Les 35 ans de TOP TEN MEDIA 150ème numéro
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Les 35 ans de TOP TEN MEDIA 150ème numéro
Editorial Edito spécial jubilé Les 35 ans de TOP TEN MEDIA 150ème numéro de FITNESS TRIBUNE Entretien de Jean-Pierre Schupp avec Ueli Schweizer JPS : À la FIBO de cette année, l’un des plus grands fabricants d’équipement dans le monde, Technogym, a lancé une innovation avec le slogan «WELLNESS ON THE GO». Nerio Alessandri, fondateur et grand visionnaire pourrait venir réclamer à tout moment auprès de notre rédaction le «Prix de la réalisation d’une vie pour l’entrepreneur du siècle». Cependant, je me permets une première question provocante: Ueli Schweizer, ce que nous faisons maintenant, c’est : «Wellness on the go, ou alors plutôt : Wellness to go ?»... J’entends par là que les innovations, comme celles de la maison Technogym, ont un effet positif durable sur la branche du fitness (clubs de remise en forme), mais parfois j’ai l’impression que nous en faisons peut-être un peu trop. Nos magazines de promotion de la santé ressemblent de plus en plus à des revues spécialisées dans l’informatique. Est-ce que parfois sur le long terme, nous ne rendons pas les membres de nos clubs plus malades qu’en bonne santé avec nos super-offres numériques ? US: La folie numérique (digital) dans les salles de fitness et de remise en forme est évidemment déjà présente. Un économiste bien connu, M. Krugman a déclaré après un voyage en Chine: « J’ai vu l’avenir, mais il ne fonctionnera pas ainsi ». Jean-Pierre Schupp Né en 1954, marié, 3 enfants, chrétien pratiquant et donc monothéiste. Non-fumeur convaincu et végétarien depuis 1998. Depuis 1968, actif sur la scène des arts martiaux. Travaille depuis 1972 dans le secteur de la promotion physique et santé. Depuis 1980, 5ème Dan de karaté, kick-boxing. Depuis 1987, rédacteur en chef et éditeur de différents magazines spécialisés de fitness, wellness et promotion de la santé, Depuis 1992, membre de l’Association des journalistes spécialisés suisses (JSF). De 2004 à 2012 : 5 fois champion du monde Strenflex-Fitness-Decathlon, catégorie des 50 à 59 ans, + de 100 kg. Depuis 2011, auteur: Depuis 2013 «Le Médaillon de Dieu», en e-book version française, «Das Medaillon Gottes», version anglaise «The Medallion of God» [email protected] Je pourrais dire la même chose : « Moi aussi, j’ai vu l’avenir, que ce soit à Singapour ou ailleurs. Cela ne fonctionnera pas ainsi ». Les gens traînent toute la journée au téléphone ou vont faire du shopping, ils ne savent plus faire rien d’autre. Les gens sont devenus absolument inaptes, ils ont encore deux centres d’intérêts, justement : le smartphone et la consommation. J’ai alors observé dans le métro, ce que ces gens font avec leurs téléphones. Dans 99% des cas, ce sont les jeux les plus stupides que vous pouvez imaginer. J’ai été choqué. Je suppose que les gens instruits à Singapour lise des livres intelligents sur leurs smartphones ou encore discutent de façon utile. On peut dire que l’avenir fonctionnera encore ainsi pendant un certain temps, en particulier en ce qui concerne l’économie. Mais que les gens vont rester durablement en bonne santé, heureux et productifs – parce qu’à la fin de la journée, il n’y a que ça qui compte – j’en doute fort ! JPS: Cela nous ramène à la question de la remise en forme et de la prévention. Celui qui a lu les derniers numéros de Fitness-Tribune sait que je n’ai rien contre l’apport de l’informatique pour tout ce qui est administratif, pour les tests, ou leurs applications dans les établissements de fitness, etc... Mais je pense qu’on fait fausse route pour ce qui est de la disponibilité totale au smartphone, également pendant l’entraînement, ou contre les viols visuels constants du système nerveux végétatif par des offres de télévision, la mise en réseau via les téléphones mobiles, la disponibilité à chaque message SMS ou e-mail, même si l’on est en plein exercice, sur le tapis roulant, par exemple. Bien sûr, on ne peut pas empêcher les gens de le faire, à moins que vous soyez un véritable club de promotion de la santé, c’est-à-dire un Health Club. Mais même là, il faut bannir ces «addictés du numérique» (Digital Freaks) de l’établissement de fitness et les consigner dans une salle de formation spéciale où on pourrait mettre sur la porte d’entrée: «Ici, vous pouvez répondre pendant l’entraînement aux appels, aux SMS et aux e-mails sur votre smartphone, vous pouvez jouer aux jeux électroniques sur les consoles des appareils de musculation ou chatter – mais s’il vous plaît à vos propres risques, car cela ne fait pas du bien à votre système nerveux végétatif, ni à votre corps». Ueli, cela a toujours été un thème récurrent chez toi, au cours des 35 dernières années – c’est depuis tout ce temps que l’on se connaît – et tu as toujours dit : «Moins égale plus». Est-ce que les gens sont en train de se tuer à l’entraînement dans les établissements de fitness ? US: Exactement ! Sur le thème de la «furie numérique», il y a un livre du neurologue Manfred Spitzer, intitulé «LA DEMENCE DIGITALE». Les possibilités numériques font en sorte que nous les humains sautons très vite en pensée d’un sujet à un autre. Cela nous empêche d’approfondir un thème ou un sujet, même lorsque nous parlons avec quelqu’un d’autre. Notre faculté à penser s’appauvrit ainsi, nos structures cérébrales changent de façon négative, notre cerveau s’habitue à surfer superficiellement sur l’Internet. L’entraînement dans un centre de fitness serait tout à fait approprié, et ce serait une excellente occasion d’apprendre l’utilisation intelligente des nouveaux médias et leur pratique ! Savoir se concentrer pleinement sans distraction sur un exercice, l’effectuer avec la meilleure efficacité possible, sentir les changements physiques en soi, percevoir les différentes intensités, respirer correctement, constater tous les progrès qu’on fait – tout cela pourrait contribuer à développer grandement nos structures cérébrales et aussi notre motivation. Ueli Schweizer Né en 1952, marié, 2 enfants. Professeur de spor t diplômé, ETH Zurich, sciences de la santé, d e l’exe rc i c e et d u sport. Diagnostic de performance. Directeur scientifique de Vitality Stream. Il a dirigé de grands établissements de fitness et de wellness, ainsi que des centres pour diagnostics de performance et remise en forme thérapeutique. Il a formé des entraîneurs pour les sports de santé et de performance. Il est considéré comme l’un des meilleurs experts dans les diagnostics de performance au lactate et a révolutionné par ses méthodes les diagnostics de performances dans le sport de santé. Actif dans le domaine des séminaires, des conférences, du coaching et des tests. Ses clients sont les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés de vente au détail, les constructeurs automobiles, les grandes papeteries, les associations, les clubs et bien d’autres institutions d’envergure régionale ou mondiale, en Europe, en Amérique et en Asie. Strenflex GOLD [email protected] Fitness Tribune 15015 Editorial Cont. de la page 15 L’entraînement serait replacé au centre de nos préoccupations, aurait plus de succès et ne serait pas constamment perturbé par les activités numériques. Au lieu de cela, nous favorisons la folie digitale, la manipulation critique et irresponsable de chacun d’entre nous auquel on met à disposition les canaux multimédia. Ce qui est mauvais également, c’est l’activation constante de nos systèmes nerveux avec une connexion permanente à l’Internet. Parce que nous sommes toujours activés, nous n’en avons plus conscience. Si le système nerveux sympathique (système des performances) est activé en permanence, nous perdons progressivement la capacité de récupérer, parce que le système parasympathique (système de récupération) est gravement affaibli. Ce phénomène, je le mesure depuis plus de 8 ans. 70% à 80% des personnes que nous évaluons ont perdu leur capacité à récupérer, ou l’ont passablement endommagée. Dans cet état, les gens ne sont plus capables de progresser. Pour bénéficier des aspects positifs du training, il faut une bonne capacité de récupération. Chaque entraîneur sait que les progrès ne se font pas au moment du training, mais lors des phases de récupération, en particulier pendant le sommeil profond, où ce qu’on appelle la supercompensation a lieu. Si les gens ne sont plus capables de récupération, leur sommeil en devient affecté. C’est ainsi que le training fatigue, ou même met à mal le corps. JPS: C’est là ton sujet préféré. Si tu étais actuellement propriétaire de club de remise en forme, comment voudrais-tu mettre en place ton centre de fitness? Il y a 30 ans, tu as été à la tête du premier parc de remise en forme, dans la nouvelle conception des Migros, à Regensdorf. Est-ce que tu suivrais mon conseil en faisant en sorte que les «geeks numériques» qui ne peuvent même pas se passer de leur addiction pendant les séances de remise en forme, aillent vraiment s’entraîner dans une salle spéciale ? US: Nous devons voir tout cela de façon différenciée. Je suis également d’avis qu’il ne faut pas interdire quoi que ce soit. Les gens peuvent faire ce qu’ils veulent dans les centres de fitness. Mais notre devoir en tant que propriétaire de club de remise en forme et en tant qu’entraîneur, est d’éduquer et d’informer les gens sur les conséquences de la folie numérique ! Ce que nous ne devons pas faire : diffuser en permanence de la musique dans la salle de cardio-training, ou y installer des écrans de télévision multiples, ou encore faire la publicité du club. Tout cela perturbe les séances. C’est pourquoi je ne m’entraîne plus en cardio dans un club de fitness. Dès que j’ai plus d’un écran en face de moi ou d’autres facteurs perturba16 Fitness Tribune 150 teurs, cela me dérange et m’active inutilement. En tout cas, j’installerais une pièce de cardio multimédia pour des occasions spéciales. Regarder un match de football de la Ligue des Champions sur la bicyclette ergométrique, plutôt que sur le canapé à la maison, bien sûr, cela a du sens. Si de temps en temps je dois répondre à des courriels ou à d’autres messages urgents, et si je veux pouvoir être joignable durant l’entraînement, c’est à voir au cas par cas, et c’est de toute façon toujours mieux que pas d’entraînement du tout... Si l’on s’en tient aux principes, le training cardio dans le cadre du fitness, ne doit pas activer encore plus l’homme, mais doit avoir un effet calmant et équilibrant ! Avec une formation intelligente dans son intensité, on peut même développer encore plus l’endurance. La situation est différente dans l’entraînement de force. Seules les intensités élevées montrent un effet d’entraînement, c’est pourquoi l’entraînement de force est en mesure d’activer fortement notre organisme. Ce sont maintenant les trois exigences de base en matière de training : avec l’entraînement d’endurance régénérative et un entraînement d’endurance de base, on confère à l’homme un système de récupération qui renforce le système nerveux parasympathique, et dans le même temps, l’endurance, sans oublier spécifiquement le métabolisme des graisses. Et avec l’entraînement de force, on peut construire de la masse musculaire et de la masse osseuse. Ou tout du moins, éviter leur dégradation. JPS :: Peut-on dire que notre vision d’un système du futur dans le fitness correspond, en partie au moins, à la vision de Nerio Alessandri et au WELLNESS ON THE GO, mais qu’il faut mettre en œuvre ce concept de façon encore mieux appropriée dans les équipements des salles de fitness ? Il existe un WELLNESS ON THE GO – c’est l’espace d’entraînement de Nerio Alessandri pour cardio-training digital – et, tout à fait intéressant, la mise en réseau de toutes les salles de fitness équipées en appareils Technogym à travers le monde. Vous pouvez ensuite directement comparer les performances des divers clubs de fitness et de leurs membres, selon la devise de la compétition sportive : MOBILISONS-NOUS POUR UN MONDE MEILLEUR ! Il y a une salle de musculation HIT, d’après Werner Kieser, où l’on peut s’entraîner selon le principe de formation HIT énoncé par Arthur sur des machines à développer la force, sans télévision ni influences perturbatrices. Il y a la MUSCULATION avec HALTERES LIBRES d’Arnold Schwarzenegger, où l’on apprend avec l’haltère long et court égale- ment à améliorer la coordination, et il existe, entre autres, le CARDIO-TRAINING d’après Ueli Schweizer, dans une salle à 16 à 18 degrés de température ambiante, sans télévision ni autres facteurs perturbants, et il y a le test d’aptitude physique STRENFLEX et la salle de compétition Décathlon – d’après Sylvia Gattiker, ainsi que l’espace STRETCHING et la salle de yoga conçus selon les principes de la méditation, et tout particulièrement la salle BIO-PHYSIO, où l’on ne s’entraîne qu’avec le dos droit, c’est-à-dire sans déséquilibre, avec le savoir de la physique quantique... Ueli, n’est-ce pas tout simplement génial ? US: C’est dans ce sens qu’il faut aller. Il est fondamental que les constatations établies en biologie, dans le domaine du training et en médecine du sport, doivent être examinées à fond, ainsi que les concepts qui s’en dégagent. Si les professionnels du marketing et les ingénieurs dirigent tout cela, comme c’est actuellement le cas, alors nous aurons toujours une prolifération de technologies exigeantes – et même dangereuses pour les gens ! En outre, il faut que nous informions mieux nos clients de ces nouvelles activités. Un membre de nos clubs de fitness doit savoir que l’utilisation d’appareils numériques pendant le training provoque un effet d’activation forte, fabriquant des hormones de stress et ne les dégradant pas.... Ce membre de club de fitness doit savoir qu’on est déjà submergé de multiples tâches, sans que nous le remarquions. Au contraire, on peut se croire incroyablement efficace, sans se rendre compte que l’on fait une piètre performance, à faire un peu de tout et n’importe quoi de mauvaise qualité. JPS: Oui, je suis ton plus grand fan, pour moi tu es le meilleur des entraîneurs personnels, et tu as probablement été le premier entraîneur personnel compétant dans le monde entier. Non seulement, j’ai lu tes conseils qui ont été publiés au cours des nombreuses années dans la FITNESS-TRIBUNE, mais également je les ai suivis, et ainsi je suis, DIEU MERCI, à 60 ans aujourd’hui, encore en bonne santé. Bien sûr, le régime végétarien que je suis depuis 1998 joue ici un rôle énorme ! Ce que j’ai effectivement appris de toi, au fil des ans, c’est qu’il y a moins d’intensité dans l’endurance, et davantage dans l’action. Quand je fais du jogging, je ne parcours plus 6 à 10 km par jour, mais seulement 1 à 2 fois par semaine, une distance de 2 à 3 km, mais je sprinte, seulement en été, toutes les deux semaines, 3 à 5 fois sur 100 mètres, et je me sens dans une forme radieuse ! Pourquoi la plupart des gens ne parviennent-ils pas à comprendre qu’il vaut mieux moins d’intensité que se livrer à un training douloureux sur de longues heures avec la plus haute intensité ? Editorial US: Cela n’a pas de sens pour moi d’aller dans une salle de fitness quand je ne suis pas absolument sûr d’une bonne récupération. Si je devais mesurer les gens sur leur capacité à récupérer et à évacuer leur stress, je sais en qualité de gérant d’un club de fitness et en tant qu’entraîneur, de quelle façon je peux «charger» les membres du club de manière saine et correcte. Parce que 80% des gens, ainsi que le personnel du club de fitness, ne tolèrent – en raison de leur capacité de récupération insuffisante – que des niveaux élevés de stress ou d’activation permanente. Nous pouvons être heureux si nous pouvons encore faire effectuer à la moitié de ces 80% un training de force. Parce que si l’entraînement de force doit agir, il doit être très intensif. Les intensités élevées nécessitent une excellente capacité de récupération, autrement on en arrive à des adaptations négatives qui accélèrent l’épuisement. Les participants au training qui sont épuisés décrochent, sans que nous ne le sachions. La faculté de récupération des gens est impérative, et ce qui est nouveau dans l’histoire de l’humanité, c’est qu’il faut s’entraîner pour la restaurer ! La marche à pied et l’entraînement d’endurance à faible intensité, au minimum 7 heures par semaine, sont les mesures les plus simples et les plus efficaces à prendre. Les cours de yoga et la relaxation, les exercices de respiration ou la méditation, fonctionnent aussi. Mais pour que cela marche, il faut d’abord en faire l’apprentissage. Le plus important pour la récupération et pour les adaptations positives au training, c’est le sommeil. Et plus spécifiquement, le sommeil profond, quand il y a une production élevée d’hormones de croissance. Ce sont elles qui produisent de la substance corporelle. Mais cela se passe seulement pendant le sommeil profond et réparateur, entre environ 24 h et 4 h du matin. Pour que le sommeil fonctionne, le niveau de cortisol doit être bas dans le corps. Le stress, la durée d’activité, l’exercice intense, la peur, la colère, le stress, la colère, la télévision, Internet, les e-mails, etc, augmentent ces niveaux de cortisol, donc il n’y a pas de sommeil profond possible. Idéalement, à partir de 20 h, on devrait juste vivre à la lumière des bougies ! Quand j’ai suggéré cela pour la première fois, il y a quelques années, lors d’un séminaire pour les cadres supérieurs d’un cartel de technologie, très actif dans le monde, je m’attendais à un rejet massif de la part des participants. J’ai même pensé qu’ils n’allaient jamais plus faire appel à moi. Mais le contraire s’est produit. Ils ont pris à la lettre ma recommandation, et étaient très reconnaissants parce que maintenant ils savaient comment ils pouvaient bien dormir la nuit – et être à nouveau performants dans la journée. Qui veut maintenant avoir un bon travail, doit être efficace et productif, et il connaît généralement la souffrance qui se pose en raison d’un manque de récupération. Grâce à mes conférences et aux mesures correspondantes, ces gens sont devenus conscients de ce qu’ils devaient faire pour améliorer leurs performances et leur qualité de vie, et aussi leur santé. Même s’ils avaient bien l’impression que quelque chose n’allait pas, ils ne savaient pas exactement quelle en était la raison... Ils ne savaient pas non plus qu’on pouvait mesurer le stress et trouver des solutions pour échapper à cette spirale négative. J’ai été surpris que 90% de ces cadres supérieurs suivent effectivement mes recommandations. Et à partir de 20 h, ils ont changé leurs habitudes en s’éclairant à la chandelle et en se contraignant au repos ! Seulement en cas d’urgence absolue, ces personnes ont travaillé plus tard que 19 h. Et donc,ils rentraient chez eux à partir de 20 h pour se reposer à la lueur des bougies. Et entre 7 à 12 heures par semaine, ils se sont efforcés à bouger de manière à faible intensité, par exemple en faisant de la marche à pied. Tout ont ressenti immédiatement un effet positif sur leur corps, et ils ont enfin pu dormir toute la nuit pendant des heures d’affilée. JPS: Cet éditorial spécial pour les 35 ans de Top Ten Media doit donner aussi à nos lecteurs une idée sur ce qui a été atteint par notre entreprise de clubs de fitness aujourd’hui, mais aussi à quoi tout pourrait ressembler à l’avenir, d’ici 35 ans. Dans le dernier numéro de FITNESS TRIBUNE n° 149, j’ai donc utilisé sur la première page les deux termes quasiment imprononçables de «Multiaktorisches Training» et de «Salutogenetisches Trainingskonzept» que Jürgen Woldt avait employés dans son intéressant article. Comme vous l’avez fait sans doute, je suis promptement allé voir sur Google pour vérifier si ces expressions existaient vraiment. Le fait est que dans les centres de fitness de l’avenir, les gens auront également besoin d’une «salle des sensations» où ils vont pouvoir «décélérer», c’est-à-dire où ils vont à nouveau être capables de se sentir comme des humains... Toi et Jürgen Woldt, vous êtes les pionniers sur ce thème que les gens peuvent venir s’entraîner dans un centre de fitness tout en restant proches de la nature. US: L’article était bon et j’y suis également très favorable. Bien sûr, on peut utiliser ce concept pour aller s’entraîner directement dans la nature, en faisant du jogging dans les bois, par exemple, ou une promenade. Mais il est clair qu’avec le bétonnage de notre environnement, il est nécessaire que l’on puisse également trouver cet important équilibre pour le corps et l’esprit dans un centre de fitness. Cela nous ramène aux visions de Nerio Alessandri. Pour moi, c’est naturellement un excellent homme d’affaires et de marketing. Il est clair que quelqu’un comme Nerio Alessandri ne peut pas inventer à nouveau l’homme, parce que nous, les humains, nous sommes biologiquement les mêmes depuis des centaines de milliers d’années. Cependant, ce qui a considérablement changé au cours des 100 à 150 dernières années, donc depuis le début de l’ère industrielle, au détriment du corps humain, c’est la soi-disant société du bienêtre qui veut littéralement enlever à l’homme tout ce qui est physique, mais qui rend notre vie toujours plus hostile au biologique. Mais ce dont nous avons besoin pour rester biologiquement en bonne santé, ce sera toujours la même chose pour les prochaines centaines de milliers d’années. Et ici l’offre numérique dans les salles de fitness est totalement inappropriée. Cela vaut également pour le psychisme, car nous ne pouvons pas séparer l’esprit du corps. Ainsi, l’homme aura toujours besoin d’exercices d’endurance à faible intensité, ainsi que d’un entraînement de force de haute intensité pour garder un corps et un esprit sains. Ici, je voudrais attirer l’attention sur l’article dans la HEALTH TRIBUNE n° 5 du Dr. Jürg Kuoni (octobre/novembre 2013), dont le titre est : «Rester assis tue». Là aussi, des études pertinentes montrent que nous, les humains, nous avons besoin d’un minimum de 7 heures de mouvement par semaine. Sur cette base, nous devons bien sûr faire de l’entraînement en force, et en l’occurrence un training de force de haute intensité (HIT), indépendamment de l’âge. Que je sois âgé de 10, 20, 50 ou 100 ans, il ne peut s’agir que de musculation à haute intensité, si on le tolère de par la constitution générale de notre corps et sa faculté de récupération. JPS : Ma liste des diverses salles d’entraînement, comme je l’ai évoqué plus haut, correspond bien à ce nouveau concept d’offres pour les clubs fitness du futur, même élargi maintenant à la salle de training «sans stress» de Jürgen Woldt, à ses images de la nature, à ses odeurs naturelles, etc, avec toutes ces sensations, et – ce qui est nouveau – un bar pour managers stressés et leurs secrétaires. A Turin (Italie) on a ouvert récemment une salle spéciale pour les chats et une autre pour les chiens, de façon à ce que les gens viennent aussi les caresser. Ainsi dans les centres fitness du futur, on pourrait avoir un «espace pour les animaux», combiné avec un bar de boissons vitaminées, où au terme d’un training de force HIT on pourra venir caresser son chien ou son chat. US: Mais les lois de protection des animaux devraient être évidemment absolument respectées, de sorte que non seulement on aide les gens, mais aussi que l’animal en tire des Cont. page 18 Fitness Tribune 15017 Editorial Cont. de la page 17 avantages. En tout cas, il a été démontré que les animaux ont un effet calmant durable sur les hommes. En utilisant les mesures de la fréquence cardiaque, il a été prouvé que les bonnes relations entre les humains et les animaux agissent à la fois de façon apaisante et équilibrante. Cela vaut également pour les relations interpersonnelles. Je dis toujours à mes élèves que cela peut être une occasion unique pour le coach d’avoir une interaction positive avec tous. Mais cela fonctionne seulement si cela vient vraiment du fond du cœur, si c’’est sincère et honnête. Cela peut se développer ainsi en une force incroyable dans notre monde superficiel et égoïste. JPS: Avant chaque formation importante, les membres d’un club de santé devraient passer à travers la lumière bien particulière de BioPhysio – une innovation qui nous vient de la physique quantique, dans laquelle les participants doivent juste rester droit. C’est seulement ainsi qu’ils peuvent efficacement s’entraîner – un must pour nos installations de fitness et de spa dans l’avenir ! C’est ce que toute personne peut faire en effectuant un entraînement HIT en haute intensité (High Intensity). Comme tu le dis toi-même, de l’entraînement intensif, mais seulement dans ce cas, alors que dans toutes les autres formes de formation, il faut que cela se fasse en faible intensité (Low Intensity). Bien que les spécifications de la quasi-totalité des chercheurs universitaires recommandent la formation HIT pour tout ce qui est cardio, Ueli Schweizer affirme : HIT n’est alors pas un HIT, mais SHIT (en anglais dans le texte). US: Encore une fois, nous devons d’abord faire clairement la distinction : si j’utilise HIT dans le training de force, donc si je m’entraîne en haute intensité, alors c’est une bonne chose, et même absolument nécessaire, car autrement je n’aurais aucun effet Hypothropie. Car aujourd’hui chaque femme et chaque homme ont besoin de PLUS DE MUSCLES – et je ne parle pas ici de la musculation qui recourt à la chimie ! Plus une personne prend de l’âge, plus le training de force doit être plus intense, mais comme je l’ai dit, seulement si le participant est capable d’une bonne récupération et qu’on peut le «charger» sans danger. Les cas où nous n’avons pas besoin de ces intensités élevées, où nous ne devons pas utiliser le HIT, sauf dans le sport professionnel, c’est pendant l’entraînement de durée. Là, ce qui compte, ce n’est pas l’intensité, mais la durée et la fréquence. De temps en temps, et seulement de temps en temps, on peut également utiliser le High Intensity Interval dans les sports d’endurance. Nous savons maintenant 18 Fitness Tribune 150 depuis plus de 100 ans, de par notre expérience des sports de compétition, comment il est délicat de se former à l’endurance en HIT, et avec quelle vitesse on peut passer du succès au plantage le plus piteux ! Pourquoi faudrait-il répéter sans fin les mêmes erreurs, parce qu’on pense que l’effort doit être court et violent : le succès maintenant et immédiatement ! Ces tendances sociales n’ont rien à voir avec la biologie, même si certaines écoles de sport sont connues pour se faire l’écho de telles pratiques. Il faut distinguer plus clairement ce qui est sport de pointe, du training fitness normal et sain. L’entraînement en force, intensif et court, par exemple, seulement 2 x 20 minutes par semaine doit suffire, alors que l’entraînement d’endurance prend toujours du temps. Bien sûr, dans un cadre sportif, les entraînement en force durent plus longtemps. Surtout chez les femmes qui ne sont pas «encore» trop intéressées par l’entraînement de force, et ne passent relativement que peu de temps dans un club de fitness : 2 x 20 minutes par semaine doivent suffire pour rester en bonne santé. Mais justement la persévérance doit DURER. Comme l’écrit le Dr Jürg Kuoni dans l’article «Rester assis tue» mentionné plus haut 7 heures par semaine sont un minimum absolu. JPS : Je viens de lire une étude venue d’Australie, où les scientifiques prouvent que la quasi-majorité des marathoniens amateurs ont des cicatrices sur le cœur. Ce muscle – car le cœur est un muscle – est utilisé trop intensivement dans le marathon, et les signes qui sont présentés par ces cicatrices prouvent en fait exactement ce que tu viens indirectement de dire : celui qui trop souvent dans les sports d’endurance recourt à la High Intensity, court le risque, par exemple, de mourir d’une crise cardiaque. US: Si je m’entraîne au marathon de façon saine, cela pourrait être très bien également comme séance d’entraînement, mais la concurrence n’est pas toujours aussi saine, surtout si je suis insuffisamment préparé. Celui qui se donne de longues périodes de récupération peut vivre chaque sport de manière saine. Un bon exemple peut être vu à nouveau chez les athlètes qui ont besoin d’arrêter leur entraînement à cause de blessures, puis quand ils recommencent doucement : c’est ce qu’ont montré encore une nouvelle fois les derniers Jeux olympiques d’hiver. Dario Cologna, qui a longtemps été blessé, avait repris doucement l’entraînement, et il a été le seul à aller REPOSÉ à la compétition. Il a gagné et est devenu double champion olympique ! Cologna n’était sûrement pas mieux préparé que ses adversaires, mais il était plus reposé et cela lui a permis à la fin de gagner... Mon hypothèse : Les autres participants avaient 10 à 15 compétitions de plus derrière eux, et étaient moins reposés. À la fin, il leur a manqué justement cette force pour remporter la victoire. JPS: La même chose est vraie pour les membres d’un club de fitness. Celui qui se sent bien le lendemain d’une séance d’entraînement et plein d’énergie, a correctement travaillé sa forme la veille, bien dormi, et il est pleinement opérationnel avec son système musculosquelettique, et même avec son psychisme. Mais nous discutons maintenant depuis 30 minutes déjà, et tu n’as pas encore prononcé ton mot préféré : «lactate» ? US: C’est évidemment toujours avec enthousiasme et minutie que je mesure les progrès que je fais à l’aide des valeurs de lactate, de façon à contrôler mon training de manière optimale. En outre, j’utilise aussi d’autres méthodes de mesure qui ne sont disponibles que depuis quelques années, ou pour moi financièrement réalisables en termes de coût. Tests cardiorespiratoires, analyses corporelles, facultés de récupération, résistance au stress, et bien d’autres, donnent une image globale des progrès réalisés. C’est seulement quand tu mesures que tu sais comment tu dois t’occuper de tes clients, et s’ils font vraiment de réels progrès. Malheureusement, on le fait aujourd’hui souvent de façon bien peu intelligente. Alors, pourquoi donc du lactate ? Parce que le lactate permet de voir deux choses, même si ce n’est pas toujours bien compris. Non pas que l’acide soit dangereux en soi, mais comme on l’a mesuré au fil des décennies, des millions de fois dans le monde, on s’est aperçu que lorsque les gens font leurs exercices avec telle ou telle valeur de lactate, c’est qu’ils sont en train de faire des progrès. Et cela va du simple entraînement pour sa santé, jusqu’au champion olympique. Les tests de lactate nous viennent en effet du sport d’élite. A l’aide de mesures de lactate, on a également mesuré l’impact que des niveaux élevés ont sur le système immunitaire. Si l’on dépasse 14 mml de lactate, le système immunitaire est affaibli pendant 1 à 3 mois. C’est ce qu’ont montré les études réalisées par le professeur Liesen, également publiées dans un livre de Lorenz Radlinger qui a été publié aux éditions Thieme. Récemment, j’ai fait une formation HIT (protocole Tabata) en endurance avec mes élèves, donc avec des jeunes, relativement en forme. Environ 40% avaient plus de 14 mml de lactate. Un peu moins de la moitié avaient un niveau de lactate entre 10 et 14 mml. Cela signifie que le système immunitaire a été affaibli pendant 1 à 3 semaines. 10% avaient moins de 10 mml et ont ainsi récupéré dans la semaine. Si une personne utilise HIT pour travailler en endurance, cela n’a aucun sens, comme je l’ai toujours dit, mais maintenant au moins, je peux Editorial le mesurer et m’en faire une idée claire. Sur l’Internet, on ne trouve pas de publications scientifiques pertinentes sur HIT et son impact sur les capacités de récupération, ainsi que sur l’affaiblissement du système immunitaire. La chose étonnante, c’est que dans pratiquement toutes les publications, on trouve des citations du genre : « L’entraînement de base est ennuyeux ou prend trop de temps, ou bien on n’en veut pas de toute façon... ». Ce ne sont pas des déclarations scientifiques et elles sont de toute façon inexactes. Pourquoi des oligarques russes, ayant assez d’argent pour acheter tout ce qu’ils veulent, vont-ils dans l’Engadin faire pendant des heures des randonnées dans la nature ? Pourquoi font-ils cela ? Tout simplement parce qu’ils se sentent bien, qu’ils réduisent ainsi leur stress, parce qu’ils trouvent que c’est beau et pas du tout ennuyeux ! JPS : Comme on l’a déjà dit, on pourrait t’appeler le coach personnel des Top-Managers, car tu t’occupes de cadres supérieurs, et aussi des meilleurs scientifiques dans les entreprises et les instituts. Et le truc de fou, c’est que ces hauts salariés, mais aussi des super-stressés, suivent à la lettre tes conseils, parce que grâce à tes nombreuses années d’expérience, tes succès se sont vite propagés. Et la recette est : les concepts d’Ueli Schweizer pour le training sont simples, mais cela fonctionne ! Ainsi, pendant plus d’une année, tu les laisses faire des promenades en leur demandant beaucoup d’argent, car tu leur dis qu’ils ne sont pas encore en mesure de suivre les séance d’entraînement. Donc, il y a de nombreux animateurs de clubs de fitness, et aussi des coachs personnels qui pourraient beaucoup apprendre de tout ce que tu vas nous dire ! US: Le plus simple à recommander, même si cela ne correspond trop pas à l’esprit du temps, c’est la nage à contre-courant ! Elle exige de la force, du courage, des connaissances, et encore davantage d’énergie. On comprend que beaucoup ne peuvent – ou ne veulent pas – essayer. Toutefois, si l’on utilise de façon conséquente les différents tests, on peut suivre l’évolution des clients et les progrès réalisés. On est alors convaincu des progrès. Étant donné que les succès durables se révèlent plus tard que les feux de paille rapides du HIT, il faut apporter des connaissances de base en biologie afin que les gens ne commencent pas à douter. Bien sûr, des centaines d’histoires de réussite et les témoignages correspondants aident à prouver le succès. Il y a aussi le principe que mes stagiaires ont intégré, et qu’il faut toujours prendre en considération : TOUT DOIT ETRE SAIN. Le professeur Liesen l’a formulé plus précisément. À la question : « Quelle est la première et plus importante tâche d’un médecin du sport et d’un entraîneur ? », sa réponse fut : « Un maximum de santé tout au long de l’année ! ». C’est en fait le rêve de l’humanité. La deuxième question a été alors : « Qu’est-ce qui est nécessaire en premier ? ». Et la réponse de Liesen a été : « La capacité maximale de régénération », parce que sans la capacité de régénération, une bonne santé n’est pas possible. Sans phase de récupération, le système immunitaire humain s’effondre rapidement, et l’on tombe malade. Ensuite, il y avait une troisième question : « Que faut-il pour avoir cette capacité de régénération ? ». Et la réponse a été : « On a besoin de la capacité maximale du système végétatif », c’est-à-dire qu’il faut passer le plus rapidement possible de la performance à la récupération. Cela vaut aussi dans l’autre sens : que l’on passe le plus vite possible de la récupération vers la performance de pointe. La transition du repos à la performance ou encore de la performance à la récupération est extrêmement importante ! Ce changement du système nerveux sympathique (le système de la performance), vers le parasympathique (le système de récupération) est maintenant MASSIVEMENT mis à mal. Notre premier geste après le réveil, aujourd’hui, est pour le téléphone portable, et puis tout au long de la journée, on est constamment sollicité par l’activation numérique et le multitâche. Le fait est que cette période d’activation soit sans pause, nous épuise et nous vole notre faculté de récupération. Et nous nous en apercevons seulement si la souffrance est très grande, et alors nous ne savons pas pourquoi. Des études ont montré que de nombreux étudiants étaient très épuisés et nous ne comprenions d’abord pas pourquoi. Nous avons découvert que les étudiants reçoivent ou émettent en permanence des messages sur leurs smartphones, pendant les conférences à l’université, en conduisant, en apprenant des cours ou encore en faisant leur séance de fitness. Ils ne se rendent pas compte que le multitâche ne fonctionne pas. Ils étaient stressés, car ils ne comprenaient pas la conférence du professeur en raison de la distraction occasionnée par le smartphone. Avec le temps, ce stress se transformait en épuisement. La transition végétative ne fonctionnait plus, car le système nerveux sympathique était activé en permanence. La capacité de récupération a été perdue. Et les étudiants étaient âgés de seulement de 20 à 25 ans ! Tout cela est objectivement mesurable aujourd’hui. Nous ne nous occupons pas des clients sans faire ces mesures. Si quelqu’un perd la capacité de récupérer, comme cela passe aujourd’hui pour une majorité de gens, les recommandations sont fondamentalement différentes que si l’on a encore une bonne capacité de récupération. Nous devons donc recommander de faire des promenades à pied, surtout le soir, comme un rituel, pour faire descendre le taux élevé de cortisol. Des niveaux élevés de cortisol dans le sang empêchent la sommeil profond et donc la récupération, et annulent les effets positifs du training. Nous recommandons également d’éteindre tous lles médias numériques et les applications, comme le smartphone, l’ordinateur portable, e-mails et Internet, mais aussi le téléviseur à partir de 20 h. Tout cela augmente, même si nous ne le remarquons pas vraiment, la libération de cortisol. Il faut privilégier la lumière des bougies, les communications personnelles entre les gens, et à part ça, rien d’autre, ou alors seulement en cas de nécessité absolue. Nous devons être au lit et nous endormir avant minuit, pour qu’intervienne la diffusion dans l’organisme de l’hormone de croissance, nécessaire à la formation de nouvelles structures de l’organisme. Ces recommandations semblent nous faire revenir à l’âge des cavernes... Mais ce n’est juste que partiellement, puisque notre biologie fonctionne toujours de la même façon. Pour maîtriser la vie moderne, sophistiquée et brillante qui s’annonce à nous pour les prochaines décennies, avec une grande qualité de vie, il faut promouvoir activement la marche à pied. Lumière de bougie et sommeil reposant sont les facteurs les plus importants de réussite. Ce qui est d’un point de vue biologique certainement le plus grand des non-sens, c’est la distraction numérique et le HIT. Bien sûr, il faut aussi un entraînement de force, 2 fois par semaine. C’est toujours du HIT. Mais plus de 2 fois par semaine, l’homme moderne n’y résiste pas ! Ce qui me surprend toujours et me réjouit, c’est de voir dans mes séminaires d’affaires que nos clients qui travaillent dur et avec succès, qui ont des postes de direction et gagnent beaucoup d’argent, acceptent ce conseil bien-fondé. Parce qu’ils en ressentent les effets positifs immédiatement, ils mettent tout en œuvre avec le plus grand enthousiasme ! JPS: Le fait que nous devons à chaque fois redire tout cela chaque année au petit monde de la fitness, me surprend toujours depuis plus de 35 ans ! US:: D’un autre côté, j’en suis heureux, parce que les gens ont toujours besoin de formation et que je gagne ma vie. En outre, cela me donne dans le domaine d’activité «rencontres d’affaires» un créneau de vente bien personnalisée, comme diraient les professionnels du marketing. Tu vois qu’on peut aussi gagner de l’argent avec la biologie. La branche du fitness peut et va jouer ici un rôle de premier plan, parce que nous sommes en train de l’inculquer de façon intensive aux élèves dans le cadre d’un nouvel apprentissage sur « L’exercice et la promotion de la santé ». Cont. page 122 Fitness Tribune 15019 Editorial Cont. de la page 19 Je suis convaincu que la branche du fitness dans 5-10 ans prendra également en compte ces besoins biologiques des personnes en plein succès (également financier !), et non pas seulement les concepts à court terme d’habiles professionnels du marketing. JPS: La chose la plus triste est que beaucoup de bonnes personnes à des postes de responsabilité, ainsi que les travailleurs normaux, sont coincés dans cette camisole de force et ne parviennent jamais au repos. Beaucoup de ceux qui sont dans cette situation meurent tôt. Ils voulaient réussir à tout prix, dans la société, dans le mariage, dans la famille. Et aussi faire un triathlon, au moins 4 fois par an... Le cœur dit alors : désolé, c’est vraiment trop de stress ! US: Non seulement le cœur. J’ai eu le cas d’un PDG qui avait un salaire annuel de 5 millions de francs suisses et qui avait, en plus des contraintes financières, également suivi une formation intensive à la course, à la musculation, et participait aux compétitions de marathon. À 50 ans, il avait été atteint d’ostéoporose, mais les médecins les plus connus ne savaient pas pourquoi. Et pourtant, c’est assez facile à expliquer. Si tu es toujours en train de vouloir réaliser de hautes performances, la valeur du cortisol reste constamment très élevée et le système digestif ne peut plus assimiler les nutriments. Le stress, l’entraînement intensif et les compétitions absorbent une énorme quantité de minéraux. Comme ton système digestif ne peut pas absorber davantage de minéraux, il va aller se servir dans les dernières réserves de ton corps... Les minéraux dans les os sont utilisés, l’os est affaibli. Notre organisme se désagrège, dans le vrai sens du mot. Par ailleurs, même le sexe produit des niveaux élevés de cortisol, car c’est aussi une soupape d’échappement pour le cerveau et le corps. Celui qui est en train de fuir, ne pense pas à la reproduction. Ce qu’il veut, c’est sauver sa vie !. Les niveaux de testostérone sont bas. Il n’a pas envie d’éprouver du plaisir. Pauvre génération des smartphones ! JPS: Ueli, que peut-on dire de positif après ces 35 ans d’expérience dans le fitness ? Cela fait maintenant 4 à 5 ans qu’il est scientifiquement prouvé que le muscle pendant l’entraînement envoie, entre autres, aux organes internes tels que le foie, les poumons, le cœur, les reins et le cerveau, des messages chimiques pour que ces organes aillent mieux. Longtemps, la science a complètement sousestimé le muscle, ou a toujours prétendu le contraire ! C’est donc une belle histoire de succès pour notre industrie du fitness, n’estce pas ? 122 Fitness Tribune 150 US: C’est vraiment fantastique que la science reconnaisse l’importance de l’entraînement et du mouvement dans le training spécifique de force et d’endurance. Non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et l’intelligence ! Pas un jour ne passe sans que de nouveaux résultats positifs ne soient découverts. Certains établissent alors des conclusions erronées (HIT), mais cela doit changer ! A la pointe du combat, il y a le FSCF qui se bat avec son action «Le mouvement est une médecine» qui préconise que le training soit prescrit par les médecins, tout comme un médicament. Tôt ou tard, il va y avoir des possibilités sensationnelles pour les professionnels bien formés. En outre, les scientifiques ont soigneusement démontré que l’humanité dans son ensemble n’a jamais été en aussi bonne forme qu’aujourd’hui. On l’oublie parfois à cause de tous les gémissements et les personnes insatisfaites... On a toujours le sentiment que c’était mieux avant. Objectivement, ce n’est pas vrai. Je suis moi-même heureux, mais jamais satisfait et toujours impatient, parce que nous n’utilisons encore que trop peu le potentiel de notre produit fantastique «Training de fitness». Nous avons besoin de davantage de meilleurs tests, de soins individuels en fonction des résultats mesurés, afin que tout le monde puisse bénéficier de la fontaine de jouvence : «Training de fitness» ! JPS: Je recommande également que l’indice BMI soit enfin remplacé par un nouvel indice plus juste, car des personnes pas très en bonne santé, mais en forme, avec un peu plus de muscle que de masse graisseuse, sont pénalisées, à cause de leur poids corporel plus élevé, et davantage taxées par l’assurance-maladie qui les considère comme pratiquement obèses. Ce n’est pas correct, non plus, de mesurer la circonférence abdominale, car cela dépend des différents types humains. Quel est l’index de mesure que tu préconises ? US: Que ce soit pour l’évaluation du BMI ou pour le tour de taille, on a des des valeurs statistiques qui sont justes pour la majorité de la population. Mais dans toutes les méthodes de mesure, il y a des personnes qui ne correspondent pas. Statistiquement, il n’y a bien sûr pas, à l’échelle mondiale, énormément de gens qui ont des interprétations erronées au BMI en raison de leur masse musculaire, ou à cause de leur circonférence abdominale ! C’est maintenant que notre branche fitness entre en jeu. Des spécialistes bien formés reconnaissent ces exceptions et peuvent utiliser d’autres méthodes de mesure. Encore une fois, nous travaillons étroitement avec nos stagiaires, pour que dans l’avenir les techniques de mesure soient utilisées correctement. JPS: Où sont les femmes à des postes élevés dans notre branche ? Au premier Forum EHFA du 2 avril 2014, à Cologne, il n’y avait aucune femme présente au cours des discussions. De même que dans l’industrie automobile, à une exception près, tous les PDG qui sont à la tête de grandes marques sont des hommes. Et c’est comme cela aussi que c’est chez tous les grands fabricants d’équipement de l’industrie du fitness. Comment pouvons-nous motiver les femmes à s’impliquer, en dehors du group training, du yoga ou de la méthode Pilates, dans l’important entraînement de force ? Parce que, après un certain âge, les femmes doivent suivre un training de force. US: Cela reflète le phénomène social général que, généralement, dans les hautes sphères on voit moins de femmes. En outre, l’entraînement fitness est toujours très orienté vers la force. Le muscle est considéré comme un symbole de statut social dans le monde de l’homme masculin, et lentement se forme la prise de conscience que le développement musculaire est important pour la survie et qu’il garantit une bonne qualité de vie ! Je suis convaincu que tout va changer. Nous avons parmi nos stagiaires beaucoup de jeunes dames intelligentes, sûres d’elles, studieuses et ambitieuses, qui tôt ou tard occuperont des postes de leadership. Un excellent modèle et un grand exemple pour moi d’une entrepreneuse à succès, est à Zurich depuis des années Kathi Fleig, du «David Gym». JPS: Après deux ans d’absence voulue de la FIBO, je suis venu voir, le 3 avril, entre 9 h et 15 h, notamment dans la salle 9, il y avait de nombreux stands sur le thème: «L’entraînement fonctionnel» (Funtional Training). Quel groupe est-il susceptible d’être ciblé dans un centre de fitness par cette folie de l’entraînement fonctionnel ? Un training qui joue sur de grandes cordes, au cours duquel des femmes avec des méga-muscles dans des exercices de «soulevés de terre» (deadlift). C’est beaucoup trop intense, trop exigeant et n’est probablement supportable pour beaucoup qu’avec l’aide de la chimie. Le sport appelé «Cross Fit» montre déjà probablement les premiers excès de ce nouveau boom du dopage. Pourquoi faut-il toujours que certains viennent ternir l’image des clubs de remise en forme, et pourquoi la plupart des gens ne reconnaissent-ils pas les dangers d’une telle tendance ? Combien de fois ai-je souhaité l’instauration d’un «Conseil des sages» pour la branche fitness, où de telles tendances sont d’emblée étiquetées, critiquées, ou encore louées ? Au lieu de cela, de nombreux propriétaires de clubs de fitness jettent leur argent durement gagné par la fenêtre, et en fin de compte aussi beaucoup de leurs membres. Que verrons-nous apparaître sur le marché dans 35 ans ? Editorial US: L’entraînement fonctionnel - il y a 40 ans, quand j’étais au service militaire obligatoire, c’est exactement ce que nous avons fait. Les joueurs de football le font chaque semaine à l’entraînement. Du Boot Camp, de l’entraînement fonctionnel, du Cross Fit, tout se répète ! Ce qui m’a étonné, c’était que sur 100 recrues, il n’y avait que moi et peut-être 2 ou 3 autres qui avaient aimé cette formation – tous les autres l’ont détestée ! Et ce serait un marché d’avenir ? L’entraînement fonctionnel est bon pour les quelques clients réguliers que nous avons et qui veulent essayer tous les quatre mois la nouvelle tendance venue des Etats-Unis. Ce sont bien sûr des fanatiques inconditionnels du High Intensity Intervall. La bonne chose à leur sujet : ils sont toujours motivés, jusqu’à ce qu’ils n’en peuvent plus ! La mauvaise chose : les tendances nouvelles pour quelques clients, cela coûte toujours beaucoup d’argent ! Il y a aussi le fait que l’IHRSA, la plus grand association dans le monde pour les club de fitness, déjà en 2000, voici donc 14 ans, avait publié une étude qui voulait prouver pourquoi les gens venaient dans les salles de fitness. Et pourquoi ils en repartaient. La raison principale était : plus l’entraînement était intensif, plus le taux d’abandon était grand ! Un autre point important résidait dans le choix du training. Les participants qui ressentaient qu’ils pouvaient euxmême faire le choix du type d’exercice, de sa durée et de son intensité, étaient les membres les plus satisfaits – et ils sont restés le plus longtemps fidèles au club de fitness. La raison la plus importante de ne pas adhérer à un club de remise en forme a toujours été la crainte de ne pas supporter la formation, de se blâmer ou d’échouer. Que ce soient HIT, Cross Fit, training fonctionnel ou Boot Camp, toutes ces séances d’entraînement conduisent finalement à faire partir les gens qui avaient frappé à la porte des clubs, souvent après une coûteuse campagne de publicité ! JPS: Cela me rappelle une histoire que je raconte, encore et encore, quand il s’agit du « taux élevé de «roulement» dans les clubs de fitness ». Une femme était intéressée comme nouveau membre potentiel dans un club de remise en forme. L’entraîneur lui remet alors un questionnaire standard, avec notamment la question : « Quel genre d’entraînement n’aimez-vous pas ? » - Et la réponse était : « Sur un vélo ». Donc, l’entraîneur a rempli tout le questionnaire de façon précise, et à la fin il a dit : « Asseyez-vous, s’il vous plaît, pendant 10 minutes sur cet Ergo Bike et commencez votre échauffement, je vais bientôt revenir vous chercher ! ». Comment se fait-il qu’une telle chose arrive encore après tant de décennies, et comment pouvons-nous le changer ? US: Formation, formation, formation... De meilleurs salaires, un personnel mieux qualifié. Un suivi de formation. Le FSCF fait un excellent travail dans ce domaine. JPS : D’autre part, je plains les jeunes qui fréquentent l’entraînement fonctionnel, parce qu’au cours des dernières années, de nombreuses aires de jeux dans les écoles publiques ont été supprimées pour des raisons d’économie, de sorte que cette nouvelle génération des 20 à 30 ans aujourd’hui, n’ont jamais eu vraiment l’occasion, comme nous l’avons fait, de s’éclater sur les aires de jeux, et de continuer à le faire avec beaucoup de joie dans les centres de fitness ! US: Exactement. Dans la génération de mon père, tout le village allait au club de gymnastique, et cela en plus du dur travail corporel quotidien. Tout le monde essayait de faire le poirier, ou la roue. Maintenant, comme je l’ai vu dans la salle 9 au FIBO, un groupe de jeunes hommes, adeptes du training fonctionnel, avaient aussi essayé de faire la même chose, pas de manière parfaite. Bon, après tout, c’est très bien si cela revient à la mode... N’oublions pas cependant une chose : la pratique du fitness doit apporter aussi de la joie, du plaisir et de l’amusement ! Même quelque chose d’un peu fou, pour autant que ce n’est pas dangereux, doit être permis ! Ceux qui sont un peu farfelus ou qui ont du caractère, doivent donner à notre branche sa «touche». Nous devons aussi avoir une branche «loisirs», même si l’objectif principal reste la santé. Tout le reste concerne l’hôpital, et nous savons que personne n’aime à y aller ! JPS: Comment pouvons-nous amener les décideurs de notre branche fitness à prendre leurs distances avec cette folie du HIT, puis à s’intéresser à nouveau aux valeurs de la biomécanique correcte et de l’ergonomie ? Aux axes de force sur les appareils, ainsi qu’à l’harmonie entre être humain et machine, de façon à ce qu’il n’y ait pas l’un qui s’entraîne contre l’autre ! US: Je vais encore me répéter : formation, formation, formation.. . De meilleurs salaires, un personnel mieux qualifié. Une formation continue... N’oublions pas les nouveaux concepts intéressants qui indiquent une direction positive, par exemple : FIVE, fle.xx, Liebscher & Bracht, Painless, Jürgen Woldt, mais aussi la diffusion de l’entraînement de force : l’énorme boom qui s’annonce, mais qui malheureusement risque de nous passer à côté.. En tout cas, la branche du fitness va de mieux en mieux. Quand vous voyez comment les possibilités de formation ont évolué au cours des 35 dernières années, alors c’est tout simplement fantastique. Mais, il ne faut pas regarder en arrière, il reste encore beaucoup à faire ! JPS: Oui et en Suisse, les membres du FSCF pendant l’anniversaire de l’Assemblée générale « 20 ans de FSCF », ont voté à une large majorité le lancement de la première votation initiée par le FSCF sur le thème : «LE MOUVEMENT EST UNE THÉRAPIE» Mon point culminant absolu dans l’industrie du fitness depuis 35 ans ! US: Il s’agit d’une étape importante, qui est gigantesque, même si elle est liée à beaucoup de travail et d’investissement. La branche du fitness s’est développée pour devenir une industrie forte et le FSCF une puissante association. J’espère fermement que cette initiative aboutira. Je veux savoir s’il y a des arguments contre cette initiative. Une initiative qui ferait seulement du bien aux gens et à la société dans son ensemble, mais qui vise à promouvoir un atout essentiel pour la population : sa santé ! Je serai en tout cas curieux de savoir qui va encore essayer de semer la tempête et comment il va s’y prendre. JPS: Le FSCF en Suisse ou le DSSV en Allemagne ont réalisé de grandes choses pour cette jeune industrie du fitness. Le FSCF fête en 2014 ses 20 ans, et le DSSV déjà le jubilé des 30 ans de son association. US: Ce qui a été réalisé durant les 25 à 35 dernières années en termes de formation, de structure, d’assurance-qualité, d’investissement, de promotion de la santé, de formation professionnelle, etc, est très fort ! Et les résistances qu’il avait alors fallu surmonter ont été énormes. Même si toi et les autres (moi y compris) avons critiqué à maintes reprises – et à juste titre – la branche du fitness. Nous avons ainsi contribué indirectement ou directement à de nombreuses améliorations. Cette jeune industrie est maintenant arrivée à un point positif. Pour que cette évolution continue, la branche fitness doit encore trouver un équilibre entre inorganisé et organisé, entre sauvage et structuré, entre déraisonnable et conforme, entre conservatisme et fuite en avant... Parce que nous avons encore besoin de beaucoup de potentiel créatif et aussi d’idées non conventionnelles. Ce dont nous avons également besoin, c’est de beaucoup de courage et d’énergie ! JPS: Ueli, les derniers mots sont parfaits – Merci d’avoir écrit avec moi cet éditorial de jubilé pour la 150ème édition du magazine Fitness-Tribune, et en particulier cette courte rétrospective de nos 35 ans d’amitié dans l’industrie du fitness. Une histoire belle mais un peu folle, qui nous a accompagné depuis une demi-vie et qui, si Dieu le veut, nous accompagnera encore dans les 35 prochaines années ! Ueli Schweizer et Jean-Pierre L Schupp Fitness Tribune 150123