Les investissements directs étrangers en Tunisie
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Les investissements directs étrangers en Tunisie
Les investissements directs étrangers en Tunisie L’attractivité de la Tunisie a enregistré un fléchissement depuis la fin des années 2000, alors qu’elle attirait traditionnellement de nombreux investissements directs étrangers dans le domaine des industries de transformation. Ces dernières années, à l’image de l’exemple français, principal investisseur en Tunisie depuis 2011, les investissements sont principalement le fait des extensions d’entreprises déjà installées. 1. L’attractivité de la Tunisie décline depuis la fin des années 2000, avec une évolution sensible de la composition des investissements Selon la source utilisée, la composition des statistiques de stock d’Investissements Directs Etrangers (IDE) est assez différente. En y intégrant l’ensemble des secteurs, les statistiques fournies par les Nations-Unies (CNUCED) recensent, pour 2015, un stock d’Investissement direct en Tunisie de près de 33 Mds €, soit 75% du PIB. La FIPA (Foreign Investment Promotion Agency) en charge de la promotion des investissements tunisiens dans le secteur industriel a reconstitué des séries statistiques de stock hors énergie, hors services financiers et hors distribution : elle avance un stock d’IDE de 20 Mds TND (soit 8,2 Mds €) fin 2015. Le stock d’investissement en provenance du Golfe est particulièrement important : plus du tiers en consolidant la position des Emirats Arabes Unis (25% du total) et celle du Qatar (10%). L’Union Européenne (UE) reste toutefois légèrement devant. La France est ainsi le second investisseur avec 1,3 Md€ et 16% du stock d’investissements étrangers, suivie par l’Italie avec 8%, l’Espagne et l’Allemagne avec des parts avoisinant les 5%. Le bilan en termes d’emplois est très différent : la France (près de 135 000 emplois), l’Italie et l’Allemagne (plus de 60 000 chacun) représentent près des deux-tiers des emplois contre environ 3% pour les pays du Golfe cités précédemment. Cela tient à la nature des secteurs : émiratis et qatariens ont principalement investis dans les télécommunications (plus de 90% du montant investi) alors que les investissements européens se concentrent dans des secteurs intensifs en main d’œuvre et moins capitalistiques : textile et habillement (France, Italie et dans une moindre mesure l’Allemagne), industrie mécanique, métallique et métallurgique (France et Italie), électrique et électronique (Allemagne, France), matériaux de construction (Espagne et Allemagne). D’après les données de la FIPA, les flux entrants d’IDE s’élèvent, en incluant le secteur de l’énergie, à un peu moins d’1 Md€ en moyenne par an depuis 2011, 910 M€ en 2015 ; montant en retrait par rapport à ceux enregistrés avant la révolution. Selon la FIPA, l’énergie est le secteur qui a le plus bénéficié d’IDE ces dernières années : la moitié des flux d’IDE entrants sur la période 2011-2015, même si cette proportion est en déclin compte tenu de l’épuisement des réserves énergétiques en Tunisie et du ralentissement de l’attribution des permis d’exploration dans les années récentes. Le secteur industriel représente traditionnellement un quart des flux d’IDE, avec une montée en puissance des industries électriques et électroniques, de l’automobile ou encore de l’aéronautique, au détriment de la filière textile-habillement. La baisse de l’importance relative du secteur énergétique s’est faite au bénéfice du secteur des services dont la part est passée de 15% à 22% (dynamisme du secteur financier et des télécommunications et malgré un secteur du tourisme de moins en moins attractif). La part des IDE dans le secteur agricole, relativement fermé aux étrangers, reste marginale. Au cours du premier semestre 2016, les flux d’IDE se sont élevées à 915 M TND (377 M€), en recul de 23% par rapport au premier semestre 2015. Les investissements dans le secteur des services se sont particulièrement dégradés (-46%). L’évolution des flux d’investissements en Tunisie est marquée par le repli du secteur de l’énergie. Les pays impliqués dans ce secteur sont en recul à l’image de la Grande-Bretagne (30% des flux d’IDE par an sur la période 2007-2010 mais plus que 13% sur la période 2011-2015), de l’Italie de 15 à 9% et des Etats-Unis, de 7 à 2%, sur la même période. Cette tendance est infirmée toutefois en 2015 par la Grande Bretagne et l’Autriche, les deux premiers investisseurs en Tunisie. Ainsi, en 2015, la France est le troisième investisseur tout secteur compris en Tunisie. Les investissements du Qatar ont évolué de manière spectaculaire (11% des flux dans la période récente) suite à leur montée dans le capital de la filiale locale de la Qatar National Bank en 2013 et dans celui de l’opérateur de télécommunications Tunisiana désormais rebaptisée Ooredoo (acquisition de 15% supplémentaire du capital par Qatar Telecom pour environ 290M€ en 2012). Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN TUNISIE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 1 2. La France reste le premier investisseur étranger hors énergie Avec un stock d’IDE de près d’1,3 Md €, la France représente environ 1 300 implantations qui pourvoient 135 000 emplois en Tunisie. Avec 15% des IDE entrants entre 2011 et 2015, la France est le premier fournisseur d’investissements étrangers depuis la Révolution. Elle reste notamment l’investisseur de référence dans les industries manufacturières et les services. Hors énergie, la France est également le premier investisseur brut en 2015 (environ 115 M€ et plus du quart des investissements, en augmentation de 25% par rapport à 2014), devant les Emirats Arabes Unis (13%), le Qatar (9%) puis l’Italie, l’Allemagne et Malte (entre 8% et 7% chacun). Les IDE français se concentrent principalement dans le secteur des industries manufacturières (environ la moitié des investissements sur la période 2010-2015), pour beaucoup sous statut totalement exportateur (régime off-shore), parmi lesquelles on dénombre quelques unités industrielles de 3 000 salariés à 500 salariés et une majorité de PME et entreprises familiales de moins de 500 salariés. Ils sont aussi très présents dans le secteur des services (37%), orientés vers l’export ou bien orienté vers le marché tunisien : banques, assurances, grande distribution ou télécommunications. Se développent aussi des services à plus forte valeur-ajoutée. La présence directe française sur le marché tunisien concerne aussi les produits pétroliers et gaziers, la pharmacie ou encore l’agro-alimentaire. 3. Le pays met en œuvre une refonte du cadre règlementaire afin d’attirer davantage d’investisseurs étrangers D’un point de vue général, en Tunisie, le régime des investissements est basé sur une dichotomie entre un secteur offshore (entreprises totalement exportatrices) ouvert et un secteur onshore (destiné à servir le marché local) relativement fermé pour les investisseurs internationaux. Dans le secteur offshore, les investisseurs font face à plusieurs séries de barrières qui limitent l’investissement étranger : restrictions à l’exercice de certaines activités, restrictions à la participation étrangère, restrictions à l’emploi de personnels étrangers, etc. En septembre 2016, le Parlement a adopté une nouvelle loi d’investissement visant remplacer le Code des investissements datant de 1993. Cette nouvelle loi vise à moderniser et à rationaliser le cadre juridique de l’investissement. La nouvelle loi d’investissement établit un processus visant à réviser les restrictions à l’investissement pour l’ensemble des secteurs économiques. Cette révision générale sera de la compétence d’une Unité de Gestion Par Objectifs (UGPO) rattachée au Premier Ministre, et dont les modalités de fonctionnement doivent être définies dans un décret d’application. En termes d'apports concrets, cette nouvelle loi reste modeste (emploi de cadre étrangers, accès facilité à la propriété), et sa portée dépendra en grande partie de la réussite du processus de révision des barrières à l’entrée. Par ailleurs, cette nouvelle loi ne répond pas à certain nombre de difficultés rencontrées par les investisseurs déjà présents en Tunisie. Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN TUNISIE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 2 Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN TUNISIE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 3