«On a un public qui va de 8 à 75 ans!»
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«On a un public qui va de 8 à 75 ans!»
LA LIBERTÉ LUNDI 19 MARS 2012 30-37 31 38 39 40 L’INVITÉ OFFRES D’EMPLOI AGIR RADIO-TV MULTIMÉDIA MÉTÉO 29 DU LUNDI «On a un public qui va de 8 à 75 ans!» VINCENT KUCHOLL • Le comédien s’en donne à cœur joie dans la rigolade, sur Couleur 3, avec son complice Vincent Veillon. Leur «120 secondes»? Encore, encore! PASCAL BERTSCHY Face à son ami Vincent Veillon, impassible, Vincent Kucholl ose tout. Sur le plateau de «120 secondes», la poilade matinale de Couleur 3 qui fait fureur sur le Net, le voilà dans la peau du lieutenant-colonel Inäbnit, du toxico Sébastien Jaquet ou du paumé Gilles Surchat. Avec ses nombreux personnages, ses accoutrements et accents d’enfer, il n’en rate pas une. Les Romands en redemandent: c’est rare qu’on les singe avec une bonne humeur si communicative, un tel culot. Je suis debout à 5 h pour survoler l’actualité, écrire et enfin préparer avec Vincent la séquence de 7 h 50. Mais seulement trois matins par semaine car, le mercredi, on triche en enregistrant après le direct les deux numéros suivants. Ça me laisse le jeudi et le vendredi pour faire autre chose. Dans votre galerie de personnages, avez-vous un préféré? Oui, Gilles Surchat. J’aime bien le faire, il est tellement fragile! La détresse, tant qu’elle ne met pas la vie en danger, est très drôle. «J’ai encore du mal avec le véritable accent fribourgeois» Bon courage, cela dit, à qui voudrait caricaturer Kucholl! On n’a pas encore inventé la case où ranger quelqu’un qui est à la fois comédien et politologue. Dans la vie, de plus, tu parles d’un comique! Cultivé, réfléchi, réservé, le Lausannois a (co)écrit des livres aux titres du genre «Economie suisse». C’est une calure. Et un homme à qui sa vie sourit, vu qu’il ne cherche pas à la réussir... Vincent, de quand date votre complicité avec Vincent Veillon? Il est arrivé à Couleur 3 en 2009, année où nous sommes partis ensemble à Sydney pour l’opération «rédaction délocalisée». Ce fut l’aventure Ignacio Cholet, le paysan vaudois que j’ai joué. Sur ce, l’an dernier, Vincent m’a proposé de faire avec lui une séquence matinale. Il a 26 ans, moi dix de plus, et nous sommes complémentaires en tout. Lui s’occupe des images visibles sur le Net, par exemple, tandis que je suis responsable du texte. C’est bien beau d’avoir du succès à la radio, mais il faut se lever tôt. Rire d’un chômeur, d’un toxicomane et d’autres personnes vulnérables, n’avez-vous pas honte? Pas du tout! Avec nous, pas d’exclus, on se moque de tout le monde. Et sans aucune volonté de blesser ou de coincer la personne, car il faut toujours laisser une porte ouverte aux êtres humains. Les gens s’y retrouvent, en tout cas, et sont flattés qu’on les caricature en prenant leur accent. En plus, nos personnages sont toujours représentatifs et jamais identifiables. Mais une fois, sans le savoir, j’ai donné à l’un d’eux le nom que portait aussi un notable valaisan. Le monsieur, que je ne connais pas, en a été outré et nous a écrit qu’on humiliait sa famille... Votre public, vous le connaissez? Une collègue de la radio m’a appris que son fils de 8 ans connaît beaucoup de répliques par cœur. Dans un vernissage, une dame de 75 ans m’a raconté qu’elle ne ratait aucune de nos séquences. Donc, selon mes déductions, on a un public qui va de 8 à 75 ans! Vos sketches passeront-ils sur la chaîne de télévision romande? Je ne sais pas. L’avantage, avec la télé, c’est que nous serions peutêtre mieux payés. En fait, on s’en fout! Nous travaillons en toute indépendance, ce qui n’a pas de prix, et touchons déjà une bonne partie de notre salaire en voyant le plaisir qu’on donne au public. En regardant «120 secondes», on réalise que le gentil benêt du village romand ne travaille plus à la ferme. En 2012, il bosse plutôt à l’Office fédéral machin chose... C’est le Oin-Oin d’aujourd’hui et, comme tout a changé en cinquante ans, il travaille en effet dans l’administratif. Et nous, à notre manière, nous faisons du Oin-Oin en étant fiers d’un tel héritage radiophonique. Kucholl, est-ce votre vrai nom? Oui, et nous sommes trois en Suisse à le porter: mon père, qui est né en Allemagne, une de mes soeurs et moi. Mais, si vous voulez savoir, on m’a parlé toute ma vie du fameux pain brioché que les Fribourgeois connaissent. BIO EXPRESS A propos, parmi vos rigolos, il manque une figure de Dzodzet! Si je me débrouille en vieux Gruérien, j’ai encore du mal avec le véritable accent fribourgeois. A Fribourg, vous connaissez des endroits où on peut l’entendre? Quand vous passerez dans le coin, je vous y inviterai. Et vous tomberez sur beaucoup de vos fans... Le minibuzz autour de «120 secondes» nous dépasse, mais il est agréable à vivre. Avec Vincent, l’autre soir en ville, on est allé boire un verre et un gars nous a reconnus. Jusqu’à 2h du matin, il n’a pas arrêté de nous amener des bières. Comment s’en plaindre? On me dit souvent que ça doit être pénible de se faire alpaguer ici ou là, mais si ça l’était, ce serait un problème de riche. L’ennui, c’est plutôt mon côté gendre idéal. Etant quelqu’un de retenu, d’assez timide et de peu extravagant, je déçois souvent les gens. SA VIE D’ARTISTE > Né le 23 décembre 1975 à Moudon d’un père – Andréas – électricien et d’une mère – Françoise – infirmière. > A grandi à Donneloye (VD) jusqu’à la séparation de ses parents. A vécu dès 6 ans avec son père, puis dès 11 ans avec sa mère. A quatre demi-sœurs. > Est célibataire et domicilié à Lausanne. > Politologue de formation (études en sciences politiques à l’Université de Lausanne), est également comédien (école de théâtre à Genève). > Travaille depuis dix ans pour les Editions LEP Loisirs et Pédagogie. Y a publié en 2005 «Institutions politiques suisses», premier livre d’une collection dont il est devenu le directeur. > Compte parmi les fondateurs et les acteurs d’Avracavrabac, troupe d’improvisation théâtrale lausannoise. > Héros avec Vincent Veillon, sur Couleur 3, de «120 secondes» (en semaine à 7 h 50). Vincent Kucholl dans un de ses cafés lausannois favoris. CÉLINE MICHEL Dans vos problèmes, quoi d’autre? Devoir dire ce que je fais. Imitateur? Surtout pas, car l’idée n’est pas de faire de l’imitation. Humoriste? Bof, les humoristes ne me font pas rire. Chroniqueur? Non plus. Vous savez, on vient de me désigner tuteur de quelqu’un comme on le fait encore dans le canton de Vaud. Eh bien, quand l’assesseur m’a demandé mon métier, je n’ai su quoi répondre. Je suis toujours embêté avec ça. Enfant, étiez-vous turbulent? Non, assez sage, même si j’aimais faire le con. Mon enfance a été plutôt heureuse et, après la séparation de mes parents, elle l’est restée. En particulier parce que j’ai eu plusieurs familles, ce qui est quelque chose d’enrichissant. La suite, comment vous la voyez? Petit, j’avais peur de ne pas savoir ce que j’allais faire quand je serai grand. Maintenant, je n’ai aucun plan. Je n’ai pas envie de choisir entre mes différentes activités et ne suis pas ambitieux. Ma seule ambition, c’est de bien faire les choses que j’entreprends. Etre le beau gosse dont on parle, au fait, ça paie auprès des filles? Non, pas plus que ça. Quoique, à la soirée donnée aux Docks pour les dix ans de la troupe Avracavrabac, trois filles m’ont payé un verre. Mais je n’en ai pas profité. I Kucholl, goûts et couleurs SON PERSONNAGE LE PLUS GRANDIOSE Gilles Surchat, de Reconvilier Kucholl dans ses œuvres et dans la peau de Gilles Surchat, son rôle sans doute le plus émouvant. Surchat, qui vit à Reconvilier (BE), n’a jamais de chance. Le pauvre a été licencié par Schaffter Pives, entreprise où il comptait les pives. Et son unique ami, du moins le seul être humain à être gentil avec lui, est un certain Kumarakulendran Sivanayagam que la police des étrangers menace d’expulser... RTS > Un trait de son caractère: «Exigeant.» > Un défaut: «Comme tous les artistes, ou ceux qui prétendent l’être, je suis «égocentré.» > Un luxe qu’il s’accorde: «Les bons repas.» > Une gourmandise: «Le homard à la mousse de champagne que propose Le Cinq à Lausanne.» > Une ville qu’il adore: «Londres.» > Un pays où il pourrait vivre: «La Suisse!» > Un souvenir d’enfance: «J’aimais bien faire rire ma maîtresse, qui était rousse et frisée. C’est mon côté fayot, qu’on me reproche aujourd’hui: il paraît que je suis toujours bien avec les chefs. Mais bref, durant un camp d’été, j’ai fait marrer madame Cochand. Elle m’a chatouillé si fort, en retour, que j’ai fini par me rouler par terre. Ma première expérience érotique avec une femme, en quelque sorte!» > Une musique: «Si je devais m’exiler sur une île déserte en ne pouvant emmener que trois disques, je prendrais un Duke Ellington, le «Requiem» de Mozart et l’album «Thriller» de Michael Jackson.» > Ses films cultes: «Sueurs froides», d’Hitchcock, et «Les lumières de la ville», de Chaplin.» > Une pièce qui l’a marqué: «Festen», que j’ai eu la chance de jouer avec un grand comédien, Michel Cassagne. Il interprétait le père et moi, le fils aîné.» > Quelqu’un qu’il admire beaucoup: «Il y a douze ans, j’aurais dit le sociologue et philosophe Pierre Bourdieu. Il y a quatre ans, j’aurais répondu: Barack Obama. Aujourd’hui, je ne sais pas...» > Quelqu’un avec qui il ne partirait pas en vacances: «La plupart des gens qui travaillent sur les chaînes de télévision françaises.» > Une belle femme: «Brigitte Bardot, durant son époque Gainsbourg.» > Un bel homme: «Marlon Brando.» > Ce qui a le don de l’énerver: «La négligence.» > Ce qui le fait toujours rire: «Les inadaptés.» > Ce qui a le don de l’effrayer: «J’ai peur du vide, dans le sens où je suis sujet au vertige.» > Ce qui le réjouit le plus: «Les fois, sur scène, où la sauce prend et où on a l’inspiration. Vivre un tel moment, c’est aussi bien que de faire l’amour. Sinon, il y a aussi la bonne discussion avec des amis pendant un bon repas arrosé d’un bon vin.» PBY PUBLICITÉ 400 ELLES OFFRES NOUVUE JOUR CHAQ TROUVEZ LE JOB QUI VOUS CONVIENT.