Chapitre 10 Les projets d`investissement
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Chapitre 10 Les projets d`investissement
Chapitre 10 Les projets d’investissement 1 Exercice 10.07 Rentabilité d’un investissement – Résultat déficitaire dans une entreprise globalement bénéficiaire La SARL Mécanautique est soumise à l'impôt sur les sociétés au taux de 33 1/3 %. Il s'agit d'une entreprise d'entretien et réparation de petits moteurs nautiques, installée à Port-Dauphin sur la côte atlantique. La SARL dégage actuellement un bénéfice avant impôts de 36 000 €. Le gérant et principal associé, M. LE GOFF envisage d'étendre son activité à des unités navales de plus fort tonnage. Il aurait besoin d'une grue de 8 tonnes de portée pour sortir ces bateaux de l'eau. Cette grue coûterait 115 000 € à l'achat et elle aurait une durée d'utilisation de dix ans. Elle bénéficierait de l'amortissement fiscal dégressif. M. LE GOFF vous consulte sur l'opportunité de cette acquisition. Il se demande si les bénéfices attendus de la nouvelle activité justifient cet investissement, d'autant qu'il faudra créer une nouvelle clientèle et que les premières années risquent d'être déficitaires. Ses associés insistent pour que la mise de fonds soit récupérée si possible en trois ans, sinon en quatre ans au plus. M. LE GOFF estime que le chiffre d'affaires annuel généré par la grue s'élèverait à 70 000 € pendant les deux premières années d'exploitation et à 150 000 € pendant les trois années suivantes. Il ne peut pas faire de prévision au-delà. Le service de la grue et les activités connexes exigeraient l'embauche de nouveaux ouvriers pour un coût annuel de 65 000 € pendant les deux premières années d'exploitation et à 80 000 € pendant les trois années suivantes. Vos recherches dans le dossier des financements de la SARL vous montrent que le coût annuel du financement est de 12 % des capitaux propres et empruntés. Par ailleurs, vous estimez le besoin en fonds de roulement à trente fois le chiffre © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 d'affaires journalier (année de 360 jours). Vous considérez que la valeur résiduelle de la grue sera égale à sa valeur nette comptable. 1. Calculer la VAN, le TIR et le délai de récupération des capitaux du projet d'achat de la grue. 2. Quelles sont vos conclusions ? 2 Corrigé de l’exercice 10.07 1. Calculs (VAN - TIR - Délai Délai de récupération) Année 0 Chiffre d'affaires 1 2 3 4 5 70 000 70 000 150 000 150 000 150 000 de 65 000 65 000 80 000 80 000 80 000 - amortissement de 25 875 20 053 15 541 12 044 9 334 -20 875 -15 053 54 459 57 956 60 666 -6 958 18 153 19 319 20 222 Résultat net -13 917 -10 035 36 306 38 637 40 444 + amortissement de 25 875 20 053 15 541 12 044 9 334 11 958 10 018 51 847 50 681 49 778 - charges personnel la grue(1) Résultat fiscal - impôt sur les -5 018 bénéfices la grue Flux nets de trésorerie Acquisition de la -115 grue 000 Variation du BFR -5 833 -6 667 12 500 Valeur résiduelle de 32 152 la grue Total des flux de -120 trésorerie 833 VAN 15 780 TIR 15,70% Flux cumulés 11 958 10 018 45 180 50 681 94 430 11 958 21 976 73 823 124 505 174 283 © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 Délai de récupération du capital investi (3 ans et 10 mois) (1) Amortissement en 10 ans ; coefficient 2,25 ; taux dégressif 22,5 %. 2. Conclusions Bien que l’exploitation de la grue soit déficitaire les deux premières années, l’investissement s’avère rentable sur une durée de cinq ans. Le délai de récupération est raisonnable. L’incidence des déficits initiaux est atténuée du fait qu’ils induisent une réduction des impôts pesant sur l’ensemble de l’activité de la société qui resterait bénéficiaire. 3 Exercice 10.08 Rentabilité d’un investissement – Projet fiscalement autonome avec report du résultat déficitaire Vous êtes employé de la société anonyme Bacchus. Cette société exploite un réseau d'hôtels à l'enseigne du « Hibou », les uns directement, les autres par l'intermédiaire de franchisés auxquels Entente concède par contrat le droit à l'enseigne et apporte une assistance technique. M. Gérard Lay est en négociation avec la SA Bacchus en vue de conclure un contrat de franchise pour un hôtel à construire au Guilvinec (Finistère). Le service juridique a conseillé à M. Lay de créer une SARL pour construire et exploiter l'hôtel. Le directeur financier de la société Bacchus vous remet le 15 mars un dossier dans lequel vous trouvez les informations suivantes. - Montant à investir en fin d'année N terrain..................... 350 000 € construction............ 2 000 000 €, amortissement fiscal linéaire 20 ans mobilier .................. 500 000 €, amortissement fiscal dégressif 10 ans BFR........................ 5 % du CA annuel - Prévisions d'exploitation annuelles sur 5 ans : chiffre d'affaires : années N+1 et N+2..................................... 950 000 € © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 années N+3 à N+5................................... 2 300 000 € charges d'exploitation décaissées : années N+1 et N+2..................................... 800 000 € années N+3 à N+5................................... 1 000 000 € - Valeurs résiduelles en fin d'année N+5 terrain................... 350 000 € construction.......... 1 500 000 € mobilier ................ 100 000 € - Coût des capitaux : 11,5 % - Impôt sur les sociétés : 33 1/3 %. Il est rappelé que le déficit fiscal d'un exercice peut s'imputer sur les bénéfices imposables des exercices suivants, dans la limite des cinq exercices suivants. 1. Calculer le montant de l'impôt sur les sociétés qui sera payé par la SARL au cours des années N+1 à N+5. 2. Calculer la VAN et le TIR du projet d'hôtel. 4 Corrigé de l’exercice l’exercice 10.08 1. Calcul de l'impôt à payer Année N+1 N+2 Produits 950 000 950 000 2 300 000 2 300 000 2 300 000 Charges décaissées 800 000 800 000 1 000 000 1 000 000 1 000 000 la 100 000 100 000 100 000 100 000 100 000 87 188 67 570 52 367 40 584 -37 188 1 132 430 1 147 633 1 159 416 -62 500 -99 688 0 0 -62 500 -99 688 1 032 742 1 147 633 1 159 416 0 0 344 247 382 544 386 472 Amortissement de N+3 N+4 N+5 construction Amortissement du mobilier 112 500 (1) Report déficitaire -62 500 Résultat fiscal Impôt sur les bénéfices (1) Amortissement en 10 ans ; coefficient 2,25 ; taux dégressif 22,5 %. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 2. Calcul (VAN et TIR) Année N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 Chiffre d'affaires 950 000 950 000 2 300 000 2 300 000 2 300 000 Dépenses 800 000 800 000 1 000 000 1 000 000 1 000 000 d'exploitation Impôt sur les 0 0 344 247 382 544 386 472 nets de 150 000 150 000 955 753 917 456 913 528 0 -67 500 0 0 115 000 bénéfices Flux trésorerie Construction -2 000 000 Mobilier -500 000 Terrain -350 000 Variation du BFR -47 500 Valeurs résiduelles - construction 1 500 000 - mobilier 100 000 - terrain 350 000 Total -2 897 500 150 000 VAN 314 789 TIR 14,31% 82 500 955 753 917 456 2 978 528 5 Exercice 10.09 Flux marginaux d’un investissement – VAN et TIR La société anonyme SOFIDEC assure la production et la distribution de convecteurs électriques rayonnants de haut de gamme. L'activité de cette société a été affectée par l'aggravation de la conjoncture économique et ses responsables ont décidé de procéder à une analyse approfondie de certains aspects de la gestion. Afin d'améliorer la productivité de son outil de production, la société souhaite renouveler une partie de son équipement. Pour cela, elle envisage, dès le début de l'année N+1, d'acquérir un ensemble de deux chaînes automatisées. Par ailleurs, on procéderait à l'élimination des © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 immobilisations les plus anciennes qui représentaient 50 % de la capacité de production totale de l'année N. Ces immobilisations sont complètement amorties et leur valeur résiduelle est nulle. Vous disposez en annexe de divers renseignements. 1. Déterminer le volume de production à prendre en compte dans le nouveau projet. 2. Déterminer la valeur actuelle nette du nouveau projet. Conclure Conclure sur la rentabilité de l'investissement. l'investissement. 3. Quel est le taux interne de rentabilité du nouveau projet ? Conclure sur la valeur du taux obtenu. Annexe Informations concernant les chaînes automatisées - Prix HT (en milliers € de chaque chaîne : 7 500 - Valeur résiduelle de chaque chaîne (en milliers d’euros), dans l'hypothèse d'une revente : 50 - Durée de vie : 5 ans - Amortissement linéaire sur 5 ans. Informations concernant la production - Prix de vente HT d'un convecteur : 850 €. Ce prix restera constant pendant toute la période considérée ; - Pour l'exercice N, la capacité de production est de 60 000 convecteurs ; - Dans l'hypothèse où l'entreprise conserverait l'équipement actuel, la production resterait constante pendant 5 ans. Production supplémentaire permise par l'investissement Années N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 Nombre de convecteurs produits et 70 000 80 000 80 000 80 000 80 000 vendus © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 Cette production s'ajoutera à celle des équipements anciens maintenus en service. La variation des stocks de produits finis est négligeable, de même que l'augmentation du besoin en fonds de roulement entraînée par l'opération envisagée. Charges d'exploitation Avant amortissement, l'accroissement des charges d'exploitation liées au nouveau projet (ancien matériel maintenu pour 50 % et nouvelles chaînes automatisées) a été estimé comme suit : Années Sommes en milliers ¼ N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 31 000 32 500 32 500 34 500 36 500 Mise en place de l'investissement On admettra que l'acquisition et la mise en place des deux chaînes ont lieu au début de l'exercice N+1. On retiendra un taux d'IS de 33 1/3%. Le coût du capital de cette entreprise est de 12 %. 6 Corrigé de l’exercice 10.09 1. Volume de production Il s'agit d'effectuer un raisonnement marginaliste pour déterminer les quantités à produire du nouveau projet. Actuellement, avant la réalisation de l'investissement, la production est de 60 000 convecteurs. Après la réalisation de l'investissement, on produirait : • 1ère année : 70 000 convecteurs grâce au nouveau matériel ; 60 000 = 30 000 convecteurs grâce à l'ancien matériel réduit de moitié ; 2 ⇒ production totale l'année N+1 = 100 000 © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 La mise en place du nouveau matériel ainsi que le maintien de la moitié de la production, assurent donc une production marginale de 100 000 − 60 000 = 40 000 convecteurs. • Années suivantes : 80 000 convecteurs grâce au nouveau matériel ; 60 000 = 30 000 convecteurs grâce à l'ancien matériel réduit de moitié ; 2 ⇒ production totale des années N+1 et suivantes = 110 000 La mise en place du nouveau matériel ainsi que le maintien de la moitié de la production, assurent donc une production marginale de 110 000 − 60 000 = 50 000 convecteurs. 2. Valeur actuelle nette N+1 Chiffre d'affaires (1) Dotation 34 000 000 aux 3 000 000 N+2 N+3 N+4 N+5 42 500 000 42 500 000 42 500 000 42 500 000 3 000 000 3 000 000 3 000 000 3 000 000 amortissements (2) Charges d'exploitation (3) 31 000 000 32 500 000 32 500 000 34 500 000 36 500 000 Résultat avant IS 0 7 000 000 7 000 000 5 000 000 3 000 000 IS à 33 1/3 % 0 2 333 333 2 333 333 1 666 667 1 000 000 aux 3 000 000 3 000 000 3 000 000 3 000 000 3 000 000 3 000 000 7 666 667 7 666 667 6 333 333 5 000 000 Dotation amortissements CAF d'exploitation (1) Chiffre d'affaires : Prix de vente unitaire × Quantités = 850 × 40 000 et 850 × 50 000 (2) Dotation aux amortissements : 7 500 000 × 2 = 3 000 000 5 (3) Charges d'exploitation : les chiffres sont donnés dans l'annexe. Dépense d'investissement = 7 500 000 × 2 = 15 000 000 Valeur résiduelle des nouvelles machines à la fin de l'année N+5 = 50 000 × 2 = 100 000 − Impôt sur les plus-values = 100 000 × 33 1/3 % = 33 333 Valeur résiduelle nette d'IS = 100 000 − 33 333 = 66 667 VAN = − 15 000 000 + 3 000 000 (1,12) − 1 + 7 666 667 (1,12) − 2 + 7 666 667 (1,12) − 3 + 6 333 333 (1,12) − 4 + 5 000 000 (1,12) − 5 + 66 667 (1,12) − 5 = 6 147 284 € À 12 %, la VAN est positive, il est donc rentable de réaliser l'investissement. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 3. TIR Le TIR t est solution de l'équation suivante : VAN = − 15 000 000 + 3 000 000 (1+t) − 1 + 7 666 667 (1+t) − 2 + 7 666 667(1+t) − 3 + 6 333 333 (1+t) − 4 + 5 000 000 (1+t) − 5 + 66 667 (1+t) − 5 = 0 ⇒ t = 26,46 % Le TIR de cet investissement est très élevé, et très nettement supérieur au coût du capital. L'investissement est donc très rentable. Mais l'entreprise peut-elle placer ses flux de trésorerie à 26,46 % ? Cette hypothèse est peu plausible. Cependant, l'investissement peut être réalisé. 7 Exercice 10.10 Critères contradictoires de la VAN et du TIR Deux projets d'investissement mutuellement exclusifs sont envisagés par la société DÉCISION. Leurs flux de trésorerie (en milliers €) figurent dans le tableau ci-dessous. 0 1 2 3 Projet A - 15 000 1 000 8 000 13 000 Projet B - 15 000 12 000 5 000 2 000 Le coût du capital de l'entreprise est 10 %. 1. Déterminer pour chacun des projets : a. la valeur actuelle nette ; b. le taux interne de rentabilité. c. Expliquer la contradiction et conclure. fonction ction du taux. 2. Représenter graphiquement l'évolution de la VAN en fon 3. À quel taux, les deux solutions sontsont-elles équivalentes ? 4. Quelle décision doitdoit-on retenir ? 5. PeutPeut-on aussi lever le dilemme en plaçant les flux de trésorerie positifs à un taux de 9 % ? Pour cela, calculer le taux interne de rentabilité rentabilité intégré et la valeur actuelle nette intégrée des deux projets, au taux de 10 %. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 8 Corrigé de l’exercice 10.10 1. VAN et TIR a. VAN VANA = − 15 000 + 1 000 (1,10) − 1 + 8 000 (1,10) − 2 + 13 000 (1,10) − 3 = 2 288 milliers € VANB = − 15 000 + 12 000 (1,10) − 1 + 5 000 (1,10) − 2 + 2 000 (1,10) − 3 = 1 544 milliers € Selon le critère de la VAN, le projet A est le plus rentable. b. TIR Le TIR est solution, pour chacun des projets des équations suivantes : VANA = − 15 000 + 1 000 (1+t) − 1 + 8 000 (1+t) − 2 + 13 000 (1+t) − 3 = 0 ⇒ t = 16,42 % VANB = − 15 000 + 12 000 (1+t) − 1 + 5 000 (1+t) − 2 + 2 000 (1+t) − 3 = 0 ⇒ t = 17,87 % Selon le critère du TIR, le projet B est le plus rentable. c. Conclusion • Les deux critères conduisent à des décisions contradictoires. • La contradiction est due à l'hypothèse implicite différente faite pour chaque réinvestissement : - le critère de la VAN repose sur un réinvestissement au coût du capital, soit 10 % ; - le critère du TIR repose sur un réinvestissement au TIR lui même, soit 16,42 % pour A et 17,87 % pour B. • La VAN et le TIR sont donc uniquement des critères d'acceptation et non des critères de classement des projets. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 2. Représentation graphique de la VAN Détermination des VAN à différents taux : Taux Projet A Projet B 5% 4 439 2 691 10 % 2 288 1 544 15 % 466 531 20 % -1 088 -370 25 % -2 424 -1 176 30 % -3 580 -1 900 VAN 5 000 Projet A Projet B 4 000 3 000 2 000 taux d'indifférence 1 000 TIR de B 0 0% -1 000 5% 10% 15% 20% 25% 30% taux TIR de A -2 000 -3 000 -4 000 © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 3. Taux d'indifférence Les deux solutions sont équivalentes pour un taux de 14,56 % (taux d'indifférence). En ce point, les deux courbes se coupent. 1 000 (1+i)-1 + 8 000 (1+i)-2 + 13 000 (1+i)-3 = 12 000 (1+i)-1 + 5 000 (1+i)-2 + 2 000 (1+i)-3 ⇒ − 11 000 (1+i)-1 + 3 000 (1+i)-2 + 11 000 (1+i)-3 ⇒ i = 14,56 % 4. Décision Lorsque les critères de la VAN et du TIR relatifs à deux projets sont contradictoires, il est possible de lever l'indétermination en raisonnant sur l'investissement différentiel (A − B) et les flux différentiels procurés par l'investissement. 0 1 2 3 VAN TIR Projet A -15 000 1 000 8 000 13 000 2 288 16,42 % Projet B -15 000 12 000 5 000 2 000 1 544 17,87 % Projet 0 -11 000 3 000 11 000 744 14,56 % différentiel Déterminons la VAN au taux de 10 % de ce projet différentiel, ainsi que son TIR. VAN = −11 000 (1,10) − 1 + 3 000 (1,10) − 2 + 11 000 (1,10) − 3 = 744 milliers € VAN = −11 000 (1+t) − 1 + 3 000 (1+t) − 2 + 11 000 (1+t) − 3 = 0 ⇒ t = 14,56 % La VAN à 10 % de ce projet différentiel est positive et le TIR supérieur au taux d'actualisation de 10 %. L'investissement fictif de montant nul est donc rentable, ce qui revient à dire que le projet A est plus rentable que le projet B. D'une manière générale, en cas de contradiction de critères, il faut préférer l'investissement qui maximise la VAN. 5. VAN intégrée et TIR intégré Projet A • Valeur acquise par les flux de trésorerie à la fin de l'époque 3, au taux de 9 % : V = 1 000 (1,09) 2 + 8 000 (1,09) 1 + 13 000 = 22 908 milliers € © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 VAN intégrée = − 15 000 + 22 908 (1,10) − 3 = 2 211 milliers € • TIR intégré : 15 000 = 22 908 (1+t) − 3 ⇒ t = 15,16 % Projet B • Valeur acquise par les flux de trésorerie à la fin de l'époque 3, au taux de 9 % : V = 12 000 (1,09) 2 + 5 000 (1,09) 1 + 2 000 = 21 707 milliers € VAN intégrée = − 15 000 + 21 707 (1,10) − 3 = 1 308 milliers € • TIR intégré : 15 000 = 21 907 (1+t) − 3 ⇒ t = 13,11 % Le projet à retenir est donc le projet A puisque sa VAN intégrée est la plus grande, ainsi que son TIR intégré. 9 Exercice 10.11 Critères de rentabilité La société anonyme Siben est l'une des toutes premières entreprises du secteur de la lunetterie et de l'optique à la fois en France et en Europe. Située dans le Nord de la région Rhône-Alpes, elle jouit d'une excellente réputation, confirmée par l'évolution favorable du cours de son action cotée sur le marché au comptant. La mondialisation de ce marché, la concurrence croissante des entreprises japonaises, ainsi que l'évolution technologique (nouveaux produits, nouveaux procédés de fabrication), contraignent les entreprises de ce secteur à se développer. Confrontés à ce problème, le comité de direction, puis le conseil d'administration de la Siben, ont défini un axe stratégique de croissance interne. Est mis notamment à l'étude, un projet d'investissement permettant de développer la capacité de production. L'entreprise s'interroge sur la rentabilité de cet investissement décrit dans les annexes. Il consiste à créer une nouvelle usine qui permettra de satisfaire la demande s'exprimant sur deux marchés distincts : - le premier de ces marchés est celui des équipements optiques spécifiques destinés aux administrations publiques ; ce marché est dénommé « marché public » ; - l'autre marché est celui des lentilles de contact vendues au grand public par le réseau de distribution des opticiens. Ce marché est dénommé « marché lentilles ». Aujourd'hui, il © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 connaît une forte croissance. L'évolution de la demande est essentiellement fonction de celle des revenus. 1. Calculer la rentabilité du projet d'investissement en utilisant la méthode de la valeur actuelle nette des flux de liquidités. 2. Quel est le taux interne de rentabilité de ce projet ? Quel est son délai de récupération ? Conclure. 3. Quelle est la pertinence du critère de la valeur actuelle nette pour calculer la rentabilité du projet ? 4. Comment le risque peutpeut-il être estimé dans les calculs précédents ? Annexe 1 - Détail des investissements Description En millions d' € Mode Durée Valeur vénale Date de réalisation d'amortisseme d'amortissement fin N+8 (en début d'année) nt Infrastructure Terrains 20 - 1,5 × coût N+1 d'achat Locaux administratifs 10 linéaire 25 ans VNC (2) N+1 Locaux industriels 25 linéaire 20 ans VNC (2) N+1 Aménagements 15 linéaire 10 ans VNC (2) N+1 Autres investissements 10 linéaire 10 ans VNC (2) N+1 linéaire 10 ans VNC (2) N+1 Chaînes de production Chaîne de production marchés 15,80 publics Chaîne 1 de production lentilles : 20 dégressif 4 ans VNC (2) N+1 puis N+5 MOCN (1) 24,20 fiscal 10 ans VNC (2) N+1 Autres équipements linéaire Chaîne 2 de production lentilles : 10 dégressif 4 ans VNC (2) N+2 puis N+6 MOCN (1) 20 fiscal 10 ans VNC (2) N+2 Autres équipements linéaire Chaîne 3 de production lentilles : 10 dégressif 4 ans VNC (2) N+4 puis N+8 MOCN (1) 20 fiscal 10 ans VNC (2 N+4 Autres équipements TOTAL linéaire 240 © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 (1) machine-outil à commande numérique (ces équipements seront remplacés aux dates indiquées en dernière colonne) (2) valeur nette comptable Annexe 2 - Plan d'amortissement des investissements (en millions d'euros) Description VNC N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 Infrastructure 4,150 4,150 4,150 4,150 4,150 4,150 4,150 4,150 26,800 Chaînes de production 11,500 14,438 12,250 17,609 19,797 19,391 16,203 17,609 32,203 Total général 15,650 18,588 16,400 21,759 23,947 22,541 20,353 21,759 59,003 fin N+8 Annexe 3 - Prévision des produits et charges charges d'exploitation liés au projet N+1 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 35 35 35 35 35 35 35 900 1280 1660 1820 1820 1820 1820 42 % 40 % 38 % 37 % 36 % 36 % 35 % 35 % - fixes 62 71 80 90 90 88 88 88 - variables (en % du CA) 10 % 10 % 9% 9% 8% 8% 7% 7% - fixes 7 7 6 6 5 5 4 4 - variables (en % du CA) 3% 3% 3% 2% 2% 2% 2% 2% Chiffre taxes hors 35 N+2 d'affaires réalisé sur le « marché public » Quantité de paires lentilles vendues de 460 (en milliers de paires) Charges totales annuelles décaissées Consommations intermédiaires (en % du chiffre d'affaires) Charges de personnel : Autres charges (hors amortissements) Les montants sont exprimés en millions d'euros. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 Annexe 4 - Hypothèses retenues Les produits et les charges sont considérés comme encaissés et décaissés en fin de période. L'entreprise Siben est supposée être bénéficiaire pour ses autres activités pendant toute la durée du projet. On retiendra un taux d'impôt sur les bénéfices et un taux d'imposition des plus-values de 33 1/3 %. Le coût moyen pondéré du capital de l'entreprise est de 11 %. Le prix de vente prévisionnel d'une paire de lentilles est de 200. Le bénéfice est juste suffisant pour assurer la rémunération requise aux apporteurs de capitaux. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 10 Corrigé de l’exercice 10.11 1. VAN N N+ I N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N +8 00 000 35 000 000 35 00 000 35 000 000 35 000 000 35 Chiffre d'affaires marché public 35 000 000 35 000 000 35 Chiffre d'affaires marché lentilles Chiffre d'affaires total 92 000 000 180 000 000 256 00 000 332 000 000 364 00 000 364 000 000 364 000 000 364 000 000 127 000 000 215 000 000 291 00 000 367 000 000 399 00 000 399 000 000 399 000 000 399 000 000 000 000 CHARGES HORS AMORTISSEMENTS Consommations intermédiaires 53 340 000 86 000 000 110 58 000 135 790 000 143 64 000 143 640000 139 650 000 139 650 000 Charges fixes de personnel 62 000 000 71 000 000 80 00 000 90000 000 90 00 000 88 000000 88 000 000 88 000 000 Charges variables de personnel 12 700 000 21 500 000 26 0 000 33030 000 19 0 000 31 920000 27 930 000 27 31 92 930 000 Autres charges fixes (hors amortissements) 7 000 000 7 000 000 6 0 000 00 Autres charges variables 3 810 000 6 450 000 8 0 000 73 6000 000 0 000 5 00 5 000000 4 000 000 4 000 000 7340 000 0 000 7 98 7 980000 7 980 000 7 980 000 AMORTISSEMENTS Résultat avant IS 15 650 000 18 588 000 16 - 27 500 000 4 462 000 43 0 40 000 21759 000 10 000 73081 000 IS Résultats après IS - 9 166 667 1 487 - 18 333 333 2 974 36 667 24360 333 73 333 48720 667 Dotations aux amortissements CAF d'exploitation 15 650 000 18 588 000 16 - 2 683 333 21 562 667 45 Investissement -140 000 000 - 30 000 000 0 000 22 541000 20 353 000 21 759 000 23 94 96 51 000 99 919000 I I I 087 000 109 681 000 32 17 000 33 306333 37 029 000 36 64 34 000 66 612667 74 058 000 73 560 333 120 667 40 000 21759 000 23 94 000 22 541000 20 353 000 21 13 333 70479 667 88 28 000 89 153667 94 411 000 94 - 30 00 000 - 20000 000 - 10 00 000 0 - 10 000 000 759 000 879 667 89 003 000 333 14 667 28 0 Valeur de cession Impôt sur les cessions Flux nets de liquidités - 140 000 — 850 000 21 265 200 12 0 - 3 333 333 26 000 45 607 600 71 85 800 82 492 400 77 005 200 180 549 334 Explications relatives au tableau : Chiffre d'affaires et charges : les données des calculs proviennent des annexes 3 et 4. Les charges variables sont déterminées par application d'un pourcentage au chiffre d'affaires. Amortissements : l'annexe 2 donne le détail des calculs. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 Impôt sur les sociétés : le taux de 33 1/3 % est appliqué au résultat avant IS. La première année, on a un déficit de 27 500 000 €. Il est imputé, conformément aux renseignements de l'annexe 4, sur les autres activités bénéficiaires de l'entreprise. On a donc une économie d'impôt. Dépenses d'investissement FIN N + I FIN N + 2 FIN N Terrains 20 000 Locaux administratifs 10 000 Locaux industriels 25 000 Aménagements 15 000 Autres investissements 10 000 Chaîne de production marchés publics 15 800 Chaîne I MOCN 20 000 Chaîne I Autres équipements 24 200 Chaîne 2 MOCN Chaîne 2 Autres équipements Chaîne 3 MOCN 000 000 000 000 000 000 000 000 FIN N + 3 FIN N + 5 FIN N + 6 FIN N + 7 FIN N + 8 20 000 000 I 0 000 000 20 000 000 10 000 000 10 000 000 Chaîne 3 Autres équipements Total des dépenses d'investissement 140 000 000 FIN N + 4 10 000 000 20 000 000 30 000 000 0 30 000 000 20 000 000 I 0 000 000 0 Valeur de cession cession FIN N + 8 Valeur vénale du terrain 30 00 000 Infrastructure : VNC Chaînes de production : VNC 26 80 000 32 20 000 Total 89 00 000 © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 10 000 000 0 Impôt sur les cessions Terrain : (30 000 000 - 20 000 000) x 0,33 1/3 = 3 333 333. Actualisation des flux de de liquidités Année Flux nets de liquidités N N+ I N+ 2 N +3 N +4 N+5 N+ 6 N+7 N+ 8 Total = VAN – 140 000 000 –32 683 333 21 562 667 15 133 333 50 479 667 78 289 000 89 153 667 84 411 000 180 549 334 – 140 000 17 500 744 11 065 363 33 252 520 46 460 711 47 665 191 40 657 268 78 345 140 105 502 493 Flux nets de liquidités actualisés à 11 %, à l'époque 0 000 –29 444 444 VAN à 11 % = 105 502 493 €. Le projet est donc très rentable pour le coût du capital de 11 % et il peut être retenu. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007 2. TIR et délai de récupération La VAN est nulle pour un taux de 20,98 %. Ce taux confirme que la rentabilité est très bonne. mais il signifie aussi que l'entreprise peut placer ses flux de trésorerie à ce taux, ce qui est peu vraisemblable. Le délai de récupération du capital investi est obtenu à partir du tableau ci-dessous : Année Flux de trésorerie N+ 1 — Cumul des flux de trésorerie — N+ 2 N+ 3 N+ 4 N+ 5 N+ 6 85 00021 265 200 12 26 000 45 60 600 71 68 333— 01 667 54 49 333 132 78 33 221 93 000 I 667 4 58 80 82 49 400 L'investissement initial de 140 000 000 est remboursé dans l'année N + 6, soit : 5 ans + 140 000 000 − 132 781 333 × 12 = 5 ans et 29 jours. 89 153 667 Cet investissement est donc très rentable, mais aussi très risqué car le délai de récupération est long et, en six ans, bien des imprévus peuvent surgir. 3. Pertinence du critère de la VAN La VAN représente en principe l'excédent du profit réalisé sur le coût des capitaux investis. Ceci suppose que le taux d'actualisation des flux de liquidités soit égal au coût des capitaux. Une VAN positive signifie que l'investisseur sera remboursé de son investissement (principal et intérêts des capitaux investis) grâce aux flux de trésorerie générés. 4. Prise en compte du risque Le risque est pris en compte dans le calcul de la VAN car le coût du capital est d'autant plus élevé que l'activité de l'entreprise est risquée. La majoration du taux d'actualisation qui en résulte a pour effet de réduire la VAN. Par ailleurs, la notion de risque est implicite dans le critère du délai de récupération. En effet, les recettes sont d'autant plus incertaines que leur date est lointaine. La récupération du capital investi est donc très aléatoire si elle n'est prévue qu'à une échéance éloignée. C'est pourquoi l'on considère que le risque d'un investissement croît avec le délai de récupération. © Éditions Foucher – Collection Expertise Comptable 2007