Bilan Letchimy : En dépit de la manipulation des chiffres du
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Bilan Letchimy : En dépit de la manipulation des chiffres du
Bilan Letchimy : En dépit de la manipulation des chiffres du chômage et de l’emploi, la situation a empiré. Serge Letchimy a présenté le 21 octobre dernier le bilan de ses 5 années passées à la tête de la Région depuis mars 2010. Selon lui, il s’agit de « 115 engagements tenus ». Et parmi ces derniers la promesse de « retrouver 5 000 emplois » tout de suite, créer 30 000 emplois en dix ans dont 9 000 emplois dans le tourisme grâce à un contrat d’objectif avec l’Etat ! Il faut rappeler, encore une fois, que la politique économique et de l’emploi est de la responsabilité principale de l’Etat en dépit de la décentralisation. D’entrée de jeu le président du Conseil régional affirme, graphique à l’appui s’il vous plaît, qu’il a fait baisser le taux de chômage de 25 % en 2009 à 19,6 % en 2015. Et d’affirmer avec aplomb : « Selon les statistiques de l’INSEE au 31 décembre 2014, la Martinique est le seul pays d’outremer à enregistrer un coup de frein aux chiffres des demandeurs d’emploi (- 1,35 %). Mieux le taux de chômage passe historiquement sous la barre des 20 % pour clôturer l’année sur une moyenne de 19,4 %. Les emplois salariés du privé atteignent à ce jour 74 086 effectifs contre 71 742 en 2009 (source URSAFF) ». Figure 1 : Graphique du bilan de Serge Letchimy sur l’évolution du taux de chômage 1) Coup de frein de 2014 ? Effet émigration des jeunes et nettoyage des fichiers par pôle emploi. Certes, de son côté Pôle emploi- Martinique constate aussi une baisse de 45 054 demandeurs d’emploi cat A (sans aucune activité) en décembre 2013 à 44 462 demandeurs d’emploi A en décembre 2014, soit - 1,3 %. Cela fait bien une légère baisse sur un an de 592 chômeurs catégorie A. Par contre, le nombre de demandeurs d’emploi A, B et C (sans activité aucune et avec une activité réduite), qui se rapproche le plus du nombre réel de chômeurs réel, s’établit à 53 036 personnes, en hausse de un peu de + 0,2 % sur un an (52 937 en décembre 2013), soit + 99 personnes. En fait, le chômage ne recule pas en 2014 en Martinique. Et pour apprécier ce résultat il faut prendre en compte les emplois aidés (6 300 à fin novembre 2014 selon le ministère des outre-mer- MOM), la flambée de l'émigration des jeunes qui, à n’en pas douter, fait baisser les premières entrées à pôle emploi (- 16,5 % de variation annuelle sur trois mois glissants en décembre 2014) et la baisse de la population et peut-être même de la population active. Deux observations : - La baisse de la population s’accélère depuis 2006, soit une perte de 16 406 personnes (- 4,22 % de la population de 2006). Soit une perte d’environ 2 000 personnes par an. L’accélération de l’expatriation des jeunes ( solde migratoire de 5 569 personnes en 2012 par exemple) se traduisant par une perte 9 523 jeunes de moins de 25 ans entre 2008 et 2013 (- 2 000 personnes en moyenne par an) et la baisse de la population active jeune de 1 335 personnes sur la même période (chiffres lettre IMSEPP n° 86 du 26 mai 2015). Aucun DOM ne subit une telle saignée et cela peut expliquer le fameux « coup de frein » de 2014. Le chômage sera-t-il vaincu quand il n'y aura plus de Martiniquais... ? Au surplus, sur un an, il y a eu 4 175 radiations administratives en 2014 à Pôle emploi contre seulement 2 258 en 2013. Soit 1 917 de plus et + 84,9 %! A-t-on décidé en haut lieu de nettoyer les fichiers pour rendre les statistiques plus présentables ? Figure 2 : Ecart croissant entre demandes d’emploi et offres d’emploi entre 2001 et 1er semestre 2015 Il faut souligner en revanche que les chômeurs de longue durée ABC (plus d’un an), au nombre de 28 723 en décembre 2014 ont augmenté de 4,1 % en un an et sont 1 132 personnes de plus que l’année précédente. Et 54,2 % des demandeurs d’emploi ABC sont des chômeurs de longue durée en décembre 2014 (43,8 % en France) contre 52,1 % en décembre 2013 (+ 2,1 points). Ce chômage de longue durée croissant alimente l’extension continue de la pauvreté et de la précarité depuis 2010 : le nombre de redevables du RSA (revenu de solidarité active) est passé de 36 433 au 1er trimestre 2011 à 45 229 en juin 2015, soit 8 796 personnes pauvres de plus et + 24 %. Le résultat est que, à la fin du 1er semestre 2015, jamais l’écart entre le nombre de demandes d’empois et celui des offres d’emploi n’a été aussi élevé depuis l’accession de Serge Letchimy et « Ensemble Pour une Martinique Nouvelle » à la tête des collectivités majeurs du pays (voir graphique). Figure 3 : Evolution nombre de chômeurs de longue durée d’août 2011 à août 2015 2) Passage « historique » au-dessous de la barre du taux de chômage de 20 % ? Non, un pur effet statistique. Nous avons déjà expliqué que l’INSEE, cité par Serge Letchimy, a expliqué qu’il a changé sa méthode de calcul du taux de chômage BIT(Bureau International du Travail). En réalité, le taux de chômage de 19,4 % de la population active en 2014 dont il est question résulte de l'enquête Insee emploi de 2014 parue en juin 2015 pour laquelle l'Insee a averti que sa méthodologie a changé et qu'on ne peut comparer ce taux de 2014 avec les années précédentes. Il était de 22,8 % en 2013. "Le niveau du taux de chômage calculé avec le nouveau questionnaire est plus bas que celui calculé avec l'ancien questionnaire", indique clairement l'Insee (Insee-Flash--Martinique n° 17-Juin 2015). Il est expliqué en outre’, nous citons : « En 2014, pour la première fois, le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) (Définitions) dans les DOM est évalué comme en métropole, tout au long de l’année et non plus uniquement sur le second trimestre. En Martinique, il s’élève à 19,4 % en moyenne. Largement plus élevé que le taux observé en métropole (9,9 %), il est inférieur à celui des autres DOM. Ce taux de chômage ne peut être comparé directement avec le dernier taux publié en raison des changements de méthodes (Méthodologie) ». C’est ce que fait malhonnêtement Serge Letchimy. Par ailleurs, le taux de chômage ancienne manière n’a jamais été de 25% en 2009 comme mentionné mensongèrement. Il était de 22,35 % en 2009 (INSEE-Analyses Martinique- Antilles-Guyane- n° 4- Avril 2015) ! Mais la vérité est que le taux de chômage calculé rétrospectivement avec la méthode 2014 (données corrigées de l’effet rénovation de l’enquête emploi dans les DOM- tableau de bord Fedom) a toujours été en-dessous de 20 %. En 2009 il était de 19,2 %, soit inférieur de 0,2 % au taux de 2014, soit 19,4 % (et non 19,6 % comme repris au graphique de Letchimy en contradiction avec le chiffre du commentaire). Le tableau ci-après retrace ces évolutions du taux de chômage martiniquais sur 2007/2014 : Tableau I Années Taux de chômage enquête emploi ancienne (% pop active) Taux de chômage enquête emploi nouvelle ( % pop active) Ecart entre les taux de 2 méthodes 2007 20,3 2008 21 2009 21,7 2010 21 2011 20,7 2012 20,9 2013 22,8 2014 ----- 17,9 18,5 19,2 18,6 18,2 18,4 19,6 19,4 -2,4 -2,5 - 2,5 - 2,4 -2,5 - 2,5 - 3,2 Par contre, le nouvel "indicateur agrégé du chômage" incluant les chômeurs découragés mais désirant travailler et calculé par l'Insee est de 29,15 % en 2013 et n'a pas diminué depuis 2007 où il était de 28,22 %. Il est plus représentatif du vrai taux de chômage. 3) Hausse du nombre d’emplois privés ? Non, recul. Il n’est pas vrai que l’emploi privé augmente. La dernière donnée connue sur l'emploi salarié privé est celle du 1er trimestre 2015 publiée par InseeFlash Martinique/ Antilles- Guyane (n° 25 de septembre 2015). L'emploi salarié privé a reculé de 66 174 personnes au 2ème trimestre 2010 à 63 100 au 1er trimestre 2015. Soit une perte de 3 074 emplois dans le secteur salarié marchand, hors agriculture. Par exemple, depuis le 2ème trimestre 2010, date de l’arrivée de EPNM à la tête de la Région, la construction a perdu 21,6 % de ses emplois, soit 1956 salariés (7 6566 000). Cela en contradiction avec les prétendus 4 700 emplois « générés » dont 700 emplois nouveaux » revendiqués par Serge Letchimy. En fait des emplois sur la durée des chantiers communaux du plan de relance. Seul le tertiaire marchand se maintient alors que l’emploi recule aussi dans l’industrie. Figure 4 : Evolution de l’emploi salarié marchand entre le 2ème trimestre 2009 et le 1er trimestre 2015 En guise de vrai bilan : Entre 5 000 et 8 000 chômeurs de plus depuis 2010 La vérité est qu'il y avait 39 452 demandeurs d'emploi de catégorie A (sans activité aucune) en Martinique au 2ème trimestre 2010, date de l'arrivée de Serge Letchimy à la tête du Conseil régional, et qu'ils sont 44 885 en août 2015, soit 4 933 chômeurs inscrits catégorie A de plus et plus 12,5 %. En ce qui concerne les demandeurs d’emploi ABC (sans aucune activité et avec activité réduite), ils étaient au nombre de 45 600 en mars 2010 et atteignent le chiffre de 53 821 en août 2015, soit 8 221 chômeurs ABC de plus et + 18 %. Bien sûr, la responsabilité de ces augmentations du nombre de chômeurs inscrits est à partager avec l’Etat français et sa politique d’austérité. Cette situation n’est pas surprenante dans la mesure où, en dépit du petit sursaut de PIB + 1,4 % en 2014 (du, a précisé l’Insee, principalement aux exportations de la Sara), le niveau d’activité et de richesse globale mesuré (imparfaitement) par le produit intérieur brut (PIB) demeure toujours endessous de celui de 2008 de 1,7 %. Globalement sur 2008/2014 l’évolution de l’activité a été négative. La croissance 2008/2014 a été négative en Martinique ! Seule une vraie relance ciblée par l’investissement productif et le relèvement des salaires et retraites des plus modestes peut enclencher une authentique dynamique de création d’emploi en veillant à la reconquête du marché intérieur et à privilégier les entreprises martiniquaises. Cela tout en amorçant le changement de modèle économique et social martiniquais pour renforcer notre tissu économique et le rendre moins dépendant. Michel Branchi ( 24/10/2015) PS : Sondage RCI 22/10/2015 : Résultat Êtes-vous convaincu par le bilan de mandature dressé par le président de la Région Martinique ? Oui : 23 % Non : 77 % Leçon : On ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde