Les produits locaux - Achat local
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Les produits locaux - Achat local
LA RESTAURATION COLLECTIVE EN RHÔNE-ALPES REPÈRES N°108 - DÉCEMBRE 2011 SYLVIE GILLET-DE-THOREY « Favoriser l’approvisionnement de proximité » Sylvie Gillet-deThorey, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes déléguée aux lycées, évoque la délibération votée par les élus du conseil régional dont l’objectif est de garantir la sécurité alimentaire et de favoriser l’approvisionnement en produits de proximité et de saison. Sylvie Gillet-de-Thorey, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes déléguée aux lycées. Précisez-nous le contenu de cette délibération ? Garantir la sécurité alimentaire des repas est un élément clé de cette délibération mais, elle introduit aussi l’amélioration de la qualité de la restauration dans les lycées en favorisant l’approvisionnement en produits de proximité et de saison. Cette volonté des élus de Rhône-Alpes se concrétise en travaillant avec les filières agricoles et un minimum de 15 % d’achats en produits locaux et 15 % d’achats en produits bio. Que proposez vous pour faciliter cet approvisionnement en produits locaux dans les lycées ? La Région travaille avec les chambres d’agriculture, les filières agricoles et les partenaires des réseaux bio. Elle propose de soutenir et de renforcer les groupements d’achats existants. De plus, un groupement d’achat régional devrait être mis à l’étude pour favoriser les commandes groupées en viande bovine, porcine et avicole. Enfin, la délibération propose, dans la mesure du possible, de recourir davantage à des produits issus du commerce équitable et bio. Le premier restaurateur de Rhône-Alpes La Région est le 1er restaurateur de Rhône Alpes avec 20 millions de repas servis par an, pour environ 110 000 demi-pensionnaires et 20 000 internes. 1 500 agents du conseil régional travaillent dans ce secteur de la restauration. NUMÉRO SPÉCIAL ÉDITORIAL Un marché local à conquérir Nous le savions déjà, mais le dernier RGA(1) confirme la première place nationale qu'occupe l’agriculture de Rhône-Alpes dans quatre domaines : la diversité des productions, la production sous signe de qualité, la vente directe et l’agriculture biologique. Depuis toujours les producteurs de Rhône-Alpes sont conscients de l'atout que représente les six millions d’habitants de Rhône-Alpes. D’ailleurs, cette rencontre ancienne des producteurs et des consommateurs de la région explique, pour beaucoup, l’excellence et la notoriété mondiale de la gastronomie rhônalpine et lyonnaise. C’est en s’appuyant sur cette réalité que les élus de la chambre régionale d’agriculture ont souhaité mieux structurer l’offre des produits agricoles locaux et bio qu’attend la restauration collective. Avec le conseil régional Rhône-Alpes, mais aussi avec l’État et la coopération agricole, nous conjuguons nos efforts pour aboutir à la création d’une plate-forme régionale d’approvisionnement. Car les circuits courts de commercialisation, comme les circuits longs, demandent à être mieux structurés. J’ajoute que nous ne pourrons répondre à l’attente de la restauration collective que si nous avons un tissu d’entreprises agroalimentaires performantes. Je pense aux grandes entreprises de transformation heureusement présentes sur notre territoire. Mais je pense aussi aux artisans et aux petites et moyennes entreprises qui participent à la diversité et à la qualité de nos produits alimentaires. Nous avons là une ri- Gérard Seigle-Vatte : chesse considérable « En Rhône-Alpes, et la chambre régio- la restauration hors nale d’agriculture veut domicile, c’est travailler au rappro- 273 millions de repas par an ! » chement des producteurs, des entreprises de l’agro-alimentaire et des responsables de la restauration collective. C’est un marché de proximité. Nous devons le conquérir ! Gérard Seigle-Vatte, président de la chambre régionale d’agriculture Rhône-Alpes (1) RGA recensement général agricole 2010. Viande bovine régionale « Mieux se faire connaître… » Gilbert Limandas, vice-président de la chambre régionale d’agriculture et viceprésident de Béviralp, estime la filière bovine régionale en mesure de satisfaire, avec des animaux élevés en Rhône-Alpes, les besoins en viande de la restauration collective. « La condition, cependant est que les partenaires se connaissent et travaillent mieux ensemGilbert Limandas ble ». « l’approvisionnement suppose une contracEn effet, souvent tualisation entre tous les services achats les acteurs de cette de la restauration filière ». hors domicile ont une approche de leur rôle plus commerciale et juridique que technique. Dans le cadre de Béviralp, « nous avons pris le parti de nous adresser aux acheteurs en leur proposant des formations d’une journée pour qu’ils connaissent mieux notre élevage régional, nos possibilités d’approvisionnement en viande de proximité et pour leur rappeler l’utilisation en cuisine des différents morceaux d’une bête », indique Gilbert Limandas. L’objectif de ces formations est de donner aux acheteurs la possibilité de sortir des cahiers des charges standards souvent inadaptés. D’autant, confirme Gilbert Limandas, que « la filière bovine régionale est en mesure de fournir de la viande de Rhône-Alpes au même prix qu’une viande dont on ne sait pas toujours d’où elle vient ». EXPÉRIENCES - APPROVISIONNEMENT EN BIO Mairie de Saint-Étienne (Loire) 2 Cuisine centrale d’Aubenas (Ardèche) Objectif 100 % bio en 2014 Le choix du bio local La Ville de Saint-Étienne se tourne vers les produits issus de l’agriculture biologique, À condition que les filières de production se structurent. La Ville de Saint-Étienne a signé un nouveau contrat de délégation de service public pour son service de restauration scolaire avec la société Avenance. Depuis septembre 2009, les repas de 94 écoles maternelles et élémentaires de la ville comptent 50 % de produits issus de l’agriculture biologique. En 2014, l’objectif est 100% et, si possible, 100 % local. L’origine locale des produits bios soulève des difficultés d’approvisionnement. « La notion de 100 % local est aussi un objectif à atteindre, indique Caroline Van Der Heijde, la directrice de l'Education de la Ville de Saint-Étienne. Un important travail de référencement auprès de plates-formes est en cours et la liste des denrées achetées et produites localement évolue au fil des semaines très favorablement. Le plan de mandat 2008-2014 vise le développement durable, la santé des habitants et de la planète, poursuit Caroline Van Der Heijde. Ces choix encouragent les La demande en repas bio a poussé la nutritionniste de la cuisine centrale d’Aubenas à solliciter la structuration de l’offre de produits bio de proximité. soit devenue municipale. J’ai proposé de la salade bio, pour changer les habitudes alimentaires des enfants, mais ça n’avait pas plu aux décideurs », témoigne Ghislaine Delubac, nutritionniste. L’alimentation bio s’est imposée en 2006, « entre temps, j’avais structuré mon réseau pour élargir la palette des produits. Je fais travailler des producteurs locaux pour presque tous les fruits et légumes, sauf les bananes et les clémentines. » Une structuration à la demande du client En 2014, les écoliers stéphanois consommeront des repas composés uniquement de produits bio. conversions de producteurs vers le bio, soutiennent l’économie locale, et la contractualisation sur des volumes sécurise les agriculteurs. » La cuisine centrale d’Aubenas utilise des produits agricoles biologiques pour les repas des écoliers depuis plus de 10 ans. « J’ai été embauchée en 1998, peu après que la cuisine centrale Ghislaine Delubac a alors sollicité la chambre d’agriculture de l’Ardèche pour réunir les producteurs bios locaux : « je souhaitais travailler par famille de produit, pour faciliter la gestion des approvisionnements. La chambre d’agriculture a réalisé un outil pour gérer l’offre. Il se présente sous la forme d’ un tableau des volumes consommés à différents moments de l’année. Les producteurs en ont connaissance au moment de la mise en place des cultures. » Bio à Pro (Rhône - Loire) Organiser l’offre de produits bio Bio à Pro structure l’offre de produits de l’agriculture biologique pour des entreprises de restauration traditionnelle et hors foyer. Bio à Pro alimente le marché de la restauration hors foyer, collective ou traditionnelle. Bio à Pro est une plate-forme logistique créée par et au service des agriculteurs bios du Rhône et de la Loire (80 %) et des départements limitrophes. Situé à Brignais (Rhône), cet outil alimente le marché de la restauration hors foyer, collective ou traditionnelle. Des prix uniques sont fixés pour les fruits et légumes : « Les producteurs s’entendent pour établir un prix commun, qui assure toutefois une rémunération correcte du travail de l’agriculteur », indique Mathias Sportis, l’un des salariés de Bio à Pro. « La plate-forme fonctionne sous le statut d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic). » Bio à Pro s’adapte aux demandes d’approvisionnement régulier ou ponctuel, besoins d’une seule famille de produits ou d’un repas complet, en proposant deux options, la sélection au sein du catalogue ou la mise à disposition d’un repas complet, à partir d’un menu à choix multiples. « Bio à Pro accomplit une actualisation quotidienne du catalogue des produits, pour la variété des gammes, les volumes fournis, le Bio à Pro s’adapte aux demandes d’approvisionnement régulier ou ponctuel. niveau de qualité et le conditionnement, à partir des remarques des donneurs d’ordre », indique Mathias Sportis. EXPÉRIENCES - APPROVISIONNEMENT LOCAL 3 Initiatives du Conseil général de l’Isère Une charte pour l’approvisionnement local À la Direction aménagement des territoires du conseil général de l’Isère, Christine Bosch travaille sur la charte de l’approvisionnement local en restauration collective et de la structuration de l’offre des filières locales. Christine Bosch, en charge du développement des circuits courts alimentaires au conseil général de l’Isère, décrit l’esprit de cette charte qui, selon elle, « traduit l’engagement du Département auprès de ses partenaires que sont l’État, l’Association des maires de l’Isère, les chambres de l’agriculture et des métiers pour consolider la commande publique vers un approvisionnement local ». La charte de l’approvisionnement local en restauration collective prolonge l’opération « Manger bio et autrement au restaurant scolaire » qui s’adresse aux 96 collèges du département. « Cette opération a permis en 2009 de servir 5 % de repas incluant des produits bios et locaux. Des pro- Faire connaître aux professionnels l’offre de produits locaux disponibles. duits fournis en majorité par une association : « Manger bio d’Ici Alpes Bugey » qui regroupe 45 producteurs locaux. » Cette opération concerne également les produits locaux pour lesquels seule la plateforme Récolter sur l’Isère rhodanienne propose une offre structurée. Sensibiliser les convives Pour développer l’approvisionnement en produits bio et locaux en utilisant le levier de la commande publique, le conseil géné- ral de l’Isère souhaite augmenter la demande dans les collèges en poursuivant la sensibilisation des convives, en formant les cuisiniers et en faisant connaître aux professionnels l’offre de produits locaux disponibles. « Le conseil général veut également toucher d’autres publics : les personnes âgées ou handicapées, la petite enfance et agir en structurant, en partenariat avec les chambres consulaires et les autres collectivités territoriales, un réseau de plates-formes alimentaires touchant les filières viande et légumes », précise Christine Bosch. Redonner des perspectives aux agriculteurs La politique agricole du Conseil général a évolué vers une politique alimentaire en circuits courts pour augmenter la valeur ajoutée pour les agriculteurs isérois et assurer et aux consommateurs de l’Isère et aux publics cibles des politiques départementales l’accès à une alimentation sûre, diversifiée et de qualité. Prestal (Rhône) Saveurs du coin (Rhône) La proximité pour un meilleur rendement des produits Organiser l’offre pour les producteurs Le restaurant interentreprises Prestal à Lyon réalise 30 % de ses achats en proximité. Ce choix doit se justifier par une meilleure qualité de produit et par un service logistique adapté à la restauration. Farine pour le pain, volailles, fruits et légumes, viande fraîche de bœuf et de porc, et vins viennent à 30 % de RhôneAlpes. « 90 % des fruits et légumes provenaient jusque-là d’un grossiste local, Bail Distribution, producteur d’une partie de sa gamme (salades, plantes aromatiques). Une fois par semaine, nous travaillons avec « Saveurs du coin », un groupement de producteurs, qui soigne la maturité, respecte nos de- mandes de calibres, de tarifs et de logistique », explique Ludovic Ligneau, responsable du restaurant de Prestal à Gerland (400 couverts). « Le nerf de la guerre, c’est un équilibre entre le prix, les conditions logistiques et la qualité. On peut concéder une évolution d’un des facteurs de cet équilibre en faveur du fournisseur, à condition d’apporter un meilleur service pour les deux autres », poursuit Ludovic Ligneau. La prise en compte des besoins du client se révèle cruciale dans le choix final d’un fournisseur. « Ceux qui livrent à 11 heures n’ont pas d’avenir dans le métier. Il faut que la prestation colle aux fonctionnements des cuisines pour les volumes et le conditionnement. Elle doit répondre aussi aux exigences de délais entre la commande et la livraison. » « Saveurs du coin », une initiative de la chambre d’agriculture du Rhône, assure dans le cadre d’une convention avec le Département, l’approvisionnement des collèges du Rhône. AnneLaure Davy coordonne le travail des producteurs. Comment Saveurs du coin, approvisionne la restauration hors foyer ? Anne-Laure Davy : « C’est Saveurs du coin qui reçoit les commandes et qui les répercute aux producteurs. Chacun livre une partie de sa production, le reste est écoulé à travers d’autres débouchés. L’association regroupe les différentes livraisons sur sa plate-forme et prépare les commandes, pour chacun des collèges engagé par la convention entre le conseil général et la chambre d’agriculture. » Qui fixe les prix ? A-L.D. : « En premier lieu les producteurs. C’est eux qui établissent le prix en fonction de leurs charges de production. Saveurs du coin intervient pour arbitrer l’ensemble des tarifs et veiller à la compétitivité de l’offre, ce qui engendre des ajustements. Nous justifions des prix plus importants par le meilleur rendement de nos produits lors de la cuisson ou de la consommation. Un fromage fermier apporte plus de nutriments qu’un fromage basique. Les cuisines centrales apprécient notamment nos pommes de calibre 70 ou 75, adaptée à la main enfantine. De plus elles sont entièrement consommées, ce qui génère moins de déchets. » INITIATIVES 4 Beviralp La formation pour organiser la filière viande L’interprofession de la filière viande en Rhône-Alpes (Beviralp) contribue à orienter l’approvisionnement de la restauration hors foyer vers la proximité, avec des outils pour optimiser la relation avec les fournisseurs. « Une formation est organisée pour les acheteurs et les cuisiniers pour simplifier leurs relations avec les professionnels de la viande, explique Sylvie Marion, chargée de communication auprès de Beviralp. La formation les © CA Rhône-Alpes Beviralp participe à l’effort entrepris pour développer les achats de proximité de la restauration hors foyer en Rhône-Alpes. La formation des professionnels, le guide d’utilisation des viandes et le cahier des clauses particulières sont les outils mobilisés. prépare à utiliser le cahier des clauses particulières (CCP) ou le logiciel Logavia, qui les aide dans la rédaction des appels d’offres. » Un guide d’utilisation des viandes est également édité par Interbev, l’interprofession nationale. « C’est une mine d’informations sur les viandes, sur le travail de la filière et sur les spécifications contenues dans la nouvelle procédure d’achat proposée par le cahier des clauses techniques. » Une formation organisée sur le site de la Société Deveille à Feurs. Beviralp contribue à assurer la proximité de l’approvisionnement de la restauration hors foyer. Initiatives du côté de la Haute-Savoie Travailler à relier l’offre à la demande En Haute-Savoie, les connaissances sur l’approvisionnement local de la restauration hors domicile sont étayées par le travail de la chambre d’agriculture, explique Brigitte Lecœur, sa responsable des « circuits courts ». Quel est l’état des lieux des produits locaux intégrés au marché de la restauration hors domicile en Haute-Savoie ? Brigitte Lecœur : « Nous avions besoin de savoir quelle était la demande en matière de restauration hors foyer car c’est un marché mal connu du monde agricole surtout des productions fermières et des petites exploitations. En Haute-Savoie, une première démarche a été initiée en 2010 coordonnée par la chambre régionale d’agriculture avec l’appui de la région Rhône-Alpes. Un questionnaire a été adressé aux collèges et lycées afin de savoir s’ils étaient intéressés par l’approvisionnement local. Le retour avec un lycée et treize collèges intéressés a été satisfaisant. Une autre prospective a été réalisée avec le Contrat de développement de Rhône-Alpes (CDRA) Usses et Bornes en direction des maisons familiales et des maisons de retraites présentes sur ce territoire. Aujourd’hui, nous savons de quoi est faite la demande. Il reste à cerner l’offre en produits locaux, c’est-à-dire repérer sur les territoires quels sont les produc- teurs qui peuvent fournir quoi, combien, quand et dans quelles conditions de prix. » Justement quelle logistique d’approvisionnement envisagez-vous ? B.L. : «Deux modes vont fonctionner pour l’approvisionnement : soit un recrutement des producteurs au niveau micro local soit une logique d’approvisionnement de filière. C’est l’étude économique pour chaque produit qui déterminera le mode le plus adapté. D’autres formes d’approvisionnement peuvent émerger. Je pense à un appel d’offres des communes de Cran-Gevrier et Seynod pour fournir les cantines de leurs écoles primaires. Le point de vente collectif « Au rendez-vous du terroir » à Annecy s’est mobilisé pour y répondre. Une autre expérience, portée par l’Assemblée des Pays de Savoie(1), vise à créer, dans un même espace, un point de vente collectif, une livraison de paniers et une plate-forme pour approvisionner un collège, un lycée et une maison de retraite. En un seul lieu, trois types de commercialisation cohabitent.» Quel est le rôle de la chambre d’agriculture dans ces initiatives ? B.L. : « Elle a un rôle de médiation et de sensibilisation auprès des cuisiniers et des gestionnaires qui ne connaissent pas forcément les contraintes de l’acte de production ou de transformation d’autant qu’il n’existe pas dans les textes de définition du produit local. Par ailleurs, souvent les agriculteurs Brigitte Lecœur, responsable « circuits courts » à la chambre d’agriculture de la Haute-Savoie. sont réticents aux procédures très administratives des appels d’offres. Il faut justifier de ses pratiques, décrire son cahier des charges et son produit. Il faut s’inscrire dans une démarche de traçabilité, respecter le paquet hygiène… Bref, la chambre d’agriculture est là aussi pour expliquer les textes et aider l’agriculteur à les respecter. Mais cette démarche doit être perçue comme un investissement car, un marché remporté, c’est un débouché assuré pour trois ans ! » (1) Assemblée informelle qui réunit les conseils généraux de Savoie et de Haute-Savoie pour prendre des initiatives communes aux deux départements. 5 INFORMATIONS - ENQUÊTE Étude Draaf S’approvisionner en produits locaux ou bio demande un vrai engagement Une étude de la Draaf Rhône-Alpes réalisée en 2010 indique les pratiques de l’approvisionnement local et/ou biologique en RhôneAlpes. L’enquête de la Draaf Rhône-Alpes révèle que 56 % des cuisines de la restauration hors foyer (RHF) font régulièrement appel à des produits régionaux mais seulement 11 % proposent régulièrement des produits à la fois biologiques et locaux. L’augmentation de l’approvisionnement local ou bio n’est un projet que pour 36 % des cuisines enquêtées. C’est la contrainte d’une offre insuffisante en produits locaux ou biologiques qui est citée par les cuisiniers comme le principal obstacle à un approvisionnement local ou bio. Les nombreux obstacles au développement d’un approvisionnement de proximité tiennent essentiellement à la méconnaissance mutuelle des acteurs. Les producteurs sont peu informés des circuits d’approvisionnement de la RHF, des intermédiaires et des distributeurs. Facteur aggravant, les acteurs de la restauration collective existent sous des formes multiples : gestion directe (cuisine centrale municipale) ou indirecte (sociétés prestataires), cuisine sur place... Les restaurateurs méconnaissent la saisonnalité des produits et leur disponibilité au cours de l’année. La transition du recours au grossiste vers Pas de définition du produit local Les textes restent muets sur la définition juridique d’un produit local ou de proximité. En effet, s’agit-il d’une aire géographique ou d’une distance kilométrique ? Et de quelle aire ou de quelle distance parle-t-on ? L’étude de la Draaf retient que « les produits locaux sont des denrées agroalimentaires produites ou transformées dans la région Rhône-Alpes. » Le réseau Liproco établit que « les circuits courts de distribution des produits alimentaires se caractérisent par la proximité entre producteurs et consommateurs ». La proximité géographique exige d’être organisé pour rendre les produits facilement accessibles. « Mais la proximité doit aussi être rendue visible (proximité relationnelle par contact direct avec le producteur), faire l’objet d’un partage de valeurs (proximité identitaire) et d’une connaissance des processus de vente et de production (proximité de processus). » Des facteurs de réussite L’étude de la Draaf préconise plusieurs préalables pour favoriser la structuration de l’offre de produits de proximité. Les besoins des restaurants doivent être identifiés et planifiés. Les cuisiniers doivent anticiper les commandes et s’engager à contractualiser avec les producteurs pour favoriser la structuration des filières agricoles. Les restaurateurs ou les cuisines de la restauration collective doivent disposer de moyens humains pour la préparation de produits bruts, assimiler les spécificités des produits bio, notamment leur calendrier parfois décalé. D’autre part, un guide réalisé par la Draaf, pour favoriser une restauration collective de proximité et de qualité, est accessible en ligne sur son site web. Il permet, tout en respectant le code des marchés publics, d’identifier les leviers d’actions pour s’engager dans l’approvisionnement local. De plus, l’engagement du ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, de traiter cette question de l'approvisionnement local des cantines et du code des marchés publics s’est concrétisé par un décret publié le 25 août dernier faisant évoluer le code. Il est dorénavant possible dans les critères d'attribution du marché, de privilégier l'approvisionnement direct de produits de l'agriculture. Mais qui dit di- Le guide : Favoriser une rect ne dit pas restauration collective de f o r c é m e n t proximité et de qualité. local. C'est tout de même un pas important pour favoriser la vente directe (remise directe par le producteur ou 1 seul intermédiaire). Il ne reste plus qu’à voir comment les acheteurs publics vont, dans les jours à venir, s'approprier cette nouvelle possibilité. Note : l’étude complète est accessible sur le lien : www.draaf.rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/ Restauration-collective-Mangeons > Des freins à lever les circuits courts complique leur métier car la mise en place d’un approvisionnement local et pérenne nécessite d’impliquer tous les intermédiaires. Par ailleurs, pour certains d’entre eux, l’achat est encadré par le code des marchés publics qui n’autorise pas explicitement une préférence locale. Enfin, les restaurateurs méconnaissent la saisonnalité des produits, leurs disponibilités au cours de l’année mais aussi leurs caractéristiques techniques. Ainsi, dans les cahiers des charges, on peut trouver des clauses techniques qui ne permettent pas de trouver le produit localement. . Chiffres… Les produits locaux Les produits de proximité les plus utilisés en Rhône-Alpes : Le pain (80 %), les légumes (57 %), les fruits (56 %), la volaille et les viandes (46 %), les fromages (18 %), les yaourts et produits laitiers (15 %), les viennoiseries et pâtisseries (11 %). Rhône-Alpes compte 6 882 unités de restauration collective qui servent 273 121 300 repas par an, dont 60 % en gestion directe et 64 % en gestion indirecte. Quel prix pour un repas en restauration collective ? Selon une enquête* de la chambre régionale d’agriculture, les variations du prix d’un repas d’un établissement à l’autre sont très importantes, presque du simple au double ! En moyenne, le coût matière d’un repas réalisé avec des produits provenant des circuits de la grande distribution est de 1,65 euro. Le repas conçu avec des produits locaux est plutôt à 2 euros. Mais ce surcoût peut être compensé par une meilleure politique d’approvisionnement. De plus, les produits achetés localement, en raison de leur fraîcheur, sont plus faciles à cuisiner et produisent moins de déchets. De son côté, Corabio situe un coût matière entre 2,50 et 3 euros par repas en produits locaux bio. La restauration hors foyer fait régulièrement appel à des produits régionaux. * accessible sur achatlocal-consorhonealpes.com rubrique lien utile. 6 CONTACTS ET RESSOURCES Laurent Joyet Organiser des circuits de proximité, c’est regarder loin Contacts Laurent Joyet est chef du projet restauration collective à la chambre régionale d’agriculture de RhôneAlpes. Pour lui, l’agriculture de Rhône-Alpes est culturellement en phase avec les circuits de proximité. « Depuis toujours, les agriculteurs de Rhône-Alpes sont ouverts au marché de proximité d’une région qui compte six millions de consommateurs et le Grenelle de l’environnement a pointé l’incohérence d’une alimentation massivement fondée sur des produits qui traversent les continents ». Aussi, la chambre régionale d’agriculture plaide pour marier les différents modes de commercialisation. « Nous avons besoin de consolider tous les circuits en les conjuguant », observe Laurent Joyet. D’autre part, les circuits de proximité, notamment pour répondre aux exigences de la restauration collective, doivent s’organiser tout en veillant à la rentabilité économique pour le producteur. C’est d’ailleurs avec cette ambition que les chambres d’agriculture de Rhône-Alpes se Chambre d’agriculture de l’Ain • Pierre Degez - 04 74 45 47 20 [email protected] • Jean-Daniel Ferrier - 03 85 23 91 30 ou 91 32 - [email protected] Chambre d’agriculture de l’Ardèche Nicolas Sabot – 04 75 20 28 00 [email protected] Laurent Joyet : « Nous avons besoin de consolider tous les circuits en les conjuguant ». sont engagées dans un projet visant à identifier les systèmes de production adaptés aux exigences des marchés de la restauration collective (Casdar - projet « réalisabe »). Il cite le foisonnement d’initiatives locales pour un approvisionnement local de la restauration collective. « C’est bien, mais si chaque collectivité crée sa propre plate-forme d’achats sans réfléchir avec d’autres à la mutualisation de ces outils, on risque de recréer des charges au détriment du revenu des producteurs ». Zoom Un site de mise en relation Le site www.achatlocal-consorhonealpes.com permet de mettre en relation l’approvisionnement local et la restauration collective en Rhône-Alpes. Il rassemble un annuaire de près de 300 fournisseurs, un centre de ressources documentaires et un lieu d’échange de bonnes pratiques. Les acheteurs de la restauration peuvent consulter un annuaire de fournisseurs qui ont fait la démarche de se faire référencer sur le site, à partir d’un formulaire de recherche. Ils peuvent également faire connaître leurs besoins aux fournisseurs référencés sur le site. Dans ce cas, ce sont les fournisseurs qui rentrent en contact directement avec eux ! En 2012, une nouvelle fonctionnalité du site permettra une géolocalisation des fournisseurs et des acheteurs devant factiliter cette mise en relation. Le référencement sur le site est gratuit et ouvert à tous fournisseurs intéressés par ce marché de la restauration collective. Ils s’engagent sur l’origine locale de la matière première qu’ils utilisent. Après trois ans d’activité le site comptabilise plus de 2 000 visites par mois. Site soutenu par la Draaf RhôneAlpes dans le cadre du plan national de l’alimentation. Chambre d’agriculture de la Drôme Jean-Michel Costechareyre – 04 75 82 40 00 [email protected] Chambre d’agriculture de l’Isère Denis Vromandt – 04 76 20 68 37 [email protected] Chambre d’agriculture de la Loire Stéphanie Delefosse – 04 77 91 43 35 [email protected] Chambre d’agriculture Rhône Marie-Pierre Couallier – 04 78 44 37 73 [email protected] Chambre d’agriculture Savoie/Haute-Savoie Brigitte Lecoeur – 04 50 88 18 27 [email protected] Chambre régionale d’agriculture Laurent Joyet –04 72 72 49 30 [email protected] Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) Rhône-Alpes : Elisabeth Manzon - ✆ 04 78 63 13 86 [email protected] Chambre Régionale d’Agriculture Rhône-Alpes R 23, rue J. Baldassini - 69364 LYON cedex 07 Tél. : 04 72 72 49 10 - Fax : 04 78 61 76 76 E-mail : [email protected] Directeur de Publication : Paul GAUDRON Diffusion : sur http://rhone-alpes.synagri.com Rédaction : Frédéric Renaud, Maquette et mise en page : Apasec - Agrapole Tél. 04 72 72 49 96 Commission paritaire n°2098 ADEP. ISSN 1254-4914 Reproduction même partielle interdite, sauf autorisation. Périodicité : trimestrielle. Dépôt légal : 4e trimestre 2011.