immigration et integration des congolais (brazzaville) en france

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immigration et integration des congolais (brazzaville) en france
UIESP – Union Internationale pour l’Etude Scientifique de la population
XXIVème CONGRES GENERAL DE LA POPULATION
SALVADOR – BRéSIL
18 – 24 août 2001
S26 INTERNATIONAL MIGRATION – MICRO
IMMIGRATION ET INTEGRATION DES CONGOLAIS
(BRAZZAVILLE) EN FRANCE
DOUMA JEAN-BAPTISTE
Démographe,
Université de Paris X-Nanterre
15, rue Fulton
75013 Paris
RESUME
Les Congolais (Brazzaville) représentent en France le cinquième pourvoyeur des
immigrés parmi les ressortissants d’Afrique subsaharienne anciennement sous administration
française après le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Leur nombre est passé de
1172 en 1968, 3435 en 1975, 8940 en 1982 et 12755 en 1990. Dans un contexte de crises
politique et économique au Congo qui incite de plus en plus les migrants temporaires à ne pas
retourner au pays d’origine nous avons mené une recherche dont les objectifs visaient à saisir
comment se réalise leur intégration en France.
Pour répondre à cette interrogation, nous avons adopté, dans le cadre d’une enquête
exploratoire, une méthodologie qui a combiné l’analyse des statistiques institutionnelles (OMI,
OFPRA, INSEE, CNSEE) et une observation participante au cours de laquelle un
questionnaire a été rempli par 194 personnes, complété par 20 entretiens parmi les personnes
ayant répondu au questionnaire.
INTRODUCTION
Le Congo-Brazzaville est une ancienne colonie française. Sa capitale politique et
administrative Brazzaville fut la capitale de la France libre sous l’occupation nazie en 1944.
Analyser l’immigration comme vecteur d’éventuels changements de comportements implique
d’étudier la notion d’intégration. Or cette notion a été au centre d’une polémique intense
nourrie par l’idée que l’on pouvait déterminer a priori les modalités d’intégration dans la
société d’accueil.
C’est ce qu’on observe dans le clivage entre les travaux (scientifiques) qui tentent de
montrer que, d’une part, l’immigré et/ou l’étranger est une altérité irréductible (de par ses
origines), et, d’autre part, les travaux qui cherchent à prouver non seulement le contraire, mais
surtout que l’intégration ne peut être considérée comme une « assimilation absolue » des
manières d’être, de penser, de sentir etc. du milieu d’accueil.
Le choix du Congo répond davantage au souci de démontrer que quelles que soient les
origines considérées et la taille de la population en cause, le phénomène migratoire ne saurait
être réduit à une vision manichéenne dont l’objectif est de définir les immigrés en provenance
d’un pays par un seul facteur. Le facteur politique, par exemple, qui apparaît dans la littérature
des migrations internationales comme une cause « noble » des déplacements des migrants
n’est pas seulement l’apanage des migrants venus de l’Europe de l’Est et d’Asie (fuite du
communisme, les boat-people). En effet, plusieurs chercheurs ont souvent mis en évidence que
les raisons des déplacements des populations déterminaient la réussite ou l’échec de leur
intégration future dans leur pays d’accueil. Les difficultés d’intégration des ressortissants
d’Afrique subsaharienne et du Maghreb seraient ainsi justifiées par une migration à caractère
essentiellement économique et d’origine rurale.
De ce fait, nous nous sommes posés les questions suivantes : Pourquoi les Congolais
viennent-ils en France ? Qui, dans la population congolaise émigre vers la France ? A quels
problèmes sont-ils confrontés dans leur processus d’intégration ?
Pour répondre à ces questions nous avons adopté une méthodologie qui a combiné
l’analyse des statistiques institutionnelles (OMI, OFPRA, INSEE, CNSEE), le traitement
d’une enquête par questionnaire et des entretiens semi-directifs avec quelques migrants. Les
entretiens semi-directifs avaient pour objectifs de recueillir leur perception de l’intégration.
Les difficultés rencontrées sur le terrain pour effectuer cette enquête sont celles
relatives à l’étude des sous-populations ainsi que de la réalisation d’un échantillon stratifié par
sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et lieu de résidence sans un budget conséquent.
Si nous avions la répartition par sexe, tranche d’âge, catégorie socioprofessionnelle et
par zone géographique des Congolais en France, il nous était en revanche difficile de les
contacter, car nous ne disposions d’aucun fichier nominatif. Nous avons donc, dans un premier
temps, utiliser la méthode « boule-de-neige » en recourant à notre réseau de relation. Cette
méthode s’est révélée infructueuse. Dans un deuxième temps, nous avons diversifié les
modalités de contact, ainsi sommes-nous allés au consulat du Congo et dans les réunions des
associations.
Nous avons administré la majorité des questionnaires en « face-à-face » au consulat du
Congo et ceux qui ne pouvaient pas remplir le questionnaire sur place s’engageaient parfois à
nous l’envoyer par la poste.
Nous ne traiterons ici que des questions d’intégration des congolais en France après un
bref rappel des flux d’entrée par catégorie d’entrée de 1974 en 1997. Nous montrerons ainsi
qu’une population déjà acculturée à la culture de la société d’accueil (par la langue,
immigration d’origine urbaine qui valorise la distinction par l’adoption de certains
comportements de l’ancien métropole, niveau d’étude élevé des migrants,…) rencontre somme
toute les mêmes difficultés d’intégration (dans la recherche d’un emploi, d’un logement, etc.)
que les migrants venus des milieux ruraux, parlant mal ou pas le français, et sans instruction.
A-ÉVOLUTION DE LA POPULATION CONGOLAISE EN FRANCE
L’exode rural caractérise la mobilité des populations du pays. Les jeunes, en
particulier, se déplacent vers les grandes agglomérations essentiellement à la recherche d’un
emploi et pour leurs études. Brazzaville (capitale politique et administrative) et Pointe-Noire
(capitale économique) représentent les étapes finales de l’exode rural.
Tableau 1 : Structure de la population du Congo au
recensement de 1984 par zone de résidence
et par groupe d’âges en pourcentage.
< 14 ans 15-59 ans
60
Total
ans et
+
Zone urbaine
44,6
53,1
2,3
100,0
Zone rurale
44,7
46,8
8,5
100,0
Ensemble du
44,7
50,0
5,3
100,0
pays
Source : CNSEE, recensement de 1984.
La population du pays est inégalement répartie. Deux tiers de la population se
concentre dans la partie sud du pays délaissant ainsi de vastes étendues du territoire au nord du
pays. Ce sont particulièrement les conditions géographiques, climatiques et l’absence
d’infrastructures qui rendent pénibles l’installation des populations dans cette zone (forêt
équatoriale, zone marécageuse…)
Ces migrants viennent en majorité du milieu urbain congolais. Brazzaville et PointeNoire représentent respectivement 62 % et 16 % environ des villes d’origine des migrants de
notre échantillon. Environ 55 % viennent d’un milieu modeste et 45 % d’un milieu aisé. Cette
population se féminise au fil des recensements, la proportion des femmes est passée de 36 %
1982 à 43 % en 1990.
Graphique 1 : Evolution de la population congolaise en France aux différents
recensements.
20000
18000
16000
Effectifs
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1968
1975
1982
1990
1999
Années
L’immigration africaine en France a changé de visage selon les premiers résultats du
recensement de 1999. D’autres pays ont pris la relève de cette immigration. Si les
ressortissants originaires Sénégal (53900 immigrés, soit 29 % de plus qu’en 1990) et du le
Mali 46000, + 25 %) demeurent toujours les deux principales communautés, elles augmentent
moins que d’autres. Les Ivoiriens passent de 19137 à 30000 (+58% en 9 ans). Les
Camerounais de 18130 à 27000 (+48 %).
Les Congolais représentent toujours en France le cinquième pourvoyeur des immigrés
parmi les ressortissants d’Afrique subsaharienne colonisés par la France après le Sénégal, le
Mali, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Leur nombre est passé de 1172 en 1968, 3435 en 1975,
8940 en 1982 et 12755 en 1990. Ce nombre, au recensement de 1999, aurait plus que doublé
avec une hausse de 162 %, ce qui donnerait un nombre avoisinant les 33 418. Toutefois ce
pourcentage ne paraît pas fiable du fait de la confusion dû au changement de la dénomination
de l’ex-Zaïre, les deux pays réunis ont vu leurs populations croître de 58 %. Si nous
appliquons ce pourcentage aux Congolais de Brazzaville, nous obtiendrions 20153, nous
trouverions un effectif plus proche des 19020 si le taux d’accroissement annuel moyen
observé dans la période 1982-1990 était resté le même. L’immigration congolaise en France
s’inscrit dans ce qu’il est convenu d’appeler la « nouvelle vague migratoire » après l’arrêt de
l’immigration du travail en France en 1974.
B-LES CONGOLAIS ET LA NOUVELLE VAGUE MIGRATOIRE EN FRANCE
Les liens historiques entre la France et le Congo ont contribué à créer un écheveau de
relations sur tous les plans (économique, politique et culturel). Si les Congolais ont été enrôlés
dans les troupes d’anciens combattants, en revanche, ils n’ont pas bénéficié des recrutements
de la main-d’œuvre d’après guerre. Ce sont davantage des ressortissants d’Afrique du Nord et
d’Afrique occidentale, en particulier ceux du bassin du fleuve Sénégal qui furent concernés
par cette migration d’origine rurale essentiellement.
POLITIQUE D’EDUCATION ET EMIGRATION DES CONGOLAIS
L’émigration des Congolais se confond, dans une certaine mesure, à l’envoi des élèves
et étudiants à l’étranger par l’Etat congolais. Cela est surtout vrai pour les pays de l’ancien
bloc communiste avec lesquels le Congo avait l’idéologie marxiste-léniniste en partage
comme Cuba, l’Algérie, les pays de l’Europe de l’Est, la Russie et les Etats de l’Ex-U.R.S.S.
(Biélorussie, Ukraine, etc.), les pays d’Asie tels que la Chine, les pays d’Afrique comme le
Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin (pays qui ont reçu la majorité des étudiants de la faculté
des sciences de Brazzaville après que les installations de celle-ci furent détruites lors des
affrontements de 1993-1994 à Brazzaville).
L’EMIGRATION VERS LA FRANCE : UN CAS PARTICULIER ?
La situation n’est cependant pas la même pour l’émigration vers la France. Les
étudiants y constituent de tout temps une proportion considérable d’immigrés.
Les catégories d’entrée des Congolais en France se résument de la manière suivante :
1- les stagiaires de la fonction publique congolaise
2- les étudiants
3- les visiteurs
4- les familles des travailleurs (regroupement familial)
5- les demandeurs d’asile politique (les réfugiés et les familles de réfugiés)
6- les membres des familles de Français
7- les « sapeurs » (société des ambianceurs et des personnes élégantes pour qui
immigrer en France est déterminant dans la « carrière » de la sape) constituent un
cas particulier. C’est en général une immigration clandestine mais certains sapeurs
entrent régulièrement comme étudiants, visiteurs, demandeurs d’asile ou par
regroupement familial. Sur les sapeurs de Brazzaville on pourra lire le travail de
Gandoulou (1989).
LES MIGRANTS TEMPORAIRES
De tout temps la primo-migration s’est faite par des migrants temporaires (étudiants,
visiteurs, sapeurs, travailleurs temporaires, stagiaires de la fonction publique). Ce sont ces
catégories qui forment par la suite la catégorie des travailleurs permanents lorsque ces
migrants ne retournent pas dans au Congo à la fin de leur séjour.
Tableau 2 : répartition des interviewés par
état matrimonial par sexe à l’entrée (%).
Sexe
État
Total
matrimonial HomFemà l’entrée
mes
mes
Marié (e)
7,0
30,7
18,1
Vivant
2,8
2,1
2,6
maritalement
Célibataire
90,2
67,0
79,3
Divorcé (e) /
0,0
0,0
0,0
veuf (ve)
Total
100,0
100,0
100,0
103
91
194
Source : Enquête auprès des ressortisSants congolais en France, 1997
Tableau 3 : répartition des interviewés par
statut matrimonial et sexe au moment
de l’enquête (%)
Marié (e)
Vivant
maritalement
Célibataire
Divorcé (e)
Veuf (ve)
Total
Hommes
33,0
26,2
Femmes
42,9
25,4
Total
37,6
25,8
33,0
23,0
28,3
5,8
8,7
7,2
2,1
0,0
1,0
100,0
100,0
100,0
103
91
194
Source : Enquête auprès des ressortissants congolais en France, 1997
Tableau 4 : Flux d’entrée des migrants congolais temporaires par année et catégories.
Anné
es
Étudiants
Stagiaires
N
%
N
%
1988
60
71,4
2
2,4
1989
98
73,1
6
4,5
1990
160
86,2
2
1,0
1991
252
86,9
2
0,7
1992
250
87,1
1
0,4
1993
335
87,5
3
0,8
1994
343
87,9
9
0,3
1995
352
92,1
2
0,5
1996
435
81,4
3
0,6
1997
342
53,0
7
1,1
Total 2627
79,3 37
1,1
Source : omistats
* Autorisation provisoire de travail
Activités
Visiteurs Travailleurs
Total
autres
bénéficiaire
que
s d’une
salariés
A.P.T*
N
%
N
%
N
% N
%
0 0,0
18
21,4
4 4,8
84 100,0
3 2,2
18
13,4
9 6,8
134 100,0
1 0,5
20
10,7
3 1,6
186 100,0
1 0,3
29
10,0
6 2,1
290 100,0
0 0,0
27
09,4
9 3,1
287 100,0
1 0,3
32
8,3
12 3,1
383 100,0
3 0,8
25
6,4
10 2,6
390 100,0
3 0,8
17
4,5
8 2,1
382 100,0
0 0,0
82
15,4
14 2,6
534 100,0
4 0,6 280
43,4
12 1,9
645 100,0
24 0,7 548
16,5
87 2,6 3315 100,0
En principe, depuis 1974, en France, il n’y a guère de flux d’entrée de travailleurs
permanents. Les migrants entrent en général avec un statut de résident temporaire (étudiants,
stagiaires, visiteurs, etc.) et demandent à changer de statut après plusieurs années de résidence
dans le territoire, c’est ce qu’on appelle dans le tableau ci-dessous « les régularisations ».
Tableau 5 : Entrée des travailleurs permanents
par mode d’immigration.
Régularisations
Années Introductions
Régime
Demande
Total
commun
d’asile
régularisé
débouté
1977
-//-b
-//100,0
--a
1978
--//-//100,0
1979
--//-//100,0
1990
--//-//100,0
1991
3,8
-//-//96,2
1992
-38,5
61,5
100,0
1993
-68,1
31,9
100,0
1994
-73,5
26,5
100,0
1995
-95,2
4,8
100,0
1996
2,9
97,1
-//97,1
Source : Omistats
a
Effectifs nuls
b
non ventilé
Note : Entre 1980 et 1989, les données sont indisponibles.
Total
(%) Effectifs
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
16
39
11
33
52
143
47
34
21
35
Tableau 6 : Flux d’entrée des migrants congolais permanents par année et catégories.
Année
Travailleurs
permanents
N
%
1988
25
9,0
1989
29
7,8
1990
33
7,5
1991
52
10,0
1992
143
20,6
1993
47
9,0
1994
34
7,3
1995
21
7,4
1996
35
10,9
1997
23
7,3
Source : Omistats
Familles des
travailleurs
permanents
N
%
111
39,6
134
36,2
189
43,2
142
27,5
175
25,2
130
24,6
86
18,5
50
17,6
59
18,4
64
20,2
Familles de
Français
N
144
207
212
296
334
335
344
207
226
228
%
51,4
56,0
48,4
57,3
48,1
63,6
73,8
72,9
70,4
71,9
Réfugiés et
familles de
réfugiés
N
%
0
0,0
0
0,0
4
0,9
27
5,2
42
6,1
15
2,8
2
0,4
6
2,1
1
0,3
2
0,6
Total
N
280
370
438
517
694
527
466
284
321
317
%
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
L’IMMIGRATION FAMILIALE
L’immigration familiale a accentué le processus de féminisation des populations
migrantes en France comme on peut le voir sur la courbe de masculinité ci-dessous chez les
Congolais. C’est une tendance de fonds qui est observable quel que soit le pays d’origine des
migrants.
Chez les Congolais cette féminisation est en partie le reflet d’une politique d’éducation
de masse qui a rendu la scolarisation obligatoire dès l’âge de six ans.
Tableau 7 : Effectifs de l’ensemble des étudiants congolais de l’enseignement
supérieur par sexe et par année
Masculin
Féminin
Total
Année
Rd
Effectifs
%
Effectifs
%
Effectifs= proportion en
100%
France
e
1970
1701
95,1
87
4,9
1788
--1975
2928
90,1
321
9,9
3249
1980
6176
85,1
1079
14,9
7255
-1981
7704
86,7
1182
13,3
8886
-1982
8183
86,6
1262
13,4
9445
-1983
8487
85,0
1497
15,0
9984
-1984
8847
84,7
1597
15,3
10444
-1985
9019
84,4
1665
15,6
10864
-a
1986
----11008
-1987
9871
82,0
2172
18,0
12043
-1988
8751
84,9
1559
15,1
10310
0,6
1989
------1990
8786
82,3
1885
17,7
10671
1,5
1991
9804
81,4
2241
18,6
12045
2,1
1992
11428b
//
2378
//
13806
1,8
1993
11846
//
2521
//
14358
2,3
1994
12261
//
2672
//
14933
2,3
1995
12698
//
2832
//
15530
2,3
1996
13149
//
3002
//
16151
2,7
1997
13937
//
3183
//
17120
2,0
Source : Institut de Statistique de l’U.n.e.s.c.o.
a
Effectifs non disponibles.
b
Effectifs estimés sur la base d’un taux d’accroissement annuel moyen de 4% pour
l’ensemble entre 1985 et 1992 d’une part et de 6% pour les femmes entre 1985 et 1991.
Les effectifs des hommes sont obtenus par soustraction entre l’effectif total et l’effectif des
femmes de l’année correspondant. Nous faisons l’hypothèse des proportions constantes
entre les hommes et les femmes (81,4% contre 18,6%) de 1992 à 1997.
c
// = idem.
d
R = [effectif des étudiants entrés en France l’année x (cf. tableau 12) / effectif de
l’enseignement supérieur du Congo de l’année x]*100.
e
Avant 1988, l’OMI n’assurait pas le contrôle sanitaire des étudiants à l’entrée en France.
Nous ne disposons pas des flux d’entrée des étudiants pour la période antérieure à 1988.
Note : les étudiants qui sont inscrits dans les universités françaises et qui sont entrés en
France avec le niveau inférieur au baccalauréat ne sont pas compris dans ces statistiques
s’ils ne sont pas boursiers du gouvernement congolais.
Le fait que la proportion de femmes de l’enseignement supérieur soit encore largement
inférieure à celle des hommes (soit un rapport d’une femme pour quatre hommes) ne doit pas
masquer une évolution qui s’illustre par un écart beaucoup moins grand parmi les flux d’entrée
d’étudiants.
LE NON-RETOUR DES IMMIGRANTS TEMPORAIRES
Dans la nouvelle vague migratoire qui a suivi l’arrêt de l’immigration du travail en
France en 1974, la compréhension des motivations du non-retour des migrants temporaires
devient primordiale.
Tableau 8 : Citez cinq raisons par ordre d’importance qui
vous ont incité à rester définitivement en France ?.
%
La crainte du chômage au pays
98,7
L’instabilité politique, pas de démocratie,
l’insécurité
Recherche du bien-être familial (pour ceux qui
se sont mariés, l’éducation des enfants)
L’aide à la famille restée au pays est meilleure si
je suis ici plutôt que là-bas
Mes parents se trouvent en France
98,1
J’ai trouvé un emploi qui me plaisait
18,8
La famille du pays d’origine veut que je reste
77,1
43,5
32,0
9,3
Parce que je me sens mieux ici et ne me sens
3,6
plus capable de m’adapter au mode de vie de làbas
Source : Enquête auprès des Congolais en France, 1997.
NB : Lire 98,7% des répondants à cette question ont cité la
crainte du chômage au pays d’origine comme une raison de
non-retour au pays d’origine.
La famille joue un rôle central dans l’immigration des Congolais vers la France.
Tableau 9 : Rôle de la famille pour voyager en France en fonction
de la présence des membres de la famille en France (%).
Total
Membres de la famille en France
Aide
reçue
pour
le
voyage.
Membres
Aucun
Membres
de la
membre de
de la
famille
la famille
famille
éloignéeb
prochea
Ma famille m’a fait venir
52,6
28,5
39,9
47,9
Ma famille en partie
1,3
5,7
0,0
2,1
Je me suis débrouillé(e)
9,7
25,7
20,2
12,9
seul(e)
C’est mon conjoint
14,3
5,7
0,0
12,4
C’est l’Etat
22,1
34,3
39,9
24,7
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
154
35
5
194
Source : Enquête auprès Congolais en France, 1997.
a, b
Les notions de « famille proche » et « famille éloignée » viennent
directement des interviewés. Elles ne recouvrent pas des référents
homogènes. Cependant les parents, les frères et/ou les sœurs, de
l’interviewé se trouvent exclusivement dans les « proches ». Tandis que dans
les « membres éloignés », les cousins, des membres de la famille fréquentés
occasionnellement sont les plus cités.
Les crises politiques (notamment les conflits qui ont détruit le Congo-Brazzaville
depuis 1997), économiques (le chômage est à l’état endémique, aucun chiffre récent ne
l’évalue), la solidarité familiale sont les principales motivations des migrants temporaires à
rester en France. L’aide à la famille restée au pays est aussi important que le bien-être de la
famille dont le migrant à la charge en France.
TYPE D’UNION ET NOMBRE D’ENFANTS PAR FEMME
D’après S. thave et C. Kohler (1997, p.11) : « les immigrés vivent moins souvent seuls
que l’ensemble de la population de la France : 19 % des ménages d’immigrés sont composés
d’une seule personne contre 27 % de l’ensemble des ménages». Au recensement de 1990, en
effet, les ménages congolais d’une seule personne ne représentaient que 19,3 % de l’ensemble
des ménages congolais.
Tableau 10 : répartition des interviewés par type de
ménage et sexe (%).
Homme
Femme
Total
Personne seule
21,4
11,0
16,5
Personne seule +
a.m.f.
Couple marié sans
enfant
4,9
-
2,6
5,8
4,4
5,2
Couple marié sans
enfant + a.m.f.
Couple marié avec
enfant
2,9
-
1,5
27,2
35,2
30,9
3,9
7,7
5,7
6,8
6,6
6,7
2,9
2,2
2,6
13,6
12,1
12,9
Couple non marié
avec enfant + a.m.f.
Famille
monoparentale
1,0
3,3
2,1
3,9
11,0
7,2
Famille
monoparentale +
a.m.f.
Total
5,8
6,6
6,2
Couple marié avec
enfant + a.m.f.
Couple non marié
sans enfant
Couple non marié
sans enfant + a.m.f.
Couple non marié
avec enfant
100,0
100,0
100,0
103
91
194
Source : enquête auprès des Congolais en France, 1997.
Note : (a.m.f.) = autres membres de la famille.
(-) = effectifs nuls.
Chez les ressortissants congolais le type de ménage dominant est proche du modèle de la société
d’accueil, à savoir un « couple avec enfant ».
REFUS DE L’UNION POLYGAME EN FRANCE
Les Congolais valorisent en France l’union monogame, les femmes sont plus opposées
à l’union polygame que les hommes.
Tableau 11 : répartition des opinions sur la polygamie par sexe de l’interviewé (%)
Sexe
Mascu- Féminin
lin
Pour aucune raison je ne la tolérerai
56,3
87,9
C’est notre patrimoine, il faut la conserver…
15,5
1,1
Si le mari a des moyens, pourquoi pas…
0,0
1,1
En cas de stérilité de la femme…
1,0
0,0
En cas d’infidélité de la femme…
1,0
0,0
Pour un rôle social, il y a plus de femmes et
1,0
0,0
moins d’hommes…
Si c’est légal ça ne pose pas de problème, il
1,0
0,0
faut éviter les « bureaux »…
Je préfère une polygamie sincère à une
1,0
0,0
monogamie hypocrite…
Avec la crise à quoi ça sert….
1,9
0,0
On ne peut aimer deux femmes à la fois…
1,9
0,0
Avec le sida tu ne peux pas les contrôler
1,9
0,0
toutes…
En France ce n’est pas bon, c’est dépassé…
1,0
0,0
ça déséquilibre les enfants, je suis moi1,0
0,0
même fils d’un polygame…
J’espère que je ne le serai jamais…
1,0
0,0
Chacun fait ce qu’il veut, je suis indifférent(e)
6,8
4,4
Contraire à ma religion
2,9
1,1
Non réponse
4,9
1,1
Total
100,0
100,0
103
91
Source : Enquête auprès des Congolais en France, 1997.
Opinion sur la polygamie
Total
71,1
8,8
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
0,5
1,0
1,0
1,0
0,5
0,5
0,5
5,7
2,1
3,1
100,0
194
Nombre d’enfants souhaités
Le nombre moyen d’enfants par femme de notre échantillon est de 2,6 (sur un total de
64 femmes). Lorsque nous ajoutons au nombre d’enfants en vie (pour ceux qui en avaient), le
nombre d’enfants qu’ils souhaitent avoir en plus, nous obtenons une descendance finale
souhaitée de 3,5 enfants par femme en moyenne (cf. tableau 14).
Tableau 12 : nombre moyen d'enfants
survivants selon l'âge des hommes à
l'enquête et lieu de naissance du premier
enfant (%).
Groupes
Lieu de naissance du premier
d’âges
enfant
25-34
35-44
45-54
55 ans & +
Ensemble
Congo
France
Ensemble
2,7
2,5
5,5
4,6
3,8
1,3
1,9
3,3
3,5
2,5
2,0
2,1
4,2
4,2
3,1
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Tableau 13 : nombre moyen d'enfants
survivants selon l'âge des femmes à
l'enquête et lieu de naissance du premier
enfant (%).
Groupes
Lieu de naissance du premier
d’âges
enfant
< 25 ans
25-34
35-44
45 ans & +
Ensemble
Congo
France
Ensemble
3,2
3,3
5,0
2,9
1,0
1,7
2,9
3,0
2,2
1,0
2,3
3,0
4,0
2,6
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Tableau 14 : descendance finale moyenne
souhaitée selon le lieu de naissance du
premier enfant et le sexe des interviewés
ayant au moins un enfant au moment de
l'enquête (%).
Homme Femme Ensemble
Congo
3,9
4,1
4,0
France
3,2
2,9
3,1
Ensemble
3,6
3,5
3,5
Source: enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Dans notre enquête, nous avions également demandé aux personnes interrogées, la
descendance de leur mère et de leur père. La tendance est dans l’ensemble à la baisse si nous
comparons les descendances finales souhaitées par nos interviewés avec celles de la
génération de leurs parents. Par rapport aux femmes françaises, nous constatons que la
fécondité des femmes congolaises restera encore élevée en France si nous nous basons sur les
résultats des descendances finales souhaitées. Cette baisse s’explique, entre autres, par l’usage
des moyens contraceptifs tant dans le pays d’origine que dans le pays d’accueil, avec des
disparités importantes entre les deux lieux. Les méthodes contraceptives modernes utilisées
par les personnes interviewées, au Congo comme en France, sont la pilule, le préservatif et le
stérilet.
L’EMPLOI
Dans un premier temps, nous avons donc cherché à montrer les principaux facteurs qui
pourraient expliquer la non-intégration des Congolais dans leur pays d’origine. Nous avons
ainsi retenu principalement les facteurs socio-économique et politique du Congo au cours des
quatre décennies écoulées. Ainsi nous avons montré à partir des seules données issues du
recensement de 1984, que le chômage des jeunes est devenu endémique1. La fonction
publique, premier pourvoyeur d’emplois a cessé d’embaucher et mieux se déleste d’une partie
de son personnel pour répondre aux exigences de gestion prônée par le FMI. Dans la décennie
1990, la crise économique qui a empiré malgré la mise en chantier de nouveaux gisements de
pétrole (dont les redevances comptent pour environ 70 % du budget), se manifeste par de
nombreux mois de salaires impayés, le non-paiement des bourses des étudiants et des pensions
des retraités.
Il n’est pas étonnant que la presque totalité de nos répondants (98,7 %) affirme que
c’est la crainte du chômage dans le pays d’origine qui les a poussés à rester en France. Et
presque la même proportion (98 %) évoquent la situation politique désastreuse du pays
(cf.tableau 8) Pour beaucoup d’entre eux, en effet, la décision de ne pas repartir au pays avait
été prise dans la décennie 70 ou 80. Les guerres de la décennie 1990 ne sont que la suite
logique d’un mauvais fonctionnement des institutions étatiques du Congo.
Tableau 15 : Répartition des ressortissants congolais
en France par groupe d’âge, sexe, et catégorie
socioprofessionnelle au recensement de 1990
Hommes
Femmes
Ensemble
N
N
N
%
%
%
Âges au
recensement de
1990
Moins de 15 ans
1487
20,5 1593
29,0 3080
24,2
15-24
1268
17,5 1418
25,8 2686
21,1
25-34
2777
38,2 1752
31,9 4529
35,5
35-54
1684
23,2
700
12,7 2384
18,7
55-64
44
0,6
20
0,4
64
0,5
65 et plus
4
0,1
8
0,2
12
0,1
PCS
Agriculteur
0
0,0
4
0,1
4
0,0
Commerçant
76
1,1
44
0,8
120
0,9
Cadres et autres
532
7,3
56
1,0
588
4,6
professions
supérieures
Intellectuelle
Professions
556
7,6
144
2,6
700
5,5
intermédiaires
Employés
516
7,1
856
15,6 1372
10,7
Ouvriers
1352
18,6
368
6,7 1720
13,5
Retraités
12
0,2
8
0,2
20
0,2
Inactifs
4220
58,1 4011
73,1 8231
64,5
Ensemble
7264 100,0 5491 100,0 12755 100,0
Source : Insee, recensement 1990.
1
37,7 % chez les 20-24 ans ; 18,4 % chez les 25-29 ans et 5,9 % chez les plus de 30 ans.
Tableau 16 : Répartition des enquêtés selon la csp et
la situation de l’emploi (%).
Situation d’emploi de l’interviewé
Inscrit à
Salarié Salarié
À son
Inactif En congé
l’A.N.P.E. ou
du
du
compte
(maternité
à la
secteur secteur
ou
recherche
privé
public
formation)
d’un emploi
Cadres
et
5,6
20,3
64,7
0,0
0,0
0,0
autres
prof.
Supérieures
intellectuelles /
professions
intermédiaires.
Employés
/
44,4
79,7
35,3
100,0
0,0
100,0
ouvriers/
artisan
pet.
commerçant
Retraités
/
50,0
0,0
0,0
0,0
100,0
0,0
autres inactifs
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
18
79
34
7
52
3
Source : enquête auprès des Congolais en France, 1997.
Total
20,1
49,5
31,4
100,0
194
Parmi les personnes interrogées, 18 soit 13 % par rapport à l’ensemble des actifs ont
déclaré qu’elles étaient au chômage au moment de l’enquête. Deux types de chômage sont
observables dans le milieu immigré congolais : le chômage récurrent dû à l’importance des
formes d’emplois précaires (intérim, C. D. D.) et le chômage dû à la recherche d’un premier
emploi.
Tableau 17 : Répartition des catégories socioprofessionnelles
selon les diplômes les plus élevés
obtenus par les enquêtés (%).
Total
Niveau de diplôme
ème
er
ème
Secon3
cycle 1 et 2
cycle
daire
/Primaire/
Aucun.
Cadre/profession
55,8
11,9
3,6
20,1
intellectuelle/professions
intermédiaires
Employés / ouvriers
7,7
47,5
73,5
47,9
Retraité / autres inactifs
36,5
40,7
22,9
32,0
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
52
59
83
194
Source : enquête auprès des Congolais en France, 1997.
2
La valeur du X est 78,88 pour 4 ddl, significatif à 5 %
Comme dans l’ensemble de la société d’accueil, leur promotion sociale est fonction de
leur formation, des diplômes2 obtenus et de la maîtrise de la langue française qui est aussi la
leur. Cependant le manque de diplômes et de qualifications appropriées ne sont pas les seules
variables explicatives du phénomène « d’ouvriérisation » c’est-à-dire de la tendance à occuper
des emplois non qualifiés et sous payés que les autochtones ne souhaitent pas occuper. La
difficulté d’insertion en matière d’emploi des migrants diplômés est à la fois une conséquence
des orientations scolaires au Congo trop souvent inadaptées aux besoins réels en France et qui
ne leur permettent pas d’intégrer facilement des secteurs d’activité professionnelle auxquels ils
étaient destinés au Congo en général dans la fonction publique, car la plupart des emplois du
secteur public en France leur sont interdits.
Au-delà du cas particulier des migrants diplômés, tous les migrants sont
potentiellement confrontés à des phénomènes de victimation liés à l’immigration (voir tableau
26 plus loin). Telle la discrimination à l’embauche qu’ils ont tendance à imputer à leur couleur
de peau. Ces éléments explicatifs justifient bien les taux élevés de chômage chez les immigrés
par rapport à l’ensemble de la population française et leur concentration dans des catégories
inférieures des professions (employés et ouvriers non qualifiés; Tableau 15). Par conséquent
leurs niveaux de salaires sont en moyenne plus faible que les salaires moyens de la population
française.
VILLES D’IMPLANTATION ET LOGEMENT
Dans la France entière, c’est le département de Seine-Saint-Denis (1852) qui compte le
plus de migrants congolais, suivi du Val d’Oise (1200) et du Val-de-Marne (964). Paris
n’arrivent qu’en quatrième position (931), suivi de l’Essonne (862) qui a la particularité
d’avoir des concentrations de ressortissants congolais de Brazzaville et congolais ex-zaïrois à
Grigny et à Ris-Orangis. On peut constater l’attrait significatif de la Région parisienne par
rapport aux agglomérations provinciales. Cette carte d’occupation de l’espace se confond
beaucoup avec la carte de l’emploi car, sans avoir les taux d’activité précis de ces
agglomérations, on peut affirmer sans risque de se tromper que la Région parisienne, Lyon,
Lille et Toulouse constituent des viviers d’emploi pour l’ensemble de la population française.
Ce qui dénote une attraction des Congolais pour des villes où ils peuvent trouver un emploi
avec moins de difficultés.
2
6,3% des possesseurs d’un diplôme supérieur sont chômeurs mais 13,5% quand ils sont
immigrés. Pour ceux qui possèdent un diplôme de niveau bac+2 le taux passe de 7,1% à
21,4% pour les immigrés.
Nord
Somme
Seine-Maritime
Oise
Calvados
Marne
Meurthe-et-Moselle
Ille-et-Vilaine
Loiret
Loir-et-Cher
Loire-Atlantique
Côte-d’Or
Vienne
Rhône
France - Départements
Isère
par effectifs
130à 1 860 (20)
120à 130 (2)
110à 120 (2)
100à 110 (4)
0 à 100 (68)
Gironde
Haute-Garonne Hérault
Bouches-du-Rhône
Pyrénées-Atlantiques
REPARTITION DES CONGOLAIS EN FRANCE AU RECENSEMENT DE 1990
DANS LES DEPARTEMENTS DE PLUS DE 100 HABITANTS.
D’après l’INSEE, le nombre de personnes par pièce est un indicateur grossier de
surpeuplement. Il est possible de calculer un indicateur plus précis, prenant en compte la
composition du ménage et l'âge des enfants selon une norme établie de façon suivante :
- Deux pièces pour une personne seule ou un couple (une pièce de séjour pour le ménage et
une chambre) ;
- Pour les familles, une pièce supplémentaire pour deux enfants s’ils sont de même sexe et
ont moins de 19 ans ou de sexe différent et ont moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant ;
- Une pièce supplémentaire pour les éventuelles personnes hors-famille non célibataires et
les célibataires de 19 ans ou plus.
Selon cette norme, tous les logements d’une pièce sont considérés comme surpeuplés, quel
que soit leur nombre d’habitants. Le logement est dit en peuplement normal s’il compte autant
de pièces que la norme, en surpeuplement s’il en compte moins, en sous-peuplement s’il en
compte plus. Exemples : un couple vivant dans une pièce est en surpeuplement modéré. Une
famille ayant un garçon et une fille dont l’un a plus de sept ans est en surpeuplement critique
s’il vit dans un deux-pièces. (INSEE Guides N°4 ; S. Thave, 1999).
Tableau 18 : répartition des catégories
socioprofessionnelles et le mode de peuplement du
logement (%).
Peu- Surpeu- Surpeu- Sous- Total
plement plement plement peuplement
normal modéré critique
Cadres /
22,7
3,2
16,7
37,0
20,1
professions
intermédiaires
Employé /
ouvriers /
artisans petits
commerçants
56,8
35,5
47,9
33,3
47,9
Retraités /
autres inactifs
Total
20,5
61,3
35,4
29,6
32,0
100,0
100,0
100,0
100,0 100,0
88
31
48
27
194
Source : enquête auprès des Congolais en France, 1997.
.Tableau 19 : répartition du type de logement occupé et
nature du couple en fonction du statut de l’occupant (%).
Statut d’occupation Total
du logement
Locataire Propriétaire
Type de logement
H.L.M.
64,3
22,2
62,4
Autres immeubles
33,0
33,4
33,0
Pavillons
44,4
2,0
Cité univers.
2,7
2,6
Total (logement)
100,0
100,0
100,0
185
9
194
Nature du couple
Couple endogame*
81,9
20,0
79,5
Couple mixte
18,1
80,0
20,5
Total (couples)
100,0
100,0
100,0
127
5
132
Source : Enquête auprès des Congolais en France, 1997.
* Les conjoints sont d’origine congolaise
Note : (-) effectifs nuls.
Tableau 20 : nombre de personnes par
pièces selon le type de famille (%).
Tableau 19 : revenus du ménage selon le
type de la famille (%)
Famille Famille
Total
nucléaire élargie
< 4000 F
12,2
14,3
12,6
[4000-7000[
18,2
34,3
21,3
[7000-10000[
22,3
17,1
21,3
[10000-15000[
25,7
34,3
27,3
15000 F & +
21,6
17,5
Total
100,0
100,0
100,0
148
35
183
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Normal
Surpeuplement modéré
Famille
nucléaire
46,8
17,5
Famille
élargie
40,0
10,0
Total
45,4
16,0
Surpeuplement critique
18,8
47,5
24,7
Souspeuplement
Total
16,9
2,5
13,9
100,0
100,0
100,0
154
40
194
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Selon ces tableaux, 59,3 % de nos interviewés vivent dans des logements qui ne
souffrent pas de l’inconfort du surpeuplement. Parmi eux, 45,4 % sont en peuplement normal
et 13,9 % en sous-peuplement. 40,7 % vivent donc en surpeuplement dont 24,7 % sont en
surpeuplement critique.
Associations
Il existe divers types d’associations congolaises en France, formelles et informelles,
dont les objectifs sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 21 : associations congolaises en France selon leurs objectifs
Professionnelle
Amicale pour le
développement de
l’arrière pays
Association
des
démocrates
congolais
Le carrefour des
jeunes congolais
Association
Mindouli espoir du
Congo
Association
congolaise
des
Solidarité Culturelle Cultuelle
Politique
Développement
économique du
pays, de la
région d’origine
X
X
X
X
X
artistes plasticiens
en France
N’gouala
X
X
association*
Kiyengi
X
X
association*
Association
X
Cardinal
Émile
Biayenda*
Association
X
X
solidarité avenir*
Association pour
X
la démocratie et le
développement au
Congo
Association œuvre
X
culturelle
congolaise
Association pour
X
la promotion de la
francophonie au
Congo
Association
X
Louéssé-Garonne
Groupe d’initiative
X
pour
le
développement du
Congo
Association
X
congolaise
entraide
et
mutualité.*
Source : maison des associations de Paris.
* Associations non répertoriées à la maison des associations et que nous avons découvert
pendant l’enquête.
Tableau 22 : répartition des adhésions
aux associations par sexe (%).
Membre
d'aucune
association
Membre d'une
association
congolaise
Membre d'une
autre
association
Membre des
deux types
d'associations
Total
Homme
Femme
Total
79,6
82,4
80,9
10,7
8,8
9,8
5,8
5,5
5,7
3,9
3,3
3,6
Tableau 24 : Répartition de la fréquentation
des lieux de cultes par sexe
Total
Sexe
Masculin
Féminin
Régulier
24,3
44,0
33,5
Occasionnel
38,8
33,0
36,1
Jamais
36,9
23,1
30,4
Total
100,0
100,0
100,0
103
91
194
Source : Enquête auprès Congolais en France, 1997.
2
La valeur du X est 9,081, non significatif à 5 %, nous
ne rejetons pas l’hypothèse d’indépendance.
100,0
100,0
100,0
103
91
194
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Tableau 23 : répartition des interviewés
membres des associations françaises
par sexe (%).
Homme Femme Total
Parent d'élève
54,5
100,0
66,7
Parti politique
18,2
13,3
Syndicat
18,2
6,7
Autres
9,1
6,7
Total
100,0
100,0 100,0
11
4
15
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Note : (-) effectifs nuls.
Tableau 25 : Répartition des interviewés
selon la religion et le sexe (%).
Masculin Féminin
Total
Catholique
63,1
54,9
59,3
Protestant
14,6
27,5
20,6
Orthodoxe
3,3
1,5
Musulman
1,1
0,5
Animiste
1,0
3,3
2,1
Sans religion
21,4
9,9
16,0
Total
100,0
100,0
100,0
103
91
194
Source : enquête auprès des Congolais en
France, 1997.
Note : (-) effectifs nuls
La langue pratiquée est le français. L’école est fortement valorisée. Les associations
culturelles ou politiques ne sont pas un lieu privilégié de socialisation des migrants congolais
contrairement à d’autres populations africaines. S’il existe des associations religieuses,
politiques ou de solidarité économique comme le Likelimba, y participer n’est pas fortement
revendiqué par la majorité des Congolais car « ça provoque des problèmes », disent-ils.
DISCRMINATION ET AUTRES PHENOMENES DE VICTIMATION
L’analyse des entretiens réalisés (cf. tableau 26) permet de dégager des thèmes se
rapportant à la discrimination ou aux difficultés de se faire accepter dans la société française.
Les phrases-types nous ont permis de déceler aisément, chez certains interviewés, les
différents thèmes évoqués. C'est une construction a posteriori que justifie le fait que nous
n'avons pas présenté un catalogue de faits considérés comme racistes ou discriminants à
l'instar des items utilisés dans les sondages de la commission nationale des droits de l'homme.
Comme nous n’avons rien suggéré à nos interviewés, ni une définition de l'intégration, ni les
problèmes spécifiques qui sont considérés comme discriminants dans le processus
d'intégration, on peut considérer les résultats de ce tableau comme un résumé des faits les plus
importants qui ont fortement marqués les interviewés depuis qu'ils vivent en France.
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Tableau 26 : Les thèmes cités par les Congolais interviewés lors
des entretiens comme signes de leur difficulté à s'intégrer
ou à être acceptés dans la société d'accueil
Thèmes évoqués
Expressions types
Fréquence
d'apparition
1. Logement
« Le propriétaire m'a répondu qu'il a donné
1
Dans
la phase
de des consignes que : je ne louerai pas mon
logement à un étranger. »
recherche
2. Emploi
Dans
la
phase
recherche
Déqualification
« Au téléphone tout s'est bien passé,
de quand je me suis présenté. On m'a dit que
le poste était pris. »
« J'étais fonctionnaire de catégorie A au
Congo…j'ai pris ma retraite au poste de
réceptionniste. »
Discrimination salariale
« Je gagne 500F net de moins que mon
collègue pour le même poste de travail
alors que j 'ai 15 ans d'ancienneté, lui 2
ans »
Insultes racistes sur le « …c'est à toi de le faire, comment
lieu de travail.
faisaient tes ancêtres ? »
« …c'est moi qui devrais être à ce poste
de travail… »
3. Etudes
« Le Français qui s'occupait de la scolarité
Non-acceptation
de au Congo étant remplacé par un Congolais
l'équivalence du diplôme les équivalences de diplôme de la
obtenu au Congo
promotion suivante n'ont pas été
acceptées. J'ai dû refaire la licence. »
4. La peau noire.
« Notre peau est différente. Nous ne
La
peau
Noire
est pouvons pas nous sentir comme chez
discriminante
nous. Même les Antillais qui sont français
à part entière…en réalité ils sont
entièrement à part. »
5. Problèmes de titre de « Maintenant je peux dire que tout va bien,
séjour.
mais j'ai vraiment souffert pour être
6
8
1
8
1
5
3
régularisée. »
Le thème de l'emploi est le plus évoqué. C'est-à-dire que l'association entre l'intégration
et l'emploi est prise comme exemple pour exprimer les difficultés quotidiennes de leur vie en
France. Les sous-thèmes du thème emploi montrent en effet les différents contextes de leur
manifestation. Exercer un emploi est un signe fort de leur discours car il comporte un double
sens : d'abord le fait de travailler permet d’échapper au sentiment exclusion, ensuite il signifie
pour l'étranger et/ou l'immigré qu'il remplit un des objectifs qu'il s'est assigné en venant en
France. De fait toute entrave à la réalisation de cet objectif primordial est mis en avant dans les
discours. L'injustice et l'exploitation (différence de salaire pour le même emploi), les allusions
racistes et xénophobes qu’il subit, confortent l'immigré et/ou l'étranger dans l'idée qu'il est à
peine toléré.
23
CONCLUSION
En définitive, dans leur processus d’intégration, les primo-immigrés congolais ont
certes des atouts, à savoir, l’usage de la langue française et le niveau d’éducation élevé pour la
plupart des migrants. Ainsi certains changements démographiques apparaissent. Il s’agit du
retard de l’âge au mariage, la structure des ménages tendant vers celle du modèle de la famille
d’accueil, nombre d’enfants nettement moindre qu’au Congo témoignant du recours à la
contraception.
Cependant cette proximité de comportement ou ce processus d’acculturation n’est pas
un gage d’intégration. En effet, ces migrants sont handicapés par les phénomènes de
discrimination lors de la recherche d’un emploi ou d’un logement à cause de la couleur de la
peau par exemple. Or, compte tenu des crises économique et politique que connaît le Congo,
de la pression que subissent les migrants temporaires de la part de la famille restée au Congo,
ainsi que le besoin de la recherche d’un prestige social, et étant donné l’image positive dont
bénéficie la France au Congo, ces derniers se résignent à une intégration a minima. De sorte
que, si objectivement en France ils ne connaissent pas la même promotion sociale que la
majorité des Français à diplôme égal par exemple, ils affirment néanmoins « vivre mieux que
s’ils étaient rentrés dans leur pays d’origine ». Les primo-migrants se représentent donc leur
intégration par rapport à la situation (socio-économique) qu’ils auraient au Congo et très
marginalement par rapport à celle qu’ils pourraient avoir en France.
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