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NANCY Photos : Pol Emile / Sipa Des acheteurs encore hésitants Malgré la baisse des prix et des taux d’intérêt, les acquéreurs ont du mal à se lancer. Les investisseurs, aidés par la loi Scellier, sont nettement plus confiants P rudence ! C’est le sentiment qui semble prévaloir chez les acteurs du marché nancéien, même si, depuis janvier, celui-ci semble doucement sortir de sa torpeur. Au troisième trimestre 2009, les notaires avaient enregistré une baisse des transactions de 12% VIII ● LE NOUVEL OBSERVATEUR par rapport au troisième trimestre 2008. Au deuxième trimestre 2009, la baisse était même de 46% par rapport à la même période de 2008. « Une légère reprise qui mérite d’être confirmée », relativise Yves Martin, président de la chambre départementale des notaires de Meurthe-et-Moselle. « Nous sortons d’une année où les ventes ont diminué de 40%, les choses ne vont pas se rétablir d’un seul coup. Le printemps nous permettra de savoir si la crise est derrière nous. » Il faut dire que, même si le marché bénéficie de facteurs favorables (hausse du moral, baisse des prix, meilleurs taux d’intérêt...), les DR seuls à s’y aventurer semblent être les inves- d’éviter de perdre de l’argent au moment de tisseurs, attirés par la loi de défiscalisation revendre. Et dans une région au climat riScellier, et les 43 000 étudiants à loger dans goureux, cela passe aussi par le coût des la ville, ainsi que les primo-accédants moti- charges de copropriété et par l’état de l’isolavés par la baisse des taux et le prêt à taux tion. « Certains immeubles des années 1970 et zéro. « Et encore ! Au-delà de 200 000 euros, il 1980 vont devenir très coûteux en énergie, surest difficile de trouver des acheteurs. Car plus tout s’ils sont mal isolés. Les acquéreurs font de personne ne s’endette sur vingt ans comme plus en plus attention au diagnostic de perforavant. Et la prudence est de mise aussi du côté mance énergétique (DPE). Un mauvais bilan des banquiers, qui hésitent désormais à prêter peut faire renoncer à l’achat. Voire inciter à resans un apport important », remarque Maryse vendre », remarque Hugues Devaux, adminisLantoine, de Capi France. trateur de biens. Résultat : ce sont surtout les petites surFace à des particuliers de plus en plus faces qui trouvent preneur, et les grosses mai- difficiles et longs à se décider, les investissons bourgeoises de l’agglomération restent seurs ont le beau rôle, particulièrement du sur le marché. Dans le quartier cossu de côté du neuf. Malgré le retour de l’offre Beauregard-Boufflers-Buthegnémont, à Nancy, dans l’agglomération (Nancy, Essey-lèsles prix ont chuté de plus de 16% alors qu’ils Nancy, Tomblaine, Jarville-la-Malgrange, enregistrent une baisse de 7% environ dans Laneu-veville-devant-Nancy...), ils sont en l’ensemble du département de Meurthe-etMoselle, selon Perval, la base de données des notaires. « On peut y faire des affaires, mais ceux qui n’ont pas besoin d’acheter préfèrent attendre plutôt que de risquer de réaliser une moinsvalue », analyse Yves Martin. Désormais, on achète par nécessité : enfant, divorce, décès… et l’offre s’en ressent. Particulièrement dans le centre de Nancy, où Dans le centre-ville, les prix restent néanmoins élevés les prix restent soutenus. Tout au plus enregistre-t-on une effet quasiment seuls sur ce marché. baisse de 3%, avec des prix stagnant à « Depuis la crise, les gens n’ont plus confiance. 1 798 euros/m 2. Ainsi, si la plupart des Ils n’osent plus acheter sur plan. Les investisacquéreurs rêvent d’un F4 avec garage et seurs, eux, sont moins regardants, car ils terrasse dans le centre-ville, ils doivent sou- n’achètent pas pour eux. Comme le dispositif de défiscalisation Scellier leur permet de s’y revent se rabattre sur la banlieue. Seule la première couronne semble en fait trouver financièrement, ils viennent sans hétirer parti de la situation, les jeunes couples siter », relève Wendy Simon, négociatrice venant y chercher une maison au prix d’un chez ProG Immobilier. Les locataires sont appartement en ville. Mais, depuis la crise, ils de plus en plus nombreux à préférer les ne sont plus prêts à tous les sacrifices : « A maisons à faible consommation énergétique plus de 20 kilomètres de Nancy, on ne vend qua- et les inquiétudes écologiques pourraient siment plus rien ! La campagne, le calme, les ramener les particuliers sur le marché du grands espaces ne sont plus des arguments de neuf. « Pas sûr que ça soit rentable à court vente. Pour des raisons économiques et parfois terme, mais il y a un effet de mode incontesécologiques, les gens ne veulent plus utiliser leur table », note Michel Katz, de l’agence Liberty voiture. La demande se concentre donc sur la Home. S’il est encore prématuré pour parler proche banlieue, bien desservie par les trans- franchement de reprise, l’optimisme est noports, au détriment de la deuxième couronne », table. « Les gens sont plus sélectifs, ça assaiobserve Yves Mathis, de Chez vous nit les choses : les biens de qualité continuent Immobilier, qui enregistre jusqu’à 15% de de se vendre à bon prix. Les affaires de quabaisse sur le prix des maisons situées trop à lité moyenne se vendent moins cher. Il y en a l’extérieur. Plus que jamais, les acquéreurs se pour tous les budgets », conclut Yves Martin. montrent exigeants, un bon moyen selon eux CLAIRE LEFEBVRE OLIVIER DIEUDONNÉ Responsable des transactions à l’agence Bonnabelle et président du réseau Immobourse de la Fnaim Le Nouvel Observateur. – Comment se porte le marché dans le centre-ville ? Olivier Dieudonné. – Depuis le début de l’année, le marché est plus détendu. On a retrouvé les acheteurs qu’on avait perdus, ceux qui hésitaient dans leur projet. Le problème vient de l’offre. Dans l’hypercentre, on manque de produits adaptés à la demande : les gens veulent de l’ancien de charme, des F3 ou F4 avec terrasse et garage. Or, on en trouve peu et, dès que ce type de bien émerge, il se vend tout de suite. Une maison de ville 1930 de 230 m2 vient de se vendre 250 000 euros, après deux visites. Aujourd’hui, dans le centreville, il y a surtout des appartements dans des immeubles des années 1960 à rénover. C’est forcément moins attractif. Il y a donc des acheteurs, mais, concrètement, les choses ne bougent pas beaucoup. N. O. – Vers quel type de logement se dirigent les acquéreurs ? O. Dieudonné. – Ceux qui ont les moyens attendent de trouver le bon logement au bon prix, ils prennent leur temps, ne sont pas pressés. Les primo-accédants changent généralement rapidement leurs prétentions, se tournent vers des appartements 1960, plus adaptés à leur budget, mais avec d’importantes charges de copropriété. Ou alors ils partent dans la périphérie. Quand vous visitez une maison pour le prix d’un F2 au centre-ville, ça vous fait réfléchir. N. O. – Comment se porte le marché du neuf ? O. Dieudonné. – Mal. A 2 800 ou 3 000 euros/m2, il ne peut pas y avoir d’acheteurs. Le marché du neuf reprend, mais uniquement grâce aux investisseurs et à la loi Scellier. Il n’y a qu’à voir ce qui se construit : ce sont principalement des F2 et F3, produits typiques de la location. Et encore, beaucoup d’investisseurs préfèrent jouer sur la loi Scellier en réhabilitation, qui permet de rester dans le centre-ville en remettant à neuf un appartement vétuste et non conforme. Car les appartements s’y louent beaucoup plus cher qu’une maison en banlieue. Propos recueillis par C. L. ● IX