Air et Vide
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Air et Vide Air et Vide Palais de la découverte Avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris 1 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide Sommaire Introduction (Page 3) La découverte de la pression atmosphérique (Page 3 à page 6) - Galilée et Torricelli - les expériences de Pascal Otto Guericke et l'invention de la machine pneumatique (Page 6 à page 8) - la pesée de l'air - le temps et la pression de l'air - le son et la pression de l'air - la détente brutale d'un gaz - l'expérience du "crève-vessie" - les hémisphères de Magdebourg Boyle et l'élasticité de l'air (Page 8 à page 10) - le ballon de baudruche -l'expérience du "tube de Newton" -l'ébullition de l'eau tiède Daniel Bernoulli et les bases de la théorie cinétique des gaz (Page 11 à page 12) - le ballon de baudruche de Boyle, revu et corrigé - le principe de Bernoulli - quelques expériences illustrant le principe de Bernoulli Le vide et l'électricité (Page 13 à page 14) - expérience de décharges à basses pressions Jacques Delille (Page 15) 2 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide Un exposé! L'AIR ET LE VIDE par Kamil FADEL Département physique, Palais de la découverte C'est également au XVII ème siècle qu'on inventa la pompe à air ou " machine pneumatique ". Avec cette pompe, sans cesse perfectionnée par la suite, on réalisa une foule d'expériences à basse pression. Nous vivons dans un océan d'air et pourtant, nous ne songeons que très rarement à sa présence matérielle, Une bouteille que nous qualifions de vide est en fait emplie d'air. Nous oublions qu'elle contient un très grand nombre de molécules animées de mouvements incessants et désordonnés. Déjà, dans l'Antiquité, certains penseurs grecs avaient pressenti cette vision moderne. L'air est, disaient-ils, formé de petites sphères insécables (les atomes) en perpétuelle agitation, séparées les unes des autres par un espace vide La découverte de la pression atmosphérique Galilée et Torricelli A l'époque de Galilée, on connaissait déjà, depuis fort longtemps, la pompe aspirante qui servait à faire monter l'eau du fond des puits. On s'était aperçu que, malgré tous les efforts, on ne parvenait pas à élever l'eau à plus de dix mètres environ. Pourquoi ne monte-t-elle pas plus haut (fig. 1) ? Vers fin de sa vie, Galilée tenta de répondre à cette ques-tion, mais n'y parvint pas. Selon lui, puis-que, à partir de dix mètres, l'eau n'est plus tirée vers le haut pour combler le vide qui apparaît au-dessus d'elle, c'est que la nature a peut-être horreur du vide mais pas trop tout de même. Ainsi donc, il n'établit pas le lien entre cette énigme et le poids de l'air. Pourtant, quelques années auparavant, en pesant un ballon de verre avant et après y avoir comprimé de l'air, il avait montré la nature pesante de l'air. Aristote, maître à penser du monde occidental pendant près de deux mille ans, montra avec des arguments très convaincants qu'il ne peut y avoir de vide dans la nature et rejeta l'atomisme (1). " La nature a horreur du vide ".C'est à l'aide de cette formule que jusqu'au XVIIème siècle on expliqua pourquoi l'eau monte dans une pompe quand on tire le piston. C'est pour éviter l'apparition d'un espace vide entre le piston et la surface de l'eau que le niveau de celle-ci s'élève. L'explication correcte de ce phénomène ne fut donnée qu'au XVII ème siècle après la démonstration de la nature pesante de l'air et l'introduction de la notion de pression atmosphérique. (I) La notion de vide fut essentielle dans les débats sur l'atomisme 3 3 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Palais de la découverte Air et Vide Fig.1. - L'eau refuse de monter dans les pompes aspirantes des fontainiers de Florence au dela de 10.33 mètres environ. Torricelli en découvre la raison. Sur une idée de Galilée, Gaspero Berti, à Rome, remplit avec de l'eau un tube de plus de dix mètres de long, fermé à une extrémité et ouvert à l'autre; il boucha et le retourna de façon à plonger l'orifice ouvert dans un récipient contenant lui même de l'eau. Ainsi que l'avait prévu Galilée, il constata que l'eau descendait dans le tube et s'arrêtait à dix mètres de la surface libre dans le récipient. Un espace vide en apparence était alors visible au-dessus de la colonne. Berti venait de fabriquer un baromètre à eau (fig.2). Palais de la découverte Torricelli imagina alors que cette colonne d'eau de dix mètres était tenue en équilibre par le poids de l'air agissant sur la surface de l'eau du récipient. Selon lui, la force qui empêchait la colonne dedescendre plus bas était à l'extérieur du tube et non à l'intérieur, dans la région vide, comme le croyait Galilée qui évo-quait la " force du vide ". Fig. 2. - L'expérience de Berti 4 4 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide Le père Mersenne, qui passait une bonne partie de son temps à voyager à tra-vers l'Europe pour se tenir informé des dernières découvertes scientifiques, répandit la nouvelle de cette expérience, de retour en France. Blaise Pascal très intéressé, aidé par son père et un ami, tenta pendant un an de reproduire l'expé-rience de Torricelli... sans succès. La rai-son en est simple: le père Mersenne ayant négligé de préciser la hauteur de la colonne de mercure, les tubes que Pascal utilisait étalent toujours trop courts. Mais en prenant des tubes de plus en plus longs, ils finirent par obtenir la fameuse région vide au-dessus du mercure. S'il en est bien ainsi, pensa Torricelli, alors cette même expérience réalisée avec un autre liquide, devrait montrer que la hauteur à laquelle celui-ci descendra sera d'autant moins élevée qu'il sera plus dense. A sa demande, en 1643, Viviani reproduisit l'expérience, cette fois avec du mercure (13,6 fois plus dense que l'eau) et, comme prévu, trouva environ 76 cm. Viviani venait d'inventer le baro-mètre à mercure (fig. 3). Palais de la découverte La région n'est pas totalement vide puisqu'elle contient de la vapeur de mercure, à très basse pression, de même qu'elle contient de la vapeur d'eau dans l'expérience de Berti. A 20 C au-dessus de la colonne d'eau, il existe 550 millions de milliards de molécules par centimètre cube. Tan-dis qu'au-dessus de la colonne de mercure il en existe 50000 milliards. Le rapport de 10000 est dû à la plus grande volatilité de l'eau. Ces chiffres sont à comparer avec les 25 milliards de milliards de molécules par centi-mètre cube que l'on trouve à 20 °C et sous 1 atmosphère. Fig. 3 -Expérience de Torricelli. Pour Pascal, comme pour Torricelli, la colonne de mercure haute de 76 cm équilibrait une colonne d'air de même section mais de plusieurs kilomètres de haut. Puisque pour une section de 1 cm2, une colonne de 76cm de mercure pèse envi-ron 1 kg (1,033 kg plus précisément), sur chaque centimètre carré s'appuie une colonne d'air de 1 kg environ. C'est la pression atmosphérique. Torricelli remarqua que la hauteur du mercure variait légèrement d'un jour à l'autre. Très justement, il l'attribua aux fluctua-tions de la pression atmosphérique avec le temps. Pour Torricelli, l'air poussait la colonne d'eau de bas en haut. Pour Galilée, c'est la région vide qui tirait la colonne d'eau vers le haut, la hauteur maximale atteinte par l'eau (10 m) constituant la limite avant la rupture de la colonne d'eau. 5 5 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Palais de la découverte Air et Vide Fig.4. - L'expérience de Torricelli répétée au sommet du Puy-de-Dôme par Périer sur les instances de Pascal. Mais la théorie de " l'horreur du vide " était trop bien ancrée dans les esprits pour être abandonnée si tôt au profit de l'explication donnée par Torricelli. Après la mort de celui-ci en 1647, ses continua-teurs, Pascal et Guericke lui donneront raison. de ce résultat, Pascal mesura alors la ! pression en haut et en bas de la tour de l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas à Paris (50 m). Comme prévu, il trouva une dénivellation de 4 à 5 millimètres envi-ron. Grâce à Pascal le baromètre devint I altimètre. Les expériences de Pascal Otto Guericke et 1'invention de la machine pneumatique Selon Pascal, l'air, comme l'eau, est un fluide et l'atmosphère est un océan d'air. Donc conformément aux lois de l'hydro-statique, la pression devrait diminuer avec l'altitude. Pascal imagina qu'en transportant un baromètre du pied au sommet d'une montagne, on verrait décroître la hauteur de la colonne de mer-cure. En septembre 1648 son beau-frère, Florin Périer, fit l'expérience au Puy-de-Dôme (fig. 4). Il constata que la pression au sommet (1 000 mètres plus haut) était plus faible d'environ 85 millimètres de mercure par rapport à celle qui régnait au pied de la montagne, soit une diminution de 8,5 millimètres pour 100 mètres. Satis-fait Toujours à cette époque, Otto Guc-ricke, bourgmestre de Magdebourg, pas-sionné par la physique, portait tous ses efforts vers la réalisation " d'espaces vides " bien plus grands que ceux que l'on obtenait dans les baromètres. Vers 1650, en modifiant la pompe à eau, il fabriqua une pompe à air ou machine pneumati-que. Ainsi naquirent la technique du vide et l'expérimentation à basse pression. Pesée de l'air En pesant un ballon de verre avant puis 6 6 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide L'expérience peut être réalisée de la manière suivante: après avoir versé un peu d'eau dans une enceinte pour rendre l'air humide, on pompe de l'air à l'intérieur pour qu'il soit fortement comprimé. En débouchant rapidement l'enceinte, on observe le brouillard (multitude de fines gouttelet-tes d'eau). En sortant de l'enceinte, l'air chargé en vapeur d'eau repousse l'air ambiant qu'il rencontre. Ce faisant, la vitesse d'agitation de ses propres molé-cules diminue, ce qui correspond à un refroidissement. Moins agitées, les molé-cules d'eau de la vapeur peuvent alors s'agglomérer pour former de petites gouttelettes : la vapeur se condense. après l'avoir partiellement vidé de son air à l'aide de sa pompe, Guericke montrait une nouvelle fois (après Galilée) que l'air était pesant et évaluait grossièrement sa densité. Il remarqua que celle-ci n'était pas constante mais qu'elle variait avec la température et la pression. Sous 1 atmo-sphère (760 mm de mercure) et à 20°C la densité de l'air est de 1,2 gramme par litre (soit environ 1/800 de celle de l'eau), à 0° C sous la même pression elle est de 1,3 gramme par litre. Le temps et la pression de l'air Guericke s'intéressa beaucoup à la météorologie et tenta d'établir une rela-tion entre la pression et le temps. Un jour, en observant une chute brutale de la pres-sion, il put prévoir une tempête. Boyle, Hooke, Mariotte et d'autres continuèrent dans cette voie. C'était les débuts de la météorologie. On peut constater l'abaissement de température qui accompagne une détente brusque en plaçant le doigt devant l'ori-fice par lequel sort le jet d'une bombe aérosol. Inversement, lorsqu'on comprime brusquement un gaz, la température aug-mente. On le constate en gonflant la chambre à air d'une roue de bicyclette : la pompe s'échauffe. En avançant, Je piston bouscule les molécules d'air augmentant ainsi leur vitesse et donc la température. Le son et la pression de l'air Guericke montra également que le son d'une clochette s'entend de moins en moins à mesure que l'air d'enceinte dans laquelle elle se trouve est raréfié. Ainsi, il confirma une opinion déjà très ancienne selon laquelle il n 'y a pas de son dans le vide. L'expérience du " crève-vessie " Dans une autre expérience, alors qu'il pompait l'air d'une sphère en cuivre mince, Guericke entendit un grand vacarme, comme une explosion. En fait, il s'agissait d'une implosion. Trop mince, et probablement de forme irrégulière, la sphère n'avait pu résister à la pression atmosphérique et s'était effondrée sur elle-même. Par la suite, des expériences semblables furent réalisées par Boyle, Papin (inven-teur de l'autocuiseur) et Hauksbee. En 1705, ce dernier plaça une clochette dans une enceinte. Il constata que le son de la clochette s'entendait jusqu'à 25 mètres à la pression atmosphérique mais qu'il s'entendait jusqu'à 55 mètres sous I 2 atmosphères et jusqu'à 80 mètres sous ! 3 atmosphères. ! L'expérience du crève-vessie illustrée sur la figure 5 en est une variante. Les enfants font cette expérience lorsqu'ils forment avec du chewing-gum une pelli-cule devant la bouche. Ensuite, en aspi-rant, la membrane se bombe vers l'inté-rieur de la bouche et finit par se rompre en produisant un claquement sec. Détente brutale d'un gaz Guericke avait également remarqué la formation d'un brouillard lorsque l'air humide d'une enceinte était brusquement détendu. 7 7 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide sphère. Un joint assurant l'étanchéité, on pompait l'air de la sphère (fig.6). Employant des hémisphères de 119 cm de diamètre, Otto Guericke montra que 16 chevaux attelés à la sphère (8 de chaque côté) ne réussissaient pas à les séparer. Il fallut en atteler 24 (12 de chaque côté) pour y parvenir (fig. 7). Palais de la découverte Pour ses talents de physicien (il est aussi l'inventeur de la première machine électrostatique) et la bonne gestion de sa ville, il fut anobli par l'empereur Léopold en 1666. Depuis, son nom de famille est précédé de " von " l'équivalent de la parti-cule " de " utilisée en France. Fig. 5, - Expérience démontrant l'existence de la pression atmosphérique, Crève-vessie Boyle et l'élasticité de l'air Boyle, le continuateur de Guericke, refit l'expérience de Pascal, mais sans monter en altitude. Il plaça un baromètre sous une cloche en verre et montra que la colonne de mercure baissait à mesure que l'air de la cloche était évacué. Les hémisphères de Magdebourg C'est la très spectaculaire expérience des " hémisphères de Magdebourg " qui rendit Guericke très célèbre. Deux hémisphères creux s'appliquent exactement l'un à l'autre pour former une Le premier, il fit la distinction entre le poids de l'air et ce qu'il appela sa "force élastique ". " L'air, disait-il, agit comme un ressort: il a d'autant plus tendance à se détendre qu'il est comprimé". L'atmo-sphère, comme une très haute colonne de laine posée sur le sol, s'écrase sous son propre poids. L'air au niveau de la mer est plus "tassé" qu'en altitude. Sa "force élastique " qui exprime sa tendance à se détendre y est donc plus grande. Palais de la découverte Le ballon de baudruche Boyle plaça un petit ballon de baudru-che à peine gonflé sous une cloche en verre. En y raréfiant l'air à l'aide d'une pompe aspirante, il constata que le ballon " gonflait ". Pour Boyle, l'air de la cloche, moins tassé que celui du ballon, a aussi moins tendance à se détendre. C'est pourquoi il est repoussé par l'air du bal-lon qui gonfle alors (fig.8). Fig. 6. - Expérience démontrant l'existence de la pression atmosphérique. Hémisphère de Magdebourg. 8 8 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Palais de la découverte Air et Vide Palais de la découverte Fig. 7. - Les hémisphères de Magdebourg Fig. 8. - Expansibilité des gaz 9 9 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide L'explication moderne de ce phénomènene sera donnée qu'au XVII ème siècle par Daniel Bernoulli son étant plus élevée, les ali-ments cuisent plus vite. De même, au fond des océans on peut trouver des sour-ces hydrothermales où l'eau, bien qu'elle soit à 350 °C, reste liquide. L'expérience du " tube de Newton " A l'inverse, à 5500 m d'altitude où la pression est de 380 mm de mercure, l'eau bout à 80 °C. D'ailleurs, pendant long-temps, la mesure de la température d'ébullition lors des expéditions en haute montagne constituait un bon moyen pour la détermination de l'altitude. Boyle montra également que dans le I vide un corps léger et un corps lourd tom-bent à la même vitesse. Ainsi, il donna raison à Galilée mais aussi à Lucrèce qui écrivait il y a près de deux mille ans : " ... tous les atomes doivent, à travers le vide inerte, être emportés d'une vitesse égale malgré l'inégalité de leur pesanteur ". En plaçant de l'eau à 20 °C sous une clo-che en verre et en abaissant la pression à 15 mm de mercure, elle entre en ébulli-tion, car, sous cette pression, la température d'ébullition n'est que de 18°C. Lors du passage de l'état liquide à l'état gazeux seules les molécules suffisamment agi-tées parviennent à s'extraire du liquide, en empruntant de l'énergie aux autres. En effet, si dans la vie courante une bille tombe plus vite qu'une boule de polystyrène de même taille, c'est en rai-son de la résistance de l'air qui freine iné-galement la chute des objets de densités différentes. L'ébullition de l'eau tiède Sans apport de chaleur, l'agitation moyenne des molécules du liquide ne peut donc qu'aller en diminuant. Le liquide se refroidit au cours de son ébulli-tion et lorsque la température atteint une limite suffisante, le liquide gèle. Dans une autre expérience, Boyle observa l'ébullition à basse pression de l'eau tiède et le refroidissement qui l'ac-compagne. En effet, c'est seulement sous une pression de 1 atmosphère (soit 760mm de mercure) que l'eau bout à 100 °C. Palais de la découverte Lorsqu'on chauffe de l'eau, celle-ci commence par s'évaporer à l'intérieur de petites bulles d'air sur les parois du réci-pient. A mesure que la température s'élève, la pression de la vapeur à l'inté-rieur de ces bulles augmente et lors-qu'elle atteint une valeur à peu près égale à celle de la pression externe s'exerçant sur la surface de l'eau, les bulles repous-sent l'eau et grossissent brutalement. C'est l'ébullition. Ces bulles de vapeur peuvent donc vaincre la pression externe d'autant plus facilement que celle-ci est faible. C'est pourquoi la température d'ébullition croît avec la pression. Dans un autocuiseur la pression peut atteindre 2 atmosphères. Or, sous cette pression l'eau bout à 120°C. La tempéra-ture de cuis- Fig. 9. - Machine pneumatique de Carré. 10 10 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide Quelques expériences . illustrant le principe de Bernoulli A la fin du siècle dernier, on vendait sous le nom de " Machine de Carré " de petits appareils fabriquant de la glace sur ce principe (fig. 9). - Une expérience avec deux lames incurvées Daniel Bernoulli et les bases de la théorie cinétique des gaz En soufflant de l'air entre deux lames I d'aluminium incurvées et suspendues de façon à se présenter leurs parties convexes, celuilà est contraint d'accélé-rer au niveau du rétrécissement (de même qu'en écrasant légèrement l'extré-mité d'un tuyau d'arrosage on contraint l'eau à s'écouler plus rapidement: le jet porte plus loin). L'accélération, accompa-gnée d'une diminution locale de pres-sion, provoque le rapprochement des lames. Si les lames se touchent, l'air ne peut plus passer, elles s'écartent alors, l'air passe, et ainsi de suite. Le même phé-nomène peut se produire dans un vais-seau sanguin dont la section est réduite par une plaque d'athérosclérose. Pour sa théorie élastique de l'air, Boyle était fortement critiqué en particulier par le philosophe T. Hobbes. En effet, l'origine de cette élasticité demeurait obs-cure. Au XVIIIème siècle, Daniel Bernoulli apporta la réponse. En l738, il parvint à retrouver la loi de Boyle-Mariotte (à température constante, la pression d'une même quantité de gaz est inversement proportionnelle à son volume) en suppo-sant que les gaz. sont formés d'innombra-bles particules et que la pression d'un gaz enferm6 dans une enceinte est due aux chocs répétés de ces particules sur les parois. Il jeta ainsi les bases de la théorie cinétique des gaz qui sera approfondie au XIX ème siècle par Maxwell et Boltzman. Si l'on répète l'expérience avec une seule lame, on constate que le jet d'air attire la lame. Cet effet s'apparente à l'at-traction que l'on observe lorsqu'on effleure un jet d'eau avec la partie bom-bée d'une cuillère ou avec une bille tenue au bout d'une ficelle. En effet, la cour-bure contraint les filets d'eau à accélérer, ce qui provoque une dépression respon-sable de l'attraction. Le ballon de baudruche de Boyle, revu et corrigé Tant que les chocs de l'air enfermé dans le ballon sont compensés par ceux de l'air extérieur, le volume du ballon ne change pas. - La boule en lévitation C'est ce même effet qui permet de maintenir une boule légère en lévitation, grâce au jet d'air d'un sèche-cheveux pourtant très incliné; la boule en tom-bant se décentre par rapport à l'axe du jet (fig. 10). La partie inférieure de la boule se trouvant alors pratiquement à la pres-sion atmosphérique, l'essentiel du jet dévié par la boule passe audessus d'elle en y créant une dépression qui attire la boule en compensant son poids. En raréfiant l'air sous la cloche, les chocs à l'intérieur du ballon, plus nombreux, l'emportent et le ballon gon-fle. C'est pour cette même raison que la séparation des hémisphères de Magde-bourg devient facile lorsqu'on laisse l'air pén6trer dans la sphère. Le principe de Bernoulli Bernoulli montra que dans un fluide en écoulement dont le débit est constant, toute augmentation de vitesse (due à un rétrécissement ou une courbure par exemple) se fait au détriment de la pression, plus faible là ou la vitesse est plus grande. Cette expérience permet également de comprendre pourquoi les toits en double pente des maisons sont arrachés par un vent violent. 11 11 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide L'apparition des bombes atomiques a suscité un regain d'intérêt pour l'étude de ces tourbillons. En effet, l'explosion d'une telle bombe se caractérise par la formation d'un " champignon " dont la structure rappelle celle d'un rond de fumée. Le champignon s'élève à grande vitesse et atteint une hauteur de plusieurs kilomètres. Palais de la découverte Si l'on communique à un ballon de baudruche une vitesse de 5 à 10 mètres par seconde il parcourt une distance de 1 à 2 mètres. Or, si l'on projette, avec la même vitesse, la même masse d'air mais sous forme d'anneau tourbillonnaire, elle parcourt une distance beaucoup plus grande. En effet, l'anneau n'étant pas parfaite-ment délimité, la vitesse à sa frontière floue avec l'air ambiant immobile varie continûment. Fig. 10. - Boule en lévitation. Du fait de la continuité, les frottements sur la " frontière " de cette masse d'air sans enveloppe sont bien plus faibles que pour la masse d'air contenue dans le bal-lon. La résistance est donc plus petite, et la distance parcourue est plus grande. - Les vaporisateurs Dans un vaporisateur, la dépression créée par le jet passant dans une buse rétrécie aspire le liquide à vaporiser par un tuyau débouchant au col du rétrécisse-ment (phénomène de Venturi). Pour visualiser de tels anneaux tourbil-lonnaires on peut donner un coup sec sur le fond élastique d'une caisse (boîte de conserve par exemple) remplie de fumée et dont le couvercle est troué en son cen-tre : un anneau de fumée est alors projeté à grande vitesse (fig.11). Pour l'air enfumé qui sort de la caisse, le trou constitue une discontinuité qui contraint l'air à s'enrouler pour former un anneau. En sortant par le trou, la fine cou-che d'air en contact avec le bord est ralen-tie par les frottements. De plus, elle a ten-dance à se coller sur la surface (externe) du couvercle. Mais entraînée par le jet central plus rapide, elle se décolle, créant ainsi une dépression. L'air aspiré par cette dépression rebrousse alors son che-min en amorçant un mouvement circulaire qui se maintiendra par la suite. L'anneau tourbillonnaire ainsi formé avance sur sa lancée. - Les ronds de fumée Le principe de Bernoulli est également responsable de la stabilité des ronds ( ou anneaux) de fumée. Au XIX ème siècle, avec la naissance de l'électromagnétisme, on s'intéressa beaucoup aux écoulements tourbillonnaires. En effet, les équations qui les décrivent sont analogues à celles de l'électromagnétisme. Helmholtz étu-dia les ronds de fumée, un type particulier d'écoulement tourbillonnaire. Kelvin essaya de constituer un modèle tourbil-lonnaire de l'atome, mais ses tentatives se soldèrent par un échec. 12 12 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Palais de la découverte Air et Vide Fig. 11. - Anneaux de fumée obtenus en frappant le fond en caoutchouc d'une boîte à fumée présentant une ouverture circulaire. Ces anneaux se propagent jusqu'à une distance qui peut atteindre 15 mètres Un mouvement circulaire nécessite une force centrale. Dans le cas de l'an-neau, celle-ci est due à une dépression à l'intérieur de l'anneau. En effet, dans une section de celui-ci les particules tournent d'autant plus vite qu'elles sont proches du centre de la section. La diminution de pression qui accompagne cette augmen-tation de vitesse assure la stabilité de la structure annulaire. tube en verre de 90 cm de long. Il vit alors dans tout le tube une lueur évoquant une aurore boréale. Au XIX" siècle, Faraday reprit les expériences de décharges à basse pression de Watson, de Franklin et de l'abbé Nollet. Mais, limité par les pompes de son épo-que qui ne pouvaient guère abaisser la pression en dessous de 1 millimètre de mercure, il n'alla pas très loin dans cette voie (fig. 12). Le vide et l'électricité Vers 1850, un mécanicien allemand, Geissler, fabriqua une nouvelle pompe très simple et très efficace, permettant d'abaisser la pression à quelques centiè-mes de millimètre de mercure. Depuis l'invention de Torricelli et la généralisation du baromètre on avait remarqué qu'en secouant celui-ci ou en frottant la région du tube où régnait le " vide ", de faibles lueurs bleuâtres étaient visibles dans l'obscurité. On observa alors qu'à de telles pres-sions la lumière émise dans des ampoules luminescentes disparaissait presque com-plètement et qu'il n'en subsistait qu'une " belle lueur verte énigmatique " sur les parois en verre des ampoules. Par la suite, on découvrit la cause de cette lueur. Par-tant de l'électrode négative (la cathode), des rayons (rayons cathodiques dont on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'électrons) se propagent en ligne droite et excitent la fluorescence du verre (la lueur verte). Au début du XVIII ème siècle, Hauksbee montra que cette " lumière barométri-que " est un phénomène électrique dont l'origine est l'électrisation par le frotte-ment. Il vida partiellement l'air contenu dans une boule en verre et, en la frottant, observa de belles lueurs à l'intérieur. Vers 1750, à l'aide d'une machine élec-trostatique, Watson fit passer un courant électrique dans l'air à basse pression d'un 13 13 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide abaissant la pression, une " chenille " lumineuse violette se forme entre les électrodes. En abaissant davan-tage la pression, la " chenille " grossit, pâlit et une lueur mauve envahit tout le tube. A une pression encore plus basse (10 millimètres de mercure environ), cette lueur disparaît et la décharge pré-sente alors un aspect très inhomogène. De la cathode à l'anode (électrode posi-tive) on peut observer principalement trois zones de couleurs et de tailles très différentes : - une gaine lumineuse bleue (appelée lumière négative) qui enveloppe la cathode - une région sombre de quelques centimètres de long (appelée " espace obscur de Faraday ") - une colonne lumineuse striée (appelée " colonne positive " ) qui aboutit à l'anode. Palais de la découverte On peut expliquer ces trois zones de la manière suivante: des ions positifs pré-sents dans le tube sont attirés par la cathode. La pression étant faible, les col-lisions sont relativement peu nombreu-ses et ces ions acquièrent une grande vitesse. En entrant en collision avec la cathode, ils lui arrachent des électrons. Ces derniers, en accélérant vers l'anode, entrent en collision avec les ions positifs i très nombreux près de la cathode. 11 en i résulte une abondante émission de i lumière: c'est la lumière négative. Fig. 12. - L’oeuf électrique : aspect de la décharge dans l’air à basse pression. Expérience de décharges à basse pressions jusqu'à quelques millimètres de mercure) Tout en se dirigeant vers l'anode les électrons ayant perdu leur vitesse dans la région de la lumière négative ne peuvent plus exciter, ni ioniser: c'est l'espace de Faraday où les électrons peuvent de nou-veau accélérer. Pour obtenir une étincelle d'un centi-mètre de long entre deux électrodes pla-cées à l'air libre (1 atm) il faut imposer une tension de l'ordre de 10000 volts. Sous cette même tension, si les électro-des sont à un mètre rune de l'autre, on n'observe rien: la résistance de l'air est trop grande. A la sortie de cette zone ils ont une vitesse suffisante pour pouvoir de nou-veau ioniser. Ils entrent alors dans la colonne positive où ils peuvent alternati-vement ioniser, accélérer, ioniser... Toutefois, si les électrodes sont placées dans un tube transparent relié à une pompe, en 14 14 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide Si quelque sage eût dit: " Regarde autour de toi, Homme faible ! de l'air l'océan t'environne, Sur toi pèse en tous sens sa fluide colonne! " Mais la raison bientôt, venant le rassurer, Lui dit: " Cet océan dont l'air vient t'entourer, Lui-même t'appuyant contre sa masse immense, Par un juste équilibre au dehors se balance, Et l'air intérieur, par un contraire effort, De sa force élastique exerce le ressort. Sans elle, au même instant, de ta mortelle argile, Sa masse écraserait l'édifice fragile. " C'est pourquoi la. colonne se présente sous forme d'une suite de bandes alterna-tivement lumineuses et sombres. En abaissant encore plus la pression, la lumière négative s'éloigne de la cathode et ainsi apparaît une deuxième région I sombre: l'espace obscur de Crookes. I Celui-ci s'agrandit à mesure que la pression baisse, et à 0,01 mm il occupe tout le tube. C'est à ce stade que les parois du tube émettent par fluorescence une lueur verdâtre. A 0,001 mm de mercure la fluo-rescence disparaît. La résistance est très grande. En effet, si en raréfiant l'air on facilite la circulation des ions ( diminution de la résistance), en le raréfiant trop on rend l'air trop pauvre en molécules et ions pour qu'une décharge puisse s'éta-blir. K.F. Jacques Delille Les expériences décrites dans cet article ont été rassemblées sur un stand itinérant conçu et réalisé par les services techniques et le département physique du Palais de la découverte. Pour tout renseignement concernant ce stand et les conditions de son itinérance, téléphoner au 01 40748102. Au XVII ème siècle, l'abbé Jacques Delille (1738-1813) réalise une expérience de poésie. 15 15 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/ Air et Vide 16 Kasciopé - CCSTI de la Drôme INEED Rovaltain TGV 1, rue Marc Seguin - BP 16118 Alixan 26958 Valence Cedex 9 Tél. 04 75 57 79 80 Site : http://www.kasciope.org/