IUFM de BOURGOGNE LES RELATIONS FAMILLE
Transcription
IUFM de BOURGOGNE LES RELATIONS FAMILLE
IUFM de BOURGOGNE CONCOURS DE RECRUTEMENT : professeur des écoles LES RELATIONS FAMILLE - L’ECOLE. « Il faut tout un village pour élever un enfant. » (Proverbe africain) MOUNIER Agnès Directrice de mémoire : Mme Rachel GASPARINI 2005 N° 04STA00402 2 SOMMAIRE INTRODUCTION p3 I / Les relations parents/école. P4 A) L’évolution de l’éducation au sein de la famille et de l’école : p4 Y a-t-il meilleure corrélation dans les exigences à l’élève/enfant ? B) Place et regard des familles, de l’école et des enseignants. 1. 2. 3. p7 La place des parents dans l’institution scolaire, ses évolutions depuis 1960. Le point de vue des parents sur l’école. Le point de vue des enseignants sur les familles. II / Les relations enseignant/familles. p 13 A) Les échanges institutionnels. p 13 1. 2. 3. 4. l’orientation les évaluations les devoirs et leçons Les réunions de début d’année B) Les rencontres et la gestion des conflits. 1. 2. p 19 La gestion des conflits Quand la distance est nécessaire, le cas de Lud. III / Les programmes et l’évolution des modèles familiaux. p 23 A) Le langage oral : séances en atelier philosophique B) Séquence en « découverte du monde » : l’arbre généalogique . p 23 P 26 CONCLUSION p 28 BIBLIOGRAPHIE Sommaire des annexes p 30 p 31 3 INTRODUCTION L’évolution de la société a engendré des modifications dans la structure familiale. Les modèles se déclinent aujourd’hui de multiples manières : familles monoparentales, familles recomposées, familles « traditionnelles », etc… I. Cette nouvelle composante a forcément des répercussions sur l’école. Mais jusqu’où l’école peut-elle prendre en compte ces nouveaux modèles familiaux et quelles en sont les conséquences, tant sur les programmes que sur les relations, devoirs et obligations des différents partenaires scolaires : parents, enseignants et élèves ? L’institution a pris de nouvelles mesures en faveur des familles et dans l’intérêt des élèves en faisant obligation aux enseignants d’informer tant le parent qui a la garde de l’enfant que l’autre parent, sur le suivi de l’élève. Elle invite les deux parents à s’impliquer dans l’école. Cela passe par une consultation et un droit de vote individuel pour l’élection des représentants d’élèves. Ce sont les premières manifestations institutionnelles de la prise en compte des nouveaux schémas familiaux. L’Education Nationale a ainsi devancé la demande publique car aucune revendication massive ne s’était exprimée à ce sujet. L’enseignant doit-il modifier certaines variables professionnelles en fonction des contextes familiaux ? Durant ces dernières années, tant les médias que l’opinion publique et le milieu enseignant ne cessent d’évoquer les difficultés rencontrées au sein du milieu familial comme étant à l’origine des difficultés de l’élève à l’école. Tout s’explique-t-il par le milieu familial : violence, échec scolaire, réussite ? Quel est le rôle de l’école dans ce domaine et quel type de lien peut-elle établir avec les parents ? Je fais l’hypothèse que : lorsqu’il est confronté à des problèmes de relation, l’enseignant a un rôle délicat mais important à jouer, et qu’il ne peut pas se contenter de faire que des constats. I / Les relations parents/école. I cf D. Gayet, Les pratiques éducatives des parents 4 A) L’évolution de l’éducation au sein de la famille: Y a-t-il meilleure corrélation dans les exigences vis à vis de l’élève/enfant ? Daniel Gayet explique que parallèlement à l’évolution de la structure familiale (monoparentale, recomposée ou traditionnelle) s’est opérée une évolution dans la conception même de l’éducation et de l’enfant. « Il s’est incontestablement produit dans les années 1960 un renversement dans la conception de l’autorité parentale. Tout se passe comme si un principe de responsabilité raisonnée s’était substitué au principe de l’immunité parentale. Jusqu’à ces années, l’éducation familiale était surtout négative. La bonne éducation reposait d’abord sur des interdictions : ne pas répondre, ne pas parler à table, ne pas se salir, etc. Même si ces interdictions existent toujours, elles se sont considérablement assouplies. L’enfant est devenu peu à peu un interlocuteur responsable. Parallèlement se sont développées à l’école des conceptions de l’enfant comme « futur citoyen »[... ] Alors que les années 1940 affirmaient nettement le devoir de l’enfant de se soumettre, ce qui rendait difficiles la discussion et les échanges, à partir de 1960 s’exprime le devoir des parents d’aider l’épanouissement de leurs enfants, facilitant ainsi l’émergence de la relation de confiance[…] Le respect n’a pas pour autant disparu, mais en devenant réciproque, il a changé de nature[…] la distance entre parents et enfants s’est réduite au profit d’une plus grande familiarité. » II On peut déjà s’interroger sur la compatibilité de ces évolutions avec les exigences de l’école. La plus grande familiarité établie entre les adultes et l’enfant est-elle acceptée par l’institution ? Il semble qu’en mettant l’élève au cœur du dispositif scolaire, on ait accordé une plus grande place à celui-ci. L’évolution des relations entre enseignants et élèves a, semble-t-il, suivi celles de la famille. Dans sa classe l’enseignant interpelle davantage les élèves, ils les amènent à une réflexion. L’exemple de la démarche scientifique peut ici être évoquée. Elle invite l’enfant à s’interroger, à s’exprimer et à prendre position. Par là même cette démarche, dans laquelle je m’inscris totalement, prend en compte les connaissances, les représentations des élèves. L’enseignant exige ensuite de l’élève qu’il s’exprime clairement, donne son point de vue en argumentant et puisse en débattre avec les autres. Les évolutions iraient globalement dans le même sens c’est-à-dire vers un respect mutuel et une considération de chacun. Cependant, les évolutions simultanées de la plupart des familles et des enseignants n’empêchent pas que des conflits surgissent. Il peut y avoir II in Les pratiques éducatives des familles, p 42/43 5 conflit d’autorité par exemple. Mais il faut relativiser l’idée selon laquelle il y a eu une même évolution. Certains parents, dirigistes, laissent encore peu de place à l’échange et parallèlement certains enseignants dispensent un enseignement frontal sur un mode uniquement transmissif. C’est peut-être quand un parent dirigiste rencontre un enseignant non dirigiste (ou inversement) que la communication est délicate. Certains parents sont allés loin dans la prise en compte de l’individu enfant. L’enfant est alors roi et n’est pas habitué à ce que ses désirs rencontrent des limites. Cette démarche peut éventuellement fonctionner dans l’institution familiale mais pose problème dans l’institution scolaire où l’élève est confronté à un groupe et où les contraintes sont différentes. Les enfants rencontrent alors des difficultés. « L’enfant se situe au point de rencontre de deux projets éducatifs lorsqu’il sort de l’éducation familiale pour rentrer dans celle de l’école ». III Selon Françoise Campanale, « l’école désorganise et réorganise la vie de la cellule familiale[…..] Elle attend que les parents prennent en charge ce qu’elle ne peut faire, mais n’en attend ni propositions, ni participation importante à son fonctionnement. A travers son action d’instruction et d’éducation à l’égard des élèves, l’école cherche à agir sur l’éducation réalisée au sein de la famille. » IV Je ne pense pas que l’école soit forcément aussi intrusive dans les cellules familiales. Mais il est certain qu’il y a des interactions entre l’école et la famille qui peuvent être à l’origine de conflits. L’organisation des vacances scolaires, par exemple, peut poser problème à certaines familles quant aux datent imposées. Il n’est pas question de revenir sur ce fonctionnement mais d’entendre que la famille peut ressentir cette obligation comme une intrusion dans la vie privée puisque les textes font obligation d’assiduité scolaire mais que certains parents peuvent aussi être contraints de prendre des congés en dehors de ces périodes. Dans la situation de parents séparés, tant physiquement que géographiquement, certaines situations peuvent amener à quelques absences le samedi matin. Ce qui est souvent très mal perçu par les enseignants. Pour l’enfant, il est important qu’il garde un lien régulier avec l’autre parent et dans son statut d’élève, il a une obligation de présence. Ces deux exemples montrent que ces contraintes peuvent être mal vécues et provoquer des conflits. III IV C. Zaouche, 2002, p. 71, in Le développement social de l'enfant, Paris, Dunod. Enseignante à l’IUFM de Grenoble. Cf article sur site de l’IUFM de Grenoble : « Les relations parentsprofesseurs ».( mise à jour novembre 2001). 6 L’évolution tant de l’école que des familles ne se fait pas sans heurt. Ce qui pourrait expliquer en partie les positions des enseignants sur les familles et vice versa. 7 B) Place et regard des familles, de l’école et des enseignants 1. La place des parents dans l’institution scolaire, ses évolutions depuis 1960. Les conflits familles/écoles seraient-ils historiques ? Ph. MeirieuV pense « qu’il n’existe pas d’autre pays que la France qui ait construit son système éducatif à ce point contre le système familial » Deux citations à ce sujet : Ferdinand BuissonVI, en 1905, affirmait : « rappelons-nous que l’école est encore plus l’éducatrice des parents que des enfants, et qu’elle est un instrument de progrès social et moral. » Bouillot, en 1912: « Il importe que nous fassions d’abord l’éducation pédagogique des familles, c’est-à-dire que nous leur donnions une idée nette de leurs devoirs d’éducatrices et une conception exacte du caractère, du rôle de l’éducation nationale. » Ces deux propos ne datent pas d’hier. L’institution n’a-t-elle pas modifié ses textes officiels ? Les familles ne sont-elles pas intégrées dans son dispositif ? Les textes officiels s’attachent en effet à définir les droits des parents d’élèves avec : - en 1968, officialisation de leur présence dans les collèges et lycées - en 1977, représentation obligatoire dans les conseils d’écoles - en 1981, une note ministérielle précise que les parents doivent être éclairés sur les objectifs pédagogiques et les méthodes employées - en 1985, la loi accorde aux parents la possibilité de refuser l’orientation décidée par le conseil de classe - la loi d’orientation de 1989 définit les parents comme des partenaires et impose aux établissements de collaborer avec les familles, les circulaires concernant les RASED invitent à travailler en collaboration avec les parents des élèves pour lesquels une aide pédagogique ou ré-éducatrice sont proposées. - depuis la rentrée de 2003, chacun des deux parents est électeur pour l’élection des représentants de parent d’élèves. L’institution s’est orientée vers une politique intégrant de plus en plus la famille. Les enseignants ont donc un devoir de communication avec celles-ci. Les modifications vont V 1997, p. 79, « Vers un nouveau contrat parent enseignant ? » in F. Dubet, F Ecoles, familles : le malentendu ?, Paris Textuel VI Pédagogue et homme politique français. Collaborateur de Jules Ferry, il fut l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’homme. 8 même au-delà d’une unique information puisque les parents ont un pouvoir décisionnel en matière d’orientation et de prolongation de scolarité dans un cycle. D. GAYET explique : « Les textes officiels assignent à l’école une fonction éducative qui porte plus précisément sur le savoir être. C’est ainsi que le rapport de l’enfant à la loi se définit sur trois degrés. L’école peut agir sur les deux premiers degrés : la connaissance de la loi et la compréhension de la loi. Elle n’a pas en revanche les moyens de s’assurer de la maîtrise par l’enfant du troisième degré : l’adhésion à la loi. Cette adhésion renvoie largement à l’éducation familiale et à la façon dont s’est constituée l’autonomie de l’enfant » VII. L’adhésion à la loi passe par le milieu familial et commence par l’acceptation de l’obligation à l’instruction. Une fois à l'école, l’élève prend connaissance de la loi dans le cadre des apprentissages qui relèvent du domaine du « Vivre ensemble ». La compréhension s’effectue à travers la maîtrise de l’oral et de l’écrit. Mais il me semble que l’adhésion à la loi a également une place importante à l’école. La mise en place des règles de classe élaborées conjointement avec les élèves permet en effet leur implication dans le dispositif. Il rend l’élève acteur et permet d’aller vers l’adhésion à ces règles. Néanmoins certains enfants n’y adhèrent pas. L’intérêt de la loi n’est pas intériorisé par l’élève. La famille peut alors être une variable explicative aux comportements de rejet de l’école ou de l’autorité en général. Lorsque des parents mettent à contre-cœur leurs enfants dans l’institution, il est peu probable que l’enfant y adhère. Mais D. GAYET va plus loin en développant l’idée de la nécessité d’une symbiose entre les formes d’autorité au sein de la famille et de l’école. Cette symbiose permet à l’enfant de n’avoir qu’un type de fonctionnement à intégrer. Ses repères sont quasiment identiques dans chaque institution (familiale et scolaire). L’enfant est plus facilement adapté au système car il n’a qu’un modèle référentiel. Selon B. LAHIRE, pour que l’enfant soit adapté à l’école il « faut que les formes d’autorité parentale soient en harmonie avec celles mises en œuvre à l’école, de plus en plus fondées sur l’auto contrainte et l’intériorisation des normes » VIII Quand il y a dysharmonie entre les deux formes d’autorité, l’enfant doit s’adapter à plusieurs systèmes qu’on lui impose et adhérer à chacun d’eux sans vivre de transition entre ces espaces très différents, voire opposés. Le franchissement d’une porte, d’une grille VII VIII D. Gayet, p. 98 in Les pratiques éducatives des familles B. Lahire, 1995, p. 121, in Tableaux de famille, Paris Hautes Etudes –Gallimard – Le Seuil 9 doit suffire à comprendre que les règles ne sont pas les mêmes d’un espace à l’autre. Il est plus aisé de s’y retrouver lorsque le modèle familial est proche du modèle scolaire. Soulignons qu’il n’existe pas en outre un modèle unique d’autorité dans le cadre de l’école et que des variations – parfois d’importantes divergences- existent d’un enseignant à l’autre, ce qui peut obliger l’enfant à devoir s’adapter à un nouveau modèle à chaque rentrée scolaire. Pas étonnant alors de constater que plus la notion d’équipe au sein d’une école est développée plus les difficultés sont gérées de façon cohérente au sein de l’établissement. Les élèves sont alors confrontés à un modèle ou deux au maximum, tout au long de sa scolarité ce qui est moins déstabilisant. Selon François DUBET « le bon établissement est celui où les professeurs comprennent qu’ils sont l’établissement .» IX 2. Le point de vue des parents sur l’école et des enseignants sur les familles. Le point de vue des parents sur l’école et sur les enseignants n’est pas neutre. Il se répercute sur celui de l’enfant qui arrive dans l’institution avec un regard, parfois des préjugés. Ainsi l’enfant dont les parents ont un avis négatif sur l’école aura du mal à s’y inscrire de façon positive. Selon un sondage de l’IFOP réalisé pour le compte du Ministère de l’éducation Nationale en 1999, les parents d’élèves scolarisés en primaire sont globalement satisfaits des relations avec l’école et les enseignants. Cependant des différences dans les relations avec la maternelle et l’élémentaire sont répertoriées, sur lesquelles il me semble intéressant de nous pencher ici. Alors que 65 % des parents de maternelle déclarent avoir des contacts avec les enseignants, ils ne sont plus que 33 % dans l’élémentaire. Le système d’accueil en maternelle en est sûrement la cause. D’une part, les parents ont accès aux classes de leurs enfants puisqu’ils les accompagnent jusqu’à celles-ci, d’autre part, ils participent à la mise en route de leurs enfants dans leur journée scolaire. Le seul moment du déshabillage, qui prend quelques minutes, permet d’avoir un lien avec les familles. Cette transition est aussi l’occasion pour l’enseignant de cerner l’attitude des parents avec leur enfant et pour les parents de pouvoir échanger quelques mots avec l’enseignant. Il me semble que cette arrivée à l’école est importante pour tous. L’enseignant pourra par exemple favoriser l’échange sur l’apprentissage de l’autonomie et faire ainsi passer ses attentes, dans ce domaine, aux familles. Les entrées et 10 les sorties sont aussi l’occasion d’informer régulièrement les parents de l’évolution de leurs enfants. Passer dans l’élémentaire signifie le plus souvent une rupture dans les liens. Bien sûr, l’élève grandit et doit gagner en autonomie, mais comment expliquer ce passage si radical entre la grande section et le Cours Préparatoire ? Dès début septembre dans la majorité des cas les parents sont informés qu’ils ne doivent plus franchir la grille le matin. Ils avouent cependant que la rupture ne soit pas si radicale. Ainsi dans les écoles rurales qui regroupent tous les cycles du primaire, cette rupture n’existe pas et les enfants doivent vivre plus facilement l’arrivée au Cours Préparatoire. En revanche dans les écoles situées dans les zones urbaines, il y a bien souvent une séparation géographique entre la maternelle et l’élémentaire. Les parents ne semblent pas s’offusquer du fait qu’ils ne soient pas invités à entrer dans les écoles élémentaires. 91 % s’estiment satisfaits de leurs relations avec l’établissement scolaire. (Ce pourcentage regroupe les parents du primaire et du secondaire.) Les principales attentes des parents concernent l’inadéquation entre le temps scolaire et le temps de la vie active et l’insuffisante écoute des enseignants. 55 % des parents insistent sur la position de faiblesse qu’ils ressentent face aux enseignants qui ne peuvent être critiqués. Les familles auraient le souhait de s’investir davantage dans l’établissement de leurs enfants. Par ailleurs les propos de certains enseignants sur les parents sont assez symptomatiques du mal être ambiant. On entend de façon récurrente que les parents sont démissionnaires alors même que les familles n’ont jamais été aussi présentes et préoccupées par l’avenir de leurs progénitures. En effet, les familles sont soucieuses de la réussite scolaire de leurs enfants. Tout se passe comme si la coresponsabilité éducative des familles et des institutions se traduisait plus souvent par un rejet des responsabilités sur l’autre partie que par une recherche commune de solution. Or il me semble essentiel de modifier nos comportements et d’avoir sans cesse à l’esprit l’intérêt de l’enfant et le respect de tous. La différence n’implique pas le rejet ou le mépris de l’autre mais doit nous pousser vers le dialogue. Les parents estimaient, en 1999, à 84 % que les enseignants sont compétents X alors que les enseignants se déclarent globalement insatisfaits des parents. E. DEBARDIEUX XI indique en effet que la tendance à déconsidérer la famille est majoritaire chez les enseignants. Sur 617 enseignants interrogés, 70 % estimaient que la famille jouait moins bien son rôle qu’auparavant. Il y a bien là une reconnaissance par les familles des IX X sociologue, Conférence du 1er mars 2000 à Chalons en Champagne. Thème : « école, société, citoyenneté. » selon un sondage de 1999 paru dans Libération le 11/03/1999. 11 enseignants qui s’accompagne d’une dévalorisation des parents par les enseignants. C’est un décalage réel dans le quotidien de chacun qui a nécessairement des répercussions sur les relations école/familles. Le regard critique que portent les parents sur les enseignants est aussi significatif de ce décalage, puisqu’ils les perçoivent comme : - des privilégiés avec la sécurité de l’emploi, de longues vacances et peu d’heures de présence sur le lieu de travail, - ignorants des réalités du monde contemporain, - des personnes trop souvent inaccessibles. Comment expliquer à des enseignants qui peuvent quitter leur lieu de travail à 16h30 et s’occuper des loisirs de leurs propres enfants, suivre les devoirs à la maison, prendre le temps de discuter dans le cadre familial, que la réalité de certains parents est tout autre ? Il suffit de considérer tous ceux qui, dans notre société, travaillent en 3 x 8 (le personnel de la fonction publique hospitalière, les personnels des transports, les services de gardiennage, etc….) puis ceux qui quittent leur travail vers 18, 19 ou 20h, aux heures de travail effectif il faut ajouter les temps de transport. Finalement c’est bien une minorité d’individus qui peut être présente à la sortie des écoles. L’enseignant est-il prêt à rester dans sa classe jusqu’à 20h pour recevoir un parent ? C’est à partir d’une prise de conscience de la réalité de certaines familles que peut cesser, dans certains cas, les conflits école/familles. Il me paraît nécessaire de prendre en compte ces réalités afin d’éviter de trop grands décalages qui peuvent poser problème dans les relations. Les prises de rendez-vous sont souvent sollicités par les enseignants entre 16h30 et 18h, en semaine ou le samedi midi (quand l’école ne fonctionne pas sur quatre jours). Certains ne trouvent pas de créneau horaire compatible avec leur vie active. Ce sont souvent les familles les plus en difficulté que l’école a du mal à rencontrer. Mais n’y a-t-il pas à s’interroger sur le lien entre les deux ? Entre la disponibilité et la difficulté pour certains adultes à « re-franchir » le portail d’une école. Il nous faudra parfois accepter l’impossibilité de rencontre, non comme un refus de la part des parents, mais bien comme ce qui relève de l’impossible, de l’insurmontable. Les familles populaires font confiance au système scolaire et espèrent que celui-ci pourra apporter la réussite à leurs enfants. XII « Pour elles, les enseignants connaissent leur métier et elles ne se sentent pas les compétences pour intervenir, ni même éventuellement XI p. 11 in "Le professeur et le sauvageon, revue française de pédagogie n° 123, p 7-19. 1998 F. Campanale, IUFM de Grenoble. XII 12 dialoguer. Aussi elles restent en retrait, ce que les enseignants interprètent comme de la négligence. Quand l’enfant échoue, c’est la famille qui ressent l’échec. Quand il réussit, la famille populaire se sent quelque peu dépassée, voire dépossédée. Ces familles redoutent les rencontres avec les enseignants, qui se font sur le mode de la convocation, et qui à travers les jugements portés sur leurs enfants risquent de les renvoyer à leurs propres difficultés scolaires passées, à leur ignorance du fonctionnement du système. » Il m’apparaît donc essentiel, dans ma pratique, de recevoir des parents et de considérer ceux-ci comme des partenaires indispensables. De reconnaître leur « métier » de parent, une tâche difficile, autant que la nôtre. De savoir discuter de leurs enfants sans mépris, de pouvoir expliquer leurs atouts et leurs difficultés, mais aussi de se poser avec eux des questions. 13 II / Les relations enseignant/familles A ) Les échanges institutionnels 1. l’orientation Les textes officiels font obligation d’échanges avec les parents sur la scolarité de leurs enfants. Ainsi, un parent peut refuser une orientation proposée par un enseignant. La possibilité de refus d’une orientation par les familles n’a pas été bien perçue par le milieu enseignant qui estime que c’est une négation de leur professionnalisme. En effet lorsque des enseignants proposent un maintien dans un cycle, leur choix est argumenté et repose sur le niveau de compétence de l’élève par rapport aux exigences de l’institution. On peut se demander pourquoi les familles auraient leur mot à dire sur cette décision. Est-ce par pure démagogie que ce droit leur a été accordé ? L’institution s’est-elle rendue compte qu’elle discrédite par la même ceux qu’elle définit comme les professionnels de l’enseignement ? On peut penser que certaines familles ont saisi cette possibilité sans se rendre compte que se sont leurs propres enfants qui en pâtissent. Face à ce dispositif, certains enseignants se sont retrouvés en décalage avec le souhait des familles. Le dialogue n’étant pas toujours facile à établir et le maintien étant parfois perçu comme un échec insupportable pour les familles, malgré les arguments de l’enseignant, et une remise en cause de l’éducation familiale. Alors que l’enseignant porte un avis sur le domaine scolaire, la famille peut parfois éprouver des difficultés à scinder ce qui relève du domaine familial de ce qui relève du domaine scolaire. L’enseignant peut évaluer l’élève alors que la famille parle de l’enfant. Pré-recrutée sur une CLasse d’Intégration Scolaire, j’ai eu dans ma classe un élève arrivé tardivement sur ce type de dispositif car les parents refusaient cette orientation. L. (l’élève en question) n’a bénéficié que d’une année en CLIS, puisqu’il arrivait dans l’année de ses 12 ans et qu’il devait impérativement quitter l’école primaire. Cet élève a passé trop peu de temps dans la CLIS pour qu’elle lui soit véritablement bénéfique. Il a été maintenu dans le système ordinaire jusqu’en Cours Moyen 1, traînant de lourdes difficultés et surtout supportant chaque année un discours négatif sur son travail scolaire. Il aurait sans doute été 14 préférable que l’orientation soit acceptée plus vite par les parents. Mais il faut bien reconnaître que l’acceptation d’avoir un enfant handicapé est loin d’être évidente pour les parents. Je m’attacherai ici à relater mon expérience en CLIS car j’ai été confrontée à l’orientation en collège de quatre élèves pour la rentrée suivante mais aussi à la préparation de l’orientation pour la rentrée 2005 d’une cinquième élève. Ce fut une réelle difficulté pour moi. Il s’agissait de l’avenir de ces enfants. Les décisions des enseignants relèvent parfois du « pari ». Pour deux d’entre eux, le choix d’une Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté me paraissait être envisageable et leur permettrait éventuellement une réintégration dans le système ordinaire, en tout état de cause, une formation qui puisse en faire des adultes autonomes et indépendants. L’orientation a été discutée tant avec moi tout au long de l’année, qu’avec la psychologue scolaire et pour l’un d’entre eux avec les différents partenaires du SESSAD (Service d’Education Spéciale et de Soins A Domicile). Le suivi s’est poursuivi au collège et je n’ai pas eu le sentiment de « lâcher dans la nature » des enfants et de leur infliger une difficulté supplémentaire. Pour une autre élève, D., suivie en IME (Institut Médico- Educatif), la solution d’une place en UPI (Unité Pédagogique d’Intégration) a été retenue. Un long travail tout au long de l’année s’est aussi effectué, tant avec la famille d’accueil qu’avec les parents. Mais ne sachant pas comment D. pourrait réagir à ces changements, il a été possible, après discussion avec les différents partenaires, de maintenir une place en Institut MédicoEducatif au cas où cette orientation en Unité Pédagogique d’Intégration ne s’avèrerait pas positive pour cette élève. Pour L., la situation a été plus compliquée. La famille a refusé tout contact durant l’année, il ne m’a jamais été possible de discuter avec les parents et le seul moment où ceux-ci sont venus jusqu’à l’école, fut pour la rencontre avec la psychologue scolaire. La rencontre a d’ailleurs été assez conflictuelle. Il a fallu rassurer la famille qui, après avoir bataillé pour maintenir L. dans le cycle ordinaire jusqu’en Cours Moyen 1, voulait maintenant un maintien en CLIS. Cet élève présentait des troubles du comportement, avait beaucoup de difficulté à s’intégrer au groupe et le choix d’une orientation en UPI s’avérait plus profitable pour lui. (Finalement, faute de place, il a obtenu une orientation en SEGPA.) Pour la dernière élève qui pouvait encore bénéficier d’une année en CLIS, il m’a paru 15 positif de la maintenir afin qu’elle puisse poursuivre ses progrès et pouvoir être orientée l’année suivante en UPI. Les relations avec la mère n’ont pas été simples tout au long de l’année. Mais elles avaient l’intérêt d’exister. Le choix s’est donc fait après information de la famille. Il ressort de mon expérience que les relations établies avec les parents et les familles d’accueil étaient bénéfiques aux élèves. Les discussions ont permis d’abord d’exposer clairement les raisons des différents choix. Je me suis attachée aussi à entendre les angoisses, les inquiétudes des adultes responsables de ces enfants. Il m’importait que ces adultes puissent accompagner le plus sereinement possible les enfants dans ce passage au collège. Lors de mes rencontres je me suis systématiquement obligée à parler des atouts qu’avait chacun des enfants ce qui ne m’empêchait pas d’exposer les difficultés, bien au contraire, mais les parents n’avaient plus pour seul retour un regard négatif sur l’enfant. Ma vision était globale et s’attachait autant aux points « forts » qu’aux points « faibles ». 2. les évaluations La note ministérielle du 13 octobre 1999 faisant suite aux modifications du code de la famille du 8 janvier 1993, fait obligation d’informer les parents sur la scolarité de leur enfant et tout particulièrement fait obligation d’envoyer aux deux parents les livrets d’évaluation. La question essentielle ici est de savoir pourquoi les informer et du même coup de s’interroger sur la lisibilité des livrets scolaires pour les parents. La quasi-totalité des adultes ont eux-mêmes connu une évaluation quantitative de leur travail plutôt qu’une évaluation qualitative. Or actuellement, l’évaluation tend à être plutôt qualitative avec un choix de couleur, mais surtout des annotations sur la copie. Ainsi les parents sont mieux informés des résultats de leurs enfants. En revanche, n’utiliser que les notions : « acquis », « en cours d’acquisition » ou « non acquis » reste assez énigmatique pour beaucoup de parents. Le minimum me paraît d’indiquer quelles étaient les compétences visées ; Dans la notion « en cours d’acquisition » s’ajoute la difficulté de connaître ce qui reste à acquérir. 16 Si l’enseignant pense qu’il est important de faire viser les évaluations aux parents, il devra alors s’attacher à les rendre lisibles par ceux-ci. Par ailleurs la remise des livrets d’évaluations aux élèves pour visa des parents me paraît nécessaire mais pas suffisante pour entretenir des relations de qualité avec les familles. Il me paraît judicieux d’envisager un véritable dialogue autour du travail et du comportement de l’élève avec la famille. Cela passe par un accueil dans la classe des parents et par la restitution du livret avec des explications par l’enseignant du travail effectué par l’élève. J’envisage cette rencontre de façon tripartite : parents, élève, enseignant. L’objectif serait de présenter les progrès, les réussites et les difficultés de l’élève afin d’envisager soit la poursuite du travail tel qu’il est, soit d’étudier ce qui peut être mis en place pour remédier aux difficultés. Je n’ai cependant pas mis en place ce système lors de mon année de pré-recrutée car j’avais des contacts réguliers avec la quasi-totalité des responsables des élèves. De plus lors d’évaluations, je m’efforçais de rendre le plus lisible possible les résultats par le biais de couleurs : vert = acquis, orange = en cours d’acquisition, rouge = non acquis et en précisant les compétences visées, par exemple : « la lecture du tableau à double entrée est en cours d’acquisition ». Le module sur l’évaluation m’a permis une réflexion plus approfondie sur le sujet. Ce sont donc les compétences visées mais aussi les progrès qu’il faut évaluer. Il est important de prendre en considération les avancées des élèves. Ceci permet aux élèves en difficulté, particulièrement, de prendre en compte les progrès et d’avoir un regard sur les réussites dans leur travail. 3. les devoirs et leçons Dans les textes et depuis 1957, les devoirs sont interdits. Néanmoins ils restent pratique courante dans les écoles. On peut estimer qu’un enfant qui a déjà travaillé 6 heures dans sa journée n’a pas à subir des heures supplémentaires à la maison. Cette démarche illégale va à l’encontre d’une éventuelle égalité des chances. Comment un parent qui travaille tard peut aider ses enfants dans son travail scolaire ? Sans compter qu’il n’est pas forcément apte à répondre aux exigences de l’enseignant. (Par exemple des parents illettrés.) 17 Concernant les leçons, elles doivent être courtes, construites avec les élèves et travaillées en classe. La leçon doit aller à l’essentiel. Il n’est donc pas question de faire apprendre des pages et des pages aux enfants, ce qui n’aurait aucun sens. Elle permet de travailler la mémorisation sans demander une charge de travail énorme au sein du milieu familial. Dans la mesure où elle est construite, au fur et à mesure d’une séquence, avec les élèves, elle leur permet de s’approprier plus facilement le savoir visé. En effet la plus grande partie du travail est accomplie en classe. Il appartient alors à l’élève de relire la trace écrite à la maison, de la mémoriser. Il ne doit en aucun cas être une charge lourde pour les familles. Il me semble que sous cette forme, la leçon peut être un lien entre l’école et les familles. Ainsi l’élève peut discuter de ses apprentissages à la maison, ce peut être un moment d’échanges entre l’enfant et les adultes qui en ont la charge. Cela peut néanmoins poser des problèmes pour les élèves ayant des difficultés de mémorisation, qui sont souvent déjà en difficulté. L’enseignant peut alors accorder plus de temps pour l’apprentissage, fournir un enregistrement ou une trace écrite plus courte encore, ce qui permet d’ajuster les inégalités J’ai eu l’occasion de mettre en place lors de mon deuxième stage, quinze minutes d’étude en fin de journée. Ce moment permet aux élèves de relire la leçon prévue pour le lendemain et d’aider les élèves en difficulté. Ce fonctionnement m’a parut satisfaisant pour la majorité des élèves. Pour ceux qui sont en difficulté, la durée était encore trop restreinte. Il aurait été plus profitable qu’elle soit de 20 à 30 minutes et accompagnée de l’enseignant. Mais j’accorde du temps pour ces apprentissages. Les élèves en difficulté ont deux ou trois soirs de suite les mêmes leçons afin qu’elles soient acquises par tous ou en tout cas par le plus grand nombre. Cette procédure limite les difficultés. En outre, l’apprentissage de quelques mots, par exemple, pour une dictée, permettait de faire le point sur leurs différentes méthodes de mémorisation, les élèves en difficulté en profitaient aussi. Il est nécessaire d’expliquer à des enfants que pour certains la lecture seule suffit, mais que pour d’autres elle peut ou doit s’accompagner de la copie de ces mots pour une meilleure mémorisation. Au-delà de l’apprentissage, cette séance est aussi l’occasion de mettre en place des méthodes de travail. J’évoque ces séances parce qu’il me semble que cette démarche est à la fois une aide aux élèves et une aide aux familles. Certains enseignants de cours moyen préconisent, malgré les textes officiels, la mise en 18 place de devoirs à la maison, afin de préparer les élèves au collège. C’est aussi, souvent, une demande des parents qui espèrent que leurs enfants seront prêts pour la sixième. Je ne partage pas cette position, a priori, car j’estime que les enseignants du collège sont là pour prendre en compte cette nouveauté : des plages horaires sont d’ailleurs prévues à cet effet. Mais n’ayant jamais eu ce niveau de classe en charge, je suis consciente que ma position pourrait éventuellement évoluer. Je pense en particulier aux élèves en difficulté qui ont besoin de plus de temps pour s’adapter à la nouveauté. La mise en place de devoirs dès le CM1 pourrait peut-être leurs être profitable. Il me semble cependant que l’apprentissage de l’organisation sur la semaine peut déjà se faire par le biais des leçons. C’est effectivement un véritable apprentissage, qui nécessite d’être pris en compte. La famille est ici un maillon important. Celle-ci peut apprendre aux enfants à prévoir, à s’organiser. Dans les milieux sociaux culturels les plus modestes, l’anticipation est plus compliquée, voire impossible, car l’organisation familiale se fait au jour le jour pour des raisons économiques par exemple. L’apprentissage peut s’avérer difficile pour les élèves issus de ces familles. L’enseignant doit alors assurer totalement cette charge. Dans le primaire, l’enseignement étant dispensé par un seul adulte en général, la supervision de l’organisation est sans doute plus aisée que dans le secondaire. 4. La réunion de début d’année Cette rencontre est obligatoire en début d’année et permet d’exposer aux familles nos attentes, nos méthodes de travail et d’évaluation des connaissances, le programme traité dans chaque discipline, les projets qui seront proposés, le matériel nécessaire aux élèves, les modes de communication possibles entre les familles et l’école, les disponibilités pour les recevoir, l’emploi du temps. Il est important, lors de ce premier contact, que les parents se sentent placés dans une collaboration éducative. J’ai précisé aux familles qu’elles pouvaient m’interpeller aussi souvent qu’elles le souhaitaient et qu’il était important de ne pas laisser des contrariétés envahir les relations. Malheureusement, tous les parents ne se déplacent pas toujours. J’ai été surprise de constater qu’une famille présente le jour de la réunion n’a jamais souhaité une rencontre par la suite. Je vois deux explications possibles : soit mes attentes et explications ne 19 correspondaient pas aux leurs et ils n’ont pas pu avoir un second contact, soit ils étaient suffisamment rassurés et n’avait plus besoin de se confronter aux problèmes scolaires de leur fils, estimant que j’étais en mesure de les prendre en charge. B - Les rencontres et la gestion des conflits. 1. La gestion des conflits Durant mon second stage, j’ai été confrontée à un problème avec une famille. Le vendredi de la deuxième semaine, voulant clore une séance j’ai fait sortir les élèves avec 5 minutes de retard. C’était la première fois que cela se produisait. Mais la réaction d’une maman a été virulente. Le lendemain, elle me tendait un mot, sans m’adresser la parole, avant de repartir immédiatement. Ce courrier XIII sollicitait une réponse. J’ai tout de suite fait lire ce courrier aux collègues de l’école qui m’ont précisé que cette mère d’élève était connue pour « faire des histoires » et avoir parfois des réactions assez violentes (tant verbales que physiques). Le directeur que je remplaçais et qui était présent le samedi matin dans l’école était favorable à une réponse, mais il préférait qu’elle émane de sa part. Les propos me semblaient déplacés et une réponse risquait d’engendrer un conflit plus long, mais il était nécessaire afin de tenter de régler la situation et d’expliquer plus clairement les motifs qui peuvent engendrer des retards de sorties. D’autre part, ce courrier ne m’était pas seulement adressé puisqu’il portait des accusations sur d’éventuels retards dans les programmes et était aussi destiné à l’enseignant titulaire de la classe. Ces propos étaient totalement déplacés d’ailleurs. Ma situation de stagiaire a sans doute permis à ce parent de verbaliser ce qu’elle n’osait pas faire avec l’enseignant, auquel le statut de directeur donne une autorité qui doit impressionner certains parents. Je peux comprendre l’agacement des parents qui, pressés pour telle ou telle raison, voient leurs enfants sortir plus tard que prévu. Mais aller jusqu’à écrire un courrier le lendemain, est un signe d’agacement plus profond. Il semble en fait que la personne dont je XIII Cf annexe n° 1 20 parle ici n’entretient pas de relations simples avec les enseignants et l’institution. Son enfant étant assez effacé et présentant quelques difficultés face à la lecture, peut être ce type de réaction vive est-il une façon d’exprimer une grande inquiétude. Cette mère semble très exigeante avec les autres, très autoritaire mais mal à l’aise face à l’école qui est vécue comme une agression. A-t-elle de mauvais souvenirs de son passage scolaire ? Ou les attentes de l’institution sont-elles trop lourdes pour elle ? Une rencontre aurait pu éclaircir ces différents points. Mais je n’étais pas titulaire du poste et je ne voulais pas empiéter sur le choix de l’enseignant titulaire. Nous en sommes restés à une réponse par courrier. (J’ai fait par la suite en sorte que le problème de sortie en retard ne se reproduise pas.) La difficulté de la relation peut en tout cas reposer aussi sur ces accusations injustifiées qu’expriment des parents et qui représentent, pour l’enseignant, une véritable agression. Dans le cas exposé précédemment, l’échange de lettres à permis de régler le conflit, semble-t-il. Mais il n’en est pas toujours ainsi. L’an passé j’ai dû affronter une mère qui m’accusait de harceler sa fille et me menaçait d’une plainte à l’inspection académique. La maman était suivie psychiatriquement et j’étais informée dès le début d’année qu’il fallait se méfier et poser avec elle des limites très claires. Ainsi j’ai du lui préciser à plusieurs reprises que je pouvais la recevoir mais uniquement en dehors des heures de classe et sur rendez-vous.. Les accusations, elles étaient trop graves pour que j’en reste là. J’ai donc immédiatement prévenu l’inspection du contenu de son courrier et informé que je n’accepterais aucune autre lettre de ce type sans faire appel à l’autonome pour engager une procédure de protection. J’ai par ailleurs reçu cette personne pour écouter ce qu’elle avait à dire, éclaircir, avec elle et l’élève, ses propos et enfin l’informer que je n’accepterai aucune accusation diffamatoire. Cette rencontre ne m’a pas permis de savoir si la diffamation provenait de l’élève ou de la mère de façon certaine. Je pencherai néanmoins pour que l’origine soit du côté de la mère. Mais j’ai clairement énoncé que personne ne pouvait avoir plusieurs discours discordants surtout lorsque les propos sont aussi graves. Ce qui était plutôt à destination de l’élève, elle-même suivi en IME pour troubles psychiques. D’autre part la mère se sentait accusée de toute part de « mauvaise mère ». Je lui ai donc demandé si elle avait entendu de tels propos émanant de ma personne ? La réponse était non et j’ai alors complété en précisant que je ne pouvais pas et ne devais pas assumer les propos des autres. Il m’a fallut aussi expliquer à l’élève et à la mère que nous étions là uniquement pour l’élève. Mes 21 compétences n’étant pas d’être ou de me prétendre psychiatre, médecin ou assistante sociale. Je pouvais entendre ses difficultés mais en aucun cas les régler car ils sont en dehors de mes compétences professionnelles. La mère s’est effondrée en larmes à plusieurs reprises et a exprimé au fur et à mesure de l’entretien des excuses partielles. Sans doutes les troubles dont elle était victime ainsi que ceux de sa fille lui étaient renvoyés de manières assez violentes. Mais je ne me serai jamais permis de porter un quelconque jugement sur sa fonction de mère et son état psychique. J’ai eu la chance d’être soutenue tant par l’inspection, qui était régulièrement interpellé par cette dame, que par mes collègues. Mais que serait-il arrivé si pré recrutée sur une CLIS à 23-24 ans j’avais du faire face à des problèmes d’autorité ? Il se trouve que la gestion de ma classe était reconnue comme très bonne, que mes expériences antérieures m’ont aidée, que je suis moi-même une mère et que je devais avoir sensiblement le même âge que cette femme. J’ai donc pu faire face à cette situation. Je dirai que j’étais « armée pour ». Un conflit de ce type peut vite déstabiliser un enseignant en début de carrière. Pris dans les remises en cause qu’engendre le métier, par envie de bien faire, de faire toujours au mieux, mais conscient que chaque individu ne peut humainement pas être parfait et qu’il nous arrive de faire des erreurs. 2. Quand la distance est nécessaire. Le cas de Lud Durant mon année de pré-recrutée, j’ai été confrontée à une famille en grande difficulté. La mère était une ancienne élève de CLIS et il lui a fallu beaucoup de temps pour franchir le portail de l’école afin de me rencontrer. Pour ma part et après discussion avec les services du SESSAD, j’ai compris qu’il ne fallait surtout pas forcer cette rencontre et qu’elle ne se ferait peut-être jamais. J’ai donc fait en sorte que les relations s’établissent tout doucement. Au début de l’année scolaire, la mère ne descendait pas jusqu’à l’école, elle attendait son fils en haut de la rue. De loin en loin, j’ai pu faire un signe de la main, de ma voiture, à l’enfant et à sa mère. C’était pour moi une façon de montrer qu’il y avait reconnaissance, sans brusquerie. Cette communication minimum mais respectueuse et le travail des services sociaux ont permis à cette mère de descendre petit à petit jusqu’au portail. L’enfant était en situation extrêmement difficile au sein du milieu familial, il subissait des violences. On m’a soumis l’idée que, dans l’intérêt de l’élève, il fallait parfois accepter 22 l’idée de ne pas rencontrer les familles. Pour cet élève, il était en effet important de permettre une rupture complète entre l’école et la famille, entre le monde de la violence et celui qui correspondait à son « havre de paix ». Cette situation n’était pas simple à gérer. J’avais le sentiment qu’un lien avec la mère permettrait de tenir des propos positifs sur l’enfant et qu’à travers mes propos, l’image de dernier pourrait évoluer positivement aussi en dehors des murs de l’école. J’ai eu à plusieurs reprises le sentiment que cet élève s’interdisait de réussir. Ceci pourrait s’expliquer par un désir d’appartenance à son milieu familial avant tout. Difficile pour ces enfants d’avoir le sentiment de trahir les parents en ayant des possibilités que ceux-ci n’ont pas eues. La réussite scolaire peut aussi signifier un pouvoir sur les parents qui n’est pas permis dans des familles extrêmement hiérarchisées, autoritaires, violentes. L’enfant se sent alors dans l’obligation de reproduire le modèle parental. L’enseignant doit donc composer dans l’intérêt de l’élève entre une éthique personnelle et la réalité du terrain. La rencontre avec la maman de Lud. a eu finalement lieu en fin d’année. La mère a dû venir dans la classe pour me donner une information. J’en ai profité pour lui parler de son enfant. Cette femme est passée entre septembre et mai, du haut de la rue à la salle de classe. Ensuite, j’ai pu échanger quelques mots devant l’école à plusieurs reprises. Je suis persuadée que l’amélioration de la relation, dans ce cas précis, a été possible parce que j’ai accepté que la rencontre ne se fasse pas rapidement. La dimension du temps, en pédagogie comme dans le cadre des relations aux familles, me semble précieuse. L’enseignant doit parfois faire preuve de patience et être à l’affût des petits détails qui permettent de croire que la situation difficile se modifie peu à peu. 23 III / Les programmes et l’évolution des modèles familiaux A ) Le langage oral : séance en « atelier philosophique » Les programmes ne font pas état de cet atelier mais laissent une large place à l’oral. L’atelier philosophique permet aux enfants de s’exprimer sur des sujets variés, de communiquer avec d’autres, mais aussi de passer, au fil des séances, de l’inventaire à la réflexion véritable, conceptuelle et donc de se dégager progressivement des anecdotes pour explorer leur capacité à penser. Les textes officiels précisent qu’il est important de faire s’exprimer les élèves. « C’est dans l’oral d’abord que l’on apprend à lire et à écrire … La place du débat doit occuper ½ h par semaine » XIV L’atelier philosophique permet une structuration de la pensée et d’explorer leur propre capacité à penser afin d’enrichir celle-ci. Chacun doit s’efforcer d’exprimer le plus clairement possible une idée. Ce qui permet d’apprendre à écouter les autres mais aussi de découvrir l’appartenance à une pensée groupale. Cette pensée exploratrice procède par tâtonnements et est animée par la recherche du sens. Le « Vivre ensemble » et la « Découverte du Monde » sont également abordés, car l’atelier ouvre sur les autres. L’élève apprend par ce biais à argumenter, à écouter, à respecter autrui, à s’inscrire dans la différence, source de richesse. L’atelier philosophique répond donc à plusieurs exigences de l’école élémentaire. J’ai organisé cette séance lors de mon premier stage en responsabilité avec l’enseignante chargée de l’aide à dominante pédagogique du RASED. Le sujet soumis aux élèves de CE1/CE2 était : « A quoi ça sert une famille ? » Cette classe de 25 élèves participe chaque semaine depuis le début de l’année à une séance de ce type. Les séances s’articulent de la manière suivante : - Séance 1 : Une question est proposée aux élèves. Ils sont regroupés en cercle sur des bancs. À tour de rôle, chacun répond à la question en quelques mots. Les propos des enfants sont enregistrés grâce à un magnétophone. Tous les élèves disposent d’un temps de parole mais ne sont pas obligés de répondre à la question. Le micro circule ainsi d’élève en élève sur deux tours. Le deuxième tour de parole permet d’exprimer une nouvelle idée ou de rebondir sur un propos. Lorsque les deux tours sont terminés, l’enregistrement prend 24 fin. On propose alors aux enfants d’exprimer par écrit une idée qui répond à la même question sur un bout de papier. La séance dure entre 45 et 60 minutes. Durant cette séance l’enseignant reste silencieux, neutre et ne réagit pas, par exemple lorsqu’une parole d’enfant le surprend ou lui paraît particulièrement intéressante. Il ne reprend pas un enfant qui a du mal à s’exprimer. Les élèves savent qu’il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. - Séance 2 : Elle débute par l’écoute partielle de l’enregistrement de la séance 1. La maîtresse fait alors un résumé des idées émises lors de la 1ière séance et complète les propos par quelques précisions sur un point. L’enseignant tient alors une place discrète mais active, pour accompagner les réactions du groupe. Il peut relancer le débat, en demandant par exemple : « Ces deux idées sont-elles si opposées ? » ou « Qui n’est pas d’accord avec cette idée ? Pourquoi ? ». Ici il nous a semblé utile de déterminer ce qu’est une famille, au sens biologique, et ce qu’il faut pour qu’un être voit le jour : un rapport sexué entre un mâle et une femelle, un homme et une femme. Cette notion nous oblige à préciser que pour le moment c’est la seule façon d’obtenir la reproduction chez les êtres humains. Certains élèves pensent qu’une femme seule peut avoir des enfants. Il faut alors distinguer reproduction et éducation. Nous ne pensions pas devoir préciser ces éléments à des enfants de CE1- CE2. La classe est constituée, pour presque moitié, d’enfants dont les parents sont séparés. Leurs représentations sont affectées par les schémas familiaux de leur quotidien. Ce qui nous paraissait une évidence ne l’est pas pour eux. Les idées sont aussi confuses car les informations entendues, lues ou vues le sont sans l’explication d’un adulte. Le clonage dont ils ont entendu parler altère aussi leurs représentations. S’engagent ensuite des échanges à partir de la synthèse des idées émise en séance 1. a) idée de protection/sécurité : « une famille ça sert à nous donner un logement, à nous soigner, à nous nourrir ». b) idée d’affection : « une famille ça sert à apporter les câlins du soir, car ce sont les papas et les mamans qui font les bisous ». c) idée d’éducation : « une famille ça sert à nous acheter des jouets, des livres, à être poli ». XIV Qu’apprend-on à l’école élémentaire ?, p 106-107, Ministère de l’Education Nationale, Ed. Sceren CNDP 2003. 25 Lors de cette séance, K. XV s’oppose à ces idées. Il est en famille d’accueil et nous parle spontanément de sa mère (biologique) qui l’enferme à clé dans le grenier, sans lumière. Il dit avoir peur et ne pas comprendre pourquoi elle fait cela. J’évoque ce cas car il pose les limites de nos compétences. Faut-il poser ce type de sujet alors que nous ne sommes pas formés pour gérer certaines réponses d’élèves ? Dans ce cas précis, la présence de l’enseignante spécialisée a permis de répondre professionnellement aux propos de l’enfant. Il n’était pas question de jouer les psychologues que nous ne sommes pas, mais il n’était pas non plus question de faire la sourde oreille. Nous avons donc entendu K. et ma collègue lui a proposé une rencontre avec la psychologue scolaire pour en parler. Elle a précisé que les parents avaient des devoirs auprès de leurs enfants et notamment un devoir de protection. Il nous appartient d’orienter ce genre de cas vers des personnes compétentes. Je m’interroge sur le thème plus que sur la démarche elle-même. Il me semble important par cette démarche de considérer l’élève/enfant. C’est à dire que l’élève arrive à l’école avec un bagage qui comprend aussi son milieu familial, son environnement. Il serait illusoire de penser que l’élève arrive vierge au sein de l’école. Ces diversités individuelles peuvent être source de richesses qu’il me semble intéressant d’exploiter d’un point de vue pédagogique. Apprendre la différence et accepter celle-ci est l’apprentissage de la tolérance et de la découverte de l’autre. Nous rejoignons donc des objectifs qui relèvent du domaine du « Vivre ensemble » et de la « Découverte du Monde : espace et temps ». L’organisation avec l’enseignante spécialisée permet de faire face aux premiers propos d’élèves comme K. Envisager d’abandonner de tels sujets implique aussi de soustraire l’intérêt de la question à tous les élèves. Car il semble que ceux-ci aient appris quelque chose durant ces deux séances. Ce type de démarche favorise la prise de parole des élèves, amène ceux-ci vers l’argumentation et l’échange des idées. Cela participe à la construction des savoirs et des savoir-faire. Il apprend à appartenir à un groupe sans renoncer à sa singularité et progresse par le biais d’une pensée collective où sa propre réflexion et expérience sont reconnues. XV Elève de CE1 26 B ) Séquence « Découverte du Monde » : L’arbre généalogique. Cette séance organisée lors de mon premier stage en responsabilité auprès d’une classe de CE1- CE2 correspond aux programmes de cycle 2. XVI Par le biais de ces séances, les élèves apprennent à se situer dans le temps et découvrent l’éloignement des évènements passés qui appartient à leur environnement propre et connu : la famille, afin de percevoir une chronologie dans les évènements. Par ailleurs un travail sur l’analyse de documents de nature différente est réalisé dans ce cadre. Les élèves disposent de photographies, de dessins, de tableaux et d’arbres généalogiques. La présentation d’un arbre généalogique est intéressante car elle permet une nouvelle présentation d’informations de façon synthétique. La séquence comportait dans un premier temps un travail sur les générations à partir d’une lecture d’images. Puis nous avons abordé les liens de parenté. Enfin je leur ai demandé de renseigner avec leurs parents un arbre généalogique. Il s’agissait alors de rapporter les informations nécessaires à la constitution de leur arbre : parents, grandsparents et éventuellement arrières-grands-parents. La plupart des enfants ont pu les rapporter. Néanmoins deux élèves se sont retrouvés en situation difficile car les informations n’étaient pas fournies par les familles. J’ai commencé par les rassurer en leur disant que cela n’allait pas influer sur la suite des séances et que l’important était qu’ils aient saisi les notions abordées : notion de génération, liens familiaux, qu’ils puissent répondre à des questions comme : « je suis la sœur de ta mère, qui suis-je ? ». Les séances ont suscité de l’intérêt. Les élèves se sont investis dans l’activité mais j’ai senti que ces deux élèves étaient mal en raison de l’absence information. Malgré ma tentative pour les rassurer, ils paraissaient en échec par rapport aux autres élèves. Sachant qu’un enfant se trouvait en famille d’accueil, j’avais anticipé la difficulté et annoncé que tous les arbres généalogiques ne seraient peut-être pas renseignés. Comment faire ? Faut-il faire abstraction des situations particulières de certains élèves ? Comment gérer les situations particulières ? XVI Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? , p 165- 166, Ministère de l’Education Nationale, Ed. Sceren CNDP 2003. 27 Avec le recul, j’opterais pour l’étude de l’arbre généalogique le plus renseigné avec l’ensemble de la classe, comme un exemple. Ce qui n’empêcherait pas les autres élèves de renseigner leur propre arbre généalogique mais sans caractère obligatoire. Lors de mon deuxième stage avec des CP-CE1, j’ai proposé de nouveau cette séquence. J’ai utilisé d’autres documents qui n’invitaient pas les enfants à renseigner leur propre arbre généalogique, mais qui posaient des questions sur la notion de génération et sur les liens familiaux. J’ai eu le sentiment que les séances intéressaient tout autant les élèves sans pour autant les mettre dans des situations délicates. Dans cette classe deux enfants étaient en situation délicate puisque leurs parents étaient en instance de séparation. Une élève en a d’ailleurs un peu parlé et expliqué que cela était douloureux pour elle. Nous l’avons entendue mais sommes ensuite revenus aux documents et avons pu prendre la distance nécessaire avec le quotidien douloureux. 28 Conclusion Les rapports école/familles semblent parfois compliqués car chacun à sa propre conception et ses objectifs qui peuvent être divergents. L’objectif étant le développement de l’enfant, l’évolution de l’élève dans ses apprentissages. Ceux-ci doivent être fédérateurs des rapports entre les enseignants et les parents. Les difficultés proviennent généralement des décalages socio-économiques entre une profession qui attend des familles qu’elles mettent tout en œuvre pour une logique scolaire et des familles qui n’ont soit pas les moyens et les connaissances nécessaire à cette mise en place, soit des connaissances du système et des moyens qui les rendent particulièrement critique face aux directions pédagogiques de l’enseignement dispensé. L’institution a intégré de plus en plus les familles comme partenaire de l’école, considérant les parents en adultes responsables et attend d’eux une implication dans la scolarité de leurs enfants. Ce qui me paraît tout à fait légitime mais suppose que, dans ma pratique, j’intègre les différences sociales afin de ne pas les accentuer. Cela implique de ne pas se décharger sur les familles pour la prise en charge des apprentissages telles que les méthodes de travail par exemple. Les relations avec les familles me semblent indispensables pour une bonne connaissance de l’élève et du milieu dans lequel il se trouve. Si les textes officiels précisent que les parents doivent être informés des programmes afin de pouvoir accompagner leurs enfants et de les soutenir dans leurs efforts, il importe que les enseignants soient informés sur les familles afin de palier à certaines difficultés sociales, de les prendre en compte. Ainsi il nous appartient d’avoir une attention particulière aux enfants dont le français n’est pas la langue pratiquée à la maison. De même lorsque des enfants ne disposent pas de livres au sein de la cellule familiale, il est d’autant plus important de mettre en place des dispositifs autour du livre, du prêt. Si des conflits existent, ils sont minoritaires au regard du nombre de contacts établis avec les familles. Malgré tout, lorsqu’ils existent, il est important de prendre du recul. Cela implique pour l’enseignant de pouvoir se protéger de certaines agressions, de mettre des limites les plus précises possibles tant qu’à ce qu’il accepte. Cependant il faut bien reconnaître que nous devons nous positionner entre écoute, disponibilité et vie privée. La frontière est parfois extrêmement délicate. C’est l’intérêt de l’élève qui doit primer et 29 nous aider à trouver ces limites. Le travail de l’enseignant vis à vis des familles peut s’engager sur la base des mêmes principes éthiques que celui qui régit les relations pédagogiques entre un enseignant et des élèves : quand un problème se pose, il est de notre devoir de chercher à trouver des solutions. Se contenter de constater une relation non satisfaisante avec telle ou telle famille reviendrait à faire preuve d’un fatalisme qui me paraît être une fausse route. Toute situation délicate doit pouvoir être conçue comme quelque chose de passager. Bien sûr l’enseignant doit pouvoir, pour se faire, s’appuyer sur une équipe pédagogique. La présence du Réseau d’Aides Spécialisées aux élèves en Difficulté, et en particulier du psychologue scolaire, peut nous aider à dépasser une situation de blocage. Le psychologue peut jouer un rôle de médiateur dans ces cas particuliers. Cette conception des rapports avec les familles mais aussi de l’élève qui arrive avec son entité est essentielle pour la mise en place des apprentissages, pour la vie du groupe classe et au-delà des murs de la classe, c’est à dire du bon déroulement des rapports humains au sein de l’établissement. Ne correspond-elle pas aussi à ma conception pédagogique non dirigiste qui ne fonctionne pas sur un mode uniquement transmissif ? Nier ces interactions entre l’école et la famille, n’est-ce pas nier l’élève ? Ne pas prendre en considération les particularités de chacun reviendrait à occulter les difficultés individuelles ce qui aurait des répercussions sur les apprentissages didactiques. C’est en prenant conscience de ces inter-actions, entre les relations établies et la pédagogie envisagée, que la communication que je mettrais en place va être élaborée avec les familles. Cette réflexion m’amène à dire que la responsabilité est partagée tant dans le cas de relations qui se passent bien que celles dont les rapports sont plus difficiles. Par ailleurs cela implique un travail d’équipe avec les collègues de l’établissement et les autres partenaires de l’école visant une cohérence dans l’intérêt des élèves. 30 BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES : - Charlot, Bernard, Meirieu, Philippe &de Singly, François, sous la direction de Dubet, François. Ecole, familles le malentendu. Collection Le Penser-Vivre. Textuel. Juin 2001, 167 p. - Corvarola, Arlette ; Ferhadjan, Sophie ; Jacquard, Elise ; Lefevre, Barbara ; Roder, Iannis ; Zeitgeber, Marie sous la direction de Brenner Emmanuel. Les territoires perdus de la République. Mille et une nuits, mars 2003, 238 p. - Dubet, François. Pourquoi changer l’école ? Ed. Textuel, 1999 144 p. - Gayet, D Les pratiques éducatives des familles. Ed. PUF, Coll. Education et formation, novembre 2004, 185 p - Lahire, B Tableaux de famille, Paris 1995 Hautes Etudes –Gallimard – Le Seuil, 297 p - Ministère de l’Education Nationale. Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Ed. Sceren CNDP 2003. 350 p. - Montandon, Cléopâtre & Perrenoud, Philippe. Entre parents et enseignants : un dialogue impossible ? Collection Exploration, Peter Lang, 1994, 212 p. - Zaouche, C. Le développement social de l'enfant, Dunod, Paris 2002, 128p. ARTICLES : - Campanale, Françoise. « Relations parents-professeurs ». site internet de l’IUFM de Grenoble, mise à jour novembre 2001, 5 p. - Gravillon, Isabelle. Les clés du dialogue parents-enseignants. In Magazine de la Caisse d’Allocations Familiales de Saône-et-Loire, janvier 2005, p 18-19 - Sondage IFOP pour le Ministère de l’éducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie. « Les relations entre parents d’élèves et l’école : état et attentes. » Synthèse sur le site Education Nationale. 31 SOMMAIRE DES ANNEXES. ANNEXE 1a : courrier d’une mère d’élève pI ANNEXE 1b : réponse du directeur p II ANNEXE 2 : Les parents et l’école p III L’exercice conjoint de l’autorité parentale ANNEXE 3 : Transmission des résultats scolaires aux familles p III pV ANNEXE 4 : Les élections de parents d’élèves au conseil d’école p VI ANNEXE 5 : Les associations de parents d’élèves p VIII I ANNEXE 1a II ANNEXE 1b III ANNEXE 2 Les parents et l’École La qualité des relations entre l’école et les parents d’élèves sont très importantes pour le bon fonctionnement du système éducatif. Les parents d’élèves sont amenés à participer aux conseils des écoles, par l’intermédiaire de leurs représentants élus , et les associations de parents d’élèves peuvent intervenir dans les écoles, selon certaines modalités. L’Éducation nationale doit permettre aux parents de suivre au mieux la scolarité de leurs enfants et de s’y impliquer. C’est pourquoi elle doit entretenir des relations avec tous les parents, même séparés, et en particulier faire parvenir aux deux parents les bulletins scolaires de leurs enfants. Modalités d’exercice de l’autorité parentale et conséquences pour l’Éducation nationale L’autorité parentale est l’ensemble des droits et devoirs conférés aux parents sur la personne de l’enfant mineur et sur ses biens. La loi du 4 mars 2002 a tendu à généraliser l’exercice conjoint de l’autorité parentale. Aussi, c’est aujourd’hui la situation la plus fréquente, l’exercice de l’autorité parentale par un seul des parents devenant exceptionnel. Il convient donc, en absence d’éléments contraires, de considérer que les parents exercent en commun cette autorité et donc entretenir avec eux des relations de même nature. Le cas échéant, c’est le parent exerçant seul l’autorité parentale qui devra alors en apporter la preuve. L’exercice conjoint de l’autorité parentale L’exercice conjoint de l’autorité parentale concerne de plus en plus de parents Sont concernés non seulement les parents mariés, mais aussi la très grande majorité des parents non mariés et des parents séparés ou divorcés. Dans ces conditions, il convient de considérer, à défaut de preuve contraire, que ce mode d’exercice s’applique à tous les parents. Quelles sont les conséquences, pour l’Éducation nationale, de cet exercice en commun de l’autorité parentale ? L’exercice en commun de l’autorité parentale donne aux deux parents les mêmes droits et devoirs pour élever et protéger leur enfant. Le code civil permet cependant à un parent de faire seul un acte usuel de l’autorité parentale, l’accord de l’autre parent étant alors présumé, dès lors qu’il n’a pas formellement manifesté son désaccord. La très grande majorité des décisions des parents concernant l’école entrent dans cette catégorie. Seules les décisions éducatives les plus importantes (celles qui concernent l’orientation par exemple) requièrent l’accord des deux parents. Lorsque deux parents exerçant conjointement l’autorité parentale sont en désaccord sur ce qu’exige l’intérêt de leur enfant, le parent le plus diligent peut saisir le juge aux affaires familiales. La copie de la décision judiciaire, si elle concerne le domaine scolaire, sera transmise au directeur d’école ou au chef d’établissement. Un seul des parents exerce l’autorité parentale, l’autre parent usant du droit de surveillance Cette situation est très rare. Le parent qui exerce seul l’autorité parentale prend toutes les décisions relatives à l’éducation de l’enfant. Par exemple, il choisit l’établissement, les options, et autorise les absences de l’enfant. Le parent qui n’exerce plus l’autorité parentale bénéficie, en tout état de cause, du droit de surveillance, sauf décision contraire du juge aux affaires familiales. Le parent naturel qui n’a jamais exercé l’autorité parentale peut également se voir accordé ce droit, sur décision expresse du juge. Le droit de surveillance s’analyse comme le droit d’être informé, d’être consulté et de proposer, mais pas d’exiger ou d’interdire. Par exemple, un parent possédant ce droit peut signer le carnet de correspondance de l’enfant. IV Pour permettre au parent concerné d’exercer ce droit de surveillance, le directeur d’école est en contact avec lui et doit l’informer de tous les événements importants relatifs à la vie scolaire de son enfant. Il lui transmet les bulletins scolaires de l’enfant ainsi que les documents relatifs à ses absences, aux sanctions disciplinaires, à l’orientation et, plus généralement, à sa scolarité. La transmission des documents concernant la scolarité de l’enfant Il s’agit des résultats scolaires mais également de tous documents concernant la scolarité de l’enfant. - Lorsque les parents vivent en ensemble, un seul envoi de ces documents est effectué. - Lorsque les deux parents ne vivent pas ensemble, le directeur d’école leur envoie les mêmes documents. A cette fin, la note ministérielle du 13 octobre 1999 prévoit que soient systématiquement demandées, lors de l’inscription de l’enfant et à chaque début d’année, les coordonnées des deux parents. L’élection des délégués de parents d’élèves Tous les parents d’élèves sont électeurs, quelle que soit leur situation familiale, sous réserve pour les parents d’enfant mineur de ne s’être pas vu retirer l’autorité parentale. Chaque électeur ne dispose que d’une voix quel que soit le nombre de ses enfants inscrits dans le même établissement. V ANNEXE 3 Transmission des résultats scolaires aux famillesI NOR : SCOE9902340Y Mon attention a été appelée sur le fait qu’un certain nombre de parents séparés ou divorcés rencontraient des difficultés pour obtenir communication des résultats scolaires de leurs enfants, lorsque celui-ci réside chez l’autre parent. Or, les parents ont, tous les deux, le droit de connaître les résultats scolaires de leurs enfants. En effet, depuis l’intervention de la loi du 8 janvier 1993 qui a modifié plusieurs articles du Code civil, l’exercice en commun de l’autorité parentale, qui rend chaque parent également responsable de la vie de l’enfant, est devenu la situation la plus courante. En outre, même dans le cas où l’un des parents exerce seul l’autorité parentale, l’autre parent dispose du droit de surveiller l’éducation de son enfant ; à cet effet, il doit donc également obtenir communication de ses résultats scolaires. Il convient, en conséquence, de faire parvenir systématiquement aux deux parents les résultats scolaires de leurs enfants. Ceci suppose que l’adresse des deux parents soit connue des responsables de l’établissement scolaire. Or, j’observe qu’un certain nombre d’imprimés de demandes d’informations aux familles font encore apparaître un seul ‘responsable légal’ et l’adresse d’un seul des parents. Il est donc nécessaire de remédier à cette lacune en faisant en sorte de recueillir au moment de l’inscription, puis à chaque rentrée scolaire, les coordonnées des deux parents. Je vous demande de rappeler dès maintenant aux chefs d’établissement et directeurs d’école l’obligation d’information qui leur incombe, sans exiger une demande préalable du parent chez lequel l’enfant ne réside pas. Des instructions plus complètes vous parviendront ultérieurement concernant les dispositions à prendre pour garantir le respect des droits des deux parents en ce qui concerne l’ensemble des questions relatives à la scolarité de leurs enfants. En cas de difficulté sur des situations particulièrement complexes, il conviendra de prendre l’attache des services juridiques du rectorat ou de l’administration centrale. (BO n° 38 du 28 octobre 1999.) I Lettre du 13 octobre 1999 (Éducation nationale, Recherche et Technologie : bureau DESCO B6) Texte adressé aux recteurs d’académie et aux inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’Éducation nationale. VI ANNEXE 4 Les élections des représentants des parents d’élèves au conseil d’école Dans les écoles, les parents d’élèves élisent tous les ans certains d’entre eux pour les représenter au conseil d’école. À quelles instances sont-ils élus ? Dans les écoles maternelles et élémentaires, les représentants de parents d’élèves sont élus au conseil d’école, en nombre égal à celui des classes permanentes de l’école (et autant de suppléants). Comment se déroulent ces élections ? Qui est électeur ? Tous les parents d’élèves sont électeurs, quelle que soit leur situation familiale, sous réserve pour les parents d’enfant mineur de ne s’être pas vu retirer l’autorité parentale. Les personnels des écoles sont également électeurs, s’ils sont parents d’élèves scolarisés dans l’école ou l’établissement où ils travaillent. Chaque électeur ne dispose que d’une voix quel que soit le nombre de ses enfants inscrits dans le même établissement. Qui est éligible ? Tous les parents électeurs sont éligibles, sauf certaines personnes, qui sont déjà membres du conseil d’école ou qui peuvent y intervenir à titre consultatif (directeur d’école, maîtres des classes, médecin et infirmière scolaires, ATSEM, aides éducateurs, assistants d’éducation, etc…). Par qui les listes sont-elles présentées ? - des associations de parents d’élèves affiliées à une fédération ou une union nationale de parents d’élèves ; - des associations locales de parents d’élèves, déclarées en préfecture, sous le régime de la loi du 1er juillet 1901 ; - des parents d’élèves qui ne se sont pas constitués en association. Ces listes doivent être déposées au plus tard dix jours avant la date prévue pour le scrutin. Quel est le mode de scrutin ? Le vote est un vote personnel (pas de procuration) et secret, qui peut avoir lieu par correspondance. Il s’agit d’un scrutin de liste. Les listes doivent comprendre au moins deux noms et au maximum le double du nombre de sièges à pourvoir. Les suppléants sont élus à la suite des titulaires, dans l’ordre de présentation des candidats sur la liste. Dans les écoles maternelles et élémentaires, si les résultats des élections sont tels que le nombre de représentants de parents élus est inférieur au nombre des sièges à pourvoir, les désignations nécessaires ont lieu par tirage au sort parmi les parents d’élèves volontaires. La circulaire n°2000-082 du 9 juin 2000 relative aux modalités d’élections des représentants des parents d’élèves au conseil d’école sera consultable en ligne lors de sa parution, dans sa version actualisée, au recueil des lois et réglements du ministère de l’Éducation nationale. Source : © Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche VII Direction de l’Enseignement scolaire - août 2004 - http://eduscol.education.fr/D0028/04_elections.htm VIII ANNEXE 5 Les associations de parents d’élèves La participation des parents d’élèves au fonctionnement du service public de l’éducation s’effectue notamment par l’intermédiaire des associations de parents d’élèves. Une circulaire précise les modalités d’intervention de ces associations dans les écoles. Qu’est-ce qu’une association de parents d’élèves ? - Une association de parents d’élèves ne regroupe que des parents d’élèves, auxquels sont assimilés toutes personnes ayant la responsabilité légale d’un ou plusieurs élèves ; - Son champ d’intervention, défini par ses statuts, couvre une école, un établissement du second degré, ou un groupe d’écoles et d’établissements ; - Elle a pour objet la défense et la promotion des intérêts moraux et matériels communs à tous les parents d’élèves des établissements scolaires de son champ d’intervention ; - Les associations ne peuvent fixer leur siège social dans l’enceinte scolaire. - Il existe deux grandes catégories d’associations de parents d’élèves : les associations affiliées à une des trois fédérations ou unions nationales d’associations de parents d’élèves ; o les associations locales de parents d’élèves simplement déclarées en préfecture (loi du 1er juillet 1901). o Quel est leur rôle dans l’école ? Les associations de parents d’élèves présentes dans un établissement scolaire bénéficient de facilités, dont la mise en œuvre doit respecter : - la stricte égalité entre toutes les associations concernées ; - les principes de fonctionnement du service public de l’enseignement (laïcité, neutralité, pluralisme). Facilités matérielles - Boîtes aux lettres ; - Tableaux d’affichage ; - Distribution de documents par l’intermédiaire des élèves (possibilité également ouverte aux parents n’appartenant pas à une association et élus au conseil d’école, pour rendre compte des travaux des instances auxquels ils participent) ; - Accès à la liste comportant les noms et adresses des parents d’élèves de l’établissement qui ont manifesté leur accord à cette communication (accès ouvert à tous les responsables des listes qui se présentent aux élections des représentants de parents d’élèves). IX Organisation dans les locaux scolaires d’activités étroitement liées aux activités d’enseignement - réunions statutaires de travail ou d’information organisées à l’attention des parents d’élèves ou des élèves de l’école et prévoyant ou non la participation d’enseignants, - certains services, comme par exemple les prêts et bourses de livres. Ces réunions et services sont considérés comme nécessaires aux besoins de la formation initiale et continue. L’autorisation du maire n’est donc en principe pas requise pour l’utilisation dans ce cadre des locaux scolaires ; il convient cependant qu’il en soit informé. Organisation dans les locaux scolaires d’activités autres que celles se rattachant aux nécessités de la formation mais présentant un intérêt particulier pour les élèves et les familles (kermesses, bourses aux vêtements, etc…) L’utilisation de ces locaux scolaires par une association suppose dans ce cas l’autorisation préalable du maire et l’accord de la collectivité territoriale propriétaire des locaux, ainsi que, éventuellement, la passation d’une convention. Ces dispositions sont précisées par les circulaires interministérielles du 22 mars 1985 et du 15 octobre 1993. Les associations de parents d’élèves non présentes dans l’école mais représentées aux conseils de l’Éducation nationale Les associations de parents d’élèves siégeant au conseil académique ou départemental de l’Éducation nationale ont la faculté de rendre compte de l’exercice du mandat de leurs représentants, aux parents d’élèves des établissements scolaires du ressort géographique correspondant. C’est pourquoi, quand bien même elles ne seraient pas déjà présentes au sein d’une école, elles ont la possibilité d’y tenir des réunions et de faire distribuer des documents relatifs à leur activité. De la même manière, elles peuvent avoir accès, en début d’année, à la liste comportant les noms et adresses des parents d’élèves de l’établissement qui ont manifesté leur accord à cette communication. Source : © Ministère de l’Éducation nationale, Direction de l’Enseignement scolaire - août 2004 de l’Enseignement supérieur et de la - http://eduscol.education.fr/D0028/04_assoc.htm Recherche X Intervention des associations de parents d’élèves dans les établissements scolaires Circulaire n°2001-078 du 3 mai 2001 L’article L. 111-4 du code de l’éducation définit le cadre général de la participation des parents d’élèves à la vie scolaire. Membres de la communauté éducative, laquelle « rassemble les élèves et tous ceux qui, dans l’établissement scolaire ou en relation avec lui, participent à la formation des élèves », ils doivent pouvoir entretenir des relations permanentes avec les enseignants et les autres personnels des écoles et des établissements du second degré. En effet, la régularité et la qualité des relations construites par les personnels de direction, d’éducation et d’enseignement avec les parents d’élèves constituent un élément déterminant dans l’accomplissement de la mission confiée au service public de l’éducation. L’obligation faite à l’État de garantir le respect de l’action éducative des familles conduit notamment à une démarche d’éducation partagée et requiert de soutenir et renforcer le partenariat nécessaire entre l’institution scolaire et les parents d’élèves, légalement responsables de l’éducation de leurs enfants. L’école doit en conséquence assurer l’effectivité des droits d’information et d’expression reconnus aux parents d’élèves et à leurs représentants, ainsi que, selon les procédures prévues à cette fin, leur participation aux instances collégiales des établissements. La participation des parents d’élèves au fonctionnement du service public de l’éducation s’exerce notamment par l’intermédiaire d’associations de parents d’élèves au sens de la loi du 1er juillet 1901, présentes au sein des écoles et des établissements du second degré ou aux conseils de l’Éducation nationale institués dans les départements ou les académies. En tant qu’elles sont chargées d’une mission de représentation collective d’une catégorie de membres de la communauté éducative, ces associations trouvent leur place dans le fonctionnement du service public de l’éducation et de ses établissements scolaires. Par ailleurs, leur fonction de médiation est essentielle à l’amélioration de la participation de l’ensemble des parents, en facilitant l’accès de ces derniers aux informations qui leur sont nécessaires et en les soutenant dans leur rôle éducatif. Il importe donc, à la lumière des différents textes en vigueur et des pratiques relevées dans les établissements, de clarifier la situation des associations de parents d’élèves dans l’enceinte scolaire. Tel est l’objet de la présente circulaire, qui s’applique aux écoles publiques et aux établissements publics scolaires du second degré et remplace les circulaires n°86-256 du 9 septembre 1986 relative aux associations de parents d’élèves et n°88-208 du 29 août 1988 relative à la distribution des documents des associations de parents d’élèves et des documents d’assurance scolaire. I - Champ d’application La présente circulaire vise les associations regroupant exclusivement des parents d’élèves, auxquels sont assimilées les personnes ayant la responsabilité légale d’un ou plusieurs élèves. Elles ont satisfait aux formalités de déclaration en préfecture ou sous-préfecture prévues par la loi du 1 er juillet 1901. Leur champ d’intervention, défini par leurs statuts, peut couvrir une école ou un établissement du second degré, ou un groupe d’écoles et d’établissements. Elles ont pour objet la défense des intérêts moraux et matériels communs aux parents d’élèves des établissements scolaires de leur champ d’intervention. Les personnels d’un établissement scolaire qui ont la qualité de parents d’élèves peuvent être membres d’une telle association, mais il n’est pas souhaitable qu’ils exercent des responsabilités au sein de celle-ci. Dans chaque établissement scolaire est affichée, dans un endroit facilement accessible aux parents, une liste des fédérations, unions ou associations de parents d’élèves représentées dans les instances collégiales nationale, académique ou départementale de l’Éducation nationale, avec le cas échéant, les noms et adresses des responsables des associations locales qui leur sont affiliées et qui sont présentes dans l’établissement. Est également affichée la liste des associations de parents d’élèves non affiliées présentes dans l’établissement, avec les noms et adresses de leurs responsables. II - La participation aux instances collégiales des établissements et aux conseils de l’éducation institués dans les départements et les académies 1 - Les conseils des établissements scolaires Aux termes du troisième alinéa de l’article L. 111-4 du code de l’éducation, « les parents d’élèves participent par leurs représentants aux conseils d’école, aux conseils d’administration des établissements scolaires et aux conseils de classe ». D’autres instances collégiales des établissements scolaires XI comportent une représentation des parents d’élèves (conseils de discipline, conseil de la vie lycéenne...). Eu égard à l’importance du rôle des représentants de parents d’élèves dans les différents conseils qui règlent le fonctionnement des établissements scolaires, il convient d’organiser les réunions de ces instances à des heures qui soient, dans toute la mesure du possible, compatibles avec l’exercice de l’activité professionnelle de ces représentants. Tout représentant des parents d’élèves, qu’il soit ou non membre d’une association, doit pouvoir rendre compte des travaux des instances dans lesquelles il siège (conseil d’école, conseil d’administration d’établissement public local d’enseignement, conseil de classe, conseil de discipline, conseil de la vie lycéenne, etc.). Ces comptes rendus doivent être rédigés et diffusés dans le strict respect des règles de confidentialité qui protègent les informations à caractère personnel dont ils ont connaissance notamment à l’occasion des conseils de classe et des conseils de discipline. Leur distribution s’effectue dans les conditions rappelées au V-3 ci-dessous. 2 - Les conseils départementaux ou académiques de l’Éducation nationale Les associations siégeant au conseil de l’éducation institué dans le département ou l’académie ont la faculté de rendre compte de l’exercice du mandat de leurs représentants aux parents d’élèves des établissements scolaires du ressort géographique correspondant. Dès lors, quand bien même elles ne seraient pas déjà présentes au sein de ces établissements, elles ont la possibilité d’y tenir des réunions d’information et d’y faire distribuer tout document relatif à leur activité, selon les modalités indiquées aux IV-2 et au V ci-après. III - Les élections des représentants de parents d’élèves 1 - Consultation et communication de la liste des parents d’élèves de l’école ou de l’établissement Les responsables des listes de candidats qui se présentent aux élections des représentants de parents d’élèves ont la possibilité de prendre connaissance de la liste comportant les noms et adresses des parents d’élèves de l’établissement ou de l’école ayant donné leur accord exprès à cette communication. Ils peuvent en prendre copie s’ils le souhaitent. Ainsi que le rappellent la circulaire du 30 août 1985 et la circulaire n°2000-082 du 9 juin 2000, relatives aux élections, cette possibilité s’exerce dans les écoles, pendant une période de quatre semaines commençant huit jours après la rentrée et dans les établissements, pendant une période de quatre semaines précédant le jour du scrutin. Les représentants d’associations de parents d’élèves siégeant en conseil académique ou départemental de l’Éducation nationale peuvent bénéficier, selon les mêmes conditions, de l’accès à ces informations dans les établissements scolaires situés dans le ressort de ces instances collégiales, même si ces associations n’y sont pas représentées. 2 - Distribution de documents en vue des élections Conformément aux textes précités, la distribution, par l’intermédiaire des élèves, des documents relatifs aux élections des représentants de parents d’élèves, des bulletins et des professions de foi, doit s’effectuer dans des conditions de parfaite égalité de traitement entre toutes les listes présentes. Le contenu de ces documents ne fait pas l’objet d’un contrôle a priori. IV - Le rôle des associations de parents d’élèves présentes dans les établissements scolaires Dans le cadre de leur mission de représentation de membres de la communauté éducative et de leurs fonctions de médiation et d’information, les associations de parents d’élèves présentes dans l’établissement doivent pouvoir bénéficier d’un certain nombre de facilités. À cet égard, un chapitre fixant le cadre général de l’intervention des associations de parents d’élèves dans les EPLE, élaboré sur la base des instructions de la présente circulaire, peut utilement trouver sa place dans le règlement intérieur de ces établissements. Les facilités ainsi accordées sont mises en œuvre dans des conditions de stricte égalité entre les associations concernées et dans le respect des principes de fonctionnement du service public d’éducation (notamment, les principes de laïcité, de neutralité et de pluralisme). 1 - Moyens matériels d’action dans l’école ou l’établissement du second degré XII Toutes les associations de parents d’élèves présentes dans les établissements scolaires doivent disposer de boîtes à lettres et de tableaux d’affichage. Elles ne peuvent fixer leur siège social dans un local scolaire mais, en fonction des disponibilités de l’établissement, le chef d’établissement, après consultation du conseil d’administration de l’établissement, ou le directeur de l’école, avec l’accord du maire de la commune, peut mettre à leur disposition un local, de manière temporaire. Par ailleurs, si cela est matériellement possible et selon les mêmes procédures, une salle peut être mise en permanence à la disposition des parents d’élèves et ouverte aux associations de parents d’élèves présentes dans l’établissement. 2 - Activités à l’intérieur de l’établissement scolaire Le directeur d’école ou le chef d’établissement prend, en accord avec les responsables des associations présentes dans l’école ou l’établissement, toutes les mesures qui lui paraîtront nécessaires pour offrir à ces associations les meilleures possibilités de réunion dans l’enceinte scolaire, sans apporter de perturbation au fonctionnement de l’établissement. Il peut s’agir de réunions de travail ou d’information organisées à l’attention des parents d’élèves ou des élèves de l’établissement et prévoyant ou non la participation d’enseignants. Ces associations doivent également pouvoir proposer et organiser certains services en faveur des parents d’élèves ou des élèves, comme par exemple des prêts et bourses de livres. Ces réunions et services, qui sont directement liés aux activités d’enseignement ou présentent un intérêt particulier pour les élèves et les familles, apparaissent comme satisfaisant aux besoins de la formation initiale et continue et à ce titre ne relèvent pas de la procédure de l’article 25 de la loi du 22 juillet 1983 (article L. 212-15 du code de l’éducation) (cf. circulaires interministérielles du 22 mars 1985 et du 15 octobre 1993). Toutefois, bien que l’autorisation du maire ne soit pas en principe requise pour de telles utilisations des locaux scolaires, il convient qu’il en soit informé. En revanche, l’organisation, par une association de parents d’élèves, d’activités autres que celles se rattachant directement aux nécessités de la formation (comme des kermesses, des bourses aux vêtements, etc.) oblige à recourir à la procédure prévue à l’article L. 212-15 susvisé, qui est explicitée par les deux circulaires précitées. Le maire est, en effet, compétent pour décider de l’utilisation des locaux scolaires en dehors des périodes où ils sont utilisés pour les besoins de la formation initiale et continue. En conséquence, toute demande de cette nature formulée par une association suppose l’autorisation préalable du maire et l’accord de la collectivité territoriale propriétaire des locaux. Elle peut, éventuellement, faire l’objet d’une convention. V - La distribution de documents Les directeurs d’école et les chefs d’établissement doivent permettre aux associations de parents d’élèves de faire connaître leur action auprès des autres parents d’élèves. Les documents distribués par les associations à cet effet ne font pas l’objet d’un contrôle a priori. En tout état de cause, les propos qui y sont contenus sont soumis au respect de l’ordre public et ne doivent, ni présenter de caractère diffamant, injurieux ou outrageant, ni mettre en cause à titre personnel un membre de la communauté éducative, sous peine de la mise en œuvre de voies de droit, notamment pénales, à l’encontre de leurs auteurs. La diffusion de ces documents s’effectue sous la responsabilité de ces derniers. Tout document doit donc comporter l’indication de l’association de parents d’élèves qui l’émet ou l’identité de son auteur. 1 - En début d’année scolaire Les documents destinés aux familles doivent parvenir aux directeurs d’école ou aux chefs d’établissement au plus tard dans les trois jours suivant la rentrée scolaire, de manière à ce qu’ils puissent être remis aux élèves au plus tard à la fin de la première semaine de cours. L’égalité de traitement entre les associations implique que les opérations de distribution de leurs documents se déroulent simultanément et dans les mêmes conditions. Néanmoins, des documents remis en retard seront distribués dans les meilleurs délais. 2 - Les propositions d’assurances scolaires • Distribution des propositions d’assurances scolaires : Les associations de parents d’élèves sont les seules à pouvoir faire distribuer aux élèves des propositions d’assurances scolaires. La proposition d’assurance et le bulletin d’adhésion à l’association doivent être présentés en une seule fois, dans un seul document ou groupe de documents. Aucune XIII proposition d’assurance ne peut être faite en dehors de ces documents. • Information préalable des familles : Les directeurs d’école et les chefs d’établissement doivent rappeler aux familles que l’inscription d’un enfant dans un établissement scolaire, tout comme sa participation aux activités scolaires obligatoires, c’est-à-dire se déroulant dans le cadre des programmes et sur le temps scolaire, ne peut être subordonnée à la présentation d’une attestation d’assurance. L’assurance est toutefois vivement conseillée. À cet égard les familles doivent également être informées en début d’année, qu’elles ont le libre choix de leur assurance. L’assurance est en revanche obligatoire pour les activités facultatives auxquelles participent les enfants, comme certaines sorties scolaires, pour couvrir à la fois les dommages dont l’enfant serait l’auteur (assurance de responsabilité civile) ainsi que ceux qu’il pourrait subir (assurance individuelle - accidents corporels). En ce qui concerne le premier degré, il convient de se référer à la circulaire n°99-136 du 21 septembre 1999, relative à l’organisation des sorties scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires publiques. 3 - En cours d’année Au cours de l’année, pour faire connaître leur action auprès des parents d’élèves, les associations de parents d’élèves ont la possibilité de faire distribuer des documents d’information sur l’objet et les activités de l’association. Il peut s’agir, par exemple, de comptes rendus d’une assemblée générale de l’association, de réunions d’information ou d’activités organisées par elle. Ces documents sont distribués aux élèves, pour être remis à leurs parents, par l’intermédiaire du chef d’établissement ou du directeur d’école. Afin de faciliter la distribution de documents à diffusion sélective, chaque association définit, pour chaque document, les groupes d’élèves à qui elle souhaite qu’il parvienne. Le travail matériel préalable à la distribution revient aux associations concernées. Organisées dans le cadre d’une concertation entre ces associations et le directeur d’école ou le chef d’établissement, ces distributions doivent rester compatibles avec le bon fonctionnement du service public. Annexe 1 - Associations de parents d’élèves représentées au plan national FCPE Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (reconnue d’utilité publique) 108-110, avenue Ledru-Rolin, 75011 Paris Tél. 01 43 57 16 16 PEEP Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (reconnue d’utilité publique) 89-91, boulevard Berthier, 75017 Paris Tél. 01 44 15 18 18 UNAAPE Union nationale des associations autonomes de parents d’élèves (reconnue d’utilité publique) 42, rue Carves, 92120 Montrouge Tél. 01 40 92 16 61 2 - Associations représentées au plan départemental ou académique Préciser également, le cas échéant, les noms et adresses des responsables locaux de ces associations. 3 - Associations de parents d’élèves non affiliées existant éventuellement XIV au niveau local Préciser les noms et adresses des responsables et le ressort de chaque association. © Ministère de l’Éducation nationale, Direction de l’Enseignement scolaire - 1er juin 2001 de l’Enseignement supérieur et de la Recherche - http://eduscol.education.fr/D0028/04_2001.htm LES RELATIONS FAMILLE - L’ECOLE. RESUME : Lorsqu’il est confronté à des problèmes de relation, l’enseignant a un rôle délicat mais important à jouer. Il ne peut se contenter que de faire des constats. Les rapports école/familles semblent parfois compliqués car chacun à sa propre conception et ses objectifs qui peuvent être divergents. L’objectif étant le développement de l’enfant, l’évolution de l’élève dans ses apprentissages. Ceux-ci doivent être fédérateurs des rapports entre les enseignants et les parents. MOTS CLES : communication / relation parent-enseignant / évolution de l’éducation.