numéro 13 - setec tpi

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numéro 13 - setec tpi
Entretien avec
Olivier CASTAN
Responsable du projet du Centre Culturel
Sheikh Jaber Al-Ahmad au Koweït
Quelle était votre mission ?
Mon intervention était double. D’une
part, j’assurais la coordination et
l’organisation de l’équipe de setec tpi,
soit une trentaine d’ingénieurs et
projeteurs répartis entre nos deux
sites de production (Paris et Le Caire)
et le chantier au Koweït.
En tant qu’unique interlocuteur du
client, j’étais chargé du suivi contractuel pour setec tpi, c’est-à-dire
que je gérais à la fois la planification, la facturation, les dépenses,
les études supplémentaires liées
aux modifications et l’avancement
du projet.
En parallèle, j’étais l’interface technique
entre setec et les autres intervenants : non seulement notre client,
SSH, mais aussi les différents lots
techniques (électricité, ventilation,
sécurité incendie…). Pour cela, je
me rendais régulièrement à Londres,
où était basée la Design Team, pour
participer aux réunions techniques
et de coordination. L’occasion pour
moi de récupérer les données d’entrée
manquantes nécessaires à l’avancement de nos études, de soulever les
problèmes techniques ou les points
d’achoppement rencontrés par nos
équipes.
Quelles sont les spécificités
de ce projet ?
Il se caractérise avant tout par sa
dimension internationale où se mêlent
des Anglais, des Français, des Egyptiens, des Koweïtiens, des Libanais,
des Indiens ou encore des Sud-Africains. Dans cet environnement fortement multiculturel, une bonne adap-
setec tpi
avril 2015
tabilité ainsi qu’une certaine ouverture
d’esprit sont absolument nécessaires
aux dialogues et aux relations entre
les différents intervenants.
L’autre singularité de ce projet, c’est
certainement le rythme très soutenu
qu’il imposait. L’entreprise ayant promis de réaliser les travaux en 20 mois,
nous avions seulement 8 mois pour
produire nos études. Ces dernières
ont été réalisées en parallèle des
études architecturales et du chantier,
ce qui est loin d’être idéal. Il a donc
fallu modifier nos habitudes de travail,
faire des hypothèses simplificatrices
et travailler en l’absence de toutes les
données d’entrée nécessaires à un tel
projet. Face à son ampleur, les délais
d’études, très courts, auraient pris
deux ans en France. Pour conserver
un niveau de qualité maximal et
fluidifier la coordination, nous avons
fait appel à l’outil BIM 3D.
Quelle satisfaction tirez-vous
de ce projet ? En quoi fut-il
une belle expérience ?
Il n’aurait pu être mené à bien sans
l’investissement de toute l’équipe, et
je souligne qu’elle est toujours restée
soudée, même dans les moments
les plus tendus où nous avions tous
l’impression de courir un marathon.
Maintenant qu’il est achevé, c’est une
réelle satisfaction que de l’avoir mené
à bien.
Et avec le recul, il me semble que notre
plus grand succès est d’avoir maintenu un niveau de qualité élevé, souligné par notre client, tout en respectant des délais extrêmement tendus.
Zoom
Les projets au Moyen-Orient sont connus
pour leur audace architecturale, leur
ampleur et leurs délais de réalisation
particulièrement courts. Le Centre Culturel
Sheik Jaber Al-Ahmad à Koweit City ne fait
pas exception : les 264 000 m² de plancher
que représente l’ouvrage doivent être
réalisés entre mars 2014 et novembre 2015,
soit en moins de 20 mois. Les 270 000 m3
de béton des infrastructures et superstructures
du centre cuturel sont recouverts de coques
en acier d’un poids total de 20 000 tonnes,
soit l’équivalent de trois Tours Eiffel. Des
structures dont setec tpi est responsable
des études, pour la phase de detailed
design.
C’est grâce à notre Directeur Régional au
Moyen-Orient, que nous avons pu intervenir
sur cet ouvrage. Les similarités avec l’Opéra
de Pékin, conçu par setec tpi à la fin des
années 1990, tout comme les derniers
contrats signés dans la région, notamment le
métro de Riyad, ont convaincu l’architecte
en chef du projet, Ray Phillips du cabinet
londonien SSH, de faire confiance à
l’équipe de Jean-Marc Jaeger.
La phase de préparation du dossier de
consultation des entreprises – tender phase –
a débuté dès juillet 2013 et s’est déroulée
dans un temps très court : deux mois.
Ce premier sprint préfigurait le rythme
des mois suivants dicté par un chantier
en activité 20 h sur 24 et 6 jours sur 7.
Ingénieurs structure à Paris, architectes à
Londres, dessinateurs au Caire et équipes
de chantier à Koweit City ont ainsi travaillé
d’arrache-pied pendant huit mois pour
produire les documents du detailed design
nécessaires à l’entreprise générale pour
lancer la fabrication des ferraillages, des
coffrages et charpentes métalliques.
Rien n’aurait été possible sans une bonne
communication entre les intervenants. Elle
a été rendue possible dès le départ grâce à
Carnet de
Desseins
Théâtre National
du Koweït :
construire grand et vite
Avril 2015
Portrait
La lettre d’information de setec tpi
Perspective architecturale de nuit
la réalisation de maquettes numériques 3D.
En rassemblant toutes les informations et
en facilitant le dialogue entre les architectes
et les ingénieurs de diverses disciplines,
de cultures, de langues ou de formations
différentes, la maquette numérique de
structure a été au cœur de la conception.
Sa géométrie a pu être exportée vers les
nombreux modèles de calcul 3D – Ansys,
SAP 2000 mais aussi Etabs, qui est le plus
utilisé dans les projets des pays du Golfe
Persique.
Le délai très court a incité setec tpi à
renouveler une synergie avec sa filiale
égyptienne fcbm installée au Caire. Ses
ingénieurs ont tiré les plans 2D d’exécution
sur le volet béton à partir des modèles 3D
développés à Paris. La complémentarité
et la réactivité des deux équipes a été un
élément clé du dispositif.
Enfin deux ingénieurs sont restés en mission
longue sur le site afin d’assurer la coordination
entre le client, SSH, et le constructeur,
l’entreprise Al-Hani, ce qui permet une
grande réactivité lorsque des questions
techniques sont soulevées sur chantier.
Avec cette mission, nous avons revisité nos
méthodes de travail pour nous adapter aux
pratiques anglo-saxonnes. Une expérience
essentielle pour notre positionnement dans
cette région du monde.
éditorial
Régis Adeline,
Directeur Général
setec tpi
Cap sur l’international
L’année passée, setec tpi a réalisé près d’un quart de son
activité sur des projets à l’international, et ce pourcentage devrait
approcher les 30% en 2015. Fruit d’une volonté exprimée il y a
quelques années, ce développement nous donne l’occasion de
continuer à exercer notre savoir-faire sur de grands ouvrages
complexes, qui deviennent plus rares sur notre territoire national.
Ce numéro de carnet de desseins donne un aperçu des challenges
que nos ingénieurs relèvent, tels le Grand Théatre National du
Koweit, avec sa méga structure métallique, construit dans des
délais record, ou le pont haubanné de la corniche de Brazzaville,
réalisé par une entreprise chinoise. Nous aurions pu également
parler du métro de Riyad, de la tour Entisar de Dubai, ou encore
des viaducs du Diamètre Ouest de Saint Petersbourg.
Tous ces projets représentent à chaque fois une formidable
aventure, où nous nous adaptons à un contexte culturel et
réglementaire spécifique et où nous découvrons de nouvelles
méthodes de travail. Cela nécessite de remettre en question nos
habitudes et nous fait progresser dans notre exercice de tous
les jours. Tous nos clients, français et étrangers, peuvent ainsi
bénéficier de cette expérience, qui permet à setec tpi de rester
une ingénierie de premier plan.
Troisième pont sur le Bosphore
Arrivée des premiers voussoirs en acier :
tpi réalise une mission d’independant checker pour
le groupement Ictas Insaat-Astaldi. 2015 verra la réalisation de la travée principale de 1408 m.
Vue générale panoramique
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kDossier
t ribunal de
grande instance
de paris
kChantier
brazzaville
Route de
la corniche
kActualités
Téléphérique
de brest
kPortrait
olivier castan
tpi
Dossier
Chantier
Futur Palais de Justice de Paris
Route de la Corniche :
Brazzaville s’affirme
Face à la compétition internationale que se livrent les mégapoles, les villes africaines
accélèrent leur développement, et notamment Brazzaville qui compte bien peser dans
la balance. Afin d’améliorer significativement les communications d’une ville étranglée
par les embouteillages quotidiens, la République du Congo a lancé la construction d’un
nouveau tronçon sur la route de la Corniche qui longe le fleuve Congo : 1,2 km en 2 x 2
voies pour relier le nord et le sud de la ville. Les travaux, réalisés par l’entreprise
chinoise CRBC, comportent la réalisation d’un pont haubané de 545 m de long et de son
viaduc d’accès de 360 m. Sur ce projet, setec tpi assure la mission de maîtrise d’œuvre et
d’independant checker en groupement avec la société luxembourgeoise SGI.
Image de synthèse du projet
L
a vision
Le Futur Palais de Justice de Paris (FPJP) va rassembler
les services du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris
actuellement dispersés sur cinq sites, le tribunal de Police
et les Tribunaux d’Instance hébergés dans les mairies
d’arrondissements. Le FPJP vient s’implanter au cœur de
la ZAC de Clichy-Batignolles en cours d’aménagement et
sera ouvert au public en juin 2017.
L
es acteurs
Le FPJP est réalisé en contrat de Partenariat Public-Privé
entre l’Etablissement Public du Palais de Justice de Paris
(EPPJP) et Arélia représenté par Bouygues Bâtiment PPP.
Renzo Piano Building Workshop (RPBW) est l’architecte
mandataire de la maîtrise d’œuvre qui comprend
également setec tpi pour la conception de la structure.
Bouygues Bâtiment Ile-de-France est le constructeur et
l’entreprise générale.
BIM : vue de la maquette sous REVIT
L
e projet
Le FPJP s’ordonnance selon un plan en « L » avec trois
niveaux de sous-sol. Le socle du bâtiment principal
s’élève sur 6 niveaux qui se caractérisent par des grands
volumes, notamment la salle de pas perdus et les salles
d’audience. Au-dessus du socle, une superstructure se
développe sur 30 niveaux disposés en gradins.
L’épanelage se divise en trois ensembles séparés les uns
des autres par des terrasses plantées sous un niveau de
transfert en béton précontraint qui donne au projet sa ligne
« en taille de guêpe ». L’élancement de la tour (1/13ème) et
la largeur des plateaux expliquent sa conception en trois
noyaux indépendants reliés par des clés de transfert pour
homogénéiser les déplacements.
avril 2015
j Téléphérique
de Brest
Grâce à un projet s’insérant subtilement dans l’environnement industriel du port, le groupement Bouygues TP RF –
Quille construction - BMF Remontées mécaniques – Halet
Villette Architectes - setec tpi - DSCA, a remporté le marché lancé par la Semtram, mandataire de Brest Métropole
Océane, pour la Conception Réalisation du premier téléphérique urbain de France (12,9 millions d’euros). Objectif : relier
les deux rives de la Penfeld en trois minutes à partir de juin
2016.
j
Montage du coffrage glissant
e chantier
Les travaux de fondations ont démarré en mars 2014
par une injection du sol et arrivent à leur terme avec
le coulage du radier général. Cela représente au total :
720 mètres linéaire de paroi moulée tirantée ou butonnée,
78 barrettes et 370 pieux. Les travaux de gros œuvre ont
commencé en début d’année 2015 par l’infrastructure
et se poursuivent avec les noyaux de la tour qui seront
réalisés en coffrages glissants. Selon le planning, la fin
du gros œuvre est prévue pour mi-juin 2016.
A l’ouest, le deuxième bâtiment, appelé « Bastion », est
constitué de 8 niveaux et regroupera des bureaux, des
cellules et un restaurant en toiture.
La silhouette et la hauteur de cet édifice emblématique
le place parmi les repères monumentaux du ciel parisien.
Tour ENTISAR
à Dubaï
setec tpi réalise la conception structurelle complète de la tour
ENTISAR située à Dubaï qui culmine à 535 m de hauteur.
Après la réalisation du « Preliminary Design » de septembre
à décembre 2014, des équipes produisent à présent tous les
plans de coffrage et de ferraillage jusqu’en mai 2015.
L
Vue générale du chantier
setec tpi
Actualités
Boîtes d’ancrage des haubans dans les pylônes
Un mélange de cultures
U
n pont haubané en un temps record
Ouvrage phare, le pont haubané présente une travée
principale de 285 m qui a la particularité d’être courbe en
plan dans sa partie sud. Culminant à 120 m de haut, les
deux pylônes en forme de diamant constitueront bientôt les
points les plus hauts de Brazzaville
De section creuse en béton armé, les jambes et fûts
sont construits par levées de 3 m de longueur à l’aide de
coffrages auto-grimpants. Les traverses sont fortement
précontraintes pour reprendre les efforts de traction
colossaux.
Le chantier entre désormais dans la phase de réalisation des
fûts supérieurs, avec la mise en place et le réglage précis
des caissons métalliques d’ancrage des têtes de haubans
acheminés depuis Wuhan (Chine). Ces deux pylônes
imposants supporteront un tablier à deux nervures en béton
précontraint de 22 m de large construit sur cintre par plots
de 18 m.
Pylône en cours de bétonnage
La construction de cet ouvrage est menée à un rythme effréné :
le chantier ne s’arrête jamais. La construction des pylônes a
été terminée en février 2015, soit 8 mois seulement après
leur démarrage. La pose du tablier et le réglage des premiers
haubans a eu lieu en mars. L’achèvement de l’ouvrage est prévu
pour l’été 2015. Au total la construction de l’ouvrage aura
duré 20 mois.
setec tpi, dans le cadre de sa mission d’independant checker,
a effectué le contre-calcul complet de cet ouvrage complexe
en s’appuyant notamment sur le logiciel Pythagore pour
modéliser le phasage de construction et prendre en compte
le comportement non-linéaire de l’ouvrage.
Dans un contexte international où les délais de conception
et de réalisation sont si serrés qu’ils laissent peu de temps au
contrôle, la mission d’independant checker prend tout son sens.
Grâce à son expérience des grands ouvrages haubanés,
setec tpi contribue à la réussite de ce grand projet exigeant
et passionnant.
j 3 ème Pont sur
le Bosphore
Depuis 2013, setec tpi participe en tant que contrôleur indépendant des études à la construction du troisième pont
sur le Bosphore. Le chantier se poursuit à rythme soutenu
depuis août 2013. Les pylônes de 300 mètres de haut sont
à présent terminés. La pose du premier tronçon métallique a
eu lieu fin 2014 et les premiers haubans ont été mis en place
en avril 2015.
solaire dans
j Tour
le désert
Acteur majeur de la thermique industrielle, l’entreprise Ferbeck
a confié à setec tpi les études d’exécution d’une tour solaire de
209 mètres de haut : 5000 héliostats situés au sol réfléchissent
la lumière vers une chaudière installée au sommet de la tour.
La vapeur produite génèrera 120 MW d’électricité. La tour est
réalisée en béton armé et habillée d’une résille de câbles en
acier inoxydable.
setec tpi
avril 2015