Synthèse du forum

Transcription

Synthèse du forum
Forum régional sécurité routière
de Midi-Pyrénées
Pamiers – 7 novembre 2013
Synthèse des interventions
et des échanges
Forum régional sécurité routière 2013
Synthèse
Le forum régional sécurité routière 2013 était organisé par la Caisse Assurance
Retraite et Santé au Travail (CARSAT) et la Direction Régionale de l'Environnement,
de l'Aménagement et du Logement (DREAL) de Midi-Pyrénées.
Il s'est tenu à Pamiers (Ariège) le 7 novembre 2013, en présence d'environ 200 participants.
La journée était animée par Danielle Villepinte. Les clowns de la Compagnie du Bout du Nez, Maria-Dolorès
(Frédérique Soro), Robin (Gilles Padié) et Marie-Rose (Michèle Maniouloux), ont posé sur les interventions
et les échanges un regard ludique, décalé et poétique.
Ouverture de la journée
Hélène Caplat-Lancry, sous-préfète de l'arrondissement de Pamiers
Aujourd'hui, les personnes de 65 ans et plus représentent 17 % de la population française, 22 % de la
population en Ariège, et ce chiffre va continuer à augmenter.
La question de la mobilité et des conditions de déplacement des séniors est cruciale pour l'avenir des
territoires : les séniors doivent pouvoir continuer à se déplacer pour effectuer leurs achats et recevoir des
soins, mais aussi dans le cadre de leur vie sociale, familiale, culturelle. Dans un territoire rural tel que celui
de l'Ariège, les séniors se déplacent en voiture, en transports collectifs et – surtout – à pied. Comparés à
ceux des autres classes d'âge, leurs déplacements sont moindres, moins longs et se situent dans des
créneaux horaires différents. Les séniors, qu'ils soient automobilistes, piétons ou cyclistes, représentent la
deuxième classe d'âge la plus exposée après les 18/24 ans. En Ariège, ces 5 dernières années, 27 % des
tués sur la route avaient plus de 65 ans. En 2013, on compte déjà dans ce département 9 tués sur la route,
dont 4 séniors.
Face à la vulnérabilité particulière de cette classe
d'âge, l'enjeu est important et suppose une
''Même si je conduis moins aujourd'hui,
approche globale. Si il faut tout faire baisser
j'ai toujours une voiture prête
l'accidentalité des séniors, il faut aussi favoriser
et je conduis chaque semaine pour conserver
leur mobilité, notamment par des modes de
mon autonomie. Il faut savoir adapter sa vie à son âge,
transport alternatifs à la voiture : transports
mais c'est dans la tête qu'on reste jeune
collectifs, transport à la demande.
et il faut continuer à vivre normalement.''
André Trigano, maire de Pamiers
C'est des échanges entre tous les acteurs
concernés que naîtront de nouvelles initiatives.
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Synthèse
Le vieillissement et les déplacements
L'accidentalité des séniors en Midi-Pyrénées
Sylvie Paillard, responsable de la division transports et déplacements de
la DREAL Midi-Pyrénées
La population française vieillit et la part des classes d'âge les plus élevées va continuer à augmenter. En
Midi-Pyrénées, 27 % des habitants auront plus de 65 ans en 2040, contre 19 % aujourd'hui. Sept des huit
départements de la région comptent plus de 20 % de séniors, soit un habitant sur cinq, avec des disparités
en fonction des départements : les plus de 65 ans représentent 14 % de la population en Haute-Garonne
mais 25 % dans le Lot.
A l'échelle régionale, on a déploré en 5 ans, de 2008 à 2012, 2.254 accidents de la route impliquant un
sénior. Dans ces accidents, 279 personnes de plus de 65 ans ont été tuées et 1.573 ont été blessées.
Pour autant, on ne constate pas de suraccidentalité de cette classe d'âge - au contraire de ce qui est
constaté pour les 18/24 ans -, mais une vulnérabilité particulière : s'ils ne sont pas davantage impliqués
dans les accidents de la route que les autres classes d'âge, les plus de 65 ans sont plus fragiles, plus
vulnérables. Ainsi, en Midi-Pyrénées, les séniors représentent 10 % des automobilistes impliqués dans un
accident mais 20 % des conducteurs tués, 32 % des piétons impliqués mais 60 % des piétons tués. Les
déplacements à pied, qui sont particulièrement importants pour les séniors en termes d'usage, constituent
un risque particulier.
De 2008 à 2012, une évolution favorable de l'accidentalité routière a pu être constatée pour l'ensemble des
classes d'âge puisque le nombre d'accidents a baissé de 40 %, le nombre de tués de 29 % et le nombre de
blessés de 37 %. En ce qui concerne les séniors, cette évolution favorable est également constatée, mais elle
est moindre.
Sur le plan géographique, les chiffres font apparaître un risque inégal selon les départements de la région,
avec une accidentalité des séniors plus marquée dans le Gers. En termes de calendrier, les accidents des
séniors ont lieu plutôt en semaine que le week-end, le plus souvent de jour et en dehors des heures de
pointe – au contraire de l'accidentalité générale -, avec des pics en milieu de matinée et d'après-midi.
Les modes de transport les plus impliqués dans les accidents des séniors sont la voiture particulière et la
marche à pied.
La différence de l'accidentalité entre hommes et femmes est moins marquée que pour l'ensemble de la
population : 1,5 homme impliqué pour une femme pour les plus de 65 ans alors que ce ratio est de 3
hommes pour une femme en général. Ce constat doit toutefois être modulé en rappelant que les femmes
sont plus nombreuses que les hommes pour la classe d'âge des séniors, et que les comportements à risques
observés chez les moins de 25 ans touchent désormais aussi les jeunes femmes.
Un autre constat concernant l'accidentalité des séniors est celui d'un comportement très responsable par
rapport à l'alcool. Les plus de 65 ans, qui représentent 20 % de la population, ne représentent que 3 % des
impliqués ayant un taux d'alcoolémie supérieur à la limite autorisée. Par ailleurs, les 2/3 des contrôlés
positifs n'appartiennent pas à cette classe d'âge. L'alcool n'est donc pas une problématique spécifique de
cette classe d'âge.
En termes de responsabilité dans les accidents, une étude a été menée au niveau France entière sur les
données 2011 de l'Observatoire national de la sécurité routière, pour étudier la responsabilité présumée
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évaluée ''à chaud'' par les forces de l'ordre. Cette évaluation, même si elle doit être considérée avec
prudence, tend à montrer que les séniors ne sont pas davantage responsables que les autres usagers, sauf
en ce qui concerne les conducteurs automobiles de plus de 75 ans.
Enfin, une analyse qualitative conduite par le Centre d’Études Techniques de l’Équipement (CETE) du SudOuest à partir de procès-verbaux d'accidents survenus de 2009 à 2011 a montré que les séniors piétons, qui
font globalement preuve d'un grand respect du Code de la route, peuvent parfois être mis en danger lors de
la traversée de chaussées parce qu'ils se sentent trop protégés par leur propre respect des règles, ou
évaluent mal le risque et leurs propres possibilités physiques (sous-estimation du temps de traversée,
notamment).
En conclusion, deux pistes d'action en direction des séniors peuvent être dégagées : la sensibilisation aux
risques de l'espace routier et l'aménagement de l'espace public pour créer, par exemple, des traversées de
chaussées moins longues ou avec des espaces de repos.
En quoi le vieillissement peut-il altérer la capacité à se
déplacer ?
Dr Frédéric Del Mazo, gériatre du centre hospitalier Ariège-Couserans
Le vieillissement normal se définit comme l'ensemble des processus moléculaires, histologiques,
physiologiques et psychologiques qui accompagnent l'avancée en âge. Les personnes âgées forment une
population hétérogène, composée de personnes âgées vigoureuses dont l'état de santé est conservé, de
malades âgés à l'état de santé très détérioré, à l'autonomie altérée et gros consommateurs de soins de
santé, et de personnes intermédiaires qualifiées de fragiles, qui courent le risque de basculer vers la
maladie. Le vieillissement normal s'accompagne d'une
diminution des réserves fonctionnelles de
l'organisme qui entraîne une réduction des
''L'aménagement du territoire se fait souvent
capacités à s'adapter aux situations
en
oubliant
les territoires ruraux. Il faut mettre en place
d'agression : maladies aiguës, stress, …
en secteur rural une véritable offre de transports
On peut distinguer trois types de
en commun, avec des lignes régulières.''
vieillissement : le vieillissement réussi, le
Christian Mascarenc, maire d'Aigues-Vives (Ariège)
vieillissement usuel et le vieillissement avec
fragilité.
La personne âgée subit une diminution physiologique de ses
réserves liée à l'âge biologique, les maladies chroniques, certaines habitudes de vie (tabac, sédentarité,
alcool), qui entraînent une fragilité. Il existe aussi des facteurs précipitants tels que la maladie aiguë, les
crises, le stress, ou l'effet indésirable d'un médicament.
Les principales modifications observées dans le cadre d'un vieillissement normal sont :
•
un changement de la composition corporelle : baisse de la masse maigre et augmentation de la
masse grasse (à poids stable), diminution du volume d'eau extracellulaire
•
des changements au niveau du système nerveux central, avec une moindre efficience des
phénomènes de compensation et de suppléance pouvant entraîner des épisodes de confusion, une
perte de l'intégrité des processus attentionnels et d'apprentissage, une déstructuration du sommeil,
une réduction de la sensation de soif avec un risque de déshydratation
•
des changements au niveau du système nerveux périphérique, avec une instabilité posturale et un
risque de chutes
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•
un risque d'hypotension orthostatique (système nerveux autonome)
•
des évolutions des organes des sens, avec des risques de presbytie, de cataracte, une sensation de
vision floue et d'éblouissement à la lumière, une baisse de l'acuité auditive sur les sons aigus
•
au niveau de l'appareil digestif, un temps de digestion plus long, ce qui peut avoir des
conséquences sur la conduite automobile (risque de somnolence après un repas copieux)
•
sur le plan locomoteur, une baisse de la masse musculaire et de la densité minérale osseuse
représentant un facteur de risque de fractures
On constate que le vieillissement réussi est le fait de
personnes ayant développé au cours de leur vie des
intérêts multiples et qui ne sont pas isolées
socialement.
Pour favoriser un vieillissement normal, des règles de
prévention hygéno-diététiques peuvent être
données : respect du poids idéal, prévention de la
dénutrition, bonne hygiène dentaire, abstinence
tabagique, maintien d'une activité physique (au moins
une heure par jour), prévention des déficiences
auditives et pose de prothèses si nécessaire,
stimulation intellectuelle et dépistage des troubles
cognitifs et sensoriels, bonne intégration sociale.
Certaines évolutions liées à l'âge peuvent avoir un
impact sur la conduite automobile :
•
''Face au vieillissement, que peut préconiser
le médecin ?''
Claude Barou, vice-président
des Aînés ruraux de Mirepoix (Ariège)
''Face aux modifications induites par
le vieillissement, il faut respecter certaines
règles hygiéno-diététiques : marcher chaque
jour au moins ½ heure le matin et ½ le soir,
faire contrôler sa vue et son audition,
être appareillé si nécessaire, faire dépister ses
fonctions cognitives, tenir compte des alertes
données par l'entourage pour détecter
les troubles au plus tôt et faire le nécessaire.''
Dr Frédéric Del Mazo
Baisse de la vision : l'acuité visuelle diminue à partir de 50 ans, le champ visuel rétrécit, les
contrastes et couleurs se modifient, la résistance à l'éblouissement diminue, les temps d'adaptation
aux conditions de mauvaise visibilité ou de nuit augmentent
Diminution de l'audition : la distinction de certains sons diminue et leur localisation devient plus
difficile
''Certains troubles liés à l'âge (baisse de la vision,
de l'attention) peuvent apparenter la conduite
• Habiletés motrices : la coordination des
à une conduite en état d'ivresse.
membres est moins précise et moins
Mais comment faire passer le message
rapide, l'habileté à gérer les trajectoires
alors que certaines personnes âgées
diminue, le temps de réaction est plus
peuvent nier les phénomènes du vieillissement ? ''
long et les réponses sont plus lentes
Alain Mennessier, maire de Balesta (Haute-Garonne)
(freinage, prise de décision), la
diminution de la mobilité cervicale
''L'entourage doit alerter sur ce qu'il constate,
(arthrose) rend les manœuvres difficiles
voire, s'il estime que l'état de la personne met
• Diminution des fonctions cognitives :
en jeu sa sécurité et celle des autres, faire un
somnolence au volant, ralentissement
signalement à la préfecture.''
psychomoteur (temps allongé entre ''je
Dr Frédéric Del Mazo
réfléchis'' et ''j'agis'')
•
Face à ces évolutions du vieillissement, les personnes âgées mettent en place des stratégies d'adaptation
lorsqu'elles conduisent, telles qu'une réduction de la vitesse, une conduite diurne, des trajets courts, sur
route plutôt que sur autoroute, ...
En plus du vieillissement physiologique, certaines pathologies liées à l'âge et la prise de certains
médicaments peuvent affecter l'aptitude à la conduite et nuire à une conduite en sécurité.
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Chez les séniors piétons, les causes de chutes peuvent être dues au vieillissement de l'appareil locomoteur,
aux troubles de l'équilibre, à l'altération des capacités sensorielles (vision, audition), au manque d'attention
par rapport aux avertissements sonores. Par ailleurs, avec l'âge apparaissent des troubles de la perception
des dénivelés (trottoirs, marches).
Globalement, le nombre et la sévérité des accidents augmente avec l'âge. Même si le sujet âgé prend
moins de risques, l'auto-restriction ne suffit pas à garantir sa sécurité ni celle des autres, et on constate que
les conducteurs âgés tués dans un accident sont responsables dans 80 % des cas.
''Merci de bien vieillir !''
Dr Frédéric Del Mazo
''En Europe, d'autres pays ont mis en place une visite
médicale obligatoire pour les personnes âgées.
Pourquoi pas en France ? ''
René Huerga, Prévention MAIF (Hautes-Pyrénées)
''En Espagne, les conducteurs passent une visite médicale
tous les 10 ans jusqu'à 60 ans puis une tous les 5 ans,
et le médecin se prononce sur l'aptitude à la conduite.
La France n'a pas fait ce choix et les médecins
sont tenus au secret médical.''
Dr Frédéric Del Mazo
''En France, il existe l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et des dispositifs
réglementaires qui ''flèchent'' l'autonomie de la personne (les GIR, qui permettent de classer
une personne dans l'un des 6 ''groupes iso-ressources'' en fonction de son degré de
dépendance). Pourquoi ne pas faire un lien entre ce classement et l'aptitude à la conduite ? ''
André Montané, vice-président du Conseil général de l'Ariège,
délégué à la Solidarité départementale
''Les personnes classées en GIR 1, 2 ou 3 sont tout à fait aptes à la conduite. Les classements
en GIR 4 à 6 peuvent être une alerte, tout en sachant que le classement est lié à la demande
d'APA et que toutes les personnes âgées ne demandent pas à percevoir l'APA.''
Dr Frédéric Del Mazo
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Spécificités et enjeux de la mobilité des séniors : les
résultats des études
Christian Françoise, CETE du Sud-Ouest
Les principales sources de données sur les déplacements des Français sont :
•
les enquêtes ménages déplacements (EMD) effectuées sur des échantillons locaux de population,
qui recensent et décrivent tous les déplacements effectués un jour de semaine, avec tous les modes
de transports
•
l'enquête nationale Transports Déplacements (ENTD), effectuée au niveau national (la dernière
datant de 2008)
Ces enquêtes donnent une image précise et fiable de la pratique des différents moyens de déplacements.
En 2060, la France comptera plus de 25 millions de séniors, soit plus d'une personne sur quatre. On
constate que les séniors sont de plus en plus proches de la voiture : 80 % des 60 ans et plus possèdent le
permis de conduire, avec une augmentation constante chez les femmes. Les séniors sont également de plus
en plus propriétaires de voitures : + 35 % entre 1994 et 2008 chez les 65-75 ans et + 73 % chez les plus de
75 ans. Pour autant, les séniors conduisent toujours un peu moins que la moyenne de la population, en
effectuant en moyenne 10 000 km/an contre 13 000 km/an pour l'ensemble de la population.
Si l'on considère la mobilité des séniors, on constate un nombre de déplacements inférieur à celui de la
population globale (4 déplacements par jour en moyenne). Pour les séniors, le nombre moyen de
déplacements par jour s'établit à 3,4 chez les 65-74 ans et 2,4 chez les 75-84 ans. Cette moindre mobilité
moyenne est la conséquence de deux phénomènes : une part plus forte chez les séniors de personnes
n'effectuant aucun déplacement, et une baisse de la mobilité individuelle de ceux qui continuent à se
déplacer. Mais si les personnes âgées se déplacent moins que les autres, les séniors d'aujourd'hui se
déplacent plus que les séniors des années 1990.
S'agissant de la durée quotidienne des déplacements, on constate une réduction de celle-ci avec l'âge, avec
deux pics de déplacements en milieu de matinée et le soir entre 16h00 et 19h00 (pas de pic horaire le midi,
contrairement à l'ensemble de la population).
Le mode de transport privilégié est la voiture particulière jusqu'à la tranche d'âge des 35-44 ans, puis la part
de la voiture baisse pour les classes d'âge supérieures jusqu'à devenir minoritaire au profit de la marche.
Les deux principaux motifs de déplacements des séniors sont les loisirs et les achats, avec une part des
achats sur les marchés et en commerces de proximité qui augmente avec l'âge.
En conclusion, les enquêtes déplacements confirment pour les séniors :
•
une mobilité individuelle moyenne moindre
•
une moindre part de personnes se déplaçant
•
un usage différent des modes de déplacement
•
une proportion différente des motifs de déplacement
•
des horaires de déplacement différents
Voir l'étude du CERTU ''Les séniors : un enjeu pour les politiques de déplacements'' sur
http://www.certu-catalogue.fr/les-seniors-un-enjeu-pour-les-politiques-de-deplacements.html
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L'intérêt de maintenir et entretenir ses capacités, ses
aptitudes à la mobilité sous toutes ses formes, dans un
objectif de maintien de l'autonomie
Rose-Marie Dang, sous-directrice adjointe, CARSAT Midi-Pyrénées
Tous les régimes de retraite de base (CARSAT pour le régime général, MSA pour les régimes agricoles, RSI
pour les travailleurs indépendants du commerce te de l'artisanat) orientent ensemble leur politique
d'action sociale vers la prévention de la perte d'autonomie. Par ailleurs, la CARSAT agit dans d'autres
domaines que la retraite, et notamment en matière de prévention et de gestion des risques professionnels,
dont le risque routier.
Grâce aux efforts de tous, et notamment ceux réalisés en termes de prévention et d'amélioration des
conditions de travail, l'espérance de vie a augmenté en France, mais elle s'accompagne parfois d'une
perte d'autonomie sévère qui renvoie à plusieurs questions :
•
Comment solvabiliser la prise en charge des aides nécessaires aux personnes dépendantes ?
•
Les inégalités constatées en termes d'espérance de vie en bonne santé entre catégories socioprofessionnelles sont-elles inéluctables ?
•
Quelle serait la place du capital génétique dans une meilleure résistance à l’apparition des
handicaps liés à l'âge ?
•
Y aurait-il un secret du ''bien vieillir'' ?
•
Est-il possible d'agir au niveau individuel ?
Ce questionnement interpelle à la fois les responsables politiques, les citoyens et les professionnels, mais
aussi les entrepreneurs et investisseurs qui fondent de grands espoirs de développement de la ''silver
économie'' (l'économie autour des personnes aux cheveux d'argent). L'enjeu est de mieux vivre sa retraite
pour favoriser le bien-vieillir et éviter la dépendance. Toutes les compétences doivent se rejoindre au
service de cet objectif partagé.
Malheureusement, la culture de la prévention n'est pas réellement inscrite dans les pratiques françaises et
l'intervention est le plus souvent curative. L'objectif doit être de repérer les personnes qui courent un
risque de fragilité pour les inclure dans des politiques de prévention leur permettant d'anticiper les
fragilités lors d'épisodes de rupture (séparation, veuvage, déménagement), de surmonter ce risque, de
s'adapter, de trouver de nouvelles stratégies pour ''faire différemment mais faire quand même'', y compris
en termes de mobilité.
La mobilité ne se limite pas à la conduite automobile et n'est pas du même ordre en milieu urbain et en
milieu rural. Les séniors ont vécu la démocratisation de l'automobile et un actif qui conduit aura du mal à
appréhender sa retraite sans utilisation de son véhicule. La voiture est aujourd'hui symbole de progrès
économique, de liberté, et l'arrêt de la conduite automobile peut être logiquement vécu comme un drame.
En milieu périurbain ou rural, perdre la faculté de conduire peut signifier l'arrêt de tout déplacement et,
parfois, la perte de tout lien social. Ainsi, toute politique favorisant le déplacement des séniors, avec ou
sans voiture, est une politique de prévention du risque de repli sur soi, facteur de solitude et de dépression.
En ville, l'utilisation des transports en commun par les séniors passe par une phase d'apprentissage, de
découverte et parfois de renoncement à la vie d'avant. Encore faut-il que l'offre existe, qu'elle soit adaptée,
expliquée et réellement accessible. De nouveaux modes de partage existent, comme le covoiturage qui a
pris le relais de l'auto-stop d'antan. Certaines collectivités locales ouvrent les transports scolaires aux
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séniors, leur proposant ainsi une offre judicieuse en termes de régularité. Des services de transport sont
également proposés par des professionnels de l'aide à domicile, et peuvent être en partie solvabilisés par
les dispositifs d'aide.
''En quoi consistent les ateliers conduite de la CARSAT ? ''
Toutes les initiatives visant à la
Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées conservation du potentiel personnel
''Nous proposons des ateliers de prévention
des chutes pour travailler l'équilibre, stimuler
les percepteurs sensoriels, aider à limiter la fonte
musculaire, travailler les mains, les pieds, la vision.
Nous proposons également des ateliers de stimulation
cognitive permettant d'aider à conserver une bonne
mémoire sur la base d'exercices validés par des
neuro-psychologues et en partenariat avec le gérontopôle
du CHU de Toulouse. Nous y associons des ateliers de
sophrologie pour travailler la concentration et la gestion
des émotions.''
Florence Vivant, responsable du pôle Prévention
de la CARSAT Midi-Pyrénées
doivent être favorisées, car le bien vieillir
est favorable au bien conduire et au bien
bouger. Dans le cadre de leur politique de
prévention, les caisses de retraite
proposent des ''ateliers conduite'' ouverts
aux automobilistes, aux cyclistes et aux
piétons pour leur permettre d'entretenir
leurs aptitudes physiques et leur
concentration. D'autres acteurs (foyers
ruraux, clubs de retraités) proposent des
sessions de conduite accompagnée avec
des professionnels de l'automobile.
Dans toutes ces actions, il faut parfois
vaincre les réticences des séniors à exposer
leur conduite à un regard extérieur et, s'il y a un enjeu à accompagner la conduite des séniors, il y en a un
également à expliquer à une personne âgée que sa conduite automobile devient dangereuse.
Face au risque de fragilité et de solitude des séniors, la mobilisation doit être générale et la société doit
mettre en oeuvre des mesures préventives.
Il s'agit là d'un champ d'action très large sur le plan politique.
''Où se déroulent les ateliers proposés par la CARSAT ?''
Danièle Sudrié, adjointe au maire de Castelmaurou
(Haute-Garonne)
''La CARSAT peut organiser un atelier en tout lieu et prend en charge la
la rémunération de l'animateur. Il suffit qu'un CCAS, par exemple,
constitue un groupe de personnes intéressées et trouve des locaux.''
Rose-Marie Dang, CARSAT Midi-Pyrénées
''Sur la commune du Sautel, la MSA travaille actuellement
à organiser un atelier équilibre, et un atelier mémoire
est déjà complet …''
Lucien Constans, MSA Midi-Pyrénées Sud (Ariège)
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Synthèse
''Il est regrettable que la participation aux ateliers proposés par la CARSAT soit payante,
cela peut empêcher certaines personnes âgées de s'y inscrire … ''
Claude Barou, vice-président des Aînés ruraux de Mirepoix (Ariège)
''En Ariège, département rural, la majorité des retraites sont faibles voire très faibles.
La demande de gratuité des ateliers CARSAT fait écho à une réelle détresse du milieu rural.''
Georges Chireux, président du CODERPA de l'Ariège
''Le coût de la participation aux ateliers conduite est de 36 € pour 12 séances d'1h30,
soit 3 € par séance. Des associations ont sollicité la CARSAT pour intervenir
auprès de publics très précaires en les aidant à mobiliser des financements, et des
aides peuvent aussi être proposées par les collectivités aux personnes non imposables.
Ceci étant, une participation financière individuelle est indispensable pour favoriser
une bonne implication et un réel engagement. D'autre part, la dépense publique
doit restée modérée en étant complétée par une participation individuelle. Mais des
solutions de financement sont toujours possibles pour des personnes en difficulté.''
Rose-Marie Dang, CARSAT Midi-Pyrénées
La mobilité des séniors
Les dispositifs pour les conducteurs âgés en France et en
Europe
Dr Didier Delaitre, médecin du Pôle d'Appui Sécurité Routière (PASR)
d'Ile-de-France
•
L'euro-diversité à l'égard des
séniors
En Europe, la moitié des pays au
moins pratiquent un examen
médical préalable à l'examen du
permis de conduire. Cet examen
est principalement déclaratif et
peut comporter un examen visuel.
''Il y a quelques années, la loi Gayssot
avait prévu d'instituer une visite médicale
pour les conducteurs de plus de 73 ans et les candidats
au permis de conduire. Or, le décret d'application n'a jamais
été pris et le texte de loi a été abandonné. C'est une politique
qui fait deux pas en avant et trois pas en arrière …''
Guy Zich, ancien moniteur d'auto-école
(Hautes-Pyrénées)
Par ailleurs, la moitié des États
pratiquent un examen médical périodique
(permis valide) et il existe des possibilités de limitation de
validité du permis dans une majorité de pays.
En France, une proposition de loi visant à instituer une évaluation médicale pour les conducteurs de plus de
70 ans est en débat (voir le site du Sénat, et notamment séance du 13 juin 2013). La complexité des débats
fait apparaitre l'étendue des enjeux en termes de santé (le vieillissement, c'est quoi?, quand commence til ?) et de sécurité routière (un conducteur automobile devenu dangereux peut-il être également un piéton
ou un cycliste dangereux ?).
Il est à noter que les pays européens qui ont mis en place des contrôles médicaux d'aptitude à la conduite
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font aujourd'hui le constat que ces contrôles ne rendent finalement pas toujours les services qui en étaient
attendus, mais qu'il est difficile de faire marche arrière.
Dans tous les cas, la mise en place d'examens médicaux doit ouvrir un questionnement des individus et de
leur environnement, et la disponibilité des chiffres fournis par les
observatoires régionaux de sécurité routière
permet aujourd'hui de disposer d'une vision
précise des situations en
''Je connais un homme qui, victime d'un AVC,
complément des données locales et
a effectué au volant les 15 km qui le séparaient
de l'échelon national.
de l'hôpital parce qu'il était inconscient de la gravité de son état
et ne voulait pas céder le volant à sa femme. Pour autant, personne
• Santé et conduite
au sein de l'hôpital n'a évoqué avec lui la question de la
(sources : rapports ''Vieillir
conduite automobile. Cet homme, c'était mon père … ''
partout en sécurité, l'affaire
Dr Didier Delaitre, PASR Ile-de-France
de tous'' de mai 2010 confié
par François Fillon à Edouard Courtial,
député de l'Oise, ''Vivre chez soi'' de Alain
Franco à Nora Berra, secrétaire d'Etat en charge des Aînés en juin 2010, ''Vieillissement et
transport, concilier mobilité et sécurité, OCDE 2001)
Un groupe de travail de la DSCR a travaillé sur la question de la mobilité pour donner des recommandations
de nature à favoriser la mobilité et à préserver l'autonomie.
L'objectif des institutions françaises est certes de
diminuer l'accidentalité, mais sans que
''Après un très grave traumatisme crânien,
l'argument de la sécurité ne soit mis au service
je suis restée 4 ans sans pouvoir conduire.
d'une quelconque discrimination car
Aujourd'hui, je peux à nouveau conduire
en étant astreinte à une visite médicale tous les 2 ans.'' l'autonomie passe aussi par les
Marie-Thérèse Borrel, Association française déplacements.
des traumatisés crâniens (AFTC)
Le groupe de travail a formulé la conclusion
suivante : il est possible de conjuguer sur la route
sécurité, déplacement et autonomie pour tous. Au-delà de la
responsabilité de chacun, cela nécessite le respect du droit à la mobilité des autres, y compris de ceux qui
sont fragilisés au regard de la santé.
Malgré les impatiences que chacun peut ressentir parfois vis-à-vis des autres usagers, il faut se souvenir
qu'il est nécessaire de savoir adapter sa conduite, que les vitesses maximum autorisées sont des vitesses
maximum, et que la route doit être vécue en partage.
En région parisienne, un jeune conducteur automobile avait blessé grièvement deux jeunes filles en
heurtant un abri bus alors qu'il était en état de fatigue et de très légère alcoolémie. Or, l'enquête a montré
que ce jeune homme souffrait d'épilepsie nocturne, une pathologie favorisée par la fatigue et l'alcool. Cet
exemple montre toute l'importance et tout l'intérêt des politiques de prévention.
Le secteur aérien est souvent cité en exemple car les pilotes sont soumis à des examens médicaux
d'aptitude. Or, ces examens ne rendent pas totalement toutes les fonctions qu'on en attend, notamment
parce que les médecins peuvent parfois hésiter à ''priver'' un pilote de son droit de vol. Certains pilotes
veulent continuer à voler quels que soient leur âge et leur état de santé, et plusieurs accidents – dont des
accidents mortels – dus à une inaptitude au pilotage ont été rapportés.
En aviation, les contraintes de vol aux instruments et de communication radio avec les services de
navigation aérienne donnent de bons indicateurs sur l'état de santé du pilote, sa vision, son audition, son
adaptabilité, sa réactivité, … Dans ce domaine, on distingue la notion d'aptitude qui recouvre une qualité
intrinsèque, et la capacité qui est définie à un instant donné.
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On se questionne facilement
sur ses capacités lorsqu'on est
encore dans un jeune âge, mais
on le fait moins facilement
dans un âge plus avancé et on
peut alors se cacher la réalité à
soi-même. Il est de la
responsabilité de chacun de
faire part à l'autre de ses
interrogations sur son état de
santé et sur ses capacités. Dans
ce domaine, le signalement
d'un conducteur automobile
potentiellement dangereux ne
doit pas être apparenté à de la
délation.
Synthèse
''Les pilotes sont soumis à des contraintes
(examens médicaux, nombre d'heures de vol),
pourtant ces contraintes institutionnelles ne sont
pas garantes d'une sécurité absolue.
Ne vaut-il pas mieux investir dans l'attention
vigilante de chacun vis-à-vis des autres ? ''
Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées
''Certains navigants peuvent être tentés de taire
des difficultés personnelles pour ne pas risquer de perdre leur licence.
Par ailleurs, les pilotes d'ULM volent sans être soumis aux mêmes
contrôles que les pilotes et sans que nous assistions à une hécatombe.
Si on choisit d'instaurer un examen médical, il faut aussi
prévoir les moyens de le mettre en oeuvre et de faire appliquer
les décisions qui peuvent en découler …''
Dr Didier Delaitre, PASR
Voir le site sécurité routière : www.securite-routiere.gouv.fr
Le site du Sénat : www.senat.fr
''Existe t-il un outil d'autodiagnostic
pour faire un point sur ses propres capacités ?
Rose-Marie Dang, CARSAT Midi-Pyrénées
''Il n'existe pas d'outil de ce type. Dans le cadre d'un travail de thèse,
un questionnaire informatisé avait été adressé à des médecins pour évaluer
leurs connaissances en matière de conduite automobile et de législation.
Il a fait apparaitre la difficulté à évaluer les situations et plus encore à
mettre en œuvre des mesures adaptées.
Dans ce domaine, il faut conduire un travail plus social qu'individuel.''
Dr Didier Delaitre, PASR Ile-de-France
''J'ai eu à conseiller à une personne épileptique de ma commune d'arrêter de conduire.
Mais je sais aussi que certains enfants conseillent à leurs parents de ne pas repasser leur permis poids
lourd pour ne pas courir le risque de perdre tous leurs permis de conduire à cette occasion …''
Alain Mennessier, maire de Balesta (Haute-Garonne)
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Synthèse
Agir pour une mobilité sécurisée des séniors
Sensibiliser à la sécurité routière pour contribuer à la
diminution du nombre de victimes d'accidents de la route
en Aveyron
Christophe Villar, capitaine de Gendarmerie, commandant de l'EDSR, et
Jean-Claude Lépinat, président des Aînés ruraux de l'Aveyron
En Aveyron, territoire vaste et très rural, le Document général d'orientation (DGO) de sécurité routière
comporte certains enjeux et orientations spécifiques aux séniors. Dans ce département, entre 2007 et 2011,
on a déploré 262 accidents ayant impliqué un usager de plus de 65 ans, dont 42 accidents mortels qui ont
fait 46 tués et 248 blessés hospitalisés. Dans la même période, les séniors piétons ont été victimes de 69
accidents, dont 8 accidents mortels qui ont fait 8 tués et 58 blessés hospitalisés. Les enquêtes montrent
que, si les personnes âgées de plus de 60 ans sont sur représentées dans la mortalité (environ un tiers des
tués sur la route), notamment parce qu'elles sont plus vulnérables, elles sont souvent peu responsables des
accidents (entre 10 % et 20 % des responsabilités).
Vers les séniors, les forces de l'ordre interviennent en répression mais aussi en prévention. Dans ce cadre, le
projet Aînés Ruraux – Gendarmerie vise à protéger les séniors face aux risques de cambriolage,
d'escroquerie et de vol, et les sensibiliser à la sécurité routière.
Ce projet est né il y a deux ans pour répondre à une forte préoccupation sur l'accidentalité des séniors en
Aveyron. Une mallette pédagogique a été conçue pour uniformiser les séances de sensibilisation animées
par les 20 brigades de la gendarmerie auprès des 11 700 adhérents de l'Association des Aînés ruraux de
l'Aveyron. L'IUT de Rodez apporté son concours sur le design de la mallette et des contenus pédagogiques,
dans le cadre d'un travail intergénérationnel. La mallette contient un CD de présentation, un DVD baptisé
''Les visiteurs de onze heures'' sur les atteintes aux biens, ainsi que des fiches sur les risques de cambriolage
et d'escroquerie, et la sécurité routière. La fiche consacrée à la sécurité routière, baptisée ''Les séniors au
volant'', donne des conseils en matière de conduite adaptée, de vigilance, de risques liés à la prise de
certains médicaments, et propose des solutions pour se remettre à niveau en gardant une bonne forme
physique et intellectuelle, en reprenant des leçons de conduite ou en s'inscrivant à un stage de remise à
niveau.
Un club souhaitant proposer cette présentation à ses adhérents peut solliciter la brigade de gendarmerie de
son secteur pour qu'elle vienne effectuer une intervention en s'aidant du contenu de la mallette. Ce
dispositif est mis en œuvre depuis le début mars 2013 et les retours sont très bons. Le contenu de la
mallette pédagogique sera actualisé chaque année en fonction de l'évolution des statistiques accidents. Par
ailleurs, le niveau national du ministère de l'Intérieur s'est dit intéressé par cette initiative, qui pourra
inspirer d'autres actions locales.
Il est envisagé de déployer fin 2013 une action similaire avec les pompiers sur les risques d'accidents
domestiques (20 000 morts par an en France) et la protection incendie, avec un rappel de l'obligation
prochaine de mise en place de détecteurs de fumée dans les logements.
Voir le site Prévention routière : www.preventionroutiere.asso.fr
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Piétons séniors,
circulez malin
Jean-Pierre Roussel
et Jean-Yves Gac,
Association gersoise de
sécurité routière
(AGSR)
Synthèse
''Quels conseils donner aux piétons à l'extérieur des zones urbaines ?''
Lucien Constans, MSA Midi-Pyrénées Sud (Ariège)
''En individuel, marcher à gauche de la chaussée,
face aux véhicules ; en groupe, marcher sur le côté droit.''
Jean-Yves Gac, AGSR
''La sécurité routière reste très liée aussi aux questions
d'accessibilité de la voirie et des espaces publics.
Si les trottoirs sont peu accessibles ou encombrés,
les piétons peuvent être contraints de circuler sur la rue.''
Marie-Hélène Van-Mieghem, DDT de l'Ariège
Dans le Gers pour la période 2007-2011, 258 accidents corporels impliquant au moins un sénior ont été
dénombrés. Ils ont provoqué 54 tués, dont 44 séniors, et 364 blessés dont 198 séniors. Alors que les séniors
représentent 24 % de la population, ils représentent 32 % des tués sur la route, soit près d'un tué sur trois,
et 83 % des piétons tués. S'agissant des piétons, 44 % des victimes séniors traversaient la route sur un
passage protégé et 28 % traversaient à moins de 50 m d'un passage protégé.
''Les rues de la ville haute d'Auch ne sont pas faciles
à traverser car elles comportent peu de passages
pour les piétons …''
Marie Hanizet (Haute-Garonne)
''Dans ce secteur, une zone de courtoisie
a été instituée, avec des panneaux représentant
un piéton et une limitation de vitesse à 20 km/h.''
Jean-Yves Gac, AGSR
Face à ce constat, des actions de sensibilisation en
direction des piétons ont été lancées en 2012 par le
biais des clubs des Aînés ruraux et des mutuelles.
Une video de la Prévention routière est présentée à
la quarantaine de participants et permet de lancer
un débat. Ensuite, les participants sont invités à
parcourir la ville d'Auch pour être sensibilisés aux
risques que représentent les traversées de rues, les
angles morts, …
Ces actions ont été bien ressenties. Elles ont été
renouvelées en 2013 et ont déjà permis
d'intervenir auprès d'une
''La formation continue existe pour tous les métiers,
centaine de personnes au
sauf en ce qui concerne la conduite automobile. En Ariège,
total.
des stages de remise à niveau ont été organisés avec des mutuelles.
Il faut généraliser ce dispositif, avec un accès gratuit.''
Georges Chireux, CODERPA de l'Ariège
''En Aveyron, des actions ont été proposées
en partenariat avec Groupama.''
Jean-Claude Lépinat, Aînés ruraux de l'Aveyron
''Les passages cloutés ne résolvent pas tout,
notamment que les automobilistes ne les respectent pas
toujours. En fait, il faut limiter la vitesse à 20 km/h maximum
partout où circulent des piétons. C'est ce qui va être
fait à Aigues-Vives.''
Christian Mascarenc, maire d'Aigues-Vives (Ariège)
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Synthèse
Séniors, restez mobiles
Bernard Stasiowski, directeur du comité
départemental de l'association Prévention
routière du Tarn
''Être vieux, c'est être jeune depuis
plus longtemps que les autres, c'est tout !''
Philippe Geluck , auteur
Il y a plusieurs appréciations de l'âge : celui de la carte d'identité, celui que
l'on ressent, celui que la société donne. Pour la sécurité routière, être sénior c'est avoir plus de 60 ans.
Dans les années, 2000/2001, les séniors prennent conscience de leur vulnérabilité face aux risques sur la
route, notamment en raison de l'apparition de nouveaux aménagements tels que les ronds-points. La
Prévention routière du Tarn met alors au point, en partenariat avec une auto-école, un mini-stage d'une
demi-journée portant sur le Code de la route et une évaluation de la conduite. Quatre stages de ce type
sont organisés chaque année.
Par ailleurs, le DGO 2004-2008 du Tarn fait ressortir
plusieurs enjeux, dont celui des personnes
''Évaluer ses capacités de conduire,
âgées de 60 ans et plus. Pour chaque
quitte
à
renoncer à la voiture lorsqu'on ne se sent
enjeu, sont définis des objectifs, des
plus capable de conduire, c'est prendre en main sa destinée.
pistes d'actions, des moyens et des
Et lorsqu'on sait que la vie n'a pas de prix …''
intervenants. Pour les séniors:
Bernard Stasiowski, Prévention routière du Tarn
• Objectifs : sensibiliser cette
catégorie de conducteurs aux problèmes de
mobilité et de perception de la route et de son environnement ; rappeler les règles essentielles de
l'évolution des rythmes biologiques liée à l'âge ; maintenir le conducteur et certaines de ses
capacités réduites en adéquation avec des véhicules rapides et puissants ; vérifier l'aptitude à la
conduite
''Les cyclistes doivent-ils rouler
en file indienne ou peuvent-ils rouler
à plusieurs de front ?''
Bernard Allix, MSA Midi-Pyrénées Sud (Ariège)
''Le Code de la route prévoit que les cyclistes
peuvent rouler à deux de front maximum.''
Bernard Stawioski, Prévention routière du Tarn
•
Pistes d'actions : des actions de formation et de
sensibilisation continues (la généralisation d'une
visite médicale d'aptitude à la conduite avait été
envisagée mais a été abandonnée suite à
l'intervention des associations de personnes
âgées)
•
Moyens et intervenants : communes,
associations, Prévention routière, Etat
Un IDSR - Intervenant Départemental de Sécurité Routière a été nommé référent départemental sénior au
titre du PDASR - Plan Départemental d’Actions de Sécurité Routière (Bernard Stasiowski). Depuis 2010,
certains club d'aînés ont fait part du succès des mini-stages et ont déposé d'autres demandes d'intervention
auprès du Comité départemental de l'Association Prévention routière du Tarn.
Les interventions prennent la forme soit d'une demi-journée de révision du Code de la route sur la base de
QCM (méthode auto-école), soit d'une journée en groupe de 24 personnes avec une révision du Code de la
route, l'intervention d'un pharmacien sur les risques liés à la prise de médicaments et un travail en ateliers
(lunettes simulatrices d'alcoolémie, simalc, reflexomètre, ergovision, évaluation de la conduite). Toutes ces
actions sont conduites en partenariat avec les caisses d'assurance maladie.
Voir la video en ligne sur le site Prévention routière de l'Aveyron :
http://www.preventionroutiere.asso.fr/Seniors/Seniors-suivez-un-stage
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Synthèse
Extension du transport à la demande aux séniors dans le
cadre de la structure du SYCOSERP (Syndicat Couserans
service public) en Ariège
Raymond Coumes, président
du SYCOSERP, et Gérald
Rovira, adjoint au maire de
Saint-Girons
''Quelle communication a été faite
pour faire connaître le service de TAD ?''
Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées
''Des actions de communication spécifiques
ont été lancées à destination des seniors et des jeunes
avec le relais des mairies et de la presse. Nous travaillons
avec des transporteurs privés (autocaristes, taxis),
ce qui a notamment permis à un jeune de créer
son activité de taxi.''
Raymond Coume, président du SYCOSERP
Dans la zone rurale de Saint-Girons, où
vivent seules de nombreuses personnes
âgées, il est apparu nécessaire de repenser
autour d'une centrale de mobilité les
services de transports à la demande (TAD)
proposés dans les petites communes. Un
agent a été recruté pour prendre en charge tous les appels de demandes et les transmettre aux autocaristes
retenus après appels d'offres. Un aller simple est facturé 3 € à l'usager, un aller-retour est facturé 5 €. Un
tarif réduit ou la gratuité sont également possibles pour certains usagers.
La mise en place de ce service a demandé
''Le service de TAD est-il accessible aux personnes
du temps et un effort de communication
en situation de handicap ? ''
auprès des communes et par voie de
Jean-Pierre Cassagnaud, DDT de l'Ariège presse. Mais, après dix ans, le service est
aujourd'hui vraiment opérationnel. Bien
''Le SYCOSERP travaille avec des sociétés qui disposent
plus, il a essaimé dans le département et a
de véhicules adaptés et envisage d'acheter aussi, en régie, servi d'exemple à d'autres territoires de
son propre véhicule adapté.''
Midi-Pyrénées. Le TAD permet d'aller
Raymond Coume, président du SYCOSERP chercher les personnes chez elles, après
''Le TAD est gratuit pour les accompagnants des personnes réservation la veille par téléphone, puis de
en situation de handicap, de même que pour les détenteurs les ''rabattre'' sur les lignes régulières de
de la carte transports du Conseil général.''
transports en commun. Trois à quatre
Gérald Rovira, adjoint au maire de Saint-Girons navettes circulent par semaine sur chacun
des secteurs.
Ce service est proposé aux personnes en mobilité réduite, aux jeunes, aux personnes en situation de
précarité. Il s'agit d'une mission de solidarité qui peut faciliter la mobilité de jeunes en recherche d'emploi,
de séniors qui doivent se rendre en ville pour consulter un médecin, voir leur famille, ... C'est un moyen
d'autonomie et de maintien à domicile.
Récemment, la ville centre de Saint-Girons est venue adhérer au dispositif, la municipalité étant convaincue
que le fait de ne plus pouvoir conduire est un risque majeur de perte d'autonomie. Le TAD est un service
public à bas coût, et les personnes connaissant des difficultés financières peuvent faire une demande d'aide
au CCAS de la mairie. La municipalité de Saint-Girons complète ce dispositif par des actions de
sensibilisation au Code de la route et d'évaluation de la conduite.
Ce type de service devrait être proposé dans tous les départements, parce qu'il a fait la preuve de son
utilité en permettant à des personnes ne pouvant plus conduire de continuer à se déplacer.
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Synthèse
''Le dispositif de TAD pose t-il des problèmes
de respect de la concurrence avec les sociétés de taxi
qui n'adhèrent pas au service ? ''
Jean-Pierre Cassagnaud, DDT de l'Ariège
''Non, car le partenariat avec les sociétés privées est conclu
après appel d'offres et que les créneaux horaires du
service de TAD restent limités.''
Raymond Coume, président du SYCOSERP
Déplacez-vous en toute liberté avec les transports en
commun Tisséo, syndicat mixte de transport toulousain
Jean-Claude Bernard, coordinateur accessibilité Tisséo
Le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de l'agglomération toulousaine couvre 99 communes,
dont 89 sont physiquement desservies par un service de transport en commun (métro, tram, bus). Le
réseau compte une ligne de tramway, une ligne SNCF Arènes-Colomiers en correspondance avec le métro et
le tram, deux lignes de métro, 81 lignes de bus et 12 TAD. En 2012, 160 millions de titres de transports ont
été validés, dont plus de 10 millions par des séniors.
La politique de Tisséo est une politique inclusive d'accessibilité. De l'accessibilité à la mobilité des séniors, il
n'y a qu'un tout petit pas et le travail réalisé par Tisséo au bénéfice des personnes handicapées profite à
tous. De nombreux aménagements ont été réalisés, en partenariat avec des associations de personnes à
mobilité réduite : barres de maintien, sièges abaissés, billetique sans contact offrant une plus grande facilité
d'accès, aménagements spécifiques sur les arrêts de bus pour les personnes à mobilité réduite.
La ligne de tramway T1, créée en 2010, est
''Où peut-on stationner gratuitement
parfaitement accessible et équipée d'un poste de
à Toulouse pour prendre le métro ? ''
Lucien Constans, MSA (Ariège) conduite avec une vision élargie pour une sécurité
maximale. La ligne A du métro toulousain, ouverte en
1993, a été l'une des premières en France à être
''Il existe 12 000 places de stationnement
sur les parkings des stations terminus du métro, totalement accessible. La ligne B a été ouverte en
2007. Ce réseau de métro comprend 38 stations au
ainsi qu'un grand parking public gratuit
total et est donc totalement accessible. Le parc bus
près de la station Basso-Cambo.''
Jean-Claude Bernard, Tisséo sera quant à lui accessible à 100 % en 2015, en respect
avec les directives de la loi accessibilité de 2005. Enfin,
des améliorations seront encore apportées à l’intérieur des rames de métro courant 2013.
Le service de TAD permet aux personnes qui ne peuvent pas emprunter les transports en commun - même
accessibles - de se déplacer. Ce service sera maintenu après l'échéance de 2015.
Il est également prévu de mettre en place dans le métro des pictogrammes qui viendront compléter la
signalétique actuelle et les annonces sonores pour faciliter les déplacements des personnes en situation de
déficience intellectuelle ou de déficit cognitif, mais aussi les personnes en difficulté avec l'écrit, les touristes
étrangers, ... Chaque pictogramme permettra de reconnaitre une station du métro grâce à un visuel. Ce
dispositif est inspiré de ce qui a été mis en place dans le métro de Mexico.
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Synthèse
Tisséo propose une politique tarifaire spécifique pour les séniors leur permettant de voyager gratuitement
s'ils habitent Toulouse ou avec un coût réduit s'ils habitent une autre commune de la Haute-Garonne (18 €
la première année puis 10 € les années suivantes), sachant que le déplacement simple plein tarif est
proposé à 1,60 €.
''Le service Mobibus est un service essentiel pour les adhérents handicapés de l'AFTC, même si
ce service est payant et cher (un trajet Mobibus coûte 6 € environ, alors que les personnes vivent
avec l'AAH soit 600 à 700 € par mois). Mobibus ne desservant pas tous les secteurs, le TAD
peut-il venir en substitution certains cas ?''
Marie-Thérèse BORREL, AFTC Midi-Pyrénées
''Mobibus est un transport spécialisé s'adressant à des ayant-droit, c'est-à-dire des personnes
reconnues handicapées à 80 % par la MDPH et des personnes classées en GIR 3 et 4, ainsi que leurs
accompagnants. Un trajet en Mobibus coûte plus cher qu'un trajet en transports en commun parce
que le service lui-même coûte cher. Mobibus et le TAD peuvent être complémentaires dans
certains cas. Sur ces questions, les choses avancent et sont débattues.''
Jean-Claude Bernard, Tisséo
''La ville de Castelmaurou bénéficie du service de transport Mobibus.''
Josette Cots, adjointe au maire de Castelmaurou (Haute-Garonne)
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Synthèse
Conclusion de la journée
Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées
Cette journée proposée par la CARSAT
et la DREAL Midi-Pyrénées a été
envisagée sous l'angle de la sécurité
routière, mais ce sujet soulève en fait
des questions de mobilité, de
prévention, de santé, d'insertion
sociale, …
''On évoque l'éventualité d'une visite médicale obligatoire
pour les séniors. Mais c'est oublier que la conduite
est un droit pour tous, dès 16 ans en conduite accompagnée.
Chacun est juge de ses propres facultés et une visite médicale
obligatoire pour les seuls séniors serait vue
comme une discrimination. Continuer
à conduire est synonyme d'autonomie,
de bien-être et d'intégration.''
Claude Barou, Aînés ruraux de Mirepoix (Ariège)
La population sénior est vulnérable et
paye un lourd tribut au risque routier.
Pour autant, la mobilité est un enjeu
''Il ne s'agit en aucun cas de stigmatiser qui que ce soit,
important en ce qu'elle garantit le lien
mais de poser des questions de façon globale, positive,
social et le maintien dans la vie,
dans une perspective de prise de conscience,
surtout en milieu rural. Il faut retenir
d'accompagnement
et de maintien de la mobilité.''
de cette journée qu'on peut retarder les
Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées
effets physiologiques et psychologiques
du vieillissement (exemple du travail en
ateliers organisé par la CARSAT), il faut en retenir aussi l'importance de la prise de conscience de ses
propres limites, le rôle de l'entourage et du médecin. La piste d'un ''autotest'' de ses capacités peut être
une piste intéressante. Les actions d'accompagnement qui ont été présentées sont également essentielles
et doivent être poursuivies, à l'exemple des actions de sensibilisation menées en Aveyron. En termes de
mobilité, des solutions alternatives à la voiture individuelle existent, comme le TAD, qu'il faut là encore faire
connaître, développer et accompagner. C'est cette même notion d'accompagnement que l'on retrouve dans
l'initiative prise dans le Gers : proposer des parcours en ville pour sensibiliser les séniors aux risques propres
aux piétons.
L'attrape-mots des clowns …
Conduite
Mobilité
Choix :
voiture, bus, vélo, taxi, ...
Prévention
Déplacements
Sécurité
Contrôle
Responsabilité
''Vieillir, c'est pas facile, c'est pas tranquille, ça fait du changement,
Ça fait des émotions, parfois un peu de colère, parfois un peu de passion.
Des journées comme aujourd'hui ça permet de mieux se voir.
Vieillir ça me fait un peu peur car s'adapter, c'est accepter … enfin un peu !
Vieillir c'est pas faillir, vieillir ça peut me faire … grandir !''
Le clown Robin
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Toulouse – Novembre 2013
CARSAT Midi-Pyrénées
DREAL Midi-Pyrénées
Rédaction : Valérie Médaille, rédactrice