Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à

Transcription

Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à
Objet d'étude : Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours.
Texte A : Paul Verlaine, « Mon rêve familier », 1866, dans Poèmes Saturniens.
Texte B : Paul Éluard, « La courbe de tes yeux », 1924-1926, dans Capitale de la douleur.
Texte C : Robert Desnos, « J’ai tant rêvé de toi … », 1930, dans Corps et Biens.
Texte D : Dessin de Man Ray illustré par un poème de Paul Eluard, L’attente, 1937, dans Les mains libres.
Texte A
Texte B
Mon rêve familier
La Courbe de tes yeux
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui
m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul ÉLUARD, Capitale de la douleur
Paul VERLAINE, Poèmes saturniens
Texte C
J’ai tant rêvé de toi
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps
Sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Texte D
Et de l’amour et toi, la seule
qui compte aujourd’hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu’il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu’à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l’ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.
Robert DESNOS, Corps et Biens
L’ATTENTE
Je n’ai jamais tenu sa tête dans mes mains.
Man Ray, Dessins illustrés par les poèmes de Paul Éluard, 1937
Question sur le corpus (4 points).
Comment des procédés poétiques variés permettent-ils de faire comprendre et/ou ressentir un idéal
sentimental propre à son auteur ? Vous répondrez en vous appuyant précisément sur les quatre documents.
Écriture : vous traiterez ensuite un seul des trois sujets suivants (16 points).
Commentaire. Vous ferez le commentaire du texte C, « J’ai tant rêvé de toi », de Robert Desnos.
Dissertation. On associe souvent poésie et lyrisme. La poésie consiste-t-elle seulement pour les poètes à
exprimer leurs sentiments personnels ? Vous répondrez à cette question en utilisant les textes du corpus, mais
aussi des exemples empruntés aux œuvres étudiées en classe ou lues personnellement.
Invention. Dans la préface d'une anthologie de poèmes d'amour que vous avez réunis, vous démontrez
comment l'inspiration poétique et l'amour sont à vos yeux liés. Rédigez cette préface. Vous devrez nourrir
votre préface de citations de poèmes et de références à des auteurs.
Proposition non retenue.