L`homme et son rapport au monde - Compétences

corrigé bac 2012
Examen : Bac Pro
Epreuve : Français
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RAPPEL DU SUJET
SUJET 1 : COMPETENCES DE LECTURE
Objet d'étude : au XXe siècle, l'homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts
Texte 1
Je ne suis qu'un cri
Je n'ai pas de fil à la patte
Je ne viens pas d'une écurie
Non je ne suis pas diplomate
Je n'ai ni drapeau ni patrie
Je ne suis pas rouge écarlate
Ni bleu ni blanc ni cramoisi
Je suis d'abord un cri pirate
De ces cris-là qu'on interdit
Je ne suis qu'un cri
Je ne suis pas cri de plaisance
Ni gueulante de comédie
Le cri qu'on pousse en apparence
Pour épater la compagnie
Moi si j'ai rompu le silence
C'est pour éviter l'asphyxie
Oui je suis un cri de défense
Un cri qu'on pousse à la folie
Je ne suis qu'un cri
Pardonnez si je vous dérange
Je voudrais être un autre bruit
Etre le cri de la mésange
N'être qu'un simple gazouillis
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Tomber comme un flocon de neige
Etre le doux bruit de la pluie
Moi je suis un cri qu'on abrège
Je suis la détresse infinie
Je ne suis qu'un cri
Chanson de Jean Ferrat
(Paroles de Guy Thomas) - (1985)
Texte 2
Camus imagine dans le roman La Peste qu'une épidémie s'est répandue dans une ville. Il raconte la mise en
quarantaine de cette ville et la lutte que quelques personnages, dont le docteur Rieux, vont mener contre ce fléau
terrible.
Au milieu des cris qui redoublaient de force et de durée, qui se répercutaient longuement jusqu'au pied de la
terrasse, à mesure que les gerbes multicolores s'élevaient plus nombreuses dans le ciel, le docteur Rieux décida alors
de rédiger le récit qui s'achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés,
pour laisser du moins un souvenir de l'injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce
qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser.
Mais il savait cependant que cette chronique ne pouvait pas être celle de la victoire définitive. Elle ne pouvait être
que le témoignage de ce qu'il avait fallu accomplir et que, sans doute, devraient accomplir encore, contre la terreur et
son arme inlassable, malgré leurs déchirements personnels, tous les hommes qui, ne pouvant être des saints et
refusant d'admettre les fléaux, s'efforcent cependant d'être des médecins.
Ecoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était
toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la
peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le
linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs, et les paperasses, et que,
peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les
enverrait mourir dans une cité heureuse.
Albert Camus
La Peste, dernière page (1947)
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Evaluation des compétences de lecture (10 points)
Présentation du corpus
Question n°1 : Présentez, en trois à six lignes, les textes du corpus en montrant leurs différences et cependant la
thématique qui les unit. (3 points)
Analyse et interprétation
Question n°2 : Texte 1. Comment Jean Ferrat présente-t-il ce qu'il veut être et les valeurs qu'il défend ? (3 points)
Question n°3 : Textes 1 et 2. En quoi le rôle que Rieux accepte d'assumer rejoint-t-il celui que choisit la chanson ? (4
points)
LE CORRIGÉ
Les questions de lecture orientent l'écriture. Les questions de lecture et l'écriture ne sont pas rédigées entièrement, il
manque des connecteurs entre les parties ou entre les phrases.
Compétences de lecture
I - LA FICHE SIGNALETIQUE
Type de sujet : compétences de lecture
Genre requis : questions de lecture, analyse et interprétation.
Particularités du sujet :
Deux textes de genres différents : l'un issu du genre poétique (chanson de Ferrat), l'autre extrait d'un roman de Camus,
La Peste, traitant d'une même thématique : l'engagement.
La lecture attentive des trois questions permettait d'analyser et d'interpréter les deux textes (rôle du poète et du
romancier).
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II - UN TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET
Présentation du corpus
Présentez, en trois à six lignes, les textes du corpus en montrant leurs différences et cependant la thématique
qui les unit (3points).
Le texte 1 " Je ne suis qu'un cri " est un texte de chanson dont les paroles ont été écrites par Guy Thomas et chantées
par Jean Ferrat. Ce texte appartient donc au genre poétique (présence de strophes, de refrain, de rimes).
Le texte 2 tiré de La Peste, de Camus relève du genre romanesque, il s'agit d'un récit fictif, cet extrait clôt le roman.
Si ces deux textes appartiennent à deux genres différents, ils sont tous deux du XXème siècle (1985 et 1947) et traitent
d'une même thématique qui est l'expression de l'individu par le " cri " : son engagement, la défense de ses valeurs
(courage, dénonciation, partage).
Analyse et interprétation
Texte 1. Comment Jean Ferrat présente-t-il ce qu'il veut être et les valeurs qu'il défend ? (3 points).
Cette question ne porte que sur le premier texte.
La chanson, texte poétique " Je ne suis qu'un cri ", met en scène un " je " qui représente le chansonnier Jean Ferrat :
anaphores " je ", structure répétitive par le refrain : « Je ne suis qu'un cri », mais également dans les strophes avec une
affirmation de l'énonciateur, ici Jean Ferrat " Je ne suis pas.. "
Le poète s'affirme par le refus : beaucoup de négations (je ne suis pas, répétition du " ni "). Il se définit comme
un homme libre qui n'appartient à aucun parti, qui refuse la complaisance.
Le texte est construit par une gradation du refus que fait Jean Ferrat, à ce qu'il veut être et ce qu'il aurait aimé être.
Jean Ferrat affirme son opinion, il défend ce que les autres ne défendent pas, ce que les autres taisent. Il défend des
valeurs de courage (il prend position), de solidarité et de respect des autres avec qui il préfèrerait partager des
moments plus heureux " n'être qu'un simple gazouillis ". Il parle en son nom mais comme chansonnier il se fait
porte-parole des gens qui se taisent, ceux en détresse : " Je suis la détresse infinie ".
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Textes 1 et 2. En quoi le rôle que Rieux accepte d'assumer rejoint-il celui que choisit la chanson?
Cette question découle de la question 2 et s'appuie sur les deux textes qu'il s'agit alors de comparer.
Rieux décide dans cet extrait de rédiger le récit de la mise en quarantaine due à la peste. Tout comme Jean Ferrat, il
décide de raconter " pour ne pas être de ceux qui se taisent ", il s'engage alors à témoigner. Le rôle de Rieux est de
parler pour ceux qui ne peuvent plus parce que morts de la peste. Il veut à travers leur souvenir, leur rendre justice.
Il rend hommage au courage des hommes qui dans des situations desespérées trouvent la force d'accomplir leur
tâche, parce " qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ".
Si l'allégresse est présente, il faut être attentif toutefois et ne pas oublier;
Si le rôle du chansonnier est de partager et de clamer tout haut ce que beaucoup ne peuvent dire, celui du romancier
est de raconter pour ne pas oublier. Car si le cri se tait, il peut rester tapi pour finir un jour par se réveiller.
Leur rôle est donc celui de tenir les consciences éveillées l'un par la chanson, l'autre par le récit.
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