Dossier pédagogique - Comédie de Picardie
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Dossier pédagogique - Comédie de Picardie
JOURNAL DE MA NOUVELLE OREILLE Mise en scène Zabou BREITMAN TEXTE, JEU Isabelle FRUCHART La Comédie de Picardie 62 rue des Jacobins AMIENS Tél. 0322222020 Dossier réalisé par Elisabeth CARPENTIER professeur missionné par le Rectorat d'Amiens JOURNAL DE MA NOUVELLE OREILLE Remerciements à Alexandra et Dominique DUVIVIER – magiciens Le Journal de ma nouvelle oreille a reçu le PRIX AGIR AU QUOTIDIEN 2014 Adaptation et mise en scène ZABOU BREITMAN De et avec ISABELLE FRUCHART Décor Simon STEHLÉ Conception sonore Laury CHANTY Lumières André DIOT Costumes Amina REZIG Aide à la chorégraphie Sarah ZOGHLAMI Assistante de production Diane DEROSIER DATES TOURNÉE 2014/2015 PARIS, THÉÂTRE DU ROND-POINT - du 03 Juin au 04 juillet 2015 20H30 CRÉATION EN 2013 AU THÉÂTRE DU CHÊNE NOIR Du 6 au 28 juillet 2013 – Avignon TOURNÉE 2013/2014 NICE, Théâtre National de Nice - du 21 janvier au 01 février VIDY-LAUSANNE, Théâtre de Vidy-Lausanne - du 11 au 22 mars CHATILLON, Théâtre de Chatillon - du 27 au 30 mars TOULON Théâtre Liberté - Les 04 et 05 avril TOURNÉE 14/15 VERSAILLES, Théâtre Montansier - le 23 septembre MARLY LE ROI, Théâtre de Marly le Roi - le 04 octobre LOGNES, Festival Val Maubuée - le 27octobre LOCLES, La Grange Casino - 19 février, 20H30 VILLENEUVE-SAINT-GEORGES, Sud-Est Théâtre - 02 avril, 21H NOGENT-SUR-OISE, Espace Culturel du Chateau du Rocher - 19 mai, 20H30 BOULOGNE, Théâtre de l’Ouest Parisien - 21 mai, 20H30 DURÉE 1H20 À PARTIR DE 12 ans CONTACTS DIFFUSION, PRODUCTION LES 2 BUREAUX, Prima donna Hélène ICART [email protected] 01 42 47 05 56 Production déléguée THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE Coproducteurs THÉÂTRE NATIONAL DE NICE THÉÂTRE DE CHATILLON ET LE THÉÂTRE LIBERTÉ TOULON SOMMAIRE I- Distribution II- Note d’intention III- Qui est Isabelle Fruchart ? Auteur - Comédienne - Personnage - IV- Présentation de la pièce V- Pistes de travail Avant le spectacle = préparer les élèves à assister à un spectacle vivant = présenter le récit autobiographique écrit sous la forme d’un monologue = utiliser un extrait du Journal de ma nouvelle oreille Problématique : Comment rendre compte au théâtre de ce qui est douloureux et tragique dans son destin personnel ? Après le spectacle = le monologue, procédé d'écriture théâtrale représente l'écriture du Journal. = les moyens scénographiques représentent l'aventure personnelle douloureuse puis enthousiasmante de l'auteur-comédienne = aborder le travail du jeu de la comédienne qui exprime sa sensibilité, ses émotions, ses sentiments et crée de la poésie I- DISTRIBUTION Adaptation et mise en scène ZABOU BREITMAN De et avec ISABELLE FRUCHART Décor Simon STEHLÉ Conception sonore Laury CHANTY Lumières André DIOT Costumes Amina REZIG Aide à la chorégraphie Sarah ZOGHLAMI Assistante de production Diane DEROSIER II- NOTE D’INTENTION Le Journal De Ma Nouvelle Oreille, c’est la perception du monde qui nous entoure. C’est la part d’approximation aussi, qui fait du monde, le nôtre. Et pas exactement celui de notre voisin. Car les approximations de chacun ne sont pas les mêmes. Accepter de ne pas tout comprendre, pour évaluer le monde dans sa globalité, est en fait la proposition délicate de ce texte. Ce sujet profond traité avec drôlerie et légèreté nous amène librement à écouter nos propres sensations. Je pense qu’il est important qu’Isabelle Fruchart joue elle-même son histoire. À l’entrée du public un écrin de verdure sur la scène, trois murs recouverts de feuilles. À l’avant-scène un voile léger flotte vers le jardin (qui porte ici parfaitement son nom). Un drap oublié sur le fil à linge. Une petite valise jaune, au fond. La musique de « Je cherche après Titine » interprétée par Charlie Chaplin éclate tandis qu’en rétro projection sur le voile, la projection démarre. Le voile s’anime : Charlot entre dans la salle de restaurant, et au même instant Isabelle Fruchart, entre par une porte dérobée en feuillage et, à côté de Charlot, va danser parfaitement synchrone avec lui. Il perd ses paroles, elle aussi, il les cherche à terre, elle aussi, et commence alors la fameuse chanson en « jabberwock » qu’Isabelle mime comme une jumelle, un double parfait. Nous n’allons pas jusqu’au dernier couplet, la vidéo se coupe avant, le drap redevient sage, et, obéissant à un geste impétueux de la comédienne, file se ranger tout seul dans la petite valise jaune. Pendant le spectacle, une projection de lettres passera sur le fond : les mots improbables, les traductions hasardeuses qu’Isabelle fait de textes de chansons connues. Car je souhaite que les gens « entendent» par les oreilles d’Isabelle, ses approximations auditives quand elle n’est pas appareillée. Le jeu sera celui que j’aime dans tous mes spectacles : droit, simple, sans pathos, ni fioritures, réduisant à l’infime la distance entre le personnage et la personne. Drôle et touchant. Je souhaite ce spectacle généreux jamais élitiste, mais jamais non plus ni vulgaire ni « facile ». Le spectacle se clôt par la musique d’un « groupe » (il est seul !) qui s’appelle le Chapelier fou. « Entendre la forêt pousser » s’étire longtemps tandis que les fleurs se mettent à éclore dans le vert du feuillage, de plus en plus vives, de plus en plus nombreuses, sans paroles, afin que le public écoute et prenne le temps. Zabou BREITMAN Activités possibles : On pourra demander aux élèves ce qui semble une idée essentielle dans l’histoire et le douloureux témoignage d’Isabelle Fruchart ? - « la perception du monde qui nous entoure…. Avec la part d’approximation qui fait que le monde devient nôtre… il faut accepter de ne pas tout comprendre » « elle joue son propre rôle » ou plutôt elle joue son propre chemin douloureux, son destin personnel tragique. Il est intéressant de faire lister par les élèves les éléments de scénographie indiqués par la metteure en scène Zabou Breitman. Les élèves en feront des dessins de scénographie. III- QUI EST ISABELLE FRUCHART ? Une femme artiste, comédienne Née à Paris en plein choc pétrolier d’un père chef de choeur et d’une mère costumière, elle apprend dès l’enfance la musique en famille (sa soeur deviendra compositrice et ses frères contrebassiste et violoncelliste), la danse et le théâtre. Adolescente, elle rencontre en Pologne un reporter de guerre qui lui fait découvrir la réalité des pays de l’Est à la veille de la chute du mur. Elle sera dès lors toujours à l’affût de ce qui se passe «de l’autre côté des murs». Plus tard, sa rencontre avec Alain Cuny la fait plonger dans «L’annonce faite à Marie» de Claudel et lui inspire son mémoire de DEA. Puis elle se consacre au spectacle et en 1997 crée la Cie Opaline avec laquelle elle joue aussi bien dans la rue, les bars et les théâtres: «Contes de l’envie d’elle et du désir de lui» d’Henri Gougaud, «Je t’embrasse pour la vie, lettres authentiques de 14-18», «Etoiles dans le ciel du matin» d’Alexandre Galine. Elle en co-écrit certains: «Elle fait des rêves trop petits pour lui» (création collective à partir des rêves de la nuit) et «Choeur d’artichaut» (spectacle musical pour quatuor vocal a capella). Elle joue aussi sous la direction d’Antoine Campo («La mise au monstre d’un nouveau monde» de Jean-Louis Bauer), Zakariya Gouram («L’ours» de Tchekhov), Oleg Mokchanov («Mademoiselle Julie» de Strinberg), Serge Sandor («Les basfonds» de Gorki), Sophie Akrich («Lettres à l’humanité» de José Pliya), Hélène Cinque («Cymbeline» de Shakespeare au Théâtre du Soleil) et dernièrement Serge Noyelle dans «Le cirque Nono», en allemand. Elle signe et interprète «Divine devine», solo de magie mentale, sur scène et en close-up depuis 2008. Elle est collaboratrice à la mise en scène de Sophie Akrich pour «Terre Sainte» de Mohamed Kacimi au Théâtre de la Tempête, «Gare de l’Est» (spectacle sur les migrations d’Europe de l’Est créé à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration) et «L’échange» de Claudel à l’Archipel – scène nationale de Guadeloupe, ainsi que de Mireille Perrier pour «J’habite une blessure sacrée» d’après Jean Ziegler, créé dernièrement à la Maison des Métallos. Elle s’engage auprès de Valérie Thomas dans des performances qui interrogent le féminin : «Dix moi de chair, dix moi de chiffon» (tournée européenne produite par Médecins Du Monde) et «Hystéri(ka)baret». Une femme auteure de 3 oeuvres - Le commandement de la louve est sa première pièce publiée aux Editions de l’Amandier en 2011 - Journal de ma nouvelle oreille est publié aux éditions « Les Cygnes » en mai 2015 (une version numérique disponible aux éditions Emoticourt) - Mise au monde: l'enfantement en littérature est publié en format Kindle en 2016 On pourra faire écouter une émission sur France Culture où Isabelle Fruchart est invitée en tant qu’auteure, elle explique comment elle a écrit un spectacle où elle parle d’elle, comment son histoire n’est pas n’importe quelle histoire puisqu'elle a perdu 70% de son audition à chaque oreille. Elle a alors décidé de nous faire écouter le monde selon elle. « J’ai appris à écouter avec mes yeux, mes mains, ma respiration… » dit-elle. Alors âgée de 14 ans, Isabelle Fruchart subit une altération auditive. Ce n’est que bien des années plus tard qu’elle se décide à s’appareiller pour découvrir à 37 ans « le vacarme du monde ». https://www.franceculture.fr ( émission du 7juin 2015 au micro de Joëlle Gayot) Dans son « monologue fleuri », ainsi l'appelle Isabelle Fruchart, elle raconte son parcours d’apprentie comédienne, elle a joué et côtoyé des grands du monde du théâtre (Alain Cuny, Ariane Mnouchkine…). C’est pourquoi elle refuse de constater sa surdité, elle est « sourde à sa surdité » détectée à 14 ans, diagnostiquée à 26 ans. Elle n'est appareillée qu'à 37 ans, tant elle est conditionnée par une vision diminuée d'elle-même, une épreuve qu'elle rejette d'emblée vécue comme un handicap. A l’âge de 37 ans elle décide de s’appareiller. C’est une comédienne énergique qui a aussi bien joué du Claudel que des spectacles de mentalisme. Elle redécouvre les sons, les voix, les bruits. La comédienne fait jour après jour le récit de son appareillage, de son parcours personnel et de toutes les sensations issues du monde des sens, entre espérance et douleur. Elle décide de raconter son « retour au monde des entendants » sous la forme d’un journal qui est adapté et mis en scène par Zabou Breitman quelques années plus tard. La comédienne est d'abord elle-même sur scène, suscitant l'admiration. IV - PRÉSENTATION DE LA PIÈCE Journal de ma nouvelle oreille, c’est la perception du monde qui entoure Isabelle Fruchart. C’est la part d’approximation aussi, qui fait du monde le sien, le nôtre. Et pas exactement celui de notre voisin. Car les approximations de chacun ne sont pas les mêmes. Accepter de ne pas tout entendre, pour évaluer le monde dans sa globalité est la proposition délicate de ce texte. Ce sujet profond, traité avec drôlerie, poésie et légèreté, nous amène librement à écouter nos propres sensations. Ce doigt pointé sur notre écoute permet à cette pièce de rendre universel un problème spécifique. C’est pour cela qu’il était important qu’elle joue elle-même son histoire. Zabou Breitman Journal de ma nouvelle oreille est un conte sur la capacité à survivre et à s'en sortir, dans quelque situation que l'on soit : l'histoire d'une comédienne qui non seulement fait du théâtre mais qui mime, chante et fait de la magie mentale, les yeux bandés. Journal de ma nouvelle oreille est un récit autobiographique sous la forme d'un monologue. Il s'agit d'un « seul en scène » au cours duquel la comédienne retrace avec autant d'humour que de sobriété son propre parcours rétrospectivement. Elle nous raconte également son merveilleux ré-apprentissage en forme d'odyssée auditive pour reconquérir le sens perdu de la communication avec le monde et retrouver le chemin de l'oreille au cerveau, le chemin de sa nouvelle oreille. V- PISTES DE TRAVAIL Avant le spectacle = préparer les élèves à assister à un spectacle vivant Il semble nécessaire d'amener les élèves à être spectateurs avec des règles de respect, d'écoute et d'attitude devant un spectacle vivant. On n'hésitera pas à rappeler que l'on s'installe calmement, on éteint son téléphone portable, on ne mange ni ne boit, on ne parle pas à son voisin mais aussi il est normal de réagir, d'avoir de l'émotion et d'applaudir. = présenter le récit autobiographique écrit sous la forme d’un monologue = utiliser un extrait du Journal de ma nouvelle oreille On présentera l'auteure et comédienne Isablle Fruchart qui raconte son épreuve personnelle d'être sourde suite à des otites et sinusites durant son enfance. Elle refuse de voir la réalité. Elle se coupe du monde en entendant si peu et fait énormément d'efforts jusqu'à ce que le diagnostic et l'appareillage deviennent obligatoires.. Le handicap est déclaré. On pourra donner à lire un extrait de son journal afin de ressentir le style de l'écriture et la personnalité que les élèves vont découvrir au spectacle : « A l'âge de 14 ans, j'ai cessé de comprendre les paroles des chansons et je me suis mise à copier sur ma voisine pendant les cours, non que je sois devenue subitement nulle en orthographe mais je ne comprenais plus ce que dictait la prof. Ma sœur partageait ma chambre et quand le soir, à table, elle racontait à nos parents ce que je comprenais quand nous parlions dans le noir, c'était si drôle qu'ils étaient persuadés que je faisais le clown pour me faire remarquer. Ce n'est que bien plus tard, à l'âge de 26 ans, qu'on m'a diagnostiqué 70% d'audition en moins à chaque oreille. Les cellules avaient disparu, ce n'était pas évolutif, mais aucune chirurgie ne pouvait me les rendre et l'appareillage risquait de me faire perdre le peu d'audition qui me restait. Puis l'outil numérique a révolutionné l'aide auditive. A point nommé. J'étaéis épuisée de faire tant d'efforts pour comprendre les autres. A l'âge de 37 ans, j'ai décidé de m'appareiller. Jour 1 ( …) J'ai les mains moites, le cœur battant. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Une voix parle et c'est la mienne. J'entends ma voix. En dolby stéréo à travers les micros. J'entends ma voix. Mais alors, avant, je n'entendais pas ? Je vais enfin pouvoir m'écouter. C'est la première chose que je me dis. » L'extrait présente tout à tour un retour dans le passé, des anecdotes (les verbes sont conjugués au passé) et en même temps le commentaire propre à l'introspection intime du personnage-auteur Isabelle Fruchart grâce à la valeur du présent de l'indicatif, indiquant l'immédiateté et le dialogue avec elle-même et avec le public. Problématique : Comment rendre compte au théâtre de ce qui est douloureux et tragique dans son destin personnel ? = le monologue, procédé d'écriture théâtrale représente l'écriture du Journal. Sur scène la comédienne raconte 176 jours d'adaptation, revenant sur des anecdotes du passé, alternant humour, chagrin et colère. - Ainsi l'on fera mettre en relation la parole d'une comédienne seule sur le plateau durant 1h20 minutes et le récit à la première personne du singulier. - D'autre part, l'on amènera les élèves à mettre en évidence le récit rétrospectif par des éléments repérés et compris durant le spectacle lorsque la comédienne revient sur ses années d'avant. Exemple : les consultations hallucinantes chez les médecins qui n'ont pas détecté sa surdité ou bien comment elle apprend à lire sur les lèvres des personnes de son entourage et comment elle s'en accommode. - On fera remarquer par les élèves comment la parole autobiographique se double du récit au passé et du commentaire intime, de l'humour durant tout le spectacle. - Enfin, il semble intéressant de faire distinguer par les élèves les deux faces du monologue, l'une ayant pour but de se raconter, de parler de soi et l'autre de se chercher et de se dévoiler en donnant une leçon de vie . Le monologue est donc bien une écriture théâtrale qui permet de raconter au passé, d'analyser au présent, de faire réfléchir, d'émouvoir tout en donnant une leçon philosophique sur le sens du bonheur au-delà du handicap. - On pourra proposer aux élèves en lecture complémentaire le livre-témoignage d'Emmanuelle Laborit Le Cri de la mouette paru aux éditions Robert Laffont en 1994 et qui montre comment une sourde et muette de naissance peut-elle réaliser son rêve de devenir comédienne. Récit autobiographique également, l'auteur mêle ses souvenirs d'enfance en exprimant ses émotions et ses sentiments. les moyens scénographiques représentent l'aventure personnelle douloureuse puis enthousiasmante de l'auteur-comédienne On demandera aux élèves de trouver par quels moyens la metteure en scène Zabou Breitman a choisi d'illustrer ou d'accompagner le récit-confession, le journal de théâtre d'Isabelle Fruchart. On pourra rédiger de courts textes descriptifs ou réaliser des dessins de la scénographie. Exemples : l'écran qui disparaît comme un mouchoir dans une malle posée au sol pour représenter l'émotion à fleur de peau le mur végétal recouvert de vigne vierge qui fleurit à la fin et le choix du végétal sur le costume porté par la comédienne qui se fond à un moment donné dans le mur végétal. On demandera aux élèves de donner du sens aux thèmes végétaux comme si le personnage -auteur prenait une dimension surnaturelle et merveilleuse Autre moyen scénographique essentiel : la bande son On demandera aux élèves d'étudier les différents moments sonores pour faire vivre aux spectateurs la reconquête de l'audition et la découvertes des sons et des bruits du monde environnant. Exemples : les approximations auditives rendues par la bande son pour que les spectateurs perçoivent exactement la perception sonore de la comédienne enfermée dans son handicap. Le vacarme du monde avec les bruits de la rue, l'eau de la vaisselle sur les assiettes, le brouhaha au restaurant, la cacophonie urbaine Les moyens scénographiques du son permettent ainsi de faire comprendre la façon dont l'auteur percevait de plus en plus le monde extérieur et les voix. Le spectateur entre dans le monde intérieur de l'auteur-comédienne aux différentes étapes de sa vie. Le spectateur apprend ainsi comment un handicap peut peser douloureusement dans l'intimité de la personne concernée et à quel point les solutions techniques surpassent le handicap et apportent joie, enthousiasme. aborder le travail du jeu de la comédienne qui exprime sa sensibilité, ses émotions, ses sentiments et crée de la poésie Activité possible : étudier le tout début du spectacle où Isabelle Fruchart costumée en Charlot joue un numéro muet sur un pas de deux avec Charlie Chaplin sur la musique extraite du film « Les Temps Modernes ». La gestuelle, les mimiques et la parfaite synchronisation avec la projection d'un extrait du film montre le côté burlesque et l'humour poétique voulus par l'auteur. Autre activité possible : étudier les gestes, les déplacements de la comédienne par rapport au mur végétal et par rapport au tabouret, seul accessoire sur le plateau. On notera l'énergie, l'élégance et les gestes poétiques de la comédienne pour exprimer ses états d'âme. Il semble intéressant de faire la liste des moments de pratique de la magie par la comédienne et toutes ses expressions du visage pour marquer l'émerveillement, la poésie du monde qu'elle découvre progressivement grâce à l'appareillage. Exemple : la présence du Chapelier fou pour rappeler le monde imaginaire et délirant d'Alice au pays des merveilles. Isabelle Fruchart a écrit le journal de sa nouvelle vie sonore : « Mon handicap est invisible. Il ne se voit pas, ne s'entend pas. Grâce à mon appareil, je ne me sens plus handicapée. .. Je m'écoute, je m'entends... J'ai toute une vie à rattraper. »