Les jardins de Rousseau internet - Musée Jean
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Les jardins de Rousseau internet - Musée Jean
Les jardins de Jean-Jacques Eléments de chronologie p. 2 La jeunesse p. 5-6 - L’aqueduc, extrait des Confessions - La pervenche, extrait des Confessions Montmorency p. 6-8 - L’Ermitage, extrait des Confessions - Le jardin de Julie, extrait de La Nouvelle Héloïse - Les travaux du Mont-Louis, extrait des Confessions - Le parc de Montmorency, extrait des Confessions Le jardin consolateur p. 9 - L’ile Saint-Pierre, extrait des Rêveries du promeneur solitaire - Le parc d’Ermenonville, extrait De la composition des paysages ELEMENTS DE CHRONOLOGIE POUR LES JARDINS DE ROUSSEAU Les années de jeunesse Genève 1712-1728 Le 28 juin 1712 naissance de Jean-Jacques Rousseau à Genève. Sa mère meurt quelques jours plus tard. A la suite d’une querelle, son père quitte Genève définitivement. Jean-Jacques, alors âgé de 10 ans, est mis en pension chez le pasteur Lambercier, à Bossey au pied de la montagne qui domine Genève. La Savoie : l’initiation à la botanique 1728 -1742 A l’âge de 16 ans, Jean-Jacques quitte Genève. Il fait la connaissance de madame de Warens. En 1731, il s’installe chez elle à Chambéry puis dans la maison des Charmettes. Madame de Warens tente d’intéresser Jean-Jacques à la botanique mais celui-ci est rebuté par l’utilisation uniquement médicinale qu’elle fait des plantes. Aux Charmettes, lors d’une promenade, Mme de Warens lui montre une pervenche. Celle-ci restera à jamais la fleur préférée du philosophe. La rupture avec Paris Montmorency : la nature complice de l’œuvre 1756/1762 En avril 1756, Rousseau s’installe à l’Ermitage, en lisière de la forêt de Montmorency. C’est dans ce cadre bucolique et d’après un séjour fait à Clarens en Suisse, qu’il crée les personnages et les décors de son roman, la Nouvelle Héloise. Rousseau déménage au Mont-Louis en décembre 1757. Deux ans plus tard, il réalise des travaux dans son jardin afin de se créer « un cabinet de verdure ». Dans le « Donjon », il rédige Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Du Contrat social, Emile ou de l’éducation. Durant les travaux, il est logé dans le « Petit château » de Montmorency, situé dans un parc à la française, à proximité d’une orangerie. Le 9 juin 1762, l’Emile est condamné par le Parlement de Paris, Rousseau est décrété de prise de corps. Il s’enfuit en Suisse. -2- Les années d’exil La Suisse 1762/1766 A Motiers, Rousseau est accueilli par Mme Boy de la Tour qui met une maison à sa disposition Il découvre le plaisir des promenades botaniques en compagnie de JeanAntoine d’Ivernois, médecin et naturaliste (il s’intéresse aux sciences naturelles) et d’Abraham Gagnebin, botaniste. Il se promène dans la nature pour constituer son premier herbier en se guidant du livre de Linné, Systema naturae En 1765, il part se réfugier dans l’Ile Saint-Pierre sur le lac de Bienne. Il a le dessein de recenser toute la flore de l’ile. Mais il doit fuir à nouveau avant d’avoir pu mener son projet à terme. L’Angleterre 1766/1767 Chassé de Suisse en 1766, Rousseau s’installe en Angleterre. Il poursuit sa collecte de plantes pour réaliser un herbier Le retour en France 1767-1778 Ne supportant plus l’exil, Rousseau rentre en France et trouve un asile à TrieChâteau, dans l’Oise, chez le prince de Conti. Il prend alors le pseudonyme de Renou. Il reçoit la visite de Joseph Dombey, jeune naturaliste de Montpellier qui lui offre un très bel herbier comprenant près de 2000 plantes étrangères et rares. Cet herbier a aujourd’hui disparu. Paris 1770/1778 Rousseau rentre à Paris. Il continue ses herborisations en Ile de France. Il fréquente le jardin du roi, (Muséum d’histoire naturelle), le jardin de Trianon à Versailles, les bois de Boulogne et de Vincennes et le parc de Saint-Cloud. Il vient herboriser autour de l’étang de Montmorency (actuel lac d’Enghien). De 1771 à 1774, il réalise pour la fille de madame Delessert, la petite Madelon, l’herbier (conservé au Musée Jean-Jacques Rousseau) et écrit Les lettres sur la botanique à sa mère. -3- Il entreprend également la rédaction d’un Dictionnaire des termes d’usage en botanique, resté inachevé. A l’automne 1776, il évoque sa passion pour l’herborisation en écrivant le texte de la Première promenade de son ouvrage les Rêveries du promeneur solitaire dont il poursuit la rédaction jusqu’à sa mort. Ermenonville 1778 En mai, Rousseau accepte l’invitation du marquis de Girardin et s’installe à Ermenonville. Il s’y rend avec sa compagne Thérèse. Il continue d’herboriser avec les enfants du marquis et réalise de nouveaux herbiers. Le philosophe meurt subitement le 2 juillet après une promenade. Il est inhumé dans l’Ile des peupliers du parc d’Ermenonville Ses cendres seront transférées par la Révolution française au Panthéon en 1794. -4- Texte 1 L’aqueduc Jeune enfant, Jean-Jacques est élevé avec son cousin Bertrand, par le pasteur Lambercier, dans la campagne suisse. Un jour, alors que le pasteur a planté un noyer sur une terrasse, Jean-Jacques et son cousin ont l’idée de planter un saule et de dévier l’eau d’arrosage du noyer vers leur arbre grâce à un judicieux système d’irrigation souterrain. « Il y avait hors la porte de la cour une terrasse […] M. Lambercier y fit planter un noyer. La plantation de cet arbre se fit avec solennité. […] On fit pour l’arroser une espèce de bassin tout autour du pied. Chaque jour, ardents spectateurs de cet arrosement, nous nous confirmions mon cousin et moi, dans l’idée très naturelle qu’il était plus beau de planter un arbre sur la terrasse qu’un drapeau sur la brèche ; et nous résolûmes de nous procurer cette gloire […] Pour cela, nous allâmes couper une bouture d’un jeune saule, et nous la plantâmes sur la terrasse […] ; nous vîmes l’instant fatal où l’eau nous allait manquer, et nous nous désolions dans l’attente de voir notre arbre périr de sécheresse. Enfin la nécessité, mère de l’industrie, nous suggéra une invention pour garantir l’arbre et nous d’une mort certaine : ce fut de faire dessous terre une rigole qui conduisit secrètement au saule une partie de l’eau dont on arrosait le noyer […] A peine achevait-on de verser le premier seau d’eau que nous commençâmes d’en voir couler dans notre bassin […] Frappé de la voir (l’eau) se partager entre deux bassins, il (M. Lambercier) s’écrie à son tour, regarde, aperçoit la friponnerie, se fait brusquement apporter une pioche, donne un coup, fait voler deux ou trois éclats de nos planches, et criant à pleine tête, un aqueduc, un aqueduc, il frappe de toutes parts des coups impitoyables, dont chacun portait au milieu de nos cœurs. En un moment les planches, le conduit, le bassin, le saule, tout fut détruit […] » Les Confessions, livre premier. -5- Texte 2 La pervenche Jean-Jacques a une vingtaine d’année lorsqu’il s’installe à la maison des Charmettes avec Mme de Warens. Elle a une forte influence sur son goût pour la nature. « Le premier jour que nous allâmes coucher aux Charmettes, Maman [Mme de Warens] était en chaise à porteurs [...] Elle voulut descendre [...] En marchant elle vit quelque chose de bleu dans la haie et me dit : voilà de la pervenche encore en fleur. Je n’avais jamais vu de la pervenche, je ne me baissai pas pour l’examiner […] Je jetai seulement en passant un coup d’œil sur celle-là, et près de trente ans se sont passés sans que j’aie revu de la pervenche, ou que j’y aie fait attention. En 1764 étant à Cressier avec mon ami du Peyrou, nous montions une petite montagne […] En montant et regardant parmi les buissons je pousse un cri de joie : ah voilà de la pervenche » Les Confessions, livre sixième Texte 3 L’Ermitage Jean-Jacques découvre à Montmorency une maison appartenant à son amie Mme d’Epinay : le potager et l’aspect sauvage du lieu le séduisent. Mme d’Epinay lui permet de s’y installer le 9 avril 1756. « M. d’Epinay voulant ajouter une aile qui manquait au château de la Chevrette, faisait une dépense immense pour l’achever. Etant allé voir un jour avec Mme d’Epinay ces ouvrages, nous poussâmes notre promenade un quart de lieu plus loin jusqu’au réservoir des eaux du parc qui touchait la forêt de Montmorency, et où était un joli potager avec une petite loge fort délabrée qu’on appelait l’Ermitage. Ce lieu solitaire et très agréable m’avait frappé quand je le vis pour la première fois avant mon voyage de Genève. Il m’était échappé de dire dans mon transport. Ah, Madame, quelle habitation délicieuse ! Voilà un asile tout fait pour moi. » -6- Texte 4 Le jardin de Julie S’inspirant de la forêt de Montmorency et de ses souvenirs de séjour à Clarens en Suisse, Rousseau imagine pour son roman La Nouvelle Héloïse, le jardin idéal de son héroïne Julie. Saint-Preux : « Ce lieu, quoique tout proche de la maison est tellement caché par l’allée couverte qui l’en sépare qu’on ne l’aperçoit de nulle part. L’épais feuillage qui l’environne ne permet point à l’œil d’y pénétrer, et il est toujours soigneusement fermé à la clé […] En entrant dans ce prétendu verger, je fus frappé d’une agréable sensation de fraicheur que d’obscures ombrages, une verdure animée et vive, des fleures éparses de tous côtés, un gazouillement d’eau courante et le chant de mille oiseaux portèrent à mon imagination du moins autant qu’à mes sens, mais en même temps je crus voir le lieu le plus sauvage, le plus solitaire de la nature, et il me semblait être le premier mortel qui jamais eut pénétré dans ce désert. » Julie : « […] Vous savez que l’herbe y était assez aride, les arbres clairsemés, donnant assez peu d’ombre, et qu’il n’y avait point d’eau. Le voilà maintenant frais, vert, habillé, paré, fleuri, arrosé : que pensez-vous qu’il m’en a couté pour le mettre dans l’état où il est ? » Saint-Preux « […] il ne vous en a couté que de la négligence. Ce lieu est charmant, il est vrai, mais agreste et abandonné ; je n’y vois point le travail humain. Vous avez fermé la porte ; l’eau est venue je ne sais comment ; la nature seule a fait tout le reste et vous-même n’eussiez jamais su faire aussi bien qu’elle. » Julie « Il est vrai […], que la nature a tout fait, mais sous ma direction, et il n’y a rien là que je n’aie ordonnée. » -7- Texte 5 Les travaux du Mont-Louis Arrivé au Mont-Louis le 15 décembre 1757, Rousseau découvre une maison en piteux état. Cependant, il ne réalise des travaux qu’en 1759. Il en profite pour aménager son jardin. « Je m'amusai quand j'y fus à orner la terrasse qu'ombrageaient déjà deux rangs de jeunes tilleuls, j'y en fis ajouter deux pour faire un cabinet de verdure ; j'y fis poser une table et des bancs de pierre ; je l'entourai de lilas, de seringa, de chèvrefeuille, j’y fis faire une belle platebande de fleurs parallèle aux deux rang d’arbres ; et cette terrasse… me servait de salle de compagnie » Les Confessions, livre dixième. Texte 6 Le parc de Montmorency Durant les travaux du Mont-Louis, Jean-Jacques est invité à loger dans le Petit château du maréchal de Luxembourg. Il est frappé par la beauté des lieux. «Cet édifice et le terrain qui l’entoure appartenaient jadis au célèbre Le Brun […] Quand on regarde ce bâtiment de la hauteur opposée qui lui fait perspective, il parait absolument environné d’eau et l’on croit voir une île enchantée ou la plus jolie des trois îles Borromées appelée Isola Bella dans le lac Majeur. [...] C’est dans cette profonde et délicieuse solitude qu’au milieu des bois et des eaux, aux concerts des oiseaux de toutes espèces, au parfum de la fleur d’orange, je composais dans une continuelle extase le cinquième livre de l’Emile […] Avec quel empressement je courais tous les matins au lever du soleil respirer un air embaumé sur le péristyle ! Quel bon café au lait j’y prenais tête à tête avec ma Thérèse ! Ma chatte et mon chien nous faisaient compagnie. Ce seul cortège m’eut suffi pour toute ma vie, sans éprouver jamais un moment d’ennui. J’étais là dans le Paradis terrestre […] » Les Confessions, livre dixième. -8- Texte 7 L’ile Saint-Pierre Condamné après les publications d’Emile et Du Contrat Social, Rousseau se cache sur l’Ile SaintPierre, sur le lac de Bienne, en Suisse. Il décrit les paysages sauvages qui s’accordent si bien à son tempérament. « Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l’eau de plus près ; mais elles sont moins riantes. S’il y a moins de culture de champs et de vignes, moins de villes et de maisons, il y a aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d’asiles ombragés de boccages, des contrastes plus fréquents et des accidents plus rapprochés » Les Rêveries du promeneur solitaire, cinquième promenade. Texte 8 Le parc d’Ermenonville. Le 20 mai 1778 Rousseau emménage chez le marquis de Girardin à Ermenonville. Il découvre un parc merveilleux, inspiré de son propre jardin idéal décrit dans la Nouvelle Héloïse. Il passe ses journées à herboriser dans le parc avec les enfants du marquis. Il décède quelques semaines après son arrivée, enterré au beau milieu du parc, sur l’Ile des Peupliers. En 1775, le marquis rédige un ouvrage dans lequel il explique comment il a réalisé son parc. « Le fameux Le Nôtre, qui fleurissait au dernier siècle, acheva de massacrer la nature en assujettissant tout au compas de l’Architecte […] Le goût naturel a conduit d’abord à penser que pour imiter la nature, il suffisait, comme elle, de proscrire les lignes droites et de substituer un jardin contourné à un jardin carré. On a cru qu’on pourrait produire de grande variété à force d’entasser dans un petit espace les productions de tous les climats, les monuments de tous les siècles, et de claquemurer, pour ainsi dire, tout l’Univers […] Ce n’est donc ni en Architecte, ni en Jardinier, c’est en Poète et en Peintre qu’il faut composer des paysages, afin d’intéresser tout à la fois l’œil et l’esprit » René-Louis, marquis de Girardin, -9- De la composition des paysages. Les documents des « Jardins de Jean-Jacques Rousseau » 1- L’aqueduc Gravure de Maurice Leloir, extrait des Confessions, 1889. 2- Les Charmettes Gravure d’après Guyot 3- L’Ermitage de Montmorency Gravure 4- Vue du pavillon de Clarens Gouache de Moreau l’ainé, vers 1775-1800. 5- Plan du centre ville de Montmorency au 18ème siècle 6- Façade orientale du « Petit château » de Montmorency Gravure d’après le dessin d’Israël Silvestre 7- L’Orangerie au 18ème siècle Dessin 8- Plan du parc de Montmorency en 1791 9- Vue du parc d’Ermenonville Gouache de J. Moreth, 1809 10- Vue de la cabane de Rousseau à Ermenonville Gouache de J. Moreth, 1809. Lithographie d’après Thénot. 11- Les fabriques du parc d’Ermenonville La pyramide du Philosophe, gravure d’après Bourgeois Le temple de la philosophie, gravure d’après Bullure 12- L’ile des peupliers Tombeau de Rousseau à Ermenonville, peinture à l’huile de Nicolas-Antoine Taunay, 1ère moitié du 19ème siècle. L’ile des peupliers, boite d’après un dessin de Jean-Michel Moreau, 1786
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