Le chant de l`alouette Or sus vous dormez trop madame

Transcription

Le chant de l`alouette Or sus vous dormez trop madame
Le chant de l’alouette
Or sus vous dormez trop madame joliette
Escoutez l’alouette
Petite que dit Dieu, Il est jour
Que dit Dieu : Qu’on tue ce faulx jaloux cornu coqu
Tout chassieulx, tout esperdu, tout marmiteux, tout malostru, tout farcineux
Il ne vault mie les brayez d’un vieux pendu
(Te rogamus audi nos sainctes teste dieu)
Qu’il soit torché, dessiqueté, battu, frappé, qu’il soit bruslé, qu’il soit hullé,
Ce coquin, marrault, lourdin, lourdaut, petin, petaut, nygault, bedin, bedault, vessin, vessaut
Hou hou qu’il est laid le jaloux !
Qu’il soit lié, très bien bagué, serré, troussé fort garroté, et puis getté en ung fossé
Ce vilain cornu coqu
Va faulx truant, coquin puant, tout mal pensant et mesdisant,
On vous faict savoir par les oyseaulx que courez tost pour voir
Par mons et par vaulx, Le traistre coqu, teigneux, tondu, morveulx, bossu, boiteux, tortu, rongneulx,
testu, brigueulx, batu.
Ou aultrement qu’il seuffre
Quand à sa femme on s’offre de la baiser, de l’acoler, de l’embrasser et renverser,
Que chascun fasse son plaisir
Laissez-la esjouir, sauter jouer gaudir, chascun entretenir
Parler à son plaisir, veiller et dormir, croquer à plaisir
Ou aultrement va t’en mourir.
Lexique : chassieulx = qui a de la chassie (substance visqueuse et jaunâtre qui se dépose sur le bord
des paupières, beurk !) ; farcineulx = la victime d’une farce (bonne ou mauvaise !) ; brayez =
pantalon ; torcher = mettre le feu ; hullé = huilé, plongé dans l’huile (bouillante !) ; petaut = pataud ;
vessaut = qui lâche des « vesses » (gaz fétides, sans bruit, par l’anus, sic. !) ; garotté = pendu au
moyen d’un anneau de fer, ou du mot garrot = trait d’arbalète ; tortu = tordu ; rongneulx = poss. tête
à claques , ou chauve ; brigueulx = qui cherche la bagarre.
En gros ce qui se dit : C’est l’histoire d’un mec…
Non. Le point de départ est une rumeur colportée par les oiseaux dont la fameuse alouette. Ce texte
est le discours de l’alouette qui rapporte les propos du village. C’est l’histoire donc d’un mec qui
apparemment a une femme plutôt pas mal et qui ne dit pas toujours nenni. Tout ce que veulent les
autres (surtout les damoisaulx) c’est d’en jouir mais le mari constitue un obstacle. Bref pour s’en
débarrasser ils proposent toutes sortes de réjouissances.
Las on peult juger
Las on peult juger clerement
Pour le plaisir de la présence
Quelle douleur et quel tourment
Me viendra du mal de l’absence
Je vois mon cueur qui ja commence
A sentir ce département
L’espérance sans asseurance
Peu dure ton contentement.
Lexique : département = départ.
Non je ne vous prend pas pour des quiches, mais je fais quand même une traduction (au cas où !). Ici
le verbe juger se prend dans le sens de jauger, fixer un prix. Donc : Hélas on peut estimer la valeur du
plaisir que me procure sa présence, mais aussi la douleur et le tourment qui me viendra de son
absence. Mon cœur ressent déjà son départ et l’espoir incertain de la revoir rend mon bonheur court.
Hey les gars si jamais vous voulez emballer dites des choses comme ça ! Bref c’est quand même
quelqu’un qui projette l’absence de s’amie et qui le rend déjà malheureux. J’ai volontairement
supprimé le « O » avant l’espérance pour respecter la mesure d’octosyllabe.
J’atens le temps
J’atens le temps ayant ferme espérance
En ce vouloir mes jours je fineray
En attendant aultre ne serviray
Tant m’est de vous douce la souvenance.
Re-traduction au cas où : Je suis dans l’attente mais rempli d’espérance. J’observerai cet état jusqu’à
la fin de mes jours et aucune autre ne servirai, tant le souvenir que vous m’avez laissé m’est doux.
Ma peine n’est pas grande
Ma peine n’est pas grande
Pensant de mieulx avoir
Tout ce que je demande
Ce n’est que de la voir.
Ne pensez pas vous aultres amoureulx
Que comme vous je soys si langoreulx
Je suis plus à mon aise
Quand la voys resjouir
Ou bien quand je la baise
Que n’estes d’en jouir.
Si j’en ai quelque peine
Vous avez le tourment
Ma peine m’est certaine
D’avoir contentement
J’ai vu le temps que j’eusse aultrement dit
Mais je prétens avoir si bon crédit
Car elle m’est fidèle
Sans nulle trahison
Dont me contente d’elle
N’ai-je pas bien raison.
Traduction : Je ne suis pas si malheureux en espérant avoir quelqu’un de mieux. De la voir cela suffit
à mon bonheur. N’imaginez pas vous qui êtes amoureux, que je sois comme vous langoureux, je
préfère la voir en joie et la baiser. Si parfois il m’arrive d’avoir quelques peines vous endurez de longs
tourments, ma peine à moi m’est certaine de finir en joie. Il fut un temps où je pensais différemment,
mais à présent je prétends être dans le bon jugement ; car elle m’est fidèle et ne me trahit jamais,
donc de me contenter d’elle n’ai-je pas bien raison.
Allon, gay bergère
Allon, gay, gay
Gay Bergères,
Soyez légères
Suivez moy
Allon voir le Roy
Qui du ciel en terre est nay.
Un beau présent luy feray
De quoy ?
De ce flageolet que j’ay tant gay.
Ung gasteau luy donneray
Et moy,
Plain hanap luy offriray.
Ho, ho, paix-la je le voys
Il tette bien sans le doigt le petit Roy
Allon gay, gay,
Gay, Bergères
Soyez légères
Le Roy boit.
Lexique : hanap = coupe, vase à boire avec un couvercle.
La prise de Calais
Hardis Françoys et furieux Normantz
Picardz, Bretons Gascons et Rochelloys.
C’est à ce coup sans plus estre dormantz
Que de Calais faut chasser les Angloys.
Tabours, clairons bruyez, faictes effroys
Tonnez canons renversez les rempars.
Marchons soldatz les rempars sont espars
Entrons dans l’eau et passons les fossez
Rend toy Calais, cache tes estendars
A mort canaille, à mort à mort passez.
France par terre et par la mer aussi
Dedens, victoire à vous Françoyse
Las je me rendz et plus ne suis Angloyse
Nobles Françoys avez de moy mercy
Sans nul bon droit l’Angloys me print icy
Me captive en orgueilleux lien
Bienvenu soys car à toy j’appartien,
Roy des Françoys justement m’a conquise
Fuy donc de moy Angloys et ta fierté
Car c’est vain qu’on garde la cité
Si le bon Roy n’en a la garde prise.
Là vraiment si il y a des mots que vous ne comprenez pas vous avez un dico chez vous !
Je vais juste retraduire les quatre derniers vers : Le roi des français m’a de droit reconquise, va t’en
anglais avec ta fierté car il ne nous sert à rien d’être en la cité si le bon roi n’en a pas le droit de
réquisition (droit de gîte).
Mon amy m’avoit promis
Mon amy m’avoit promis une si belle ceinture
Il ne me l’a point donnée
Il me l’a bien cher vendue
Ay dit Marion
Ay vous me deschirez mon plisson
Quand le berger vit la bergère
Quand le berger vit la bergère
Dessus la verdure à loisir
Il vint d’une course légère
Et droit au col la va saisir
Oh quel désir, oh quel plaisir il avoit d’embrasser sa dame
Ha je le vis si fort ravi que je pensois qu’il rendit l’âme.
Tu disois
Tu disois que j’en mourroys
Menteuse que tu es
Ta mère n’en mourut pas
Je feray fourbir mon bas
Si je ne suis mariée
Voire, tu disois, tu l’as dit
Tu disois que j’en mourroys
Menteuse que tu es
Je n’aimeray jamais grant homme
J’aimeroys mieux petit homme
Le petit serre de prez
Et voire voire.
Lexique : fourbir = faire briller.
D’après ce que je comprends, c’est le dialogue entre deux femme où il question de mariage. L’une
soutient à l’autre qu’elle en mourrait si elle ne se ,mariait pas. D’après son expérience l’autre lui dit
que non. Que par défaut elle fera « briller son bas » comprenez donc reluire son anatomie…(mais de
quel bas peut-elle bien parler ?) Jamais elle ne pourra aimer un grand homme (les grands
sentiments), mais elle préfère les petits, car le petit l’étreint plus étroitement. C’’est la seule explication
plausible que j’ai trouvé pour le petit serre de prez.
Mille regretz
Mille regretz de vous abandonner
Et d’eslongier vostre fache amoureuse.
J’ay si grant doeul et peine doloreuse
Qu’on me verra brief mes jours deffiner.
Mille regrets de vous abandonner et d’être éloigner de votre visage amoureux. J’ai si grand deuil et
peine douloureuse qu’on me verra vite mourir.
Or vien, ça
Or vien, ça vien m’amie Perette
Or vien, ça vien ici jouer.
Ton cul servira de trompette
Et ton devant fera la fête
S’il te plait de nous le louer.
De ce je n’en veut mie
Or vien, ça vien m’amie
Et en jour de ma vie
Je n’y voulut penser.
Ta musette godinette
Nous fera danser
Sur l’herbette frisque et nette
Puis recommancer
Nous dirons une chansonnette
Et sur la plaisante brunette
Nos deux corps iront s’éprouver.
J’en ai si grand envie
Or vien, ça vien m’amie
Qu’a peu que ne dévie
Plus ne m’y faut penser.
Mignonnette joliette veux-tu t’avancer
En chambrette bien secrète
Le jeu commencer.
Lexique : godinette = « cochonne » (débauchée) ; frisque = fraîche.
Ambiguïté dès le départ, vien ça peut signifier « viens ici ! » mais aussi m’amie, ça vient le jus
monte…Bon après on comprend bien qu’il veut la prendre par devant et par derrière si elle veut se
laisser faire. La fille en question s’y refuse farouchement, mais à l’homme d’insister. La musette figure
le « sac » de la fille, bref vous m’avez comprise… et cette musette en question les fera danser sur
l’herbe fraîche et nette (ça fait un peu Narta) et en plus ils vont remettre ça ! Puis il lui propose d’aller
avec lui sur une tierce personne, la brunette en question. Voilà une charmante proposition de
partouze qui met la première dans tous ses états, car rien que d’y penser elle en devient folle !. Et
pour la fin je vous laisse apprécier.
Martin menoit son pourciau
Martin menoit son pourciau au marché
Avec Alix qui en la plaine grande
Pria Martin de faire le péché
De l’un sur l’autre ; et Martin lui demande :
Et qui tiendroit notre pourciau, friande ?
Qui, dit Alix bon remède il y a
Lors le pourciau à sa jambe lia
Et Martin juche qui lourdement engaine
Le porc eut peur et Alix s’écria
Serre Martin, notre pourciau m’entraîne.
Frère Thibault
Frère Thibault séjournoit gros et gras
Tiroit de nuyt une garse en chemise
Par le treillis de sa chambre, ou les bras
Elle passa puis la teste y a mise.
Et puis le sein, mais elle fut bien prise
Car le fessier y passer ne peult onc
Par la morbieu ! ce dict le moine adonc.
Il ne m’en chault de bras tétin ne teste
Passer le cul ou vous retirez donc
Je ne saurois sans luy vous faire feste.
Lexique : treillis = grillage.
Ung laboureur
Ung laboureur au premier chant du coq
Coquericoq sur son labeur se rue
En labourant plante charrue et soc
Si tresavant que peult tirer charrue.
Moreau derrière hennit et bayard rue
Hau hure hau, dict-il de bonne grace
Tirez tout doux car ceste terre est grace
Après ce coup espandra la semence
Encore un coup dit une jeune garce
Ha, dict il lors, pas n’a fait qui commence.
Lexique : tresavant = il va encore plus loin et plus profond ; moreau = cheval brun/noir ; bayard =
cheval bai.
Au joly boys
Au joly boys en l’ombre d’ung souci
M’y faut aller pour passer ma tristesse
Rempli de deuil, d’un souvenir transi
Manger m’y faut maintes poires d’angoisse.
En ung jardin rempli de noires flours
De mes deux yeulx feray larmes et plours.
Fi de liesse
Et hardiesse
Regretz m’oppresse
Puisque j’ay perdu mes amours.
Las trop j’endure
Le temps m’y dure Je vous asseure
Soulas vous n’avez plus de cours.
Lexique : poires d’angoisse = instrument de torture qui servait de bâillon ; soulas = soulagement,
consolation, réjouissance.
La Bataille de Marignan
Escoutez tous, gentilz galloys
La victoire du noble Roy Françoys
Et orrez si bien escoutez des coups ruez de tous costez
Phifres soufflez, jouez, frappez tabours
Tournez virez faictes vos tours.
Avanturiers bons compaignons
Ensemble croisez vos bastons
Bendez soudains gentilz gascons
Haquebutiers faictes vos sons
Nobles sautez dans les arçons
Comme lyons
Armés bouclés frisques mignons
La lance au poing, hardis et promptz
Donnez dedans, frappez dedans
Soyez hardis en joye mis
Chacun s’assaisonne
La fleur de lys, fleur de hault pris y est en personne
Suyvez Françoys ! Alarme ! Suyvez la couronne
Sonnez trompettes et clairons
Pour resjouir les compaignons.
Fan frelelelan fan, farirarira (trompettes)
Boutez selle. Avant gens d’armes à cheval
Tost à l’estendars
Tonnez bruyez, bombardes et canons
Tonnez bruyez gros courtaux et faulcons
Pour secourir les compaignons
Von patipatoc (flèches, balles et pas de chevaux)
Donnez des horions.
Chipe chope, torche lorgne tricque trac, serre !
A mort, à mort, courage gentilz gallans
Frappez tuez, soyez vallans,
Courage frappez dessus ! Ruez dessus, France
Ils sont confus ils sont perdus
Escampe, toute frelore
La tintelore
Ils sont desfaitz
Victoire ! victoire au noble Roy Françoys
Escampe tout est frelore, bigot
Lexique : haquebutier = arquebusier (soldat possédant une arme à feu en usage du XV° au XVII° s) ;
frisque = gaillard, vif, fort, violent ; assaisoner = ? par déduction former un groupe pour monter à
l’assaut ;bombarde = machine de guerre ; courtaux = couteaux ( ?) ; faulcon = pièce d’artillerie en
usage aux XVI° et XVII° s ; horion = coup violent donné à quelqu’un ; torche = flambeau ; lorgne =
myope ; gallans = vaillant ; escampe = (eschamper) fuir du champs de bataille ; tout est frelore =
(tot est forelore) c’est peine perdue.
Voulez ouyr les cris de Paris
Voulez ouyr les cris de Paris
Ou sont ilz ces petits pions
Pastez tres tous chaulx, qui l’aira
Vin blanc cleret, vin vermeil à six deniers
Casse museaux tous chaulx, tartelettes friandes
Je les donne, je les vends pour ung petit blanc
A la belle gauffre
Et est a l’enseigne du berseau qui est en la rue de la Harpe
Sa aboyre, ça
Vin aigre, moustarde fine
Harenc blanc, harenc de la nuyt
Fault-il point de saulce vert.
Cotrez secz. Souliers vieux
Arde busche
Choulx gelez
Hault et bas ramonez les caminades
Qui veult du laict ?
C’est moy, je meurs de froit
Poys verts
Mes belles lestues mes beaulx cibotz
Doulce guigne
Fault-il point de sablon ?
Voire joly
Argent m’y fault, argent m’y duit
Gaigne petit
Alumet
Pruneaux de Saint Julien, febves de Maretz
Je fais le coqu moy
Ma belle porée, mon beau persin, mes beaux espinards, ma belle oseille,
Peches de Corbeil
Orenge
Pignes vuidez
Charlotte m’amye
Apetit nouveau petit
Amendez vous dames
Alemande nouvelle
Navetz, mes beaux balais
Rave doulce,
A ung tournoys le chapelet, chervis
Marrons de Lyon
Mes beaux pesons
Vin nouveau
Alumettes seches
Fault-il point de grois
Choulx tous chaulx
Et qui l’aura le moule de gros boys
Eschaudez chaux
Seche bourrée
Serceau, beau serteau
Arde chandelle
Falourde
A Paris sur petit pont, geline de feurre
Si vous en voulez plus ouyr
Allez les donc quere.
Lexique : pastez = pâtés ; pions = ( ?) passants ;aira = aura (du verbe avoir) ; cleret = clairet ; casse
museaux = casserole d’une préparation de charcuterie à base de mufle et de menton de porc ou de
bœuf, cuite pressée et moulée ; enseigne = point de ralliement ; berseau = berceau ou cible ;aboyre
= de aboivre et aboivrement action de boire, de faire boire et droit sur le vin et autres boissons
exposées au marché ; blanc = lait, crème ; trouvé par hasard dans le dico : le jeu de la verte = je de la
cotte verte qui consistait à jeter une fille sur l’herbe en folâtrant avec elle (Au jeu de la verte l’a prise) ;
cotrez = (pluriel de cotre) matelas, lit de plume ; arde = ardent, en feu ; gelez = en gelée ; cibot =
ciboule, ciboulette ou sabot ; guigne = cerise d’une variété à chair molle et sucrée, à jus coloré ;
sablon = sable ou fourrure de martre, zibeline ; porée = poireau ; persin = (peresin, peresil) persil ;
Corbeil = ville de l’Essonne ; pigne = peigne ou petit pot de terre, marmite, chaudière ; apetit =
désir ; amender = réparer, faire des excuses ; alemande = amande ; rave = plante potagère comme
le navet, le radis ou le raifort ; tournoys = tornois épithète de denier ou de livre (monnaie frappée à
Tours) ; chervis = 3 possibilités chaussure de mauvaise qualité ou biche ou bière (cervoise) ;
chapelet = petit chapeau ; peson = petit pois ; grois = caillou, gravier ; moule de gros boys =
meule, tas de bois ; eschaudé = qui a subi un échaudage (par ex. du blé échaudé) ou gâteau léger
fait de pâte échaudée puis séchée au four ; chaux = 2 possibilités, soit adjectif « chaud » ou choux,
orthographe possible ; bourrée = de borre, bourre, laine grossière utilisée comme isolant ; serceau =
cercle de bois servant à maintenir les douves d’un tonneau, d’un baquet ; serteau = ?; falourde =
(falorde) fagot de bûches ou tromperie ; geline = poule ; feurre = prête à cuire (préparée, vidée…) ou
élevé au fourrage ; quere = aller chercher.
Pour ce qui est du résumé vous savez bien que l’on reproduit les cris du marché de Paris. Il faut donc
donner dans la gouaille et le commercial. Les « z » sont notre « s » d’aujourd’hui pour indiquer le
pluriel, donc certains mots ne doivent pas être prononcés « é » mais « e » comme par exemple
« cotrez » se dit « cotres » et pas « cotré ». Par contre on dit bien choux gelés car il s’agit d’un
participe passé.
Ung jour Robin
Ung jour Robin vint Margot empoingner
En lui monstrant l’oustil de son ouvraige
Et sans parler la voulut besoingner
Mais Margot dit « vous me feriez outraige »
Il est trop gros et long à l’avantage
« Bien dist Robin, tout en vostre fendasse
Je n’y mectray » adoncques il l’embrasse
Et seulement la moitié y transporte
« Ha, dist Margot en faisant la grimace,
Boutez y tout aussy bien suys-je morte
Lexique : empoingner = empoigner ; besoingner = lui donner du travail ou la baiser ; fendasse =
fente, lézarde, ouverture (hum, vous voyez laquelle) ; bouter (de boter) action de pousser, choc,
attaque (il convient de remarquer que de la même étymologie vient le mot boteron qui désigne le
prépuce, alors messieurs, à vos boterons ! et la boteure désigne l’élan, l’entrain)
Bon pour la compréhension, ça devrait être à priori limpide pour tout le monde, mais ce qui aurait pu
vous échapper c’est l’ambiguïté du début. En effet rien ne laisser présager de la suite de l’épisode, car
le poète emploi des mots à double sens : besoingner et l’oustil en question peut être n’importe quel
ustensile de la vie quotidienne. Ca se dessine plus clairement à partir de « bien dit Robin… »
Frère Lubin
Frère Lubin revenant de la queste
Avoit tout beu et mangié par la voye
Quand fut venu comme une pauvre beste
Tout le couvent paistre aux champs le renvoye
« Frères, j’ay prins une tant belle proye »
Dict il monstrant une garce couverte
D’ung habit gris. Lors tous remplis de joye
Très volontiers luy ont la porte ouverte.
Lexique : queste = quête (d’argent) ; paistre = manger ; garce = pas péjoratif, c’est juste le féminin
de garçon ou gars.
Traduction : Frère Lubin parti faire la quête a bu et mangé tous ses sous en route. Quand il revient au
couvent tout le monde l’envoie manger dehors. Il présente alors une fille qu’il a trouvé sur la route et
tout est arrangé.
Las, pour vous trop aimer
Las, pour vous trop aimer je ne vous puis aimer
Car il faut en aimant avoir discrétion
Hélas je ne l’ay pas car trop d’affection
Me vient trop follement le cueur enflammer
D’ung feu désespéré, vous faictes consommer
Mon cueur que vous bruslez sans intermission
Et si bien la fureur nourrist ma passion
Que la raison me fault, dont je me deusse armer
Ah, garissez moy donc de ma fureur extrème
Afin qu’avec raison honorer je vous puisse
Ou pardonnez au moins mes fautes à vous mesme
Et le péché commis en tastant vostre cuisse :
Car je n’eusse toucher en lieu si desfendu
Si pour vous trop aimer mon sens ne fut perdu.
Je l’ay aymé
Je l’ay aymé et l’aymeray
Le mien amy a qui tousjours seray
Si mort ne vient ou moy ou luy surprendre
Encore ne puis en mon esprit comprendre
Aprez la mort comment je l’oublieray
Si par fortune
Si par fortune avez mon cueur acquis
D’estre laissé sont des tours de fortune
Mais bien sçavez quant vous m’avez requis
Au temps premier trouvé m’avez tout une
Lexique : fortune = bonheur, chance ou destin (ici le mot est employé dans ses deux sens) ; requerre
= rechercher, réclamer ; une = ici signifie semblable.
Traduction : Si par chance vous avez eu mon cœur, d’être laissé sont des choses du destin, mais
vous savez que vous m’avez reconquis, comme au premier jour vous me trouvez toujours pareil.
Entendez vous
Entendez vous qu’ung aultre je seconde,
Dictes, m’amye, avez vous ce vouloir ?
J’aymeroys mieulx perdre sens et avoir
Que mon espoir a ce sot faict responde
Lexique : entendre = espérer ; seconder = favoriser.
Traduction : Espérez-vous que je favorise un autre (un rival), dites, mon amour si vous voulez cela.
J’aimerais mieux perdre ma raison et mes richesses (mes biens) que mon espoir ne cède à cette
action stupide.
Amour a tort
Amour a tort de me tenir rigueur
Quant il m’a mis nuict et jour en servage
Et ne me donne celle qui tient mon cueur
Mais puisqu’en moy n’y a aultre couraige
Tousjours vivray en peine et langueur.
Il m’aviendra
Il m’aviendra ce que vouldra fortune
Mais je sçay bien que tant soit elle abille
Et que je soys de nature fragille,
Mort et vivant je seray servant d’une
Lexique : abillier = équiper pour la guerre
Traduction : Il m’arrivera ce que le destin voudra, mais je sais que tant qu’elle aura toutes ses armes
et que je suis de nature fragile, mort et vivant je ne serai que son serviteur.
Jectés les hors
Jectés les hors de la joyeuse queste
Et soit chassé d’amoureuse entreprise
Celuy qui a belle dame conquise
Et ne sçauroit fournir a sa requeste.
Traduction : jetez-les hors de la joyeuse recherche (de l’amour) et chassez-les de l’entreprise
amoureuse, ceux qui ont conquis une belle dame et ne savent pas accomplir leur vœux.
Si nostre amour
Si nostre amour ne monstre sa valeur
Mais se maintient secrète pour la craincte
De faulx parler, pour cela n’est estaincte :
Le feu couvert a plus vive chaleur.
En résumé, l’ardeur de l’amour est plus vive si elle n’est pas dévoilée au grand jour.
Les Mesdisans (response de Si nostre amour)
Les mesdisans qui sur moy ont envie
Me font souvent, lors que je voye m’amye
Ou me debvrois resjouyr et chanter
Jecter souspirs et si fort lamenter
Que maintes foys mon povre cueur s’ennuye
Traduction : les calomniateurs m’envient et quand je vois mon amour et que je devrait m’en réjouir et
cahnter, alors me font soupirer et me lamenter tant que mon pauvre cœur s’ennuie.
En languissant
En languissant avoir secours j’atens
Mais le languir si tresfort me tormente
Que pour certain je croy que mort présente
Me vauldroit mieulx qu’attendre si longtemps.
Tout ça se passe de commentaire. Ah le jour où l’on redira des choses pareilles !
Aprez avoir
Aprez avoir las tout mon temps passé
En doeul et peine, en travail et tristesse
Servant le mieulx que je peux ma maistresse
Esse raison que j’en soye déchassé ?
Las s’il convient
Las s’il convient si tost faire despart
De noz amours je prendray pour liesse
Douleur, ennuy, soucy, peine et tristesse,
Madame aura peu de bien pour sa part
I vuons beau ieu tout en riant
I vuons beau ieu tout en riant
Si faisons bonne chiere
Et si buvons le vin friant
Laissant mélancolie
Mais en buvant soyons dehet chantant la chansonnette
Disant par amourette
I vuons beau ieu tout en riant en courinette
Lexique : i = adverbe de lieu ( ici) ; vuier = vider ; ieu = œil ; friant = appétissant ; dehet = juron (
nom de dieu) ; courinette = faire une petite cour, draguer gentiment.
Pour la traduction vous avez bien compris qu’il s’agit d’une chanson à boire. Vidons nos beaux yeux
en riant (pleurons de joie) en faisant bonne chère et buvons le vin appétissant oubliant la mélancolie,
mais en buvant, soyons, nom de dieu, en chantant la chansonnette d’amour.
Un gay berger
Un gay berger priait une bergère
En lui faisant du jeu d’amour requeste
Allez dict elle tirez vous arrière
Vostre penser je trouve déshonnête
Ne pensez pas que feray tel défault
Par quoi cessez de faire telle prière
Car tu n’as pas la lance qu’il me fault.
Ung jeune moine
Ung jeune moyne est sorti du couvent,
A rencontré une nonnette au corps gent.
Se print à luy demander
S’elle vouloit brinbaler
Ou dancer le petit pas
Vray Dieu helas !
Vous ne brinbalerez, moyne,
Vray Dieu hélas !
Vous ne brinbalerez pas !
Hé moyne, moyne, qu’appelez brinbaler ?
Ma jeune dame, baiser et accoller
En nostre religion
Brinbaler nous appeleons
Cors à cors nus entre deux draps.
Vray dieu hélas !
Vous ne brinbalerez, moyne,
Vray Dieu hélas !
Vous ne brinbalerez pas
Et moyne, moyne, que diront vos abbés ?
Ils sont déçus tous voire très bien gabés
En lieu de bien entonner
Vous faictes le lit branler
La reigle ne l’entend pas
Vray Dieu hélas !
Vous ne brinbalerez moyne,
Vray Dieu hélas !
Vous ne brinbalerez pas !
La guerre de Renty - Verger de musique
Croisez vos piques soldats
A cheval, tost mes gendarmes
Boutez feu en toutes parts
Croisez vos piques soldats
Qu’on se mette tous en armes
A cheval tost mes gendarmes
Allons donner des alarmes
Au camp de nos ennemis
Enflez vos cœurs mes amis
L’ennemi trop faict l’horrible
Que d’une fureur terrible
Soit à sac au plus tost mis
Enflez vos cœurs mes amis
A mont, à mont, à l’étendard
N’attendons plus il est trop tard
Mars nous faict jeu, bien je l’entends
Donnons le choc il en est temps
Et tellement que ceste race
Qui contre nous trop fort embrasse
Soit mise à mort tellement
Qu’il ne demeure un seulement
De quel honneur ceste victoire
Enrichira nostre mémoire !
Sus donc, prions nostre Sauveur
Nous y donner telle faveur
Que le tout soit faict à sa gloire !
Chambrière
Chambrière, chambrière,
Allez tost et venez ça
Allez à mon ami dire
Que mon mari n’y est pas
Hola, hola, je tiens la dame peu sage qui belle chambrière a.
La chambrière fut habile
Print son chaperon de drap
Monsieur, Madame vous mande
Que son mari n’y est pas
Hola, hola…
A quoy faire irai-je à Rome
Quand les pardons sont deça
S’il la prend et s’il l’embrasse
Sur l’herbette la jeta
Hola, hola…
Mais là, sa maistresse survint
Quel diable faictes-vous là ?
Taisez-vous taisez maistresse
Taisez vous l’on se taira
Hola, hola…
Ung satyre cornu
Ung satyre cornu
Qui n’est pas trop habile
Amoureux devenu
D’une tant belle fille.
Non ne lui coupez pas
Laissez luy son povre cas
Le chant du rossignol (rondeau)
En escoutant le chant mélodieux
De ces plaisants et tant doulx rossigneulx
Qui vont disant ainsy, ainsy, ainsy
L’ung d’eux me dict : « Par cy, passez par cy
Et vous orrez qui chantera le mieulx »
Tous, tous, tous, tous, veuillez estre songneulx
D’amour servir loyaulment en tous lieux
Et luy crier mercy, mercy, mercy
En escoultant
Fuyez, fuyez, gens mélencolieulx,
Suyvez, suyvez les dames en tous lieux
Et de soucy dictes fy, fy, fy, fy,
Retournez cy mardi, mardi, mardi
Et vous serez plus que devant joyeulx
En escoutant
Nous estions trois jeunes filles
Nous estions trois jeunes filles,
Toutes dansant dans un pré.
Par icy passa un moyne la la la
Qui tous trois nous salua liron fa
Par icy passa un moyne
Qui tous trois nous salua.
Il despouilla sa grand’robe la la la
Et avecques nous dansa liron fa.
Il despouilla sa grand’robe
Et avecques nous dans.
Quand la danse fut finie la la la
A coucher il demanda liron fa
Quand la danse fut finie
A coucher il demanda.
Laquelle voudroys-tu moyne la la la,
Et puis on te la donra liron fa
Laquelle voudroys-tu, moyne,
Et puis on te la donra
Je n’en voudroys pas pour une la la la
Je les voudroys toutes trois lirpn fa
Je n’en voudroys pas une
Je les voudroys toutes trois
L’une à faire la cuisine la la la,
Et l’aultre à blanchir mes draps liron fa
L’une à faire la cuisine
Et l’aultre à blanchir mes draps,
Et vostre sœur la plus jeune la la la
A coucher entre mes bras liron fa
Et vostre sœur la plus jeune
A coucher entre mes bras.
Tes fortes fiebvres cartaines la la la
Moyne c’est pour toy cela liron fa
Tes fortes fiebvres cartaines
Moyne, c’est pout toy cela
Enfin ce diable de moyne la la la
Tout honteulx s’en retourna liron fa.
Enfin ce diable de moyne
Tout honteulx s’en retourna
Sa chemise entre ses jambes la la la
Et son habit soubz le bras liron fa
Sa chemise netre les jambes
Et son habit soubz le bras
Ne vous fiez plus filles la la la
A ce maistre moyne là liron fa.
Réveillez vous belle catin
Le berger
Réveillez vous belle catin
Et allons cueillir ce matin
La rose que pour vostre amour
Vous me promistes l’aultre jour.
Refrain
Vive l’amour, vive ses feux
C’est mourir de vivre sans eux
La bergère
Pastoureau je vous aime bien,
Mais pourtant je n’en feray rien,
Car on dict qu’en cueillant la fleur
Le rosier perdrait sa valeur
Refrain
Le berger
Ouy bien qui la voudroylt ravir
Ou l’emporter pour s’en servir
Mais belle, mon contentement
Est de vous baiser seullement
Refrain
La bergère
J’ay peur que soubz ceste raison
Tu caches quelque trahison
Car aujourd’hui tous les bergers
Sont menteurs, trompeurs ou légers
Refrain
La bergère
C’est trop longuement marchander
Ce qu’on ne doibt point demander
Je me ris de tous ces débatz
Non, pasteur, vous ne l’aurez pas
Refrain
Traistre afin de m’abuser
Traistre afin de m’abuser
Tu me requis l’aultre jour
Le coucher que par amour
Ne te voulus refuser
Pourquoy donc, ingrat moqueur,
T’enfuis-tu m’ayant surpris ?
O voleur, ren mon cœur que tu a pris
Avecques moy te fis gister
Mais quand tu me vis dormant,
Larron tu vint finement
Mon entredeux crocheter
Là tu pris tout le meilleur
De mon trésor de hault prix
O voleur, ren mon cœur que tu a pris
Ains éveillé j’eusse ésté,
(Laron) tu t’en estois fuy
Si bien que quand je te suy
Tu ris de ma pauvreté.
Si tu avois bon cœur
Tu crandroyt d’estre repris
O voleur, ren mon cœur que tu a pris
Ah ! Je le voys, je le voys,
Arrestez-le mes amis,
Dans ce logis il s’est mis.
La dame l’ayme je croys
Son sein est le receleur
De ses larcins entrepris
O voleur, ren mon cœur que tu a pris
Dame ne te fye en luy,
Il te fera comme à moy ;
Un larron n’a point de foy
Il fault le pendre aujourd’huy
Rens le donc pour ton honneur
Ou je crieray à hault cri
O voleur, ren mon cœur que tu a pris
Que tu es belle à mon gré
Que tu es belle à mon gré
Petite bergeronnette,
Passe un peu dans ce vert pré
Et sur ces frayches herbettes
Contentons nos amourettes.
O beau sein que tu es blanc
O ferme et dure cuissette
Monstre ung peu plus nu le flanc
Et sur ces frayches herbettes
Contentons nos amourettes.
Entre ce grant mont fendu
Ca jouons à la fossette
Dedans vous avez perdu
Et sur ces frayches herbettes
Contentons nos amourettes.
Par ung matin la belle s’est levée
Par ung matin la belle s’est levée
A pris son seau du lin du lé du long de l’eau
A pris son seau, à l’eau s’en est allée
A pris son seau à l’eau s’en est allée
Là son amy du lin du lé du long de l’eau
Là son amy l’y a rencontrée
Là son may l’y a rencontrée
Deux ou trois foys du lin du lé du long de l’eau
Deux ou trois fois sur l’herbe l’a jetée.
Deux ou trois foys sur l’herbe l’a jetée
Pucelle estoit du lin du lé du long de l’eau
Pucelle estoit, grosse l’a relevée.
Pucelle estoit, grosse l’a relevée.
Hélas mon Dieu du lin du lé du long de l’eau
Hélas mon Dieu ! Las que dira ma mère ?
Hélas mon Dieu ! Las que dira ma mère ?
Vous lui direz du lin du lé du long de l’eau
Vous lui direz la fontaine est troublée
Vous lui direz la fontaine est troublée,
Le rossignol du lin du lé du long de l’eau
Le rossignol y a sa queue mouillée
Le rossignol y a sa queue mouillée
Maudict soit-il du lin du lé du long de l’eau
Maudict soit-il qui m’a tant abusée
Maudict soit-il qui m’a tant abusée
N’eut esté luy du lin du lé du long de l’eau
N’eut esté luy je fusse mariée.
Dessus l’herbe fleurie
Dessus l’herbe fleurie
Dedans un vet bosquet
Robinet et Marie
Se fasoyent un bouquet
Et aultre chose et tout
Que je n’ose dire
Et aultre chose et tout
Je ne veux pas vous dire tout
En le faysant la belle
Regardoit son berger,
O berger (ce dict elle)
Donne moy un baiser
Et aultre chose et tout
Que je n’ose dire
Et aultre chose et tout
Je ne veux pas vous dire tout
Il la prend et il la baise,
La coucha sur le thym,
Et puis tout à son aise
Luy tatoit le testin
Et aultre chose et tout
Que je n’ose dire
Et aultre chose et tout
Je ne veux pas vous dire tout
Ca et la il furette
De l’une et l’aultre main
Mainte belle fleurette
Il luy mest en son seing
Et aultre chose et tout
Que je n’ose dire
Et aultre chose et tout
Je ne veux pas vous dire tout
Il luy trousse sa robe
Mettant la main dessoubz
Et comme un qui sedérobe
Luy tatoit les genoulx
Et aultre chose et tout…