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magsacem n° 87 Le magazine des sociétaires Sacem Mai-août 2013 Réseaux sociaux Mon univers incontournable ! Page > 06 11 > Décryptage Espagne Copie privée terrassée, culture déglinguée ! 16 > Coulisses Taratata C’était l’autre télé live ! 02 Échos | à la une | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda Échos 03 L’ édito Rapports Débat Ircam/sacem L’heure de vérité Lescure : globalement positif ! Face à l’oubli numérique Le 13 mai, Pierre Lescure a remis son rapport au président de la République. Intitulé Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique, ce rapport confirme la garantie de la juste rémunération des créateurs à l’ère numérique. Un signe positif pour la Sacem qui se félicite de voir prises en compte certaines de ses propositions. Laurent Petitgirard et Jean-Noël Tronc avaient formulé plusieurs pistes parmi lesquelles la valorisation de l’offre légale, le renforcement du dispositif de la copie privée et l’adaptation de la fiscalité aux enjeux du numérique. D’autres propositions figurent dans ce document comme le soutien à la gestion collective ou encore la volonté affirmée de favoriser l’accès de tous à la culture. La Sacem déplore toutefois que la mission ne se soit pas emparée de la question de l’exposition musicale à la télévision, via la mise en place d’obligations d’investissement et de diffusion. Un sujet inquiétant qui mobilise plus que jamais la Sacem. Eh bien, le rapport Lescure aura au moins le mérite de forcer nos gouvernants à se prononcer clairement, et nous pourrons apprécier, à la lueur de ce qu’il restera de ses propositions les plus significatives, leur détermination à soutenir la création et sa diffusion. En attendant, je leur suggère d’écouter Tout un monde lointain, le magnifique concerto pour violoncelle et orchestre d’Henri Dutilleux, immense compositeur, sorte de « trésor national », que le monde de la musique a salué, lors de son enterrement à Paris, en l’absence de tout représentant de l’État. • Laurent Petitgirard, compositeur, chef d’orchestre, membre de l’Institut et président du Conseil d’administration de la Sacem Contrôle : des progrès remarqués Dans son rapport annuel, la Commission permanente de contrôle des sociétés de gestion collective, émanation de la Cour des comptes, souligne les progrès de la Sacemsur sa gestion. Elle relève des avancées significatives dans les domaines tels que la gestion de la trésorerie et les placements, la comptabilité, la politique salariale et le contrôle des rémunérations, la procédure d’engagement des frais… Hommages Henri Dutilleux, Georges Moustaki, Teri Moïse • \ Pour en savoir plus : sacem.fr. Triste printemps, avec les disparitions de trois grandes figures de la Sacem. L’ immense compositeur Henri Dutilleux s’est éteint le 22 mai. Plusieurs de ses œuvres ont été créées par des interprètes majeurs du xxe siècle, dont Mstislav Rostropovitch. Maintes fois récompensé, Henri Dutilleux a notamment remporté le Grand prix national de la musique pour l’ensemble de son œuvre. La Sacem lui avait remis, en 2010, la médaille d’or Sacem, afin de lui témoigner sa reconnaissance, son admiration et saluer son exceptionnelle carrière. Le 23 mai, c’est une autre grande figure de la création musicale qui nous quittait : Georges Moustaki, dont le nom restera lié à l’une des plus belles pages de notre patrimoine. Ambassadeur de la francophonie aux quatre vents, il est l’auteur de chefs-d’œuvre tels que Milord, Le métèque ou encore Ma liberté. Parmi les interprètes célèbres qui ont porté sa parole, Édith Piaf, Barbara, Serge Reggiani, Henri Salvador, Yves Montand… En 2004, la Sacem lui avait remis le Grand prix de la chanson. Autre disparition, celle de Teri Moïse. Cette auteurecompositrice et interprète de talent nous a quittés le 7 mai. La Sacem lui avait décerné, en 1997, le prix Vincent-Scotto pour sa chanson Les poèmes de Michelle. • Économie Participez à la vie de votre société Votez pour vos représentants ! Le 18 juin, seront élus un tiers des membres du Conseil d’administration, de la commission des programmes et de la commission des comptes ainsi que la totalité des membres de la commission prévue à l’article R. 321-6-3 du code de la propriété intellectuelle. Rendez-vous dans votre espace réservé sur sacem.fr pour consulter le nom et la biographie des candidats. Trois modes de vote au choix : en ligne sur sacem.fr du 17 mai 9 h au 17 juin 12 h depuis votre espace réservé 1, par correspondance (pour les sociétaires professionnels et définitifs jusqu’au 17 juin à 12 h), sur place (lors de l’Assemblée générale, le 18 juin de 13 h à 16 h, au siège de la Sacem à Neuilly-sur-Seine). magsacem | | Le magazine des sociétaires Sacem | Directeur de la publication : Jean-Noël Tronc | Directrice de la rédaction : Catherine Boissière | Comité de rédaction : Olivier magsacem # 87 Changer les regards Assemblée générale • • \ Pour en savoir plus : Tél. 01 47 15 48 48 © J.-B. MILLOT Bernard, Laurence Bony, Olivia Brillaud, Louis Diringer, Patrick Fontana, Claude Gaillard, Claude Lemesle, Karine Mauris, Alejandra Norambuena-Skira, Laurent Petitgirard, Cécile Rap Veber, David Séchan, Arlette Tabart et Christophe Waignier | Signatures : Mónica Andrade Pedraja, Philippe Astor, Thomas Blondeau, Éléonore Colin, Laurent Coulon et Éloïse Dufour | Ont collaboré à ce numéro : Cécile Andries, Bernadette Bombardieri, Claire Giraudin, Olivier Le Covec, Nicolas Pribile et Chantal Romanet | Direction artistique : Jessica Couty et Marie-Christine Fhrepsiadis | Maquette et mise en pages : Agence 21 x 29,7 | Impression : Corlet Roto – BP 46 – 14110 Condé-sur-Noireau | Magazine imprimé sur du papier recyclé | Le magazine des sociétaires Sacem est publié tous les quatre mois | No ISSN 2108-8802 | Sacem – Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique | Société civile à capital variable immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Nanterre sous le numéro D 775 675 739 | Siège social : Sacem – Département relations professionnelles et communication – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex | Tél. : 01 47 15 47 15 | Couverture : © Marc Chesneau | « Postérité, devenir, oubli : l’œuvre du numérique ». C’est le thème des premières répliques Art-Science organisées par l’Ircam en partenariat avec la Sacem du 12 au 14 juin 2013. Quelle pérennité pour les œuvres conçues avec une technologie dont on connaît l’obsolescence ? Quelles stratégies face à l’oubli numérique ? Artistes, ingénieurs et scientifiques internationaux échangeront sur ces questions, qui concernent tous les domaines de la connaissance et de l’art, de l’archivage et de la création, les 12 et 13 juin à l’Ircam et le 14 à la Sacem. Parmi les nombreux intervenants, Régis Debray, Pierre Boulez, Jean-Michel Jarre, Pierre Lemarquis, Bruno Racine… La ministre déléguée à l’Innovation et à l’Économie numérique, Fleur Pellerin, a été invitée à venir clore ces trois journées de débat s’inscrivant dans le cadre du festival pluridisciplinaire Manifeste. 1. Pour les sociétaires ne disposant pas encore d’un code d’accès : connectez-vous sur sacem.fr et cliquez sur le lien « Pas de code ? » afin de demander votre identifiant et votre code confidentiel. Vous les recevrez par courriel. mai-août 2013 Et si les industries culturelles et créatives étaient des remparts à la crise ? Elles sont en tout cas bénéfiques à l’économie française selon une étude réalisée par le cabinet Ernst&Young, qui devrait être publiée à la rentrée. Commandée par les représentants des industries culturelles, et initiée par la Sacem, cette étude montre le rôle majeur de ces industries dans la création de valeur et d’emplois – généralement, non délocalisables – pour notre pays. C’est notamment à travers elles que se joue l’avenir numérique de la France. Une publication qui devrait changer les discours et les regards sur les métiers de la culture. À suivre… • ©René Pichet N ous connaissons enfin les conclusions du rapport de la mission Lescure. Chacun les interprétera selon sa sensibilité, mais elles ont le mérite de prendre clairement position sur des points qui avaient alimenté tous les espoirs et toutes les craintes. La fin de l’Hadopi, par le biais d’un transfert au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), est un épiphénomène ; c’est le maintien du concept de riposte graduée qui est essentiel. La suppression de la coupure de l’accès à Internet comme sanction, qu’un juge n’aurait de toute façon jamais prononcée, peut aider à renforcer la légitimité de la sanction, que celle-ci soit judiciaire ou administrative. Les échanges illicites à but non lucratif (appellation qui semble plus juste que celle, très laxiste, « d’échanges non marchands ») resteraient donc passibles d’une sanction, voilà qui a le mérite d’être clair. Le soutien affiché à la copie privée est réconfortant ; l’idée d’une nouvelle taxe destinée à soutenir la musique et l’audiovisuel semble, pour sa part, ne convaincre personne, à commencer par le ministre de l’Économie et des Finances. À force d’attendre ce rapport, tout le monde a l’air d’avoir oublié que ce ne sont là que des propositions, qui devront être validées par un Gouvernement, puis un Parlement, pour lesquels la musique paraît ne pas être une telle priorité, sans parler des nombreuses pistes évoquées, qui devraient être validées par Bruxelles. Car oublions les colloques, les réunions de travail, les rapports, les projets, et examinons en détail ce qui a été réalisé. Depuis des mois, la musique fait les frais d’une rigueur budgétaire adossée à un manque de vision à long terme, dont les conséquences sont déjà tragiques pour les créateurs, leurs éditeurs, leurs interprètes et leurs producteurs. Le projet du CNM a vécu et la protection de notre système éducatif s’est arrêtée à la porte de nombreux conservatoires, qui voient la dotation du ministère baisser drastiquement, comme si l’enseignement artistique était moins sacré que les autres, et aucune mesure concrète d’envergure n’est venue soutenir la filière musicale. Ceux qui sont prêts à tout encaisser en se disant que grâce à ces sacrifices, le régime des intermittents du spectacle sera préservé dans son intégralité, risquent d’être bien déçus dans les semaines qui viennent. 04 Échos | à la une | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda Échos 05 Exception culturelle L’ appel des créateurs ! Vidéos YouTube : vos droits d’auteur le 5 juillet ! \ Pour en savoir plus : pétition en ligne sur sacem.fr Plusieurs dizaines de milliards de vidéos contenant du répertoire Sacem ont été visionnées sur YouTube depuis 2010. Les droits d’auteur correspondants seront répartis cet été, de manière individualisée. Répartition du 5 avril 2013 Tendance générale 89,3 M€ ont été mis en répartition par la Sacem le vendredi 5 avril 2013, soit une évolution de + 7,85 % par rapport à avril 2012. Près de 50 % du montant total correspondent aux droits en provenance de l’étranger. Le secteur des usagers communs progresse de 72,1 %, essentiellement à la suite de la mise en place d’une autorisation multiterritoriale délivrée à la société Mood Media pour les œuvres de sonorisation de lieux publics. Le secteur des droits phonographiques connaît une progression de 25,1 %, due à l’augmentation des droits en provenance des contrats types producteurs indépendants et des autorisations œuvre par œuvre. La copie privée est en hausse de 22,7 % (bonne tenue du marché sur les disques durs externes et les téléphones mobiles multimédias). La vidéo baisse, en revanche, de 20,3 %. Enfin, le online continue de progresser, en partie grâce à des régularisations : les ringtones (+ 49,7 %), le téléchargement (+ 137,4 %) et le streaming (+ 10,6 %). • • • • • • • \ Prochaines répartitions : vendredi 5 juillet 2013 et vendredi 4 octobre 2013. \\ Informations sur les répartitions précédentes : sacem.fr > Mon espace > Ma répartition > Données des répartitions. magsacem # 87 • 2010, 2011, 2012. Les droits d’auteur générés par les vues sur YouTube pendant ces trois années seront répartis le 5 juillet. Ce jour-là, les sociétaires de la Sacem verront apparaître sur leurs feuillets le détail de ce qu’ils ont gagné. La qualité des données fournies par YouTube permet en effet d’afficher sur les feuillets de répartition les titres des œuvres réparties avec les montants correspondants ainsi que le nombre de vues. Sur un pied d’égalité Le contrat qui couvrait cette période porte exclusivement sur les visionnages ayant eu lieu en France pour l’ensemble du répertoire géré par la Sacem. YouTube a fourni des informations détaillées pour chaque vidéo, notamment le nombre de visualisations par type de contenus – Premium Music Partner, Premium Non Music Partner ainsi que les contenus générés par les utilisateurs (UGC) – sans toutefois être en mesure de préciser le niveau de monétisation de ces différents services. C’est pourquoi les données de ces trois années sont traitées sur un pied d’égalité, chaque visualisation se voyant attribuer le même montant de droits. La répartition des droits est individualisée par titre et par ayant droit. Le partage entre droit d’exécution publique et droit de reproduction Ils ont dit Je crois que l’art est indispensable à l’être humain, que l’art est la nourriture de l’âme, tout ce que l’homme peut et l’animal ignore. Je crois que la copie privée fait partie de la solution et non du problème. » mécanique s’effectue selon la clé 75 %/25 %. Un seuil minimal Sur la base des informations recueillies et en supposant que chaque vidéo contienne du répertoire, une vue serait rémunérée six millièmes de centime d’euro (0,00006 euro). D’où la nécessité de fixer un seuil minimal de vues à partir duquel les données doivent être prises en compte pour effectuer une répartition économiquement viable. Ainsi, seules les vidéos qui ont été vues au moins cinquante mille fois (ce qui équivaut à 3 euros de droits) en France au cours des trois années seront prises en considération, pour autant qu’elles fassent appel au répertoire de la Sacem. Réalisateurs Les droits des réalisateurs seront payés un peu plus tard… lors de la répartition d’octobre 2013. La complexité des opérations liées au traitement des données remises par YouTube oblige à clairement identifier les réalisations déclarées à la Sacem pour effectuer une répartition dans des conditions aussi précises que pour les œuvres musicales. Un décalage calendaire pour une rémunération qui se veut toujours plus juste pour les ayants droit ! • Diane Tell, auteur, compositeur et interprète. \Retrouvez la vidéo sur www.dianetell.com/la-copie-priveeca-sert-a-quoi/ Les coups de cœur de… Didier Varrod directeur de la Musique à France Inter. Album The Golden Age Woodkid C’est un grand disque, ambitieux et généreux à la fois. Une épopée fantastique, où le passage douloureux de l’enfance à l’âge adulte est raconté en musique avec une véritable vision moderne, où toutes les stylistiques musicales d’aujourd’hui se croisent de façon inconsciente : la pop, le hip-hop, la musique électronique et orchestrale. Des ténèbres, Woodkid touche la lumière. Concert Olivia Ruiz à l’Olympia Elle a remis son titre en jeu et nous a offert un concert à la fois abrasif et d’une pure poésie. Éclairage et magnifique scénographie qui ont porté Olivia vers de nouvelles contrées, où son album baroque Le calme et la tempête a pris toute son ampleur. Découverte Internet Fauve Ce n’est plus une surprise. Le collectif Fauve a réussi à enflammer la toile pour de bonnes raisons. L’ urgence du désespoir, une écriture dense et incisive, une musique entre pop et hip-pop qui invente une nouvelle définition de la chanson hexagonale. Prodigieux. • Télex \ Le 6 mars dernier, l’Académie des Beaux-Arts a élu Gilbert Amy et Thierry Escaich dans la section de composition musicale. Deux compositeurs qui ont une place toute particulière dans l’histoire de la création musicale. \\ Le Fonds franco-allemand pour la musique contemporaine se dote d’un comité d’honneur. Les compositeurs Helmut Lachenmann et Philippe Manoury ainsi que les deux anciens ministres de la Culture, Christina Weiss et Jacques Toubon, en seront les ambassadeurs. Initié et soutenu par la Sacem, Impuls neue Musik a accompagné près de quatre-vingts projets depuis sa création, en 2009. \\\ Fête de la musique : la Sacem ouvre ses portes. Pour la première fois de son histoire, la Sacem ouvre ses portes au grand public, le vendredi 21 juin prochain. À travers un itinéraire d’une heure environ, alliant rencontres avec des créateurs et des salariés, ce sont les missions quotidiennes de la Sacem au service de la création musicale qui seront présentées aux visiteurs. Quoi de plus naturel, pour cette grande première qui se déroule au siège social de la Sacem, à Neuilly, de 11 h à 16 h, que d’entrer dans la lumière le jour où la musique est traditionnellement célébrée ! Inscription sur sacem.fr. \\\\ Le service Accueil et Admissions de la Sacem sera exceptionnellement fermé le 21 juin. \ Pour en savoir plus : sacem.fr mai-août 2013 © Christophe abramowitz/RADIO FRANCE Répartition Moins de quarante-huit heures après son lancement, mardi 28 mai, plus de cent cinquante artistes et professionnels de la filière musicale avaient déjà signé la pétition en faveur de l’exception culturelle. Objectif : appeler les chefs d’État et de gouvernement européens à se prononcer pour l’exclusion des services audiovisuels et culturels des négociations de libre-échange entre l’Union européenne et les ÉtatsUnis. C’est une évidence reconnue et partagée par tous : la culture n’est pas un bien comme un autre et il est crucial pour les créateurs de musique que l’Union européenne se positionne fermement et clairement en faveur de l’exclusion de ces services, tant dans leurs modes de diffusion traditionnels que numériques, du mandat des négociations commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis. Pour participer à cette mobilisation et signer la pétition, rendez-vous sur sacem.fr ! Échos | à la une À la une 07 | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda Réseaux sociaux Mon univers incontournable ! Services de musique en ligne, chaînes musicales, téléchargement… Les habitudes d’écoute et de consommation de la musique ont changé, et dans le même temps, bouleversé l’écosystème musical. Et si, derrière les défis à relever, le Web cachait un florilège d’opportunités pour la création musicale ? Créatrice de lien social par excellence, la musique est en tout cas la première industrie culturelle à s’être emparée de manière proactive des réseaux sociaux. Reportage. Q uelques vaches qui paissent tranquillement au milieu des champs. Un petit village paisible et sans histoire niché au cœur du Bocage normand à quelques encablures du MontSaint-Michel. Saint-Laurent-de-Cuves et ses presque 500 habitants. À l’ombre de l’église, dans l’unique rue du village, une charcuterie et une brasserie. Il faut aller chercher le pain dans la commune voisine. Une localité rurale française victime, comme tant d’autres, de la désertification. Sans le grain de folie d’un agriculteur, rien ne destinait Saint-Laurent-de-Cuves à accueillir l’un des plus importants festivals de musique de France. Treize ans, déjà, que les Papillons de Nuit offrent une programmation où se côtoient têtes d’affiche et jeunes talents. Peu de moyens humains, techniques et financiers, mais un festival dont la communication a profité de l’essor des réseaux sociaux, et notamment de Facebook. « C’est gratuit, et ça nous permet de toucher une très large audience et aussi les médias », explique Marie-Claire Mai, responsable de la communication. La page Facebook, c’est 30 000 fans, soit 10 000 de plus que la capacité d’accueil quotidienne du festival. Chaque année au mois de mai, le public afflue de partout, de Normandie, de Paris et d’ailleurs en France. Mais il n’y a pas que Facebook, dans la vie du festival. Depuis l’an dernier, les Papillons de Nuit ont recruté un community manager bénévole afin d’affirmer encore un peu plus leur présence sur le Web : Twitter, Instagram, magsacem # 87 mai-août 2013 © Flore-Ael Surun/Tendance floue 06 Échos | à la une À la une 9 | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda ••• « Depuis deux ans, nous avons une forte stratégie de community management. Nous sommes présents sur de nombreuses plateformes et les utilisons toutes. La plupart de nos artistes sont actifs sur les réseaux sociaux. Nous les accompagnons et intervenons sur des parties plus techniques, comme l’organisation d’un concours en ligne, par exemple. » Junior Parado, community manager du label Because. ASM (A State of Mind) lors du festival Papillons de Nuit, en 2012. 34 % des internautes suivent des artistes musicaux sur les réseaux sociaux (Ifop, janvier 2013). Nouveau marketing Promue par une publicité sur Facebook pour un budget d’à peine 75 euros, la vidéo qui annonçait la programmation officielle de l’édition 2013 des Papillons de Nuit a été vue plus de 70 000 fois sur le mur des fans du festival et celui de leurs amis quelques semaines avant le début du festival. Une opération réussie, bel exemple de la « viralité » positive, propre magsacem # 87 au Web 2.0 ! « L’avantage de Facebook, c’est qu’on a des statistiques immédiates, poursuit la responsable de la communication du festival. L’engagement du public est visible tout de suite. » Ces statistiques, le festival les met en avant dans ses négociations : « Il est important de faire savoir que, lorsque nous postons un message sur Facebook, il sera vu par 10 000 ou 15 000 personnes ». Les idées pour développer cette nouvelle dimension marketing ne manquent pas. Autre format, autre stratégie. Au cœur de Budapest, en Hongrie, le Sziget Festival a accueilli, en août 2012, plus de 350 000 festivaliers venus de l’Europe entière pour assister à plusieurs centaines de concerts sur une cinquantaine de scènes. À cette échelle, la stratégie numérique joue un rôle clé pour créer une relation de proximité entre le festival et son public. Aisément accessible, le site Internet du festival s’affiche en vingt langues différentes. Les comptes Twitter et Facebook se déclinent également par pays et permettent aux organisateurs de garder un contact direct avec les internautes tout au long de l’année. « Notre public vient de plus en plus de l’étranger, explique Andras Derdak, le responsable de l’antenne française. L’an dernier, pour la première fois, il y avait plus d’étrangers que de Hongrois ! » La page Facebook de Sziget France agrège, à elle seule, plus de 20 000 fans. Sur Flickr, service de gestion et de partage de photos en ligne, le festival propose de nombreuses photos. Sur Soundcloud, ce sont les sons de ses tremplins et sur YouTube, une quantité de vidéos. « YouTube est très important, estime Andras Derdak, d’autant que nous avons été le premier festival diffusé en live sur la plateforme l’an dernier, avec 4 millions de vues. Nous y diffusons aussi beaucoup de captations et des vidéos de nos artistes. » Andras Derdak surveille au quotidien les analyses de fréquentation Un peu maso ? © Alain Leroy/L’Œil du Spectacle Foursquare, Dailymotion, Google+ et YouTube. « On essaie d’alimenter ces réseaux avec d’autres contenus que la programmation et les infos pratiques. On poste aussi des photos, des vidéos ou l’actualité des artistes qu’on a accueillis », commenteMarie-Claire Mai. L’un des effets positifs des réseaux sociaux, pour les festivals, ce sont les nouveaux fans qu’amènent les artistes eux-mêmes. Pour les Papillons, 2013 fut un bon cru, de ce point de vue, avec la programmation des rappeurs de 1995 et leurs 485 000 fans sur Facebook. Leader du groupe 1995, Antoine Guéna, alias Fonky Flav’, confirme cette tendance. « Pour les 25 dates de notre première tournée, fin 2011, pas d’affiches, pas de flyers et pourtant, c’était complet partout, y compris au Bataclan, à Paris. » Beaucoup de programmateurs n’y voient que des avantages. Facebook leur permet de limiter les dépenses de promo tout en obtenant un impact maximal. À Strasbourg, la célèbre salle de musiques actuelles, La Laiterie, programme près de 150 concerts chaque année. À son actif, plus de 14 000 fans sur Facebook. « Nous avons compris très tôt que quelque chose était en train de se passer sur ces réseaux et essayé de trouver le plus tôt possible la façon d’y répondre dans notre dispositif de promotion de terrain », confie Thierry Davet, directeur de la Laiterie. « Les réseaux sociaux s’intègrent dans une stratégie globale et sont complémentaires des autres dispositifs mis en place. » de Google et de Facebook, et prend le temps de regarder attentivement quel post a été le plus lu ou le plus commenté, et surtout combien de Français ont l’intention de venir ou revenir à Budapest. « L’animation de ces réseaux représente la moitié de notre charge de travail en France et dans les pays francophones », confie le responsable de Sziget France. Ces nouveaux canaux de communication ont, de manière générale, transformé le lien entre l’artiste et son public. La relation est désormais directe et court sur le long terme. Elle n’est pas déformée ou réinterprétée par des intermédiaires. Les fans deviennent les « ambassadeurs » de leurs artistes favoris sur le Web. Le premier album de 1995, Paris Sud Minute, sorti en décembre dernier, cartonne sur le net. Les réseaux sociaux sont un levier de promotion majeur pour les jeunes créateurs, même si certains mettent un bémol. « On pourrait se demander si on n’est pas un peu maso pour s’engager làdedans ! », commente, toutefois, Pamela Hute, jeune auteure-compositrice et interprète au sein d’un trio parisien. « Se confronter seul aux critiques et aux réactions du public, qui peuvent parfois être violentes, relève d’un véritable défi psychologique » pour celle qui vient de sortir son deuxième album, Bandit, sur le label Tôt ou Tard. Ancienne accro de MySpace, revenue de son emballement premier, Pamela Hute n’est pas dans une stratégie de conquête à tout va de nouveaux followers, fans ou amis. « Ce qui est important, c’est d’avoir des gens qui sont là pour de bonnes raisons, qui aiment l’artiste, sa musique, et qui, du coup, vont réagir, explique-t-elle. Ce n’est pas une affaire de quantité, mais de qualité. » Outre cette relation privilégiée, les réseaux sociaux lui permettent d’attirer l’attention des médias traditionnels, en particulier sur Twitter, où les journalistes sont très présents et se tiennent à l’affût. En l’absence de single entré en playlist à la radio, ils restent le meilleur moyen, pour elle, de gagner en visibilité. Fonky Flav’ se souvient : « On est parti de nulle part. Au début, on donnait des petits concerts, mais on s’intéressait peu à nous. On a commencé à utiliser Facebook pour dire où on jouait, on fournissait un flux régulier d’informations, quelques vidéos, une phrase de texte ». En peu de temps, 1995 est devenu l’un des groupes phares de la scène rap et attire désormais des milliers de fans à ses concerts comme le mois dernier, au Printemps de Bourges et au Palais des Sports de Paris. « Un bon morceau, sur Internet, ça donne une visibilité immédiate et ça ouvre des portes ». Jeune chanteur de talent à la croisée du rap et du hip-hop, Némir et ses copains de Perpignan ont créé le projet Next Level, sur MySpace, il y a un peu plus de trois ans. « Nous avons mis en ligne sept titres gratuitement. Il nous semblait impossible de réussir à accrocher des maisons de disque, des radios ou des médias sans être à Paris. Mais on y a cru. Un ordinateur, une connexion Internet, et nous avons nourri la toile de nos projets », se souvient Nasty, manager de Némir. « Lorsque le volume 2 est sorti, nous nous sommes tous mis sur Facebook et nous avons inondé les pages de nos amis avec l’actualité de Némir ! » Un an plus tard, l’artiste sort son troisième opus, Ailleurs. Véritable phénomène, Némir reçoit aujourd’hui de très nombreuses propositions de la part de maisons de disque et a entamé une tournée d’une soixantaine de dates. Tout s’enchaîne, de la synchro et France Inter, Nova et bientôt SkyRock, qui programment l’album en rotation tout au long de la journée. Jamais en panne d’idées nouvelles et fin connaisseur de la culture hip-hop , Némir s’apprête à signer un contrat avec une major. Autre adepte du net 40,5 millions C’est le nombre de fans de David Guetta sur Facebook, artiste le plus suivi. ••• « Se confronter seul aux critiques et aux réactions du public, qui peuvent parfois être violentes, relève d’un véritable défi psychologique. » Pamela Hute. mai-août 2013 © Alain Leroy/L’Œil du Spectacle 8 Échos | à la une décryptage 11 | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda ••• Wax Tailor, The Dusty Rainbow Experience, à l’Olympia, en mars 2013. et des réseaux sociaux sur lesquels il a construit sa notoriété, Wax Tailor, avec ses 200 000 followers, essaime les scènes du monde entier et fait salle comble partout où il passe. Parmi ses prochains déplacements, le Sziget Festival mais aussi la Turquie et la Grèce, où il est une véritable star par le seul effet des médias sociaux. Adepte du « direct to fan », modèle économique en vogue aux États-Unis, Wax Tailor a choisi la voie de l’indépendance comme beaucoup de jeunes créateurs dans le rap ou l’électro. Il a produit lui-même ses quatre Espagne albums, le dernier sorti l’an dernier, Dusty Rainbow From the Dark, pour lequel il a signé des deals de distribution avec Believe et Pias. « Pour la sortie, j’ai tout axé sur Facebook. Les réseaux sociaux sont, certes puissants, expliquet-il, mais il y circule désormais tellement d’infos que je dois transmettre le teasing au noyau dur de mes fans de plus en plus tôt. » Facebook, un réseau dont la place occupée par la musique fait naître un nouveau genre de publicité. Il n’est pas rare, par exemple, que des fabricants de jeux vidéo demandent à des artistes de poster un commentaire sur tel ou tel jeu moyennant rétribution. Avec les réseaux sociaux, l’écosystème de la musique est entré dans une nouvelle dimension, qui profite aux créateurs pour faire connaître leurs œuvres, attirer des fans dans les salles de concert et sur les festivals. Ils représentent désormais un investissement rentable qui participe à la vitalité artistique et favorise la diversité culturelle. Et le mouvement n’est pas près de s’arrêter ! C’est sur Vine que les Daft Punk ont dévoilé la tracklist définitive de leur nouvel album, Random Access Memories, qui est sorti il y a quelques jours. Un joli coup de buzz, pour la plate-forme vidéo, qui permet de publier des réalisations de 6 secondes maxi. « Liker », partager, découvrir, explorer… Plus de doute, les réseaux sociaux sont désormais partie intégrante de la planète musique. Copie privée terrassée, culture déglinguée ! • > Focus Musique online, ADSL… ça rapporte quoi? magsacem # 87 visualisation pouvait rapporter au créateur environ 0,006 euro en 2012, ce chiffre évoluait entre 0,07 euro et 0,12 euro net tous ayants-droit confondus pour un téléchargement. Autant dire que les milliards de métadonnées disponibles qui donnent le vertige ne sont pas synonymes de nouvel eldorado. Il va de soi que selon les cas, il n’y a pas de rentabilité en-dessous d’un certain seuil de consultations, qui plus est souvent étalées dans le temps. Pour la Sacem, la négociation des taux demeure donc un enjeu fondamental sur le online, le streaming et le marché de la publicité en ligne restant les principaux leviers de croissance de l’industrie musicale. Investissements (modernisation des outils informatiques…) et stratégie de développement offensive. Si le numérique continue sa lente évolution, le modèle de la gestion collective démontre bien qu’il reste le meilleur garant de la création. À terme, créateurs et éditeurs doivent également profiter du développement de la télévision connectée, qui verra bientôt émerger de nouveaux opérateurs, fabricants de matériel ou éditeurs de services. Anticiper les mutations à venir et partir à la conquête de nouveaux marchés, au-delà des seuls services de musique en ligne : telle demeure l’ambition constante portée par la Sacem afin de garantir une juste rémunération des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique dans un environnement de plus en plus numérique, qui suppose aussi ses propres contraintes. Déjà frappé de plein fouet par la crise économique, assommé par une hausse de 8 à 21 % de la TVA, le secteur culturel espagnol a récemment reçu le coup de grâce avec la mise à mort de la copie privée, dont le montant est passé de 115 millions… à 5 millions d’euros. Les importateurs de supports numériques ont remporté, en Espagne, une première victoire dans leur stratégie visant à démanteler ce dispositif dans les nombreux pays européens où il est appliqué. V ingt-cinq ans après le vote de la loi sur la propriété intellectuelle en Espagne, et la reconnaissance de la compensation due au titre de l’exception pour copie privée, ce sont les droits d’auteur eux-mêmes qui se trouvent désormais menacés. Quant aux sociétés de gestion des droits d’auteur, même si certaines ne sont pas exemptes de critiques pour leur gestion passée, leur champ d’action se réduit, dans le meilleur des cas, et, au pire, c’est toute leur activité qui pourrait bien disparaître. La suppression de la redevance sur les supports numériques en décembre 2011 a entraîné un manque à gagner de 115 millions d’euros, dont 23 millions d’euros étaient destinés à la promotion et à l’action culturelle. Petites et grandes manifestations culturelles n’échappent pas aux conséquences de cette décision, dramatique Ci-dessus : Chœurs, hearts, choirs and music for rebellion. (Théâtre royal de Madrid, mars 2012). mai-août 2013 pour l’ensemble du secteur. La prochaine édition du Festival international de cinéma de Saint-Sébastien, en septembre, verra son budget diminuer, tout comme la majorité des cours d’été de chant, d’art dramatique, de scénario ou de guitare habituellement organisés dans tout le pays. La présence de créateurs et d’artistes espagnols sera également réduite sur les salons internationaux. ••• © Nathalie Paco/Demotix/Corbis YouTube, combien de vues, combien de revenus ? Spotify, iTunes… Et le téléchargement, combien ça rapporte ? Des questions, et c’est naturel, ils s’en posent, les sociétaires de la Sacem. Il est vrai que l’accord qui vient d’être signé avec YouTube relance d’autant plus l’intérêt des créateurs sur ces nouveaux gisements de valeur, espoir de nouvelles sources de revenus. Aujourd’hui, le cloud, demain, la TV connectée. Pour capter ces revenus et les reverser aux créateurs, la Sacem doit relever en permanence de nouveaux défis, à l’image de ce qu’elle a su faire par le passé auprès des opérateurs de télévision par ADSL. Si le numérique ouvre le champ de tous les possibles et démultiplie les moyens d’accès à la musique, son instantanéité sème aussi la confusion en laissant supposer que les modèles économiques se développent à la même vitesse. Que nenni ! Un business model sur le online est encore loin. Le numérique se caractérise avant tout par un éparpillement des revenus, même si sa progression est constante. Depuis dix ans, la Sacem a signé plus de 140 contrats dont une quinzaine avec les principales compagnies que sont Spotify, Deezer, Amazon, Microsoft… et, maintenant, ce deuxième accord avec YouTube. L’ an dernier, ce sont plus de 20 millions d’euros qui ont été collectés et répartis aux créateurs sur le online (3 % des revenus) et plus de 30 millions sur l’ADSL (5 %). Bien sûr, les montants de répartition peuvent varier selon la période ou le territoire concerné. Si pour le streaming, une © Sandrine Cellard/L’Œil du Spectacle 10 Échos | à la une | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda décryptage 13 ••• L’engrenage Petit retour en arrière : fin 2011, et sous la forte pression des multinationales du secteur technologique, le gouver nement de Mariano Rajoy approuve un décret-loi qui supprime la redevance sur tous les équipements, appareils et matériels qui permettent de reproduire des œuvres musicales et/ou audiovisuelles et de reprographie. La compensation pour copie privée est désormais financée par le budget général de l’État, et c’est le ministère des Finances qui en fixera le montant annuel au premier trimestre de chaque année. Après plusieurs mois d’hésitation, en décembre 2012, le gouvernement a évalué les « dommages » à 5 millions d’euros, quand 40 millions d’euros avaient jusqu’alors été évoqués. Pour Rafael Sanchez, le directeur d’Egeda, qui regroupe les producteurs audiovisuels, « La compensation est insuffisante ; le nouveau système lèse les ayants droit et ne garantit pas une compensation équitable. L’ absurdité de la situation espagnole, c’est que le ministère des Finances ne tient pas compte du préjudice subi par les auteurs et remet au ministère de la Culture la somme qu’il a décidé d’inscrire au budget général de l’État selon ses propres critères ». magsacem # 87 En 2012, l’Agedi a apporté la moitié du financement pour une cinquantaine de disques de jeunes auteurs et environ trente vidéoclips. Une part importante de ses ressources a aussi servi à financer des listes de vente. « Pour les artistes, c’est important de pouvoir entrer dans ces listes, et nous voulons poursuivre cette activité, qui était financée par l’argent de la copie privée. Il va donc nous falloir trouver une solution », s’inquiète Antonio Guisasola. Quels que soient les efforts des SPRD, ce sont 23 millions d’euros d’action culturelle destinés à la promotion, à la formation et aux œuvres sociales qui ont été supprimés. Désormais, avec à peine un million d’euros, les plus lésés sont les artistes en début de carrière et les auteurs âgés les plus défavorisés. Egeda disposait, de son côté, de 2,8 millions d’euros pour soutenir les festivals de cinéma comme Saint-Sébastien ou Malaga, aider des écoles de cinéma, des cours et des chaires universitaires de défense de la propriété intellectuelle, financer des assurances médicales et des prestations sociales, ou encore participer à des salons internationaux. Une grande partie de ces initiatives a dû être abandonnée. La situation est d’autant plus critique que le nombre de créateurs et d’artistes ayant besoin d’aides ne cesse d’augmenter, en cette période de crise. Viceprésident de la Sociedad de intérpretes y ejecutantes, Luis Mendo reconnaît « qu’il existe une grande préoccupation « Le nouveau système lèse les ayants droit et ne garantit pas une compensation équitable. » Rafael Sanchez, directeur d’Egeda. Ci-dessus : Poeta en Nueva York , par la Compagnie Blanca Li. « Ce choix va placer la création espagnole dans une situation extrêmement difficile », confirme l’écrivain Arcadi Espada. L’ ex-directeur de l’Institut Ibercrea considère que l’ensemble du secteur culturel se trouve désormais « menacé et sans aucune protection ». Comme si la grave crise économique que traverse l’Espagne et l’augmentation de la TVA sur les biens et services culturels ne suffisaient pas, le secteur culturel s’apprête à subir un nouveau coup avec la prochaine réforme de la loi sur la propriété intellectuelle, en vigueur depuis 1987. Le texte préparé par le gouvernement prévoit de s’appuyer sur la quasi-disparition de la redevance pour la copie privée afin de justifier une diminution drastique des montants réservés aux sociétés de perception et de répartition des droits (SPRD) sur les budgets de l’État. Pour le milieu de la culture, c’en est trop. Plus d’un million d’auteurs et de créateurs ont demandé la suspension d’un avant-projet « qui ne respecte pas les recommandations du médiateur euro- péen, ne facilite pas la gestion des droits de propriété intellectuelle et ne permet pas non plus d’améliorer le niveau de protection des créateurs ». Aucun bénéfice pour le consommateur Pendant que les auteurs et les interprètes luttent pour le maintien de leurs droits et de leurs revenus , les multinationales du secteur technologique se frottent les mains. Elles n’ont plus à payer la redevance, mais n’ont pas répercuté la suppression de la copie privée sur le prix de vente des appareils. « Les prix des supports n’ont pas baissé d’un centime », constate Antonio Guisasola, président de l’Agedi, entité qui gère les droits des producteurs de musique. Cette société qui, auparavant, percevait 5 millions d’euros au titre de la copie privée aidait les artistes débutants à enregistrer un disque, finançait des vidéoclips produits par de petites maisons de disque et s’efforçait de lutter contre la piraterie, un mal qui touche particulièrement le marché espagnol. dans le secteur : le travail a diminué et les SPRD ont dû réduire leur activité. Auparavant, nous financions environ cent quatre-vingts concerts par an et maintenant, nous n’en soutenons plus que cent trente. Nous avons, toutefois, maintenu presque 100 % des aides aux artistes, car les temps sont très durs pour eux », ajoute Luis Mendo. Des contentieux en cours Dans la tourmente, le Centre espagnol de droits de reprographie ne sait plus à quel saint se vouer. Il ne fait pas payer de cotisations à ses membres et la copie privée représentait 95 % de son financement ! Le Centre, qui regroupe plus de vingt et un mille auteurs et maisons d’édition, pourrait bien devoir mettre la clé sous la porte. Alors, les créateurs conservent-ils encore un espoir de renverser la vapeur et de sauver la copie privée ? Au plan européen, les SPRD espagnoles ont déposé plainte, en août, contre leur gouvernement auprès de la Commission européenne. Au plan national, le Centre espagnol de droits de reprographie ne veut pas encore rendre les armes et a contesté la décision du gouvernement auprès de la Cour de Cassation. « Ce sont les entreprises du secteur technologique qui, pour l’instant, ont gagné la partie. Ils ont choisi l’Espagne pour tester leur stratégie visant à démanteler la copie privée avec le soutien de l’État avant d’exporter ce modèle vers d’autres pays. » Antonio Guisasola, président de l’Agedi. Les artistes mobilisés Quarante écrivains espagnols, parmi lesquels Antonio Muñoz Molina, Almudena Grandes, Fernando Savater ou Rosa Montero, sont également montés au créneau pour demander au gouver Copie privée : le combat de David contre Goliath © Agathe Poupeney 12 Il n’y a pas qu’en Espagne ou en France que les fabricants de matériel sonnent l’hallali contre la copie privée. L’ entreprise de déstabilisation est généralisée, en Europe. En Allemagne, ce sont quatrevingts contentieux qui ont été portés au niveau national devant les juridictions européennes. Objectif : paralyser le système en déposant différents types de recours portant sur tous les aspects de la copie privée (calcul du préjudice, exonération des usages professionnels, prise en compte des copies illicites, action culturelle). Ces fabricants sont en réalité des importateurs dominés par des compagnies asiatiques ou américaines telles que Samsung ou Apple. La plupart des sociétés du vieux continent ont été intégrées dans des groupes extraeuropéens, Ericsson avec Sony Japon, Siemens avec BenQ, Alcatel avec Lucent ou encore Philips avec TPV Technologie. Dernier irréductible européen, l’Astérix finlandais Nokia est en difficulté. mai-août 2013 nement de revoir sa position. La disparition de la redevance sur les supports numériques, écrivent-ils, signifie « une diminution de la protection juridique » de la propriété intellectuelle, « la légalisation politique et sociale d’une certaine forme d’expropriation des droits de propriété intellectuelle » et « un retour en arrière pour le livre et la culture espagnole ». En attendant le verdict des différents recours qui ont été déposés, cette mobilisation est restée lettre morte, et le gouvernement continue de faire la sourde oreille. Pour Antonio Guisasola, « Ce sont les entreprises du secteur technologique qui, pour l’instant, ont gagné la partie. Ils ont choisi l’Espagne pour tester leur stratégie visant à démanteler la copie privée avec le soutien de l’État avant d’exporter ce modèle vers d’autres pays ». Le pianiste et compositeur José de Eusebio est encore plus pessimiste et redoute que le gouvernement ne veuille « liquider les industries culturelles », qui représentent presque 4 % de la richesse totale du pays. « Après la hausse de la TVA et la remise en cause de la copie privée présentée comme un vestige du passé, alors même qu’elle est totalement intégrée dans la législation de plus de vingt pays européens, nos autorités ne renoncent pas seulement à une partie du PIB, elles contribuent aussi à détruire définitivement des centaines de milliers d’emplois ainsi que notre potentiel culturel et notre patrimoine ». • Échos | à la une | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda portrait 15 Bio 1992 Arrivée à Paris, premières scènes, premier album : La fossette. 1995 2013 Mémoire neuve, vendu à 100 000 exemplaires. Meilleur artiste masculin de l’année aux Victoires de la musique. Dominique A Dans la lumière Couronné artiste masculin de l’année aux Victoires de la musique après vingt ans de carrière, l’électron libre de la chanson française s’est offert un joli coup de projecteur avec l’album Vers les Lueurs. Entretien. « La culture n’est pas un luxe, c’est un besoin vital. » C’ est un artiste lunaire. Une comète dans la sphère musicale hexagonale. Débarqué de Nantes en 1992, le très discret Dominique A a tracé dans l’ombre les sillons d’une chanson française exigeante et décomplexée, amoureuse de sa langue mais héritée de la pop anglo-saxonne. Celle-là même qui verra émerger son ami Philippe Katerine, Autour de Lucie, puis Miossec, entre autres. L’an passé, le jeune quadragénaire célébrait ses vingt ans de carrière avec l’intégrale de son œuvre et la sortie de son dixième album, l’éblouissant Vers les lueurs. Un titre prédestiné… Trop longtemps éclipsés par le grand public, son beau vibrato éthéré, ses harmonies poignantes et sa puissance poétique n’allaient pas tarder à passer de l’underground à la lumière. La saga des Victoires Le miracle s’est produit le 8 février 2013, aux Victoires de la musique. Boule à zéro et costume sombre magnifiant sa large silhouette terrienne, Dominique A est nominé dans la catégorie Artiste masculin de l’année. Mais, entre M, Benjamin Biolay et Orelsan, la concurrence s’annonce redoutable. On ose à peine y croire. Et pourtant… Ce soir-là, il remportera le Graal, à la surprise générale. « Je suis banalement très, très ému. Je suis ébahi, estomaqué », rougit-il dans un sourire extatique. « Je voudrais juste faire un petit signe aux salariés de Virgin Megastore, qui manifestent à l’extérieur, et leur apporter un soutien moral. » Si fugace soit-elle, cette intervention en dit long sur la psyché du Nantais : un songwriter magnifique à la modestie dévorante, doublé d’un éternel insoumis. Flash-back : en 1995, les Victoires de la musique l’avaient nominé comme Révélation masculine. Seulement voilà, Dominique A comptait déjà trois albums magsacem # 87 à son actif – dont le chef-d’œuvre lo-fidelity, La fossette. Agacé par cet anachronisme éhonté, il détournera son tube Le Twenty-two bar (« À la télévision française, je chantais… En face de moi, les gens dormaient »), guitare au poing. Avant de tirer sa révérence, bredouille, mais bien droit dans ses bottes. L’ouverture au monde Difficile de savoir dans quelle mesure ce crime de lèse-majesté a eu une incidence sur sa carrière. Toujours est-il qu’il devra attendre 2010 et La musique – un neuvième opus dans la veine électro-minimaliste de La fossette – pour monter à nouveau sur la scène des Victoires. Second échec à la clé. « J’assume mon passé. Je me suis toujours senti libre et quand quelque chose me déplaît, je suis incapable de me taire », s’explique-t-il en pleine tournée de Vers les lueurs. Enluminé d’un quintette à vents et d’une formation rock, ce nouvel album marque « le sommet d’une longue pente gravie durant deux décennies ». Ces dernières années, celui qui s’est toujours considéré « en marge » a offert une chanson à Jane Birkin, fait une apparition chez les rappeurs Psykick Lyrikah, tenu une chronique dans TGV Magazine et même écrit pour Calogero. Un paradoxe qu’il explique aisément : « J’ai longtemps refusé de travailler avec le mainstream. Mais je ne me ferme plus aucune porte. Ça me fait du bien d’entendre Calogero chanter mes textes à la radio et de m’adresser au grand public ». Ce n’est plus le même homme. L’ours solitaire des débuts s’est métamorphosé en bête de scène. Mieux, il a appris à déléguer son art et à s’ouvrir au monde par-delà ses chapelles musicales. Provins et Nantes L’histoire de Dominique Ané débute à Provins, le 6 octobre 1968. « Avec ses champs de betterave et son côté fin de siècle, la Seine-et- mai-août 2013 Marne dégageait une tristesse à la Bernanos. » Dans le salon familial, Brel, Ferrat et Ferré bercent son enfance. Il dévore des BD, vénère Le grand Meaulnes, puis découvre – exalté – le punk et la new wave grâce à la presse musicale. The Clash, Joy Division, The Cure, Marquis de Sade, Sapho, Taxi Girl… « Adolescent, j’ai vu Daniel Darc en concert et je me suis dit que je ne pourrais jamais devenir rockeur. J’étais un flippé total de la vie. » En 1984, son père, enseignant, est muté à Nantes. Dominique a 16 ans, l’âge de tous les possibles. Très vite, il fonde le trio rock-newwave John Merrick, en hommage à Elephant man, de David Lynch. « On jouait comme des patates, mais ça m’a permis d’expérimenter la scène dans les pires conditions .» La scène, précisément, il l’arpentera en solo, dès l’aube des années 90 (« Pour la première fois, je n’avais plus peur. J’étais comme dans un cocon. ») et accouchera bientôt de La fossette (« Un disque sur la fin de l’amour ») dans sa chambre. Libéralisme sauvage Sa meilleure vente ? La mémoire neuve, à cent mille exemplaires en 1995. Vers les lueurs atteint, quant à lui, les cinquante mille. Mais, par les temps qui courent, c’est une jolie prouesse. « En tant qu’auditeur, je déplore la disparition du CD. Pas plus tard qu’hier, j’ai en acheté douze à la Fnac, dont le dernier Murat, et du krautrock de Cluster & Eno, que j’écoute dans mon discman, en tournée. Je sais, c’est super old school. Mais, à l’heure du libéralisme sauvage, payer pour écouter de la musique relève d’une véritable démarche politique. » La crise de l’industrie musicale serait « en partie due au manque de civisme des maisons de disque, qui ont vendu des albums à des prix prohibitifs ». Il se prend encore à rêver d’un État providence, plus généreux envers ses artistes. Car Dominique A n’en démord pas : « La culture n’est pas un luxe, c’est un besoin vital ». • © Frank Loriou 14 Échos | à la une | décryptage | Portrait | coulisses | Agenda Coulisses 17 Émission phare. Face à l’étroitesse des fenêtres télévisuelles consacrées à la musique live, Taratata a développé avec succès une stratégie digitale originale en phase avec son identité forte. L’ émission vient d’être sacrifiée sur l’autel de la rigueur. Taratata : c’était l’autre télé live ! — « Il est très difficile de maintenir une émission comme Taratata, pose d’emblée Nagui, créateur, producteur et animateur de l’émission depuis vingt ans. Chaque année, le diffuseur me donne un horaire plus tardif en arguant qu’il y a moins de téléspectateurs. Mais c’est un cercle vicieux : plus Taratata est programmée tard, moins il y a de public. » Recueilli peu de temps avant l’annonce de la suppression de l’émission, le témoignage de Nagui était prémonitoire. Entrée en grande pompe sur France 2 en deuxième partie de soirée au cœur des années 90, Taratata avait déjà disparu des écrans une première fois au tournant des années 2000 avant de réapparaître de manière confidentielle sur France 4, puis à nouveau sur France 2, mais à une heure plus tardive, encore. La suppression de Taratata, mais aussi de Chabada sur France 3, illustre une tendance générale, celle de l’effacement progressif de la musique à la télévision. Selon une étude publiée par la magsacem # 87 Sacem en 2010, la diffusion de chansons à la télévision accuse une chute considérable depuis 2000 (– 60 % sur France 2, – 46 % sur France 3), tandis que la diffusion de prestations musicales (hors vidéoclips) n’occupe que 1,30 % du temps total d’antenne sur les chaînes hertziennes. Cross-over — Pour Nagui, la frustration était grande et le constat simple : « Il est très dommage d’avoir accès à des artistes comme Muse, M ou Coldplay et de ne les présenter qu’à deux cent mille téléspectateurs en raison de l’horaire de diffusion ». Étoffant son offre – reportages en coulisse, notamment –, Taratata se lance alors sur le Web avec un site Internet éditorialisé, Mytaratata.com, un fil d’info et un lien direct avec ses fans via un forum, sur lequel ils peuvent poster leurs propres vidéos musicales, puis une appli iPhone. « Au départ, on se demandait à quel point le Web allait faire du tort à l’émission, mais il s’est passé exactement l’inverse, puisque l’émission peut être visionnée dans le monde entier et sans aucune contrainte horaire. » Dont acte : Taratata s’offre alors un public international qui affole les compteurs de visionnage lorsque Coldplay ou Lady Gaga déboulent sur le plateau. À elle seule, la chanteuse américaine a totalisé près de 3 600 000 vues sur Mytaratata.com, auxquelles s’ajoutent celles de la chaîne YouTube Taratata On Air, lancée en octobre 2012. Un cross-over réussi pour une émission née à une époque où Internet n’était encore qu’un vague fantasme. « Du live, autrement » — Créé en 1993 pour combler le vide laissé par la disparition des grandes émissions de variété, Taratata est née de la volonté de faire « de la télé live, mais autrement, résume Nagui. Être prescripteur, aller au-delà des propositions 1,5 million de vidéos vues par mois sur YouTube. 7,8 millions de vidéos vues depuis le lancement (octobre 2012). « C’est un cercle vicieux : plus taratata est programmée tard, moins il y a de public » — Nagui les plus évidentes. Notre programmation se voulait un mélange d’actualité et de coups de cœur, le résultat de discussions au sein de l’équipe ». Au-delà de la programmation, c’est aussi le format de l’émission et son dispositif qui en ont fait une marque forte : « L’émission est pensée comme un concert, s’enthousiasme 20Syl, homme-orchestre d’Hocus Pocus et DJ au sein de C2C. Le dispositif, les lumières, la réalisation, tout confine à un véritable live, ce qui existe très peu en télé. Et surtout, ça joue, les musiciens sont filmés autant que la star de tel groupe ou tel interprète. Et évidemment, ce n’est pas du play-back ». Une authenticité qui en a fait un vrai rendez-vous musical pour le public. À 21 ans, Manon n’a pas connu les débuts de Taratata, mais visite le site chaque week-end : « C’est un vrai concert, tu vois réellementles mecs qui assurent et ceux qui sont moins à l’aise, c’est du live, ça ne pardonne pas. Et quand ça joue, ça joue vraiment, c’est beau ». L’équipe ne se gêne d’ailleurs pas pour mettre les artistes dans des situations moins confortables que dans les traditionnelles émissions de variété : en programmant des duos inédits entre artistes, Taratata provoque un mélange d’enthousiasme et de trac. « Ces duos, c’est un exercice mai-août 2013 63 000 abonnés à la chaîne YouTube Taratata On Air. sans fil, avec peu de répétitions ; c’est un vrai travail de musicien, spontané, inattendu, analyse 20Syl. Je garde un souvenir ému du duo entre Hocus Pocus et Pauline Croze. » En dépit des arguments des chaînes, Taratata trouve peu à peu sa place en jouant sur les logiques de multi-écran, soufflant, dans le Paf comme sur Internet, un vent de fraîcheur live encore trop rare. Sans compter un lot de surprises qui ne peuvent émerger que lorsqu’on laisse place à une forme de spontanéité : « C’est Richard Kolinka, Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac qui se lancent dans un morceau de Téléphone alors qu’on en a à peine parlé ensemble, c’est Sting qui se met à chanter Roxanne a capella en pleine interview… », se souvient Nagui. Vous avez dit « télé live » ? On comprend pourquoi artistes et fans se mobilisent avec autant d’énergie pour s’opposer à la suppression de la plus belle émission de musique du Paf. • © France 2 16 ACADÉMIE > Musique de chambre \ Festival des Arcs Au cœur des Alpes, le festival des Arcs œuvre depuis quarante ans à rendre la musique de chambre accessible au public. L’ académie permet à une centaine de stagiaires Sophie Maurin, Scène Sacem Klaxon, 13 mai 2013. magsacem # 87 de se perfectionner aux côtés de professeurs et concertistes de renommée internationale, et donne aussi l’occasion au public d’assister à des répétitions générales et à une quarantaine de concerts donnés par les jeunes musiciens. Pour cette édition-anniversaire, la programmation retracera les différentes résidences et créations ayant eu lieu au fil des ans, en présence d’une vingtaine de compositeurs dont, notamment, Pascal Dusapin, Philippe Hersant et Bruno Mantovani. Deux nouvelles créations, Trio pour violon, violoncelle et piano, de Vincent Paulet, et Acrobat pour violon seul, d’Oscar Strasnoy, y seront présentées. Les Arcs, 18 juillet-4 août www.festivaldesarcs.com Agenda CONCERTS > Jeunes talents \ Soirées Klaxon agenda 19 Tournée \ Cabaret contemporain Hommage > Avec le temps… avec le temps, va, tout s’en va… Mais nous ne les oublions pas ! 2013 est placée sous le signe des hommages. Léo Ferré, Édith Piaf, Charles Trenet ou encore Boby Lapointe : tous sont célébrés et chantés par la jeune génération, qui propose des créations dans de nombreux festivals, cet été. Alors Chante ! à Montauban (6-12 mai) ouvre la marche avec le spectacle Les enfants de Léo Ferré, commémorant les vingt ans de la disparition de l’artiste, qui avait participé, pour la dernière fois, au festival en 1992. Catherine Lara reprendra son répertoire à l’occasion d’un concert à Monaco (5 juillet), et Manu Lann Huel lui rendra également hommage aux Francofolies de La Rochelle (12-16 juillet). Allain Leprest et Boby Lapointe seront également à l’honneur avec des Scènes Sacem Chanson et une Scène Francos Juniors. Parmi les créateurs, notons Yves Jamait, Jean Guidoni, Romain Didier, Nicolas Jules, Presque Oui et Imbert Imbert. 2013, année… « extraordinaire », donnera aux spectateurs l’occasion d’assister à une création célébrant l’univers de Charles Trenet lors du festival les Suds, à Arles (8-14 juillet) avec les groupes Lo Còr de la Plana et Moussu T e lei Jovents. À travers cette série d’hommages, la Sacem renouvelle son soutien à la création et au spectacle vivant, et contribue à la valorisation d’un patrimoine musical riche, qui lui tient à cœur de protéger. Plus d’infos sur sacem.fr > Actions culturelles > « Simplifier pour ne retenir que l’essentiel : le son. Le son pour faire danser et naître les émotions. » Cette doctrine, le Cabaret contemporain l’a bien assimilée et en a fait la pierre angulaire de sa musique. Chaque membre développe une approche singulière de son instrument avec des techniques, des préparations et des modes de jeu originaux. Dès lors, des sons appartenant au domaine des musiques électroniques sont produits par des moyens entièrement acoustiques. Première escapade outre-Atlantique pour ce groupe de musiciens atypique : le Cabaret contemporain part à New York ! Une tournée commandée par le Fonds d’action Sacem. En partenariat avec les Trois Baudets, les soirées Klaxon permettent à un(e) jeune artiste ayant bénéficié d’une aide à l’autoproduction, à la pré-production ou à l’accompagnement de carrière, ainsi qu’à deux artistes issus de la programmation des Trois Baudets de se produire sur scène. Ces soirées mensuelles contribuent au renouvellement des répertoires et favorisent la professionnalisation des jeunes auteurs et compositeurs. Trois Baudets (Paris) 13 mai-10 juin, 19h30 www.lestroisbaudets.com Jeune public New York 10-17 juin 2013 Scène jazz \ Saint-Émilion Festival Composition \ La contrebasse voyageuse Le Cabaret contemporain. Festival > Film \ Atelier Ciné-concert Lieu de découverte ou de redécouverte d’œuvres depuis quarante ans, le festival du film de La Rochelle est un point de rencontre entre le public et les professionnels. De projections en rétrospectives et master-classes, il offre la possibilité à des lycéens de participer pendant quatre Thierry Petit poursuit son voyage musical. Accompagné de sa contrebasse, le musicien est parti à la rencontre d’enfants issus de tout 18-21 juillet www.saint-emilion-jazzfestival.com Opéra Berlioz (Montpellier) Concerts pour les scolaires : 13-14 juin 2013, 10h00 et 14h30. Concert familles : 15 juin, 17h00 www.lacontrebassevoyageuse.com jours à un atelier Cinéconcert organisé par la Sacem et animé par la compositrice Christine Ott. Les musiciens en herbe prépareront une musique pour un court-métrage de Max Linder. Un hommage sera également rendu à Jean-Claude Vannier, avec une leçon de musique animée par Stéphane Lerouge, suivie d’un concert de Jean-Claude Vannier. La Rochelle 29 juin-8 juillet www.festival-larochelle.org Patrimoine Le Saint-Émilion Jazz Festival se développe avec un off intégrant une Scène jeunes talents Sacem. Elle valorisera dix groupes, qui s’y succéderont dans des concerts gratuits. le bassin méditerranéen : la France, bien sûr, mais aussi l’Espagne, la Tunisie, la Grèce, le Liban et l’Égypte. C’est avec eux qu’il a imaginé ce dialogue musical tissé d’humanisme. > Ouvrage anniversaire « Mon destin de poésie a jeté bas son masque, a déchiré son costume, a revêtu le mien et nous sommes partis, tous deux – et je suis parti tout seul, sur la voie dont certains aiguillages me séparaient souvent du reste du monde. » Ainsi se terminait le texte intitulé Quel est mon destin ? écrit par Charles Trenet pour son examen d’entrée à la Sacem, en 1933. En 2013, pour fêter son centenaire, Le Cherche-midi éditeur publie l’intégrale de ses chansons, près de cinq cents textes, pour notre plus grand bonheur. Le grand poète chantant aura accompli son destin : ses chansons s’inscrivent pour toujours dans notre mémoire collective. Y’a d’la joie, intégrale des chansons de Charles Trenet, Le Cherche-midi éditeur, sortie le 18 mai Les manifestations culturelles soutenues par la Sacem sont réalisées, notamment, grâce au financement issu des ressources de la copie privée. Consultez toutes les informations dans l’espace Actions culturelles sur sacem.fr. mai-août 2013 © G. Cohen Échos | à la une | décryptage | Portrait | coulisses | © Emma Picq – Graziano Arici/LEEMAGE 18 La Sacem en 300 questions … et autant de réponses. www.sacem.fr La Sacem, première société d’auteurs française et deuxième au monde par le nombre de ses membres, est à la fois connue et souvent méconnue dans son rôle et son fonctionnement. Souvent même, les idées reçues voire les idées fausses abondent. Dans un souci de transparence et de pédagogie, Sacem.fr s’est doté d’une nouvelle rubrique « Nos réponses à vos questions ». 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