Ingénieuse.ch No 1 - HES-SO
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Ingénieuse.ch No 1 - HES-SO
La technique, un défi au féminin Numéro 1 / Mai 2007 Dossier Surveillance médicale 24 heures sur 24 Portrait d’ingénieure Spécialiste en technologie de la communication www.ingenieuse.ch/fr/edito.html Ingénieure, un métier pour moi ! Portrait d’étudiante Des soins infirmiers à l’informatique Interview Géraldine Fasnacht Avenir Pourquoi pas vous ? Consultez notre site www.ingenieuse.ch Vous avez entre les mains le premier numéro de ingénieuse.ch. Trois fois par année, il vous annoncera que notre magazine en ligne a paru sur le site www.ingenieuse.ch et vous donnera un aperçu des principaux thèmes. Vous y découvrirez le monde de l’ingénierie sous un autre jour et vous ferez connaissance avec des femmes qui se sont lancées avec bonheur dans des formations techniques. Parce que la technique n’appartient pas à un monde à part. Nous y recourons chaque jour, souvent sans nous en rendre compte. Dans le domaine de la santé, par exemple, de nombreuses jeunes femmes pensent à devenir médecin, infirmière ou physiothérapeute. Ici vous découvrirez des femmes qui mettent leur énergie au service des malades, en inventant les appareils indispensables à leur guérison ou à leur confort. Deux d’entre elles vous expliquent les défis qui les passionnent. ANNE DE MONTMOLLIN ET SYLVIE VILLA www.ingenieuse.ch/fr/dossier.html Surveillance médicale 24 heures sur 24 Quelques capteurs, un boîtier, un téléphone portable, un ordinateur : toute la technologie d’Iminet tient dans ces quelques objets. A priori, rien de révolutionnaire. Pourtant ce projet, piloté par la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD), vise l’introduction de la télésurveillance dans le suivi médical, et cette innovation pourrait bien changer la vie des personnes âgées et des malades en général. Le principe est assez simple : chaque patient-e colle une série de capteurs – détecteur de chute, oxymètre (tension artérielle), capteur ECG (électrocardiogramme), etc. – sur son corps en fonction de sa pathologie. Miniaturisés, ils se portent dans une poche ou autour de la taille, comme un micro-cravate sur un plateau de télévision. Les données obtenues sont transmises en continu, via bluetooth, à son téléphone mobile, qui les envoie à son tour sur un serveur. Toute activité anormale déclenche l’envoi d’une alerte par sms sur le téléphone des médecins concerné-e-s, qui peuvent observer les données enregistrées et intervenir. Un mode de faire qui conviendrait très bien aux personnes âgées à la santé fragile, mais assez autonomes pour pouvoir rester chez elles. Iminet fonctionne aussi comme suivi médical après une opération ou une maladie. Chez elle, la personne se connecte et s’identifie sur le serveur, répond à un ou plusieurs questionnaires, et les données sont ajoutées à son dossier. Ainsi le corps médical bénéficie de précieux renseignements et peut suivre l’évolution de son état. Mieux comprendre Iminet • Que se passe-t-il si la personne âgée est à la cave, hors réseau, et que son téléphone ne transmet plus ses pulsations, sa tension, etc. ? Le téléphone stocke les données. S’il manque de mémoire, il efface au fur et à mesure les plus anciennes. Dès qu’il retrouve du réseau, il les envoie. • Admettons que la personne soit à la cave, toujours hors réseau, et qu’elle y soit victime d’un malaise, que se passe-t-il ? Réponse sur www.ingenieuse.ch • Des informations sensibles vont transiter par le réseau téléphonique standard. Cela ne pose-t-il pas un problème pour la protection des données ? Réponse sur www.ingenieuse.ch Encore des questions ? Rendez-vous sur www.ingenieuse.ch Cardiomon, spécial cœurs sensibles L’Ecole d’Ingénieurs et d’Architectes de Fribourg (EIA-FR) travaille, elle, sur un projet cousin d’Iminet, le Cardiomon. Adapté aux personnes souffrant d’un risque d’accident cardiaque, le boîtier n’est équipé que d’un capteur ECG. Intégré à un gilet, il se porte pendant une ou plusieurs semaines, enregistrant les événements cardiaques sur demande de chaque patient-e. Au terme de l’expérience, une liaison USB vers un ordinateur permet le transfert des données, leur lecture et leur archivage. Le prototype fonctionne. Reste à réduire sa consommation d’énergie et son volume, avec le soutien de partenaires industriels encore à trouver. CAROLE PELLOUCHOUD A suivre sur www.ingénieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/interview.html www.ingenieuse.ch/fr/portrait_ingenieure.html Géraldine Fasnacht, une scientifique instinctive Stéphanie Lebreton spécialiste en technologies de la communication Considérée comme une des meilleures free-rideuses du monde, la Vaudoise Géraldine Fasnacht évoque sa relation à la technique. Et l’angle de vol ? Il est fondamental pour garder la vitesse, vital même parfois. Nous ne le calculons pas comme le feraient des scientifiques, l’approche est plutôt concrète. Comme pour la connaissance du terrain, c’est avant tout l’expérience qui dicte notre attitude. « Je voulais rapidement entrer dans le monde du travail. » Stéphanie Lebreton n’a que vingtsept ans, mais lorsqu’elle évoque son parcours, ses envies et ses satisfactions, elle a dans la voix la détermination de celles qui ne croient pas au destin. « J’ai commencé par des études de biologie parce que le fonctionnement de la nature me fascinait. J’avais envie de comprendre. J’avais soif d’indépendance, et pour trouver rapidement un emploi, il vaut mieux avoir dans sa besace un master. Je l’ai fait en informatique. » Venue de France avec son ami, elle décroche un stage de six mois à la HEIG-VD, puis un contrat d’un an. « D’une prolongation à l’autre, j’y travaille toujours, développant des technologies de télésurveillance au service de la santé ». Elle sourit. Elle est comme ça, Stéphanie Lebreton. Elle y croit, et elle se bat pour atteindre ses objectifs, sans se soucier des clichés. Derrière le petit bout de femme qui a conservé l’accent de son pays, il y a tout à la fois une ingénieure et une mère, et l’épanouissement de la première fait le bonheur de la seconde. MARIE-CHRISTINE PASCHE CAROLE PELLOUCHOUD Géraldine, enfant, étiez-vous plutôt maths ou littérature ? Oh, maths ! J’adorais calculer mais faisais plutôt le désespoir de ma prof de français. Plus tard, j’ai choisi un apprentissage de commerce, mais pas n’importe où, à l’aéroport de Cointrin. Puis très vite, j’ai voulu devenir Loadcontroller. C’est-à-dire ? Il s’agit de préparer l’avion pour le vol, notamment attribuer les places de façon à répartir le poids dans l’avion, afin qu’il brûle le moins possible de kérosène. J’ai dû beaucoup insister auprès de mes chefs, mais ils ont fini par accepter que je passe la licence nécessaire. Puis vous vous êtes lancée à fond dans votre sport. Avez-vous laissé tomber le calcul ? Pas complètement, même si notre sport fonctionne surtout au feeling et à l’observation. Mais en base jump, je travaille beaucoup avec l’entreprise chargée de réa- 2 liser ma combinaison. La forme et la matière du tissu sont primordiales pour former le profil le plus aérodynamique possible. J’adore procéder à ces tests, et là, mon amour des chiffres m’aide ! A suivre sur www.ingénieuse.ch A suivre sur www.ingénieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/reportage.html Année préparatoire Future ingénieure Un temps pour faire son choix Les filières techniques sont un bastion encore largement masculin. Pour susciter l’intérêt des filles et battre en brèche quelques clichés, l’année préparatoire Future ingénieure a été mise sur pied. Reportage. Yverdon, Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud, octobre 2006. Venues d’horizons très différents, seize filles se retrouvent avec un objectif commun : découvrir les filières techniques et se préparer à de futures études d’ingénieure. Certaines ont déjà un projet clair, comme Stéphanie et Kaouther qui se destinent à l’ingénierie des médias. D’autres, comme Laure, sont encore dans le flou et comptent sur cette année pour se décider. Au terme des six premiers mois, toutes trouvent l’expérience excellente sur le plan des découvertes et des connaissances comme sur le plan humain. Preuve de l’utilité de ce premier semestre, Stéphanie et Kaouther sont confortées dans leur choix initial. Laure a fait une découverte inattendue: l’électricité la branche vraiment. Quant à Carla, elle a décidé de s’orienter vers l’ingénierie de gestion et d’abandonner son idée première, la mécanique. « Je ne vois pas pourquoi ça ne nous plairait pas. C’est sympa d’essayer et en plus on s’en sort bien », explique Carine. Pas trop gênants, la blouse bleue, les mains sales, les copeaux de métaux qui giclent ? « Si la blouse était jaune ou rose, ce serait pire », affirme Fatou, pour qui l’essentiel reste d’avoir découvert une branche où elle est sûre de ne pas s’ennuyer. Enfin, côté accueil, rien à redire. « Les profs et les apprentis sont tous sympas, on se sent encouragées et bien encadrées », estime Judith. Dans le même temps, le CPNV accueille à Yverdon sept filles pour la mise en pratique de leurs connaissances en électronique. Ici aussi, l’expérience concrète est très appréciée. « A l’extérieur, il y a beaucoup de préjugés concernant les métiers d’ingénieur-e-s. On m’a dit que ce serait très difficile pour une femme. Alors, bien sûr, je ne ferai jamais du montage d’ascenseur, mais mon cerveau est assez grand pour comprendre comment ça marche ! », souligne Kataryna. Place à la pratique Sainte-Croix, Centre Professionnel du Nord Vaudois (CPNV), atelier de mécanique, mars 2007. Au milieu d’une trentaine d’apprentis, Fatou, Judith et Carine s’activent devant un tour. Elles ne sont là que depuis une semaine, mais pieds à coulisse et micromètres n’ont déjà plus de secrets pour elles. Le bilan est sans appel : « c’est une expérience unique qui nous a permis de nous faire une idée plus précise de notre futur métier et de gagner du temps », soulignent-elles en chœur. Qu’est-ce que Future ingénieure ? Depuis trois ans, une année préparatoire a été mise sur pied pour l’entrée à la HEIG-VD et aux autres écoles d’ingénieur-e-s de la HES-SO. Réservée aux filles détentrices d'une maturité fédérale ou d'un titre jugé équivalent, cette formation a pour but de leur permettre d’acquérir des connaissances élémentaires propres aux métiers de l’ingénierie ainsi que d’exercer une pratique spécifique au domaine technique choisi. Au programme: un semestre pour mûrir son choix avec des cours théoriques et pratiques. Chaque étudiante effectue ensuite deux semaines de stage en entreprise auxquelles succède un second semestre de formation pratique en électronique, en mécanique, en informatique ou en construction, au CPNV ou en entreprise. « Le bilan des deux premières volées est très encourageant », se réjouit Sylvie Villa, initiatrice de Future ingénieure. « Sur les 28 filles ayant suivi l’année préparatoire, 20 sont restées dans l’ingénierie. Cela montre bien que les formations techniques les intéressent. Par ailleurs, toutes les étudiantes s’impliquent énormément durant cette année préparatoire, qui est exigeante en terme de temps (40 heures de cours par semaine) et de connaissances à intégrer ». PATRICIA BERNHEIM 3 Avenir Pourquoi pas vous ? Les formations techniques ouvrent de nombreuses perspectives professionnelles. Dès maintenant, le magazine en ligne ingénieuse.ch vous offre l’opportunité de vous familiariser avec les métiers de l’ingénierie. femmes dans un type de formation, on parle de sous représentation. Or aujourd’hui en Suisse les femmes ne représentent qu’environ 6% des effectifs des filières de formation technique. Vous avez à priori déjà fait un autre choix ? Pour équilibrer la balance, il faut convaincre les jeunes filles ainsi que les personnes qui les entourent que les métiers techniques les concernent aussi. Augmenter la visibilité des femmes actives dans le domaine de l’ingénierie contribue à changer la vision qu’en ont les jeunes filles. Le phénomène d’émulation fera le reste. Chaque année des jeunes femmes détentrices d’une maturité fédérale ou d’un titre jugé équivalent, d’un diplôme d’une École de degré diplôme ou de culture générale ou encore d’une maturité professionnelle non technique font le pas vers une formation d’ingénieure. Différentes passerelles sont en place pour leur permettre l’accès aux filières du domaine de l’ingénierie de la HESSO, Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale. Pourquoi des mesures spécifiques pour les femmes ? Quand une situation est déséquilibrée, il faut prendre des mesures spécifiques. En dessous de 30 ou 35% de Pourquoi chercher l’équilibre ? S’il est des choses qui peuvent et qui doivent évoluer, c’est entre autres la présence des femmes dans les professions techniques. Notre société a tout à gagner que femmes et hommes maîtrisent ensemble les outils technologiques et en influencent ensemble l’évolution. Les écoles partenaires : HEIG-VD Haute École d'Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud Route de Cheseaux 1 CH-1401 Yverdon-les-Bains Tél. : +41 (0)24 557 63 30 Fax : +41 (0)24 557 64 04 www.heig-vd.ch EIA-FR École d'Ingénieur-e-s et d'Architectes de Fribourg Bd de Pérolles 80 - CP 32 CH-1705 Fribourg Tél. : +41 (0)26 429 66 11 Fax : +41 (0)26 429 66 00 www.eif.ch EIG École d'Ingénieur-e-s de Genève Rue de la Prairie 4 CH-1202 Genève Tél. : +41 (0)22 338 04 00 Fax : +41 (0)22 338 04 10 www.eig.ch HE-ARC Haute École Arc - Ingénierie Rue Baptiste-Savoye 26 CH-2610 Saint-Imier Tél. : +41 (0)32 930 11 21 Fax : +41 (0)32 930 11 22 www.he-arc.ch HES-SO Valais Haute École Valaisanne Sciences de l'ingénieur-e Route du Rawyl 47 CH-1950 Sion Tél. : +41 (0)27 606 85 11 Fax : +41 (0)27 606 85 15 www.hevs.ch 4 www.ingenieuse.ch/fr/portrait_etudiante.html IMPRESSUM Direction du projet Sylvie Villa, responsable du domaine des sciences de l’ingénieur-e à la HES-SO et directrice du programme Égalité de la HEIG-VD, Anne de Montmollin, coordinatrice Rédaction Marie-Christine Pasche, Patricia Bernheim, Carole Pellouchoud, Katarina Bydlova Photos Jean-Philippe Daulte, Katarina Bydlova, 24H/Joana Abriel Conception du site Vincent Greset Maquette et mise en page Sophie Jaton, Genève Impression Imprimerie St-Paul, Fribourg Edition Projet ingénieuse.ch, HEIG-VD, Rte de Cheseaux 1, 1400 Yverdon-les-Bains, [email protected] Avec la participation des écoles d’ingénieur·e·s de la HES-SO Avec le soutien financier de l’OFFT OFFT : PROGRAMME EGALITÉ DES CHANCES DANS LES HES Nous remercions pour leur participation à ce numéro : Les répondant-e-s des écoles d’ingénieur·e·s : Cathy Berthouzoz, professeure à la HEVs, Daniel Dubois, doyen à l’EIG, Nathalie Jacot, répondante à l’égalité des chances pou la HE-Arc, Laurence Larghi, doyenne à la HEIG-VD, Pascale Voirin, professeure à l’EIA-FR Les filles de la volée 06-07 de l’année préparatoire Future ingénieure, Jean-Marc Lefèbvre et Alain Dugon, professeurs au Centre Professionnel du Nord Vaudois, Nastaran Fatemi, Alessandro Gianinazzi et Jacques Forchelet, professeur·e·s à la HEIG-VD, Stéphanie Lebreton, ingénieure à la HEIG-VD, Dominique Gabioud, professeur à la HEVs, François Riolo, professeur à l’EIA-FR, Jeanine Saas, diplomée HES en informatique et Géraldine Fasnacht. Tirage : 18'000 exemplaires Distribution : Apprenties de 1e et 2e années, étudiantes de 1e et 2e années des classes gymnasiales et d’école de culture générale en Suisse romande Jeanine Saas Des soins infirmiers à l’informatique A priori, rien ne prédestinait Jeanine Saas à devenir ingénieure. Infirmière en psychiatrie, elle a travaillé une dizaine d’années en hôpital et en EMS, avant de cesser son activité pendant neuf ans pour s’occuper de ses enfants. Passionnée d’informatique, elle se forme d’abord seule, dans des livres. Puis en 2001, alors qu’elle recommence à travailler à plein temps, elle décide de suivre des cours du soir qui débouchent sur un premier diplôme. « Cela m’a donné envie d’aller plus loin ! » À 39 ans, elle s’engage dans des études d’ingénieure, à raison de 3 soirs par semaine, plus le samedi matin, pendant 5 ans. Aujourd’hui Jeanine Saas vient de recevoir son diplôme d’ingénieure HES en informatique, doublé du Prix de l’Ingénieure la plus méritante. Elle peut désormais faire fructifier ses compétences multiples. Elle a ainsi choisi de créer une banque de données spécifique aux thérapies cognitivo-comportementales qui facilitera le suivi des patient-e-s en psychiatrie. PATRICIA BERNHEIM A suivre sur www.ingénieuse.ch
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