agence d`évaluation de l`enseignement superieur

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Section des Formations et des diplômes
Evaluation des diplômes de l’École
supérieure des beaux arts de Nantes
Métropole
Juillet 2010
Section des Formations et des diplômes
Évaluation des diplômes de l’École
supérieure des beaux arts de Nantes
Métropole
Juillet 2010
Présentation de l’option
L’Ecole supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole a fusionné depuis 2007 ses trois options « Art »,
« Communication » et « Design ». L’enseignement aboutit par conséquent à un diplôme dont l’intitulé n’est pas choisi
et doit être rapidement déterminé. Ce diplôme répond à une conception ouverte de la formation artistique. Le
Diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) est compris comme le diplôme de référence d’un
enseignement destiné à former des artistes et des auteurs. L’offre pédagogique est riche et comporte un large
éventail de compétences et de techniques que l’étudiant peut acquérir tout au long de sa formation. Le DNSEP
concentre l’intérêt de l’enseignement sur le projet singulier de l’étudiant.
La présentation générale du dossier souligne l’effet dynamique donné par l’offre de formation. L’engagement
de la direction est très affirmé, mais semble en revanche mettre en retrait les enseignants de coordination.
Le catalogue des offres pour l’étudiant est particulièrement renseigné. Les bons résultats de l’école
témoignent de la qualité de l’équipe pédagogique.
Le projet évoque généreusement le chiffre de sept équipes de recherche, mais on ne comprend pas aisément
comment l’adossement à la recherche est structurellement défini au sein de la formation. On soulignera de plus la
difficulté tant méthodologique qu’économique de soutenir autant de programmes de recherche à l’intérieur d’une
même structure. L’école est néanmoins liée par convention à trois laboratoires de recherche extérieurs dont un
localisé à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes.
Le dossier mentionne par ailleurs la qualité de l’école en tant que membre associé du PRES UNAM (Pôle de
recherche et d’enseignement supérieur, Universités de Nantes, Angers, Le Mans). Aucun partenariat ne semble en
revanche avoir été développé avec les écoles des beaux-arts de la région des Pays de la Loire : Angers, Le Mans.
Appréciation générale
Si l’Ecole supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole a fait le choix insolite d’un unique DNSEP, il apparaît
clairement que l’équipe pédagogique pense son projet dans une logique d’option spécialisée en art, ou encore selon
l’idée que la communication et le design doivent être portés par des auteurs. C’est une politique qui peut être
discutée, mais qui se fonde aussi sur le caractère transversal de l’art aujourd’hui. Par ailleurs, l’école a prouvé sa
capacité à former des artistes de niveau international.
Les dossiers (livret de l’étudiant, catalogue des offres de formation, projet d’établissement) se présentent
selon des ensembles apparemment clairs, mais il est parfois difficile d’y retrouver des informations précises
notamment sur la place et la progressivité de certains parcours, sur la recherche ou sur la manière dont se déroule le
suivi des mémoires au fil de la quatrième et de la cinquième année.
La « masterisation » semble en fait renvoyée à une opération externalisée reposant sur les offres de
partenaires et impliquant peu d’innovation institutionnelle interne. L’équipe d’artistes et de théoriciens constitue en
soi le support « recherche » ; il est rappelé par ailleurs l’existence de conventions avec des partenaires académiques,
on compte un certain nombre de docteurs au sein des théoriciens. Il faut ajouter une belle politique de conférences
avec des invités extérieurs.
Si le DNSEP, en regard de sa spécificité, se définit selon le souhait de l’établissement comme une option
« Art », il doit alors se conforter comme tel dans son intitulé. Il semble en effet désormais difficile en l’état de l’offre
de formation, de fonder la revendication d’un diplôme libellé « Design » ou « Communication » pour un étudiant
sortant qui chercherait une activité professionnelle dans ces secteurs.
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Points forts :
Un projet ambitieux de politique générale appuyé par la dynamique de la région.
L’implication d’une équipe pédagogique de qualité, incluant des artistes et notamment un groupe
structuré d’historiens de l’art et de théoriciens dont l’intervention s’inscrit naturellement dans
l’ensemble du programme.
 La focalisation sur le projet artistique et sur la maturation personnelle des étudiants.
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Point faible :
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Une attention portée aux apprentissages techniques.
Une politique de partenariats.
Une ouverture internationale.
Une réelle attractivité.
L’absence apparente de définition et de spécification des options.
NOTATION GLOBALE (A+, A, B ou C) : A
Recommandations éventuelles pour l’établissement
L’école a positivement organisé ses liens avec des partenaires académiques. Mais elle doit désormais faire le
choix dans ses orientations de recherche à ce jour très foisonnantes et structurer plus clairement son adossement. Les
enseignements théoriques des quatrième et cinquième années offrent des pistes intéressantes (le champ des médias,
les articulations entre singularité de l’artiste et mondialisation, etc.). Celles-ci pourraient être développées au profit
d’une recherche partagée au sein de l’école et en collaboration avec des partenaires extérieurs. Les conventions
d’ores et déjà signées avec trois laboratoires de recherche, dont un laboratoire de la maison des sciences de
l’Homme, sont des éléments très positifs de cette dynamique en cours.
On recommandera en conséquence un recentrement des axes de recherche de manière à poursuivre
l’approfondissement des thèmes choisis et de manière également à favoriser la cohésion des membres autour de ces
thèmes.
Au niveau du choix inaccoutumé de réunir trois disciplines au sein d’une même option, on soulignera le revers
de la diversité en observant que l’offre d’un trop large spectre de pratiques ne favorise peut-être ni le
positionnement des étudiants en quatrième et cinquième années, ni l’approfondissement de certaines démarches.
Avis détaillé
1  OBJECTIFS (scientifiques, artistiques et professionnels) :
L’objectif artistique est très clairement exposé : il donne une importance centrale à « la singularité du projet
de l’étudiant ». Le diplôme, tel qu’il est spécifié dans le projet d’établissement, doit « former des artistes ». En
positionnant dès la première année le premier cycle sur quatre « situations » : Construire, Éditer, Images et Scènes, il
justifie la fusion des trois options « Art », « Communication », « Design », induisant que chacune de ces voies
(aboutissant à une professionnalisation) doit être nourrie d’art. Le projet a ainsi comme objectifs de construire des
passerelles entre les savoirs, les techniques et les usages, apprendre à confronter les arts avec les composantes du
territoire, faire émerger une expression artistique personnelle dans un monde « poly-médiumnique ». Le fait de
favoriser une approche des arts plastiques ouverte à des postures multiples est certainement aujourd’hui un atout
pour un diplôme d’art.
Les objectifs scientifiques dépendent étroitement des objectifs artistiques : ils ne sont pas énoncés en termes
d’acquis précis.
Les objectifs professionnels, en dehors de la carrière artistique, sont un peu trop généreusement énoncés, mais
ils correspondent en somme à l’adaptabilité des étudiants d’art en regard des institutions telles que les galeries, les
musées (régie d’œuvres, scénographie, création-réalisation multimédia, médiation…) et à leurs capacités en
« ingénierie technique ».
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2  CONTEXTE (positionnement, adossement recherche, adossement aux milieux socioprofessionnels, liens pédagogiques avec d’autres écoles et instituts, ouverture
internationale) :
L’école a fusionné en 2007 ses options « Art », « Communication » et « Design » en une seule option qui ne
peut se nommer qu’« Art », selon les objectifs décrits ci-dessus. La profession de foi indique cependant une certaine
ambiguïté entre l’intention, pour « former des artistes », de « dépasser et déplacer les frontières » des disciplines et
la volonté affichée de respecter « la spécificité des langages ». Le DNSEP est le principal diplôme de second cycle de
l’école (par ailleurs sont décrits deux masters en co-habilitation avec les universités de Nantes et Angers et un post
diplôme).
Il est évoqué l’insertion de l’école dans un « Quartier de la création » sur l’ile de Nantes en constitution entre
2010 et 2014, quartier qui accueillerait également des structures universitaires et permettrait un meilleur adossement
à la recherche. Bien que la volonté publique soit apparemment engagée en ce sens, cette dimension reste de l’ordre
des opportunités et non de l’existant. L’environnement national n’est pas évoqué, sauf pour le recrutement (fait à
80% sur le « bassin national »).
L’adossement à la recherche est à structurer, ce que l’autoévaluation reconnaît.
Le projet évoque sept programmes ou équipes de recherche et déclare l’école associée au PRES UNAM et liée à
trois laboratoires de recherche (dont un dans son bassin). Cela semble fonctionner dans le cadre de « post-diplômes »
même si les étudiants de quatrième et cinquième années ont la possibilité de participer à des « groupes projet » dans
le cadre « des appels d’offres émanant et pilotés par les membres des programmes de recherche ». En fait, on saisit
mal dans le langage généreux et volontariste des textes de présentation, comment est structurellement défini
l’adossement à la recherche. Une co-habilitation (et non une convention) sur un master du département
« Information-Communication » de l’Université de Nantes apparaît dans le dossier. De quoi s’agit-il au juste ? Les liens
pédagogiques sont ainsi signalés avec d’autres structures : « une convention en tant qu’établissement associé avec
l’Institut de maintenance et d’ingénierie de la sécurité » et l’Ecole supérieure de tourisme de l’université d’Angers,
pour un master 2 « Technologies numériques, conception, médiation et valorisation de produits culturels » que
l’étudiant passant son DNSEP peut suivre en parallèle. On note aussi un projet de « co-habilitation » avec le
département information de l’université et de l’Ecole d’architecture de Nantes (ouverture en 2010-2011). L’école
participe également au projet européen « ECCE Innovation » (Developing Economic clusters of cultural entreprises) sur
la formation à l’entrepreneuriat dans les filières créatives.
Ces orientations sont intéressantes en regard des étudiants qui chercheraient une formation professionnelle
autre que le « devenir artiste », mais il n’est pas toujours aisé sur la présentation générale du dossier de savoir sur
quelles bases ces conventions et co-habilitations sont établies.
Les enseignements théoriques des quatrième et cinquième années offrent des pistes intéressantes qui
pourraient être développées avec un ancrage plus solide en relation à des conférences croisant les intérêts d’autres
projets de recherche, ou en s’ouvrant sur ses programmes, même courts, de chercheurs, à condition semble-t-il d’une
coordination plus étroite entre les enseignants.
L’adossement aux milieux socio-professionnels apparaît plus développé, notamment en ce qui concerne la
liaison entre les étudiants et les acteurs du champ artistique, puisque celui-ci fait l’objet d’une formation donnant
droit à des crédits. En deuxième et troisième année, un travail fait en collaboration avec des écoles maternelles et le
service psychiatrique du CHU de Nantes est également un gage du souci de l’école en regard de formations
professionnalisantes et qui de surcroît peuvent apporter une expérience pour un jeune artiste. La « situation
« éditer », par exemple, semble également propre à donner des capacités monnayables dans les milieux
professionnels du livre. Les partenariats avec le musée, le FRAC (Fonds régional d’art contemporain), le théâtre
universitaire et d’autres structures associatives donnent lieu à des stages. Il est toutefois clairement stipulé dans le
guide de l’étudiant que l’étudiant de quatrième année a un stage obligatoire ou une mobilité à l’étranger, l’un ou
l’autre choix étant validé par des crédits sur un rapport (combien de crédits ? Est-ce un bonus ?). Il est difficile de se
faire une opinion claire à cet égard, l’autoévaluation de l’école donnant son suivi des stages dans les « points
faibles ».
Les relations internationales sont en revanche bien servies par une importante participation au programme
ERASMUS (15 partenaires) et des accords bilatéraux (37) avec le Québec, la Chine, le Pérou, etc. Il existe un dispositif
de « contrat d’études » permettant d’assurer l’accueil d’étudiants étrangers. Il est cependant précisé que ces
relations sont surtout riches « dans le secteur du design ». Les relations apparaissent à l’organigramme les plus
développées à travers des accords internationaux avec le Japon et le Cambodge notamment.
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3  ORGANISATION GLOBALE DE L’OPTION (structure de la formation et de son
organisation pédagogique, politique des stages, mutualisation et co-habilitations,
pilotage de la formation) :
La direction est assurée par le directeur de l’établissement avec un coordinateur par niveau. L’encadrement en
sciences humaines ne semble pas équilibré du point de vue des disciplines et des niveaux d’implication dans la
recherche. Les informations sur les coordinateurs sont succinctes.
Plusieurs remarques peuvent être formulées :
1)
2)
3)
4)
le passage entre la troisième année et le second cycle est clairement marqué ;
les capacités d’accueil au niveau de la quatrième et cinquième années ne sont pas définies, ni les
conditions d’admission, ni les conditions de passage pour chacun de ces niveaux ;
l’étudiant choisit très tôt (dès le semestre 1 du DNSEP) un directeur de recherche ;
les contenus envisagés pour les unités d’enseignement « Philosophie, histoire et théorie des
arts » ne correspondent pas à cet intitulé générique.
La formation est finalisée par la préparation (le semestre 10 est entièrement et librement consacré à cette
préparation) « à la présentation et à la défense d’un travail plastique ». Le mémoire qui atteste, peut-on supposer,
d’autres attendus méthodologiques que la « méthodologie de production », est évalué en fin de semestre 9. Le
mémoire est-il suffisamment pondéré pour que les capacités méthodologiques spécifiques qu’il est supposé devoir
attester représentent un réel enjeu pour l’étudiant ?
L’équipe inclut des personnalités de qualité, aux profils et compétences très divers.
La politique des stages paraît satisfaisante, mais ne semble pas reconnue explicitement par l’équipe
pédagogique, puisque l’autoévaluation la situe dans les points faibles. Peut-être faut-il lui donner davantage de
visibilité.
Le pilotage de la formation paraît à la fois dynamique et un peu disparate. Il ne semble pas y avoir de
concertation entre les différentes propositions des enseignants sur le plan théorique. L’offre apparaît riche et
diversifiée, mais une ossature pédagogique ne se distingue pas en dehors du suivi individualisé (qu’il est évidemment
difficile de juger sur dossier).
4  BILAN DE FONCTIONNEMENT (origines géographiques constatées des étudiants, flux,
taux de réussite, auto-évaluation, analyse à 2 ans du devenir des diplômés, bilan
prévisionnel pour la prochaine période) :
L’attractivité de l’Ecole de Nantes repose sur les artistes qu’elle a formés au cours de ces dernières années et
de l’offre culturelle de la région. Elle permet à l’école de recruter de bons étudiants, puisqu’elle en sélectionne 50
sur 400 candidats. L’origine géographique des étudiants est indiquée dans le dossier, plus de 80% de ces étudiants sont
originaires hors région Pays de Loire, tandis que moins de 10% sont étrangers.
Le taux de réussite est très bon (variable selon les années).
L’école annonce une perspective de 300 DNSEP en 2020 dont 100 dans les masters co-habilités. Quelle est la
plausibilité de ces chiffres étant donné la taille actuelle, l’encadrement indiqué, les perspectives du milieu ? Est-ce
une perspective souhaitable ?
L’autoévaluation des formations par les étudiants et une plus grande précision sur le suivi des diplômés est
envisagée dans un court terme.
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Observations du directeur