recherché et aménagé pour permettre l’établissement de contacts, notamment de visites de la famille. Les conditions des relations téléphoniques seront également précisées, toute restriction ne pouvant se faire que dans le cadre établi par le magistrat. 36 8. LA PREPARATION DE LA SORTIE On n’entre au CEF que pour mieux en sortir ! C’est la raison pour laquelle la préparation à la sortie est un objectif qui se construit dès les premiers jours et qui s’affine dès qu’une certaine stabilisation le permet. Pour ce faire, l’équipe, l’éducateur référent en particulier, élabore avec le jeune, chaque fois que possible avec sa famille, en lien étroit avec le fil rouge extérieur, un projet d’insertion à la sortie et la construction d’un parcours de sortie progressif et cohérent. Avec toutes les activités scolaires, pré-professionnelles, sportives et culturelles mises en place avec le jeune dans le cadre de son projet individualisé nous arrivons au moment du bilan. Une synthèse est réalisée avec la participation de tous les professionnels concernés. Au cours de cette réunion nous organisons la troisième phase de la prise en charge qui est la préparation à la sortie. Ce rapport de synthèse est adressé au magistrat. L’équipe engage ce travail en veillant à l’ensemble des aspects de l’insertion future du jeune : au niveau scolaire ou professionnel, dans son environnement familial et social. Bien évidemment, le moment fort de la sortie est marqué par la tenue d’une audience chez le magistrat qui a décidé de la mesure. L’objectif est de présenter un projet cohérent de sortie et de réinsertion. L’établissement prend un engagement de suivi et de liaison avec les intervenants extérieurs sur les 3 mois qui suivent la main levée et la sortie. Dans le cadre des processus d’autoévaluation à mettre en place, le service de suite se préoccupe dans les deux années qui suivent la sortie, de se renseigner sur la situation du jeune afin d’aider à la perception des processus de réinsertion ou de récidive des jeunes passés par le CEF. 37 VII - LES MOYENS NECESSAIRES Pour être pleinement opérationnel, le projet de service du CEF se doit d’être porté : ¾ ¾ Soit par des personnels ayant toutes les qualifications requises (postes de cadre, poste soignants, postes éducatifs : éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, éducateur sportif, éducateur technique spécialisé. Soit par des personnels possédant les capacités de base à l’exercice de ces fonctions auprès de jeunes mineurs délinquants et engagés parallèlement dans un processus de formation en cours d’emploi. A cet effet, tous les moyens – en terme de mobilité des personnes au sein de l’Association- et en terme de formation seront mis en œuvre. L’ADSEA 38 est signataire, avec les organisations syndicales de deux accords essentiels sur cette question : l’un sur la mobilité professionnelle, l’autre sur la formation professionnelle continue. L’intégration en permanence au sein de l’équipe d’un éducateur en formation par l’alternance (contrat d’apprentissage ou contrat de professionnalisation) permettra d’assurer la relève de personnel qualifié et le lien avec les écoles. 1. LE PERSONNEL La répartition des moyens en personnel tient compte de l’ensemble des impératifs liés au Projet d’Etablissement. PERSONNEL D’ENCADREMENT (3 ETP) : Un directeur et deux chefs de service assurant une permanence de l’encadrement pour l’accueil, la gestion des crises, notamment 24 heures sur 24 et 365 jours par an. PERSONNEL (2.5 ETP) : Un infirmier, de formation infirmier psychiatrique ou généraliste mais avec expérience en psychiatrie ou pédopsychiatrie PERSONNEL SOIGNANT Un temps plein de psychologue (O,75 pour un psychologue référent et 0,25 pour un remplacement sur le reste de l’année). Un médecin psychiatre référent à 0,50 ETP, si possible exerçant sur l’inter secteur de psychiatrie infanto juvénile. EDUCATIF (15 ETP) : 12 éducateurs (6 ES et 6 ME) assurant l’encadrement quotidien, la gestion de l’accueil et des crises, le co-accompagnement des activités scolaires, pré professionnelles et sportives, les nuits en chambre de veille en doublure du surveillant de nuit, le travail de référence, la préparation de la sortie. Un éducateur sportif Deux éducateurs techniques (Second Œuvre Bâtiment, Espaces Vert) 38 AUTRES PERSONNELS (6.5 ETP) : 1 secrétaire économe 2 Maîtres (ses) de maison 2 surveillants de nuit (2.50 ETP) Un enseignant mis à disposition ou un éducateur scolaire TOTAL 27 ETP plus 1 éducateur en formation en alternance (dont le coût est inférieur à un mi-temps) pour assurer la pérennité des recrutements et le renouvellement régulier de personnel éducatif qualifié. Dans une optique éducative fondamentale (les schémas parentaux, l’égalité des sexes, l’image de la femme…) une attention particulière est portée sur la mixité des membres de l’équipe. 2. L’ORGANISATION FONCTIONNELLE Le Directeur de l’établissement participe à la Commission Technique des Directeurs au niveau Associatif ainsi qu’à un certain nombre de réunions et séances de travail avec le Conseil d’Administration. Le Chef de service participe à des réunions de cadres des foyers d’hébergement, gérés par l’Association. Les cadres se coordonnent, mutualisent leurs expériences, compétences et moyens particulièrement avec leurs collègues relevant du champ de l’éducation renforcée gérée par l’Association (CER de la Minardière) Les réunions de service sont organisées en interne pour assurer la cohérence du projet, l’organisation quotidienne, le suivi des projets individualisés. 1- Les différentes réunions : 1-1 Les réunions institutionnelles. Chaque semaine une réunion institutionnelle de 2 h 30 est organisée. Y sont abordées les questions organisationnelles, préparation des différentes activités, décadrage… mais également le bon fonctionnement entre les différents postes de travail. Toutes les questions d’ordre général sont évoquées. Réflexions sur le règlement de fonctionnement afin d’éviter les dérapages et recentrer notre travail dans le souci d’une bonne cohésion d’équipe. Y participent éducateurs, maîtresses de maison, éducateurs techniques et sportifs qui ne sont pas sur le groupe. Afin de faire circuler l’information un cahier consigne les points abordés et les décisions qui sont prises afin que les personnes qui ne peuvent participer à cette réunion puissent s’y référer pour une meilleure cohérence des différents professionnels. 1-2 Les réunions Clinique et de synthèse. Trois heures par semaine sont réservées au travail clinique, bilans et synthèses. A ces réunions participent : 39 - Un cadre - Le médecin psychiatre - Le psychologue - Un représentant en charge de la scolarité - L’éducateur référent - Un éducateur technique - L’éducateur fil rouge de la PJJ (dans le cadre des bilans et des synthèses) L’éducateur référent prépare le bilan et la synthèse. Un cahier est mis en place pour noter le contenu des débats ainsi que les décisions prises et les orientations envisagées. A l’issue des réunions bilans et synthèses l’éducateur référent rédige un écrit qui est adressé au magistrat et versé au dossier du jeune. Tous les rapports sont relus par un cadre avant d’être adressé au magistrat et aux partenaires extérieurs qui en auraient une utilité. 1-3 Analyse de la pratique. Ce temps est organisé pour l’équipe éducative. Elle a lieu une fois par mois et est exercée par un praticien extérieur de formation psychanalytique. Cette réunion a pour but d’apporter à l’équipe aide et soutien par une mise à distance d’un vécu quotidien lourd tout cela dans le but d’améliorer la qualité de la prise en charge. Vu l’importance du groupe peut être faudra-t-il envisager de faire deux groupes. Les rapports faits au magistrat sont signés par l’éducateur référent et lui sont adressés sous le couvert du directeur. Le médecin psychiatre et le psychologue institutionnelles et apportent leur éclairage. participent aux réunions Un Comité de pilotage annuel, présidé par le Président de la Sauvegarde, et auquel est convié le représentant de l’état, les représentants du Parquet, les juges pour enfant, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, le maire de la commune, le représentant de la gendarmerie, …) est institué. Il permet de suivre et de contrôler la bonne marche de l’établissement, sa bonne intégration dans l’environnement, ses résultats en terme suivi des jeunes pendant et après leur séjour, la coordination des différents acteurs. Parallèlement, un Conseil d’Animation et de gestion, à l’image des autres établissements et services de la Sauvegarde est institué et se réunit trois fois l’an. Il aborde toutes les questions relatives au fonctionnement de l’établissement (projet, règlement, budget, travaux, etc). L’ensemble des partenaires y sont conviés ainsi que des représentants des jeunes et des familles. Des outils visant à la mise en œuvre d’une démarche qualité sont institués : description de la mesure, étapes nécessaires, indicateurs de bon déroulement, mesures de correction du projet… afin d’instaurer une pratique auto évaluative 40 du projet d’établissement et des projets individualisés et de permettre ensuite une évaluation externe telle qu’elle est prévue dans le cadre de la loi de janvier 2002. 3. LA FORMATION DES PERSONNELS La démarche de formation est un point très important à la Sauvegarde de l’enfance de l’Isère dans sa gestion des ressources humaines. Le module de formation de 15 jours sera proposé à tous les salariés avant l’ouverture du CEF. Il devrait pouvoir aborder : - connaissance du public - travail en équipe pluridisciplinaire - mise en place des procédures - gestion de la violence - anticipation des crises - posture de l’éducateur… Après l’ouverture du CEF régulièrement des journées de formation seront organisées sur des thèmes qui émergeront de notre pratique professionnelle. D’autre part des formations transversales sont mises en place au niveau de l’association les salariés du CEF pourront s’y associer au même titre que les autres. Pour exemple cette année il y a eu des formations sur la gestion de la violence, travail avec les familles, sécurité routière, interculturalité… En ce qui concerne le parcours individuel des éducateurs une attention particulière sera apportée, comme cela se fait d’ordinaire à la Sauvegarde de l’Enfance, à ceux qui peuvent par exemple effectuer une passerelle ou un formation de moniteur éducateur, éducateur spécialisé ou encore éducateur technique. Un accord innovant sur la mise en place du nouveau dispositif DIF (droit individuel à la formation) a été signé à la Sauvegarde en mai 2006. Il permet de compléter les dispositifs de formation des personnels. 4. LOCAUX Point crucial et déterminant, les locaux doivent répondre à un certain nombre de critères que l’on retrouve dans le cahier des charges des CEF. 41 Le travail en amont auprès des élus s’avère indispensable pour éviter les phénomènes de rejet. C’est en ce sens que des premiers contacts ont été pris avec la Préfecture dans un premier temps, avec les représentants de la METRO (Agglomération grenobloise) dans un second temps, puis avec les élus locaux concernés. La réfection de locaux paraît également préférable du point de vue du respect des normes de sécurité propre à un établissement accueillant du public (sécurité incendie notamment). La recherche porte également sur des locaux permettant une sécurité passive dissuasive pour les cas de fugue. C’est avec un projet d’implantation concret que l’Association pourra véritablement affiner son projet de Centre Educatif Fermé car beaucoup d’éléments (activités en interne, partenariats extérieurs…) dépendent maintenant des opportunités d’implantation de locaux. 42 LIVRET D’ACCUEIL CENTRE EDUCATIF FERME Le centre Educatif Fermé vous accueille aujourd’hui. Le CEF est géré par l’Association Départementale Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte de l‘Isère (ADSEA 38) pour la Association loi 1901 à but non lucratif du secteur social et médico-social, créée le 18 avril 1949. Ce livret d’accueil vous présente le CEF. Il fait partie d’une association au service des enfants, des adolescents et adultes en difficultés ou handicapés. 2000 enfants et familles en suivi quotidien dans les établissements ou services, 300 salariés à leur disposition. Chaque établissement ou service de l’association fonctionne de façon indépendante avec un budget qui lui est propre. Le CEF a une mission de service public financé par le ministère de la justice. Le Siège social et la Direction Générale sont situés au 129 cours Berriat – 38000 Grenoble. Le CEF est un établissement qui est habilité à recevoir, dans le cadre juridique fixé par la loi n°2002-1138 du 9 septembre 2002, des jeunes âgés de13 à 16 ans. Après avoir commis des actes graves que la société sanctionne vous séjournez au CEF par décision d’un Magistrat : • • • Soit après jugement dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve. Soit avant jugement dans le cadre d’un contrôle judiciaire. Soit après une incarcération. Vous êtes là pour suivre un programme éducatif dont la durée est fixée par le Magistrat dans son ordonnance de placement. 43 L’ACCUEIL : Vous êtes accueilli par la Directrice ou par le Chef de service, au cours d’un entretien qui vous présente le CEF, qui vous rappelle les engagements réciproques et les décisions du Magistrat. Un éducateur assiste à l’entretien dans la mesure du possible il sera le référent du jeune pendant le placement. Les objectifs de ce placement sont reprécisés ainsi que les moyens qui sont mis à votre disposition pour les atteindre. L’éducateur référent est votre porte-parole et le garant des outils mis en place. Il vérifie si les objectifs du projet individuel et les moyens mis en place sont efficaces. Il élabore les différents rapports transmis au magistrat. Il organise, coordonne, structure tout ce qui concerne votre évolution aussi bien au niveau du CEF, de la famille que face aux intervenants extérieurs. Il est mandaté par l’équipe et rend compte en réunion. Après cet entretien, dans le bureau des éducateurs, un inventaire minutieux de vos effets personnel sera effectué. Vous devrez donner en garde toutes choses interdites dans le centre. (Toute découverte de produit illicite sera transmis à la gendarmerie dans les plus brefs délais). Cet inventaire sera consigné sur une fiche qui restera dans votre dossier. L’éducateur vous remettra le règlement de fonctionnement qu’il vous demandera de lire à haute voix et de signer. Ensuite l’éducateur vous fera visiter le centre et vous présentera les personnes présentes lors de votre arrivée puis il vous conduira à votre chambre afin que vous vous installiez. Le CEF met à votre disposition : • • • • • • • Une chambre individuelle. Des sanitaires qui garantissent votre intimité. Une cuisine et des pièces communes. Une lingerie. Des classes. Des ateliers et des espaces pour les activités sportives. Une équipe pluridisciplinaire. L’équipe de Direction : Directrice : Mme Marie-Christine THEPAUT 2 Chefs de service éducatif : 44 L’équipe pluridisciplinaire : - 1 secrétaire 2 maîtresses de maison 2 surveillants de nuit 12 éducateurs spécialisés (éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs) 1 éducateur en formation en alternance 1 éducateur sportif 2 éducateurs techniques 1 enseignant 1 médecin psychiatre à mi-temps 1 psychologue 1 infirmière Tous ces professionnels vous accompagneront tout au long de votre placement au CEF dans un programme qui vous est détaillé dans le règlement de fonctionnement. LES DOSSIERS ET LES ECRITS : Les dossiers des jeunes sont gardés au secrétariat de l’établissement. Aucun dossier ne peut sortir du centre. Les jeunes n’ont pas accès à l’ensemble de leur dossier. Ils peuvent avoir accès aux rapports écrits par le CEF et ce en présence d’un adulte. Pour avoir accès à l’ensemble de leur dossier ils doivent faire une démarche auprès du magistrat. PARTICIPATION DES USAGERS : Un Conseil d’Animation et de Gestion est mis en place une fois par trimestre avec la Direction Générale, des Administrateurs, la Direction, des représentants du personnel et un Comité de Pilotage se réunit une fois par an, avec les mêmes personnes auxquelles se joignent les Magistrats, le Maire, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, Un représentant de la Préfecture, et un certain nombre de partenaires extérieurs. Une partie des usagers y sont conviés ainsi que leur famille. LES SANCTIONS : Toute transgression au règlement de fonctionnement sera sanctionnée soit par une activité d’intérêt général ou remise en état des dommages occasionnés. Autant que faire se peut la sanction sera en rapport direct avec les faits reprochés. En ce qui concerne les fautes graves, elles seront immédiatement déclarées au Magistrat qui statuera. 45 LE REGLEMENT DE FONCTIONNEMENT : Un règlement de fonctionnement vous est remis lors de votre accueil. Il définit vos droits et vos obligations. Il est fondé sur le respect des personnes et des biens mis à disposition. Pour rappel votre séjour se déroule dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve ou un contrôle judiciaire, ou d’une fin de peine ; Il vous faut donc respecter les règles fixées par le Magistrat et le règlement du CEF. Toute transgression aura des conséquences importantes pour vous. Pour mémoire, une règle fondamentale : L’interdiction de sortir du centre sans être accompagné. 46 REGLEMENT DE FONCTIONNEMENT CENTRE EDUCATIF FERME Le présent règlement a pour but de définir les règles qui régissent la vie collective ainsi que les modalités d’organisation et de fonctionnement au sein du Centre Educatif Fermé Il vise à permettre à chacun, bénéficiaires, personnels et familles de connaître ses droits et obligations, dans le respect des fondements de la loi du 2 janvier 2002 : « L’action sociale et médico-sociale tend à promouvoir l’autonomie et la protection des personnes, la cohésion sociale, l’exercice de la citoyenneté, prévenir les exclusions et en corriger les effets. Elle repose sur une évaluation continue des besoins et attentes des membres de tous les groupes sociaux, en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées, des personnes et des familles vulnérables, en situation de précarité ou de pauvreté. L’action sociale et médico-sociale est conduite dans le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains, avec le souci de répondre de façon adaptée aux besoins de chacun d’entre eux… » Cette même loi rappelle que : « L’exercice des droits et libertés individuelles est garanti à toute personne prise en charge par des établissements et services sociaux et médico-sociaux et que lui sont assurés… le respect de sa dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité et de sa sécurité. » Ce règlement doit permettre à chacun de connaître ses droits et devoirs et d’avoir des relations harmonieuses et respectueuses avec ses différents interlocuteurs. 47 Déclaration des droits de l’enfant ¾ Tous les enfants sont égaux : ils ont le droit d’être bien traités, sans qu’il y ait de différence à cause de leur race, de leur religion, de leur pays d’origine ou de leur sexe. ¾ Tous les enfants ont le droit d’avoir les moyens de vivre en enfant, de grandir en bonne santé, de se développer (leur corps, leur esprit, leur foi religieuse) et de participer à la vie de la société. ¾ Tous les enfants ont le droit d’avoir un nom et une nationalité. ¾ Tous les enfants ont le droit d’être bien nourris, bien logés, bien soignés. ¾ Les enfants handicapés ont le droit d’être encore mieux soignés. ¾ Tous les enfants ont le droit d’être aimés, écoutés et compris. ¾ Tous les enfants ont le droit d’aller à l’école gratuitement, de jouer et d’avoir des loisirs. ¾ Tous les enfants ont le droit d’être impérativement secourus en cas de catastrophes. ¾ Tous les enfants ont le droit d’être protégés contre les mauvais traitements (la cruauté, l’exploitation) et toute forme de négligence. ¾ Tous les enfants ont le droit d’être élevés dans un esprit d’amitié, de paix et de fraternité entre tous les peuples du monde. 48 Règlement intérieur du CEF : ¾ Le présent règlement définit les droits et obligations des jeunes accueillis au centre. Il est fondé sur le respect des personnes et des biens. Il complète et précise la loi commune à laquelle tout citoyen doit se soumettre. Le respect des autres commence par le respect de soi même. ¾ Les droits sont en accord avec les droits fondamentaux définis dans La Convention Internationale des Droits de l’enfant de 1989. Les obligations concernent la participation aux activités et le respect des règles de vie en collectivité dans le cadre d’une décision judiciaire qui s’impose à vous. ¾ Toute personne ayant une fonction au CEF a autorité sur vous. Les remarques émanant d’un adulte doivent être entendues et respectées par chacun. ¾ Toute personne, adulte et adolescent, a le droit au respect. La violence envers autrui est interdite. Qu’elle soit physique, verbale ou qu’il s’agisse d’une pression psychologique, elle sera susceptible d’entraîner une sanction. Le Magistrat en sera informé ainsi que les parents. En cas d’acte grave une plainte sera déposée. ¾ La détention et la consommation de boissons alcoolisées, de drogue et de médicaments sans ordonnances sont interdites. ¾ Il est interdit de posséder tout objet dangereux. Par mesure de sécurité des inventaires détaillés pourront être fait à tout moment. ¾ Une tenue correcte est exigée à tous moments. Dans l’établissement, les classes, les ateliers le port de la casquette n’est pas autorisé. Dans le cadre des ateliers, le port de vêtements appropriés et de sécurité est exigé. Ils sont fournis par l’établissement. ¾ Vous devrez prendre en charge le nettoyage de votre chambre et l’entretien du matériel mis à votre disposition. ¾ Suivant un planning établi à la semaine vous devrez participer aux tâches collectives (mise de table, débarrassage, rangement) ¾ En ce qui concerne l’hygiène corporelle vous devez prendre une douche quotidienne au moment prévu dans le planning. Vous devez nettoyer le bac à douche pour que l’endroit soit propre pour la personne qui passera 49 après vous. Votre linge est entretenu par la maîtresse de maison à vous de le porter au moment prévu à l’endroit prévu. ¾ Les relations sexuelles et l’introduction de revues et vidéos à caractère pornographiques sont interdites au sein de l’établissement. ¾ Il est interdit de fumer dans le centre. La loi interdit aux mineurs de moins de 16 ans d’acheter du tabac. La loi du 31 juillet 2003 précise également qu’il est interdit de fumer dans les locaux à usage collectifs utilisés pour l’accueil et l’hébergement des mineurs de moins de 16 ans. ¾ En cas de traitement médicamenteux, les médicaments seront déposés à l’infirmerie et distribués soit par l’infirmière ou un adulte. ¾ La participation aux activités est obligatoire, (classe, atelier, sport, activités extérieures) sauf contre-indication médicale. ¾ Les sorties non accompagnées sont interdites, sauf autorisation spéciale du Magistrat et de la Direction. En cas de fugue, le Magistrat sera avisé immédiatement, de même que votre famille. Une déclaration de fugue, dans l’instant, sera faite à toutes les autorités compétentes. ¾ La visite des familles sera organisée, après accord du Magistrat, à proximité de l’établissement. ¾ Le courrier vous sera distribué à votre retour d’activité. Vous l’ouvrirez en présence d’un éducateur. ¾ Dans tous les cas les Magistrats et vos familles seront informés de votre évolution et de vos manquements aux différentes règles. En interne des sanctions pourront être prises. Elles seront décidées, en fonction de la gravité des faits, par la Directrice assistée du Chef de service éducatif et d’au moins deux éducateurs. Dans cette situation vous aurez la possibilité de donner vos explications et d’être entendu par la direction. 50 Planning de la journée : 7 heures 7 heures – 7 heures 45 8 heures 15 8 heures 30 10 heures 10 heures 10 11 heures 30 12 heures – 12 heures 45 12 heures 45 – 13 heures 15 13 heures 15 13 heures 30 15 heures 15 heures 10 16 heures 30 16 heures 30 – 17 heures 15 17 heures 30 17 heures 45 – 19 heures 19 heures – 20 heures 20 heures 15 – 21 heures 30 21 heures 45 Lever Petit déjeuner et services (petit déjeuner, salle à manger, sanitaires et chambres). Départ aux activités classe, ateliers, sport. Démarrage des activités. Pause. Reprise des activités. Fin de la classe et des ateliers. Repas et services Détente Départ en classe et aux activités. Démarrage des activités. Détente. Reprise des activités. Fin des activités. Goûter et douches. Cercle de parole. Loisirs et sport. Repas et services. Activités de soirée. Retour au calme et préparation au coucher. Et coucher à 22 heures. Le week-end le lever a lieu à 8 heures 30. Les horaires sont ponctués en fonction des activités et des rencontres avec les familles. Lecture faite, ce jour à Monsieur : Né le : Par la Directrice ou son représentant : Grenoble le : Le jeune : représentant La Directrice ou son 51