Aider les élèves en difficulté et les redynamiser dans leur scolarité

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Aider les élèves en difficulté et les redynamiser dans leur scolarité
Académie de Corse
Lycée Laetitia Bonaparte, Ave Napoléon III BP 845, 20192 Ajaccio Cedex 4
Monsieur GAVALDON Eric
Professeur d’économie&Gestion
Professeur principal classe de seconde 2 IGC
Bilan 2006-2007 du
PROJET SPÉCIFIQUE CLASSE DE SECONDE
Aider les élèves en difficulté et les redynamiser dans leur scolarité au lycée
LE CONSTAT
Le lycée Laetitia Bonaparte accueille chaque année une forte proportion d’élèves en difficulté scolaire :
• Niveau de compétences insuffisant dans les différentes matières
• Problèmes de méthodes de travail
• Forte augmentation des redoublements
Le chef d’établissement a donc décidé de lancer un projet de remédiation des difficultés, qui dans un premier
temps ne concernerait qu’une seule classe de seconde « à profil fragile ». Pour l’année 2006-07, le choix a été
fait d’une classe de seconde IGC.
RAPPEL DES OBJECTIFS
FAIRE ACQUÉRIR DES MÉTHODES DE TRAVAIL :
ƒ Apprendre à gérer son temps et à planifier son travail,
ƒ Savoir prendre un cours et l’exploiter efficacement,
ƒ Restituer ses connaissances et bien communiquer à l’oral comme à l’écrit,
ƒ Identifier ses lacunes ou ses points faibles et trouver le soutien nécessaire.
REMOTIVER ET DONNER L’ENVIE D’APPRENDRE :
ƒ Apprendre autrement (projets interdisciplinaires),
ƒ Travailler sur l’orientation (intervention du conseiller d’orientation-psychologue, groupe de parole et
entretiens),
ƒ Offrir une aide psychologique pour une meilleure image de soi,
ƒ Evaluer les compétences et valoriser la progression de l’élève (évaluation formative).
JETER LES BASES D’UNE SCOLARITE RÉUSSIE : « FAIRE MONTER» EN CLASSE DE PREMIÈRE
DES ÉLÈVES
ƒ Compétents, et
ƒ Motivés : élaboration de projets d’étude (travail sur l’orientation).
OBJECTIF LIÉ AU PROJET D’ÉTABLISSEMENT :
ƒ Construire un projet transposable aux autres « classes fragiles ».
LE PROFIL DE LA CLASSE
LA CLASSE LA PLUS FAIBLE ET LA PLUS DURE DEPUIS 4 ANS !
Classe de 31 élèves dont 14 doublants
Affiche les plus mauvais résultats de l’ensemble des 2ndes au devoir commun de sept 2006.
Décision de mettre en place le suivi individualisé (tutorat) pour 22 élèves sur 31.
LE POIDS DES DIFFICULTÉS
L’examen des dossiers scolaires montre que ces élèves sont submergés par leurs difficultés et leurs lacunes,
parfois depuis le début des années collège.
E.GAVALDON, Professeur Eco Gestion – juin 2007
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Nous diagnostiquons très vite des élèves en quasi rupture avec l’institution ; rupture passive de ces jeunes qui
subissent leur scolarité au lycée, la vivent parfois comme un enfermement et affichent une dramatique absence
de motivation.
ABSENCE DE DYNAMIQUE DE GROUPE ET MAUVAIS ESPRIT
L’origine de ce phénomène tient mécaniquement dans la concentration d’élèves en difficulté sur cette même
classe. L’absence de « têtes de classe » fait que les élèves ne peuvent être tirés vers le haut.
Peut être aussi la démarche de contrat n’aura-t-elle pas été menée avec suffisamment de détermination auprès
des élèves et de leurs familles. L’adhésion du jeune ET de ses parents est en effet indispensable à la réussite du
projet de scolarité proposé par le lycée.
Nous déplorons surtout le « déficit » d’une sortie pédagogique en début d’année ! Il était certainement crucial
de réaliser tôt dans l’année une telle action avec cette classe. Nous aurions ainsi pu bénéficier de tous les effets
mesurés les années précédentes en termes d’amélioration des relations profs/élèves et d’émulation au travail.
Un mauvais esprit collectif est apparu et s’est traduit par un refus d’adhérer aux actions de l’équipe
pédagogique. Cela nous a même amenés à renoncer à la réalisation de projets interdisciplinaires.
Cette lourdeur collective a pu être vérifiée au sein des groupes décloisonnés de langue. Les élèves de la 2nde 2
se sont en effet distingués par leur manque d’entrain et de participation.
LE BILAN SCOLAIRE
DES DÉCISIONS SANS COMPLAISANCE
L’équipe pédagogique a prononcé des avis au mieux de l’intérêt des élèves :
• Éviter la fuite en avant qui conduit à l’échec,
•
Aider l’élève à définir un projet personnel cohérent et motivant
L’équipe a pris ses décisions au regard aussi de sa responsabilité vis-à-vis des classes de 1ères :
•
Éviter la constitution de classes de premières au niveau trop faible et trop difficiles à gérer pour les
collègues qui en hériteraient,
•
Éviter les classes peu studieuses dans lesquelles les élèves motivés ne pourraient pas profiter des
enseignements.
Les avis prononcés :
20 passages en 1ère
5 cas de réorientations préparées et suivies
3 cas d’avis défavorables au passage en 1ère : (dossiers de commission d’appel)
1 cas de rescolarisation sur le continent
2 cas de déscolarisation au cours du 3e trimestre
DES ÉLÈVES QUI ONT PROGRESSÉ !
Au vu des résultats aux devoirs communs maths-français, les élèves qui ont validé leur passage en classe de 1ère
ont progressé au cours de l’année.
Même si l’examen des bulletins ne nous autorise pas à afficher une orgueilleuse satisfaction de pédagogue, la
progression de ces élèves est réelle dans :
•
leur capacité à suivre un cours de façon profitable,
•
le travail dirigé en classe et les travaux de groupe,
•
leurs habitudes de travail personnel,
•
la définition de leur projet d’études qui donne un sens à leur scolarité.
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Ces élèves ont évolué dans leur relation à « l’école ». Ils ont correctement répondu aux sollicitations de l’équipe
et n’auraient peut être pas connu pareille progression dans un autre groupe classe.
LE FONCTIONNEMENT DE L’ÉQUIPE
UN TRAVAIL D’ÉQUIPE :
Un des axes forts du projet est le travail en équipe. Nous nous sommes attachés depuis trois ans à donner du
sens au terme d’équipe pédagogique.
Nous partageons des valeurs communes, sommes en accord sur les finalités du projet et ses enjeux, même si
nous n’avons pas tous forcément la même vision de chaque problème ou les mêmes pratiques pédagogiques.
Nos différences sont d’ailleurs source de richesse.
Nous avons enfin la volonté d’agir ensemble : un langage commun est tenu aux élèves, à qui nous offrons un
encadrement cohérent.
DES ÉCHANGES RÉGULIERS ET NOURRIS :
La réunion de prérentrée est l’occasion de définir les modalités de la communication au sein de l’équipe :
échange et mise à jour des n° de tel et des adresses de messagerie ; accord sur la circulation des infos entre
nous, avec la direction de l’établissement, la vie scolaire, les familles.
De façon formelle, nous décidons de la tenue de réunions de concertation régulières. Mais les échanges se font
par tous les canaux à notre disposition : téléphone, missives dans les casiers, messages électroniques, sans parler
des conversations informelles et néanmoins très riches qui se tiennent spontanément en salle des professeurs ou
dans les couloirs.
Le professeur principal, coordonnateur du projet, a la responsabilité de s’assurer que les infos importantes sont
bien répercutées à l’ensemble de l’équipe.
LE CADRAGE EFFICACE DE LA CLASSE :
Le comportement collectif du groupe nous a posé des problèmes : oubli délibéré de matériel, absentéisme parfois
concerté, refus de travail (en classe et à la maison), impertinences, perturbations des cours par des bavardages ou
des amusements, prémices de frondes collectives.
Le travail des enseignants n’a donc pas été de tout repos et les rapports se sont avérés tendus à de nombreuses
reprises.
La communication au sein de l’équipe, qui intègre la conseillère principale d’éducation et la conseillère
d’orientation-psychologue, a permis :
•
une gestion réactive de la classe :
o application de sanctions (heures de retenue, avertissements, exclusions temporaires)
o entretiens avec les familles.
•
La prévention des débordements et la maîtrise du groupe.
LE TUTORAT : INDISPENSABLE MAIS LOURD À MENER !!
INDISPENSABLE :
Le suivi individualisé est véritablement au cœur du projet et répond à un besoin fondamental de ce type d’élèves.
J’en rappelle les principes :
•
•
•
•
Désignation d’un adulte référent qui doit établir une relation de confiance avec l’élève et faire le lien
avec les autres professeurs, conseiller d’orientation-psychologue, CPE, assistante sociale, proviseur…
Un soutien psychologique : entretien, écoute active, remotivation
Un lien avec les familles :
o Faire adhérer
o Informer régulièrement : idée de parents-partenaires ;
o Valoriser les réussites de l’élève auprès des siens
Un soutien méthodologique :
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o
o
o
La gestion du temps
La tenue des cours
Les révisions : placer l’élève dans une stratégie de restitution
UN INVESTISSEMENT À FONDS PERDUS !
Il s’agit d’un exercice exigeant et contraignant pour le professeur. Il nécessite de savoir mener une approche
bienveillante et empathique de l’élève afin de créer efficacement la relation de confiance.
Par ailleurs, il réclame un effort d’organisation parfois difficile et une grande disponibilité d’esprit.
Les séances demandent une préparation spécifique en fonction des objectifs de travail retenus.
Les élèves submergés par leurs difficultés n’ont pas répondu à l’appel ! Ils ont oublié nos rendez-vous, ou bien
ils s’y sont présentés sans aucune intention de travail ni de discussion constructive…
Les élèves qui avaient le plus besoin de nous nous ont mis en échec !
Ainsi, certaines situations très décourageantes nous ont amenés à changer de stratégie vis-à-vis de ces élèves
et à envisager pour eux une réorientation.
En outre, elles ont mis en lumière notre manque de savoir faire quant à faire adhérer un adolescent à un projet
normalement bénéfique pour lui.
LOURDEUR DU FORMALISME
Dès lors, le formalisme, nécessaire pour la justification des moyens demandés, est devenu bien pénible pour les
professeurs.
L’ÉTUDE DIRIGÉE : NÉCESSAIRE MAIS MAL PERÇUE PAR LES ÉLÈVES
L’étude dirigée répond à un besoin réel de l’élève.
Lors de l’année scolaire 2005-2006, la mise en place de ce dispositif avait été un succès. La classe avait exprimé
d’inévitables réticences lors de la mise en place de cette heure hebdomadaire mais les séances s’étaient révélées
très efficaces.
Conseillés par les enseignants, les élèves programmaient leur travail et préparaient les supports nécessaires
(manuels, cours…).
Cette année, en raison du mauvais esprit qui présidait dans les rapports profs-élèves, le bilan de ces séances est
assez terne.
Les premières semaines ont été plutôt encourageantes, avec de l’engagement dans le travail et de l’entraide. Mais
l’influence négative de certains élèves a fait perdre à l’étude son efficacité. Les séances sont devenues peu
productives.
Cela dit, l’étude dirigée a permis de proposer aux élèves des apports méthodologiques :
• Réflexion collective sur son engagement dans le travail, sur ses motivations, sur ses projets ;
• La gestion de son temps personnel pour l’organisation de son travail à la maison ;
• La révision efficace d’un contrôle ;
• La construction de son projet d’orientation (recherche et analyse des informations) .
A ce niveau encore, on constate que les élèves les plus concernés par ce dispositif sont ceux qui ont cherché à
s’en détourner. On retrouve donc le problème central de l’adhésion de l’élève en difficulté !
DES PROJETS INTERDISCIPLINAIRES REPORTÉS
Très tôt dans l’année, nous avons déploré dans nos échanges l’impossibilité de lancer rapidement notre première
action interdisciplinaire.
En raison de travaux dans la structure chargée de nous accueillir, le voyage d’étude lié au PAE « Apprendre
Autrement » a dû être reporté au mois de mars.
E.GAVALDON, Professeur Eco Gestion – juin 2007
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Le défaut d’adhésion collectif et la mauvaise dynamique du groupe ont engendré des relations de plus en plus
tendues entre les élèves et leurs professeurs. La relation de confiance avec le groupe s’est étiolée et nous a
conduits finalement à renoncer à nos projets.
Ainsi, les projets « Justice » et « Apprendre autrement » n’ont pas été réalisés. La décision a été prise par
l’équipe de reporter ces actions à l’année prochaine, malgré le lourd travail de préparation du contenu
pédagogique, d’organisation et de recherche des financements.
Nous avons considéré que la relation de confiance était rompue et que nous prendrions des risques à conduire
cette classe à l’extérieur du lycée ; que la priorité était alors de cadrer le groupe en le recentrant sur les exigences
du programme de seconde.
LE DISPOSITIF RENFORCÉ POUR LES MATHÉMATIQUES
BILAN DE L’ANNÉE 2006- 2007 EN MATHÉMATIQUES
DANS LA SECO NDE 2
(rédigé par Michèle PASQUIER)
1.
L’EVALUATION DANS MES CLASSES.
•
•
•
•
•
2.
L’EVOLUTION DE MES PRATIQUES.
•
•
3.
Tests pour vérifier l’apprentissage une fois par semaine notés sur 5 ou 10 points.
Tests de calcul mental sur 10 points.
Devoirs-maison différenciés une fois par mois.
Contrôles une fois par mois : bilan des acquis sur 2 chapitres.
Dossier une fois par trimestre sur l’histoire des maths pour valoriser les non scientifiques.
Découverte des travaux d’OBATON et LOMER sur l’académie de Chambéry : travailler au
collège avec des grilles de compétence.
Objectifs :
- Faire acquérir le maximum de compétences exigibles à chaque élève.
- Avoir une connaissance plus fine des acquis et des échecs de chaque élève
- Permettre à l’élève de rattraper des compétences non acquises auparavant.
MA DECISION DURANT L’ETE 2006.
J’ai demandé à travailler avec l’équipe d’Eric Gavaldon pour accompagner durant une année scolaire des
élèves en grande difficulté. Je suis convaincue de la nécessité d’un travail spécifique avec des élèves
spécifiques.
En mathématiques, la mise en place des grilles de compétences est un moyen d’aider ces élèves en grande
difficulté à progresser.
J’ai choisi cette pratique parce qu’elle permet de cerner les difficultés individuelles des élèves et de leur
donner envie de retravailler leurs lacunes et donc de progresser.
4.
DANS LA PRATIQUE.
Compte tenu de la constitution de la classe, je me suis fixée de ne travailler que les chapitres du
programme de Seconde nécessaires en Première et Terminale STG. J’ai donc laissé de côté les valeurs
absolues, les configurations et transformations, les triangles et la géométrie dans l’espace.
L’aide individualisée, séance du vendredi de 15 à 16 h, avait pour but :
- d’apprendre ensemble la leçon qui serait récitée le mercredi à 8h.
- de permettre aux élèves de se faire à nouveau tester sur des compétences précédentes
(note modifiée). Ils m’annonçaient le mercredi à 10h sur quelles compétences ils voulaient être testés le
vendredi. Je pouvais avoir 3 ou 4 sujets différents à préparer.
- de se faire ré-expliquer des notions. Les élèves annonçaient en début de séance les points qu’ils
voulaient retravailler. Ils devaient ressortir plus riches qu’à l’entrée.
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Remarque :
La diversité des activités et le nombre d’élèves présents laissaient penser que deux animateurs seraient
bienvenus. Dans la réalité, l’intervention de la surveillante Hélène, licenciée en math et préparant le
CAPES me soulageait mais les élèves rechignaient à travailler avec elle.
POURQUOI ?
Ces élèves sont en si grande difficulté qu’il leur faut des repères permanents, des situations rassurantes
permanentes. Ils n’ont aucune capacité d’adaptation. Bien au contraire, toute situation non rassurante leur
rappelle leur passé immédiat d’échec scolaire et les bloque. Ils ont sans arrêt besoin d’être encouragés et
stimulés. A titre d’exemple, il est curieux de constater qu’une notion mal comprise en 5e reste difficile
parce que bloquante même en Seconde. Ils sont davantage à l’aise devant une notion nouvelle souvent
plus difficile.
Le discours commun de l’équipe pédagogique de Seconde 2 est le facteur essentiel du recadrage de ces
élèves.
Ils croient en nous, en notre volonté de les aider à progresser. Hélène était considérée comme extérieure à
l’équipe.
Les grilles de compétence jouent un rôle motivant. Les élèves prennent conscience de ce qu’ils savent
faire et ne pas faire en ayant devant les yeux ces points vert, orange ou rouge.
Ces élèves travaillent dans le court terme. Il leur faut des résultats immédiats s’ils ont fourni un effort
ponctuel.
Dans le même ordre d’idée, voici un élément qu’il me semble important de mentionner. Il concerne
l’évaluation commune de math de fin de seconde. Cet exercice, pour des élèves de niveau moyen me
semble très bénéfique dans la mesure où il donne l’occasion de réviser le programme de toute l’année. Il
permet aussi aux élèves de se situer par rapport à toutes les Secondes.
En revanche, pour nos élèves de Seconde 2, dont 11 redoublants, qui ont eu 4,4 de moyenne à l’évaluation
de math de septembre et 4,8 à celle de français, cette évaluation du mois de mai est catastrophique.
- Ils sont incapables de réviser seuls un programme annuel.
- Ils sont incapables de s’adapter au travail proposé : savoir choisir les exercices à traiter, savoir repérer
ceux qu’ils étaient capables de traiter. Il faut pour cela un certain recul qu’ils n’ont pas.
- Ils sont incapables de chercher un problème mettant en oeuvre plusieurs compétences.
Cette évaluation a été pour eux un coup de massue et leur réaction : « Finalement, on est toujours aussi
nuls ».
Cet état de fait est regrettable car, même si ces élèves n’ont pas les résultats souhaitables en math en fin de
Seconde, ils ont néanmoins, pour la grande majorité, retrouver des habitudes de scolarité :
- venir en classe.
- participer à une ambiance de classe studieuse, la respecter et en comprendre les bienfaits.
- apprendre ses leçons.
- rendre autre chose qu’une copie blanche.
Pour revenir sur l’expérience menée avec les grilles de compétences, il est important de bien évaluer la
charge de travail qu’elle engendre. Les grilles existent au collège parce que constituées notamment par
OBATON. Elles n’existent pas au lycée. Il faut donc au préalable constituer un livret d’élève contenant
les compétences par chapitre. L’élève a son livret inséré dans son classeur. Durant l’année, chaque test,
contrôle, devoir maison doit faire apparaître en en-tête une grille des compétences mises en jeu. Le
professeur, pour chaque copie, remplit l’en-tête mais aussi note pour lui sur ordinateur les résultats
obtenus à chaque compétence pour chaque élève. Ce n’est pas seulement une note à recopier. Avec les
Seconde 2, il fallait de plus les aider à gérer le livret. Il y a aussi les tests de rattrapage qui permettent de
valider d’anciennes compétences non acquises et là encore, il faut mettre à jour le dossier professeur et le
dossier élève.
Notre évaluation n’étant pas, au lycée Laetitia, basée sur le nombre de compétences acquises, le
professeur doit aussi constituer un barème, mettre des notes chiffrées aux différents travaux et faire des
moyennes. Ce n’est pas l’esprit de l’évaluation à partir de grilles de compétences.
Je n’ai tenu que le premier trimestre. Les élèves ont regretté l’abandon mais au bout de 15 jours, ils
avaient oublié. J’aurais peut-être eu besoin qu’ils me stimulent…
5.
CONCLUSION.
Notre équipe permet à des élèves non scolaires de travailler à trouver leur juste place. Certains ont réussi
leur « réinsertion » et peuvent passer en Première STG. D’autres ont découvert que leur place n’était pas
au lycée et ont choisi une autre orientation.
Il est intéressant de noter que dans cette classe de 32 élèves dont 11 redoublants
- seules 3 familles ont fait appel.
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- le jeune ne s’est pas toujours présenté.
Quand une équipe d’enseignants donne beaucoup à un jeune, ce jeune ne peut plus se contenter de
critiquer l’école et les profs ; il prend conscience de qui il est vraiment.
LE TRAVAIL DE RÉORIENTATION
UN TRAVAIL AVEC LA CONSEILLÈRE D’ORIENTATION-PSYCHOLOGUE
Malgré sa charge de travail, Mme SÉRÉ l’unique conseillère d’orientation-psychologue d’un lycée de 1500
élèves a tenu à s’inscrire personnellement dans le travail de l’équipe pédagogique.
Dès le 12 octobre, nous lui avions demandé de convoquer et de recevoir une série de neuf élèves. Nous lui
expliquions qu’ils devaient définir avec elle un projet d’orientation afin de retrouver une motivation par rapport
au travail que nous leur demandions. Certains d’entre eux présentaient des particularités pathologiques qui
dépassaient notre champ de compétences : grande fragilité psychologique, forte dyslexie, instabilité…
7 de ces élèves feront l’objet d’une réorientation ou d’une re-scolarisation hors de notre établissement.
Ceci est l’illustration du travail engagé tout au long de l’année en collaboration la plus étroite possible avec Mme
SÉRÉ. Celle-ci a assuré en direct le suivi individualisé de nos « cas lourds ».
Grâce à ses interventions, des situations très problématiques ont été dénouées.
UN TRAVAIL AVEC LA VIE SCOLAIRE
Une collaboration étroite entre le professeur principal et la CPE est indispensable pour le cadrage de la classe.
Mais au-delà, le service de vie scolaire a joué un rôle très actif dans l’accompagnement des familles, dans les
démarches liées aux réorientations : organisation des « stages découverte » avec les lycées professionnels,
informations et assistance des familles pour les formalités à accomplir.
Ces actions contribuent à éviter que des élèves ne sortent du système scolaire sans qualification. Elles permettent
aussi de mettre en lumière le problème suivant.
LE DÉFAUT D’UNE ORIENTATION ÉCLAIRÉE ET RÉUSSIE A L’ISSUE DE LA 3e
Ces élèves que nous n’arrivons pas à remettre sur les rails du lycée n’ont en fait aucune vocation et donc aucune
ambition à y réussir. Leur motivation est ailleurs. Une fois certains freins levés, ces élèves arrivent à se projeter
dans un projet d’études professionnalisantes.
Il faut plaider en faveur de la nécessaire revalorisation de l’image des filières professionnelles et d’apprentissage.
Car il est de notre responsabilité d’éviter que des élèves ne perdent deux années au lycée pour, finalement,
demander leur intégration en filière professionnelle.
Dans quelle mesure ne serait-il pas possible de réorienter certains de ces élèves en cours de trimestre, en
profitant de places laissées vacantes en filières professionnelles par des désistements ?
DE LA DIFFICULTÉ À FAIRE ADHÉRER LES ÉLÈVES EN ÉCHEC
Nous sommes ici au cœur des problèmes rencontrés au cours de cette année !
LES ÉLÈVES EN ÉCHEC NOUS METTENT EN ÉCHEC !
Malgré les lectures dont nous nous sommes inspirés sur la « Psychologie de l’engagement » (Joule & Beauvois,
universités de Provence et de Nice), les références aux travaux d’André de PERETTI et de François
MULLER, et les idées « glanées » dans le dispositif national d’innovation pédagogique, force est de constater
que nous « ne savons pas faire » !
LA NÉCESSAIRE FORMATION DES PROFESSEURS
Nous avons besoin d’acquérir de nouvelles compétences par le biais de formations spécifiques.
Pour la 3e année consécutive, je prétends que l’équipe pédagogique doit être formée :
ƒ
au diagnostic des méthodes de travail de l’élève et de son profil cognitif,
ƒ
à l’écoute active et à la psychologie de l’adolescent
ƒ au travail en équipe
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ƒ
aux techniques d’apprentissages : apprendre à apprendre.
VERS L’ÉCHANGE DE PRATIQUES
Nous pourrions aussi construire nos savoirs faire, développer nos propres outils grâce aux échanges de pratiques,
…à condition d’en avoir le temps. Il serait indispensable que l’ensemble de l’équipe dispose d’une plage
hebdomadaire au cours de laquelle les collègues pourraient travailler ensemble ; ou bénéficier d’une ½ journée
de regroupement à fréquence régulière.
NOS PROPOSITIONS POUR L’ANNÉE 2007-2008
UN CADRE MOINS CONTRAIGNANT
Nous souhaitons fonctionner plus légèrement, sur le volontariat des profs et des élèves, avec peu de formalisme
et sans obligation de résultat (ce qui sera peut être le meilleur moyen d’en obtenir !) en ce qui concerne :
•
Le tutorat
•
La participation aux ateliers méthodologiques
•
Le suivi de la cohorte
Le paiement de ces interventions serait effectué par des HSE, en fonction des états produits par chaque collègue.
LA FORMATION DE L’ÉQUIPE
La formation de l’équipe aux apprentissages méthodologiques, qui devra intervenir le plus tôt dans le trimestre
pour être porteuse. Dès la rentrée, le professeur principal soumettra au proviseur une demande de formation,
avant transmission à la DAFIP.
LES ÉCHANGES DE PRATIQUES
Pour la préparation des ateliers méthodologiques, l’équipe peut construire ses propres savoir-faire grâce à la
méthode des échanges de pratiques.
Nous souhaiterions obtenir une ½ journée par mois, sur laquelle nous serions dispensés de cours afin de
constituer une « boite à outils » commune.
LA RÉALISATION DES PROJETS INTERDISCIPLINAIRES
•
Le projet Galeria :
La programmation du PAE « Apprendre autrement » sur le 1er trimestre qui se déroulera sur le site de
Galeria, les 17,18 et 19 octobre. Le contenu pédagogique sera centré sur la réalisation collaborative
d’un document multimédia : l’hyper paysage.
•
Le projet Justice :
Si, comme nous l’espérons, nous arrivons à instaurer une bonne dynamique de groupe grâce au PAE,
nous engagerons la classe sur le projet Justice qui sera conjointement mené en français et en ECJS.
AMÉNAGEMENTS PRÉVUS PAR LA DIRECTION DU LYCÉE
POUR LA RENTRÉE 2007
Le projet 2nde 2 serait moins lourd mais étendu à deux autres secondes: une autre à profil I.G.C et la 3e à profil L.
L’AIDE INDIVIDUALISÉE RENFORCÉE EN MATHS ET FRANÇAIS :
Sur ces 3 classes de niveau faible, l'aide individualisée serait organisée pour tous au 1er trimestre en les mettant
sur une même plage horaire et avec 5 profs en français et 5 en math.
Cette AI ne serait plus vraiment de l'aide individualisée - puisque les groupes seraient de 20 - mais plutôt des
ateliers de remédiation. Dans l'atelier 1, il serait annoncé qu'on travaille telles compétences pendant 3
semaines, dans l'atelier 2, telles autres compétences… il y a donc l'idée de travailler à la définition de grilles de
compétences ou d’un livret individuel de compétences.
Il est donc envisagé un décloisonnement des trois classes sur les créneaux de l’AI. De plus, la nécessaire
préparation des ateliers et de l’évaluation des compétences favorisera les échanges de pratiques entre collègues.
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Éventuellement, ces séances d’AI pourraient concerner d'autres disciplines. L’ensemble de l’équipe sera
disponible sur ces horaires. Les collègues pourront intervenir, selon ce qui sera arrêté lors de la pré-rentrée, sur
ces ateliers méthodologiques au profit de l’acquisition de compétences transversales.
UNE CONCRÉTISATION DE NOS PROPOSITIONS :
Dans la monographie 2004-2005, nous écrivions :
« La principale difficulté concernait la cohérence de l’emploi du temps des élèves et des services des
professeurs. Il sera nécessaire d’intégrer l’heure de tutorat dans l’emploi du temps de l’élève, par exemple en
parallèle des heures d’aides individualisées (français et maths). De plus, il sera indispensable que les
professeurs de l’équipe pédagogique impliqués dans le tutorat soient déchargés de cours sur ces deux plages
horaires. »
Les aménagements prévus pour la rentrée 2007 reprennent donc nos recommandations tout en renforçant le
dispositif de l’aide individualisée pour une plus grande efficacité de notre action.
Nous nous félicitons bien évidemment des propositions du Proviseur qui engagent des moyens
supplémentaires au profit du soutien des élèves en difficulté, en étendant le dispositif à trois classes, ce qui était
une des finalités de l’action innovante !
DANS LA PERSPECTIVE DU NOUVEAU PROJET D’ÉTABLISSEMENT :
QUATRE PISTES POUR LA PRISE EN COMPTE DES ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ
MIXER LES OPTIONS SUR LES CLASSES DE 2nde :
1.
Il s’agit de diluer les difficultés afin d’obtenir des classes moins lourdes et de permettre aux élèves d’être tirés
vers le haut par leurs pairs ;
Les classes fragiles devraient être confiées à des équipes pédagogiques volontaires et motivées, disposant de
moyens spécifiques du type de ceux dont nous avons bénéficié depuis deux ans (la certitude d’être rétribué pour
le travail supplémentaire inhérent au suivi de ces classes)
Le rôle du PP sur ce type de classe devrait être défini : animateur et coordonnateur de l’équipe, chargé
éventuellement de son recrutement.
2.
ÉVITER LES REDOUBLEMENTS
L’article 34 de la loi d’orientation du 23 avril 2005 offre un cadre réglementaire à l’expérimentation portant sur
l’enseignement des disciplines et l’organisation pédagogique.
•
DES PROGRAMMES DE SECONDE IGC ADAPTÉS
Traditionnellement, les élèves orientés en IGC ont des lacunes dans les matières scientifiques. De plus, à plus de
90%, ils désirent poursuivre en STG où ils abandonneront physique-chimie et SVT, ainsi qu’une partie du tronc
commun de mathématiques.
Il serait ainsi possible d’envisager des programmes allégés dans les matières scientifiques et une progression
adaptée afin de permettre aux élèves de s’ouvrir à ces matières sans qu’ils se sentent submergés.
Des programmes allégés et ciblés leur permettraient d’être plus solidement préparés pour suivre et réussir en
classe de 1ère.
•
CRÉATION D’UNE CLASSE DE 1ère SPÉCIFIQUE
Face à l’échec très récent des réorientations sur lesquelles le lycée s’était lourdement engagé (rejet des demandes
d’inscription en lycées professionnels) et pour ne pas se résoudre à laisser des jeunes sortir sans qualification du
système scolaire, il pourrait être envisagé d’accueillir ces élèves dans un cycle de préparation au Bac STG en
trois ans.
Cela supposerait d’adapter la progression pédagogique de chaque matière.
Cette classe reposerait sur une équipe pédagogique volontaire et stable : la recherche des volontaires serait un
travail à mener finement.
E.GAVALDON, Professeur Eco Gestion – juin 2007
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Académie de Corse
Lycée Laetitia Bonaparte, Ave Napoléon III BP 845, 20192 Ajaccio Cedex 4
Elle accepterait ce travail spécifique sur l’aménagement des programmes et assurerait le suivi de la cohorte
jusqu’au Bac.
L’équipe disposerait de moyens en heures pour de régulières concertations et bénéficierait d’une formation
spécifique.
L’inscription des élèves dans cette classe se ferait sur la base d’une information préalable des familles et d’une
démarche volontaire de leur part pour adhérer au dispositif (contractualisation).
3.
FORMATION DES ÉQUIPES
Les professeurs susceptibles d’intervenir sur les classes fragiles, toutes disciplines confondues, devraient détenir
des connaissances et des savoirs faire(s) en matière de communication efficace et des enseignements
méthodologiques.
En outre, ils devraient être systématiquement incités à travailler en équipe.
4.
ACTUALISER LE DIAGNOSTIC
L’évaluation des difficultés des élèves et les indicateurs pris en compte sont à actualiser.
Le lycée Laetitia procède à des évaluations communes à tous les élèves de seconde en maths et en français (en
début et en fin d’année). Ce dispositif pourrait être réexaminé dans le but de l’affiner.
Mais plus certainement, il devrait être complété par le croisement systématique d’informations en provenance
des collèges : les relevés de notes de 3e informatisés, qui servent actuellement à la gestion des affectations sur les
options de 2nde ; et les notes du Brevet des collèges, qui devraient systématiquement suivre le dossier de l’élève
sur son lycée d’affectation.
E.GAVALDON, Professeur Eco Gestion – juin 2007
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