SICILE PALERME DES NORMANDS
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SICILE PALERME DES NORMANDS
SICILE PALERME DES NORMANDS Au début du 11e s., l’anarchie règne parmi les cités de l’Italie méridionale. La Sicile est occupée par les Arabes. Les fils d’un pauvre seigneur de Normandie, Tancrède de Hauteville, vont se tailler un vaste domaine dans ces régions dès 1059. Robert, dit le Guiscard (le rusé), devient duc de Pouille et de Calabre. Son plus jeune frère, Roger, conquiert la Sicile de 1061 à 1072. LA SPLENDEUR DU RÈGNE DES NORMANDS Roger II, premier roi normand de Sicile Le deuxième fils de Roger se fait reconnaître roi de Sicile et prend le nom de Roger II (1105 - 1154). Il choisit Palerme comme capitale. C’est sous son règne, grâce à ses qualités d’organisation et de diplomatie, que se met en place la dynastie normande. Par une habile politique de tolérance et de libéralisme, il sait faire coexister des cultures différentes (arabe, grecque, française, juive, etc…), créant ainsi une civilisation originale et brillante. Les guerriers vikings, avec leurs écus en amande, leurs lances et leurs haches, conquiè rent de vastes terr i t o i res en Europe : Normandie, Angleterre... Appelés en renfort en Italie du Sud vers l’an mille, ils s’imposent rapidement et deviennnent maîtres de la Pouille, de la Calabre et de la Sicile, (D’après une miniature de Formia du 12e s.) ROGER II, UN SULTAN CHRÉTIEN “ La plus belle des cités de la Sicile est la résidence de son roi ; les musulmans l’appellent la cité al-Madina, et les chrétiens Palerme. C’est là que demeurent les musulmans citadins; ils y ont des mosquées, et les souks, qui leur sont réservés dans les faubourgs, sont nombreux… L’attitude du roi est vraiment extraordinaire. Il a une conduite parfaite envers les musulmans; il leur confie des emplois, il choisit parmi eux ses “officiers” et tous gardent secrète leur foi et restent attachés à la foi de l’islam. Le roi a pleine confiance dans les musulmans et se repose sur eux de ses affaires, et de l’essentiel de ses préoccupations, à tel point que l’intendant de sa cuisine est un musulman. Il a une troupe d’esclaves noirs musulmans qui sont commandés par un chef qa’id, pris parmi eux. Ses vizirs et ses chambellans sont des eunuques fityan, dont il a un grand nombre, qui sont des hommes de son gouvernement et auxquels il confie son privé. C’est en eux que se montre l’éclat de son pouvoir royal, car ils étalent des vêtements magnifiques, des montures fringantes. Il n’en est point qui n’ait une cour, des intendants, une suite. Ce roi a des palais superbes et des jardins merveilleux, particulièrement dans sa capitale… Il a un choix nombreux de pages et de femmes esclaves. Il n’y a point de roi des chrétiens qui soit plus splendide en sa royauté, plus fortuné, plus luxueux que lui. Par les jouissances du pouvoir où il est plongé, par la belle ordonnance de ses décrets, par les solides assises de son pouvoir, par la juste répartition des rangs parmi ses hommes, par l’éclat de sa pompe royale, par l’étalage de sa parure, il ressemble aux rois musulmans”… Ibn Djubayr, Voyages, 1184 Guillaume Ier Son fils Guillaume Ier hérite d’un des plus riches états du monde chrétien. Peu soucieux de gouverner, il préfère faire bâtir de somptueux palais de style arabe et vivre à la mode orientale. La fin de la dynastie Mosaïque de la Martorana, repré sentant le couronnement de Roger II par le Christ. Guillaume II, qui lui succède, restaure l’ordre et la justice dans le royaume. Il entreprend de grands travaux : églises, palais et jardins embellissent Palerme. Il mourra sans descendance, laissant le pouvoir à la maison de Souabe avec Henri VI, couronné roi de Sicile en 1194, et surtout son fils Frédéric II (1197 - 1250). ITINÉRAIRE NORMAND 5 4 1 - La Ziza C’est l’un des rares témoignages de l’architecture civile des rois normands qui est beaucoup plus influencée par l’art arabe que l’architecture religieuse. Commencée en 1160, elle est terminée sous le règne de Guillaume II. C’est une imposante construction rectangulaire aux aménagement intérieurs raffinés. : la belle salle carrée du rez-de-chaussée, ornée de riches mosaïques et d’une fon taine de type islamique. N 2 - Le palais des Normands 3 2 Etabli sur un ancien château fort sarrasin, il a été remanié à l’époque souabe et espagnole. De l’époque de Roger II, il ne reste à l’intérieur que la chapelle du palais (chapelle palatine) et une salle ornée de mosaïques qui fait partie des appartements royaux. près de l’entrée de la chapelle, une inscription en trois langues, latine, grecque et arabe, à la gloire de Roger II (illustration ci-dessous). N 1 LA CHAPELLE PALATINE “La beauté colorée et calme, pénétrante et irrésistible de cette petite église, qui est le plus absolu chef d’œuvre imaginable, vous laisse immobile devant ses murs couverts d’immenses mosaïques à fond d’or.[...] Tout l’effet admirable de ces églises vient, d’ailleurs du mélange et de l’opposition des marbres et des mosaïques” Guy de Maupassant, La vie errante, 1889 La chapelle Palatine Edifiée en 1130, elle se trouve au premier étage du palais des Normands. - Le plafond à alvéoles sculpté et peint, de style arabe, orné d’inscriptions en carac tères coufiques. - La mosaïque de pavement “semblable à une prairie de printemps”. - L’ambon (chaire) et le chandelier du cierge pascal. - Les mosaïques, qui sont de deux époques différentes ; les plus anciennes sont cel les du chœur (1143). N 3 - Eglise de Saint Jean des Ermites Fondée sous Roger II (1148), l’église appartenait à une communauté de moines ermites. Elle a été construite sur l’emplacement d’une ancienne mosquée dont elle utilise un mur. Le cloître voisin, du 13e s., est entouré d’un jardin calme et parfumé. les coupoles de style oriental N 4 - Eglise de San Cataldo Construite au 12e s., c’était la chapelle d’un somptueux palais aujourd’hui disparu. Il s’agit d’un édifice très simple, influencé par l’art arabe. A l’extérieur les 3 coupoles A l’intérieur les arcs rehaussés et le pavement, typiques du décor islamique. N 5 - Eglise Santa Maria dell’Ammiraglio La Martorana (à g.) et San Cataldo : campanile normand et coupoles arabes... Appelée aussi la Martorana, elle a été bâtie en 1143 à la demande de Georges d’Antioche, grand amiral de Roger II. Elle fut profondément remaniée à l’époque baroque. les mosaïques à fond d’or exécutées de 1143 à 1151. N Texte, conception, réalisation : Magali & Claude CHARPENTIER, Michèle GOZARD - Edition 2003