Christian MENOUNGA Tema
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Christian MENOUNGA Tema-RMS Etude Personnelle Sujet: L’Afrique, entre marginalisation et mondialisation ! 1 Sommaire : Introduction 1) L’Afrique dans la mondialisation : a- Une dépendance économique b- Des échanges inégaux c- Des économies face à la concurrence 2) La marginalisation de l’Afrique : a- Une Afrique en marge des flux commerciaux et financiers b- Une fracture totale : Numérique, scientifique et cognitive c- Insertion dans une mondialisation aux effets négatifs 3) Les migrations internationales : a- Caractéristiques b- Facteurs explicatifs c- Effets 4) Des politiques de normalisation face à la mondialisation : a- Les effets limités des politiques d’ajustement et de libéralisation b- Le consensus dans la lutte contre la pauvreté Conclusion : 2 Introduction : La mondialisation est, selon le sociologue Guy Rocher, « une extension à l’échelle mondiale de ce qui était auparavant limité à des régions ou des nations ». Elle renvoie à plusieurs phénomènes : le changement d’échelle, l’extension des espaces, la prise en compte d’une dimension planétaire, l’accentuation des interdépendances et le capitalisme mondial. Il s’agit donc d’un nouveau phénomène qui a pour but d’accentuer les différentes formes d’intégration, ces dernières pouvant être d’ordre économiques, financières, sociales, écologiques et culturelles. Elle est différente des révolutions techniques et technologiques, ainsi que du développement du capitalisme, même si des liens existent entre tous ces processus. En Afrique, cette mondialisation tend à achever le passé colonisateur, mais marginalise davantage le continent au lieu de lui permettre d’avoir une intégration « positive ». Le continent Africain la subit davantage, car les conditions ne lui sont pas proposées, mais imposées d’où le fait que l’Afrique peut être considérée comme intégrée dans le « système-monde » mais complètement en marge des relations internationales malgré les fortes différenciations de zones d’influence et la multiplicité des partenaires. Les pays du Sud représentent à eux seuls la moitié du Pib mondial et ont un accroissement de leur demande qui a dopé le prix des matières premières. Le continent africain a bénéficié des financements, de la multiplicité des partenaires internationaux, de la flambée des prix et a cependant vu croitre les inégalités, la diminution des ressources minières et pétrolières et la hausse de la dépendance alimentaire d’où mon désir d’essayer de répondre à la problématique suivante : « La mondialisation, moyen permettant à l’Afrique d’accroitre ses inégalités ou de bénéficier des transformations structurelles ? » 3 1) L’Afrique dans la mondialisation : Le terme de mondialisation peut vouloir marquer une certaine « interdépendance » entre les nations et à développer les relations transnationales. Cette mondialisation est un processus qui permet de transformer une multitude d’organisations et de les rendre plus intenses, plus rapides et plus étendues. Pour les « hyper mondialistes », la mondialisation entraine une homogénéisation de monde grâce notamment à l’accentuation de l’ouverture des frontières, la libre circulation des capitaux, le développement de l’économie de marché, la diminution des pouvoirs étatiques. Ils considèrent que « la flexibilité, l’adaptabilité, l’attractivité et les savoirs » sont dorénavant les nouveaux moyens d’insertion dans l’économie du monde. D’autres par contre considèrent la mondialisation comme étant un moyen d’accroitre les inégalités, les divergences, les fractures, la marginalisation et les frustrations dans certains pays pauvres en favorisant l’émergence de certains pays qui sont bénéficiaires de la mondialisation. La mondialisation se forme autour des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des changements technologiques et de l’allongement de la durée de vie. Cependant, l’Afrique est restée à la traine, ne disposant pas de tous les éléments nécessaires à sa liberté de choix. a) Une dépendance économique : Malgré l’optimisme des institutions internationales, l’Afrique est le seul continent dont tous les indicateurs (économiques, sociaux et autres) se dégradent de plus en plus. Les économies africaines restent dépendantes des économies occidentales qui représentent environ « 2/3 » de leurs échanges commerciaux et de leurs transferts de capitaux malgré l’arrivée en force du continent asiatique. La structure de ses exportations a peu été modifiée avec des exportations de produits manufacturés qui représentent « 5% », une totale dépendance dans les biens d’équipements, les biens intermédiaires et les biens de consommation. La part de l’Afrique dans les exportations mondiales est passée de « 6% en 1980 à 2% en 2002 ». Une grosse partie des recettes publiques du continent reposent sur les droits de douane, la dépendance de l’Afrique est élevée dans le domaine des transferts de capitaux, dans le domaine des technologies de pointe et même au niveau des compétences managériales (certains pays font appel à des cadres 4 expatriés pour se développer). Seuls des pays comme l’Afrique du Sud et le Nigeria parviennent à développer des méthodes productives leur permettant de se hisser en « poumons régionaux » malgré le fait que l’Afrique possède « 99% des ressources mondiales de chrome, 85% de platinite, 68% de cobalt, 54% d’or », sans oublier d’autres ressources telles que le pétrole dont le Nigéria, la Libye et l’Angola en sont les dignes possesseurs, le diamant (au Zaïre), le bois et la bauxite ! Pays PIB Exportations Importations Afrique du Sud 570 51,8 62,3 Nigéria Soudan Ethiopie Ghana Kenya RDC Angola 174 85 60 55 48 46 43 42,3 5,1 3 2,4 3,3 1,4 20,6 24 6,9 3,8 5,9 6,1 1,6 8,6 Côte-D'ivoire 28 7,3 5,8 Total des 9 pays 1100 137,3 125 Autres pays d'Afrique sub-saharienne 458 51 74,4 Total de l'Afrique subsaharienne 1559 188,3 200 Tableau des exportations et importations de l’Afrique en 2005 (milliards de dollars US), rapport annuel sur l’Afrique. A la lecture de ce tableau récapitulatif établit par la Banque Africaine de Développement, nous pouvons constater que l’Afrique contribue à la puissance des pays occidentaux sans bénéficier des retombés et en étant privée de sa liberté d’action qui lui donnerait une certaine indépendance dans la gestion de ses ressources. L’Afrique est aussi victime de la fluctuation des prix des matières premières au gré des capitaux étrangers, d’où l’instabilité croissante des recettes et le sentiment d’échanges inégaux entre les différentes parties. 5 b) Des échanges inégaux : Le continent africain ne détient pas la possibilité d’imposer des prix, mais subit les prix imposés par l’occident. L’Afrique est donc en quelque sorte « Price Taker » comme le souligne Philippe Hugon dans son livre « Géopolitique de l’Afrique ». Le pouvoir d’achat est déplacé dans les grandes villes d’où les différences énormes de pouvoir d’achat au sein d’un même pays. Les prix des matières premières (cacao par exemple) connaissent une instabilité chronique, malgré le fait que les produits qui en découlent connaissent une stagnation de leurs prix, voire une légère augmentation. Les pays produisant ces matières premières, malgré l’instabilité du prix de ces dernières, connaissent des pertes de marché à cause du pouvoir sans cesse croissant des firmes industrielles qui dictent de plus en plus leurs lois. Cette détérioration des échanges entre les deux parties entrainent une paupérisation continue du continent africain, une accentuation de l’endettement des pays africains et un sentiment de « pillage des ressources ». Cet échange inégal entre les pays du Nord et le continent Africain pourrait devenir plus égalitaire par la transformation du continent en un lieu ou les activités de transformation seraient plus spécialisées et le travail mieux rémunéré. A titre d’exemple, selon Philippe Hugon, chercheur au CNRS et auteur de plusieurs ouvrages sur la mondialisation, « une chaussure Nike vendue 70 dollars correspond à 15 dollars de coûts de production au Sud (dont 3 dollars pour les salariés), à 17 dollars de frais de publicité au Nord et à 35 dollars de marges commerciales Cette même règle s’appliquerait dans le commerce du café ou du cacao : la règle du 1/20ième ». La place de l’Afrique dans le commerce international et dans les échanges commerciaux a chuté, de « 5% dans les années 1980 à 2% dans les années 2000 » et la part destinée à l’Afrique dans les investissements direct à l’étranger demeure marginale avec seulement un taux équivalent à « 1,8% ». Les échanges sont de plus inégaux car les pays occidentaux inondent le continent africain de produits manufacturés au détriment des productions locales, d’où le fait que la pauvreté demeure une réalité dont l’Afrique n’arrive pas à s’affranchir. L’Afrique se doit donc d’essayer de trouver le juste équilibre avec ses partenaires commerciaux dans les échanges internationaux et ce, malgré la concurrence économique croissante. 6 c) Des économies face à la concurrence : L’économie du continent africain est instable. Ce constat peut être fait après lecture de plusieurs ouvrages, revues et analyses issues de la Banque Africaine de Développement et d’autres auteurs indépendants. Cette instabilité permanente est due à la fluctuation des échanges, des aides internationales, des investissements étrangers, au système de gouvernance teinté d’incompétence et de corruption et à la demande des produits primaires. Selon la chronique d’André Michel Essoungou, ancien correspondant de Radio France International en Tanzanie, nous avions, avant la crise économique qui a frappé les économies mondiales en 2008, une reprise de la croissance sur le continent avec une moyenne de « 5% par an » entre 2002 et 2007. Cette croissance était surtout le résultat des exportations pétrolières de certains pays qui ont bénéficié d’une hausse des cours du pétrole (« + 25% ») entre 2002 et 2005 malgré la baisse en volume des exportations, d’une amélioration des échanges ( notamment les pays producteurs de métaux et de café), des annulations de dette (Le Cameroun, le Gabon et le Congo notamment ont bénéficié de l’annulation de leurs dettes respectives par le Club de Paris), d’une augmentation des aides au développement et d’un certain accroissement des capitaux issus du secteur privé international. Tous ces avantages ont permis, selon le FMI, d’avoir une croissance moyenne en 2006 de « 4,2% » sur tout le continent africain. La crise économique a particulièrement secoué les économies africaines courant l’année 2009. Un rapport de l’Organisation des Nations-Unies souligne que les taux de croissance moyens sur l’ensemble du continent avoisinaient les « 1,9% », ce qui traduit une chute difficile pour des pays connaissant de nombreux problèmes structurels. La région Afrique de l’Est a été particulièrement touchée avec un taux de croissance qui a atteint « 3,8% », sans oublier l’Afrique Australe qui a eu le taux de croissance le plus bas, « 1,7% », réalisant ainsi la plus faible performance sur tout le continent. L’Afrique de l’Ouest et du Nord a connu une certaine stagnation avec des taux de croissance moyens avoisinant respectivement « 2,4% » et « 3,5% ». Cependant, les pays africains exportateurs de pétrole (Angola, Guinée-équatoriale et Nigéria) ont connu un ralentissement beaucoup plus conséquent avec des taux de croissance en chute libre (Angola, de « 16% » à « 0,2 » et 7 Guinée-Equatoriale de « 16% » à « -3,4% ») contrairement à ceux considérés comme pays agricoles (Libéria, Malawi et Ouganda) qui avaient des taux de croissance largement au-dessus de la moyenne. Toujours en 2009, les investissements directs à l’étranger ont connu un ralentissement conséquent, à l’exception du Rwanda qui a connu un regain d’investissement notamment Français, suite à la normalisation croissante des relations entre les deux pays depuis l’élection du Président Sarkozy. Les équilibres fiscaux et budgétaires dans l’ensemble n’ont pas réussi à être maintenus malgré les appels à la maitrise des dépenses de l’Etat, aux conseils et aides du Fonds Monétaire International. Le rapport de l’ONU affirme que l’année 2009 a marqué un point négatif dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le Développement. Malgré tous ces aspects négatifs issus de la crise économique, les pays Africains ont tout de même été moins touchés statistiquement parlant, car moins intégré au système-monde, l’Afrique a moins souffert contrairement au pays riches qui, plus connectés aux marchés internationaux, ont subi des baisses drastiques du niveau de vie de leurs habitants. Au final, les pays africains exportateurs de pétrole, malgré la chute qu’ils ont connu courant l’année 2009, pourraient bénéficier de la hausse des cours du pétrole contrairement aux pays agricoles qui devront investir massivement pour faire face à la demande des pays acheteurs. Les pays Africains devront donc trouver les moyens de tirer bénéfices de leurs ressources dites « primaires » afin de diversifier leurs exportations et d’apparaitre comme moins marginalisés dans le système-monde. 8 2) La marginalisation de l’Afrique : Les indices de mondialisation prennent en compte les échanges de biens et services, les investissements directs à l’étranger, les revenus versés et perçus, la situation sociale et l’intégration politique. L’Afrique en général est moins mondialisée que le reste des pays du monde, surtout dans le domaine social. Indice global Intégration économique Intégration politique Intégration sociale Monde 2,46 3,31 3,08 1,24 Afrique 1,51 2,21 2,16 0,4 Tableau des indices de mondialisation de l’Afrique réalisé par la Banque Africaine de Développement dans son rapport annuel sur l’Afrique datant de l’année 2003. A travers ce tableau de synthèse, nous pouvons constater que le maigre développement économique du continent africain a des répercussions sur les conditions de vie des populations. Un investissement doit donc être fait comme l’a dit l’ancien Président Sud-Africain, Mr Thabo Mbeki, pour « développer le capital humain » africain afin de surmonter de nombreux défis auxquels le continent fait face et de renverser le processus de marginalisation. Tous ces indices permettent de constater que l’Afrique demeure encore, et ce depuis des années, un continent en marge de nombreux flux, avec des fractures qui s’accentuent et une augmentation de son insertion dans les réseaux de corruption et de criminalité. 9 A) Une Afrique en marge des flux commerciaux et financiers : Le déficit compétitif du continent : Le poids de l’Afrique dans le commerce mondial a diminué de l’ordre de plus de « 50% » entre 1970 et 2007 : le continent connait donc une perte de compétitivité drastique depuis lors. Selon Djilali Benamrane, économiste au forum international sur la compétitivité des économies africaines à Dakar en 1999, « le taux de couverture de la balance commerciale est un excellent indicateur de la performance et de la santé économique d’un pays ». Cependant, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne connaissent des déficits commerciaux qui peuvent être le résultat d’une compétitivité insuffisante de leur appareil de production (faible niveau de productivité, poids de la masse salariale, lourdeur fiscale, mauvaise gestion des finances publiques), d’exportations de produits qui ne sont pas adaptés à la demande mondiale, d’un mauvais comportement des entreprises sur les marchés étrangers (nombreux problèmes de gestion) et d’une perméabilité trop excessive du marché africain avec notamment des prix étrangers qui sont parfois plus attractifs et des produits beaucoup plus développés. Les pays d’Afrique subsaharienne sont beaucoup plus tournés vers l’exportation des matières premières et des produits agricoles et vers l’importation de produits industriels et technologiques et des services à haute valeur ajoutée, ce qui entraine un appauvrissement croissant des pays d’Afrique et un enrichissement conséquent des pays du Nord. Les exportations des pays africains représentaient en 1970 « 3,1% » des exportations mondiales, mais ne valent que « 1% » (avec plus de « 40% » pour le pétrole) de ces dernières en 2007. Les pertes de marché sont également énormes lorsqu’il s’agit de l’exportation de ses principaux produits : cacao, palmiste, arachide, banane et caoutchouc. Le continent Africain se trouve en marge des routes commerciales traditionnelles, tant maritimes qu’aériennes (bon nombre des compagnies aériennes du continent n’assure pas de liaisons régulières pouvant faciliter les échanges avec l’international), tout comme son circuit routier se trouve parfois peu développé et en proie à de nombreux problèmes d’insécurité : tout cela participe donc davantage à la marginalisation commerciale du 10 continent qui est assujettie au transport des compagnies étrangères y opérant. Le commerce international est réalisé en grande partie par les multinationales occidentales (qui disposent de capitaux mobiles et des avantages issues des barrières tarifaires africaines) grâce à des produits à forte valeur ajoutée et ayant de plus en plus d’innovations technologiques, et des services. L’Afrique, en plus d’une perte de sa compétitivité, est plus dépendante que jamais du reste du monde. Elle est handicapée par une dette qui annihile tout espoir de croissance et de développement durable. Cette dette entraine de nombreux ravages sur le continent, des ravages tellement nombreux qu’un bon nombre de pays ont bénéficié de l’annulation de leurs dettes, ces dernières « étouffant » certaines économies. Selon le global development finance, la dette extérieure de l’Afrique a connu une explosion effrénée : Celle de l’Afrique subsaharienne est passée de « 45 milliards de dollars en 1980 à 175 milliards en 2003 » avec une dette globale du continent africain qui est passé de « 89 milliards en 1980 à 250 milliards en 2003 » (cf. tableau ci-dessous réalisé par le Global Development Finance) L’aide internationale a montré ses limites et rendu ces pays beaucoup plus dépendants sans toutefois les aider à connaitre un début de développement significatifs et autonome. Les banques se sont peu à peu retirées de la plupart des pays africains pour laisser place aux institutions internationales telles que le FMI et la Banque 11 Mondiale qui, dorénavant, aident les pays Africains. Ces institutions prônent à longueur d’années des réformes visant à attirer les investissements privés étrangers (à travers notamment des privatisations qui sont souvent des échecs lamentables) et à réformer l’économie de ces pays. Cependant, la plupart des ces investissements entrainent une « perte de souveraineté » des Etats dans certains domaines et une fuite des profits vers les « maisonsmères » des grands groupes investissant en Afrique. Ces fuites de capitaux se sont élevées à « 9 milliards de dollars en 2003 », ce qui pose le problème de l’apport des flux financiers sur le continent Africain. 12 Le problème des flux financiers : Ces flux financiers sont le résultat d’une globalisation accrue de la sphère financière mondiale avec notamment les « interconnexions » existantes entre les différents pôles financiers mondiaux et le poids des actionnaires. La plupart des capitaux destinés à l’Afrique sont de plus en plus d’ordre privé malgré le faible accès du continent Africain aux marchés mondiaux (financiers et capitaux) en dehors des places financières africaines comme Johannesburg, Accra, Douala et Libreville (ces dernières étant en concurrence avec leurs deux bourses régionales). Selon le Fonds Monétaire International, l’aide publique au développement sur le continent africain a baissé depuis la chute du mur de Berlin, avec une inflexion actuelle à « 40 milliards de dollars en 2008 », l’endettement de l’Afrique est permanent avec un ratio de la dette qui est supérieure à « 60% » du PIB. Toujours selon le Fonds Monétaire International, la dette africaine a eu à connaitre un certain fléchissement notamment grâce à une mesure (Initiatives PPTE = Pays Pauvres Très Endettés) édictée par les organismes internationaux, cette dernière ayant permis d’octroyer à certains pays africains un allègement « substantiel » et le financement de nombreux contrats dans des secteurs vitaux afin de développer les dépenses sociales, réduire le service de la dette et améliorer la gestion de cette dernière dans 33 pays d’Afrique et ce, malgré les nombreuses conditionnalités. Selon Philippe Hugon dans son livre intitulé « Géopolitique de l’Afrique », les évasions de capitaux ont représenté durant les années 1990 près de « 300 milliards de dollars ». Toujours selon lui, sur chaque dollar prêté à l’Afrique, « 60% » a été détourné par les élites qui détiennent à eux seuls « 800 milliards de dollars » dans les établissements financiers mondiaux, soit « deux fois plus que le PIB africain ». Tout ceci constitue des manques à gagner considérables pour le continent, malgré l’arrivée d’un nouveau type d’investisseurs parmi lesquels des fonds souverains, des banques islamiques, des fondations privées et des associations d’appuis à la micro-finance. Une dernière analyse venant du Président Taberuka de la Banque Africaine de Développement lors d’un discours le 26 avril 2010 à Washington à l’Institut Hudson sur les flux financiers nous permet 13 de comprendre que cette institution entend s’engager encore plus dans le développement des biens vitaux notamment grâce à une augmentation générale du capital de cette banque, augmentation qui assurera le financement de nombreux nouveaux projets en infrastructures et en technologies de l’information et de la communication. Le Président Kaberuka a aussi insisté sur l’apport financier des Africains vivant en dehors du continent, apport qui tend à s’accroitre au fil des années et qui n’est pas encore réellement pris en compte. Au final, le niveau d’épargne des Africains demeurent encore supérieur à celui de leurs investissements : Une des priorités de l’Afrique serait donc dans la mobilisation de ses ressources dites « Locales » pour faire face à la faible attractivité des investissements directs étrangers. 14 Un continent peu attractif pour les investisseurs étrangers : L’Afrique souffre d’un déficit d’investissement de la part de ces propres Etats. L’essentiel de sa matière grise permettant d’ouvrir le continent vers le reste du monde est assuré par l’entremise des grands groupes internationaux, que ce soit dans le domaine du commerce international, de la logistique, des biens services, de la recherche, du développement, des technologies de la communication et de l’innovation : L’apport de ces grandes entreprises est devenu « stratégique ». Nous pouvons citer quelques grandes entreprises présentes sur le continent : SDV logistics, PriceWaterHouse, Aes Sirocco, Total, Groupe Bolloré, Cabinet Mazars, Groupe Monoprix, Orange-France Telecom et bien d’autres. La plupart de ces grandes entreprises profitent bien évidemment du tissu social, économique et technique du continent, des coûts salariaux et fiscaux pour tirer profit de leurs activités, exceptés dans certains domaines qui relèvent souvent des hautes autorités étatiques, domaines tels que le pétrole, l’eau, la sécurité, les télécommunications où les privatisations se passent beaucoup plus avec l’aval de ces autorités. Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), l’Afrique attire en moyenne « 1% à 2% » des investissements mondiaux, sur un total de « 1000 milliards de dollars ». L’organisme note toutefois une forte augmentation des investissements asiatiques et africains dans les ressources naturelles notamment, et technologiques aussi. L’Afrique a reçu « 55 milliards de dollars en 2009, dont 33 venant du continent Asiatique », une baisse comparée à l’année précédente où les IDE étaient de l’ordre de « 87 milliards » : La crise économique est passée par là ! Cependant, « 90% » des IDE sont destinés aux pays miniers et pétroliers selon Philippe Hugon, avec des taux de rentabilité et des profits élevés pour les filiales des entreprises américaines ou européennes malgré les risques important pris sur le quotidien des populations. Cette analyse nous permet de constater une diversification accrue des investisseurs sur le continent avec une présence asiatique qui s’accentue grâce notamment aux processus de libéralisation des économies et de privatisations de certaines entreprises d’Etat ! Nous 15 pouvons conclure cette partie en constatant que la faiblesse des IDE sur le continent est le résultat de plusieurs facteurs : La faiblesse des économies du continent Les problèmes institutionnels, le déficit d’infrastructures L’accroissement des problèmes sociaux La forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur Les risques d’instabilités politiques dans certains pays avec des incertitudes sur le futur à cause de présidents vieillissants (le cas du Cameroun et du Sénégal), des tentatives multiples de coups d’Etat (le cas de la Guinée), des élections qui débouchent sur des violences (dernièrement le Gabon, actuellement le Togo) et des calendriers électoraux peu lisibles (le cas de la Côte-D’ivoire notamment) La volatilité des politiques économiques, les changements constants d’équipes ministérielles qui entrainent des difficultés dans le suivi des dossiers, l’incompétence de certains acteurs et la corruption rampante. L’Afrique souffre donc d’une énorme « fracture » comparé au reste du monde, « fracture » importante qui continue à la placer comme un moyen permettant à de nombreux grands groupes de réaliser des profits colossaux en bénéficiant des zones franches et des coûts salariaux au rabais. 16 B) Une fracture totale : numérique, cognitive et scientifique : Le continent Africain souffre de nombreuses fractures importantes qui retardent son développement. La fracture cognitive désigne la séparation entre les pays riches dotés des potentiels de recherche, d’innovation, des systèmes éducatifs performants, des grands centres culturels et les pays pauvres qui eux ne sont dotés que de systèmes éducatifs « déficients », d’un sous-développement de leur recherche, un enseignement insuffisant, un accès limité aux nouvelles technologies et d’une fuite accrue des cerveaux : elle fait donc référence à la « connaissance », cette dernière qui s’acquiert ne peut s’échanger comme on le fait avec des données et des informations. La fracture numérique est quand à elle le fossé qui s’est développé entre ceux qui ont accès aux technologies de l’information et ceux qui n’en ont pas accès par manque d’équipements, de compétences ou de moyens financiers. La fracture scientifique quant à elle correspond selon le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de l’Agence Universitaire de la Francophonie, Monsieur Bonaventure Mvé-Ondo, à la marginalisation de l’Afrique car avec l’accentuation de cette fracture, le continent ne se développera pas sans priorité préalablement établie, sans culture nouvelle, sans libération de certaines attitudes « archaïques », en stoppant d’être dans la position de consommateur et en s’appropriant la culture scientifique tout en conservant son « identité culturelle » et certaines traditions. Ces différentes fractures permettent de soulever trois problèmes majeurs qui se posent sur le continent Africain : Le sous-développement de la recherche et développement, la qualité des enseignements et le faible accès aux nouvelles technologies de la communication, de l’information et du « savoir ». 17 Le sous-développement de la recherche-développement et le faible accès aux nouvelles technologies: Avec l’évolution du monde actuel, l’importance de la matière grise sur les matières premières tend à s’accentuer avec notamment « 90% » de la recherche qui est effectuée dans les pays riches et/ou émergents selon les besoins de leurs populations. Cependant, le niveau de recherche sur le continent Africain reste sous-développé car les pays développés lui fournissent leurs solutions au lieu de l’aider à s’autodévelopper. L’Afrique devrait, avec l’aide de ses partenaires, mettre sur pied des programmes de développement de ses capacités dans des secteurs spécifiques en prenant en compte les compétences locales. Le « savoir-faire » doit pouvoir être développé afin de former les compétences locales après les programmes de formations, les personnes compétentes pourront ainsi s’occuper au quotidien des problèmes sans faire appel aux compétences extérieures. Les Africains devraient, comme le font les Chinois, bénéficier du transfert de compétences et de qualifications afin de fabriquer eux-mêmes les produits qu’ils achètent ailleurs : cela pourrait être le cas dans le domaine de la santé ou de l’énergie où des travaux de recherche devraient être menés par les Africains afin de fabriquer eux-mêmes leurs médicaments, leurs barrages hydroélectriques, leurs routes, de pouvoir développer des véhicules adaptés au marché africain comme le font les Asiatiques et bien d’autres pays du monde. Selon l’académie des sciences des Nations participants au G8 par l’intermédiaire du Lord May Of Oxford, Président de la Royal Society Britannique, « Une hausse de l'aide accordée à l'Afrique doit avoir pour objectif à long terme d'aider les Africains à s'aider eux-mêmes. L'une des méthodes les plus efficaces pour aider les nations africaines à s'aider elles-mêmes consiste à renforcer leurs capacités dans les domaines scientifiques, technologiques et de l'ingénierie. Nombre des enjeux graves auxquels l'Afrique doit aujourd'hui faire face, notamment en matière d'approvisionnement suffisant en denrées alimentaires et en eau potable et de lutte contre la propagation de maladies infectieuses comme le paludisme et le sida, exigent des solutions qui dépendent fondamentalement de la science. Les nations africaines ne peuvent s'attaquer aux problèmes graves d'aujourd'hui et de demain qu'à l'aide 18 de nouvelles générations de scientifiques et d'ingénieurs africains qualifiés et dotés des outils de la science moderne ». Tout cela passerait par une prise en compte sur le continent des modifications climatiques, un changement des mentalités, l’intensification des enseignements dans le domaine scientifiques et d’ingénierie et une prise en compte de l’importance des nouvelles technologies comme moyen de communication. Ces nouvelles technologies sont non seulement un moyen de communication, mais aussi selon l’Organisation des Nations-Unies, « une source au service du développement ». Le continent Africain bénéficie de prix au rabais dans l’acquisition des ordinateurs, d’internet et des téléphones, lorsqu’on fait une conversion directe des prix. Cependant, ces prix restent élevés pour une grande majorité des Africains (en sachant qu’un ordinateur ayant un équipement complet peut couter « 7 à 15 fois le salaire moyen d’un Africain ») pour qui le fait de passer un simple coup de fil peut relever d’un parcours de dur labeur. L’Afrique demeure le continent qui a le moins accès aux nouvelles technologies, ces dernières étant un véritable moyen d’enseignement, de transmission des savoirs et connaissances, d’ouverture sur le monde, de productivité et de compétitivité. L’essentiel des réseaux de communication en Afrique est concentré dans les grandes Capitales et les villes économiques, provoquant ainsi « un fossé numérique » inter-africain en plus du manque d’infrastructures criant, des problèmes de transports et bien d‘autres encore. Ce « fossé numérique » risque à terme « d’isoler certains peuples de l’accès au savoir universel » selon les termes du Président Sénégalais Abdoulaye Wade. Il y a donc urgence à mettre les nouvelles technologies à la portée de tous grâce au développement des réseaux de télécommunications et une baisse des prix. Cependant, le nombre de personnes ayant accès à ces technologies tend à croitre au fil du temps, notamment avec la prolifération des « cybercafés » où de nombreuses personnes peuvent bénéficier de « quelques minutes » de connexion à des coûts parfois moindres, malgré l’insuffisance de « bandes passantes » (quantité de données transmises). 19 Accès Internet en Afrique Zones géographiques Nombre de personnes Afrique du Sud 1,2 millions Afrique du Nord 1,2 millions Afrique subsaharienne 2 millions Ce tableau symbolise le nombre de personnes disposant d’un accès internet sur le continent Africain. Ce tableau est le résultat d’un ensemble de données recueillies dans un rapport de l’organisation des Nations-Unies en 2002. Il faut aussi souligner l’accroissement constant des lignes téléphoniques qui sont passées de « 12,5 millions en 1995 à 21 millions en 2001 » grâce aux déréglementations et à l’arrivée de nouveaux géants de la téléphonie en Afrique, ce qui constitue des progrès en soi. L’accès aux nouvelles technologies a cependant des effets néfastes, car elle insère encore plus le continent dans les réseaux mafieux et criminels qui parcourent le monde. 20 C) Insertion dans une mondialisation aux effets négatifs : Selon Gemdev dans son livre « la mondialisation : les mots et les choses », le commerce de la drogue représente « 8% » du commerce mondial avec un chiffre d’affaires qui avoisine « 400 milliards de dollars ». La drogue en provenance de l’Amérique du Sud transite par l’Afrique de l’Ouest et du Sud pour se retrouver en Hollande avant d’être éparpillé aux quatre coins de l’Europe. Le trafic de drogue sur le continent ouest-africain est considéré comme le moyen le plus sur de faire arriver le produit sur le continent Européen à cause de l’inaccessibilité de plus en plus croissante de la route « atlantique » qui reliait directement l’Amérique du Sud à l’Europe avec pour porte d’entrée l’Espagne ou le Portugal. Cette accroissement de la présence de drogue sur la partie Ouest de l’Afrique est faite de connivence avec les autorités étatiques locales qui sont, pour certains, peu scrupuleux, corrompus, et dont les frontières maritimes échappent pour beaucoup a la surveillance, selon Wil Pantsers, Directeur du centre d’Etudes sur le Mexique à l’Université de Groningen. Tout cela pose le problème de l’implication des autorités locales dans le trafic de drogue, ces derniers se servant le plus souvent des retombées financières pour alimenter des conflits sanglants (Guinée-Bissau où le Président de la République a été tué, Guinée Conakry ou le nouveau Général intérimaire met aux arrêts les anciens pontes dont des fils de l’ancien Chef de l’Etat Lansana Conté), décomposer des Etats, blanchir des capitaux et financer des opérations politiques. Selon un rapport de l’office contre la drogue et le crime de l’ONU, « 27% » de la cocaïne qui est consommée sur le continent Européen transite par l’Afrique, cette dernière étant considérée comme partie du monde pauvre et où les peuples sont des cibles idéales pour le développement de ces trafics illicites. Dans certains pays Africains, le trafic de drogue rime avec violence, jusqu’au sommet de l’Etat (exemple de la Guinée Bissau), avec des autorités ne disposant d’aucuns moyens pour contrer la menace (pas de voitures de polices, extrême pauvreté). L’Afrique est aussi le lieu où se développe de manière accrue le commerce des faux médicaments (« médicament frelatés »), des produits toxiques (exemple de la Côte-D’ivoire avec le bateau « Probo Koala » qui déversa en 2006 des déchets toxiques en provenance 21 d’Espagne) et les circuits mafieux de corruption. Tout cela contribue au développement d’une économie parallèle, d’Etats défaillants et d’Etats voyous qui intègrent une économie criminelle traduite par une large place accordée à la corruption, au trafic d’armes (avec notamment des mercenaires et des armes en provenance d’Europe de l’Est), au blanchiment d’argent dans les comptes « offshores » (il s’agit de l’ouverture de comptes bancaires et d’entité juridique dans un pays autre que celui dans lequel se déroule l’activité afin de bénéficier de la fiscalité et d’un contrôle moindre), à la traite des organes humains, au commerce sexuel et au pillage des ressources naturelles. Concernant le pillage des ressources, l’essor de cette activité est devenue une source de richesse pour certains pays comme ceux du Golfe de Guinée, de l’Angola, de la Côte-D’ivoire, du Libéria, de la Sierra-Léone et bien d’autres. L’extraction des richesses naturelles a conduit à des ententes parfois tacites entre les politiques, le « business » et les grandes compagnies internationales, ce qui a provoqué le développement de la contrebande qui sert notamment à financer des rebelles (Angola et Sierra-Léone) malgré la mobilisation croissante de la communauté internationale, les sanctions entreprises et les contrôles croissants mis sur pied pour dépister les multiples complicités. Deux rapports publiés par les nations-unies en l’an 2000 dénoncent le lien entre les trafiquants de « diamants » et les « fournisseurs d’armes », le lien entre le « crime organisé et les trafiquants internationaux » et le rôle de la Suisse dans le transit des pierres précieuses et du blanchiment d’argent. Tous ces trafics participent premièrement à la migration des populations africaines qui profitent de ces opportunités illicites pour migrer vers d’autres horizons en fonctions de leurs besoins et aux besoins d’intensification des contrôles, de certification et de traçabilité des produits et ressources extraites du territoire africain afin d’assurer que ces extractions ne servent pas à développer une finance en marge des circuits normaux de la mondialisation et donc à écarter encore plus l’Afrique du « système-monde ». 22 3) Les migrations internationales : Les migrations internationales des populations résultent parfois d’un manque total d’opportunités dans leurs pays d’origine, de persécutions sociales ou politiques et des deux parfois. Il existe plusieurs caractéristiques migratoires et différents facteurs qui expliquent cet effet. Les différentes caractéristiques migratoires : La plupart des migrations africaines sont faites sur le continent à travers des déplacements massifs de population des campagnes vers les villes. Ces migrations sont plus importantes que celles que l’on pourrait qualifier de migrations internationales car elles répondent à des impératifs de pauvreté, de pressions démographiques et de paix. Selon le monde diplomatique, « 26 millions de personnes » ont dû quitter leurs lieux de résidence à cause d’affrontements armés dans le monde, « 10 à 15 millions » à cause de la réalisation de grands projets et « 143 millions » à cause des dérèglements climatiques et des nécessités environnementales. Les nouveaux points de départ migratoires se situent dans la région des grands lacs, les zones de chaos et de migrations forcés avec pour pays d’accueil le Nigéria, le Ghana, le Sénégal, le Cap-Vert, le Cameroun et même le Mali où les Comores. Selon l’OCDE, l’Afrique représente « 7% » des migrations internationales avec un nombre d’immigrés qui est passé de « 2,9 millions » en 1990 à « 4,5 millions » en 2000 avec une moyenne de « 1,5 millions de personnes qualifiées, diplômées ». A tout cela s’accompagne une fuite des cerveaux (environ « 20000 cadres par an ») et donc de personnes ayant un haut niveau de qualification, une multiplication des lieux de départ (avec une forte provenance d’immigrés d’Afrique Australe, d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale). Le taux d’Africains diplômés ayant choisi le chemin de l’immigration représente maintenant « 13% » en 2004 comparé à l’année 1975 où ce taux était de l’ordre de « 6% », à cela doit s’ajouter les immigrés non-diplômés qui proviennent essentiellement du Mali, de la Guinée-Equatoriale, du Nigéria et du Zimbabwe. Toutes ces migrations participent au développement de la « trans-nationalité » avec la formation de communauté dans les pays d’accueil et à 23 l’accroissement de la « multi-nationalité » encore appelé « double nationalité ». Cependant, il existe bel et bien des explications. 24 Facteurs explicatifs : Les migrations internationales venant du continent Africain sont en constante augmentation avec notamment l’affluence des migrants clandestins qui font la une des journaux internationaux tous les jours. Ces migrations sont dues aux différences démographiques entre l’Europe et l’Afrique, aux différences de rythmes de croissance économiques, aux écarts de revenus entre les deux continents, écarts qui laissent percevoir l’occident comme étant un « eldorado ». Les migrations changent peu à peu de nature avec les « regroupements familiaux », les « migrations clandestines » et les « migrations professionnelles ». Tout cela accentue le besoin de synergies, de coopération, de développement de politique de coopération et de Codéveloppement. Les Africains migrants vers l’occident sont, comme écrit précédemment, à la recherche d’un « eldorado » afin un taux de migration qui varie selon les niveaux de revenus. Les migrations contribuent à l’affluence des flux financiers sur le continent Africain. Ces migrations contribuent aussi à l’économie Européenne dans les domaines du BTP, des technologies (avec les immigrés à forte qualification) et de l’Agriculture à cause du vieillissement de la population Européenne, de la stagnation démographique. Cependant, les migrations (pas seulement des Africains) posent parfois certains problèmes notamment d’intégration, d’acculturation et des poussées racistes/xénophobes/ et autres. Tout cela a donc entrainé une accentuation des contrôles migratoires, un durcissement des conditions d’entrée en Europe, des politiques de « quotas » et de « vols charters » afin de développer une immigration dite « concertée », selon les besoins, avec de nombreux effets. 25 Effets : Cette immigration est au cœur des nouveaux enjeux politiques et géopolitiques. Elle est aussi au cœur des campagnes électorales et des politiques de lutte contre l’insécurité, la xénophobie et le racisme. Elle est une hantise pour les pays Européens n’ayant pas connu de passé colonial et entraine des discours réalistes qui peuvent paraitre « racistes » de la part de certains pays (« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » selon Michel Rocard ou « La France, on l’aime ou on l’a quitte » selon Nicolas Sarkozy). Ainsi, la multitude de projets de Co-développement (qui ont un effet limité) ont pour but de financer des projets afin de constituer des réseaux et de maintenir les populations en Afrique. 26 Une étude de l’école des sciences politiques de Paris démontre donc les analyses énoncées précédemment concernant l’afflux des fonds des migrants vivant en Europe, les principales zones de départ des migrants et les principaux lieux d’accueil, ces derniers étant les grands pôles économiques Européens. Selon une étude de la Banque Mondiale datant de l’année 2008, les envois de fonds des migrants vers l’Afrique ont connu une très forte progression. Ils ont été de l’ordre de « 10,8 milliards en 2007 » comparé à « 3,2 milliards en 1995 », ils sont au niveau mondial de l’ordre de « 160 milliards » et donc deux fois plus que l’aide publique au développement 27 qui est de « 79 milliards » selon Philippe Hugon dans son livre « Géopolitique de l’Afrique 2ième édition ». Ces fonds sont estimés à « 500 milliards » au Sénégal, « 100 milliards » au Mali et sont élevés grâce aux circuits familiaux et informels qui se développent de manière croissante sur le continent. Cependant tout cela n’a pas empêché l’Afrique de subir les contraintes financières des politiques édictées par les instances internationales afin de sortir de la crise. 28 4) Des politiques mondialisation : de normalisation face à la Le continent Africain a connu une série de programmes économiques appelés « programme d’ajustement structurel » comportant des réformes économiques visant à sortir certains pays de la crise économique par des mesures qui ont eu parfois des effets négatifs sur le tissu social. Ces différents programmes avaient aussi pour but de faire non seulement sortir l’Afrique de la crise, mais aussi de lui permettre d’intégrer plus rapidement la mondialisation en favorisant son ouverture extérieure, d’avoir une utilisation efficiente de ses ressources, de lutter efficacement contre la corruption et les détournements de fonds et de devenir un territoire attractif pour les investisseurs. Cependant, il ya eu de nombreux effets négatifs avec notamment de nombreuses critiques, des effets sociaux négatifs, des réductions des dépenses sociales qui ne sont pas adaptées aux mentalités africaines et la dévaluation du Franc CFA qui a entrainé dans certains pays une hausse fulgurante des prix et de nombreuses incertitudes. Ces politiques ont donc eu au final des effets limités qui ont favorisé l’éclosion de nouvelles idées pour lutter contre la pauvreté. 29 A) Les effets limités des politiques d’ajustement et de libéralisation : Ces politiques ont servi dans un premier temps à stabiliser et à redonner de la croissance à des économies en crise et à accroitre la libéralisation financière. Elles ont favorisé une certaine amélioration des équilibres financiers (inflation, déficits publics, recette douanière), meilleure organisation institutionnelle et l’apparition de secteurs innovants dans les services et les nouvelles technologies. Cependant, ces politiques d’ajustement ont eu des effets néfastes avec notamment des périodes de récessions avec des économies africaines qui, globalement, stagnaient entre 1980 et 2000. Il y a rarement eu, avec ces politiques, une reprise de la croissance : la compétitivité extérieure s’est trouvée affaiblie, les entreprises d’Etats ont été dans l’ensemble inefficaces, la bureaucratie et la corruption se sont développées et les réductions salariales ont entrainé des crises sociales. L’attractivité des investisseurs est restée limitée à cause des instabilités politiques, des risques et faiblesses des Etats, du manque d’infrastructures et de la faible compétence du capital humain, en dehors du domaine pétrolier : il y avait donc une stagnation de la productivité avec une dette extérieure qui avait des effets négatifs sur la dette intérieure. Nous allons prendre l’exemple du Sénégal pour avoir une vision plus claire de cette politique qui a favorisé une libéralisation financière sur le continent Africain : Le Sénégal, pays phare de l’Afrique de l’Ouest, a été mis sous ajustement structurel après la dévaluation du Franc CFA dans les années 1990 avec une économie informelle à son apogée, une classe politique corrompue, une alternance politique bloquée et une guerre de sécession en Casamance qui perdurait. Sa première politique d’ajustement structurel date de l’année 1984. Le satisfecit des institutions internationales en 1997 lui permis de renouveler les accords d’ajustement avec une croissance qui était revenue au niveau de « 5% » malgré le manque de dynamisme des trois secteurs phares de l’économie : la pêche, le tourisme et l’agriculture. L’accès au service de base était difficile pour une bonne partie de la population qui subissait une montée de la pauvreté et de l’insécurité. Selon la direction des statistiques du Sénégal, les Sénégalais vivaient « surendettés » avec 30 seulement « 16,7% des ménages qui avaient accès à l’eau, 23% au courant électrique, 11,8% d’une voiture, et bien d’autres ». Les priorités du plan d’ajustement concernaient le domaine de l’éducation, de la santé (avec « 14,9 millions de dollars » investis par la banque mondiale pour lutter contre les grandes pandémies). Tout cela a permis au Sénégal de voir les dépenses de santé de sa population diminué de l’ordre de « 20% » par rapport à l’année 1980. Avec la dévaluation du Franc CFA, le chômage s’est accru, les dépenses de protection sociale ont diminué, l’explosion démographique a entrainé une hausse de la pauvreté dans les villes et une baisse de la production agricole avec une pauvreté de l’ordre de « 50% de la population dans le bassin arachidier ». Il y a donc eu avec tout cela une augmentation des services « informels », un développement des aides associatives et des milices d’auto-défense, un appui de l’Union Européenne pour financer l’économie « informelle » qui représentait déjà plus de la « moitié » de la production malgré la non-reconnaissance de son impact économique et la non-prise en compte de son statut juridique car considérée parfois comme étant une économie « mafieuse ». Toutes ces aides ont favorisé le développement des « micro-entreprises », de nombreux projets d’appuis au milieu agricole dans les régions de Tambacounda et de Kolda, l’apparition de plusieurs entreprises familiales dans le domaine agricole, de nouveaux contre-pouvoirs et de nouveaux espaces de liberté. Ainsi, la mise en place de la lutte contre la pauvreté est allée de pair avec la libéralisation de l’économie, l’amélioration de l’environnement des affaires, la décentralisation administrative, la transparence dans la gestion des affaires publiques, l’intermédiation bancaire, le développement d’un tissu industriel et la consolidation de la bourse régionale ouest-africaine d’Abidjan. Au final, nous pouvons constater que la libéralisation financière et économique tel que détaillé précédemment a entrainé la privatisation de certaines structures étatiques, un assainissement financier visant à réduire les dettes et l’essor d’un secteur privé de plus en plus puissant. Il y a eu un changement de politique monétaire avec la dévaluation du franc CFA, l’objectif était dorénavant de contrôler la masse monétaire avec notamment des bourses régionales qui ont été ouvertes, des banques de développement locales et étrangères qui financent les 31 investissements, malgré des résultats limités. Tous ces actes ont eu pour but au final de sortir le continent de la pauvreté à travers la détermination de nouveaux objectifs. 32 B) Le consensus dans la lutte contre la pauvreté : Depuis 1996, les institutions financières internationales (FMI et banque Mondiale en tête) accordent de plus en plus d’importance à la réduction de la pauvreté et aux coûts sociaux, à la bonne gouvernance dans leurs programmes intitulés « Programmes stratégiques de réduction de la pauvreté » en remplacement de l’appellation « programme d’ajustement structurel ». Plusieurs institutions internationales à l’instar de l’Unesco ont félicité ces changements introduits qui paraissent comme une volonté de prendre en compte les intérêts nationaux, les questions de corruption, de clientélisme, de criminalité d’Etat, les facteurs institutionnels et économiques. Ces nouveaux programmes économiques ont permis d’analyser pertinemment les couches de pauvreté, de proposer des solutions en partenariat avec les Etats concernés : ainsi, nous avons constaté une hausse des dépenses sociales dans certains pays d’Afrique, exemple du Cameroun qui a vu son IDH passer de « 0,502 » en 2000 à « 0,497 » en 2003 et à « 0,506 » en 2004 (de la 146ième place à la 144ième), son taux d’emploi dans le secteur informel frôlant les « 90% », un accès aux services sociaux de base en augmentation de l’ordre « 37% en 1996, 46,1% en 2001 et 56,5% en 2005 ». Malgré cela, des efforts restent à faire afin que la quasi-totalité de la population ait accès à l’électricité, à l’eau et à une alimentation convenable. Nous pouvons aussi donner satisfecit au gouvernement Camerounais quant au nombre d’enfants scolarisés qui est passé de « 2 millions en 1998 » à « 3 millions en 2004 », avec une diminution des disparités régionales même si le Nord du pays possède un taux d’alphabétisation des filles faible. Dans la quasi-totalité du pays, le taux brut de scolarisation des enfants est passé de « 81% » en 1995 à quasi « 100% » en 2004 avec un indice de parité de « 0,85 » en 2004, un taux net de scolarisation de « 74,1% en 2001 » contre « 73,3% en 1996 » et un indice de parité filles/garçons de l’ordre de « 87,5% en 2003 », ce qui signifie que des efforts ont été effectués pour favoriser le progrès social. Dans le domaine de la santé publique, des progrès ont été faits au Cameroun, mais non pas réussi à juguler la mortalité infantile. La couverture vaccinale atteint le taux de « 73% » de la population en 2007 avec notamment la distribution gratuite de moustiquaires imprégnées pour lutter contre le paludisme et des campagnes de vaccination pour 33 lutter contre cette dernière. Les médicaments génériques et les antirétroviraux sont subventionnés et seront dorénavant produits surplace avec l’ouverture du laboratoire CinPharm en Avril 2010, partenariat établi avec les Indiens (grands fabricants de génériques). Cependant, il y a une augmentation de la mortalité infantile comme signalé précédemment avec un taux de mortalité infantile qui est de l’ordre de « 0,6% » en 2004 pour « 0,4% » en 1996. Les dépenses publiques de santé ont certes augmenté, mais restent faibles car ne représentant que « 8% » du budget de l’Etat en 2003 contre « 7,2% » en 1999. Dans le domaine du commerce, l’Afrique demeure exportatrice des produits dits « primaires » et importatrices des produits « transformés », avec un commerce extérieur qui lui permet d’importer du monde entier des produits les moins chers et d’améliorer le niveau de consommation des populations sans cependant construire une véritable base industrielle Ainsi va l’Afrique…. 34 Conclusion : Après analyses, lectures, hypothèses, réflexions, l’idée finale serait de comprendre comment le continent Africain pourrait sortir de sa marginalisation et accentuer son intégration à la mondialisation afin de s’insérer progressivement dans la chaine de valeurs internationales. Il y a donc nécessité de créer des pôles de compétitivité Africain autour des territoires afin de diversifier la production et d’améliorer le système productif en développant le capital humain afin que cette production se retrouve sur les standards internationaux aussi côtés que les produits issus des firmes internationales. Il y a donc urgence, pour intégrer pleinement le continent dans la mondialisation à développer le « tissu productif » local et à œuvrer à l’amélioration des conditions sociales, ces deux étant facteurs de productivité, de richesse, de développement et d’insertion. 35 Bibliographie : http://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-la-mondialisation_fr_15307.html http://www.oboulo.com/dependance-economique-afrique-40569.html http://www.oboulo.com/dependance-economique-afrique-40569.html http://penserpouragir.org/article95.html http://www.afdb.org/fr/documents/#c http://soblogue.com/news/l-europe-et-l-afrique-divorce-en-vue http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zonesgeo_833/afrique_1063/index.html http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/newrelfr/repriseeconomique-10.html http://portal.unesco.org/fr/ev.phpURL_ID=17299&URL_DO=DO_PRINTPAGE&URL_SECTION=201.html http://membres.multimania.fr/djilalibenamrane/fr/competitivite.html http://www.cadtm.org/La-dette-de-l-Afrique-aujourd-hui http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/hipcf.htm http://www.imf.org/external/np/hipc/prog2/fre/0499f.htm http://www.afdb.org/fr/news-events/article/capital-increase-will-enableafdb-meet-africas-infrastructure-demands-6632/ http://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=AEO_OVERVIEWCHAPT ER2FIG1&Lang=fr http://thematic.hautetfort.com/media/00/02/674092538.pdf http://www.prospective-foresight.com/spip.php?article569 http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/recherche/d/mieux-vaut-aiderla-recherche-en-afrique-que-lui-fournir-nos-solutions_6478/ 36 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/archives-label-france_5343/les-numeroslabel-france_5570/lf61-afrique-mouvement_12521/dossier-afriquemouvement_12522/les-nouvelles-technologies-une-chance-poureducation_26161.html http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol17no3/173techf.htm http://www.rnw.nl/afrique/article/l’afrique-plaque-tournante-de-la-drogueà-destination-de-l-europe http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol12no1/drugfr.htm http://www.oumma.net/La-criminalite-transnationale-face http://www.notreplanete.info/actualites/actu_998_dechets_toxiques_Abidjan_milliers_victimes .php http://www.rfi.fr/fichiers/mfi/politiquediplomatie/336.asp http://www.america.gov/st/democracyhrfrench/2010/February/20100225173004WCyeroC0.9306909.html http://www.migrationinformation.org/Feature/display.cfm?ID=578 http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/deplaces http://www.fao.org/docrep/003/X6988F/x6988f04.htm Livres de Philippe Hugon : « Mondialisation et économie politique » 1997 « Géopolitique de l’Afrique » Livre de Cheneau-Loquay : « Mondialisation et Technologies de la communication » http://www.imf.org/external/french/index.htm http://www.afdb.org/en/ Journaux les plus lus : Jeune Afrique l’Intelligent La lettre du continent (Abonnement annuel, donc accès à différentes informations) 37 http://www.fao.org/docrep/003/X6988F/x6988f04.htm http://www.sosfemmes.com/sexwork/image_traite_flux_migratoires.jpg http://siteresources.worldbank.org/INTPROSPECTS/Resources/3349341199807908806/4549025-1212445178844/SSA.pdf http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTDECP ROSPECTS/0,,contentMDK:21781950~pagePK:64165401~piPK:64165026~theSi tePK:476883,00.html http://www.banquemondiale.org/themes/migration/ http://www.globenet.org/aitec/contributions/pasetdeveloppement.htm http://www.monde-diplomatique.fr/1998/10/AMADOU_SECK/11135 http://www.monde-diplomatique.fr/1998/10/AMADOU_SECK/11135 http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol16no4/164povfr.htm http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Mondialisation 38 39
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