comités d`entreprise
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JUIN 2013 E R I A N E T R A P E S I R P E R T N E ’ D COMITÉS ITÉS D’ENTREPRISE E PARTENAIRE COM IC LA LETTRE DU SERV DU CRÉDIT MUTUEL COMMENT UTILISER LE BUDGET DE FONCTIONNEMENT DU CE ? En créant une subvention de fonctionnement de 0,2%, la loi Auroux du 28 octobre 1982 a assuré un minimum de ressources à tous les comités d’entreprise. Distincte de la contribution aux activités sociales et culturelles, elle est destinée essentiellement à favoriser les études et expertises économiques, notamment pour la défense de l’emploi. Pour les besoins de son fonctionnement, le CE dispose par conséquent de moyens financiers qui lui sont propres (article L.2325-43 du Code du travail) garantissant ainsi son autonomie et la bonne réalisation des actions que les élus peuvent mener. Mais, attention, ce budget lui est attribué pour qu’il l’utilise conformément à son objet, c’est-à-dire pour son fonctionnement. Le comité ne peut donc pas tout faire avec ce budget ! L’employeur est-il obligé de verser cette subvention au CE ? Oui, la loi oblige l’employeur à verser au CE un budget de fonctionnement dont l’assiette et le mode de calcul sont identiques pour tous les CE, sans considération de taille d’entreprise. Ainsi, l’employeur doit verser au CE une subvention dont le montant minimum est égal à un montant annuel équivalent à 0,2 % de la masse salariale brute. Lorsque l’entreprise comprend plusieurs établissements ou filiales et donc par conséquent des comités d’établissement et un comité central, c’est au niveau de chacune des structures (possédant un CE ou CCE) que l’employeur doit verser le budget de fonctionnement. Ainsi, chaque comité d’établissement perçoit une subvention de fonctionnement dont le montant est égal à 0,2 % de la masse salariale annuelle brute de l’établissement auquel il est rattaché. Dans tous les cas, le défaut de versement de cette subvention peut conduire à une condamnation de l’employeur pour entrave au bon fonctionnement du CE. Celui-ci pourrait donc obtenir d’un juge une condamnation de l’employeur à lui verser les sommes dues, mais aussi des dommages et intérêts en réparation du préjudice qu’il aurait subi du fait du retard ou du défaut de paiement. Les conditions de versement de la subvention ne sont pas précisées par la loi. S’agissant d’une obligation annuelle, le versement peut être effectué une fois par an, mais l’employeur n’est pas tenu d’effectuer ce versement au début de l’année. L’employeur peut aussi décider de régler la subvention en plusieurs versements, à condition toutefois que ceux-ci permettent au CE d’assurer son fonctionnement normalement entre les différents règlements. NOTRE CONSEIL Il est possible d’inclure dans le règlement intérieur du CE, une disposition qui rappelle à votre employeur son obligation légale et détermine, d’un commun accord, les modalités pratiques de versement de votre subvention. Par exemple, en fixant la date de la ou des échéances de règlement. PAGE PAGE PAGE PAGE 1 2 3 4 L’obligation de l’employeur Comment utiliser ce budget ? Règles et risques encourus Actualité juridique et sociale IRRIE AEP N E T AMR P SE TR CO ITÉS D’EN COMMENT UTILISER LE BUDGET DE FONCTIONNEMENT ? L’utilisation du budget de fonctionnement doit respecter des principes simples mais rigoureux. Son utilisation se trouve placée, en quelque sorte, sous un régime de liberté contrôlée. 1er principe : d’abord, le CE décide librement de l’utilisation des fonds reçus au titre de son budget de fonctionnement. Les décisions d’utilisation du budget passent par des délibérations en réunion plénière mais attention, l’employeur, président du comité, ne doit pas participer au vote. 2ème principe : les dépenses doivent s’inscrire exclusivement dans le cadre du fonctionnement du CE et de ses missions économiques. En conséquence, la subvention de fonctionnement peut être affectée par exemple à la prise en charge d’actions de formation ou à l’achat de documentation se rattachant aux attributions économiques du comité et ce au profit des membres du CE. A contrario, le financement de formations ou d’abonnements presse, se rattachant à l’exercice de fonctions de natures syndicales par exemple n’est pas valable. Cela d’autant plus que leur bénéfice est en partie étendu à des représentants syndicaux extérieurs au comité. A titre d’exemple, le budget peut être utilisé pour prendre en charge : s les frais de formation des membres titulaires du CE (frais d’inscription, de déplacement, d’hébergement et de restauration ; en revanche, le maintien de la rémunération doit être assuré par l’employeur) ; 3ème principe : la dualité des budgets du comité. Plus simplement, les fonds détenus par le CE au titre du budget de fonctionnement ne peuvent ainsi pas être utilisés pour financer les activités sociales et culturelles, ni même simplement couvrir leurs frais de gestion. Aucune compensation n’est possible entre ces deux budgets qui font l’objet d’une comptabilité distincte. Notre conseil est d’ouvrir deux comptes bancaires séparés. s les frais courants de fonctionnement du CE : frais de communications téléphoniques, abonnements Internet, frais postaux en lien avec les compétences économiques du comité ; s les salaires des personnes recrutées par le CE et affectées à des postes liés au fonctionnement administratif du comité (secrétariat par exemple) ; s les frais de déplacement des membres du comité dans l’exercice de leur mandat, en dehors des réunions convoquées par l’employeur ; s les frais d’expertise comptable, lorsque le CE a recours à un expert rémunéré par lui pour la comptabilité du CE ; s les frais d’expertise, lorsque le CE a recours à un expert technique dans le cadre des procédures de licenciements économiques collectifs avec plan de sauvegarde de l’emploi ; s le financement de campagnes d’informations ou d’enquêtes auprès du personnel relatives aux conditions de travail dans l’entreprise. Ce principe a été rappelé à plusieurs reprises par le Ministre du travail : « Les comités d’entreprise gèrent deux budgets. D’une part, un budget de fonctionnement, dont le montant minimum obligatoire a été fixé à 0,2 % de la masse salariale brute annuelle de l’entreprise et, d’autre part, un budget pour ses activités sociales et culturelles, dont le montant est fixé en fonction des activités sociales et culturelles assurées par l’employeur avant la mise en place du CE. Lors de la présentation de ses comptes annuels, le CE doit donc présenter une comptabilité contrôlable, tant par le président du CE, qui est le chef d’entreprise, que par ses membres. Ses comptes doivent être approuvés. Cette question est particulièrement importante lors de la clôture des comptes au moment du renouvellement du CE. De plus, la répartition de ces dépenses doit être clairement établie pour permettre également le contrôle des comptes par les unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales. » Ce principe de dualité peut être illustré par l’exemple suivant : un CE emploie un salarié qui pour une partie de son temps rédige les procès-verbaux, les courriers à l’inspecteur du travail, gère les rendez-vous avec les experts... et pour une autre partie distribue les chèques cadeaux, contacte les prestataires... dans un tel cas, le salaire et les charges afférents à ce salarié devront être répartis sur les deux budgets, au prorata des tâches effectuées. 4ème principe : l’utilisation du budget de fonctionnement doit être transparente. Cette transparence existe à l’intérieur même du CE puisque tout membre, y compris le président, doit pouvoir avoir accès aux documents comptables détenus par le CE. Il a même déjà été jugé que le président peut en prendre une copie, à condition qu’il en supporte le coût. La transparence existe aussi vis-à-vis de l’extérieur. Chaque année, et à la fin de chaque mandat, le comité doit faire et afficher un compte rendu de sa gestion des fonds qu’il détient. COMMENT CALCULER LA MASSE SALARIALE BRUTE ? La loi indique que le budget de fonctionnement est calculé à partir du montant annuel de la masse salariale brute, mais elle ne donne pas de définition de ce qu’il faut retenir comme éléments pour calculer cette masse salariale annuelle brute. Des décisions de la Cour de cassation sont donc venues préciser que la masse salariale brute qui sert de base de calcul pour la subvention de fonctionnement doit s’entendre comme la masse salariale comptable (Compte 641 : rémunération du personnel) qui comprend les salaires, les appointements, les commissions de base, les primes et les gratifications, les indemnités de congés payés, les indemnités de licenciement et les indemnités de mise à la retraite. A noter que certains juges préfèrent se référer à la DADS (arrêt IBM de mars 2011). Le calcul se fait sur la masse salariale de l’année en cours. Cependant, celle-ci n’étant pas connue en pratique avant la fin de l’année, le calcul se fait généralement sur le montant de l’année précédente et est réajusté en début d’année suivante. RAPPEL Précisons que l’employeur a l’obligation de communiquer au comité d’entreprise les informations nécessaires pour lui permettre d’apprécier si la subvention perçue correspond à ce qui lui est dû. Ainsi, le refus de communiquer la masse salariale brute annuelle peut conduire à une condamnation de l’employeur pour entrave. Par ailleurs, le délai de prescription (qui est de 5 ans) ne commence à courir que lorsque le comité est en mesure d’apprécier l’étendue de ses droits. Selon la Cour de cassation, la masse salariale servant de base au calcul doit également inclure le montant de la rémunération des salariés mis à disposition qui sont intégrés de façon étroite et permanente à la communauté de travail de l’entreprise utilisatrice. En revanche, la rémunération versée aux intérimaires n’a pas à être incluse dans la masse salariale brute de l’entreprise utilisatrice. QUELS SONT LES RISQUES ENCOURUS EN CAS D’UTILISATION ILLICITE DU BUDGET DE FONCTIONNEMENT ? En cas d’utilisation illicite du budget de fonctionnement, tout membre du CE peut intenter une action en justice devant le Tribunal de Grande Instance en vue : s de demander l’annulation de la délibération par laquelle le CE a décidé d’affecter une partie de son budget de fonctionnement à une activité sociale et culturelle ; s de faire interdire au CE d’engager la dépense litigieuse. A titre d’exemple, des élus ont été condamnés en correctionnelle pour abus de confiance parce qu’ils avaient utilisé la subvention de fonctionnement pour payer aux membres du comité les frais de repas prolongeant traditionnellement les réunions mensuelles du comité et payer un voyage « d’étude » d’une semaine effectué en commun par les membres du CE (Cass. Crim., 16 oct. 1997). QUELLES EVOLUTIONS SONT A VENIR ? Une proposition de loi (loi dite Perruchot, du nom de l’un des députés qui en est à l’origine) est actuellement étudiée par les parlementaires et devrait imposer aux CE des règles de gestion plus strictes et la mise en place d’une comptabilité plus « professionnelle », au cours du 1er semestre 2013. Au-delà d’un (ou plusieurs) seuil(s) fixé(s) selon les ressources du comité, la loi imposera au CE d’assurer la publicité de ses comptes, de nommer au moins un commissaire aux comptes et un suppléant distinct de ceux de l’entreprise et enfin de choisir ses prestataires et fournisseurs selon une procédure de mise en concurrence. Il en résulterait principalement que le CE devrait : Le texte initial de la proposition de loi avait retenu le seuil de 230.000 € de ressources incluant les deux budgets du comité (fonctionnement et activités sociales). Actuellement, la fixation des seuils est renvoyée au pouvoir réglementaire. A suivre... s procéder à l’enregistrement comptable chronologique des mouvements affectant son patrimoine ; s contrôler par inventaire, au moins une fois tous les 12 mois, l’existence et la valeur des éléments actifs et passifs de son patrimoine ; s établir des comptes annuels à la clôture de l’exercice au vu des enregistrements comptables et de l’inventaire. Ces comptes annuels comprennent le bilan, le compte de résultat et une annexe, qui forment un tout indissociable. Dossier réalisé par le Groupe LEGRAND Fiduciaire – Expert-comptable des CE IRRIE AEP N E T AMR P SE TR CO ITÉS D’EN POUR VOUS AIDER À SUIVRE CHAQUE TRIMESTRE L’ ACTUALITÉ JURIDIQUE ET SOCIALE, NOUS AVONS RELEVÉ POUR VOUS LES INFORMATIONS SUIVANTES Désignation du CHSCT : l’employeur est exclu du bureau de vote Le collège désignatif, composé des élus CE et des délégués du personnel, peut décider l’institution d’un bureau de vote pour l’élection du CHSCT. Lorsque c’est le cas, l’employeur n’est pas autorisé à participer aux opérations de dépouillement. Il convient de bien respecter le droit électoral. L’arrêt de la Cour de cassation vient de le rappeler en annulant le scrutin du fait de la présence de l’employeur au bureau de vote, lors des élections du CHSCT. Cass. Sociale, 17 avril 2013 n° 12-21876 Rupture conventionnelle et salarié protégé La procédure de rupture conventionnelle pour les membres élus de CE, représentants syndicaux au CE, délégués du personnel et délégués syndicaux fait l’objet d’un encadrement spécifique (Code du travail, art. L 1237-15). Le CE doit être consulté pour avis. La convention fait l’objet aussi d’une demande d’autorisation soumise à l’inspection du travail. A cette fin, un formulaire Cerfa n° 14599*01 « Rupture conventionnelle d’un contrat de travail à durée indéterminée d’un salarié protégé » est prévu. Signalons par ailleurs, que tout recours contre l’autorisation ou le refus d’autorisation de la rupture conventionnelle d’un salarié protégé, doit être formulé devant le ministre du travail et/ou devant le tribunal administratif (et non devant le conseil des prud’hommes). A noter qu’un téléservice dénommé « téléRC » offre une assistance pour la saisie du Cerfa et l’instruction des demandes par les services du ministère. Entrave à la mise en place d’un CE « conventionnel » Le Code du travail prévoit que dans des entreprises de moins de 50 salariés, des comités d’entreprise peuvent être créés par convention ou accord collectif. La Cour de cassation vient de reconnaitre l’entrave à la constitution du CE « conventionnel » qui était prévu, dans le cas d’espèce, par la convention collective nationale des centres sociaux et que l’employeur se refusait de mettre en place. En effet, cette convention collective rend obligatoire la création d’un conseil d’établissement doté des mêmes attributions et du même rôle que le comité d’entreprise dans les centres employant moins de 50 salariés. Les dispositions du Code du travail qui sanctionnent au titre du délit d’entrave le défaut de constitution d’un comité d’entreprise ou d’établissement peuvent être étendues à un comité d’établissement institué conventionnellement. Cass. Sociale, 5 mars 2013, n° 11-83.984 Contrat de génération Suite à la parution du décret d’application du contrat de génération entré en vigueur le 17 mars, l’aide relative au contrat de génération devient effective, tout en étant assujettie à de nombreuses conditions. Versée par Pôle Emploi aux entreprises de moins de 300 salariés, l’aide est de 4 000 € (soit 2 000 € au titre de l’embauche du jeune et 2 000 € au titre du maintien du sénior). INDICES 2013 Bons d’achat limite d’exonération de cotisations sociales 154 € Titres restaurant limite d’exonération de cotisations sociales 5,29 € Primes de crèche, nourrice, garde d’enfants limite d’exonération de cotisations sociales 1 830 € Plafond mensuel de la sécurité sociale 3 086 € SMIC horaire 9,43 € Décret n° 2013-222, 15 mars 2013, JO 16 mars Minimum garanti 3,49 € Consultez le site http://direccte.gouv.fr/nouveau-le-portail-telerc-travailgouv-fr.html Valeur du point ARRCO 1,2513 € Valeur du point AGIRC 0,4352 € BIBLIOGRAPHIE du travail, articles L.2325-43 et suivants. droit des comités d’entreprise et des comités de groupe, Maurice Cohen, édition LGDJ. OLe Guide du comité d’entreprise, Guide du routard, édition 2010. OGuide Urssaf du CE, édition 2013, téléchargeable sur www.urssaf.fr Prix à la consommation avec tabac avril 2013 127,24 OCode OLe LE SERVICE DE CONSEIL JURIDIQUE DÉDIÉ AUX CE Pour consulter ce service et vous procurer ainsi les textes d’actualité cités ou poser des questions juridiques, fiscales, sociales, administratives ou financières à notre avocat conseil, rendez-vous dans votre Caisse locale. Un service exclusif pour les CE clients du Crédit Mutuel ! EXPERTS est un cabinet d’expertise comptable et de conseil leader dans l’assistance économique des CE, depuis plus de 20 ans. La lettre du Service Partenaire Comités d’entreprise est éditée par la Confédération Nationale du Crédit Mutuel - 88, rue Cardinet - 75017 Paris - Tél. 01 44 01 10 10 sDirecteur de la publication : Martine Gendre ([email protected]) sRédactrice en chef : Nicole Deyhérassary ([email protected]) sComité de rédaction : Eric Anglade, Jean-Bernard Auder, Chantal Béato, Christelle Caillette, Christel Clargé, Dorothy Dal Pio Luogo, Hervé Frioud Chatrieux, Soazig Gallais, Marie-Anne Lafaye, Christelle Ryckeboer, Stéphanie Guimard, Kathleen Manson, Ronan Marrec, Delphine Spanhove, Jean-Philippe Tatu, Stéphane Vequeau. sRéalisation : Zazimuts - 01 42 71 92 25 sISSN : 1164 - 4532