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BEGENAT-NEUSCHÄFER, Anne, Professeur des Universités, Université d'Aix-la-chapelle BLÉDÉ, Logbo, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny. BOA, Thiémélé L. Ramsès, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny BOHUI, Djédjé Hilaire, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny DJIMAN, Kasimi, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny KONÉ, Amadou, Professeur des Universités, Georgetown University, Washington DC MADÉBÉ, Georice Berthin, Professeur de Universités, CENAREST-IRSH/Université Omar Bongo SISSAO, Alain Joseph, Professeur des Universités, INSS/CNRST, Ouagadougou TRAORÉ, François Bruno, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny VION-DURY, Juliette, Professeur des Universités, Université Paris XIII VOISIN, Patrick, Professeur de chaire supérieure en hypokhâgne et khâgne A/L ULM, Pau (64) WESTPHAL, Bertrand, Professeur des Universités, Université de Limoges Publication / DIANDUÉ Bi Kacou Parfait, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Rédaction / KONANDRI Affoué Virgine, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Production / SYLLA Abdoulaye, Maître-Assitant, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) INSAAC (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët BoignyAbidjan) (Université Alassane Ouattara de Bouaké) (Université Omar Bongo) (Université de Korhogo) (Université Félix Houphouët BoignyAbidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) (Université Félix Houphouët Boigny-Abidjan) LE SOCIOTOPE DU SUICIDE : LE SPLEEN COMME IDEAL Abdoulaye Sylla Maître-Assistant, Université FHB de Cocody INTRODUCTION « On appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d'un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-même et qu'elle savait devoir produire ce résultat. »1 L’acte qu’il définit ainsi interpelle le père de la sociologie Émile Durkheim par sa constance dans les sociétés européennes, comme marque de « l’humeur des peuples ». Il lui consacre un livre. Son geste croise celui du poète Charles Baudelaire qui dans un poème des Fleurs du Mal allégorise le spleen comme ce roi sans divertissement, encombré de sa vie et n’aspirant qu’à la délivrance procurée par Hadès. Pourquoi des gens qui ont tout, et plus encore, mettent, avec une facilité stupéfiante, volontairement fin à leur vie ? Un imaginaire se fait jour ici, qui distinguent une vision du monde. Face à la vie et la mort, les conduites actuelles des Européens ne datent pas d’aujourd’hui. Ce sont des fossiles de mœurs hérités de l’histoire. Le suicide n’étant qu’une modalité de ces conduites. Dire qu’il est un phénomène social revient à faire comprendre qu’il est le produit de représentations collectives. En accord avec Christoph Wulf, notre position est que « [d]ans la mesure où le sens symbolique des actes sociaux est acquis en même temps que leurs formes concrètes, le corps et la culture, la nature et l’histoire sont étroitement associés dès la petite 1 E. Durkheim, Le suicide. Étude de sociologie, Paris, Alcan, 1897, Livre I, p.5. Souligné dans le texte. enfance dans le vécu et la représentation de l’agir social. »2 Le concept de sociotope que nous avons élaboré et défini comme un espace social déterminé, de dimension variable mais continue, non segmenté, à configuration très particulière, à la fois physique, institutionnelle, économique et religieuse, propre à l’existence d’un type spécifique de société3, nous a permis d’affirmer que comme les êtres vivants ont besoin d’un biotope pour exister, les phénomènes sociaux ne peuvent apparaître et se développer que dans un sociotope approprié. La question fondamentale du suicide doit donc être formulée dans un sens collectif. Quelle détermination sociale, quelles données culturelles, quel élan nihiliste, quel désarroi moral et existentiel gouvernent à ce geste autodestructeur qui consiste, justement, à se couper littéralement de soi et des autres ? Sens que d’ailleurs Durkheim considérait comme menant à l’enjeu central du suicide. « Mais nous savons que ces événements individuels, s'ils précèdent assez généralement les suicides, n'en sont pas réellement les causes. Encore une fois, il n'y a pas de malheurs dans la vie qui déterminent nécessairement l'homme à se tuer, s'il n'y est pas enclin d'une autre manière. La régularité avec laquelle peuvent se reproduire ces diverses circonstances ne saurait donc expliquer celle du suicide. »4 S’il en est ainsi, les considérations subjectives peuvent être tenues pour secondaires. Et dans bien des cas, la collecte de données psychologiques est ardue. L’étude qui suit se construit en deux moments. D’abord, nous revisiterons la sociologie et l’anthropologie afin de les affûter et de les ajuster à notre objet. Fort de ces éléments nouveaux, nous exhumerons ensuite le sociotope du suicide et les pratiques, folklores, arts et philosophies, qui alimentent le climat moral de la mort volontaire. 2 C. Wulf, Une anthropologie historique et culturelle, Paris, Téraèdre, 2006, p. 9. Voir notre étude « Isis, Clytemnestre, Agrippine et le droit de la mère. Matriarcat et tragédie de l’Antiquité à Britannicus de Jean Racine », Ankh, n° 19, 2010. 4 E. Durkheim, op. cit., Livre troisième, p. 18. 3 ANTHROPOLOGIE ET SOCIOLOGIE : D’AUTRES HORIZONS On n’a pas suffisamment approfondi la célèbre sentence de Durkheim : « C'est la constitution morale de la société qui fixe à chaque instant le contingent des morts volontaires. Il existe donc pour chaque peuple une force collective, d'une énergie déterminée, qui pousse les hommes à se tuer. »5 Considérer le suicide comme un phénomène social n’est pas aussi commode que la formulation semble simple. On a tenu pour acquis la densité sémantique enclose dans la transparence des signes. Pourtant le père de la sociologie avait déblayé les voies de la clarification. « Chaque groupe social a réellement pour cet acte un penchant collectif qui lui est propre et dont les penchants individuels dérivent, loin qu'il procède de ces derniers. (…) Ce sont ces tendances de la collectivité qui, en pénétrant les individus, les déterminent à se tuer. Quant aux événements privés qui passent généralement pour être les causes prochaines du suicide, ils n'ont d'autre action que celle que leur prêtent les dispositions morales de la victime, écho de l'état moral de la société. »6 Qu’entendait-il ici par société ? Quelle est la nature de cette « force collective » ? D’où vient son énergie ? Que signifie « état moral » d’un groupe social ? Ainsi, pour peu qu’on s’y arrête, la sentence durkheimienne dévoile une force problématologique insoupçonnée. Pour y répondre, les acquis de l’anthropologie orthodoxe, telle que pratiquée mainstream, sont insuffisants. Puisqu’elle a peu entendu l’appel lancé naguère par Pierre Clastres. « Si l’anthropologie piétine, c’est qu’elle est au fond d’une impasse, il faut changer de route. Le chemin où elle se fourvoie, c’est le plus facile, celui que l’on peut emprunter aveuglément, celui qu’indique notre propre monde culturel, non en tant qu’il se déploie dans l’universel, mais en tant qu’il se révèle aussi particulier qu’aucun autre. La condition, c’est de renoncer, ascétiquement dirons-nous, à la conception exotique du monde archaïque, 5 6 Ibid., p. 14. Idem. conception qui, en dernière analyse, détermine massivement le discours prétendûment (sic) scientifique sur ce monde. »7 Et n’a donc nullement intégré la particularité exégétique indiquée par le philosophe Vincent Descombes : « L'anthropologie a un statut herméneutique, ce qui veut dire simplement que les opérations cognitives demandées à un chercheur étudiant une coutume ou une forme sociale de vie sont formellement identiques à celles d'un interprète, en entendant par là, non pas simplement un traducteur, mais plutôt un critique littéraire écrivant un essai sur Œdipe-roi ou sur Un coup de dés jamais n'abolira le hasard. »8 Que le lecteur excuse le raccourci, mais c’est bien l’anthropologie l’outil adéquat pour cette approfondissement. En effet, lorsqu’il remonte le fil du fait suicidaire en Europe, l’analyste, abouti à l’Attique des temps obscurs. Il nous faut donc élargir le cadre de cette discipline et forger de nouveaux éléments d’investigation. Nous reviendrons à la sociologie dans une phase ultérieure. La complexité de nos sociétés actuelles rend malaisé toute étude de faits culturels. L’empilement des couches né de la profondeur historique et la multiplication des intersections consécutive aux innombrables emprunts ont rendu flou la réalité sociale. Ainsi, l’analyste est loin d’imaginer la multitude de halos qui enserre un juron aussi quotidien dans les banlieues françaises que « sur la tête de ma mère ! ». Pépite de matriarcat africain préhistorique ayant affleuré au cœur de l’hypermodernité parisienne de la fin du XXe siècle. Morgan, Durkheim, Mauss et les autres l’avaient bien compris, qui évitaient l’écueil en empruntant le détour des sociétés “ tribales ” du Pacifique ou des Amériques. Mais cela n’était pas nécessaire, comme le montre l’exemple du juron, car « non seulement le « prémoderne » continue, en dépit des apparences, à travailler les sociétés contemporaines, mais il prend une part significative, quoique sous des formes plus difficilement 7 8 P. Clastres, La société contre l’État, Tunis, Cérès Edition, 1995, p. 17. Souligné dans le texte. V. Descombes, « La confusion des langues », Enquête, n°6, 1998, p. 37. reconnaissables, à leur régulation d’ensemble. »9 Il n’est pas de sociétés “ primitives ” tout comme il n’en est pas de “ modernes ”, dans l’absolu. Les chercheurs qui continuent de travailler dans ce paradigme sont dans l’erreur. « Ils n’ont pas, dit Frédéric Lordon, idée de l’emprise continuée sur les comportements de forces profondes, héritées d’un passé lointain, mais simplement rendues méconnaissables par leurs métamorphoses. Il faut abandonner les modèles trop simples de « coupure historique » qui séparent l’époque « archaïque » des sociétés traditionnelles et l’avènement des sociétés « modernes » : l’« archaïque » est au cœur du « moderne », il y poursuit son travail, les individus réputés affranchis et rationnels, sans le savoir, nagent dans le sacré et le magique. »10 L’étude du suicide ne laisse d’ailleurs pas ce loisir de césure spatio-temporelle, c’est une anthropologie au coin de la rue qu’il s’agit de pratiquer. Si la trace du suicide se perd au-delà des archives, c’est aux sources mêmes qu’il faut donc aller. Le premier jalon à poser revient à déterminer la société princeps. A quel moment s’est forgé l’état moral de la force collective ? Quelle fut-elle ? La distinction tönniesienne de la Gemeinschaft et de la Gesellschaft est ici inopérante, il faut remonter outre. Ce à quoi l’on abouti alors, ce n’est pas la famille –comme vient encore de le proposer le démographe Emmanuel Todd11– mais le clan. Selon le philosophe Cheikh Anta Diop : « En remontant le cours de l’histoire de la société humaine, le terme ultime auquel la science aboutit avec certitude est la cellule clanique. Audelà c’est l’aventure de l’esprit, la supposition, l’effort pénible de reconstitution, la conjecture fondée sur quelques faits disparates. (…) Les « ménages » qui composent le clan ne constituent qu’une réalité secondaire. Le clan est le facteur de cohésion principal sans lequel le couple isolé serait écrasé, 9 F. Lordon, L’intérêt souverain, Paris, La Découverte, 2011, p. 25. Idem, p. 26. 11 E. Todd, L’origine des systèmes familiaux, Paris, Gallimard, 2011. 10 dans la solitude, par la nature. (…) Dans l’histoire des sociétés humaines, il n’est point de familles qui surgissent de l’absolu pour former une nation. (…) Le sociologue n’appréhende avec certitude que le clan. Aussi, pour limiter les controverses, doit-on partir de celui-ci dans une analyse des premières formes d’organisations humaines. »12 Le clan apparaît ainsi comme l’archè de la société, de toutes les sociétés actuelles. Nous partirons donc du clan. Le second jalon consiste à circonscrire les types de clans dont découlent les sociétés impliquées dans cette étude. A ce niveau, c’est sur Diop que nous prendrons appui, tant son herméneutique, encore largement méconnu, a une puissance explicative des faits sociaux inégalée. En 1959, dans L’Unité culturelle de l’Afrique noire, il établit son modèle d’analyse sociologique. Pour lui, l’existence d’une nature humaine universelle n’est pas incompatible avec des particularités contingentes. « En ce sens il existait à l’origine, je veux dire avant le contact suivi des peuples et des nations, avant l’ère des influences réciproques, des différences non essentielles, mais relatives entre les peuples. Elles tenaient au climat et aux conditions particulières de vie. Les peuples qui ont longtemps vécu dans leur berceau d’origine ont été façonnés d’une manière durable par leur milieu. Il est possible de remonter jusqu’à ce moule primitif en sachant identifier les influences étrangères qui se sont superposées. »13 Ce que fait Diop en exhumant dans l’histoire de l’ancien monde une structuration ternaire : deux berceaux claniques et une zone de confluence. Le premier berceau qu’il dégage est le berceau méridional. Confiné au continent africain en particulier, il est caractérisé par le clan matriarcal sédentaire et agraire. Le second, le berceau nordique, représenté par la Grèce et Rome, est le lieu du clan patriarcal nomade et pastoral. Les sociétés issues de ces moules primitifs en portent l’estampille. Le sociotope sur lequel nous fonderons nos observations est une de leurs configurations. 12 C. A. Diop, Antériorité des civilisations nègres : Mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967, pp. 71-72. 13 C. A. Diop, L’Unité culturelle de l’Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1959, p. 9. Le dernier jalon requiert de fixer, le suicide étant un acte social, son transfert de la société au sujet. Le passage du social à l’individuel a été l’un des récifs sur lesquels l’analyse durkheimienne s’est échouée. L’échec résulte d’un paradoxe qui, outre Durkheim lui-même, a égaré tous ceux qui ont contesté depuis lors, la notion de « représentation collective » qu’il venait ainsi de créer. La source de l’erreur se trouve dans ce passage remarquable : « Mais, en séparant ainsi la vie sociale de la vie individuelle, nous n'entendons nullement dire qu'elle n'a rien de psychique. Il est évident, au contraire, qu'elle est essentiellement faite de représentations. Seulement, les représentations collectives sont d'une tout autre nature que celles de l'individu. »14 En établissant ainsi une dichotomie entre le sujet et le collectif, le père de la sociologie n’avait pas cerné toute la dimension opératoire de sa notion. C’est Vincent Descombes qui va résoudre l’énigme. S’appuyant sur P. Winch, il montre que l’on n’a pas tiré les énormes conséquences de la révolution philosophique provoquée par le célèbre aphorisme que Ludwig Wittgenstein énonce dans ses Recherches philosophiques : « What has to be accepted, the given, is –so one could say– forms of life »15. Il assure que « si les spéculations philosophiques sur l'origine et la structure des concepts psychologiques deviennent aberrantes, c'est parce qu'on a cru pouvoir couper l'esprit de la société. »16 Là est l’erreur de Durkheim, mais aussi celle d’Albert Camus. En posant que le suicide trouve sa racine dans « la pensée individuelle », qu’il « se prépare dans le silence du cœur au même titre qu’une grande œuvre, [et que] la société n’a pas grand-chose à voir dans ces débuts »17, Camus tente de « couper l’esprit de la société ». Pourtant le même écrit, quelques lignes plus loin, qu’ « on se suicide rarement par réflexion »18. 14 E. Durkheim, op. cit., p. 22. Cf. note suivante. 16 V. Descombes, « Philosophie des représentations collectives », History of the Human Sciences, vol. 13, n° 1, 2000, pp. 37-49. 17 A. Camus, Le mythe de Sisyphe, Paris, Gallimard, 1942, pp. 18-19. 18 Idem, p. 19. 15 Selon Descombes, « les lecteurs de Wittgenstein ont bien reconnu l'impossibilité d'attribuer à un individu une vie mentale qui lui serait donnée à lui et seulement à lui, mais ils ont reculé devant la conséquence pourtant directe de cette impossibilité : le mental et le social sont, comme l'écrit P. Winch, two different sides of the same coin. »19 Le lien entre le collectif et le subjectif est consubstantiel. Toute chose qui, aux yeux du philosophe, a modifié le problème du statut des représentations collectives. Descombes marque que désormais, « on ne se demandera plus : telle forme de représentation (par exemple le concept d'espace ou celui de causalité) appartient-elle à une conscience individuelle ou à une conscience collective ? Mais on se demandera : dans quel monde social les gens peuvent-ils former tel concept ? »20 C’est ce monde social que nous avons forgé sous le concept de sociotope. Matrice de représentations collectives, le sociotope est ce lieu où le suicide peut-être compris. CULTURE SUBSTANCE MORT Le sociotope européen, lieu du clan patriarcal pastoral, se présente, après la sédentarisation, sous l’aspect d’un émiettement spatial opposant des isolats autarciques, les Etats-Cités. Fondés sur un patriotisme étroit, ils promeuvent dans le rapport à autrui, une xénophobie sereine. « L’individualisme, le dégoût de l’existence »21 et la haine du sexe22, sont l’expression du style de vie. « Un idéal de guerre, de violence, de conquête hérité de la vie nomade avec comme corollaire un sentiment de culpabilité ontologique ou de péché originel qui fait bâtir des systèmes religieux ou 19 Ibid. Ibid. 21 C. A. Diop, L’Unité culturelle de l’Afrique noire, op. cit., p. 185. 22 F-E. Boucher, « Sexualité païenne et sexualité chrétienne pendant l’Antiquité tardive : du maintien de la hiérarchie à la conjuration du mal » in Dogma, [en ligne]. http://www.dogma.lu/pdf/FEB-Sexualite.pdf 20 métaphysiques pessimistes est l’apanage de ce [sociotope]. »23 Toute cette angoisse sociale naît de la fermentation, des millénaires durant, à travers les gigantesques espaces des steppes eurasiennes où nomadisait le clan indoaryen, d’une insécurité matérielle mêlée à une solitude morale. Les sociétés issues de ce moule vont cultiver une conception utilitaire du crime et la nature jubilatoire du spectacle du meurtre. L’exaltation de la mort, donnée ou reçue, est le fait culturel le plus massif de ce sociotope, et qui par mimésis imprègne profondément ses membres. « Libre de son sang et du sang d’autrui. », cette phrase terrible du terroriste Souvarine dans Germinal peut être tenue pour sa devise. Ce choix de la mort est très clair lorsqu’on remonte aux périodes de genèse de ces sociétés. Il ne devient complexe que progressivement24. L’option pour Thanatos est transparente chez Hésiode et Homère. La théogonie est en réalité une théomachie. C’est le sens profond de la critique de Platon contre les modèles homériques. Dont le caractère « mélangé » est un risque pour l’éducation de la jeunesse. Comme dit Wulf, « les processus mimétiques comportent des éléments rationnels, mais ne s’épuisent pas en eux. Dans les processus mimétiques, l’individu sort de lui-même, il s’assimile au monde, il a la possibilité d’englober le monde extérieur dans son monde intérieur et de donner expression à ce dernier. »25 Le monde que construit l’européen, et qui le construit, est celui de la mort, vivier inépuisable du suicide. Puisque nous le disons, il s’agit de le prouver. Outre la littérature, nous irons chercher ces preuves dans le folklore, l’art et la philosophie. Aucune société n’a un discours univoque, toutes disent plusieurs paroles mais certaines leur tiennent plus à cœur. Le spectacle public de la mort est le socle du folklore européen. Nous ne nous attarderons pas, pour la période actuelle, sur les exécutions capitales qui furent longtemps de 23 C. A. Diop, L’Unité culturelle de l’Afrique noire, op. cit., p. 185. Ainsi, chez les Germains, à l’origine, ne rentre au Wallaha que le guerrier tombé au combat ! 25 C. Wulf, op. cit., p. 23. 24 véritables spectacles populaires. Jusqu’en 1939, on conviait le peuple français à cette représentation. Et l’abolition de la peine capitale était une mesure très impopulaire. La plume de Victor Hugo s’y est brisée. La longue nouvelle Claude Gueux est l’un des sceaux de ces batailles perdues. Charles De Gaule et son ministre Robert Badinter ont dû contrarier « l’humeur du peuple ». Mais allons à des exemples plus agréables. Aux œuvres d’art, qui sont des façons de boîtes noires de la société. Elles enregistrent les mœurs du temps, mais diffractées dans un état d’esprit –à la fois collectif et subjectif–. Pendant très longtemps, le carnaval fut la manifestation populaire la plus goûtée. Au Moyen-Âge, c’est la fête reine, celle que « le peuple se donne à lui-même26 ». Qu’est-ce donc que le carnaval ? « C’était une sorte de jeu miréel, mi-symbolique, avec les symboles du pouvoir, de l’élection, du couronnement, de la cérémonie ; des forces historiques réelles jouaient la comédie symbolique de leurs rapports hiérarchiques, et dans ce spectacle royal sans rampe, il était impossible de tracer une frontière nette entre la réalité et le symbole.27 » Dans cette réalité parallèle où tombent toutes les conventions sociales, où chacun exprime son être vrai, ce qui est célébrée, c’est la mort. Gœthe qui a participé au carnaval à Rome en 1788 donne des faits sans équivoque. Ainsi cette scène : « Un groupe d’hommes costumés surgit, les uns déguisés en paysans, les autres en femmes. Parmi les femmes, l’une présente des signes évidents de grossesse. Soudain une dispute éclate entre les hommes ; les couteaux sortent (en carton argenté). Les femmes séparent les combattants ; épouvantée, la femme enceinte ressent en pleine rue les premières douleurs de l’enfantement : elle commence à gémir et à se contorsionner, les autres femmes l’entourent, on lui donne un siège et, 26 M. Bakhtine, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970, p. 246. 27 Ibid., p. 245. immédiatement, elle met au monde en public une créature informe. Sur ce, la représentation est achevée. »28 Le sens de ce spectacle, nous dit Mikhaïl Bakhtine, c’est « le drame de la mort enceinte et accouchant »29. La fête du feu, le Moccoli, est le clou du carnaval. Retraite aux flambeaux sur le Corso que personne ne veut manquer. « Chacun est tenu de porter un cierge allumé : Sia ammazzato chi non porta moccolo ! c’est-à-dire « A mort qui ne porte pas de feu ». Avec ce cri sanguinaire, chacun s’efforce de souffler le cierge de son voisin. »30 Ce Sia ammazzato joyeux, que l’on nomme un « souhait de mort », est le leitmotiv du carnaval. Nous avons sans doute là, l’origine du « On mange ou on tue ! » de Halloween. Gêné par son sens direct et unilatéral d’assassinat, Gœthe essaie de rattraper le coup. « Cette signification finit par se perdre entièrement et, de même qu’en d’autres langues on emploie souvent des imprécations et des mots indécents pour exprimer l’admiration ou la joie, Sia ammazzato devient ce soir-là le mot de ralliement, le cri de joie, le refrain de toutes les moqueries. »31 Bakhtine, tout à sa tâche de scientifique, refuse à Gœthe sa volonté de bienséance : « la signification initiale ne disparaît pas le moins du monde : elle crée au contraire le caractère et le charme spécifiques de ces adresses et expressions du carnaval, impossibles en toute autre période. »32 Ce n’est pas si sûr que cela soit impossible en d’autres moments, comme nous le verrons plus loin ! Pour Bakhtine, l’aptitude de Gœthe à pénétrer, nonobstant, l’esprit du carnaval est lié à la présence d’éléments carnavalesques dans sa vision de la Nature, dont la fête en marque le renouvellement. Et le critique de citer, pour preuve, ces lignes de son poème en prose La Nature : « Son spectacle est éternellement neuf, car elle crée 28 Ibid., pp. 247-248. Ibid., p. 249. 30 M. Bakhtine, op. cit., p. 248. 31 Idem. 32 Idem. 29 incessamment de nouveaux contemplateurs. La vie est sa meilleure invention ; pour elle la mort est un moyen de vie plus grande. »33 Étrange hymne à la vie… Ainsi, jusqu'au XVIIIe siècle, la réjouissance la plus courue a pour fin de donner ou recevoir la mort ! Gœthe relate une scène, impensable en Afrique, qui est illustrative de notre propos. « Un petit garçon éteint le cierge de son père et lui crie : Sia ammazzato il signore Padre (« A mort, seigneur mon père »). »34 Il nous revient à ce niveau ces mots de Wulf : « la capacité de l’enfant de s’ouvrir un accès mimétique au monde conditionne la qualité des ressources sensibles et émotionnelles du futur adulte. Cela vaut particulièrement pour le développement de la sensibilité esthétique et la faculté à éprouver des sentiments de compassion, de sympathie, d’amour. »35 Assez tôt, le socle moral du jeune Européen est faussé en faveur de la mort. Si l’on considère le domaine artistique, le penchant mortifère s’exprime de manière dominante. On ne reviendra pas sur l’engouement pour la tragédie36. Le fait est connu. Peut-être devons-nous mentionner l’opéra, véritable école du suicide. Qui fait les délices des classes les plus hautes de la société. Ou encore la musique gothique, spécialement le genre Black Metal et son culte de la mort, dont le propre consiste, par des sonorités de grondements et de stridences, de guitares sous distorsion, à diffuser « cette tristesse majestueuse ». Ainsi, le groupe Mayhem qui se sert d’une photo de la dépouille de son chanteur, lequel s’est suicidé, pour illustrer la pochette de son album View from nihil, sorti en 1992 ! Mais les zones d’action de ces deux arts sont d’extension conviviale. Pour notre époque, l’art que l’immense majorité des Européens a élu –et consomme massivement– est le polar. Roman de la criminalité, le polar, genre dominant de la littérature de masse, est le lieu où la société entretient sa culture 33 Ibid., p. 254. Ibid., p. 251. 35 C. Wulf, op. cit., p. 37. 36 Voir note 4, supra. 34 mortifère. Par une esthétisation de la mort, il tient le lecteur en haleine en trompant son attente. Des personnages peints sous les traits d’individus communs rendent aisé le processus d’identification. Le lecteur, bousculé dans son identité, constate l’instabilité de l’être, se découvre poreux à l’état de crise existentielle d’où part le polar. Roman de la culpabilité et de la mauvaise conscience, il confronte la société à sa fascination pour le néant. Fred Vargas, la reine française du crime, a vendu plus de 300 000 exemplaires de Pars vite et reviens tard, en 2001. Depuis lors, chacune de ses parutions est l’occasion d’un nouveau record de vente. Son premier polar, Jeux de l'amour et de la mort, avait remporté d'emblée le prix du Festival de Cognac. Son œuvre peut être un baromètre de l’omniprésence médiatique du phénomène criminel. Selon Natacha Levet, « on [les élites bien-pensantes] condamne le roman noir parce qu'on s'en méfie. Sous le masque de la fiction, il mettrait en scène les pulsions les plus violentes de l'être humain et se distinguerait par un pessimisme très marqué. On craint alors une modélisation de la réalité par la fiction. »37 La critique se méprend, ce qu’on craint c’est que la fiction montre ce qu’est la réalité : un vaste sépulcre. Le crime est « une forme active de pédagogie collective » dit Dominique Kalifa, en conclusion de L’encre et le sang38. Plus que le folklore ou l’art, la philosophie est la sphère du spleen, de la détestation de la vie. Les meilleurs esprits, en approfondissant la réflexion sur le problème du « comment vivre ? », ont conclu à « l’embêtement de l’existence », pour emprunter l’expression de Charles Baudelaire. Il n’est pas étonnant que la pensée occidentale ne reconnaisse pas l’existence de la philosophie hors d’Occident, tant elle a spécialisé cette activité de l’esprit dans la culture du pessimisme. C’est en vain qu’on chercherait un courant majeur se gendarmant pour la joie de vivre. A aucune époque l’hédonisme 37 N. Levet, « Roman noir et fictionalité » in Fabula [en ligne]. http://www.fabula.org/effet/intervention/8php (page consultée le 9 octobre 2010). 38 D. Kalifa, L’encre et le sang, Paris, Fayard, 1995. n’a été dominant. Si l’on délaisse l’antiquité, où l’orientation est identique, la philosophie occidentale est une machine de guerre contre l’Être. Il n’y pas que Schopenhauer qui penche du côté obscur de la vie. Descartes le mécanicien est également triste, qui ne voit en elle que poulies, ressorts, tuyaux et valves. Et dans la Nature, dont il nous a extraits, qu’une machine qu’il faut soumettre. Sous sa conduite, l’Europe a accompli le désenchantement du monde. Freud aussi est triste, lui le champion de la libido triomphante. Dans Au-delà du principe de plaisir, il postule ceci : « Si nous pouvons admettre comme résultant d’une expérience qui ne comporte pas d’exceptions que tout vivant meurt, retourne à l’anorganique, pour des raisons internes, alors nous ne pouvons dire que ceci : le but de toute vie est la mort. »39 Autrement dit, l’instinct de vie équivaut à un instinct de mort. Il y a comme un écho de Gœthe. On ne peut pas plus dissuader quiconque de persévérer dans l’œuvre de la vie. Un tel éclat de désespérance au ras du postulat attire l’attention de Jacques Bouveresse qui le commente dans Essai II. « Cette vision du monde extraordinairement pessimiste, contre laquelle Freud réagit en exhortant à mettre, dans toute la mesure du possible, l’intelligence au service de l’instinct de vie, est de nature à nous éclairer sur un des aspects les plus importants du malaise actuel [seulement actuel ?]. Freud essaie de contrebalancer la primauté ontologique et la toute-puissance de l’instinct de mort en incitant l’être humain à renforcer et à cultiver l’instinct antagoniste, c’est-à-dire à travailler délibérément contre ce qu’il a pourtant reconnu comme étant la volonté profonde et dominante de tout être vivant. »40 Toutefois, Bouveresse ne va pas prendre appui sur cette idée et défendre la vie, comme son jugement aurait pu le présupposer. Bien au contraire, la fin de son commentaire confirme la tradition pessimiste. « Lorsqu’on réfléchit à l’attitude singulièrement ambivalente que nous avons 39 40 S. Freud, Au-delà du principe de plaisir, Paris, PBP, 2010, p. 100. Souligné dans le texte. J. Bouveresse, Essai II. L’époque, la mode, la morale, la satire, Paris, Agone, 2001, p. 16. aujourd’hui à l’égard du progrès scientifique et technique, dont on dit souvent qu’il a acquis le caractère aveugle et incontrôlable que Freud considère comme une caractéristique de l’instinct, on est tenté de faire à ce sujet une constatation du même genre que la sienne. Peut-être l’instinct de conservation, qui a poussé l’homme à se défendre par tous les moyens contre les menaces de l’environnement et à affirmer de plus en plus sa supériorité sur la nature et sur les autres espèces, est-il lui-même, en dépit des apparences, non pas le gardien de la vie, mais le satellite de la mort. »41 En fait, il n’y a “ malaise ” que parce qu’on manque de courage philosophique. Ce qui n’est pas le cas du courant qui nous semble le plus représentatif de l’Occident : le mouvement anthropofuge. En ce qu’il est la synthèse et l’aboutissement de la pensée européenne s’agissant du cas de la Vie. Selon les auteurs de la tradition anthropofuge, la véritable mission de l’homme est de révoquer la Vie. Eduard von Hartmann –contre qui Durkheim nous met en garde–, Gottfried Benn, Ludwig Klages, proposent comme antidote au dégoût de l’existence la reductio ad nihil, le suicide universel. Hartmann invite, sérieusement, à passer du nihilisme à l’annihilisme. Mettre fin à l’anomalie et à la monstruosité qu’elle représente, prodiguer à soi-même et aux autres espèces la charité suprême par la révocation de la création, telle est la vraie mission de l’humanité ! Pour ces penseurs, toute autre attitude n’est qu’inutile et dilatoire romantisme. La vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Durkheim se trompe donc largement dans les phrases qui suivent. « S'il est vrai que, normalement, la tristesse collective ait un rôle à jouer dans la vie des sociétés, d'ordinaire, elle n'est ni assez générale ni assez intense pour pénétrer jusqu'aux centres supérieurs du corps social. Elle reste à l'état de courant sous-jacent, que le sujet collectif sent obscurément, dont il subit par conséquent l'action, mais sans qu'il s'en rende clairement compte. Tout au 41 Ibid., p. 22. moins, si ces vagues dispositions arrivent à affecter la conscience commune, ce n'est que par poussées partielles et intermittentes. Aussi, généralement, ne s'expriment-elles que sous forme de jugements fragmentaires, de maximes isolées, qui ne se relient pas les unes aux autres, qui ne visent à exprimer, en dépit de leur air absolu, qu'un aspect de la réalité, et que des maximes contraires corrigent et complètent. »42 Ce que le père de la sociologie dit là, n’est qu’un vœu pieux. En la matière, il n’y a pas de norme. Cela dépend du berceau auquel appartient la société. Il pose néanmoins que « ce sont ceux qui, par suite des circonstances, se sont trouvés plus à proximité des courants pessimistes et ont, par suite, subi plus complètement leur action »43, qui cèdent au suicide. Certes, mais ces courants, nous venons de le voir sont dominants. Le milieu intérieur dans lequel baigne l’Européen, le sociotope qui détermine sa conduite sociale, c’est l’empire du Spleen. 42 43 E. Durkheim, op. cit., p. 65. Ibid., p. 30. CONCLUSION L’importance du phénomène suicidaire en Occident, et en France en particulier, et sa permanence dans le temps, résultent de ce que la weltgeist, le fond de l’esprit social, est dominé par le pessimisme, l’angoisse existentielle, une conception de la vie comme quelque chose de profondément inutile. Dans le chapitre 12 de son essai sur le roman, La connaissance de l’écrivain, intitulé « Forme romanesque et expérience du néant de la vie », Bouveresse convie à discuter les auteurs Alfred Kubin, Gustave Flaubert, Henry James et Virginia Woolf autour de la question « Comment réussit-on à vivre ? » Pour Kubin, « le caractère éphémère de tout ce qui existe ici-bas est quelque chose d’éminemment horrible ; y penser froidement, mais en cherchant ce qu’il a de bon, exige un authentique héroïsme. » Ce à quoi Flaubert répond que c’est ce qu’il a voulu illustrer par le personnage de Félicité. « L’histoire d’Un cœur simple est, dit-il, tout bonnement le récit d’une vie obscure, celle d’une pauvre fille de campagne, dévote, mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. (…) Cela n’est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. Je veux apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles. » James reconnaît qu’effectivement dans la peinture de la mélancolie, ses pairs français sont inégalables. « Même nos romanciers les plus ironiques s’apitoient davantage sur la vie et la haïssent moins que Maupassant ou que son grand initiateur Flaubert. » Ce que Bouveresse interprète comme signe de proximité avec la vie, et aussi de profondeur et de vérité. Toute chose qui amène Woolf à clarifier quel sens de l’existence motive sa pratique : « Je veux m’obliger à regarder en face la certitude qu’il n’y a rien, rien pour aucun de nous. Travailler, lire, écrire ne sont que des déguisements ; de même les relations avec les gens. Oui, même avoir des enfants ne servirait à rien. »44 Cette mise en résonance résume notre étude et indique nettement l’option dominante. Conception qui module quasiment tous les aspects de la vie quotidienne et plonge le corps social dans une ambiance funeste où le moindre fait contingent devient prétexte à renoncer à la vie, d’autant plus facilement que son inutilité est censée avérée. Toutefois, Diop a évoqué des « différences non essentielles » c’est-à-dire de l’ordre de l’acquis. L’estampille imprimée par le moule d’origine n’est de ce fait nullement indélébile. Ainsi la résilience devant les avanies de l’existence que manifestent que manifestent d’autres sociotopes comme les sociétés africaines, ne sont pas de l’ordre de l’instinct mais de manières apprises et cultivées avec patience le long des siècles. D’invariants culturels, pour emprunter es mots de Diop. Il n’y a dès lors guère de fatalité du suicide pour le sociotope européen. Le penchant pour l’autolyse pourrait être grandement atténué par un apport démographique. 44 Citées par J. Bouveresse, La connaissance de l’écrivain, Paris, Agone, 2008, pp. 87-93. 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