Zibeline n° 84 en PDF

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Zibeline n° 84 en PDF
un gratuit qui se lit
N°84 du 15/04/15 au 20/05/15
Sommaire
Société
Diversité et postcolonialisme...........................................4, 5
Mémoire pour demain.....................................................6, 7
Invention de la dette.......................................................8
La Bande dessinée reportage.............................................9
Politique culturelle
Marseille fait son cinéma, le Gyptis ............................... 10, 11
Politique régionale des musiques actuelles,
Babel Med ................................................................. 12, 13
Événements
Le Festival d’Avignon ......................................................14
Entretien avec Angelin Preljocaj,
Journées de l’Histoire de l’Europe .....................................16
Exposition Micro Macro,
Festival grand ménage de printemps .................................18
Le GMEM, Scènes de bistrots ............................................20
Le MuCEM .....................................................................22
Printemps de l’art contemporain,
printemps des chercheurs ................................................23
Critiques
Théâtre ..................................................................... 24, 25
Musique .................................................................... 26, 27
Au programme
Musique .................................................................. 28 à 32
Théâtre, danse, jeune public,
cirque, rue ...............................................................34 à 51
Cinéma ....................................................................52 à 56
Arts visuels ..............................................................58 à 62
L’ère du mépris
On l’a échappé belle ? Le FN est le premier parti, en nombre
de voix, de notre région. Plus d’un électeur effectif sur trois
a placé dans les urnes un bulletin du parti d’extrême droite,
qui veut instaurer une présomption de légitime défense, une
priorité sociale pour les Français (rappelons que les étrangers
vivant en France y cotisent et y payent leurs impôts), interdire
les manifestations «indésirables», interdire aux magistrats de
se syndiquer, interdire le regroupement familial, en finir avec
les «colossales» subventions publiques à la vie associative et
culturelle. Marine Le Pen se débarrasse de son père décidément
trop antisémite, mais le programme du FN demeure...
Que veulent les électeurs du FN ? S’il y a parmi eux de vrais
nostalgiques de l’Algérie Française, voire de la France pétainiste,
la plupart votent à la fois contre les étrangers et contre les
«élites» sans mesurer que c’est incompatible. Certains d’ailleurs, qui avaient voté FN au premier tour, se sont ravisés :
malgré son poids électoral grandissant le parti n’a décroché
aucun département et a très peu d’élus. Et ceci non pas à
cause du mode de scrutin, mais parce les électeurs se mobilisent contre l’extrême droite, malgré le scandaleux ni-ni
de Nicolas Sarkozy : dans les cantons où le FN affrontait un
candidat UMP, les électeurs de gauche se sont massivement
reportés ; là où il était opposé à la gauche, le report a été
moins systématique. Aujourd’hui la stratégie électorale mise
en place par Mitterrand pour gagner en triangulaires profite,
clairement, à l’UMP.
Et demain ? Les élections régionales auront lieu à la fin de
l’année. Que fait l’UMP ? Elle espère, comme aux départementales, que le Front républicain la fera gagner. Que fait le
PS ? Rien. Il attend son congrès national, mène une politique
économique de droite, ne pense qu’à la Présidentielle, laisse
localement pourrir des situations ubuesques, n’écoute pas ses
alliés de gauche, ni ses électeurs, ni les citoyens, ni la province.
Le risque est grand que les électeurs républicains face à ce
mépris n’aillent pas voter, et qu’un Le Pen, grand-père ou
petite-fille, devienne ici notre Président.
AGNÈS FRESCHEL
4
Décolonisons les scènes
L
e 30 mars, le théâtre de la Colline, à Paris, accueillait un
débat autour de «l’absence de diversité sur les plateaux de
théâtre». À l’origine de cette table ronde, un programme, intitulé
1er Acte, où, sous la direction de Stanislas Nordey, se retrouvent
«des jeunes ayant fait l’expérience de la discrimination». L’objectif étant de leur proposer deux types d’ateliers : une formation
théâtrale ou une préparation aux concours d’entrée des écoles
de théâtre. La première promotion d’une quinzaine d’élèves issue
de ce programme était présente.
En désaccord avec ce projet, plusieurs artistes, représentants
de la diversité, dont notamment Eva Doumbia, comédienne et
metteure en scène marseillaise, ont bousculé l’organisation de
la soirée afin d’y faire émerger une question de fond : selon eux,
l’absence de diversité est avant tout structurelle. Les
artistes en activité sont les premiers à la subir et
ce type de programme prolonge et entretient
cette discrimination systémique. Eva Doumbia s’en explique pour Zibeline.
Eva Doum
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Zibeline : Comment s’est préparée
votre intervention au théâtre de
la Colline ?
Eva Doumbia : Tout part de la
polémique née en novembre à
Saint-Denis, autour d’Exhibit B
(ce spectacle du Sud-Africain
Brett Bailey, mettant en scène
les zoos humains de l’époque
coloniale, a provoqué de vives
tensions et même l’annulation
d’une représentation dans cette
commune populaire du 93, NDLR).
Au-delà du débat artistique, la question du territoire était pertinente :
à quoi bon venir enseigner ce qu’est
le racisme à des noirs et des arabes ?
Tout ceci a mis en lumière un fait : ce
sont toujours des blancs qui parlent de la
colonisation, de l’esclavage, et de tout ce qui en
découle, l’immigration, le racisme endémique de la France.
Or, quand la parole part des concernés, elle est beaucoup plus
entendue, plus radicale. Mais un mouvement artistique qui naît
des quartiers populaires ou d’une expression post-coloniale n’est
pas valorisé, il est immédiatement étouffé et lissé. Partant de
ces constats, un réseau s’est bâti avec d’autres artistes et nous
avons décidé d’intervenir à la Colline.
Quel message souhaitiez-vous faire passer ?
Déjà, demander pourquoi seuls des blancs sont invités à s’exprimer
sur ces problématiques. Dans les débats, on retrouve toujours ces
espèces de «spécialistes de nous», qui sont dans une démarche
anthropologique insupportable. Parmi les Afropéens de France,
nous avons des penseurs, capables de parler de l’expérience, de
l’expliciter, l’analyser. Nous avons créé récemment une structure
pour pointer cette réalité, établir des statistiques, recenser par
exemple tous les chercheurs non-blancs de France.
Cela peut mener à une politique de quotas. Vous y êtes favorable ?
Oui. Prenons le cas du théâtre : en métropole, il n’y a aucun
directeur de Centre Dramatique National noir ou arabe. Pratiquons
les statistiques ethniques, nous le demandons. C’est illégal, mais
alors comment s’organise le programme 1er Acte ? Il ne recrute que
sur critères ethniques et exclut les blancs. Si on est dans cette
logique-là, proposons des quotas à l’entrée des écoles. Mais cela
ne résoudra pas le problème plus profond de notre place sur les
plateaux, qui est lié aussi à la difficulté de la France à affronter
son histoire coloniale. La décolonisation du pays, y compris des
blancs, est nécessaire. On est encore dans un processus colonial
de rencontre avec l’autre. Il faudra du temps pour que les organisateurs du projet 1er Acte réalisent à quel point il est raciste, car
ils sont persuadés du contraire. Or, s’ils sont si préoccupés par la
diversité, pourquoi n’embauchent-ils pas de comédiens noirs et
arabes dans leurs spectacles ?
Où en est alors la diversité culturelle de la France ?
Cela fait longtemps que grondent toutes ces questions, liées à la réappropriation culturelle,
et elles englobent d’autres champs. Au
lieu d’écouter ce qui émerge dans les
zones populaires, les élites proposent
d’aller porter la bonne parole dans
les banlieues... Le Medef le fait
aussi ! Dans mon domaine précis,
la seule réponse des structures à
l’injonction du ministère de la
Culture de diversifier les scènes
de théâtre français n’est pas de
découvrir l’inventivité des quartiers, c’est d’aller apprendre aux
jeunes comment faire du théâtre
comme eux le font. La vérité est
que ce sont quasiment tous des
messieurs blancs de plus de cinquante ans qui sont à leur tête, et
qu’ils n’ont pas envie de partager le
pouvoir. Cela ne m’intéresse pas de
diriger un lieu, par contre j’aimerais bien
que quelqu’un comme moi le fasse, parce
que quand je vais lui parler de mes projets, il
ne me répondra pas «c’est communautariste». Si je
lui dis que je veux monter l’adaptation de l’autobiographie
de Maryse Condé, il saura qui elle est.
La question de la diversité s’articule donc aussi avec celle de la
domination masculine ?
Être féministe blanche, noire ou maghrébine ce n’est pas la même
chose, on ne va pas être sur les mêmes combats, même si on va
se retrouver sur certaines questions. Je ne me suis inscrite dans
aucun mouvement parce que c’est tellement intégré à ce que je
suis que je n’ai pas besoin d’adhérer à un groupe. Le féminisme
m’habite sur tous mes spectacles. J’ai plus à me battre contre le
racisme systémique du pays, même si son sexisme a à y voir. Pour
moi la défense des femmes est au quotidien ; tout comme l’écologie, ce n’est pas un programme politique, c’est un mode de vie.
Propos recueillis par GAËLLE CLOAREC et JAN-CYRIL SALEMI
Le jour de l’intervention à la Colline, une vingtaine d’artistes et intellectuels
ont publié dans Le Monde une tribune, intitulée Il faut convoquer
des assises culturelles pour encourager les diversités en France.
5
Salim Hatubou,
le lien disparu
L
e 31 mars, l’écrivain conteur, marseillais et
comorien, est décédé brutalement d’une crise
cardiaque à 42 ans. Arrivé à Marseille dans son
enfance, devenu un auteur prolifique (contes, romans,
poésie, livres pour enfants, dont L’odeur du béton,
Marâtre ou Métro Bougainville), il était un passeur
de culture, un relais entre la France et les Comores.
Sa disparition est une onde de choc pour l’ensemble
des comoriens. Il a été inhumé dans son village
natal lors de funérailles nationales.
Il tenait un compte Facebook, intitulé Lire Ecrire
Conter, sur lequel il notait des billets d’humeur ou des
phrases entendues dans les cafés marseillais. Dans
la soirée du 30 mars, il postait ce dernier message :
«Senghor clamait vouloir «déchirer les rires banania
sur tous les murs de France», moi j’arracherai toutes
les pages sur lesquelles on lit les jeux de mots puants
«Comores comme mort»...»
Julie Kretzschmar, metteure en scène, directrice
du Théâtre des Bancs Publics, avait créé avec lui
en 2013, Kara, une épopée comorienne. Le 18 avril,
dès 16h, un hommage lui sera rendu.
Julie Kretzschmar, Salim Hatubou, Kara une épopée comorienne, 2013 © Didier Nadeau
Zibeline : Comment avez-vous connu Salim Hatubou ?
Julie Kretzschmar : On a été mis en contact en 2011
autour de son écriture d’une épopée. On a trouvé
les soutiens, notamment celui de MP 2013, et il
m’a accordé une immense confiance et une totale
liberté. Ce projet naissait par la volonté d’opérateurs
extérieurs et je sentais en Salim la crainte intuitive
de se retrouver comme l’alibi comorien de MP 2013.
La richesse de notre relation a été d’avoir conscience
de cette tension et de ne pas la nier. Même s’il ne le
nommait pas ainsi, il était, de fait, un représentant
de sa communauté. Avec bienveillance et générosité,
il m’a laissé me saisir de son texte et poser mon
regard sur l’histoire traditionnelle qu’il racontait.
Comment le spectacle avait-il été perçu au sein de
la communauté ?
Le projet était connu de tous, mais le rapport au
public s’est passé en deux temps. Ce sont d’abord
les gens de la communauté que nous avions sollicités qui sont venus voir le spectacle. Puis, comme
si le bouche à oreille avait validé notre travail, une
présence spontanée s’est mise en place.
Son œuvre était-elle communautariste ?
Je n’ai pas peur de ce mot, qui m’a été systématiquement renvoyé lors de ce projet. C’est un réel
problème politique en France de ne pas oser entrer
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Édité à 32 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Édité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
Rédactrice en chef
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06 09 08 30 34
Imprimé par Rotimpress
17181 Aiguaviva (Esp.)
à l’intérieur de ce mot et en saisir
la potentielle richesse. Mais je
n’ai jamais entendu Salim l’employer. Ni parler d’intégration.
Son rapport au politique était
fort mais plus subtil. Il passait
par la poésie, l’humour, sans être
porte-parole d’une revendication.
L’enjeu pour lui était plutôt celui
du déplacement : comment maintenir l’imaginaire d’un ailleurs, le
laisser s’épanouir, et le mêler au
réel d’ici. Je crois qu’il se sentait
très investi auprès des enfants et
des adolescents, pour leur donner
les outils, leur expliquer comment
il avait fait le voyage, et comment
il continuait à le faire. Il était,
pour tous, très clairement, le lien
entre ici et là-bas. Sa disparition
laisse une immense tristesse mais
aussi une béance inouïe.
Propos recueillis par MARIE JO DHO
et JAN-CYRIL SALEMI
Hommage à Salin Hatubou
le 18 avril à 16h
Les bancs publics, Marseille
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Régis Vlachos, Dan Warzy,
Frédéric Isoletta, Christine
Montixi, Yves Bergé, Émilien
Moreau, Christophe Floquet,
Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,
Thomas Dalicante, André Gilles
6
Génocides et colonialisme
Deux conférences,
l’une à la maison
de la Région, l’autre
au MuCEM,
nous ont éclairés sur les
fondements historiques
des affrontements
entre les peuples
M
ichel Barrillon, économiste, se trouvait «embarrassé» de parler des génocides. Pourtant son
approche décalée, puisqu’il ne s’exprimait pas en
historien, avait l’avantage de tirer des conclusions
sur les rapports entre la volonté d’élimination des
peuples, et l’expansion mondiale d’un système économique. Son idée ? Les Nazis ont transposé le
principe du crime de masse sur le sol européen, mais
il s’exerçait déjà, dans toutes ses caractéristiques,
ailleurs : il est concomitant de la conquête coloniale,
et exercé au nom de valeurs universelles imposées
aux peuples non européens. Ainsi la modernité a
répandu en Europe une raison humaniste fondée sur
le sens, sur des valeurs d’égalité, de fraternité et
de liberté, mais cette société moderne a, hors de
ses frontières, transformé la raison des Lumières en
raison froide, calculatrice, fondée sur la seule efficacité marchande et technique, imposant la «triade
du capitalisme, de l’État et de la techno-science».
De fait, rencontrant des résistances à sa domination,
elle a refusé de traiter l’autre en égal, a inventé des
statuts d’indigène, décrété certaines «races» inférieures, et pratiqué le commerce en exploitant les
ressources naturelles et humaines des pays qu’elle
s’appropriait. La torture, les camps de concentration,
l’élimination légalisée des peuples, les massacres de
masse et les génocides, ne sont pas des accidents
de l’histoire moderne, mais les caractéristiques d’un
système économique qui veut se répandre, et doit
pour cela imposer sa rentabilité : face à la résistance
de l’autre, elle ne peut que l’éliminer.
Sa démonstration, appuyée sur de nombreux exemples,
était dérangeante : il rappela les camps de concentration des Anglais en Afrique du Sud pendant la
Seconde Guerre des Boers (1899-1902) ou ceux de
Namibie pour éliminer le peuple Herero, les expérimentations médicales pratiquées par les Japonais
sur des prisonniers russes ou Chinois dans les années
Noce juive au Maroc, Eugène Delacroix, 1939. 105 x 140 cm © Musée du Louvre - A. Dequier - M. Bard
solution politique par un nombre
grandissant d’Européens, et que
nos gouvernements continuent
à soumettre l’intérêt humain à
la machine économique, il est
probable que cela va continuer...
Juifs et musulmans
Lizzie Van Zyl, enfant boer internée et morte dans le camp de concentration
britannique de Bloemfontein durant la Seconde Guerre des Boers
30, le génocide des amérindiens au XVIe siècle (éliminés en 50 ans à 90%, soit passés de 80 millions
à 10 millions d’individus), l’élimination totale des
Aborigènes de Tasmanie par les colons anglais au
XIXe siècle... Sa conclusion fait froid dans le dos :
aucune des conditions qui ont présidé aux génocides
n’a aujourd’hui disparu.
Et effectivement, l’Europe et les États-Unis érigent
des murs à leurs frontières, les pays occidentaux
représentent 20% de la population et consomment
80% des richesses, et le néocolonialisme refuse à
l’autre le droit naturel de circuler, ou d’échapper à
la violence politique ou économique. Il n’y a jamais
eu autant d’hommes enfermés dans des camps, de
rétention, de réfugiés... Pour peu que la presse
s’emballe ou disparaisse (voir ci-contre), que le
rejet instinctif de l’autre soit envisagé comme une
Ella Habiba Shohat, au MuCEM,
embrassait moins large, mais
démontrait lumineusement comment le regard colonial avait bouleversé les rapports entre Musulmans
et Juifs Séfarades. Sa conférence
s’appuyait sur une iconographie
empruntée à la peinture orientaliste française. Ainsi elle rendait visible une fracture dans les
représentations, démontrant que
la France coloniale avait exacerbé
les problèmes entre les peuples,
en distinguant les minorités.
Alors qu’aujourd’hui Juifs et Musulmans sont présentés comme des
ennemis héréditaires, les Juifs
du Maghreb apparaissent dans les
tableaux de Delacroix comme très
proches, dans leurs habits et leurs
murs, des Musulmans. Sans nier les
antagonismes Ella Shohat montra
7
AGNÈS FRESCHEL
L’exposé de Michel Barrillon a eu lieu
le 25 mars à la Maison de la
Région, Marseille, dans le cadre
de Mémoire pour demain.
La conférence d’Ella Shohat a eu lieu
le 26 mars au MuCEM, Marseille,
dans le cadre du cycle sur La
Peur, raisons et déraisons
D
ans le cadre du cycle Mémoire pour
demain, la Maison de la Région PACA
a accueilli une soirée intitulée La presse
dans la montée des périls. Qui a commencé
par un film, avec des extraits terrifiants
de radio Mille Collines au Rwanda : appel
au meurtre des Inyenzi, les «cafards», les
Tutsis... Le poids d’un média, sa responsabilité dans l’expansion du massacre. Voilà
qui fait froid dans le dos, évoquant les
périodes de haine sans frein à quiconque
les a vécues, sur quelque continent que ce
soit. Certains glissements se font insidieusement : on commence par communiquer
au lieu d’informer, et on finit par diffuser de la propagande. Bernard Mossé du
Camp des Milles l’a rappelé : «Dans toute
société il y a des stéréotypes, des préjugés,
des tensions en temps normal régulées. Les
moments de crise peuvent amener la désignation d’un bouc émissaire responsable
du malheur ambiant.» Lorsque les médias
servent de caisse de résonance à l’idéologie
dominante, ils en arrivent à utiliser le langage pour déshumaniser l’autre, rendre la
victime responsable de la situation. Et c’est
parfois tout un système de manipulation qui
se met en place. «C’est ainsi que Goebbels,
dans l’Allemagne nazie, était chargé à la fois
de la propagande et de l’éducation.» Écho
chez Jean Kehayan : «aujourd’hui encore
les petits arméniens apprennent à l’école
en Turquie que leur peuple est responsable
du génocide.»
Pour Odile Chenevez, ancienne responsable
du Clemi Aix-Marseille (Centre de Liaison de
l’Enseignement et des Médias d’Information),
culpabiliser en pensant que les terroristes
d’aujourd’hui sont les élèves d’hier est un
peu trop simpliste : «Il ne faut pas faire
porter à l’école plus qu’elle ne peut porter.
Mais former les citoyens les moins manipulables possibles, cela devrait être possible
en liant esprit critique et liberté d’expression. Aujourd’hui tout passe par Internet
et les réseaux sociaux, il faut absolument
s’y intéresser.»
Alain Lhote, avocat du MRAP et de SOS
Racisme, évoquait quant à lui le projet de
loi de prévention et de répression du terrorisme... qui pourrait facilement dériver
vers une surveillance liberticide des populations. «Aux armes juridiques citoyens !
Les outils existent pour se défendre, vous
pouvez les utiliser.» Selon Colette Giacomi,
modératrice du débat, être citoyen c’est aussi
s’abonner aux journaux, pour en soutenir
le pluralisme. La carte de presse fête cette
année ses 80 ans : elle implique des devoirs,
recoupement, vérification des informations
avant diffusion, protection des sources,
un professionnalisme, une déontologie.
Comme le soulignait un journaliste de La
Provence, Frédéric Guilledoux, après-guerre
la presse papier a très vite glissé vers le
privé, contrairement à l’audiovisuel qui
est longtemps revenu au secteur public.
«C’était intéressant car cela contrebalançait
la parole d’État, mais situait d’emblée les
médias dans le capitalisme. La bonne santé
économique est la première condition de
l’indépendance d’un organe. Comment parler
de liberté de la presse si elle s’autocensure
face aux annonceurs publicitaires ?»
Au vu rétrospectivement de tout ce qui a
conduit aux génocides, le rôle majeur des
médias est à prendre en compte aujourd’hui.
C’est toujours au moment où ils ont été
fragilisés, instrumentalisés, que la bascule
s’est faite en faveur des tortionnaires. Pour
les lecteurs, les journalistes, les patrons
de presse, les pouvoirs publics, les laisser se dégrader, accepter de vivre dans un
monde sans presse indépendante digne de
ce nom, c’est faire sauter l’un des verrous
les plus importants qui nous protège des
totalitarismes. GAËLLE CLOAREC
Cette conférence-débat s’est tenue le
24 mars dans l’auditorium de la Maison
de la Région Paca, Marseille
Page 3 du journal Le Courrier de L’Air du 24 juin 1943
comment les représentations des Juifs
Séfarades, ou Arabes, avaient changé,
s’étaient occidentalisées, détachées des
représentations des Musulmans. Jusqu’à
la rupture, représentée par l’exécution
de Sol Hatchuel, jeune juive marocaine
qui avait refusé de se convertir à l’Islam.
La loi a renchéri sur la peinture, avec le
décret Crémieux qui donnait la nationalité française aux Juifs, la refusant aux
Musulmans ; aujourd’hui l’idée que les
Juifs du Maghreb étaient des Pieds Noirs
est assimilée...
Elle montra aussi comment l’icône du Musulman meurtrier avait remplacé l’image du
Juif assassin du Christ. Aujourd’hui, cela
constitue une imagerie islamophobe, et
ajoute à l’idée d’une persécution millénaire
des Juifs par les Musulmans : l’enjeu des
représentations résonne dans l’inconscient
politique... On lui demanda alors pourquoi,
puisque Juifs Séfarades et Musulmans sont
si proches historiquement, ils votaient
massivement pour la droite Israélienne,
alors que les Juifs venus d’Europe étaient
plutôt travaillistes, et contre la colonisation de la Palestine. Elle répondit que le
racisme entre Juifs existait aussi, et que
ceux qui se sentaient infériorisés avaient
généralement tendance à stigmatiser les
plus faibles...
Ainsi, reliant les deux conférences, on
peut supposer que les conséquences de
l’invention des minorités par le colonialisme
s’exercent encore, et que le génocide au
Rwanda est intimement lié à des tensions
entre Tutsis et Hutus historiquement exacerbées par l’Allemagne, la Belgique puis
la France...
Entre presse
et propagande
8
Dette en (c)l’air
L
a dette est devenue la trame de nos existences sociales, mais
demeure un sujet proprement irrationnel. La preuve : la question
essentielle est sans réponse : à qui la France doit-elle sa dette ?
on n’en sait rien !
Autre irrationalité : ceux qui demandent aux citoyens de rembourser
une dette qu’ils n’ont pas contractée, et à on ne sait qui, c’est-à-dire
certains hauts responsables politiques européens en charge de notre
avenir, ont montré leur incompétence, voire leur malhonnêteté, dans
des institutions privées ou publiques ; que ce soit chez Goldman Sachs
pour Mario Draghi le président de la Banque Centrale Européenne
ou à la tête du paradis fiscal du Luxembourg pour le président de la
commission européenne Jean
Claude Junker.
Ce qu’on appelle commodément
-afin d’attiser la crainte- crise
de la dette résulte de quatre
facteurs :
1. Le système capitaliste est
entré dans une crise de surproduction où il a fallu développer le
crédit pour rehausser la demande
2. Parallèlement le développement du néolibéralisme
a fait baisser la part dévolue
au travail dans la répartition
des richesses : le salaire ne suffit plus pour vivre, seuls ceux
qui possèdent des revenus du
capital, ou héritent, peuvent
ne pas emprunter
3. La mise en concurrence
fiscale et sociale des États fait
baisser leurs recettes, donc ils
ne peuvent plus payer leurs
dépenses sans emprunter
4. Les États se sont interdit
d’emprunter à leur banque centrale sans intérêt, c’est-à-dire à
jouer sur l’inflation : ils doivent
le faire auprès de banques privées, avec intérêt… et sans
pouvoir rembourser puisqu’ils
doivent dépenser plus qu’ils ne collectent (voir 3).
Et voilà le pompon ! La Banque Centrale Européenne prête aux
banques privées à 1% de taux d’intérêt, mais celles-ci le prêtent
ensuite aux États entre 3 et 15%. Selon Pierre Larrouturou, si la
Grèce avait emprunté comme la France et l’Allemagne à 3% et non
à plus de 10%, elle serait en excédent budgétaire ! Les banques
empruntaient le matin à 1% pour prêter dans la journée à la Grèce
à 12% ! Quant à la France, si elle avait pu emprunter directement
à la Banque centrale depuis l’interdiction de le faire, elle aurait un
déficit de 16% et non plus de 95% du PIB. C’est Michel Rocard qui
le dit, et qui n’est pas vraiment un dangereux gauchiste.
Cette idée surmédiatisée de la dette -dont la conséquence est de
détruire l’idée même de société- est une vaste supercherie des
sphères politico-financières. Tout d’abord le PIB de la France est
de 2150 milliards d’euros et sa dette de 2000 milliards, soit 95%
du PIB. Admettons. Mais est-ce un problème ? Le capital de l’État
et des collectivités territoriales est de 2500 milliards ; celui des
ménages de 12 000 milliards. Nous possédons bien plus que cette
fameuse dette, pour peu qu’on l’admette (car on ne sait toujours
pas à qui on la doit…).
Cette affaire de dette caractérise parfaitement l’idéologie que nous
subissons. Les États ne dépensent pas plus qu’avant, les chiffres
sont formels. Ils le sont tout autant pour montrer que ce sont les
recettes qui baissent. En France depuis 10 ans, les cadeaux fiscaux
ou réductions d’impôts coûtent à l’État 100 milliards d’euros par an.
Sans parler des fraudes sociales et fiscales des grosses entreprises,
estimées à 40 milliards d’euros annuels. Ni des cadeaux de l’État aux
banques lorsqu’il s’agit de les
«sauver». La concurrence fiscale est, en Europe, une lutte à
mort pour garder les riches et les
entreprises… Mais ce n’est pas
tout puisqu’il faut aussi, selon
cette idéologie, faire payer les
consommateurs, y compris les
pauvres (d’où la hausse de la
TVA) et… baisser les dépenses
publiques ! Qui pourtant n’ont
pas augmenté, contrairement
à ce que les médias ne cessent
de raconter. Pourtant là aussi
les économistes sont formels :
une baisse de 50 milliards des
dépenses publiques comme elle
est prévue en France occasionne
une baisse de 75 milliards du PIB
(coefficient de 1,5) : diminuer
la dépense publique supprime
l’activité, et cela est particulièrement sensible dans le secteur
culturel… Les économies réalisées sont des mirages !
Toute argumentation politique
ou économique nous parlant de
crise, d’effort, de faute (les Allemands disent Schuld pour dette,
c’est-à-dire faute !), de remboursement, est une construction
absurde, qui ignore ce que chacun sait intuitivement : si vous devez
aller travailler en voiture, vous devrez faire des dépenses d’essence,
et avoir quatre roues. Il serait absurde de décider de vous passer
de votre salaire pour économiser sur vos frais. Lorsqu’une dépense
est nécessaire, et la dépense publique l’est, on ne peut pas rogner
empiriquement 50 milliards. En revanche, il est des entreprises et
des banques qui ont largement renoué avec les bénéfices, et les
écarts entre les riches et les pauvres ne cessent de se creuser, en
grande partie à cause de la concurrence fiscale.
Une dernière absurdité ? les fameux 3% de déficit autorisé par l’Europe : un chiffre pris au hasard ! Les cinq doigts de la main au lieu
de la trinité et nos vies changeaient !
Et puisque nous ne savons toujours pas à qui la France doit sa dette,
on peut proposer en forme de conclusion une solution : ne plus payer !
«Il faut introduire
la notion d’illégitimité
de la dette. Je ne pense
pas que les Français
aient voulu ce système
dans lequel les
États ne peuvent pas
emprunter directement
auprès de la BCE.
Vous croyez que
les Français avaient
compris ça ?
Il y a une remise en
question politique
et démocratique de
la dette à avoir».
Bernard Maris
RÉGIS VLACHOS
9
La BDP invite le monde
À
l’heure des chaînes d’info continue (quid de
l’information dans cette avalanche de direct
où le sensationnel le dispute à l’absence de recul
et d’analyse ?), des reportages formatés, réalisés «à
chaud» et «dans l’actu» (quid du temps nécessaire
à un véritable travail d’investigation ?), des voies
se font jour, qui offrent de nouveaux moyens d’en
apprendre un peu plus sur le monde tel qu’il va, et
plus souvent encore tel qu’il ne va pas. La bande
dessinée reportage en est une. Imagée, documentée,
pédagogique, cette forme d’expression hybride répond
de façon originale aux questions du monde contemporain : guerres, terrorisme, migrations, changement
climatique… Autant de territoires du réel que des
lecteurs de plus en plus nombreux découvrent par le
biais de BD documentaires ou de revues. Depuis mi
février, la bibliothèque départementale propose de
faire plus ample connaissance avec ce genre encore
neuf mais en pleine expansion.
Autour de l’exposition consacrée à la bande dessinée
reportage, plusieurs rencontres ont déjà eu lieu.
Après Clément Baloup et Sandrine Lana, venus
présenter leur projet de documentaire dessiné autour
de la lutte des Fralib de Gémenos (voir Zib’83), une
table ronde a réuni, le 19 mars, le directeur de La
Revue Dessinée, Franck Bourgeron, ainsi que les
auteurs Krys et Etienne Davodeau pour discuter de
ce «genre à la croisée des mondes». Cette rencontre,
animée par Boris Henry, inaugurait également le
festival BaDaM (Bande Dessinée à Marseille) organisé par l’association Massilia BD du 19 au 21 mars.
Alors que le numéro 7 de La Revue Dessinée vient de
paraître, les 3 invités sont longuement revenus sur
ce «laboratoire» comme continue à l’appeler Franck
Bourgeron. Après deux ans, l’«agence matrimoniale»
se porte bien et les couples formés pour les sujets
choisis (un journaliste et un auteur de BD) tiennent
la route dans leur grande majorité. Franck Bourgeron
insiste : «C’est la communion de ces deux regards qui
va donner un regard particulier»… et son caractère
unique à chaque reportage. Etienne Davodeau a ainsi
collaboré avec le journaliste d’investigation (radio)
Benoît Collombat pour écrire Les barbouzes de la
République, un reportage sans concession consacré
au SAC de sinistre mémoire. Le journaliste apporte
l’information, l’auteur BD la met en forme. Entre
l’exhaustivité journalistique et l’efficacité scénaristique, il s’agit de trouver «le bon tempo pour
une lecture agréable», ce qui n’a rien d’évident et
exige beaucoup de discussions et d’écoute de part
et d’autre. Quant au choix des sujets, la parution
trimestrielle de la revue ne permet pas d’entrer dans
une actualité «chaude». Ce qui laisse la possibilité
d’aborder et d’approfondir des questions de fond,
politiques, économiques, sociales… À noter, par
exemple, au sommaire du n° 7, outre le reportage
sur le SAC, un dossier sur la Françafrique intitulé Le
Table Ronde, La BD Dodumentaire © C.Rombi CG13
grain de sable, signé Xavier Harel et Julien Solé,
et un autre sur Frontex, Les frontières de la honte,
réalisé par Taina Tervonen et Jeff Pourquié. Des
regards engagés et un travail en duo qui exige un
temps long, d’enquête sur le terrain, de réflexion de
fond, de réalisation… que les médias d’information
traditionnels prennent trop rarement.
Après la table ronde a eu lieu le vernissage de l’exposition consacrée à la bande dessinée de reportage
et à ses rapports avec la photographie. Une version
réduite de celle présentée en 2014 à Sète dans le
cadre du rendez-vous photographique ImageSingulières. Au fil des salles et au gré des diverses
thématiques abordées (la guerre, l’écologie, les
évolutions de l’économie, du travail et de l’immigration), on a pu revoir, entre autres, des planches
d’Emmanuel Guibert et de Joe Sacco, initiateurs
fameux de ce genre dont beaucoup de bédéistes se
réclament aujourd’hui.
FRED ROBERT
La bande dessinée reportage,
exposition jusqu’au 18 juillet
Nocturnes, le rêve dans la bande
dessinée, jusqu’au 18 juillet
Bibliothèque départementale,
Marseille
04 13 31 82 00
www.biblio13.fr
www.culture-13.fr
7e rendez-vous de la
photographie documentaire
du 13 au 31 mai
Sète (Hérault),
www.imagesingulieres.com
10
Marseille fait son cinéma
L
e breakfast-conférence qui s’est déroulé
au cinéma Le Prado le 13 mars se donnait
pour but, outre de promouvoir l’agence de
communication encorenous qui l’organisait,
de croiser des regards experts sur le thème :
Marseille-Provence, terre de tournage. Devant
journalistes, cinéastes, responsables de festivals, il y avait sur scène, regroupés en binômes
8 intervenants. Pour les institutions, Aïcha
Sif, présidente de la Commission Culture à la
Région et Serena Zouaghi, Conseillère Mission Cinéma et Audiovisuel de la Ville. Pour
Plus belle la vie, le feuilleton-culte qui réunit
plus de 5 millions de spectateurs du lundi
au vendredi et occupe les 5 plateaux de La
Friche : Richard Guedj et Philippe Carrese.
Pour la production, Christophe Bouffil (Tita
Productions) qui a choisi de ne pas «monter»
à Paris et Sabrina Roubache (société Gurkin) qui travaille sur le projet NETFLIX avec
Dan Frank pour la nouvelle série Marseille,
un House of cards français. Côté «vitrine»,
Olivier Marchetti président de Provence Studios qui propose à Martigues 26 000 m2 de
plateaux et Jean Michel Albert président de
Marseille Webfest, un laboratoire de fictions
La French © Gaumont distribution-Jérôme Mace
et un marché international de séries pour les
télés, et les géants comme Apple ou Amazon.
Derrière leurs petites tables-pupitres, tous
semblaient prêts à jouer leur partition. Ce
qui fut fait en mode satisfaction ponctuée de
mutuelles congratulations : le temps n’était
pas à la critique. Marseille se vend bien quitte
à utiliser le folklore et la fiction sulfureuse.
Marseille est une marque comme son savon.
Et l’«entertainment» un outil performant de
promotion du territoire, comme en attestent
les chiffres assez vertigineux : 162 sociétés
de production, 900 structures liées à l’économie cinématographique et télévisuelle, 7000
Petit à petit, Le Gyptis fait son nid
Le Cinéma Gyptis a ouvert ses portes le 1er octobre 2014. Sa
programmation a été confiée par la SCIC Friche Belle de mai à
Shellac pour 18 mois. Premier bilan avec Thomas Ordonneau,
directeur, et Juliette Grimont, responsable de la programmation
Zibeline : cela fait exactement 6 mois que le
Gyptis fonctionne. Vous avez choisi une programmation avec des cycles thématiques et
des week-ends/événements. Pouvez-vous tirer
un premier bilan, nous dire quels cycles ont
bien marché, lesquels ont eu moins de public ?
uliette Grimont : Il y a eu une évolution
très nette depuis. Il y a eu une 1re phase
de construction, d’oct à déc, où le Gyptis
devait se faire connaitre en tant que nouveau
cinéma avec une proposition différente à la
Belle de Mai. Puis une phase d’expérimentation : on avait l’ambition de se promener
dans toute l’Histoire du Cinéma, très beau
projet mais parfois compliqué. On est un peu
contraint par la ressortie de films en version
numérique et par la sortie de films actuels.
On s’est peu à peu rapproché de l’actualité du
cinéma, tout en restant particuliers puisqu’on
J
fonctionne par thématique, ce qui permet
de rester libres sur les films qu’on choisit et
les liens qu’on crée entre eux. Par exemple,
«musique et cinéma» a très bien marché, avec
des événements transdisciplinaires mêlant la
projection, qui reste centrale, à des concerts,
des rencontres avec les réalisateurs et des
ateliers pour les enfants.
La thématique est donc une accroche intéressante par rapport au public ?
Thomas Ordonneau : Le public ne vient pas
parce que c’est la semaine X ou Y. Pour nous,
c’est un outil de programmation entre l’exclusivité, la reprise, l’inédit, le patrimoine, le jeune
public, pour mettre en valeur les films.
J.G. : Avant tout, le public vient voir des FILMS.
C’est en termes de sens que la thématique ajoute
quelque chose, créant des liens entre les films,
les réalisateurs, les époques, les œuvres.
Vous pratiquez une politique tarifaire intéressant pour les gens du quartier. Quels retours
en avez-vous ?
J.G. : Une étude vient d’être faite : notre public
est très local. 22% vient du 3e et plus de 70%
des arrondissements limitrophes. C’est une
des ambitions du Gyptis d’être un cinéma de
proximité, d’avoir un ancrage local et cela se
vérifie surtout au niveau des films jeune public.
Vous vous adressez aussi aux scolaires ?
J.G. : Oui, on vient de rentrer dans les 3 dispositifs d’éducation à l’image, écoles, collèges et
lycéens au cinéma ; on garde aussi des créneaux
pour pouvoir répondre à des demandes particulières d’enseignants. Cela demande beaucoup
d’investissement pour l’équipe, composée de
3 personnes, plus 2 stagiaires.
Vous travaillez en partenariat avec des structures comme, Tilt, l’Aspas, le Fid… Quel bilan
pour cette collaboration ?
T.O. : Bilan positif puisqu’on reçoit un intérêt
de leur part. Des points restent à améliorer :
on a mis du temps à comprendre qui, dans la
réunion du Gyptis avec les autres structures,
devait être le moteur et porter l’événement en
termes de com. On a pu répondre à toutes les
demandes et infléchir notre programmation par
personnes travaillant dans la filière, 30 festivals dont Cannes et
le Fid, 145 M de chinois qui «connaissent» Marseille à travers la
série Family on the go. Une croissance de 58% pour les tournages
entre 2012 et 2014 et 30 M d’euros injectés dans l’économie
locale dont 30% pour l’emploi. Il s’est tissé ces dix dernières
années un réseau professionnel de plus en plus performant. Il
est possible aujourd’hui de réaliser, produire et post produire à
Marseille et les talents ne manquent pas. Une école de cascadeurs parisienne va se délocaliser et il y aurait place pour des
formations supplémentaires dans les métiers du cinéma. De la
répartition des subventions publiques, il n’a pas été question.
On sait que la Région aide les projets de scénaristes et cinéastes
en devenir comme elle participe à la production de films grand
public à gros budgets. Le 7e art étant noyé dans une production
audiovisuelle où il y a le pire et le meilleur. Même si on peut
être impressionné par la quantité, les parts de marché, les taux
de croissance, la qualité est indispensable. Laisser la possibilité à ceux qui ne sont pas «dans le moule» de s’exprimer sans
garantie de retour sur investissement aussi. Certains rêvent que
Marseille devienne Hollywood. Puisse le rêve survivre sans le
formatage américain.
ELISE PADOVANI
Le breakfast-conférence s’est déroulé
le 13 mars au cinéma Le Prado, à Marseille
rapport à elles. On était dans
un modèle assez inclusif. Il faut
renforcer les modes opératoires
pour qu’au-delà de la déclaration
d’intention, quand on affiche
deux ou trois structures, il y
ait quelque chose pour que la
programmation soit vraiment
porteuse.
Est-ce que vous avez rencontré
des obstacles non prévus ?
T.O. : Au début, le temps. Le
temps qu’il faut pour qu’un lieu
s’inscrive dans une ville… Il
faut bien 6 mois pour mettre
en place une relation cohérente,
suivie, avec un public. Quand
on aura fait passer dans la salle
20 000 personnes, on pourra
commencer à se dire qu’on est
repéré par ces personnes. On
est passé d’une moyenne de 400
spectateurs par semaine à 600.
Avoir créé un cinéma au cœur
de la Belle De Mai était donc
une bonne idée ?
T.O. et J.G. : C’était une très
bonne idée ! On a encore plein
de choses à améliorer. Mais on
sent déjà une différence, un
passage de public et de population qui est plus vivant. La prochaine étape sera de renforcer
la relation avec les commerces
de proximité pour créer du lien
entre la question d’être spectateur et d’être riverain avant et
après le film. De même que la
circulation entre La Friche et
le Gyptis qui ont une situation
géographique différente. Et il
nous faudra encore 6 mois pour
arriver à le mettre en place.
Rendez-vous dans 6 mois, alors !
Propos recueillis par
ELISE PADOVANI et ANNIE GAVA
12
Musiques actuelles en Région
D
epuis 1999 la Région Paca a mis en place un
plan de soutien aux musiques actuelles. Qui,
malgré les difficultés générales du spectacle vivant,
semble préserver en partie les lieux, les manifestations
et les groupes de la disparition, en leur donnant
financement, visibilité et outils de structuration.
Le secteur est complexe, d’abord parce que les
musiques actuelles sont un fourre-tout : musiques
amplifiées, du monde, traditionnelles, rock, électro,
jazz, chanson française ou non, tous ces mondes là
ont peu à voir, se détestent souvent, flirtent parfois
avec la musique contemporaine, avec le folklore
régionaliste ringard ou avec la variétoche populiste
qui n’ont pas de raison d’être soutenus par une
politique publique, ou le sont dans d’autres cadres.
Mais la complexité vient aussi de la profonde inégalité professionnelle. Est-ce dû au fantasme du
chanteur star, du genre Je m’voyais déjà en haut
de l’affiche ? Il y a dans ces mondes des petites
assos mais aussi des entreprises à but très lucratif,
et les producteurs véreux ne sont pas que des fantasmes issus de Phantom of the paradise ; il y a ceux
qui réussissent, et tous ceux qui vivent autour des
minimas sociaux, entretenant le
mythe du rebelle incompris1...
Ajoutez à ces difficultés la crise
du CD, qui renvoie sur les scènes
des artistes aux cachets mirobolants, la fermeture de certains
festivals de «tourneurs» comme
les Voix du Gaou, et vous aurez
idée de la difficulté de la tâche.
Car à partir de quel seuil faut-il
aider ceux qui jouent en amateurs dans leur garage, et jusqu’où
faut-il aider les lieux et groupes
qui gagnent de l’argent ? Les nouvelles mesures du plan tentent de
structurer la production musicale
(labels, éditeurs...) nécessaire à la
filière et actuellement en difficulté,
et d’aider les lieux de diffusion
à développer des résidences d’artistes et des actions culturelles.
Ces nouvelles mesures, financées
par une enveloppe budgétaire
Si le monde était Babel…
Le succès populaire du
marché-festival se confirme.
Morceaux choisis
J
oe Driscoll, homme-orchestre de la culture rap,
et Sekou Kouyate, cousin et accompagnateur
de Ba Cissoko se sont rencontrés au festival Nuits
Métis en 2010. Cinq ans plus tard, leur union musicale reste l’une des meilleures propositions de la 11e
édition de Babel Med Music. Ou comment il devient
une évidence que l’Afrique est l’alpha et l’oméga de
l’histoire des musiques actuelles. Loin des mariages
arrangés entre artistes occidentaux et musiciens du
Sud, le duo guinéo-new-yorkais dépasse l’ordinaire
rencontre entre deux univers culturels. Car si parfois
la kora a pu servir de caution «world» à de vagues
projets de métissage, ici ce n’est jamais le cas.
Oublié l’instrument de musique traditionnelle, la
harpe-luth mandingue fait partie intégrante d’une
production 100% actuelle où dialoguent afrobeat,
rock, hip hop, folk ou encore reggae. La reprise terriblement groovy du tube Master Blaster de Stevie
Wonder en est la meilleure illustration.
Autre coup de cœur : Gisela João. Les icônes éphémères du fado se succèdent mais celle-ci est déjà
entrée dans l’histoire. Aussi à l’aise dans le registre
Joe Driscoll © Agnès Mellon
mélancolique et frissonnant que sur des morceaux
plus sautillants, la pureté de la voix de la jeune
portugaise émeut autant par sa puissance que par
sa capacité à être dans la retenue, jusqu’au murmure.
Grave et légère, Gisela João, dans une courte robe
rose en mousseline, ne reflète pas l’image habituelle
de la fadiste. Elle en dégage en revanche toute
l’authenticité.
C’est également avec sa voix captivante qu’une autre interprète
féminine a conquis la salle du
Cabaret. Mais celle, cristalline et
aérienne, d’Unni Løvlid vient du
grand Nord. Accompagnés à la
contrebasse, les chants folkloriques
et religieux de cette Norvégienne
supplémentaire, viendront s’ajouter au soutien habituel aux
festivals (dont Babel Med est le fleuron régional), aux SMAC
(Scènes de musiques actuelles, label national) et aux LDMA
(Lieux de développement de Musiques actuelles, label régional),
à l’aide à la structuration aux festivals et lieux non conventionnés, au soutien à la création, à la diffusion et à la production
des groupes professionnels, (voir Zib 80), à l’aide à la pratique
amateure et aux tremplins...
Car les musiques actuelles, en région Paca, c’est 200 festivals,
900 structures organisatrices dont 100 lieux à la programmation
régulière, 110 structures de production musicale, 500 groupes
professionnels, 2500 groupes amateurs... Un secteur économique
essentiel, et un indispensable espace de partage et de fête.
AGNÈS FRESCHEL
Ainsi le collectif Chanson en Paca a distribué aux journalistes
un tract dénonçant le soutien à la «langue anglaise» dans le plan
régional, alors que les mots «langue française» n’y figurent pas
à la demande des groupes chantant en langue d’Oc...
1
glissent puis flottent, pour finir par irradier à la manière d’une
aurore boréale.
Changement de continent avec l’une des sensations des dernières Transmusicales de Rennes. Les Sud-Coréens de Jambinai
ont dérouté le public marseillais. Indigeste et inécoutable pour
les uns, fascinant et méditatif pour les autres. Quand on voit
s’installer sur scène le quintette et ses instruments d’un autre
monde (haegeum, piri et geomungo), on s’attend davantage à
entendre un ensemble de musique traditionnelle qu’un groupe
underground, oscillant entre jazz expérimental planant et postrock futuriste.
Un public marseillais qui a aussi accueilli avec ferveur les artistes
issus de la scène régionale, tous courants confondus : l’opérette
marseillaise revisitée par Moussu T e lei Jovents, le melting-pot
vocal de Radio Babel Marseille, la fusion afro-classique de
Saiko Nata ou la wasla égyptienne de Tarek Abdallah et Adel
Shams el-Din.
Autres moments de grâce du festival : Azam Ali et Niyaz, Batida,
Family Atlantica, Warsaw village band et Mercedes Peon,
Bachar Mar-Khalife, Tcha Limberger’s Kalotaszeg trio ou
encore Majid Bekkas et l’Afro-oriental jazz trio.
Trois soirées sans frontières dans un contexte électoral qui a
pourtant vu leurs plus farouches partisans atteindre des scores
des plus alarmants.
THOMAS DALICANTE
Babel Med Music s’est déroulé du 26 au 28
mars, au Dock des Suds, à Marseille
14
Le In, le Roi et l’Autre
Du 4 au 25 juillet,
le Festival d’Avignon soufflera
une édition resserrée sur
le thème de l’Autre
A
vant de dévoiler à la FabricA la programmation
du 69e Festival d’Avignon, Olivier Py, costard
sombre, chemise assortie au bleu roi de l’affiche,
prend la pose. Sourire de circonstance, un peu nerveux mais affable, toujours, le directeur du Festival
pèse -légèrement plus- ses mots pour ce 2e exercice
et mesure l’enjeu de cette conférence. Car après
une précédente édition sauvée mais fragilisante
(240 000 euros de perte suite aux annulations et
intempéries), le Festival 2015 s’est monté avec
difficulté, Py et ses équipes ont dû aussi composer,
comme les autres structures avignonnaises, avec une
baisse de subventions de la ville de 5%. Le directeur affiche d’emblée une cartocrise d’annulation
des festivals, alarmante, c’est le but, rappelant que
«la culture n’est pas un luxe, elle est l’avenir de la
France». Les tutelles sont présentes ce 26 mars, il
est bon de leur rappeler certains engagements. La
durée est donc resserrée de 24 à 22 jours, certains
lieux inoccupés (dont la coûteuse Carrière Boulbon)
mais l’ambition reste la même : «Avignon c’est trois
semaines de grand et beau bruit […], de ce tohubohu des fêtes, de ce tintamarre des espérances»
affirme l’édito d’avant-programme. «Nous attendons
avec impatience des jours meilleurs» précise Olivier
Py au micro.
«Je suis l’Autre» pour catharsis
Au programme : 38 spectacles (26 créations, 16
coproductions, 31 artistes jamais venus, 21 pièces
de théâtre, 7 de danse, 7 musicales dont l’Orchestre
des Jeunes de la Méditerranée, le groupe français
Feu ! Chatterton et Dorsaf Hamdani, 12 indisciplinaires, 3 jeune public), une majorité d’auteurs
vivants, un abonnement pour les moins de 26 ans
(4 spectacles/40 euros), 4 expositions dont un hommage à Patrice Chéreau à la Collection Lambert, et
les œuvres du «Caravage de la banlieue» qui signe
l’affiche, Guillaume Bresson, à l’église des Célestins
transformée en Nef des Images. Les Ateliers de la
pensée du site Pasteur recevront l’équipe de Charlie
Hebdo et une multitude de rencontres.
Thème central, l’Autre est «l’idée la plus puissante
pour définir la culture.... c’est la catharsis au théâtre».
De Philippe Berling qui crée Meursaults d’après
Kamel Daoud, à un cycle argentin, des Égyptiens
de The last supper, aux Idiots d’après Lars von Trier
Olivier Py, 26 mars 2015 à La FabricA © DE.M.
montés par des Russes, cet Autre sera effectivement
riche de ses diversités. Même si sa représentation
féminine reste un peu timide ! Moins nombreuses
à porter, seules, une mise en scène, les femmes
auront pourtant au plateau une parole primordiale
et cohérente : Isabelle Huppert lira Sade à la
Cour, Fanny Ardant prêtera sa voix à Cassandre,
Nathalie Garraud montera Soudain la nuit, et côté
chorégraphes Emmanuelle Vo-Dinh créera Toumbouctou déjà-vu, Eszter Salamon Monument O, et
Fatou Cissé Le bal du cercle où, comme dans A mon
seul désir de Gaëlle Bourges (voir Zib’82), il sera
question de la représentation… de la femme. Elles
composeront heureusement plus paritairement les
duos des 9 Sujets à Vif, des rendez-vous performatifs qui prédestinent souvent les futures têtes
d’affiche du In. Dans les années à venir, espérons
que ces femmes, auteures et metteures en scène,
aient leur place elles aussi à la Cour d’Honneur, et
pas uniquement pour danser ! La danse, d’ailleurs
gâtée cette année, invite aussi Angelin Preljocaj
(voir p. 16), Fabrice Lambert et Hofesh Shechter.
De Shakespeare à Platon
Le Roi Lear, «la plus belle pièce de tout le répertoire
de l’histoire de l’humanité», traduit et monté par
Olivier Py, ouvrira la Cour d’Honneur, avec Philippe
Girard. Le metteur en scène présentera également
Hacia la Alegria, tiré de son roman Excelsior. Shakespeare sera la voix royale de cette édition, Thomas
Ostermeier adaptera à l’Opéra Richard III dans
une scénographie proche du Globe, le Portugais
Tiago Rodrigues présentera un (plus rare) Antoine
et Cléopâtre.
La République de Platon parcourra
tout le Festival avec un feuilleton
philo quotidien, lu par Valérie
Dréville, l’ERAC et des jeunes Avignonnais. Ubu sur la butte sera itinérant, le Polonais Krystian Lupa
donnera Des arbres à abattre, Robin
Renucci avec l’ORAP Homériade
de Dimitriadis, Samuel Achache
dissèquera les accords dans Fugue
et Valère Novarina fera son retour
avec Le Vivier des Noms.
Une récente étude a révélé qu’un
renouvellement des publics du
Festival était nécessaire, Py espère
doubler la proportion de jeunes
(5 000 en 2014). La Trilogie du
revoir de Benjamin Porée, les
photos de vacances des Estoniens
du Teater N099, la critique du
monde occidental par le collectif
Winter Family ou Andreas par
Jonathan Châtel pourront, entre
autres, aider !
DELPHINE MICHELANGELI
Festival d’Avignon
du 4 au 25 juillet
ouverture billetterie le 15 juin
www.festival-avignon.com
16
«Une ligne poétique
supplémentaire»
Zibeline : Vous n’avez pas affronté la Cour
d’Honneur depuis1999... Comment vivez-vous
ce retour à Avignon ?
ngelin Preljocaj : Avec plaisir ! Mais
la Cour est un lieu intimidant, il faut y
aller humblement. Chercher comment sortir de
l’écrasement, du colossal. En fait ça m’électrise…
Après Ce que j’appelle oubli, vous vous confrontez
à nouveau à un texte de Laurent Mauvignier...
Oui. Notre échange avait vraiment été enthousiasmant, et nous avons eu envie de poursuivre,
et de collaborer vraiment. Il ne s’agit plus pour
moi de m’emparer d’un texte existant, mais
d’une création commune. Retour à Barratham
est une commande, pour la Cour, pour Avignon. Lorsque j’ai demandé à Laurent d’écrire
ce texte pour moi, j’étais plongé dans l’Iliade,
dans cette écriture épique et j’ai eu envie que
l’on voie ce qui n’est pas montré, comme au
théâtre dans le récit du Cid par exemple, où
l’on part avec lui dans la bataille, alors qu’elle
n’est que dans les mots. Je voulais que la danse
réussisse à ouvrir un autre espace, parallèle.
Avec Laurent on collabore vraiment, je sais
qu’il sera là jusqu’à la générale, pour écrire
si nécessaire des liens, changer les choses,
inverser des passages. Comme avec Pascal
Quignard pour L’Anoure on échange tout le
temps, et travailler avec un écrivain est pour
moi particulièrement stimulant.
Oui, avec Ce que j’appelle oubli, ou votre adaptation du Funambule de Genêt, ou L’Anoure,
vous faites entendre des textes. Pour illustrer
les mots ?
Non, ou comme une illustration lointaine. Cela
permet à la danse de ne pas avoir à raconter
justement, d’établir un autre rapport, métaphorique. Ou pas. En tous les cas de ne pas
porter l’argument comme on disait autrefois.
A
L
Angelin Preljocaj © Joerg Letz
Angelin Preljocaj, absent
des dernières éditions
du Festival d’Avignon,
viendra créer Retour à
Barratham dans la Cour
du Palais d’Honneur. Écrit
avec Laurent Mauvignier,
pour trois acteurs et
onze danseurs...
Colombe
d’Europe
Quel est justement l’argument de ce texte, de
quoi parle-t-il ?
De la guerre. Ou plus exactement des marques,
des traces de la guerre dans les consciences,
et dans les corps. De cette dévastation-là,
celle qui vient après. Barratham est une ville
inventée par Mauvignier, mais ça pourrait être
Grozny, ou Sarajevo. Ou Troie, puisque j’étais
dans Homère.
D’où votre collaboration avec Adel Abdessemed...
Oui, sa rétrospective au Centre Pompidou, par
sa violence, son utilisation du barbelé, ses
installations coups de poing, controversées
aussi, m’avait frappé. Son dispositif dans la
Cour ramène au no man’s land, avec des barrières, des clôtures...
La danse se situe-t-elle dans la continuité
de Ce que j’appelle oubli, dans cette violence
masculine ?
Pas exactement. Parce que c’est une pièce
mixte, et que la violence aussi n’y est pas
sociétale, pas fondée sur un fait divers, mais
sur un phénomène général. Avec Barratham on
cherche à atteindre l’universel de la guerre, et
l’intime aussi, ce que la violence produit dans
l’intimité mais chez tous, d’où que l’on soit. Je
pense que dans cette pièce l’espace du corps,
son artisanat furieux comme l’écrivait René
Char, est dans cette relation de l’Histoire à
l’intime. J’aimerais que les corps écrivent un
autre texte en fait, comme une ligne poétique
supplémentaire.
Propos recueillis par AGNÈS FRESCHEL
Retour à Barratham sera créé du 17 au 25
juillet dans la Cour d’Honneur du Palais
des Papes, lors du Festival d’Avignon
a paix en Europe, «du Moyen Âge à
nos jours»... Voilà une thématique
ambitieuse, retenue par l’Association des
Historiens pour les premières Journées
de l’Histoire de l’Europe à Marseille, au
programme très fourni. Les esprits taquins
ne manqueront pas de relever que mises
bout à bout, sur dix siècles, les périodes
sans conflit en Occident ont probablement
atteint quelques semestres ! Ces deux jours
de synthèse sur l’histoire du continent
européen seront justement l’occasion de
revenir sur de telles idées préconçues.
Notamment en ce qui concerne les épisodes les plus sanglants de notre passé,
qui pour être de sinistre mémoire, gagneront certainement à être nuancés. On ne
manquera pas par exemple la conférence
intitulée Les croisades, facteur de paix en
Europe ? par Michel Balard (professeur
émérite à l’université Panthéon-Sorbonne)
le 24 avril, ou encore le lendemain celle
de Patrice Gueniffey (directeur d’études à
l’EHESS), consacrée à Napoléon et la paix.
Bienvenus également, des éclairages sur
l’histoire de l’art et celle de la musique :
Laurence Bertrand Dorléac (professeur
d’histoire de l’art à Sciences Po) traitera
ainsi des Horreurs de la guerre dans l’art
des XIXe et XXe siècles, tandis que Brigitte
François-Sappey (professeur honoraire au
Conservatoire de Paris) évoquera La guerre
et la paix dans la musique européenne,
de 1789 à 1914. Il est à noter que ces
dernières font parties des six femmes qui
s’exprimeront lors de ces Journées... sur
vingt orateurs. Les diverses conférences
seront réparties entre la BMVR Alcazar et
le Musée d’Histoire de Marseille, et les
intervenants dédicaceront leurs ouvrages à
la librairie du Musée, en partenariat avec
la librairie Maupetit. Conférences payantes
sur inscription.
GAËLLE CLOAREC
Les Journées de l’Histoire de
l’Europe à Marseille
les 24 et 25 avril
Musée d’Histoire, BMVR l’Alcazar
01 48 75 13 16
www.associtation-des-historiens.com
18
Prenez l’air,
et le bon !
Monster - Kris Verdonck © Kris Verdonck
L
e Théâtre des Salins termine
sa saison avec une exposition numérique ludique et grand
public, Micro Macro, qui prend
d’assaut Martigues en s’installant
au Théâtre, mais aussi au musée
Ziem, à l’ancien Conservatoire, à
la salle du Grès, à la cinémathèque
Gnidzaz…
Les œuvres numériques qui la
composent, créées par une vingtaine d’artistes internationaux (de
France, des États-Unis, du Japon,
des Pays-Bas, d’Allemagne et de
Belgique), avec Philippe Decouflé
en invité spécial, abordent la question de l’infini, grand ou petit. Dans
un parcours à la fois technique,
scientifique, humoristique et poétique, ces œuvres ne s’adressent
pas forcément à un public d’experts, loin de là ! Interactives et
intuitives, elles couvrent un large
domaine qui saura parler à tout
le monde.
Au programme, entre autres propositions : les Salins accueillent
Philippe Decouflé et la Cie DCA
qui créent L’Hexaboite, un kaléidoscope géant dans lequel on entre
et contrôle ses facettes dans un
astucieux jeu de perspective, et
recréent le Kronofoto, l’écran qui
démultiplie notre image à l’infini,
et La Grosse tête qui, comme le titre
l’indique, transforme et déforme
la vôtre ; Heather Dewey-Hagborg, avec Stanger Visions, qui
s’interroge sur le déterminisme
génétique en créant des sculptures de visages d’inconnus à partir
d’éléments d’ADN collectés dans
des espaces publics ; Bernd Oppl
qui crée dans Delay Room des installations vidéo qui transposent
l’origine de scènes de films dans
des maquettes en mouvement ;
Anne Roquigny dompte la navigation sur Internet en détournant
le web ; les peluches de Kris Verdonck prennent soudainement vie
en un grouillement effrayant…
La salle du Grès accueille la
sculpture audiovisuelle monumentale d’Olivier Ratsi et Thomas Vaquié qui modifie notre
perception spatio-temporelle ;
à l’ancien Conservatoire, Iroto
Ikeuchi transforme des PC dont
les composants deviennent des
buildings gardés par des soldats
en plastique, le groupe Terreform
One expose sa prévision de l’évolution de la densité de la population mondiale au cours des cent
prochaines années avec sa carte
du monde Bio City… Au musée
Ziem, Candas Sisman présente
son œuvre intitulée Makromikro,
composée de lentilles suspendues
qui révèlent la trame numérique
invisible d’une toile blanche.
Autant de propositions qui remettront en question, à n’en pas douter, votre appréhension du monde.
Aux p’tits oignons © Vincent c@ctus Vanhecke
Micro ou macro,
choisissez !
L
es beaux jours arrivants, les festivals commencent à irriguer
le territoire de leurs propositions alléchantes. À Cucuron,
dans le Luberon, le Centre culturel Cucuron Vaugines vous
invite à vivre la première édition de son Grand ménage de
printemps, l’occasion de changer d’air en compagnie d’artistes
qui transformeront rues et places en scènes à ciel ouvert !
En amont du week-end festif (du 21 au 24 avril), Gilles Cailleau
et sa Cie Attention fragile s’installent sur le parking de l’étang
pour un Tour complet du cœur, un spectacle bluffant, et remarquable, dans lequel le comédien joue avec délectation les 37
pièces de Shakespeare… avec quelques ellipses, une multitude
d’accessoires et des costumes ingénieux ! Puis durant tout le
week-end les spectacles s’enchaînent : la Cie les Mobilettes
sert un Café Frappé sur certaines terrasses, mettant en mouvement tasses, chaises, tables et consommateurs sur des airs des
années 50 ; avec Mon Grand oncle, entre situation pathétique et
plaisanterie loufoque, Sébastien Lazennec, Utopium Théâtre,
livre le testament hors du commun d’un passionné des Pyrénées
et des chaussures ; Hélène Arthuis et Pascal Gautelier, Cie
Tétrofort, entraînent famille et amis dans l’émotion de leur
14 ans de mariage, entre surprises et imprévus ; Ivan Chary,
Cie du Petit Monsieur, cherche inlassablement à se glisser
jusqu’au combiné enfermé dans une cabine téléphonique qui
refuse inexplicablement de s’ouvrir ; la Cie Kitschnette a beau
concocter un plat Aux P’tits oignons, la crise de larmes qui s’ensuit risquera de gâcher toute séduction… ; quant à Main d’œuvre
du Ballet des Zigues, il entremêle subtilement sons et danse
contemporaine pour proposer une vision burlesque et poétique
du monde ouvrier… Sans oublier les projections au cinéma Le
Cigalon du documentaire Royal Deluxe et le mythe du géant (5
épisodes !) de Dominique Deluze qui a suivi pendant près de
20 ans l’emblématique Cie de théâtre de rue…
Do.M.
DOMINIQUE MARÇON
Micro Macro
du 14 au 25 mai
Divers lieux, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
Le Grand ménage de printemps
du 21 au 26 avril
Cucuron
04 90 77 28 31
www.legrandmenage.fr
20
Du côté du Centre Au bistrot !
National
L
L
e GMEM, Centre National de Création
Musicale (ils sont 7 en France) se prépare pour son grand festival. Le programme
est abondant et complet, à la fois curieux
et divers, allant des formes théâtrales ou
dansées au concert d’ensemble, vocal, en
passant par l’électroacoustique, spécialité
du directeur maison, Christian Sébille.
Depuis sa nomination le GMEM est partout :
il conçoit la programmation musicale (sur
le rapport texte musique) de la Bibliothèque départementale, s’encanaille lors
de Reevox avec le Cabaret Aléatoire pour
que musiques électroniques (actuelles et
pulsées) et électroacoustiques (contemporaines donc sans beat) mixent leur amour
commun du son, propose des Matins Sonnants autour de la voix chantée à l’Opéra
de Marseille, fusionne ses forces avec celles
du GRIM de Jean Marc Montera... il arrive
même au directeur compositeur de diffuser
en personne et en direct au Klap !
Cette année, le Festival Les Musiques -qui
demeure le temps fort de la programmation
du Centre National- accorde une place plus
large aux compositrices en leur consacrant
une soirée et quelques attentions (on est
loin de la parité, mais étant donné le «répertoire» contemporain il est difficile de faire
mieux...) ; garde le lien avec ses racines
historiques en programmant la création
du fondateur Georges Boeuf par Musicatreize ; fait une belle place aux forces
régionales plus récentes en programmant
la création de Benjamin Dupé, et l’ensemble C Barré ; donne à voir et à entendre
des spectacles contemporains programmés
dans les autres festivals du circuit (voir
programme p 28). Mais fort de son budget
conforté et conséquent, le Centre National a-t-il gardé l’esprit de recherche et de
décentralisation que son sigle des années
70, Groupe de Musique Expérimentale de
Marseille, nommait si bien ?
Le Matin sonnant du 22 mars était à cet
égard emblématique. Dans les ors du sublime
foyer art déco de l’Opéra, l’ensemble C
Barré jouait Beiseit de Heinz Holliger,
interprété par le contre-ténor Alain Aubin.
La musique, réinterprétation post-sérielle
de la tradition allemande romantique puis
expressionniste du cycle de Lieder, passait
d’un état émotionnel à l’autre, en de subtiles nuances de diverses mélancolies...
que le chanteur laissait affleurer, mais que
l’ensemble dirigé par Sébastien Boin, malgré les qualités évidentes des musiciens,
rendait fastidieux en impulsant une dynamique très égale. Du coup la musique,
pourtant toute récente, semblait comme
amidonnée, à peine sortie d’une armoire
ancienne... L’effet était il voulu ? En tous
les cas l’esprit d’expérimentation semblait
loin ! Mais réussir à convoquer un public
nombreux pour écouter de la musique du
XXIe siècle à l’opéra, un dimanche matin,
est déjà une expérience !
AGNÈS FRESCHEL
GMEM
04 96 20 60 16
www.gmem.org
Flux de Marseille
Musique, danse, cinéma : avec la carte
FLUX, découvrez 6 festivals pour 45 euros !
Non nominative, elle donne accès à une
manifestation par festival parmi les spectacles, concerts et projections proposés.
6 festivals marseillais sont associés dans
cette manifestation, du 2 mai au 24 juillet :
Le Festival Les Musiques, du 2 au 16 mai ;
marseille objectif DansE, du 21 mai au 17
juillet ; le Festival de Marseille_danse et
arts multiples, du 14 juin au 17 juillet ;
le Festival MIMI, du 1er au 5 juillet ; le
FIDMarseille / Festival International de
Cinéma, du 30 juin au 6 juillet ; le Jazz
des Cinq Continents, du 15 au 24 juillet.
Pour participez au jeu concours envoyez
un mail à [email protected]
Les trois premiers gagneront une carte Flux !
es Bistrots de Pays, un trésor national ?
En tous cas, un art de vivre à la française que défend depuis vingt-deux ans un
label, doté d’une charte de qualité. Il fallait
bien cela pour enrayer l’érosion du maillage
de ces lieux de convivialité, parfois derniers
services de proximité dans les villages reculés.
Situés dans des communes rurales de moins
de 2000 habitants, ils promeuvent les produits du terroir, et contribuent à «la conservation et à l’animation du tissu économique
et social». En PACA, dix bistrotiers accueillent
ce printemps une programmation musicale
originale, conçue par la Régie Culturelle
Régionale. Au choix un ciné-concert, avec
Patrick Vaillant à la mandoline électrique et
Céline Bonamour du Tartre à l’image, pour
découvrir dans une série de courts métrages
muets les pionniers du burlesque et du film
d’animation. Ou bien le Dancing Jazz Band,
trio composé de Raphaël Imbert (saxophone),
Thomas Weirich (guitare), et Simon Sieger
(accordéon et trombone). Un beau voyage en
perspective, entre boogie-woogie, manouche
et musette. Foncez au Relais du Mercantour,
au Café des Poulivets à Oppède ou encore à
La Cascade de Sillans, les menus spéciaux
prévus pour accompagner chaque spectacle
ont de quoi réveiller les papilles !
GAËLLE CLOAREC
Scènes de bistrots
du 2 au 21 mai
10 Bistrots de Pays des AlpesMaritimes, Vaucluse et Var
www.bistrotdepays.com/
Cine Mando Solo © Gerard Gay Perret
22
Quel printemps au MuCEM ?
Un éveil au jardin et des contes
Exposition Lieux Saints partagés. Musulmane en prière © MuCEM-IDEMEC Manoel Penicaud
Jardinier-médiateur, quel beau métier ! Ce sont ceux
du MUCEM qui accompagneront tous les samedis
d’avril enfants et familles lors d’une série d’ateliers
initiée en mars. Après une balade dans le Jardin des
Migrations pour observer les plantes, les toucher,
les sentir, il s’agira de semer des graines, planter
des bulbes, butter, arroser, tuteurer... Une initiation
précieuse pour les petites mains vertes.
Pendant les vacances de Pâques, le jeune public est
également invité à une «traversée dans l’univers du
conte». Le 3 mai, c’est avec le conteur Jean Guillon
que l’on se promènera dans les extérieurs du MuCEM,
avant de dévorer lors d’un ciné-goûter le lendemain
cinq courts métrages d’animation imaginés par Karel
Zeman, virtuose tchèque de l’animation. Les 6, 7 et
8 mai, les plus petits découvriront avec plaisir l’univers de l’ours Michka, adapté en marionnettes par la
compagnie Théâtre d’Aurina. L’occasion d’aller voir
l’exposition Changement de propriétaire, consacrée
à ce récit, sur le site du Centre de Conservation et
de Ressources du musée, à la Belle de Mai.
Nouvelles expositions temporaires De la réflexion
Plutôt bucolique,
studieux, engagé ?
Il y en aura pour
tous les goûts dans
la programmation
printanière
du Musée des
Civilisations de
l’Europe et de la
Méditerranée
A
près le succès de Raymond Depardon – Un
moment si doux et Food - Produire, manger,
consommer, qui ont chacune rassemblé entre 1000
et 1500 visiteurs par jour, plusieurs expositions
temporaires prennent le relais au MuCEM. La première, du 29 avril au 31 août, est consacrée aux
Lieux saints partagés entre le judaïsme, le christianisme et l’islam. Son commissaire général, l’anthropologue Dionigi Albera, a voulu mettre en
évidence un aspect méconnu des monothéismes
en Méditerranée : l’existence d’échanges fructueux
entre les communautés, via la fréquentation des
mêmes sanctuaires.
La seconde, intitulée Traces... Fragments d’une Tunisie contemporaine se décomposera en deux parties,
l’une débutant le 13 mai pour finir le 28 septembre,
l’autre se déroulant à l’automne. Pour rendre compte
du foisonnement de la scène artistique tunisienne,
ses deux commissaires, Thierry Fabre, responsable
de la programmation culturelle du MuCEM, et Sana
Tamzini, présidente du FACT (Forum des Associations Culturelles en Tunisie) ont travaillé à partir
de documents visuels : photographies, vidéos, mais
également créations numériques et installations.
Prévoyez fin juin de revenir pour voir les Migrations
divines, exposition archéologique exceptionnelle
s’appuyant sur la collection de la Fondation Gandur pour l’Art, et le Musée d’Art et d’Histoire de
Genève. De quoi voyager à travers les siècles, pour
comprendre les modes de diffusion des religions
antiques, au rythme du commerce ou des conquêtes
militaires... et mieux saisir les enjeux contemporains
à la lumière du passé.
C’est Jean-François Chougnet, directeur du MuCEM,
qui le dit : «en ce qui concerne le cinéma, les conférences et tables rondes, visiblement les choses commencent à s’enraciner : au 1er trimestre, nous avons
doublé le chiffre de fréquentation de ces manifestations par rapport à 2014 !»
Le 20 avril, on pourra participer à la rencontre entre
l’enseignant, chercheur et écrivain Ghjacumu Thiers
et Marie Ferranti, dont le dernier ouvrage, Fruit d’une
réflexion sur la musique et sur l’art, est consacré aux
polyphonies corses. Le 23, Fethi Benslama recevra
Charles Enderlin dans le cadre du cycle Pensées du
monde «La peur : raisons et déraisons» ; le journaliste
et grand reporter est l’auteur de nombreux livres sur
le thème notamment de «guerre, résiliance et peur
dans la société israélienne contemporaine». Comme
chaque dernier vendredi du mois, on pourra rejoindre
l’équipe de l’Institut Méditerranéen des Métiers du
Patrimoine (I2MP) dans son questionnement sur l’économie des déchets en Méditerranée : le 24 avril, les
anthropologues Thierry Bonnot et Mickela Lemeur,
le sociologue Philippe Brunet et le géographe Olivier
Dubuquoy traiteront du reste industriel comme avers
de la production.
Enfin le 29, on pourra assister à une table ronde consacrée
à la géopolitique des Lieux Saints, qui sera enregistrée
pour diffusion sur RFI (émission Religions du monde).
GAËLLE CLOAREC
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13
www.mucem.org
23
Bons baisers de Marseille
Q
uatre jours de parcours artistiques, des vernissages et des nocturnes publics, des performances intra-muros et dans l’espace public, des
balades urbaines et des rencontres professionnelles
irrigueront la cité phocéenne à partir du 14 mai
pour le Printemps de l’art contemporain (PAC).
Une 7e édition, Destination Mars, imaginée autour
du thème de la «carte postale» et mise en œuvre
par Caroline Hancock, commissaire indépendante.
«Le sujet de la carte postale s’est imposé en référence à son inventeur, Dominique Piazza, immigré
italien devenu chef d’entreprise à Marseille en 1891
et cofondateur du Théâtre Silvain. Marseille devient
un lieu d’excursion avec un plan / un jour inventé
par un artiste. Le PAC offre l’occasion de dessiner
une carte postale inédite de la ville, sur un territoire
maillé par 50 lieux et irrigué par des projets forts et
satellites.» C’est ainsi que la manifestation croisera
des propositions interdisciplinaires émanant d’artistes
régionaux, nationaux et internationaux qui, à l’heure
du numérique et de la correspondance instantanée,
utilisent (encore !) la carte postale «pour leurs
envois, collections, typologies, détournements, base
d’images, documents historiques et d’innombrables
autres pratiques passionnantes». Pour pallier son
John Deneuve, illustration Destination Mars,
Printemps de l’art contemporain 2015 © John Deneuve
déficit de visibilité et élargir son public au-delà du
cercle des professionnels et des initiés, le PAC a du
revoir sa copie et faire de la pédagogie : des plans
détaillés de chaque parcours et un petit journal seront
distribués gratuitement, une signalétique appropriée
sera mise en place dans la ville et un site internet
lui sera entièrement dédié. Il ne restera plus qu’à
prendre son bâton de pèlerin pour arpenter tour à
tour les quartiers Longchamp-National-Belle de Mai
où une plaque à la mémoire de Dominique Piazza est
apposée ; Belsunce-Panier-Joliette
où la déambulation et le questionnement de la ville se poursuivent
à travers des lieux chargés d’histoire ; Plaine-cours Julien-Préfecture qui sera le théâtre, entre
autres, d’un marché de cartophiles
et d’une soirée d’interventions
musicales et sonores orchestrée
par l’ESDAM ; et, pour la première
fois, les quartiers Nord-corniche
Kennedy avec des propositions au
Centre Richebois, à La Castellane,
à La Bricarde, jusqu’à l’American
Gallery qui, avec Julien Blaine,
clôtureront les festivités.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Printemps de l’art contemporain
Destination Mars
festival du 14 au 17 mai
expositions du 14 mai au 21 juin
www.marseilleexpos.com
Jours de science
C
ette année le Printemps des
chercheurs, destiné à promouvoir la recherche scientifique
auprès du grand public, aura lieu
avec des moyens très considérablement réduits. L’association
organisatrice, Tous chercheurs, a
cependant essayé de maintenir une
programmation complète, autour
de la thématique de la lumière...
En voici les temps forts : le coup
d’envoi sera donné le 15 avril à
la bibliothèque de l’Alcazar, par
Philippe Amram. Sa conférence
portera sur la naissance turbulente des étoiles dans le choc des
galaxies. L’astronome Pierre Barge
lui succédera, traitant des jets
supersoniques produits par les très
jeunes étoiles, avant que Kjetil
Dohlen ne prenne la parole pour
décrire le fleuron de la quête de
planètes extra-solaires, l’instrument SPHERE au Chili.
Le traditionnel Souk des sciences
aura lieu le 22 avril, de 10h à 18h,
Une chauve-souris pour la recherche sur Ebola : autopsies des chauves-souris sur le terrain dans un laboratoire
de brousse, région de Lambaréné, Gabon. © IRD Jean-Jacques Lemasson
sur le cours Belsunce et dans le
hall de la BMVR. Entre démonstrations et petites expériences,
il propose un aperçu de diverses
disciplines : optique, photobiologie, cristallographie... À ne pas
manquer : le stand du LAB -pour
Laboratoire d’Aix-périmentation et
de Bidouille- avec son imprimante
3D. Le même jour, Perrine Ruby
tentera de répondre à la question
Pourquoi le cerveau se souvient-il
des rêves ? Tandis que Philippe
Ponel fera resurgir du passé l’ancien paysage du centre-ville de
Marseille, grâce aux pollens et
coléoptères.
Le «speed-dating scientifique» du
29 avril permettra de rencontrer
un spécialiste en un temps très
court (7 minutes). Préparez vos
questions sur la mécanique des
fluides, l’archéologie ou encore la
physique des particules, avant de
rejoindre l’auditorium pour faire
la lumière sur le virus Ébola, avec
Jean-François Guegan et Bernard Taverne (IRD). Clôture de la
manifestation le 6 mai, sur une
série de trois conférences : les
nanoparticules d’or à l’assaut du
cancer, par Guillaume Baffou,
l’escarboucle médiévale avec Valérie Gontero-Lauze, et enfin les
manifestations éruptives dans la
couronne solaire, par Philippe
Lamy. GAËLLE CLOAREC
Le printemps des chercheurs
du 14 avril au 6 mai
Cours Belsunce, BMVR
Alcazar, Marseille
www.printempsdeschercheurs.fr
24
Quand s’impose la parole
A
nnie Zadek est née en 1948 à
Lyon de parents juifs polonais
et communistes exilés en France
en 1937. Sur cet exil rien n’était
dit, ni sur la vie d’avant, ni sur ceux
qui décidèrent de rester, malgré la
montée du nazisme. Mais l’enfant
qu’elle était s’est posé des questions, beaucoup, sur les raisons de
l’exil, sur la vie comme elle s’écoulait
avant le départ, sur le sort réservé
à ceux qui n’ont pas voulu fuir et
les circonstances atroces de leur
mort… et sur les conséquences de
tout cela sur sa génération, celle qui
est née après la guerre mais porte
en elle l’héritage du destin familial.
Hubert colas donne corps à ces
524 questions, pensées intimes
et universelles, dans une mise en
scène et une scénographie minimalistes. Au centre de la scène trône
un grand cube de verre dont les
parois transparentes laissent passer quelques reflets de silhouettes
fantomatiques, puis se remplit
d’une symbolique fumée blanche
et urgent de se poser encore et
toujours la question de la contamination du présent par le passé, pour
tenter de répondre à ces dernières
questions cruciales : De quoi avonsnous hérité ? Quand pourrons-nous
tourner la page ?
DOMINIQUE MARÇON
Nécessaire et urgent a été joué
le 27 mars au Théâtre d’Arles
• À venir
© Hervé Bellamy
qui ne s’en échappera qu’à la fin.
Sur un rythme lancinant, Bénédicte
Le Lamer et Thierry Raynaud,
chacun leur tour et avec une grande
musicalité de ton et de corps, se
lancent dans une quête de vérité
dont chaque mot fait mouche. Sans
jamais nommer précisément l’indicible, et sans qu’un genre en particulier n’émerge, «vous», «eux», «nous»
deviennent cette cohorte qui emplit
l’espace ; du tragique au plus intime,
l’auteure questionne aussi en creux
les doutes, l’élan vital, les joies les
plus infimes qui s’immiscent dans la
douleur… L’histoire se (re)construit
en filigrane, l’apparente simplicité
des questions n’en ayant que plus
d’épaisseur.
Alors oui, il est plus que nécessaire
Nécessaire et urgent
du 21 au 25 avril
Master Class d’Annie Zadek
du 27 au 30 avril (voir p 36)
Théâtre JolietteMinoterie, Marseille
04 91 90 07 94
www.theatrejoliette.fr
Je suis Française
L
e texte de Catherine Verlaguet mis en scène
par Philippe Boronad aborde un sujet sensible :
la difficulté pour les adolescentes françaises musulmanes de vivre la liberté amoureuse et sexuelle des
autres filles de leur âge, lorsqu’elles sont nées au sein
d’une famille traditionnelle. L’auteur, qui avait écrit
l’adaptation dramatique de Oh Boy ! de Marie-Aude
Murail (Molière Jeune public 2010) a su se garder du
regard ambigu, voire franchement raciste, que l’on a
pu voir à l’œuvre dans Arab Queen (voir Zib’ 80) ou qui
a suscité la polémique autour d’Exhibit B (voir p 4). Il
est certain qu’il est plus que temps que des Français
issus de l’immigration récente puissent s’emparer des
propos qui les concernent (et d’autres !), mais Philippe
Boronad et Catherine Verlaguet le font avec une vraie
empathie avec leurs personnages. Il est question de
deux jeunes filles dans une famille aimante, mais qui
comprend mal l’aînée, amoureuse d’un Jérémy au nom
imprononçable, capable de partir pour défendre sa
liberté ; de sa sœur Leïla moins téméraire, de sa mère
qui la trahit parce qu’elle veut la garder, d’un père et
d’un frère qui croient bien faire. L’histoire, inspirée
librement de celle de Sohane Benziane, n’est jamais
caricaturale, juste touchante, et simple, une tragédie
qui parle aussi du rapport au bled, à la scolarité, des
extrêmement maîtrisée, comme les
beaux effets numériques dans un
miroir pivotant, et les divers degrés
de jeu par les trois comédiennes. Le
public scolaire, comme les adultes,
en sort avec une grande envie de
débat...
AGNÈS FRESCHEL
Braises, création de la cie
Artefact, a été joué
le 17 mars au Théâtre du
Briançonnais, le 2 avril au
PôleJeunePublic du Revest,
le 7 avril au Théâtre de Grasse
© Francesca Torracchi
difficultés à vivre en cité HLM, et surtout du corps
des jeunes filles. De désir, d’amour naissant, du sexe
comme un plaisir volontaire et partagé.
La construction dramatique, fondée sur des flashes-back
et la superposition des souvenirs et de fantasmes, est
• À venir
le 18 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
25
Avidité du capitalisme naissant
L’
Échange de Claudel raconte
l’histoire de Marthe, paysanne
française emmenée aux États-Unis
par Louis Laine, sauvage à moitié
Indien, pour l’épouser. Mais sa vie
se verra bouleversée lorsque son
mari l’échangera contre de l’argent
à Thomas Pollock, homme pour qui
l’argent est très important. Peutêtre même plus que sa propre
femme, l’actrice au fort caractère
Lechy Elbernon ? Thomas Pollock
est montré comme inconscient
d’être corrompu par ses dollars
mais cherchant à comprendre ses
fautes sans y parvenir lorsque le pire
arrive. Louis Laine, lui, derrière ses
airs d’époux naïf mais aimant, se
révèlera incapable d’aller au-delà
ce qu’on lui impose. L’argent lui
semblera plus exaltant qu’une vie
monotone avec sa femme, qu’il trompera. Seule Marthe sera capable
d’aller au-delà du regard d’une
globalisé. Car les gens fortunés sont
aujourd’hui nos exemples, plutôt
que les hommes vertueux. Ne
nous sentons-nous pas dominés
par ceux qui gagnent mieux leur vie
que nous ? Même si nous éprouvons
du mépris et du dégoût envers Louis
Laine et Thomas Pollock, L’échange
montre que les hommes se laissent
séduire par l’ardeur de la possession.
Aujourd’hui, le refus de Claudel d’entrer dans la modernité marchande
apparaît comme une résistance
visionnaire…
ALICE LAY
© Raphaël Bianchi
société capitaliste naissante, qui
croit déjà fermement que l’argent
fait le bonheur : elle restera méfiante
à l’égard des puissants, comme
instinctivement, européenne.
Ivan Romeuf place le texte de
Claudel dans un contexte contemporain, nous rappelant ainsi que
les valeurs de notre société sont
nées là-bas, fondées sur les apparences et la réussite sociale qui
dominent aujourd’hui notre monde
Occultissime
«J
L’atmosphère se fait un peu plus sombre. Une
femme, sortie au hasard du public, la tête couverte d’une cagoule noire, permet au magicien
d’épeler, grâce au ouija, le prénom auquel elle
pense. Le crescendo d’effets ne cessera plus,
laissant le spectateur osciller à la fine frontière
entre spectacle d’occultisme et séance de magie,
ou vice-versa. Jusqu’au final époustouflant, où il
est démontré que tout, absolument tout ce qui
s’est passé depuis le début était sous l’emprise
totale de l’artiste. Et nous aussi.
JAN-CYRIL SALEMI
Emprise a été joué le 27 mars au
Comoedia à Aubagne
Viktor Vincent © X-D.R
e ne crois pas en l’existence de pouvoirs
surnaturels» annonce Viktor Vincent dès
son entrée en scène. Si lui n’y croit pas, il fait
en sorte que son public en vienne à se poser
des questions. Son spectacle Emprise est une
fascinante expérience de mentalisme théâtral
mêlé de spiritisme. Plus qu’un spectacle de
magie mentale, Emprise est aussi une séance
d’occultisme, tel qu’il s’en pratiquait souvent au
XIXe siècle, y compris sur les scènes de théâtre.
Cet aspect-là ne concerne qu’une partie du
spectacle, mais l’illusionniste entretient le mystère et le doute tout au long de sa prestation.
Magicien ? Manipulateur ? Médium ? Comédien,
sans aucun doute. «Un magicien est un acteur
qui joue le rôle d’un magicien», disait Jean-Eugène Robert-Houdin, le père de l’illusionnisme
moderne. Viktor Vincent applique la citation. La
théâtralité de son spectacle est parfaitement
maîtrisée. Sur des textes très écrits, il joue
avec le public et fait place à ses talents d’acteur, de fin psychologue et d’illusionniste hors
pair. Une grande part du spectacle repose sur
des techniques classiques du mentalisme de
scène : divination, hypnose légère, touchers à
distance... L’expérience va plus loin quand l’artiste a recours au fameux ouija des médiums, ce
tableau où sont inscrites les lettres de l’alphabet.
Nous voilà au cœur du XIXe, à l’époque où, tels
Victor Hugo ou Edgar Poe, il était courant de
faire tourner les tables et d’appeler les esprits.
L’Échange a été créé au
Sémaphore, Port-de-Bouc le
13 mars, et joué au Lenche,
Marseille, du 20 mars au 11 avril
26
Oubliées mais toujours là
P
our sa 5e édition, le Festival Présences féminines s’est étendu sur presque deux semaines
et explorait cette année une thématique nouvelle
mettant en avant des œuvres de compositrices dans
des genres traditionnellement dévolus aux hommes.
Comme un pied de nez au concept, la directrice artistique du festival et fondatrice de la Cie Les Bijoux
Indiscrets, Claire Bodin, s’est permise de rappeler à
l’auditoire que cette année encore une certaine parité
avait été observée dans la distribution artistique et
que les interprètes féminines y étaient à peine plus
nombreuses que leurs homologues masculins. Pour
combler une fois de plus l’amnésie partielle de l’Histoire
de la musique, une soirée baroque était consacrée
à la compositrice Anna Bon, dont on ne sait finalement pas grand-chose, autour de Divertimenti pour
deux flûtes et basse-continue. L’interprétation très
transparente de ce répertoire par la compagnie précédemment citée témoignait d’une fluidité de l’écriture
très typique d’un style baroque tardif, où la virtuosité
instrumentale ne semblait plus être une fin en soi et
où les figures de style instrumentales étaient alors
réduites à l’essentiel, privilégiant l’équilibre mélodique
dans un tissu contrapuntique léger et sans fioritures.
On comprenait mieux ainsi pourquoi elle s’était vue
engagée à la cour de Bayreuth comme «Virtuosa di
Musica di Camera» vers 1756. Dans un état d’esprit
tout aussi aventurier, les festivaliers étaient invités les
25 et 26 Mars à découvrir une fantaisie œnologique et
musicale concoctée par la directrice artistique autour
d’Airs coquins et à boire écrits par des femmes actives
entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle. Ces petits
divertissements vocaux licencieux, magnifiquement
interprétés aux voix comme aux instruments, étaient à
Camille Thomas © Vincent Perez
réel privilège, un moment unique
et joyeusement festif. Pour clore
en beauté cette édition, l’Opéra
de Toulon a offert son magnifique
Foyer Campra à deux interprètes
exceptionnels pour nous dévoiler
des œuvres de Nadia Boulanger, Florentine Mulsant, Lera
Auerbach et Laura Netzel. Tristan Pfaff accompagnait au piano
l’exceptionnelle Camille Thomas
dans une exploration virtuose du
violoncelle, alliant la diversité des
modes de jeu à un vibrato parfait
au service d’écritures musicales
très singulières, jouées pour cette
unique occasion. Dommage pour
les frileux, mais preuve a été faite
que l’instrument soi-disant plus propice aux hommes était magnifié ici
par le jeu et l’écriture au féminin.
Comme la guerre des sexes n’est
malheureusement pas terminée,
Après un rêve de Fauré venait en
rappel mettre un terme onirique à ce
5e Festival dont nous attendrons la
prochaine édition avec impatience.
ÉMILIEN MOREAU
déguster sans modération, tant pour la truculence du
jeu scénique où le public participait avec complicité
que pour la fraîcheur et le naturel de l’ensemble qui
conjuguait avec bonheur l’allégresse bachique et les
joies de l’amour. Ce spectacle délicieusement convaincant, dégustation de vin insulaire à l’appui, était un
Le Festival Présences féminines
s’est déroulé à Toulon, SixFours, Le Pradet et La
Garde du 14 au 28 mars
Amène
À
cheval sur le dernier weekend de Mars se tenait la
XXXe Semaine Sainte en Arles à la
chapelle Saint Martin du Méjan.
C’était l’occasion pour le public
assidu de découvrir les fondamentaux du baroque religieux à défaut
de les revisiter pour les plus fidèles,
puisque deux soirées et une matinée y étaient consacrées. La soirée du samedi faisait quant à elle
une incursion dans les polyphonies de Sardaigne avec le Coro
Gabriel du petit village Sarde de
Tempio Pausania. Une ouverture
rafraîchissante pour une hétérophonie aux accents intemporels
et méditerranéens, voire orientalisants. Les séquences baroques
étaient centrées sur la deuxième
moitié du XVIIe siècle notamment
Les Paladins © Jean-Baptiste Millot
sous l’absolutisme français. Les
Leçons de ténèbres de François
Couperin cachaient derrière leur
austérité une science des couleurs
matérialisée par l’écriture en retards
harmoniques. Les deux tessitures
choisies de ténors de l’ensemble
Les Paladins offraient aux oreilles
patientes ou averties ces fins entrelacs typiques du genre. Le Concert
Spirituel d’Hervé Niquet contrebalançait cette intimité avec les
compositeurs emblématiques du
grand siècle Lully, Charpentier (Te
Deum) et Louis Le Prince.
La semaine fut conclue par
l’ensemble Castello, éponyme du
compositeur Dario Castello, d’ailleurs interprété au sein d’un tour
d’Europe qui réunissait Merula, Scarlatti, Charpentier, Pachelbel et Purcell. Délicatesse, richesse de timbres
souvent insoupçonnés, à l’exemple
du duo de violons baroques enrichis
par la basse continue. De quoi poser
un Amen mélismatique protecteur
(Buxtehude) par la sensible soprano
Julia Doyle au sein de ses figuralismes. La messe fut dite, et bien.
P.-A. HOYET
La XXXe édition de la Semaine
sainte en Arles s’est tenue
du 27 au 31 mars à la
Chapelle du Méjan
27
La fête à Nono
D
epuis 2013 la bande à Nono
réveillonne au printemps. En
chansons, autour de tables partagées, d’un repas pris entre amis.
Une soirée spectacle comme ils
en ont le secret : un bon repas,
arrosé de vins et de champagne,
servi sur des nappes blanches, plutôt dans le genre restaurant délicat
que guinguette, mais d’un prix qui
pour un diner spectacle (de trois
heures !) reste raisonnable (45 euros
vin compris). Du coup les convives
sont nombreux, 450 par soir !
Pourtant, la proposition n’a rien
d’une revue de cabaret, et moins
encore de la fête à Neuneu. Serge
Noyelle, Marion Coutris et tous leurs
comédiens chanteurs et musiciens
attisent nos mémoires pop à coup
de tubes qu’ils interprètent à mi
chemin entre revisitation et fidélité,
juste à la bonne distance pour qu’on
entonne avec eux, mais qu’on les
regarde sous un jour neuf : tous
passent à la moulinette de l’hommage décalé, d’Aznavour à Cloclo
en passant par Brel, les Stones et
même Verdi, Dalida bien sûr, mais
aussi du pur disco bon teint, L’Amant
de Saint Jean... Les 8 musiciens
s’en donnent à cœur joie, sur des
arrangements inventifs regorgeant
de contrechants amusés (Marco
Quesada) qui laissent libre cours
aux solos d’Ahmad Compaoré, à la
fantaisie sonore qui passe de flûtes
en clarinettes (Magali Rubio), ou
de contrebasse en basse électrique
(Jean Bernard Rière). Sur la grande
© maxminniti
scène en largeur les chanteurs ne sont pas en reste.
Vêtus d’accoutrements colorés, grimés juste à la
bonne outrance, c’est un défilé d’inventivité qui joue
sur le genre, tous en hommes ou tous en femmes,
intervertissant les répertoires, Alain Aubin en Dalida,
Marion Coutris ouvrant le bal de sa voix grave en
costume noir. Certains chantent très bien : Gregory
Miege qui rocke mieux que Johnny, Camille Hamel
qui supplie torchons à la taille Ne me quitte pas, Alain
Aubin bien sûr mais aussi Maximin Marchand en
contreténors qui savent aussi barytonner (ou l’inverse ?),
et puis Kalliroy Raouzeou, à la voix magnifique, qui
vit la musique comme on sent le jazz, de bas en haut
frissonnante. Pas un temps mort au cours des trois
heures mais le public finit debout, à danser entre les
tables... ayant vu au passage une humanité qui se joue
des codes, profondément carnavalesque et populaire,
et d’une fort belle tenue !
AGNÈS FRESCHEL
Réveillons le Printemps a eu lieu au théâtre
Nono, Marseille, les 28 et 29 mars
28
Durant la première quinzaine de mai, le Festival
Les Musiques, conduit par Christian Sébille et
l’équipe du Gmem-Centre National de Création
Musicale, s’ouvre à des univers inouïs, des poésies
sonores, vocales, instrumentales, électroniques
et chorégraphiques, qui essaiment dans une
dizaine de lieux marseillais (voire alentour). Ce
sont «Les Neiges éblouies», nouvelle symphonie
avec chœurs du compositeur marseillais Georges
Bœuf qui ouvre la manifestation à La Criée (2 mai)
où l’on retrouve l’Orchestre Philharmonique de
Marseille, l’ensemble Musicatreize et le Chœur
contemporain dirigés par Roland Hayrabedian.
Dans la foulée, on se laisse porter au hasard des
affiches, avec Musicatreize à nouveau, le lendemain
(3 mai), pour une affiche exclusivement vocale
et... contemporaine. Dans des configurations
«classiques» de concerts, le festival accueille
l’ensemble C Barré (dir. Sébastien Boin) sur
le toit de la Cité Radieuse (8 mai - entrée libre)
ou à la Criée en compagnie du baryton basse
Nicholas Isherwood (10 mai). Le Quatuor
Béla de produit à Cassis (14 mai) et en clôture
de l’édition 2015 avec le Trio Jean-Louis et son
jazz-rock expérimental à La Friche de la Belle de
mai (16 mai - juste après l’«électro live» d’Hervé
Birolini & consort). Des solistes de l’Ensemble
intercontemporain posent également leurs
valises à la Friche de la Belle de mai (15 mai).
Pascal Quignard, poète, écrivain et essayiste si
attaché à la musique, inspire Benjamin Dupé
Il se trouve que les oreilles... © Agnès Mellon
Festival Les Musiques
(5 mai – La Criée) ou Daniel D’Adamo (9 mai –
Théâtre Joliette Minoterie). Avec la percussionniste
Françoise Rivalland, c’est le «théâtre musical» de
Kagel (12 mai - La Friche), de Schwitters, Aperghis
ou Cage (15 mai – Salle Musicatreize) qui est à
l’honneur. Les chorégraphies de Georges Appaix
(5 mai – La Criée), Laurence Marthouret et
Éric Oberdorff (6 mai – Klap) joignent le geste
au sonore. En solitaires, ce sont le saxophoniste
Joël Versavaud, rehaussé d’électronique (7
mai – Salle Musicatreize) ou le pianiste Wilhem
Latchounia (15 mai – La
Friche) qu’on entend, comme
l’univers électroacoustique de
Pôm Bouvier (13 mai – Klap).
JACQUES FRESCHEL
du 2 au 16 mai
Marseille, Cassis
04 96 20 60 16
www.gmem.org
Après le succès de sa 30e Semaine Sainte
(voir p 26), c’est à un rendez-vous tout aussi
attendu que nous convie l’équipe arlésienne du
Méjan, sous la présidence de Michel Rostain
et la direction artistique de Jean-François
Heisser. Et c’est tout aussi un anniversaire,
puisque Jazz in Arles fête sa 20e édition !
Nathalie Basson et Jean-Paul Ricard
annoncent une célébration de la diversité, pour
une musique née «de l’insoutenable situation
que représentait l’esclavage». Le jazz ? Une
«tentative jamais démentie de s’affranchir de ces
odieuses chaînes dans une aventure musicale
résolument libertaire... un moyen d’expression
vital, celui de toute une communauté» ! La
Chapelle du Méjan accueille donc, dans sa belle
acoustique, de prestigieux noms autour d’une
thématique centrée sur les cordes et, notamment
la contrebasse. Plusieurs générations sont à
l’affiche pour des soirées qui oscillent «entre
tradition et modernité, écriture et improvisation».
C’est le saxophoniste Dmitry Baevsky, en trio,
qui revisite les grands standards pour la soirée
d’ouverture (19 mai), avant un duo pianistique
(Andy Emler & François Couturier) soutenu par
la contrebasse de Claude Tchamitchian et le
violoncelle d’Anja Lechner (20 mai). On célèbre
Dmitry Baevsky © X-D.R
20e de Jazz in Arles
un géant de la contrebasse, Barre Phillips, en
trio, pour son 80e anniversaire, avec, en prélude
solitaire, le guitariste Misja Fitzgerald Michel
(21 mai). Fraîchement distingués par l’Académie
du jazz, le contrebassiste Stéphane Kerecki
(prix du Disque français 2014)
et le pianiste John Taylor
(prix du Musicien européen
2014), s’inspirent, en quartet,
des grandes pages musicales
du cinéma de la Nouvelle
Vague (22 mai). Pour finir,
le quintette réuni autour du
contrebassiste Riccardo Del
Fra rend hommage à Chet
Baker, dont il fut longtemps
l’accompagnateur (23 mai).
Deux soirée à «entrée libre»
sont prévues en «avant-goût» :
Rhizottome (accordéon et sax
– le 13 mai à la Médiathèque)
et Loud Trio, apéro-concert
à la suite du vernissage de
Jean Buzelin (18 mai). J.F.
du 13 au 23 mai
Le Méjan Arles
04 90 49 56 78
www.lemejan.com
Musique en Questions
C’est un cycle de concerts-conférences qui explore ce
qui se passe dans l’être humain lors de la pratique
musicale... On y entend de grands artistes (comme
le pianiste François-René Duchâble en février dernier),
ou des talents en devenir, dont la prestation est relayée
par les propos de scientifiques, philosophes, écrivains...
Un «candide» sollicite les questions du public, favorisant
une «dynamique inter-active entre les intervenants
et les auditeurs». Les sujets concernent principalement
le lien entre le cerveau et la musique. Le psychologue
américain Howard Gardner nous apprend que la créativité
musicale est l’une des fonctions fondamentales du
cerveau, au même titre que le langage et la logique
mathématique. Au Centre de neurobiologie de
l’apprentissage et de la mémoire de Californie,
physiciens et psychologues ont montré que
«l’apprentissage précoce de la musique favorise
le développement des circuits neuronaux dans
les zones de représentation spatiale du cerveau» !
L’apprentissage de la musique facilite donc le langage.
Au cours de la vie, le cerveau se structure notamment
en fonction de l’environnement sonore...
Un programme passionnant à découvrir autour d’un
nouveau thème : Exploration musicale des Instruments
à l’ordinateur : «De la note au son – simulacres et illusions»
avec Gurvan Péron (saxophoniste) et Jean-Claude
Risset (compositeur, directeur de recherche au CNRS).
J.F.
AIX. Le 16 avril à 19h. Conservatoire Darius Milhaud
04 91 96 96 96 musiquenquestions.com
Gurvan Péron © X-D.R
30
Requiem
Cela fait cent ans qu’a eu un lieu le génocide
arménien. La Cité de la Musique prend
naturellement part aux commémorations en
programmant, sous la houlette de Kevork
Bozoukian, les musiciens et enseignants à
«Notes, couleurs & poèmes d’Arménie» autour
du répertoire de Komitas (le 20 avril à 19h à
la Magalone et le 21 avril à 19h à l’Auditorium
- entrée libre... et places limitées). Semeurs
de rêves accompagne la sortie d’un album
de L-ROM de Lionel Romieu (oud et
mandole) et ses compositions qui courent
de la musique traditionnelle des Balkans,
ses taqsims en suspension, au jazz et à
la croisée de musiques. Avec Jean-Yves
Abecasis (contrebasse), Jean-Philippe
Barrios (percussions) et, en invité, le
flûtiste (kawal) Chris Hayward (le 24 avril
à 20h30 – Auditorium – 5 places à gagner
pour les adhérents de Zibeline). Au retour
des vacances on attend les traditionnels
«Tintamarres», «Electrochocs», «Jazz’n
Cité» (18 et 19 mai), l’électroacoustique en
«Meli-melo drama» (21 mai - Auditorium)
et un formidable dialogue intitulé «Libres»
entre le saxophoniste Raphaël Imbert
et le pianiste et compositeur Karol
Beffa (22 mai - La Magalone). J.F.
MARSEILLE. Cité de la Musique
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com/
Lucie Roche © A. Régis
Musiques en liberté
Après leur succès obtenu devant une salle
comble à l’Espace NoVa de Velaux (voir article
sur www.journalzibeline.fr), l’Orchestre
Philharmonique de l’Opéra de Marseille,
le Chœur Régional PACA dirigé par
Michel Piquemal, interprètent à nouveau
le monument de la musique sacrée qu’est le
Requiem de Mozart. Programmé (dans le cadre
de ce qui reste du festival de Musique sacrée
de Marseille ?), l’événement ne manquera pas
de faire le plein, d’autant que les garanties
de qualité sont ici acquises pour un opus
qui ne souffre pas l’amateurisme... et que
les solistes à l’affiche sont de premier plan
avec la soprano Jennifer Michel, la mezzo
Lucie Roche, le ténor Jean-Noël Briend
et la basse Nicolas Courjal. On entend
également d’autres pièces célèbres de Mozart
(Exsultate, jubilate, Ave verum corpus). J.F.
MARSEILLE. Le 13 mai à 20h30.
Eglise Saint-Michel
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr/
Et Myriam chanta...
Françoise Atlan s’est imposée, par son
charme et son talent, comme une voix
incontournable de la musique araboandalouse et du dialogue judéo-musulman.
Dans les Hautes-Alpes, pour le 4e weekend organisé par le festival de Chaillol
en 2015, elle est accompagnée par un
orfèvre du quanun, la cithare orientale
cousine avant-gardiste du clavecin :
Nidhal Jaoua. Ils proposent un répertoire
dans le pur esprit de la Convivencia. Un
raffinement ornemental et une poésie qui
nous plonge, autour de la figure mariale,
dans l’Espagne de Trois Cultures ET les
langues hébraïque, arabe et castillane. J.F.
MANTEYER. Le 23 avril à 20h30. Église
LA BATIE NEUVE. Le 24 avril à
20h30. Salle de la Tour
ABAYE DE BOSCODON. Le 25 avril à 20h30
FOREST ST-JULIEN. Le 26 avril à 18h. Église
04 92 50 13 90 www.festivaldechaillol.com
Musiques à l’Alcazar
En collaboration avec le Gmem : Naissance
d’une symphonie, le compositeur Georges
Boeuf présente son opus créé le 2 mai
à la Criée (le 22 avril à 18h) & Autour de
Mauricio Kagel avec le musicologue JeanFrançois Trubert (le 7 mai à 18h).
En collaboration avec le Conservatoire :
Concerto Méditerranéo, concert conférence
avec le compositeur Vladimir Cosma
pour l’œuvre qu’il a écrite pour VincentBeer Demander dont Marseille accueille
la création mondiale (le 13 mai à 17h).
En collaboration avec Musicatreize :
Nonsense policiers, concert dirigé
par Roland Hayrabedian, pour un
mélange de polar et d’absurde, avec la
participation des lycées Marseilleveyre
et Victor Hugo (le 20 mai à 19h). J.F.
MARSEILLE. Alcazar
Entrée libre dans la limite des places disponibles
www.marseille.fr
Folle journée
Après la pianiste Ekaterina Derzhavina
en janvier et La Folle Criée en février, le
Festival International de piano de La
Roque d’Anthéron se déplace à nouveau
«hors saison» à La Criée, avec l’ensemble
de musique de chambre : Folle Journée
Camerata. Les jeunes musiciens, formés au
plus haut niveau, présentent Schubert, son
Notturno pour piano et cordes en mi bémol
majeur et son Octuor pour cordes et vents en
fa majeur (à 19h), puis Beethoven, son Trio
n°5 pour piano et cordes (Trio Des esprits)
et son grand Septuor pour clarinette, cor,
basson, violon, alto, violoncelle et contrebasse
en mi bémol majeur (à 21h). Vivifiant ! J.F.
MARSEILLE. Le 20 avril. La Criée
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Le Vaisseau Fantôme
C’est le chef-d’œuvre du jeune Wagner !
Pour cette nouvelle co-production avec
les Chorégies d’Orange, Der Fliegende
Holländer est dirigé par Lawrence Foster,
pour une mise en scène de Charles
Roubaud assisté de son trio habituel
pour les décors (Emmanuelle Favre),
costumes (Katia Duflot) et lumières
(Marc Delamazière). L’Orchestre et
le Chœur de l’Opéra de Marseille
s’unissent à de grandes voix wagnériennes :
Ricarda Merbeth (Senta), Marie-Ange
Todorovitch (Marie) et Samuel Youn
(Le Hollandais). Présentation de l’œuvre,
rencontre à l’Alcazar le 17 avril à 17h. J.F.
MARSEILLE. Du 21 au 29 mai. Opéra
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Les Saltimbanques
Une histoire de gens de cirque pourchassés
et d’une petite orpheline maltraitée... Un
succès cocardier datant de 1899 et dont
la fine musique est signée Louis Ganne.
On en retient, bien sûr, le célèbre refrain
«C’est l’amour qui flotte dans l’air à la
ronde !». La mise en scène est réalisée
avec goût par Yves Coudray, quand le
plateau de chanteurs et les musiciens,
experts du genre, sont dirigés par Bruno
Conti. Du beau spectacle ! Présentation
de l’œuvre, rencontre à l’Alcazar le 18
avril à 17h. Prochain spectacle : l’Auberge
du Cheval Blanc, les 16 et 17 mai. J.F.
MARSEILLE. Le 25 et 26 avril. Odéon
04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr
Raphaële Kennedy
Raphaële Kennedy © X-D.R
Chanteuse aguerrie aux musiques de la Renaissance,
Raphaële Kennedy (voir article sur www.journalzibeline.fr)
est aussi dans son jardin dans l’univers contemporain. Dans
un programme pour voix et dispositif électroacoustique,
elle interprète des compositeurs vivants : Kaija Saariaho,
Pierre-Adrien Charpy, Robert Pascal et Jean-Baptiste
Barrière «pour qui l’écriture avec électronique et traitement
en temps réel magnifie l’instrument chanté et parlé, lui
donnant une ouverture nouvelle». Dans le cadre des «Grands
Solos du PIC» programmé par Raoul Lay à l’Estaque. J.F.
MARSEILLE. Le 12 mai à 19h30. Le PIC
04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com
Sandrine Piau
La soprano, marseillaise d’adoption, excelle dans les airs
baroques de Bach et consort… jusqu’à Mozart ou la mélodie
française. Son timbre clair, sa ligne de chant, sa virtuosité
comme sa personnalité sont appréciés du public et font ses
succès au théâtre. En compagnie de l’Orchestre de chambre
de Bâle (premier violon Julie Schröder), elle chante des
airs d’opéra seria de Haendel, Porpora ou Albinoni... J.F.
AIX. Le 22 avril à 20h30. GTP
08 2013 2013 www.lestheatres.net
32
Moussorgski…
L’œuvre du musicien russe Modeste
Moussorgski, qui composa notamment
la série de 10 pièces pour piano Les
Tableaux d’une exposition célébrée
par l’orchestration de Ravel, restituée
dans une conférence-concert poéticohumoristique grâce au Tintamar’
Quintet (dirigé par Nadine Esteve).
Associé à la comédienne délicieusement
déjantée Guandaline Sagliocco et
sa compagnie franco-norvégienne, le
voyage iconoclaste dans l’univers musical,
le langage et les codes du musicien
classique, promet monts et merveilles.
Moussorgski dans mes cordes
du 16 au 18 avril
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 74 28
www.theatrejoliette.fr
Soirée Lab#3
Planétarium…
Lors d’un voyage en Ouzbekistan, Rodolphe
Burger et Yves Dormoy ont rencontré trois
musiciens maîtres du Shashmaqom (musique
savante issue de traditions préislamiques et
nourrie de soufisme, dont la transmission
orale reste le principal moyen de préserver
la musique et ses valeurs spirituelles). Suite
à une création au Planétarium de la Cité
des Sciences de Paris en 2003 est né ce
Projet Ouzbek, qui regroupe aujourd’hui sur
scène les cinq musiciens pour un concert
exceptionnel entre musique concrète,
shashmaqom, blues, rock, jazz, et électro.
Planétarium, projet Ouzbek
le 18 avril
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80
www.artsvivants84.fr
Espace Julien
Didier Super
Ta vie sera plus moche que la mienne,
prévient le chanteur-comédien-humoriste
à la verve provocante et aux textes acides
et corrosifs. Avec son nouveau concertone-man show déjanté, son nez rouge
et sa dérision derrière lesquels se cache
une vraie critique de la société, Didier
Super et ce qui lui reste de sa guitare
débarquent au nouveau Théâtre de l’Oulle.
Un lieu qui change de direction, devient
permanent, et promet une programmation
pluridisciplinaire attentive et régulière.
le 25 avril
Théâtre de l’Oulle, Avignon
09 74 74 64 90
www.theatredeloulle.com
Billie Holiday
RIT © Gaëlle Cloarec
Massimiliano Pagliara © X-D.R
Depuis le lancement du Cabaret Club,
nouveau rendez-vous des musiques
électroniques chaque vendredi soir, les
nuits marseillaises ont de quoi retenir les
passionnés. Dans ce cadre, les soirées Lab
bimestrielles du producteur Abstraxion,
inspirées par les programmations house et
techno de Berlin, offrent une vraie fenêtre
de découvertes. Le DJ Marseillais invite
à ses côtés le DJ Suédois Axel Boman
et le producteur italien Massimiliano
Pagliara. De quoi faire vibrer le dancefloor
avec cette troisième carte blanche !
le 17 avril
Cabaret Aléatoire, Marseille
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
La Scène de musiques actuelles accueille
trois artistes choisis par les Francofolies
de la Rochelle qui interviendront dans les
Classes Chansons des élèves du collège
marseillais du Massenet : René Lacaille,
Erwan Roux et Jamal Nouman. Rit et
Momo en solo, complèteront le plateau de
cette soirée chanson française (16 avril). Puis
le 23 avril, le beatmaker français Guts pour
un set compilant les pépites rap, soul et jazz
US de son dernier album hip hop, A paradise
for all. Le 30 avril, une soirée de soutien à
l’association Cours Julien, qui œuvre depuis
plus de 24 ans dans le quartier du Plateau,
invitera de multiples artistes (sous réserve) :
Sam Karpienia (Dupain), Jali (Massilia
Sound System), Poum Tchack, Manu
Théron... Quant au mois de mai, il débutera
avec la grande soirée sénégalaise Tanebeer
Goudi show, avec entre autres le chanteur
Pape Thiopet, la troupe Team Yakkhaar
et le percussionniste Maf Faye (9 mai).
les 16, 23 et 30 avril, le 9 mai
Espace Julien, Marseille
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
Victor Lazlo © Orélie Grimaldi
Eric-Emmanuel Schmitt met en scène un
spectacle musical conçu par Viktor Lazlo
autour des 20 plus belles chansons de Billie
Holiday. Dans cet hommage, la chanteuse,
accompagnée par quatre musiciens, retrace
la vie de la diva noire par ses inoubliables
mélodies, mais aussi par des extraits de ses
mémoires et de ses entretiens. Une sorte de
conversation entre deux femmes, à travers
des questions universelles, sur le fil ténu
d’une vie bousculée et débordante. Le blues,
l’amour, ses luttes personnelles contre la
ségrégation et l’alcool, seront sensiblement
évoqués… en chansons bien sûr.
les 16 et 17 avril
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87
www.chenenoir.fr
34
Voltaire Nanine
En dépit de la distance… Le Dieu bonheur
Avec la Cie Mathieu Ma Fille Foundation
(MMFF), dont il est membre fondateur,
Arnaud Saury initie un projet autour de
l’extase et de la problématique du lien,
croisant sa pratique théâtrale avec un
collectif d’artistes pluridisciplinaire. Des
séquences ont surgi de cette réunion
dont Trivial pois chiche, les mortifications
accidentelles d’Irma la Douce, L’histoire
de petite fleur de Ste Thérèse de Lisieux…
Un dialogue avec les mystiques et
leur relation au divin à découvrir, de
l’extase au délire psychotique.
Cette comédie légère du XVIIIe siècle, mise
en scène par Laurent Hatat, devient
une comédie musicale enjouée avec cinq
comédiennes. Nommée par son auteur
une «bagatelle», écrite cinquante ans
avant la Révolution Française, elle montre
l’engagement de Voltaire dans sa lutte pour
l’égalité ainsi que la critique de la noblesse
et ses privilèges. L’amour, l’argent et la
position sociale sont déjà présent dans cette
comédie où le fait d’être «jeune et belle»
peut apparaître encore aujourd’hui comme
un moyen pour une femme de parvenir à la
réussite sociale. La petite paysanne pauvre
mais belle épousera son aristocrate de
prétendant... L’égalité, la liberté et l’amour
triomphent ainsi des normes sociales !
La Cie Les Endimanchés s’empare du
livret de Heiner Müller, écrit en écho
au texte fragmentaire de Bertolt Brecht,
sous la houlette d’Alexis Forestier qui
signe également la scénographie et la
musique. Une violoncelliste improvisatrice
(Aude Romary) sera partie prenante à
part entière du dispositif scénique, qui
assume une dramaturgie sonore importante,
comme souvent dans le travail théâtral
de cette compagnie. 5 interprètes iront à
la recherche de ce Dieu bonheur échoué
parmi les vivants et une terre dévastée…
En dépit de la distance qui nous sépare
le 24 avril
Les Bernardines, Marseille
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
du 20 au 27 mai
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Cineastas
Made in Friche
Le Dieu bonheur [et greffes]
du 5 au 7 mai
Les Bernardines, Marseille
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Casimir et Caroline
du 23 au 25 avril
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
© Matthieu Touzé
Kiss Kiss Kiss © X-D.R
© beaborgers
Figure montante de la scène contemporaine
argentine, Mariano Pensotti déploie son
théâtre aux frontières de la fiction et de la
réalité. Jadis scénariste et réalisateur, il utilise
à sa guise le septième art pour renouveler la
narration dramatique. Utilisant la technique
du split-screen, Cineastas conte l’histoire
de quatre cinéastes de Buenos Aires. En
juxtaposant deux appartements, la pièce met
en parallèle leur vie et le film que chacun
est en train de tourner. Au rez-de-chaussée,
la réalité ; au premier, la fiction. Mais la
réalité a tôt fait de trouer ça et là le plancher
de la fiction. Un spectacle de labyrinthes
entre ce qui est vrai et ce qui est révélé.
Au programme de ce week-end
essentiellement gratuit : des ateliers
(affiches Dazibaos avec le Dernier Cri,
jardinage avec les étudiants de l’école du
paysage, chimie des aliments avec la Cie
Artscenelutins). Et des spectacles, au
Massalia (voir p 36), sur le toit-terrasse
ou sur les différents plateaux de La Friche
don : Visite nooptique sans dessus dessous
livrée par la Cie Monik Lezart, Kiss kiss kiss
d’Anima Théâtre à la recherche de Bonnie
Parker sans Clyde Barrow version pop-up,
de la danse avec Les Lecteurs par la Cie
David Rolland, du théâtre musical par la
Cie Bleu avec Je vous présente ma flamme…
Et comme lors de chaque Made in Friche,
les expositions en cours : +216, Musée des
Objets ordinaires, Les drames 3D grillagés
et une Galerie Web faite par les enfants.
les 18 et 19 avril
La Friche, Marseille
04 95 04 95 95
www.lafriche.org
Dans ce chef-d’œuvre d’Ödön von Horváth
écrit en 1932, Casimir se rend avec
Caroline à la fête de la bière à Munich. Il
est triste, il vient de perdre son emploi de
chauffeur, elle l’assure de son soutien et de
son amour. Mais à peine arrivés les deux
jeunes gens se disputent et se séparent.
Caroline continue seule la soirée, en quête
de plaisirs immédiats et d’ascension sociale.
Le Gymnase accueille la création de la
jeune Cie Qué Mas, dans la mise en scène
de Léa Chanceaulme qui met en relief
«l’aspect important et tout aussi dérisoire
de l’être humain» et révèle un contexte de
crise économique toujours d’actualité…
du 11 au 13 mai
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013
www.lestheatres.net
le 22 mai
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
2e édition de ce temps fort qui met
à l’honneur des spectacles «seuls en
scène» de tous horizons, avec sept
compagnies venues de la région PACA
et d’ailleurs : Anne Gastine revisite
avec tout son talent d’interprète et de
musicienne le classique les Précieux
ridicules, dans une mise en scène
d’André Lévêque, dans lequel les
hommes sont moqués par les femmes !
(21 au 23 avril) ; la Cie Melankholia
adapte le témoignage extrêmement
fort de Christiane Singer, ses Derniers
Fragments écrits alors que la maladie
ne lui laissait que six mois à vivre (23 au
25 avril) ; Abdel Bouchama incarne un
fils d’immigré qui se heurte à la question
lancinante des identités plurielles qui
font le quotidien de son vécu (28 au 30
avril) ; Jean-François Matignon met
en scène La Peau dure, une partition
pour une comédienne (Sophie Vaude)
qui incarne 3 sœurs «victimes de la
pauvreté et de l’égoïsme des mâles»
qui d’ordinaire n’ont pas la parole (5 au
7 mai) ; la Cie Caractère(s) s’empare
du texte de M’hamed Benguettaf qui
met en scène Fatma, femme de ménage
qui évoque sa condition de femme, ses
joies et colères, et son pays, l’Algérie
(7 au 9 mai) ; Cécile Magnet incarne
une galerie de personnages désopilants
et touchant d’après un récit de l’auteur
québécois Michel Tremblay (12 au 14
mai) ; en clôture, c’est le bouleversant
Roses
Dans cette très libre adaptation de
Richard III, Nathalie Béasse ne cherche
pas à trouver le héros de Shakespeare,
mais plutôt à s’en amuser, à questionner
ce qui l’entoure, à lui faire traverser
les corps. Par le biais d’une histoire
quotidienne de famille réunie pour un
événement, et en compagnie de ses
fidèles comédiens-danseurs, elle explore
l’univers de celui qui «incarne le pouvoir
tyrannique dans toute sa cruauté et
nourrit les fantasmes des artistes depuis
la création de la pièce vers 1592».
du 19 au 21 mai
Les Bernardines, Marseille
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
© Marc Ginot
Voyages en solitaire(s)
récit d’Etty Hillesum, Une vie bouleversée,
que met en scène Jean-Claude Fall
avec Roxane Borgna, dont c’est le
projet, dans le rôle de cette jeune
femme juive qui tint son journal de
1941 à 1943, morte en déportation,
et dont elle porte la parole «parce que
l’extrême proximité qu’elle a pratiquée
avec la souffrance et la mort donne
un éclairage à la vie» (14 au 16 mai).
du 21 avril au 16 mai
Le Lenche, Marseille
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Clairières
En duo avec le danseur non-voyant
Saïd Gharbi, la chorégraphe Delphine
Demont se joue des frontières entre
regarder et voir, regarder et écouter
en interrogeant l’espace qui se
constitue entre deux danseurs quand
l’un est aveugle. De ces situations
concrètes et physiques d’inconfort, de
danger, d’hésitations naît un univers
visuel et sonore passionnant, fait de
confiance, de complicité et d’humour.
En collaboration avec le Festival
de Marseille, dont la 20e édition
aura lieu du 14 juin au 17 juillet.
le 11 mai
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94
www.theatrejoliette.fr
36
Annie Zadek
Les guêpes de l’été…
Le collectif ildi ! eldi se saisit du texte
de l’enfant terrible du théâtre russe Ivan
Viripaev : un prodigieux dialogue théâtral
qui débute en comédie pour aboutir jusqu’à
la tragédie métaphysique. Face à l’absence
de Dieu, quelle est la place de l’individu dans
l’univers ? Trois personnages chercheront
à répondre à cette interrogation, à partir
d’une situation absurde dans lequel chacun
contredira la position de l’autre : chez qui
pouvait bien être Markus lundi dernier ?
L’auteure du spectacle Nécessaire et urgent,
que met en scène Hubert Colas et joué en
amont du 21 au 25 avril à La Minoterie (voir
p. 24), mène une Master Class autour de son
travail et son processus d’écriture. Quatre
jours d’ateliers pour expérimenter, réfléchir
et partager avec Annie Zadek autour de La
Métamorphose du texte, les 27 et 28 avril à
Montévidéo, puis 29 et 30 avril à la Joliette.
Master Class d’Annie Zadek
du 27 au 30 avril
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 74 28
www.theatrejoliette.fr
Les guêpes de l’été nous piquent
encore en novembre
les 12 et 13 mai
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
La petite reine
Créer un spectacle à partir d’un voyage en vélo
est possible. Avec des formes marionnettiques
et une comédienne, le théâtre montre qu’avec
peu, on peut arriver à créer. C’est l’histoire
d’une famille de six personnages drôles et
décalés dont la vie quotidienne est liée au
voyage. Chacun a un point de vue différent sur
la vie. Six chroniques qui se jouent dans une
carriole-castelet tirée par un vélo : la petite
reine. Une histoire sur l’itinérance… et en
vadrouille dans le quartier de la Belle de Mai.
La petite reine (à deux roues)
du 11 au 15 mai
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75
www.theatremassalia.com
Pierre est un panda
The roots
Cent culottes…
© Gianni Colosimo
© João Garcia
Avec les onze danseurs de sa Cie Accrorap,
Kader Attou explore, crée et réinvente sans
concession les codes du hip hop. Grâce
à une technique implacable, aussi à l’aise
dans les mouvements d’ensemble que dans
les solos, la troupe révèle une esthétique
singulière pleine de poésie. Sur des musiques
orientales, électro, en passant par Brahms
et Beethoven, les danseurs font voyager
le public d’une émotion et d’une culture
à l’autre, dans une scénographie et des
lumières de toute beauté, et redéfinissent les
codes d’un genre en constante évolution.
du 16 au 18 avril
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
du 12 au 13 mai
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Sous la plume de Sylvain Levey, l’école
devient le miroir de notre société. Il montre
ces choses qui révèlent ce que l’on est
et dresse un inventaire sensible d’objets
inanimés. Le pantalon militaire de Clémence,
mal nommée, au pull immense dans lequel
disparaît Courpartout, souffre-douleur de
la communauté scolaire. La cagoule de
Samir. Expulsé peut-être ? De la cave au
grenier, dans les classes et la cour de récré,
il glane, ramasse, observe et fait parler
les objets. Il raconte toute une histoire
de France, des sans-culottes aux sanspapiers. Claire Latarget met en scène les
étudiants DEUST du théâtre d’Aix-Marseille.
Cent culottes et sans papiers
du 16 au 18 avril
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75
www.theatremassalia.com
Ce texte récent de Christophe Pellet
marque la 3e rencontre entre Didascalies
en Co et cet auteur qui n’a de cesse
d’affronter les sujets les plus brûlants.
Son écriture, qui s’adresse au jeune public,
fait écho dans ce texte au mariage pour
tous, à la famille recomposée, en balayant
la théorie du genre pour réinterroger
les notions de féminité et masculinité,
sans oublier l’humain. Une lecture-spectacle
qui s’accompagne d’un échange avec le public,
un partage, souligne Renaud Marie Leblanc,
qui «est une acte militant, à la recherche
d’un répertoire nouveau pour demain».
les 17 et 18 avril
Le Lenche, Marseille
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Et à part ça…
Pour La Belle Saison, le Théâtre Massalia,
Skappa ! & associés, Anima Théâtre, le
Théâtre de Cuisine et la Cie Les Passeurs
s’associent pour poursuivre la réflexion sur le
travail de l’artiste et s’emparent du protocole
de création. Et à part ça, tu fais quoi pour
vivre ? met en scène les autoportraits de six
artistes. Trois personnes sont impliquées
dans l’écriture : une en scène et deux pour
l’accompagnement et la mise en forme de
sa parole. On pourra ainsi voir si l’artiste
peut franchir les frontières entre le rêve
et la réalité, la vie, le travail et le public.
Et à part ça, tu fais quoi pour vivre ?
du 18 au 19 avril
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75
www.theatremassalia.com
Sardine et Gabriel se connaissent
depuis l’enfance. Elle vit en Bretagne,
lui dans l’Est. Pour le carnaval,
Gabriel part retrouver Sardine, face
à la mer. Elle rêve de partir, lui de
venir la rejoindre dans le Finistère.
Pourquoi se retrouvent-ils toujours sur
ce banc bleu, face à l’océan ? Toute
une vie de péripéties, de temps qui
passe et d’appels au large. Rockeurs
au grand cœur, rêveurs maladroits,
ils jouent avec la réalité, se courent
après, jamais séparés. Qu’est-ce
que ça fait de passer sa vie face à
la mer ? L’horizon est-il un appel
au voyage ou un mur d’eau ? Peutêtre s’agit-t-il du bout du monde ou
du début d’autres possibilités…
le 17 avril
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
du 20 au 21 avril
La Garance, Scène
nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.lagarance.com
du 23 au 25 avril
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75
www.theatremassalia.com
Boléro & Two
© X-D.R
À la renverse
Aujourd’hui interprétée par les
danseurs d’ICKamsterdam, la pièce
Two fut initialement créée avec Emio
Greco, actuellement directeur du Ballet
National de Marseille avec Pieter
C. Shcholten. Ce duo dansé traite
d’une question essentielle dans leur
travail : comment partager le même
mouvement, dans le même espace,
en même temps, avec les ruptures
que cela implique. Puis dans Boléro,
Emio Greco affrontera le monument de
Ravel, accompagné par l’Orchestre
Philarmonique de Marseille.
les 8 et 9 mai
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
BNM, Marseille
04 91 32 73 27
www.ballet-de-marseille.com
Tania’s Paradise
Tendance clown
Comme chaque année depuis 10
ans, le festival Tendance clown
envahit Marseille pour faire découvrir
les différentes facettes du clown
d’aujourd’hui. Au programme,
entre autres, la Cie Bicepsuelle en
compétition dans Les Deux du stade,
la Cie Cahin Caha et son clown
extravagant dans Fou cheval, le cabaret
burlesque Ave Pussycat de la Cie
Liria, Les Demi-frères grumaux et leurs
cascades hilarantes, le Desordrone
d’Adelin Schweitzer… Sans oublier
les stages : avec l’excellente Cie
du I sur l’approche du clown, et
une clown story donnée par Jango
Edwards him-self (du 22 au 25juin).
du 1er au 16 mai
Divers lieux, Marseille
04 91 33 45 14
www.dakiling.com
C’est sous une yourte kirghize que
nous accueille Tania Sheflan, artiste
contorsionniste israélienne que met
en scène Gilles Cailleau dans ce
spectacle où elle parle d’elle tout
en marchant sur les mains et en
posant ses pieds au-dessus de sa
tête. Elle livre ainsi ses indignations
et ses chagrins, ses élans et ses
amours, raconte l’intime et le politique
sur le ton de la confidence.
du 22 au 24 avril
Théâtre de Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50
www.vitrolles13.fr
du 20 au 22 mai
Forum des Jeunes, Berre
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
les 26 et 27 mai
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
38
Kean
Pierre Richard III
La Cie aixoise Interlude nous entraîne
dans les coulisses du théâtre, au cœur
d’une rivalité sentimentale, avec cette œuvre
d’Alexandre Dumas. À Londres, dans
les années 1830, Edmond Keane, meilleur
acteur shakespearien de son époque, est
un intime du Prince de Galles, frère du roi.
Tous deux sont amoureux d’Eléna, l’épouse
de l’ambassadeur du Danemark… Cette
lutte amoureuse révèlera la souffrance du
comédien, qui, bien qu’adulé sur scène,
doit faire face au mépris de la société.
Troisième opus de l’éternel «grand blond
avec une chaussure noire», qui se raconte
depuis près de 10 ans dans des solos
autobiographiques. Entre pure fantaisie et
vérité avouée, rires et émotions, le comédien
Pierre Richard, faux maladroit et pitre au
cœur tendre, livre dans un seul-en-scène
touchant sa vie d’artiste et ses regrets
d’homme. Mille aventures qui prennent leur
source dans des extraits de films projetés,
rejoués, commentés… et détournés.
Le Mariage de Figaro
Agnès Régolo a créé la pièce de
Beaumarchais avec une belle intelligence
du texte, de la scène, des acteurs. Elle en
a gardé la drôlerie mais surtout la force
révolutionnaire, la revendication d’égalité,
de liberté, l’impertinence de cette raison
qui s’impose et va quelques mois après
l’écriture renverser le système monarchique,
l’incroyable actualité, sans la déplacer
dans un présent factice, ni reconstituer
vainement l’époque…. Un régal.
le 25 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
le 7 mai
Théâtre de Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50
www.vitrolles13.fr
… Buenos Aires
Rumba sur la lune
le 16 mai
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Tout semblait immobile
Comptoir de Buenos Aires
le 16 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
© Nathalie Béasse
© Nathaniel Baruch
© Cédric Samson
La compagnie niçoise Méditango présente
un conte musical onirique en réunissant
quatre danseurs et cinq musiciens au
service du tango. Un cabaret, insolite,
dans lequel une serveuse rêve de devenir
chanteuse de tango. Et pourquoi n’y
arriverait-elle pas ? Humour, tragédie,
mais surtout musique éclectique et danse
sensuelle, avec une qualité d’interprétation
réelle, nourrissent ce deuxième spectacle
d’une charmante compagnie.
Que ne ferait-elle pas, cette petite souris
gourmande qui a pour nom Rumba et qui
ne pense qu’à manger du fromage, faire
des découvertes et affirmer sa liberté !
Ainsi, c’est tout naturellement qu’elle a
envie de décrocher la lune qu’elle aperçoit
le soir lorsque ses yeux se ferment… La Cie
Marizibill nous plonge avec elle dans ce
songe musical qui convoque les marionnettes
pour faire se croiser tous les personnages
transformés, mélangés et passés à la
moulinette du rêve qu’elle croisera !
le 13 mai
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Nathalie Béasse construit ses pièces
comme des contes, en s’attachant «plus à
l’imagerie et à la symbolique qu’à la forme
narrative». L’ogre, l’abandon, la forêt... autant
de thèmes interrogés de neuf par un trio
de conférenciers flirtant avec le burlesque.
Camille Trophème, Etienne Fague et Erik
Gerken peuplent leur propos de références
à la psychanalyse ou au structuralisme,
n’éludent aucun aspect de «l’inquiétante
étrangeté» des contes, tout en restant
accessibles au petits comme aux grands.
les 12 et 13 mai
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40
www.agglo-paysdaix.fr
Lied Ballet
Les Nuits
Les lieder sont des chants populaires
allemands devenus «savants» au fil des
âges, tandis que le ballet, divertissement
très aristocratique à l’origine, a plutôt
suivi le parcours inverse. Thomas
Lebrun explore dans cette pièce créée
au Festival d’Avignon 2014 «la mort,
l’amour, la nature, l’errance, la solitude,
autant de points communs entre ces
deux formes», dans une chorégraphie
contemporaine soucieuse de ses
racines. Pour accompagner les airs de
compositeurs du XXe siècle, Berg, Mahler,
Scelsi ou Schönberg, il a fait appel à la
musique de David François Moreau.
Inspirée par l’étrange pouvoir de
fascination des Mille et une nuits, recueil
anonyme de contes populaires en
arabe, d’origine persane et indienne,
figés par écrit au XIIIe siècle seulement,
cette chorégraphie crée par Angelin
Preljocaj à l’occasion de MarseilleProvence 2013 sonde l’infinie richesse
des récits orientaux. Mis en valeur par les
costumes du styliste tunisien Azzedine
Alaïa, le corps de ses 18 interprètes
se prête au jeu du fantastique comme
à celui d’une sensualité exacerbée.
La musique est signée Natacha
Atlas, Samy Bishai, et 79D.
les 21 et 22 avril
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14
www.preljocaj.org
du 20 et 22 mai
Grand Théâtre de Provence,
Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
L’Odeur des Planches Le Sacre...
© Guy Delahaye
© Jean-Louis Fernandez
«La première fois que mes parents me
voient sur scène, j’ai 30 ans. Mon père
se jette sur moi et me lance sur le ton de
la plaisanterie «heureusement qu’on n’a
pas payé hein ?»». Sur un texte intense
de Samira Sedira qui raconte son
parcours chaotique de comédienne et ses
racines familiales algériennes, Sandrine
Bonnaire brûle à nouveau les planches,
rendant hommage à la fois au théâtre et
aux âmes qui s’y livrent avec passion.
du 23 au 25 avril
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
le 29 mai
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Comment relier Serge Gainsbourg et
Igor Stravinsky ? Deuxième partie d’un
diptyque inauguré en 2011 au GTP
avec L’homme à la tête de chou, ce
spectacle reprend les mêmes danseurs...
et le même esprit rock. Chemises
ouvertes et torses nus, les artistes se
livrent pleinement à ce rite sacré de
l’ancienne Russie païenne. Pour JeanClaude Gallotta, chaque jeune fille
peut tour à tour y incarner celle qui sera
sacrifiée dans une danse à mort, afin
de rendre propice le dieu du printemps.
À déconseiller aux moins de 13 ans.
Le Sacre du printemps
les 24 et 25 avril
Grand Théâtre de Provence,
Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
40
La Pologne légendaire
Cette fois
Le spectacle Cette fois s’inscrit comme
un deuxième volet dans le triptyque de
Randonnée en terre beckettienne entre la
diffusion vidéo de Quad et celle de Film, de
Beckett. Danielle Bré et sa Cie In Pulverem
reverteris nous entraîne dans Cette fois, un
«dramaticule» de Beckett avec la complicité
de Mathieu Cipriani. Un visage de vieillard
écoute trois voix, sans doute trois âges de
son existence. Temps suspendu où tout
se résume, à l’instar du tableau de Klimt,
Les trois âges de la femme. Cette fois, en
exercice de style virtuose, met en lumière
des moments déterminants d’une vie.
Polonaise, mazurka, danses rapides,
virtuoses, costumes somptueux, danseurs
légers, virevoltants… la vie d’un manoir en
Pologne nous est contée, par des mimes et
des danses dans le spectacle La Pologne
légendaire, porté avec fougue et talent
par le Ballet Cracovia Danza de la Cour
de Cracovie. Présenté lors de l’Exposition
Universelle de Shanghai en 2013, son
succès international ne se dément pas.
le 13 mai
Théâtre d’Aix, Aix-en-Provence
04 42 33 04 18
www.letheatredaix.fr
Cendrillon
Non, il ne s’agit pas d’une annonce Disney !
Mais dans le cadre des productions
universitaires, des étudiants du cursus
théâtre s’attachent sous la houlette du
metteur en scène Frédéric Poinceau
(Les travailleurs de la nuit, Marseille) au
texte de Joël Pommerat, Cendrillon.
Fini le ton sagement moralisateur de
Perrault ! La jeune «Cendrier» doit se
livrer à un travail de mémoire et d’oubli
pour enfin renaître au monde…
du 12 au 16 mai
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76
www.theatre-vitez.com
le 23 avril
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76
www.theatre-vitez.com
Fragment…
Days of nothing
Échantillons…
Fragment d’un sacrifice
le 15 mai
Théâtre d’Aix, Aix-en-Provence
04 42 33 04 18
www.letheatredaix.fr
Le talentueux dramaturge Fabrice Melquiot
imagine pour cette création au Théâtre
des Ateliers l’histoire d’un écrivain, Rémi
Brossard, en résidence d’écriture dans
un collège de la banlieue parisienne. Sa
rencontre avec Maximilien et Alix, deux
adolescents, considérés comme des
spécimens dans leur établissement, va
bouleverser son projet de travail et le
pousser ainsi que ses deux interlocuteurs
à explorer ses limites. Jours de rien ?
Et pourtant quelle profondeur !
les 20 et 21 avril (en partenariat avec les ATP d’Aix)
Théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence
04 42 38 10 45
www.theatre-des-ateliers-aix.com
© Matthieu-Mével
© Jean-Louis Fernandez
© Karry Kamal Karry
Karry Kamal Karry et sa Compagny
K3MK explorent avec Fragment d’un sacrifice
le thème de la jeune fille, le jeune homme
et la mort. Beauté, érotisme et mort se
conjuguent dans une chorégraphie à la fois
populaire et contemporaine où la danse avec
le miroir prend une signification nouvelle et
profonde, témoignage original et subjectif de
notre environnement et de notre manière de
l’appréhender. Le propos se construit à partir
du livre de Gert Kaiser, Vénus et la Mort (éd.
Maison des sciences de l’homme, 1999).
Matthieu Mével présente une étape de
travail de sa pièce centrée sur la rencontre
entre un homme... et un séquenceur.
Arrivé par une nuit d’orage sur une colline
avec son chien, le protagoniste principal
s’empare de la machine, jusqu’à se perdre
entre échos et réverbérations. Comme
dans un rêve, il croise «une jeune fille qui
fait la morte, un nain qui parle en play-back
et deux hommes qui jouent à l’imiter». Le
texte est paru aux Éditions L’Entretemps,
spécialisées dans les arts du spectacle.
Échantillons de l’homme de moins
le 22 avril
3bisf, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
41
Le Bazar Palace
Cendrillon…
En coproduction avec Le Citron Jaune,
L’Entrepont, et le Forum Jacques Prévert,
le 3bisf accueille Aspartame, proposition
multiforme construite autour (et à partir)
de petites planchettes en bois nommées
Kapla d’après un jeu de construction en
pin. «Avec du mouvement, des corps à
corps, des confrontations, des chutes et
des effondrements», Constance Biasotto
propose le fruit de sa résidence de recherche
au théâtre, ainsi qu’un atelier de construction
d’une Muraille allant de la porte du 3bisf
jusqu’au bureau des entrées de l’hôpital.
Une belle-mère, deux demi-sœurs, un
prince… L’histoire vous dit quelque
chose ? C’est bien de Cendrillon qu’il
s’agit, et que le collectif Hangar Palace
revisite à sa sauce, explorant les premiers
moments de vie au sein d’une famille
qui se recompose. Avec les trois bals, la
marraine, la citrouille, la pantoufle… le tout
dépoussiéré et modernisé avec fantaisie !
le 17 avril
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00
www.ville-gardanne.fr
Si tu n’aimes pas ta vie, range ta chambre
les 16 et 17 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
Guests
© Léo Ballani
Nous autres
© X-D.R
© Jean Pierre Estournet
Dans une banale ville de province, des
rhinocéros se multiplient, et l’envahissent
peu à peu. On découvre vite que ce sont
les hommes qui, les uns après les autres,
se métamorphosent en animaux. Jusqu’à ce
qu’il ne reste plus qu’un seul être humain,
incarnation même du résistant… Stéphane
Daurat, Cie Caravane, met en scène la
pièce d’Eugène Ionesco en revenant
sur l’universalité du propos, mettant en
écho le sujet de la pièce, le totalitarisme,
l’endoctrinement et la fanatisation, et
les questions qu’il soulève avec notre
actualité et notre monde aujourd’hui.
Vous allez entrer chez une femme, Virginia,
vous installer dans son décor et la découvrir
dans son quotidien. Elle vous parlera de ses
peurs, de ses enfermements, mais aussi
des moyens de s’en affranchir. Sandrine
Lanno et Paola Comis, qui endosse le rôle
de Virginia, proposent une performance
participative, une expérience qui devra
composer avec l’aléatoire chaque soir,
chacun échangeant sur ses propres peurs…
Cendrillon, fille d’aujourd’hui
le 24 avril
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00
www.ville-gardanne.fr
le 12 mai
3bisf, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
Rhinocéros
Si tu n’aimes pas…
Le Cartoun Sardines Théâtre continue
d’interroger notre imaginaire des utopies. À
partir du roman d’anticipation Nous autres
d’Eugène Zamiatine, classé «dystopie»
(l’expression d’une utopie qui a mal tourné),
la compagnie s’attache à D-503, un
personnage mathématicien au service
du Bienfaiteur qui conçoit l’Intégral, une
machine grâce à laquelle l’État Unique pourra
convertir au bonheur obligatoire l’ensemble
des peuples de l’univers. Il tentera d’enrayer
la machine de ce système totalitaire et le
fonctionnement d’une ville transparente
auquel le destin d’une humanité est lié.
le 18 avril
Espace NoVa, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova-velaux.com
Les enfants et adolescents du Groupe
Grenade, sous la houlette de Josette Baïz,
investissent et dansent des pièces de grands
chorégraphes : Tricksters d’Alban Richard,
Spotlight solo de Rui Horta, Concerto
de Lucinda Childs, Entity de Wayne
McGregor, Deserts d’amour de Dominique
Bagouet, Brilliant Corners d’Emanuel
Gat et Uprising de Hofesh Shechter.
le 18 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
42
Pourquoi les fenêtres… La Collection Crayoni
Quelques cartons, des tasseaux, du
papier… Elisabeth Algisi et Juliette
Moreau, de la Cie Atipik, posent là les
fondations d’une maison idéale, élaborent
des plans, déménagent et emménagent
dans leur nouvel habitacle. Par un savant
jeu d’échelle, une maison-lettre apparaît,
puis tout un village. Mais c’est sans compter
sur la présence de l’étrange docteur
Charlip qui vient troubler le jeu des deux
personnages ! C’est précisément sur
l’œuvre graphique de l’artiste new-yorkais
Remy Charlip que s’appuie le spectacle,
qui lui rend un très bel hommage.
Si ça se trouve…
Ça fait bien longtemps que le chapiteau
des Crayoni ne s’est plus posé dans un
champ. La dernière fois, Tieno n’avait
pas encore 12 ans. Aujourd’hui, il est le
gardien de la mémoire de cette troupe
circassienne d’antan qui était maître des
numéros faits main qui faisaient la part
belle à la magie, au dressage, au jonglage
ou au monocycle… Thierry Craeye évoque
ses souvenirs et tous ces personnages en
se lançant lui-même dans des numéros
de cirque parfaitement maîtrisés !
Les tout-petits sont gâtés avec cette
déambulation poétique et loufoque
d’une danseuse dans un monde peuplé
de poissons, nouvelle création de la Cie
Ouragane. Elle plonge dans des abysses où
tout est possible, surréaliste, de la rencontre
avec un banc de méduses et de poissonsvolants, jusqu’à la rencontre avec une «diva
des mers». La mise en scène de Laurence
Salvadori mêle habilement la danse à
la vidéo et aux objets en mouvement.
Si ça se trouve, les poissons sont très drôles
le 13 mai
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21
www.scenesetcines.fr
le 17 avril
Forum de Berre
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
Pourquoi les fenêtres ont-elles des maisons ?
le 22 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
En attendant Godot
Big Apple
Théodore…
le 17 avril
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
© Le Poulailler
© Marthe Lemelle
© Cordula Treml
Après Oh les beaux jours créé en mai
2013, le théâtre Nono poursuit son
exploration de l’œuvre de Beckett, dans
un esprit de théâtre burlesque, de cirque,
de cabaret et de music hall qui lui est
propre. Marion Coutris et Serge Noyelle
mettent en scène ces «vieux clowns en
rupture de ban, laissés pour compte,
anges déplumés aux pieds meurtris»…
Brod et Syst vivent ensemble depuis 10
ans, ils s’aiment vraiment, profondément,
même si parfois le quotidien les berce de sa
douce tiédeur. Jusqu’au jour où Brod reçoit
les terribles résultats de ses analyses qui lui
annoncent une mort prochaine. Le couple se
réveille de sa torpeur pour enfin réaliser un
vieux rêve, un voyage à New-York… Le texte
poignant et subtil d’Isabelle Le Nouvel
est mis en scène par Niels Arestrup, avec
Marianne Basler et Christophe Malavoy.
le 25 avril
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21
www.scenesetcines.fr
Sur le quai 19 de la gare Ouest des rêves,
Théodore est prêt à partir pour sa quête
à lui, sa quête de l’amour. C’est la vieille
chouette Aristophane, par ailleurs chef
de gare, qui va le guider dans son voyage
peuplé de secrets et d’émotions, où il
croisera un papillon gardien de phare, un
collectionneur d’objets perdus… Manipulées
à vue, les marionnettes du Théâtre des
Alberts sont faites de papier kraft et
objets de récupération, ajoutant une
touche supplémentaire de surréalisme
à cet univers onirique et fantasque !
Théodore, le passager du rêve
le 21 avril
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
43
Mummenschanz
Le Cid
«Le Cid est autant l’histoire de Rodrigue que
celles des femmes face à lui : Chimène et
l’infante. Un jeune homme et deux jeunes
femmes face aux lois sociales, aux codes
du pouvoir, de la gloire, de l’honneur, face à
l’histoire.» La mise en scène de Sandrine
Anglade, épurée, fait la part belle au jeu
des huit comédiens, accompagnés par
les frappes d’une batterie qui rythme les
répliques et souligne les échanges.
On les appelle «Les musiciens du silence»,
car chez ces magiciens du mime et de
la marionnette le corps remplace le
langage. La Cie, qui a fêté ses 40 ans
en 2012, donne vie dans ses spectacles
à un monde poétique où se croisent
des créatures bizarres, très colorées et
futuristes, qui racontent des histoires aussi
émouvantes que burlesques. Fascinant.
le 26 avril
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Le Prince…
Le texte célèbre de Machiavel prend ici
un sacré coup de jeune : avec beaucoup
d’humour, Laurent Gutmann le transpose
dans le monde de l’entreprise lors d’un
stage de reconversion. C’est le public, qui
incarnera le peuple, qui sera l’objet de
toutes les convoitises ! Une adaptation drôle
et enlevée, qui confirme aussi l’incroyable
modernité de la vision de Machiavel.
Le Prince (tous les hommes sont méchants)
le 12 mai
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 21 avril
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
La Vie de Smisse
So Blue
La liste de mes envies
le 13 mai
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
le 19 mai
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
© X-D.R
© Ursula Kaufmann
© Philippe Cibille
Après Taboularaza, Ivan Grinberg
et Damien Bouvet poursuivent leur
collaboration dans l’univers rempli de rires,
de rêves et de peurs de l’enfance. D. Bouvet
se glisse dans la peau de Smisse, petit
homme de 3 ans, qui s’invente des mondes
et les explore, sa peluche Ouf le singe sous
le bras. Son quotidien est une aventure
de chaque instant, dans lequel il entraîne
ses proches, à la maison ou à l’école !
Au son des pulsations de la techno soufiste
de Mercan Dede, musicien alchimiste qui
fait tourner les derviches jusqu’à la transe,
Louise Lecavalier se livre à une danse
périlleuse et sauvage dans un solo tout
à sa démesure. Elle entame ensuite un
duo halluciné avec Frédéric Tavernini,
qui nous transporte dans un tourbillon
chorégraphique intense et cathartique.
Anne Bouvier adapte pour la scène le
best-seller de Grégoire Delacourt, avec
Mikaël Chirinian dans le rôle de Jocelyne,
une mercière à Arras dont la vie modeste se
déroule entre son commerce, son mari et
ses amies. Mais un jour un billet de loterie
lui fait gagner le gros lot… elle ne dira rien à
personne, mais fera la liste de ses rêves, de
ses valeurs, de ses besoins, de ses priorités
dans la vie… Une ode à l’amour et à l’amitié.
le 24 avril
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr t
44
Belonging(s)
Le Rêve d’Anna
En résidence au Centre des arts de la rue,
Tilted Productions y présente sa toute
nouvelle création en avant-première :
la chorégraphe Maresa Von Stockert
s’inspire de ses observations sociales et
politiques, une réalité très contemporaine
qui devient le matériau fondamental pour
faire dialoguer le corps humain et les
objets. Le spectacle se construit sous la
forme d’une balade qui offre une subtile
réflexion sur la notion d’appartenance.
Invisibles
Première création d’Ana Abril, vibrante
comédienne pour J-.F. Matignon, Michèle
Addala, Agnès Régolo, qui fonde sa
compagnie, Vertiges Parallèles, et
réunit autour d’elle quatre interprètes sur
la thématique du mythe de Sisyphe et
de la solitude. Sur un montage de textes
(Pommerat, Rodrigo Garcia, Rebotier,
Burlet), elle tisse un conte philosophique
autour de l’éternel recommencement
confronté au pouvoir. Et base son
inspiration originale à partir des écrits de
Camus sur le thème : «L’absurde naît de
la confrontation entre l’appel humain et le
silence déraisonnable du monde». Tentant.
Anna vit seule avec son père qui cherche
du travail, et rêve la nuit d’un cheval blanc
avec qui elle parle et qui la réconforte.
Mais Anna ne sait pas toujours bien
distinguer le rêve de la réalité, ce qui
lui cause parfois quelques soucis au
quotidien… Les marionnettes hyperréalistes
de Bérangère Vantusso restituent avec
drôlerie et sensibilité l’ambigüité des
personnages de la fable sociale et enfantine
d’Eddy Pallaro, le cauchemar éveillé du
père faisant écho au rêve de la fillette.
le 24 avril
Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis
04 42 48 40 04
www.lecitronjaune.com
le 19 mai
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Petits crimes…
Petit Eyolf
Invisibles (provisoire)
les 24 et 25 avril
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47
www.theatredescarmes.com
La Pelle du Large
Petits crimes conjugaux
le 17 avril
Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
© Pascal François
© Bernard Coutant
Marianne Epin © Olivier Allard
À la suite d’un mystérieux accident, Gilles
est devenu amnésique. Lorsqu’il revient
chez lui, Lisa, sa femme depuis quinze
ans, s’efforce de l’aider à recouvrer la
mémoire. Qui est-il ? Est-il bien tel qu’elle
le décrit ? Marianne Epin met en scène la
comédie d’Eric-Emmanuel Schmitt sur
un couple en quête de vérité et d’identité,
y mêlant mystères et aventures…
De retour d’une randonnée en montagne qui
devait l’aider à travailler sur l’achèvement
de son œuvre philosophique sur «la
responsabilité humaine», Alfred annonce
à sa femme Rita et sa demi sœur Asta
qu’il renonce au monde des idées pour se
consacrer entièrement à l’éducation de son
fils handicapé, Eyolf. Un projet vite balayé
par un drame qui fera s’écrouler les idéaux
et aspirations de chacun… Le metteur en
scène franco-norvégien Jonathan Châtel a
traduit et adapté la pièce d’Henrik Ibsen,
recentrant le propos sur les dérèglements
du monde adulte qui peine à réinventer
in extremis une existence nouvelle.
les 16 et 17 avril
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Depuis plus de quarante ans, Philippe
Genty détourne des objets du quotidien
et élabore des techniques théâtrales qu’il
maîtrise à la perfection. Un navire formé
d’une pelle et d’un manche à balai vogue
sur une mer agitée en rideau de douche… Il
suffit de peu de choses pour faire revivre au
public les aventures extraordinaires d’Ulysse.
L’artiste s’empare de l’Odyssée d’Homère
comme personne et recrée une mise en
scène aussi drôle qu’astucieuse, agrémentée
de jeux de mots irrésistibles. Dès 6 ans.
Dans le cadre du Festival jeune public Festo
Pitcho (du 11 au 26 avril, voir Zib’83).
le 24 avril
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80
www.artsvivants84.fr
45
Alors que l’association
organisatrice Surikat
Production réussit à organiser,
avec parfois trois bouts de
ficelle, des évènements sur
Avignon, notamment dans sa
périphérie souvent désertée (les
rendez-vous Venez Voir ! chaque
mois, dont un le 24 mai à 16h,
place de la Méditerranée, à
Monclar), arrive la 5e édition du
festival annuel Émergence(s)
qui fait place aux jeunes pousses
artistiques. Au programme,
une exposition collective sur
le portrait, au titre poétique
Envisage des visages, avec
JO’Graffies, Placide Zephyr et
Polo 51.67. Pour savoir quelles
figures se cachent derrière ces
énigmatiques pseudos, rendezvous à l’Espace Vaucluse,
Le cil du loup © Philippe Jacquemin
Émergence(s)
place de l’Horloge, durant
toute la durée du festival !
Côté spectacles, cinq pièces
théâtrales au menu, dont Les
clowns meurent comme des
éléphants par le Théâtre Crac
à la Fabrik’théatre, Le cil du
loup de Vincent Clergironnet
à La Chartreuse pour le
Pédagogies…
jeune public dès 7 ans, En
pleine lumière par la Cie Point
C qui adapte Les Misérables
aux Théâtre des Halles, Les
collectionneurs à l’Espace
Folard, ou encore Assoiffés de
Wajdi Mouawad par la Cie Le
Bruit de la Rouille au Théâtre
des Doms. La danse sera gâtée
… frères humains
Pédagogies de l’échec
du 23 au 26 avril
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
du 14 au 25 mai
Divers lieux, Avignon et agglo
09 82 52 43 69
www.emergences-festival.com
Mauvais rêves…
© Thomas O’Brien
© shizen photographie
© Ifou pour Le Pôle Média
Olivia Côte et Salim Kechiouche sont
les comédiens de la nouvelle création
d’Alain Timár, sur un texte inédit de Pierre
Notte. «Une comédie féroce de la vanité de
l’action et des rôles imposés, de la théâtralité
des catégories socioprofessionnelles, qui
veulent tenir le coup, encore et malgré tout,
dans un univers aveugle quant à sa propre
érosion, sa pathétique dégringolade.» Le
metteur en scène et scénographe, qui
vient d’obtenir le titre d’Officier dans
l’Ordre des Arts et des Lettres, continue
de tracer son chemin créatif pour tenter
d’abolir les frontières, factices ou réelles.
avec un diptyque sur l’animalité
proposé par Peter Agardi
(le solo Ecdysis et le quatuor
Racines) au théâtre Golovine,
la pièce Très ! aux Théâtre des
Carmes et Trans, la nouvelle
création pour cinq danseurs
de Lionel Hun aux CDC Les
Hivernales. À l’Entrepôt de la
Cie Mises en Scène, un duo de
cirque-théâtre : Captive par la
Cie l’Indécente et pour finir, à
l’Akwaba le concert interactif
audio-visuel Octopop, au cinéma
Vox une soirée «youtubeurs», et
une clôture en fanfare à l’Ajmi.
Alain Timár a choisi trois formidables
acteurs cosmopolites pour témoigner du
souvenir qui hanta toute la vie d’Albert
Cohen, enfant juif qui découvrit à 10 ans
le rejet et la haine. Se joue pour le metteur
en scène et la dramaturge Danielle
Paume l’«urgence à dénicher un morceau
de bonheur dans une constante jubilation
de jeu». Un message universel autour
de la tolérance et de la vie, plutôt que la
haine destructrice et «l’illusoire amour du
prochain». Quand la littérature et le théâtre
sont les meilleures armes pour réveiller les
consciences… La pièce a reçu le Prix JeanPierre Bloch remis par la LICRA en 2014.
Ô vous frères humains
du 15 au 17 mai
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
Chorégraphe associé au Théâtre Golovine,
Julien Gros construit sa nouvelle création
pour la compagnie hip hop Havin’Fun. Sera
jouée ici une étape de sa recherche, avant
l’aboutissement présenté au Théâtre durant
la saison 2016. Il raconte son parcours
personnel, sa solitude, ses errances,
et sa rencontre déterminante avec des
personnes utilisant la Langue des Signes
Française. Quelles libertés de paroles
offrent les mains ? Quelle résonnance ont
les mots dans le corps et l’espace ?
Mauvais rêves de bonheur
le 7 mai
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27
www.theatre-golovine.com
46
Mademoiselle rêve
À haute voix #2
Mercredi Bambini du Théâtre Golovine
(rendez-vous spectacle et goûter destiné
aux jeunes enfants) avec une proposition
de théâtre visuel, dès 1 an, par Filomène
et compagnie. Sur le thème du cycle de
la vie et du temps qui passe, les enfants
découvriront Sidonie, une «demoiselle
orchestre» qui apprivoise et façonne l’univers
qui l’entoure. Un hymne à la nature, poétique
et visuel, qui mêle spectacle vivant et film
d’animation, interprété par Emilie Chevrier.
Deuxième rencontre À haute voix dans
laquelle les auteurs invités proposent
une lecture publique de leurs oeuvres.
Emmanuelle Pireyre (Prix Médicis 2012
pour son livre Féérie générale aux éd. de
l’Olivier) se prêtera au jeu, accompagnée
par l’auteur associé Yoann Thommerel
(texte et voix) et le réalisateur touche à tout
Yannick Lecoeur (films d’animations).
Henriette et Matisse
C’est une pièce mutine et fraiche, colorée,
plastique, que Michel Kelemenis
propose aux enfants. Le peintre et sa muse
prennent vie et forme, dans des citations
picturales directes, un mouvement qui
met ses pas dans les figures de Matisse,
dessine des lignes et pose des aplats
de couleur, grâce à des costumes et
un dispositif scénique réjouissants.
le 21 avril
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
le 20 mai
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27
www.theatre-golovine.com
Bliss
Pieds tanqués
le 13 mai
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Alpenstock
© Julien Anselme
© Pierre Grosbois
© Pierre Planchenault
Pour cette nouvelle création, le chorégraphe
Anthony Egéa revient aux sources de
la danse hip hop, du plaisir de danser,
du lâcher-prise, du groove contagieux. À
travers l’influence de la musique électro, il
transpose l’univers du clubbing sur scène
et réunit 10 danseurs et 2 musiciens.
«[…] Me rapprocher de ces états de transe
où le corps prend le dessus sur la pensée,
être dans une folie contagieuse, une
frénésie collective, une énergie débridée…
trouver ces moments d’extase.»
le 17 avril
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Programmée hors les murs depuis le
11 avril, la pièce de la Cie Artscénicum
poursuit son chemin. Quatre joueurs de
pétanque -un Pied Noir, un Français d’origine
algérienne, un Provençal de souche et
un Parisien- se retrouvent, s’opposent,
livrent leur vérité, chacun avec une
déchirure secrète et un lien avec la guerre
d’Algérie. La Compagnie les unit au-delà
de la simple partie de boule, pour évoquer,
avec respect, les blessures de l’exil, de la
culpabilité, des rancœurs, et des pardons.
les 18 et 19 avril
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Rendez-vous hors les murs, dans les
villes et villages du département, avec
la pièce impertinente et féroce de Rémi
De Vos, montée par Julien Duval. Au
départ, un couple «propret» : Fritz, mari
obsédé par la pureté et sa femme Grete,
parfaite ménagère qui lui est soumise.
Lorsqu’arrive dans l’histoire Yosip, l’amant,
que Fritz va tuer en le surprenant avec
sa femme. Burlesque, tragique, d’une
ironie et d’une précision diaboliques.
le 16 mai
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
47
Andromaque
Loulou
Le collectif La Palmera est amoureux de
la langue de Racine et compte bien partager
son goût pour les alexandrins et sa passion
pour la tragédie de façon didactique et
audacieuse. «Oreste aime Hermione, qui
aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui
aime encore le souvenir de son mari, Hector,
tué pendant la guerre de troie» : une chaîne
amoureuse qui résume communément
la pièce, pour laquelle deux comédiens
caméléons jouent tous les rôles et livrent
une réelle performance. Ils se déplaceront
dans les villes, en tournée Excentrés.
Adaptée fidèlement de l’album éponyme
de Grégoire Solotareff, la pièce montée
par la Cie Les Muettes Bavardes entraine
deux grandes marionnettes irrésistibles
pour raconter ce conte ludique et poétique
sur l’amitié improbable entre un loup et
un lapin. Les enfants se prennent d’amitié
pour Loulou et Tom qui grandissent
ensemble, contre toute attente, et prouvent
que malgré les drames et la peur, l’amitié
est plus forte que tout. Dès 4 ans.
© F. Bourg
© gaelic.fr
Au-dessus...
du 14 au 16 mai
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
A carefree play
© Ali Guler
Bounce
le 12 mai
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Le Briançonnais invite à une expérience
physique et sensorielle inédite dans les
traces et à la lueur de Shakespeare !
Programmée en pleine nuit hors les murs,
embarquez pour une marche de 600 mètres,
dans le noir, vêtement chauds et chaussures
de randonnée au pieds, pour suivre la
pièce proposée par le Théâtre de l’Unité.
Vous découvrirez un Macbeth excité par le
pouvoir, qui entreprend d’exterminer tous
ses ennemis. Comment tout cela terminerat-il ? Plongez en forêt pour le savoir !
du 21 au 24 avril
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
du 16 au 23 avril
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Comment braver l’imprévu ? Qu’oser
faire pour atteindre un but qui semble
inaccessible ? La compagnie Arcosm
interroge l’art de rebondir et d’exploiter
ses faiblesses, en mêlant au plateau les
disciplines de deux danseurs et deux
musiciens, autour d’une structure-totem à
franchir. Des liens se nouent, des relations
s’inventent, les corps se font écho, les
voix s’entremêlent pour finir par atteindre
des sommets. Un pas de quatre théâtromusico-dansé étonnant de positivité !
Macbeth en forêt
Nourrie par l’histoire d’un douanier qui sauva
le temps d’une nuit un groupe d’Albanais
clandestins et dut les reconduire à la
frontière le lendemain, l’auteure Claire
Gatineau a écrit sur le chemin des migrants,
le désir d’ailleurs, le passage... Les élèves
comédiens du Conservatoire du Briançonnais,
adolescents et adultes d’hier et d’aujourd’hui,
professionnels ou amateurs, interprètent la
partition mise en scène par Viviane Escazut
pour raconter l’errance et le déchirement
qui défait le lien à la terre natale.
Au-dessus de la plaine
le 12 mai
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
Transformer le spectateur en acteur, voilà
la thématique de ce spectacle orchestré
par le chorégraphe turc Yiğit Sertdemir.
Sa troupe d’une douzaine de danseurs
amateurs venus d’Istanbul se charge
d’opérer la mutation. Les interprètes
entrent dans ce «jeu insouciant» (carefree
play) proposé par le metteur en scène. La
compagnie Altıdan Sonra Tiyatro, qui se
traduit par «Théâtre après 18h», présente
ici le dernier volet de sa trilogie Bedtime
Stories à Kumbaraci 50, ponctué d’humour
noir et d’expressionnisme exacerbé.
les 16 et 17 avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
48
… un beau ballon rouge Contes chinois
J’avais un beau ballon rouge
les 21 et 22 avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
les 21 et 22 avril
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Focus
Pseudo
Avec ce trio chorégraphique, Olé
Khamchanla présente la première création
de sa nouvelle compagnie KHAM. Il en signe
la chorégraphie, ainsi que l’interprétation,
aux côtés de Sze-wei Chan et Jian Hao
Leong, deux danseurs venus de Singapour.
Natif du Laos, le chorégraphe fait résonner
leurs multiples influences asiatiques
(danses chinoises, indiennes, butô), en
les mêlant à l’expression hip hop. Le
Focus, c’est ce moment précis, infime, ce
détail subtil, que cherche à saisir l’artiste,
et qui donne son identité à la danse.
le 21 avril
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
© X-D.R
© Courtesy of the Esplanade
© Bernard Richeb
le 24 avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Dans cette nouvelle création, Kader Attou
rassemble autour de lui seize danseurs hip
hop qui vont incarner l’idée de masse. Vu
par son chorégraphe comme «une ode à
l’humanité dansante», le spectacle s’appuie
sur la singularité propre au danseur hip hop.
Le travail du metteur en scène étant de
conduire cette individualité à l’expression
collective. Créé lors de la Biennale de
Danse de Lyon en 2014, Opus 14 met en
valeur «un hip hop poétique, fragile, sensuel,
et un hip hop de la virtuosité, sans exclusion».
les 20 et 21 mai
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
La contrebasse
La solitude du musicien dans son
appartement. Clovis Cornillac monologue
avec sa contrebasse, sa partenaire,
quasiment sa compagne. Avec toute
l’ambiguïté qu’implique une telle relation
fusionnelle avec cet encombrant instrument,
au registre si contraignant. Daniel
Benoin met en scène le célèbre acteur
de cinéma dans son premier seul-enscène. La référence à Jacques Villeret
qui, voilà 20 ans, porta intensément le
texte de Patrick Süskind est inévitable.
Cette nouvelle interprétation est aussi une
forme d’hommage à ce génial comédien.
Opus 14
«Raconte-moi une histoire !» De cette
requête, que formulent tous les enfants
le soir avant de s’endormir, est né ce
spectacle, mis en scène par François
Orsoni. Les contes illustrés de Chen Jiang
Hong en sont le support imaginaire. Sur
le plateau, un immense livre prend toute la
place. Comme c’est souvent le cas pour
les enfants, les images comptent autant
que le récit. Par rétroprojection jaillissent
des dessins à l’encre ou à la peinture
effectués en direct. En co-réalisation avec
le Pôle Jeune Public du Revest-les-Eaux.
Italie, années 70, celles que l’on nomma
de plomb. Celles où les organisations de
révolution ouvrière adoptèrent la violence
et le terrorisme pour mode d’action.
Romane Bohringer incarne Mara,
l’épouse de Renato Curcio, qui fonda les
Brigades Rouges. La jeune fille a des idéaux
radicaux. Richard Bohringer, son père
à la ville comme à la scène, fait tout pour
la convaincre de renoncer à la violence.
Dialogue de sourds entre deux êtres qui
s’aiment profondément et cherchent à se
sauver l’un l’autre, malgré leurs différences.
Qui fut Emile Ajar ? Qui était-il pour Romain
Gary, qui inventa, et fit vivre dans une
absolue imposture ce double littéraire ? La
Compagnie des Indiscrets porte à la scène
ce texte, dont Ajar est l’auteur, mais où
Gary brouille constamment les pistes. Lucie
Gougat et Jean-Louis Baille co-signent
la mise en scène, Yann Karaquillo est à
l’interprétation. Avec avant tout l’intention de
s’en tenir à ce texte singulier, sans chercher
à l’adapter. Simplement «restituer la forme
narrative d’un ‘’je’’ qui parle et qui ‘’raconte’’».
le 12 mai
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
49
Hotel Paradiso
La poupée…
Dans cette tranquille petite pension de
famille au charme désuet, tout s’est
brutalement dégradé. Les enfants se
disputent la direction de l’affaire, la
femme de chambre pioche dans les
bagages des clients, et le cuisinier aurait
quelques penchants assassins... Avec
beaucoup d’humour, les comédiens -et
leurs étranges masques, marque de
fabrique du collectif berlinois Familie
Flöz- jouent malicieusement du décalage
des situations. Michael Vogel signe la
mise en scène, Hajo Schüller et Thomas
Rascher la conception des masques.
Transmettre un lien, voilà l’une des missions
du théâtre. Dans cette adaptation d’un
conte russe traditionnel, la compagnie
italienne du Teatro delle Briciole décline
l’idée de transmission. Le texte, signé
Bruno Stori, évoque l’héritage, comme
celui d’une mère à sa fille. Baba Yaga, la
vieille sorcière tisse son lien avec la petite
Vassilissa. Letizia Quintavalla incarne
la sorcière, et une enfant venue du public
jouera la petite fille. Elle sera l’intime relais
entre la scène et les jeunes spectateurs.
Braises
Dans une famille où la tradition est sacrée,
l’éveil amoureux de deux adolescentes va
venir bouleverser le quotidien. Des questions
d’une brûlante actualité, identité et genre,
sont au cœur de ce spectacle de la Cie
Artefact. Puisant dans un langage scénique
multiple, avec recours notamment aux
nouvelles technologies, Philippe Boronad
à la mise en scène, et Catherine Verlaguet
à la dramaturgie, livrent une œuvre en
«constante interrogation sur notre rôle et
nos responsabilités, en tant qu’artistes, au
sein de la société» (lire chronique p. 24).
La poupée dans la poche
les 10 et 12 mai
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.fr
le 24 avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Le Roi des chips…
La Grenouille…
le 18 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Clinc
Le Roi des chips au paprika
le 17 avril
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.fr
© X)D.R
© Vélo Téâtre
© X)D.R
Qui peut bien se cacher derrière cet étrange
titre ? Ce Roi des chips au paprika a en fait
de grands pouvoirs, notamment celui de
rendre n’importe qui amoureux de n’importe
qui. Quelle aubaine pour Pascale, follement
éprise de Sammy, qui ne lui accorde pas la
moindre attention. En route pour un périple à
travers la jungle afin de rencontrer ce fameux
roi, et peut-être changer son destin... Seule
en scène (avec Ben, ce gorille amoureux
d’elle, tout de même), Pascale Platel
explore tous les délires, sans aucune limite.
Les souvenirs de l’enfance sont le ciment
de nos vies d’adultes. Chacun garde en
mémoire un coin de sa chambre, de sa
maison, de son jardin. Pour tous, ce souvenir
est précieux et unique. Dans ce spectacle
du Vélo Théâtre, Monsieur Brin d’Avoine
invite les spectateurs à un voyage dans son
univers. Dans un décor pareil à un petit
musée du quotidien, les interprètes mêlent
le théâtre d’objets et le conte. Et nous
emmènent doucement en terrain intime.
La Grenouille au fond du puits
croit que le ciel est rond
le 20 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
le 29 avril
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
Voilà un maître incontesté de l’illusion, et
du maniement des bulles de savon, sur
la scène du Carré. En faisant danser les
bulles, le Catalan Pep Bou, génial souffleur
de planètes improbables, propose un
univers enchanté et ludique, poétique et
coloré. Deux personnages excentriques
arrivent sur scène, perdus dans un monde
inconnu. Ils vont découvrir, à travers
l’expérimentation de cette matière poétique,
un univers sensationnel. Un véritable rêve
éphémère et majestueux dans lequel les
spectateurs restent éblouis par la fragile
beauté de ces mondes inventés.
le 29 avril
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
50
Rosa Metal Ceniza
Ce que le jour…
… René Sarvil
le 2 mai
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
© Chloé Bonnard
© Nelson Romero Valarezo Saut Guayaquil
Olga Pericet © Javier Fergo
Du flamenco le plus traditionnel à la danse
contemporaine, la danseuse Olga Pericet,
aussi belle que mystérieuse, fait dialoguer
l’école bolera avec le classique espagnol.
Une touche-à-tout engagée, moderne, qui
sait fouiller dans les formes chorégraphiques
pour offrir avec délicatesse et sensualité des
spectacles uniques. Pour les spectateurs de
la pièce, Les Nuits singulières du Carré
#4 permettront de clôturer la saison en
une fête collective et conviviale : auberge
espagnole autour d’un buffet participatif et
noche sevillana jusqu’au bout de la nuit.
Pour cette adaptation du très beau roman
de Yasmina Khadra, Hervé Koubi a
choisi de frotter à la danse contemporaine
des interprètes dénués de tout formatage,
sinon celui de la rue, où ils pratiquaient le
hip hop et la capoeira. «Douze danseurs,
onze algériens et un burkinabé… Quand
on les voit tourner sur la tête, c’est une
ascension vers le sacré», et c’est aussi
un cri d’amour pour la culture orientale,
son sens du partage et de la fraternité.
Un vibrant et enthousiaste hommage au
chansonnier marseillais d’origine italienne
des années 30, parolier de Scotto, servi
par Frédéric Muhl-Valentin et la troupe
Les Carboni. Ali Bougheraba en meneur
de revue réveille les pépites de l’artiste de
music-hall, auteur d’opérettes marseillaises
légendaires. Un bain de jouvence
communicatif dans lequel la vie de René
Sarvil est revisitée au fil des évènements
politiques et historiques des années 30-50.
L’incroyable destin de René Sarvil
les 17 et 18 avril
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Ce que le jour doit à la nuit
le 16 mai
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90
www.st-maximin.fr
Tout reste à faire
Mise en scène par Christine Delaroche
et Dominique Viriot, la pièce Tout reste
à faire situe la comédie dans une élégante
maison de retraite dans le Sud de la France.
Cinq personnages, dont deux seniors à
l’opposé l’un de l’autre (Henry Guybet et
Marcel Philippot), vont vivre une journée
à péripéties et quiproquos où tout reste
effectivement à faire… Derrière les réparties
truculentes, une réflexion sur les problèmes
de famille et la façon de gérer la vieillesse.
le 9 mai
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90
www.st-maximin.fr
Je préfère…
Michèle Bernier et Frédérick Diefenthal
sont les protagonistes d’une comédie
romantique signée Laurent Ruquier,
sa 6e pièce, taillée sur mesure pour les
deux comédiens qui s’en donnent à cœur
joie. Claudine, fleuriste quinquagénaire et
survoltée, avoue ses sentiments à Valentin
son meilleur ami et confident. Règlements
de compte et jeux de mots vont ponctuer la
soirée, qui promet hilarité et bonne humeur.
Je préfère qu’on reste amis
les 15 et 16 avril
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Roméo et Juliette
La première version de la chorégraphie
de Jean-Christophe Maillot s’intitulait
Juliette et Roméo, soulignant à quel point
les femmes sont mises en avant dans cette
interprétation de l’œuvre shakespearienne.
Tout est construit en une longue analepse :
les souvenirs torturés de Frère Laurent
qui en voulant aider les jeunes amoureux,
les conduit à la mort. Le vocabulaire
classique de la danse est magnifié par
une approche contemporaine, dans une
esthétique de cinéma, avec les décors
en épure d’Ernest-Pignon-Ernest. Un
bijou de finesse subtile et d’élans.
du 16 au 19 avril
Grimaldi Forum, Monaco
00 37 7 99 99 30 00
www.balletsdemontecarlo.com
51
Blast
La femme en chantier
du 19 au 24 mai
Base de loisirs de La Paoute, Mouans-Sartoux
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Proposée par la compagnie Antipodes,
La femme en chantier est un parcours
chorégraphique et numérique. Suivez dans
des lieux inattendus de la Médiathèque
Noailles (à 18h30), munis de tablettes, ces
femmes qui dansent, plus singulières qu’elles
ne paraissent. A l’affût de la Femme Parfaite,
des indices visuels et sonores, vous inviteront
à vous jouer des lieux communs. Avec les
anciennes élèves de l’Ecole Supérieure
de Danse de Cannes Rosella Hightower.
le 24 avril
Médiathèque Noailles, Cannes
04 97 06 44 90
www.madeincannes.com
© Brigitte Pougeoise
© Richard Covello
© Frédérique Cournoyer Lessard
C’est le «souffle après l’explosion»
(signification de Blast) que l’auteur,
compositeur et metteur en scène Jef Odet
explore dans ce spectacle qui défend la
virtuosité des gestes du cirque. 18 artistes
indomptables venus du monde entier
forment le Cirque Farouche qui a pour
langage l’acrobatie à grand renfort de
trapèze, funambulisme, voltige, mât chinois,
numéros de clowns… et de musique pop
rock qui, jouée sur scène, rythme et soutient
tous les tableaux. Du grand spectacle !
Le conte d’hiver
Sylvie Osman met en scène Le conte
d’hiver de William Shakespeare, dans une
traduction de Koltès, pour la compagnie
Arketal. Pour partager l’interrogation
de l’auteur sur la représentation du
vivant et de l’inerte, de l’illusion et de
la réalité, acteurs et marionnettes sont
présents sur le plateau dans une mise à
distance intelligente. Le roi Léonte et la
reine Hermione vont vivre les affres de
la jalousie. Le royaume va alors basculer
dans le chaos, la destruction et la mort…
le 17 avril
Théâtre de la Licorne, Cannes
04 97 06 44 90
www.madeincannes.com
52
Sérieux, l’amour ?
Caprice d’Emmanuel Mouret © Pyramide distribution
Dans le cadre de la thématique L’amour
c’est du sérieux (ou pas), au Gyptis,
projection de deux films qui nous parlent
de l’amour et de la séduction. Le 16 avril
à 19h, Chercher le garçon de Dorothée
Sebbagh et le 17 à 20h30, en avantpremière, le nouveau film d’Emmanuel
Mouret, Caprice. Les deux réalisateurs
seront présents pour des rencontres
avec le public, en partenariat avec le
collectif de comédiens La Réplique.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
www.lafriche.org/content/le-gyptis
Al Andalus
Clovis Cornillac
La Caravana del manuscrito andalusí de Lidia Peralta © Cedecom
Clovis Cornillac, acteur, présente en
avant-première au cinéma Le Prado, le 28
avril à 20h, le premier film du réalisateur
Clovis Cornillac avec l’équipe du film,
ses comédiennes Mélanie Bernier et
Lilou Fogli, également co-scénariste et
épouse. Un peu, beaucoup, aveuglement !
se veut une comédie vacharde entre un
inventeur atrabilaire qui use de tous
les moyens pour protéger le silence de
sa retraite et une pianiste passionnée
qui pratique son instrument sans
compter. Le mur qui les sépare manque
(heureusement) d’isolation et la comédie
devient romantique. Une histoire où
l’amour n’est ni sourd si aveugle.
Dans le cadre de L’Espagne des trois
cultures, Horizontes del Sur propose le
21 avril à 19h à la Maison de la Région,
La Caravana del manuscrito andalusí,
en présence de la réalisatrice, Lidia
Peralta. Le documentaire suit les traces
de manuscrits de l’Espagne musulmane,
disséminés dans des bibliothèques de
particuliers, au long de la Route des
Caravanes, au Maroc, en Mauritanie et au
Mali. Ismael Diadié Haidara, propriétaire
de la bibliothèque Al Andalus de
Tombouctou, a passé des années à essayer
de récupérer les manuscrits familiaux
et, avec eux, son passé Al Andalous.
Entrée libre dans la mesure
des places disponibles.
Maison de la Région, Marseille
04 91 57 57 50
Horizontes del Sur
04 91 08 53 78
http://horizontesdelsur.fr
Vincent Macaigne
Quand il ne revisite pas Hamlet ou l’Idiot
à la scène, Vincent Macaigne, avec
son air de clown triste à la voix cassée,
excelle à l’écran. Le Gyptis accueille
cet acteur devenu incontournable dans
le jeune cinéma français, les 18 et 19
avril. Le samedi à 18h, rencontre avec le
comédien qui parlera de sa carrière et
de son jeu burlesque, suivie à 20h de la
comédie déjantée d’Antonin Peretjatko :
La Fille du 14 juillet. Le lendemain à 14 h,
on retrouvera Vincent, parti à New York
pour reconquérir sa bien aimée dans Une
Histoire américaine d’Armel Hostiou.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
www.lafriche.org/content/le-gyptis
Entrée par la danse
Après Liberté chérie (lire sur
www.journalzibeline.fr), Mika Gianotti
propose avec Marseille qui danse une
«fantaisie documentaire», portrait en
mouvement de la cité phocéenne, suivie
à la trace. Des corps dans la ville au
corps d’une ville qui s’échappe et revient,
vivante, virevoltante dans l’extravagant
contraste entre le beau et le laid. Marseille
qui danse sera projeté en avant-première
le 20 avril à 19h30 au Cinéma Le César
en présence de la réalisatrice, d’acteurs
«réels» du film et d’un représentant
de la Campagne de valorisation du
territoire : «Aix-Marseille-Provence, si
vous saviez tout ce qui se passe ici».
Cinéma Le César, Marseille
0892 68 05 97
www.cinemetroart.com
Un peu, beaucoup, aveuglement ! de Clovis Cornillac © Paramount
Cinéma le Prado, Marseille
04 91 37 66 83
www.cinema-leprado.fr
Variétés Hors cadre
Le 23 avril à 19h30, première soirée
Hors cadre en présence des membres
du collectif et des équipes des films
autour de «Entre nécessité et liberté :
création, production et diffusion
cinématographiques». Florence Pazzottu,
Jodie Ponchin, Julien Sicard, Stéfan
Sao Nélet, Avicen Riahi, Adam Pianko
et Jonathan Trullard présenteront leurs
films et discuteront avec leurs invités
Régis Sauder, Kiyé Simon Luang,
Emmanuel Vigne, sans oublier Linda
Mekboul qui les accueille aux Variétés.
Cinéma Les Variétés, Marseille
0892 68 05 97
www.cinemetroart.com
54
Portraits de familles L’Eden Hors cadre
Nous, Princesses de Clèves de Régis Sauder © Shellac
Perrault, La Fontaine, Mon Cul ! de H. Thomas © Ecole de la Cité
Tralal’art propose dans la salle Mistral,
le 18 avril à partir de 11h, la 1re édition
du festival de courts métrages de
Châteauneuf-le-Rouge, présidée par
Nicolas Philibert : 21 films «portraits
de familles», documentaires comme
Maraudeur de Bénédicte Loyen et fictions
comme Perrault, La Fontaine, Mon Cul !
de H. Thomas, L. et Z. Boukherma,
primé à Clermont Ferrand. Toute la
journée, se tiendront des ateliers d’arts
plastiques et l’exposition de photos de
Pierre Ciot, 2013 portraits de famille.
Festival Court ou Vif, Châteauneuf-le-Rouge
http://assotralalart.wix.com/-court-ou-vif
L’Arménie à l’Eden
Du 17 au 19 avril, les Lumières de
l’Eden, en partenariat avec l’association
culturelle des Arméniens de La Ciotat et de
Ceyreste, participent à la commémoration
du génocide par le biais du cinéma.
Jacques Kebadian présentera le 17 à
18h30 son documentaire Sans retour
possible, recueil de témoignages de
survivants, suivi à 21h15 d’un hommage
à deux cinéastes : Aztavad Pelechian
avec deux films, Les Saisons et Nous ; et
Serge Avedikian dont on verra Chienne
d’histoire. Le 18 avril à 18h30, sera projeté
V comme Verneuil d’Arto Pehlivanian,
qui sera présent, accompagné de
Patrick Malakian, fils d’Henri Verneuil,
populaire cinéaste d’origine arménienne.
Enfin le 19 à 18h30, projection du
dernier film de Fatih Akin, The Cut (lire
chronique sur www.journalzibeline.fr).
Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat
04 42 83 89 05
www.edencinemalaciotat.com
Hors cadre, un collectif de cinéastes
indépendants de la région marseillaise,
propose du 23 au 26 avril à l’Eden Théâtre,
une réflexion sur l’indépendance au
cinéma comme volonté de résistance. Le
23 à 15h, sera projetée La Vie rêvée des
anges d’Erick Zonca. Le 24 à 18h, trois
réalisations des membres du collectif
seront suivies de trois courts métrages
indépendants distribués par Shellac.
Le 25 à 21h, La Reine des pommes de
Valérie Donzelli. Le 26 à 13h45, Tip
Top de Serge Bozon et à 16h45, Nous,
Princesses de Clèves de Régis Sauder
en présence des réalisateurs.
Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat
04 42 83 89 05
www.edencinemalaciotat.com
Rock Circus Festival
Un vent de liberté et de subversion dans
les murs de l’Eden cinéma du 15 au 17 mai
avec le Rock Circus Festival, concocté par
Franck Buioni. Un programme proposé
par Les Lumières de l’Eden avec des
films cultes ou inattendus. Le 15 mai à
20h30 The Big Lebowski de J. et E Coen.
Le 16 mai à 16h So british ! de J. Halas et
J. Batchelor. Une rareté, le 16 mai à 18h,
Electra glide in blue de J. W. Guercio, un
chef-d’œuvre du nouvel Hollywood. Le 16 à
21h, la comédie musicale The Rocky Horror
Picture Show de J. Sharman, animé par les
Sweet Travestites . Le 17 mai à 16h, autre
comédie musicale, Hair de M. Forman.
Le 17 à 19h Quadrophenia de F. Roddam,
d’après l’album de P. Townshend des Who.
Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat
04 42 83 89 05
www.edencinemalaciotat.com
13es Visions
sociales
Du 16 au 24 mai, espace d’échanges
autour de valeurs de solidarité et
d’exigence artistique en marge du Festival
de Cannes, le festival de cinéma de la
CCAS (Caisse Centrale d’Activités Sociales
de l’énergie) Visions Sociales propose
une sélection de films qui questionnent
l’ordre social et l’état du monde.
Cette 13e édition met l’accent sur
les cinémas du Moyen-Orient, en
collaboration avec le Panorama des
cinémas du Maghreb et du MoyenOrient : onze films venus d’Iran, du Liban,
de Syrie, du Kurdistan, de Palestine et
d’Israël, sans oublier une performance
audiovisuelle de Rayess Bek en clôture.
Parmi les films que la CCAS a choisis
dans les festivals, pour leur liberté de
création et leur originalité : La Terre
Ephémère, Fidélio, l’Odyssée d’Alice,
Rendez-vous à Atlit, Our, terrible country
de Mohammad Ali Atassi et Ziad Homsi,
ou My sweet pepperland d’ Hiner Saleem.
Et aussi des films en avant-premières
mondiales, choisis par les partenaires
du Festival, l’ACID, la Semaine
de la Critique, la Quinzaine des
Réalisateurs et Un Certain Regard.
La marraine de cette édition est
Corinne Masiero (Louise Wimmer).
Elle présentera le 16 mai à 20h30, en
compagnie du réalisateur Louis-Julien
Petit, Discount, une comédie sociale.
Projections, rencontres, débats
et expositions en entrées libres et
gratuites, à l’exception de la
soirée de clôture, dont l’intégralité
de la recette est reversée à
une association (5 euros).
ANNIE GAVA
Visions Sociales
du 16 au 24 mai
Château des Mineurs, Domaine
d’Agecroft Mandelieu, La Napoule
www.ccas-visions-sociales.org
Discount de Louis-Julien Petit © Wild Bunch
55
Reconnaissance
L
a Visita de Mauricio Lopez Fernandez se
déroule dans une grande maison bourgeoise chilienne où on s’apprête à enterrer le
mari de la gouvernante attachée à la famille :
un univers clos protégé, que l’arrivée allogène
du fils du défunt, Felipe va bouleverser. C’est
que Felipe est devenu Elena ! Cette «visite»
est pour tous un drame bien plus important
que la mort d’un homme et un problème bien
plus dérangeant que l’adultère du maître de
maison. L’ordre social générant frustrations et
intolérance, se décompose dans les non-dits et
la souffrance que les crucifix proliférant dans
la maison sacralisent. Les regards glissent,
se détournent. Les personnages se placent
devant des miroirs, maquillant ou soulignant
une identité qui se floute. Seuls les enfants
échappent au conformisme : un petit garçon
-double du réalisateur- ose enfreindre les
interdits et regarder les grandes personnes
en face. Dans cet univers teinté de surréalisme, pas de discours : tout se construit en
délicatesse, par le détail, le geste, dans le
silence et la lenteur. Il y a une grande tristesse chez Elena-Felipe (incarnée avec une
grande retenue par l’actrice transsexuelle
Daniela Vega), déchirée entre sa féminité
et son désir d’être acceptée, s’essayant à
porter les habits du père pour s’asseoir à la
Palmarès
Jury jeunes
 Meilleur court métrage :
Completo, Iván D. Gaona (Colombie)
 Meilleur long métrage :
Mr Kaplan, Alvaro Brechner (Uruguay)
 Mention spéciale :
Güeros, Alonso Ruiz Palacios (Mexique)
La Visita de Mauricio Lopez Fernandez © Pinda producciones
table familiale. Entre elle et sa mère, peu à
peu les lignes bougent. Et il faut aller voir le
film pour entendre la dernière phrase : un
énoncé en creux, modeste et touchant. Celui
d’une femme simple qui reconnaît enfin son
enfant pour ce qu’il est. Le réalisateur chilien,
qui développe ici son court-métrage de fin
d’études (La Visita, 2010), offre un premier
film bouleversant.
ELISE PADOVANI
La Visita, projeté les 21 et 24 mars à La Friche
dans le cadre des 17e Rencontres du Cinéma
sud-américain, était en compétition pour le
Colibri d’Or (voir palmarès ci-contre). D’autres
critiques à lire sur www.journalzibeline.fr.
Jury officiel
 Colibri d’Or :
La Visita, Mauricio Lopez Fernandez (Chili/
Argentine)
 Meilleur court métrage :
Kay Pacha, Alvaro Sarmiento (Pérou)
 Meilleure actrice :
Daniela Vega dans La Visita
 Meilleur acteur : prix collectif pour les enfants
in Conducta, Ernersto Daranas (Cuba)
Prix spécial du jury :
ex aequo : Güeros, Alonso Ruiz Palacios (Mexique) /
Ley de fuga, Ignacio Márquez (Venezuela)
Prix du public
 Meilleur court métrage :
Algo azul, Sabrina Farji (Argentine)
 Meilleur long métrage :
Conducta, Ernersto Daranas (Cuba)
Au vent des films
S
alon. Fort Mistral. Direction Les Arcades. Vendredi
27 mars. 4e jour des 25es Rencontres Cinématographiques.
Accueil chaleureux de l’équipe
dirigée par Michèle Fraysse. Pas
moins de 15 films au programme !
Le choix s’avère très difficile, vu la
qualité. Pour commencer, deux
films nés du réel, Comme le vent
de Marco Simon Puccioni et Circles de Srdan Golubovic.
Dans le premier, c’est Armida
Miserere, directrice pendant 20
ans des prisons les plus dures
d’Italie, en pleine guerre anti-mafia, qui a inspiré Marco Simon
Puccioni. Dès les premiers plans
floutés, lumière bleu métallique,
grilles, on sait qu’une menace
pèse sur la femme qui court le
long des murs. Cette femme dont
le cinéaste suit le parcours, à la
fois forte et fragile, blessée à tout
jamais par la mort de son compagnon, Umberto Mormile (Filippo
Timi), assassiné par la mafia en
Circles de Srdan Golubovic © Memento Films
1990, est si superbement interprétée par Valéria Golino qu’on
en oublie la mise en scène parfois
un peu lourde.
Quand Srdan Golubovic a lu l’histoire de Srdjan Aleksic, un soldat
serbe qui a sauvé un Bosniaque
passé à tabac par des engagés
serbes, il a eu envie de faire un
film qui pose la question du sens
de l’héroïsme. Aleksic, c’est Marko
(Vuk Kostic) qui sauve Haris (Leon
Lucev) et va le payer de sa vie.
Douze ans plus tard, on va suivre,
entre Trebinje, Belgrade et l’Allemagne, trois histoires parallèles,
celle du père de Marko, Ranko
(Aleksandar Bercek), qui reconstruit une église, celle de Nebojsa
(Nebojsa Glogovac), le meilleur
ami de Marko, un chirurgien
réputé, et celle de Haris qui va
aider Nada (Hristina Popovic),
l’ancienne petite amie de Marko,
à échapper à son violent mari.
«Quand tu jettes une pierre dans
l’eau, des cercles se forment ; ils
grossissent. Là, Rien. Quand un
homme fait une bonne action, ça
ne signifie rien pour les autres»,
dit l’un des personnages. C’est
cette question que pose ce film
complexe dont on suit le cheminement avec intérêt jusqu’au
dénouement.
Le troisième, La Grâce de Matthias
Glasner, pose la question de la
culpabilité et du pardon (lire chronique sur www.journalzibeline.fr).
Le public de Salon a de la chance
de pouvoir découvrir en 8 jours
une quarantaine de films aussi
divers et intéressants !
ANNIE GAVA
Les Rencontres
Cinématographiques de
Salon-de-Provence ont eu
lieu du 24 au 31 mars
www.rencontres-cinesalon.org
56
Le dernier Caprice
d’Emmanuel
E
Caprice d’Emmanuel Mouret © Pyramide Distribution
mmanuel Mouret n’en finit pas de nous parler d’amour. De
Laissons Lucie faire (2000) à L’art d’aimer (2011), sur le même
ton, décalé, léger, tendre et cruel, ses fantaisies sentimentales élargissent le champ des questions sans vraiment trouver de réponses.
Avec Caprice, son dernier film, il poursuit son exploration de la Carte
du Tendre : Pourquoi s’énamoure-t-on ? Est-ce une volonté ? Un jeu
du hasard ? Un arrêt du destin ? Un malentendu ? Un mensonge
de bonne foi ? Le choix en amour ne se justifie-t-il pas toujours a
posteriori ? Clément (Emmanuel Mouret) un instituteur divorcé, doux et rêveur,
rencontre miraculeusement Alicia (Virginie Efira), une actrice célèbre
qu’il admire. Amour partagé, heureux, solaire, perturbé d’abord
par Caprice (Anaïs Demoustier), actrice débutante qui a décidé
que Clément l’aimait. Puis par l’éclosion du désir entre Alicia et le
directeur d’école (Laurent Stocker) dont la femme a disparu avec
un magicien. L’amour serait une équation à trop d’inconnues ou une
«intersection». Géométrie des rapports soulignés par la mise scène :
déambulations parallèles et chassés-croisés.
Quiproquos, dialogues délicieux, mise en abyme du drame amoureux
par le théâtre, le réalisateur mène le quadrille ponctué par la marche
turque de la sonnerie d’un portable et déréglé par les enchaînements
burlesques nés de la maladresse d’un Clément qui ne sait pas dire
non. Les héros de Mouret ont vieilli. Il y a maintenant des enfants,
des familles. L’épilogue est un «presque happy end» où le bonheur
proposé se construit sur l’absence de Caprice et se teinte de la nostalgie de ce qui n’a pas eu lieu. Oui, il «aurait pu» en être autrement.
Mais on ne peut pas tout vivre sauf au cinéma !
ELISE PADOVANI
Grandir
Ce Tigre qui sommeille en moi © Anne Alix
I
ls s’appellent Warda, Ludo, Estelle, Sonia, Alice, Jean, Myriam,
Marie. Moins de vingt ans, d’horizons différents. Un jour, ils
ont intégré la troupe du Théâtre La Cité, dirigée par Florence
Lloret, et partagé l’expérience théâtrale menée par Karine
Fourcy, Frontières (lire Zib’73). La cinéaste Anne Alix est allée
à leur rencontre, pour que subsiste une trace de cette aventure.
Elle a décidé de faire un film, coproduit par Alexandre Cornu
des Films du Tambour de soie et le Théâtre La Cité : Ce Tigre
qui sommeille en moi.
Durant une année, elle a capté les corps, les visages, les yeux
qui regardent l’autre, les yeux fermés «pour garder l’esprit
ouvert», les yeux qui pleurent aux souvenirs ressurgis. Toujours
à la bonne distance, toujours bienveillante, Anne Alix filme ces
jeunes en travail, les suivant aussi dans la «vraie vie» où l’on se
marie, où l’on s’occupe de vieux dans une maison de retraite, où
l’on aide de jeunes Roumains dans leur travail scolaire, où l’on
danse… Ce réel qui alimente leur travail d’écriture leur permet
de s’interroger sur le poids du regard des autres, d’aller à la
rencontre d’autrui, de se construire et de grandir.
Ce Tigre qui sommeille en moi a été présenté, pour la première
fois, le 24 mars au cinéma Les Variétés, plein à craquer, devant
un public enthousiaste, en présence de toute l’équipe. Ce film
attachant donne une seconde vie à une expérience théâtrale
de trois ans, permettant aux jeunes de franchir leurs propres
frontières, de faire surgir les choses qu’ils avaient en eux et
de grandir.
En 1980, passant son bac, le producteur Alexandre Cornu a dû
répondre à la question : «L’art peut-il être utile ?». Si quelqu’un
en doutait, Ce Tigre qui sommeille en moi lui donne la réponse.
ANNIE GAVA
Caprice a été présenté en avant-première
au cinéma Les Variétés, à Marseille,
le 11 avril en présence du réalisateur
Cinéma Les Variétés, Marseille
www.cinemetroart.com
Théâtre de la Cité, Marseille
www.maisondetheatre.com
58
Animal concept
«Du coq à l’âne...» !
Cela aurait pu être le nom
de la galerie du propre
aveu de sa fondatrice.
Ce sera Flair pour
ce nouveau lieu qui
vient conforter le
réseau des lieux d’art
contemporain arlésiens
Le loup & les 7 chevreaux _ Seuil Jeunesse 2015, Illustrations de Christian Roux Mine de plomb 6B & Photoshop CS6
Tirage numérique sur papier Rag Hahnemühle 350g © Christian Roux
Pour Isabelle Wisniak, le nom de sa future
galerie lui est apparu évident. Flair : pour
évoquer la faculté réputée de l’animal et en
référence sentimentale à son propre chien.
Car l’originalité de la galerie est d’avoir
choisi d’orienter ses activités autour du
thème générique de l’animalité. Dans le
domaine de la promotion et du commerce
de l’art, cela désigne aussi et avant tout des
compétences, celles de savoir découvrir
et faire connaître de nouveaux talents.
Reconversion
Après une longue expérience professionnelle
dans le domaine de la communication culturelle
(édition, galerie photo de la Fnac, Festival Apart
dans les Alpilles...), Isabelle Wisniak s’est
décidée à passer de l’autre côté des cimaises.
En cherchant à renouveler le modèle usuel de
la galerie d’art contemporain, elle a rapproché
son projet artistique de la notion de concept
store. Formule qui concerne un public élargi et
accroît la capacité de son champ commercial. À
Arles, les habitués trouveront un précédent avec
Le Magasin de Jouets, consacré naturellement
à la photographie. Rue de la Calade, aux côtés
d’œuvres d’artistes plasticiens de diverses
obédiences esthétiques, l’amateur pourra
découvrir dans la collection des objets uniques,
sélectionnés en fonction du thème instauré
par la galeriste, réalisés le plus souvent à sa
demande : créations de design et décoration,
vêtements, papier peint, livres rares...
Au programme
Pour son exposition inaugurale, Isabelle Wisniak
a choisi de présenter le travail photographique
de Salvatore Puglia (jusqu’au 16 mai). Son Eden,
composé d’une sélection de clichés inédits
© Nicolas Guilbert
très travaillés, empruntés notamment aux
planches du naturaliste français G-. L. Buffon,
rehaussées de broderies pour certaines, dépeint,
a contrario du titre annoncé, un purgatoire où
la nature et l’animal tentent d’exister dans des
mondes ruinés et désespérants provoqués par
l’humanité. La sélection d’artistes singuliers,
sans se soumettre cependant à une ligne
esthétique prédéfinie, se veut rigoureuse
tout en suivant ses propres coups de cœur.
La programmation à venir pour la suite de
cette première année s’annonce éclectique : le
graphisme et l’illustration avec Holy Smoke ou
Christian Roux (dessins inspirés par un conte de
Grimm, Le loup et les sept chevreaux, récemment
édités au Seuil et exposés pour la première fois,
à partir du 23 mai) ; Marie Christophe pour
la sculpture ; Baltasar et Aurélie Durrbach
présenteront, en duo, peintures, dessins et
céramiques; le photographe Nicolas Guilbert
exposera au moment
des Rencontres de la
photographie cet été. Isabelle
Wisniak aura-t-elle eu du nez ?
En attendant que l’avenir nous
le dise, on pourra l’écouter
dans l’entretien accordé
à Zibeline, sur le site du
journal : www.journalzibeline.
fr/zibeline-web-radio.
CLAUDE LORIN
FLAIR Galerie, Arles
06 20 75 13 58
www.flairgalerie.com
59
Tunisie contemporaine
Le MuCEM déplace son curseur du Maroc à la Tunisie pour un
focus en deux temps sur la scène artistique actuelle, ou comment
remonter le cours du temps et chercher les «Traces» du passé
dans la création contemporaine : photo, vidéo, arts numériques,
installation… Fragments 1 se déroulera du 13 mai au 28
septembre, Fragments 2 du 4 novembre au 29 février 2016. M.G.-G.
Fragments d’une Tunisie contemporaine
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13
www.mucem.org
Musulmane en prière © MuCEM, IDEMEC, Manoel Penicaud
Paysage contemporain
Pour sa 19e édition, L’Art Renouvelle le Lycée, le Collège, la Ville et
l’Université, centre les regards sur un genre historique en art : le
paysage. Repensé par les artistes d’aujourd’hui, avec les élèves des
établissements scolaires, selon les moyens traditionnels ou avec les
outils actuels, le paysage se fait urbain, industriel, intérieur ou sonore,
«...afin de montrer le caractère pluriel de la notion de paysage dans la création
contemporaine» précise Lyse Madar, responsable du Passage de l’art. C.L.
Au Lycée du Rempart, Suzanne Strassmann, Equilibriste 1,
huile sur toile, 2015 © courtesy artiste
Géographie du paysage
jusqu’au 18 juin
Divers lieux, Marseille, La Ciotat
04 91 31 04 08
www.lepassagedelart.fr
Post-Human / Post-Humanism
Chapitre 4 de la série Paradise / A Space for screen addiction proposée par Charlotte
Cosson et Emmanuelle Luciani, en référence à la multiplication des théories
sur «l’après-humain» liées au développement des technologies robotiques et
numériques. Sont invités à la table des discussions sur le «double mouvement qui
désincarne l’homme tout en réincarnant Internet dans le monde matériel», les
artistes Aoto Oouchi, Harun Farocki, Gabriel Abrantes & Benjamin Crotty. M.G.-G.
Post-Human / Post-Humanism
jusqu’au 7 mai
Leclere Maison de vente, Marseille 6e
04 91 50 00 00
www.leclere-mdv.com
Serious Game III, Immersion (détail) © Harun Farocki 2009
Alicia Framis
En résidence au 3bisF, l’artiste espagnole Alicia Framis poursuit sa
recherche autour des frontières invisibles dressées à l’intérieur de
notre civilisation (Forbidden Rooms) avec la création in situ d’un nouvel
espace à expérimenter. Un long corridor à traverser et des sensations
inhabituelles à vivre… Mouvement, image, déplacement, transit et
découverte d’un «ailleurs» sont au cœur de son travail. M.G.-G.
I’m in the Wrong Place to be Real
jusqu’au 19 juin
3bisF, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
Fündc © Alicia Framis
60
Nature antique
La nouvelle création d’Artesens traite de la fertilité de la terre, des mythes de la
nature dans différentes civilisations antiques. Ce parcours tactile, sonore et olfactif
s’appuie sur des œuvres phares de musées prestigieux, et évoque des civilisations
issues de Perse, Grèce, Égypte, Europe celte, Afrique, Mexique, Australie.
L’exposition se poursuivra à Saint-Raphaël, Le Puy-Sainte-Réparade et Pertuis. C.L.
Divina Natura
du 16 au 29 avril
Salle du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 27 05 94
www.artesens.org
Enfants explorant un chaudron celtique © Artesens
Canaletto
Le Centre d’Art de l’Hôtel de Caumont, nouvel établissement
culturel aixois géré par Culturespaces (voir Zib’82),
ouvrira ses portes avec les perspectives lumineuses de
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto. Une cinquantaine
d’œuvres, dessins, peintures ainsi que des dispositifs
multimédias pour révéler le créateur des veduta
vénitiennes et ses héritiers F. Guardi, B. Bellotto. C.L.
Canaletto, Rome-Londres-Venise. Le triomphe de la lumière
du 6 mai au 13 septembre
Caumont Centre d’Art, Aix-en-Provence
04 42 20 70 01
www.caumont-centredart.com
Canaletto, The Bucintoro returning to the Molo, 1730-1735, The Bowes Museum, Co. Durham, UK
© The Bowes Museum
Alfons Alt
Œuvre photographique ? Picturale ? L’une et l’autre car Alfons Alt se situe
«entre le réel de la photographie et le monde onirique de la peinture avec la
sensualité de la matière». Au Pavillon de Vendôme, si l’on retrouve ses thèmes de
prédilection (la nature, le monde animal et végétal), on découvrira des Chimerae,
des Fleurs et quelques Arbres en résonance avec l’architecture de l’hôtel
particulier qui cache, sur sa fenêtre centrale, un «vitrail» créé in situ. M.G.-G.
Tentations
jusqu’au 14 juin
Pavillon de Vendôme, Aix-en-Provence
04 42 91 88 75
Rose des Camphoux © Alfons Alt
Pierre Bendine-Boucar
Comment réinvestir l’imaginaire à travers la figure emblématique
de Fantômas ? Dans diverses institutions d’Ouest-Provence,
Pierre Bendine-Boucar déploie une fable allégorique en
plusieurs volets, inspirée du feuilleton télévisuel des années
soixante investiguant mémoires et inconscient collectif. C.L.
No one is Fantômas
du 18 avril au 18 juillet
Centre d’art contemporain intercommunal, Istres
04 42 55 17 10
www.ouestprovence.fr
No one is Fantômas, détail, CAC Istres, 2015 © Courtesy PBB, Pierre Schwartz
61
Eric Bourret
De l’arpentage photographique comme pratique artistique et méditative... Europe,
Proche-Orient, Asie du Sud-Est... Eric Bourret marche et photographie les lieux
traversés depuis plus de vingt-cinq ans. Entre 2010 et 2013, il a consacré trois hivers
à photographier la Sainte-Victoire, la Sainte-Baume et les Alpilles. L’exposition
est complétée de deux autres séries dans une scénographie originale. C.L.
Le temps de ma marche
jusqu’au 7 juin
Abbaye de Montmajour, Arles
04 90 54 64 17
Le temps de la marche, Abbaye de Montmajour,
2015, vue partielle © Eric Bourret
Thierry Vezon
En photographe familier des espaces naturels, Thierry Vezon présente deux regards,
deux séries : Nature Glacée rend compte d’une nature soumise à des conditions
hivernales parfois difficiles, de la Camargue au Spitzberg, des Cévennes au Japon,
de la Provence en Islande ; et Camargue Nature pour son exceptionnelle biodiversité,
en particulier les oiseaux, avec d’époustouflantes vues aériennes du delta. C.L.
Atmosphères contrastées
jusqu’au 31 juillet
Ecomusée de la Crau, Saint-Martin-de-Crau
04 90 47 02 01
www.cen-paca.org
© Thierry Vezon
Isa Barbier
À l’abbaye de Silvacane, la permanence de la pierre se confronte à l’ineffable
fragilité des installations en plumes immaculées d’Isa Barbier. L’artiste
a conçu deux pièces sur le principe du cercle pour le dortoir et le grand
réfectoire, tout en délicatesse et vulnérabilité comme pour conjuguer
dépouillement et transcendance de la lumière et habiter le silence. C.L.
Autour de la lumière
jusqu’au 20 mai
Abbaye de Silvacane, La Roque d’Anthéron
04 42 50 70 74
www.ville-laroquedantheron.fr
Clarté, installation d’Isa Barbier pour l’Abbaye de Silvacane, 2015
© Pascale Triol
Marges africaines
Quinze artistes africains contemporains ont posé leur regard
avec des médiums différents sur les minorités vivant en marge
des cités. «Dans les villes africaines, des stratégies permanentes
sont mises en place pour la survie ou la reconnaissance» selon
Olivier Sultan, commissaire de l’exposition. L’artiste est ici
un «voyant», un révélateur pour ces invisibles. C.L.
Visibles/Invisibles, L’Afrique urbaine et ses marges
jusqu’au 26 septembre
Fondation Blachère, Apt
04 32 52 06 15
www.fondationblachere.org
Alex Burke, Le Départ 2, 2014, techniques mixtes, dimensions variables © Alex Burke.
62
6 Artistes
Fondée autour de l’œuvre de l’artiste peintre Roger Van Rogger,
la galerie des Riaux invite cinq artistes qui allient art figuratif
et abstrait dans un mouvement de recherche spirituelle et
singulière : les peintres Patrick Garnier et Solange VernyBerry, les sculpteurs Goulven et Jean Muhlethaler et le
graveur Jean-Marie Granier. Une collection privée d’art
ancien japonais et africain complète le «tableau». M.G.-G.
jusqu’au 30 mai
Galerie des Riaux, Toulon
06 62 98 64 08
Galerie des Riaux © X-D.R
À dominante bleue
Quelle est la dominante commune à Félix Bellemain, Elisabeth Coudol, Monique
Limborg, Antoine Loknar, Ute Mainka et Cathy Posson ? Voir la vie en bleu… peindre
la vie en bleu… Depuis les anciens jusqu’aux contemporains, tous les artistes ont le
bleu dans les veines : du pastel à l’indigo, du bleu de Matisse à l’IKB de Klein ! M.G.-G.
du 5 au 31 mai
Espace Castillon, Toulon
04 94 93 47 33
www.espacecastillon.fr
Françoise Oppermann
© Monique Limborg
Graphiste, illustratrice et directrice artistique pour des éditions de livres d’art,
Françoise Oppermann expose pour la première fois son travail personnel de
photographe. Des images noyées dans des lumières diffuses et ouatées, des formes
graphiques ébauchées, comme évaporées, des ombres fugaces saisies au vol : une
branche, du givre, et même le souffle du vent… Des poèmes visuels en résonance
avec le titre de l’exposition : J’ai l’impression qu’il fait beau aujourd’hui. M.G.-G.
du 19 mai au 7 juin
Galerie Ravaisou, Bandol
04 94 29 22 70
www.lartprendlair.com
La Réunion © Françoise Oppermann
Tomax Friends
TomaX Poum profite de sa carte blanche pour convier à la fête ses amis
plasticiens Gilbert Tocco, Nicolas Trufaut, M’line, Myriam Belaj et EB3, tous
installés en région, et tendre un fil coloré à travers leurs créations picturales,
sculpturales, bidimensionnelles ou graphiques. Pour le printemps, le Bazard
du Lézard propose un hymne à la couleur, débordante et vivante ! M.G.-G.
jusqu’au 30 mai
Le Bazard du Lézard, Brignoles
04 94 86 01 63
www.lebazardulezard.com
Têtes © Nicolas Trufaut