Pour Bonzini, il y a une vie après le bistrot
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Cas d’entreprise STRATÉGIE Pour Bonzini, il y a une vie après le bistrot Face au déclin des bars, la marque de baby-foot vise les entreprises et les particuliers. Bon choix tactique. PHOTOS : BONZINI, 20 MINUTES / BONZINI Conçu par une étudiante en design, le très kitsch “Barbie-foot” a été produit à dix exemplaires. Il est vendu dans le magasin branché Colette, à Paris. Prix : 10 000 euros. E n mars dernier, Colette, la plus branchée des boutiques parisiennes, ouvrait une grande tente de 4 000 mètres carrés dans le jardin des Tuileries, au cœur de la capitale, histoire de fêter ses quinze ans. Et quelle marque trouvait-on au milieu des griffes pour bobos Fred Perry, Bell & Ross ou Clarins ? Bonzini, les célèbres baby-foot de bistrot. C’est dire si l’époque où le patronyme évoquait PMU enfumés, 50 / Management / Octobre 2012 ados à tignasse touffue et «fanny au bar» est révolue. Aujourd’hui, ces «baby» en bois trônent bien plus souvent dans les salons de jeunes quadras que dans les troquets de quartier. Bonzini ne réalise en effet plus que 20% de son chiffre d’affaires en vendant ses machines dans les cafés, alors qu’il en tirait 90% de ses revenus il y a vingt ans. Les particuliers prêts à débourser 1 000 à 2 000 euros pour renouer avec leur passe-temps de jeunesse représentent désormais 40% des EN CHIFFRES 40% des ventes réalisées avec les particuliers, 10% en entreprise. 10 modèles de série 30% de surcoût pour un baby personnalisé débouchés, les collectivités (écoles, lycées…), 30%, et les entreprises, 10%. L’affaire ne s’est jamais aussi bien portée : avec 5 000 baby-foot vendus en 2011, Bonzini a battu un record historique. Ce qui a poussé cette PME de Bagnolet, en banlieue parisienne, à changer radicalement de terrain de jeu ? L’effondrement du nombre de PMU et bars-tabacs. Sur 250 000 cafés dénombrés en 1953, il n’en restait plus que 50 000 en 1990, quand Gérard Bergaglia, l’actuel gérant de Bonzini, a pris la suite de son père à la barre de la société familiale. La faute aux lois antitabac, à la baisse de la consommation d’alcool et à la montée en puissance des jeux vidéo. Pour Bonzini, c’est la mort lente assurée. Fin 1993, Gérard Bergaglia décide de tester le marché grand public, en se payant une page de publicité dans «Le Figaro Magazine». C’est la ruée. Le nouveau patron décide de diversifier sa clientèle pour de bon. Personnalisables à volonté. Sa tactique ? Miser sur la personnalisation de ses baby-foot pour séduire particuliers et entreprises. Bonzini ne propose alors que cinq variantes de son mythique B60, sur lequel des générations d’adolescents ont enchaîné roulettes et râteaux. Il double rapidement la gamme, qui compte aujourd’hui une dizaine de modèles standards (rustique, laqué blanc, océan…). Les joueurs, les poignées ou la qualité du bois sont modifiables à la demande, moyennant un surcoût de 30 à 50% pour l’acheteur. Un frein ? «Au contraire, les clients adorent, et ils sont prêts à mettre le prix», assure le patron. Les entreprises, surtout. Bonzini a ainsi réussi à séduire de nombreuses sociétés, dont des marques prestigieuses comme Veuve Clicquot ou Louis Vuitton, qui ont équipé leurs halls d’entrée ou leurs cafétérias d’un baby-foot à leurs couleurs. Dans les ateliers de Bagnolet, la diversification a été conduite sans véritable choc culturel. Là-bas, une trentaine d’ouvriers et techniciens, polyvalents en mécanique et en menuiserie, gèrent l’ensemble de la production made in France. Ils peuvent donc poser une peinture spécifique ou un revêtement de cuir. «Nous avons simplement dû former deux salariés aux nouvelles techniques de sérigraphie, une compétence que nous n’avions pas en interne», explique Bergaglia. Les hypers sur la touche. Côté distribution, en revanche, la transition a été plus compliquée. Bonzini, qui livrait les débits de boissons essentiellement via des revendeurs spécialisés dans les jeux de café, ne possédait pas d’équipe commerciale. Pour s’épargner l’effort d’en monter une, Bergaglia a d’abord tenté d’écouler ses baby-foot en grande distribution. Mais très vite, les hypers ont exigé des produits plus simples et plus bas de gamme pour les vendre moins cher. «Avec les acheteurs, j’avais l’impression d’être face à un peloton d’exécution», se rappelle Gérard Bergaglia. Le gérant refuse, de peur de détériorer son image. Pour toucher les particuliers, il se tourne vers Internet. Bien vu : le Web est alors en plein boom et les commandes affluent sur le site, qui représente aujourd’hui 80% de ses ventes au grand public. Pour le reste, une poignée de revendeurs se chargent des collectivités et les entreprises sont démarchées en direct par Ingrid Bergaglia, la fille de Gérard. Résultat, aucun salaire de commercial à payer. Thierry Henry a le sien. Le budget publicité de Bonzini ? Zéro euro, lui aussi. «Nos baby sont nos ambassadeurs, assurent les Bergaglia, qui misent beaucoup sur l’image de la marque et le bouche-à-oreille. «Nous avons vendu un baby-foot de 3 mètres à Philippe Starck pour l’hôtel Mama Shelter, à Paris. Depuis, toutes les agences de com nous appellent !» assure Ingrid, qui aime raconter que Thierry Henry s’est fait offrir pour son anniversaire un baby-foot relooké aux couleurs de l’équipe de France d’un côté et de De plus en plus d’entreprises (ici, “20 Minutes”) offrent des Bonzini à leurs salariés. FICHE D’IDENTITÉ ● Fondé en 1927, Bonzini fabriquait des meubles à l’origine. Il produit des babyfoot depuis 1953. ● Basée à Bagnolet (93), la société emploie 38 personnes. ● En 2011, elle a réalisé 5,8 millions d’euros de chiffre d’affaires. son club d’Arsenal de l’autre. Le père et la fille aimeraient que leurs bébés partent davantage jouer à l’étranger, où ils ne réalisent que 35% de leur chiffre d’affaires.«Je rêve de dépasser 80%, lâche Gérard Bergaglia. Et de nous faire une place en Chine, où les grandes fortunes ne savent plus quoi acheter.» Un rêve, en effet. Car si Bonzini est une institution en France, ailleurs, sa réputation reste à construire. Mais au baby, toute partie est belle à jouer. Thomas Lestavel
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