Synthèse du forum
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Synthèse du forum
Forum régional sécurité routière de Midi-Pyrénées Pamiers – 7 novembre 2013 Synthèse des interventions et des échanges Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Le forum régional sécurité routière 2013 était organisé par la Caisse Assurance Retraite et Santé au Travail (CARSAT) et la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) de Midi-Pyrénées. Il s'est tenu à Pamiers (Ariège) le 7 novembre 2013, en présence d'environ 200 participants. La journée était animée par Danielle Villepinte. Les clowns de la Compagnie du Bout du Nez, Maria-Dolorès (Frédérique Soro), Robin (Gilles Padié) et Marie-Rose (Michèle Maniouloux), ont posé sur les interventions et les échanges un regard ludique, décalé et poétique. Ouverture de la journée Hélène Caplat-Lancry, sous-préfète de l'arrondissement de Pamiers Aujourd'hui, les personnes de 65 ans et plus représentent 17 % de la population française, 22 % de la population en Ariège, et ce chiffre va continuer à augmenter. La question de la mobilité et des conditions de déplacement des séniors est cruciale pour l'avenir des territoires : les séniors doivent pouvoir continuer à se déplacer pour effectuer leurs achats et recevoir des soins, mais aussi dans le cadre de leur vie sociale, familiale, culturelle. Dans un territoire rural tel que celui de l'Ariège, les séniors se déplacent en voiture, en transports collectifs et – surtout – à pied. Comparés à ceux des autres classes d'âge, leurs déplacements sont moindres, moins longs et se situent dans des créneaux horaires différents. Les séniors, qu'ils soient automobilistes, piétons ou cyclistes, représentent la deuxième classe d'âge la plus exposée après les 18/24 ans. En Ariège, ces 5 dernières années, 27 % des tués sur la route avaient plus de 65 ans. En 2013, on compte déjà dans ce département 9 tués sur la route, dont 4 séniors. Face à la vulnérabilité particulière de cette classe d'âge, l'enjeu est important et suppose une ''Même si je conduis moins aujourd'hui, approche globale. Si il faut tout faire baisser j'ai toujours une voiture prête l'accidentalité des séniors, il faut aussi favoriser et je conduis chaque semaine pour conserver leur mobilité, notamment par des modes de mon autonomie. Il faut savoir adapter sa vie à son âge, transport alternatifs à la voiture : transports mais c'est dans la tête qu'on reste jeune collectifs, transport à la demande. et il faut continuer à vivre normalement.'' André Trigano, maire de Pamiers C'est des échanges entre tous les acteurs concernés que naîtront de nouvelles initiatives. Pamiers – 7 novembre 2013 Page 2/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Le vieillissement et les déplacements L'accidentalité des séniors en Midi-Pyrénées Sylvie Paillard, responsable de la division transports et déplacements de la DREAL Midi-Pyrénées La population française vieillit et la part des classes d'âge les plus élevées va continuer à augmenter. En Midi-Pyrénées, 27 % des habitants auront plus de 65 ans en 2040, contre 19 % aujourd'hui. Sept des huit départements de la région comptent plus de 20 % de séniors, soit un habitant sur cinq, avec des disparités en fonction des départements : les plus de 65 ans représentent 14 % de la population en Haute-Garonne mais 25 % dans le Lot. A l'échelle régionale, on a déploré en 5 ans, de 2008 à 2012, 2.254 accidents de la route impliquant un sénior. Dans ces accidents, 279 personnes de plus de 65 ans ont été tuées et 1.573 ont été blessées. Pour autant, on ne constate pas de suraccidentalité de cette classe d'âge - au contraire de ce qui est constaté pour les 18/24 ans -, mais une vulnérabilité particulière : s'ils ne sont pas davantage impliqués dans les accidents de la route que les autres classes d'âge, les plus de 65 ans sont plus fragiles, plus vulnérables. Ainsi, en Midi-Pyrénées, les séniors représentent 10 % des automobilistes impliqués dans un accident mais 20 % des conducteurs tués, 32 % des piétons impliqués mais 60 % des piétons tués. Les déplacements à pied, qui sont particulièrement importants pour les séniors en termes d'usage, constituent un risque particulier. De 2008 à 2012, une évolution favorable de l'accidentalité routière a pu être constatée pour l'ensemble des classes d'âge puisque le nombre d'accidents a baissé de 40 %, le nombre de tués de 29 % et le nombre de blessés de 37 %. En ce qui concerne les séniors, cette évolution favorable est également constatée, mais elle est moindre. Sur le plan géographique, les chiffres font apparaître un risque inégal selon les départements de la région, avec une accidentalité des séniors plus marquée dans le Gers. En termes de calendrier, les accidents des séniors ont lieu plutôt en semaine que le week-end, le plus souvent de jour et en dehors des heures de pointe – au contraire de l'accidentalité générale -, avec des pics en milieu de matinée et d'après-midi. Les modes de transport les plus impliqués dans les accidents des séniors sont la voiture particulière et la marche à pied. La différence de l'accidentalité entre hommes et femmes est moins marquée que pour l'ensemble de la population : 1,5 homme impliqué pour une femme pour les plus de 65 ans alors que ce ratio est de 3 hommes pour une femme en général. Ce constat doit toutefois être modulé en rappelant que les femmes sont plus nombreuses que les hommes pour la classe d'âge des séniors, et que les comportements à risques observés chez les moins de 25 ans touchent désormais aussi les jeunes femmes. Un autre constat concernant l'accidentalité des séniors est celui d'un comportement très responsable par rapport à l'alcool. Les plus de 65 ans, qui représentent 20 % de la population, ne représentent que 3 % des impliqués ayant un taux d'alcoolémie supérieur à la limite autorisée. Par ailleurs, les 2/3 des contrôlés positifs n'appartiennent pas à cette classe d'âge. L'alcool n'est donc pas une problématique spécifique de cette classe d'âge. En termes de responsabilité dans les accidents, une étude a été menée au niveau France entière sur les données 2011 de l'Observatoire national de la sécurité routière, pour étudier la responsabilité présumée Pamiers – 7 novembre 2013 Page 3/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse évaluée ''à chaud'' par les forces de l'ordre. Cette évaluation, même si elle doit être considérée avec prudence, tend à montrer que les séniors ne sont pas davantage responsables que les autres usagers, sauf en ce qui concerne les conducteurs automobiles de plus de 75 ans. Enfin, une analyse qualitative conduite par le Centre d’Études Techniques de l’Équipement (CETE) du SudOuest à partir de procès-verbaux d'accidents survenus de 2009 à 2011 a montré que les séniors piétons, qui font globalement preuve d'un grand respect du Code de la route, peuvent parfois être mis en danger lors de la traversée de chaussées parce qu'ils se sentent trop protégés par leur propre respect des règles, ou évaluent mal le risque et leurs propres possibilités physiques (sous-estimation du temps de traversée, notamment). En conclusion, deux pistes d'action en direction des séniors peuvent être dégagées : la sensibilisation aux risques de l'espace routier et l'aménagement de l'espace public pour créer, par exemple, des traversées de chaussées moins longues ou avec des espaces de repos. En quoi le vieillissement peut-il altérer la capacité à se déplacer ? Dr Frédéric Del Mazo, gériatre du centre hospitalier Ariège-Couserans Le vieillissement normal se définit comme l'ensemble des processus moléculaires, histologiques, physiologiques et psychologiques qui accompagnent l'avancée en âge. Les personnes âgées forment une population hétérogène, composée de personnes âgées vigoureuses dont l'état de santé est conservé, de malades âgés à l'état de santé très détérioré, à l'autonomie altérée et gros consommateurs de soins de santé, et de personnes intermédiaires qualifiées de fragiles, qui courent le risque de basculer vers la maladie. Le vieillissement normal s'accompagne d'une diminution des réserves fonctionnelles de l'organisme qui entraîne une réduction des ''L'aménagement du territoire se fait souvent capacités à s'adapter aux situations en oubliant les territoires ruraux. Il faut mettre en place d'agression : maladies aiguës, stress, … en secteur rural une véritable offre de transports On peut distinguer trois types de en commun, avec des lignes régulières.'' vieillissement : le vieillissement réussi, le Christian Mascarenc, maire d'Aigues-Vives (Ariège) vieillissement usuel et le vieillissement avec fragilité. La personne âgée subit une diminution physiologique de ses réserves liée à l'âge biologique, les maladies chroniques, certaines habitudes de vie (tabac, sédentarité, alcool), qui entraînent une fragilité. Il existe aussi des facteurs précipitants tels que la maladie aiguë, les crises, le stress, ou l'effet indésirable d'un médicament. Les principales modifications observées dans le cadre d'un vieillissement normal sont : • un changement de la composition corporelle : baisse de la masse maigre et augmentation de la masse grasse (à poids stable), diminution du volume d'eau extracellulaire • des changements au niveau du système nerveux central, avec une moindre efficience des phénomènes de compensation et de suppléance pouvant entraîner des épisodes de confusion, une perte de l'intégrité des processus attentionnels et d'apprentissage, une déstructuration du sommeil, une réduction de la sensation de soif avec un risque de déshydratation • des changements au niveau du système nerveux périphérique, avec une instabilité posturale et un risque de chutes Pamiers – 7 novembre 2013 Page 4/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse • un risque d'hypotension orthostatique (système nerveux autonome) • des évolutions des organes des sens, avec des risques de presbytie, de cataracte, une sensation de vision floue et d'éblouissement à la lumière, une baisse de l'acuité auditive sur les sons aigus • au niveau de l'appareil digestif, un temps de digestion plus long, ce qui peut avoir des conséquences sur la conduite automobile (risque de somnolence après un repas copieux) • sur le plan locomoteur, une baisse de la masse musculaire et de la densité minérale osseuse représentant un facteur de risque de fractures On constate que le vieillissement réussi est le fait de personnes ayant développé au cours de leur vie des intérêts multiples et qui ne sont pas isolées socialement. Pour favoriser un vieillissement normal, des règles de prévention hygéno-diététiques peuvent être données : respect du poids idéal, prévention de la dénutrition, bonne hygiène dentaire, abstinence tabagique, maintien d'une activité physique (au moins une heure par jour), prévention des déficiences auditives et pose de prothèses si nécessaire, stimulation intellectuelle et dépistage des troubles cognitifs et sensoriels, bonne intégration sociale. Certaines évolutions liées à l'âge peuvent avoir un impact sur la conduite automobile : • ''Face au vieillissement, que peut préconiser le médecin ?'' Claude Barou, vice-président des Aînés ruraux de Mirepoix (Ariège) ''Face aux modifications induites par le vieillissement, il faut respecter certaines règles hygiéno-diététiques : marcher chaque jour au moins ½ heure le matin et ½ le soir, faire contrôler sa vue et son audition, être appareillé si nécessaire, faire dépister ses fonctions cognitives, tenir compte des alertes données par l'entourage pour détecter les troubles au plus tôt et faire le nécessaire.'' Dr Frédéric Del Mazo Baisse de la vision : l'acuité visuelle diminue à partir de 50 ans, le champ visuel rétrécit, les contrastes et couleurs se modifient, la résistance à l'éblouissement diminue, les temps d'adaptation aux conditions de mauvaise visibilité ou de nuit augmentent Diminution de l'audition : la distinction de certains sons diminue et leur localisation devient plus difficile ''Certains troubles liés à l'âge (baisse de la vision, de l'attention) peuvent apparenter la conduite • Habiletés motrices : la coordination des à une conduite en état d'ivresse. membres est moins précise et moins Mais comment faire passer le message rapide, l'habileté à gérer les trajectoires alors que certaines personnes âgées diminue, le temps de réaction est plus peuvent nier les phénomènes du vieillissement ? '' long et les réponses sont plus lentes Alain Mennessier, maire de Balesta (Haute-Garonne) (freinage, prise de décision), la diminution de la mobilité cervicale ''L'entourage doit alerter sur ce qu'il constate, (arthrose) rend les manœuvres difficiles voire, s'il estime que l'état de la personne met • Diminution des fonctions cognitives : en jeu sa sécurité et celle des autres, faire un somnolence au volant, ralentissement signalement à la préfecture.'' psychomoteur (temps allongé entre ''je Dr Frédéric Del Mazo réfléchis'' et ''j'agis'') • Face à ces évolutions du vieillissement, les personnes âgées mettent en place des stratégies d'adaptation lorsqu'elles conduisent, telles qu'une réduction de la vitesse, une conduite diurne, des trajets courts, sur route plutôt que sur autoroute, ... En plus du vieillissement physiologique, certaines pathologies liées à l'âge et la prise de certains médicaments peuvent affecter l'aptitude à la conduite et nuire à une conduite en sécurité. Pamiers – 7 novembre 2013 Page 5/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Chez les séniors piétons, les causes de chutes peuvent être dues au vieillissement de l'appareil locomoteur, aux troubles de l'équilibre, à l'altération des capacités sensorielles (vision, audition), au manque d'attention par rapport aux avertissements sonores. Par ailleurs, avec l'âge apparaissent des troubles de la perception des dénivelés (trottoirs, marches). Globalement, le nombre et la sévérité des accidents augmente avec l'âge. Même si le sujet âgé prend moins de risques, l'auto-restriction ne suffit pas à garantir sa sécurité ni celle des autres, et on constate que les conducteurs âgés tués dans un accident sont responsables dans 80 % des cas. ''Merci de bien vieillir !'' Dr Frédéric Del Mazo ''En Europe, d'autres pays ont mis en place une visite médicale obligatoire pour les personnes âgées. Pourquoi pas en France ? '' René Huerga, Prévention MAIF (Hautes-Pyrénées) ''En Espagne, les conducteurs passent une visite médicale tous les 10 ans jusqu'à 60 ans puis une tous les 5 ans, et le médecin se prononce sur l'aptitude à la conduite. La France n'a pas fait ce choix et les médecins sont tenus au secret médical.'' Dr Frédéric Del Mazo ''En France, il existe l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et des dispositifs réglementaires qui ''flèchent'' l'autonomie de la personne (les GIR, qui permettent de classer une personne dans l'un des 6 ''groupes iso-ressources'' en fonction de son degré de dépendance). Pourquoi ne pas faire un lien entre ce classement et l'aptitude à la conduite ? '' André Montané, vice-président du Conseil général de l'Ariège, délégué à la Solidarité départementale ''Les personnes classées en GIR 1, 2 ou 3 sont tout à fait aptes à la conduite. Les classements en GIR 4 à 6 peuvent être une alerte, tout en sachant que le classement est lié à la demande d'APA et que toutes les personnes âgées ne demandent pas à percevoir l'APA.'' Dr Frédéric Del Mazo Pamiers – 7 novembre 2013 Page 6/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Spécificités et enjeux de la mobilité des séniors : les résultats des études Christian Françoise, CETE du Sud-Ouest Les principales sources de données sur les déplacements des Français sont : • les enquêtes ménages déplacements (EMD) effectuées sur des échantillons locaux de population, qui recensent et décrivent tous les déplacements effectués un jour de semaine, avec tous les modes de transports • l'enquête nationale Transports Déplacements (ENTD), effectuée au niveau national (la dernière datant de 2008) Ces enquêtes donnent une image précise et fiable de la pratique des différents moyens de déplacements. En 2060, la France comptera plus de 25 millions de séniors, soit plus d'une personne sur quatre. On constate que les séniors sont de plus en plus proches de la voiture : 80 % des 60 ans et plus possèdent le permis de conduire, avec une augmentation constante chez les femmes. Les séniors sont également de plus en plus propriétaires de voitures : + 35 % entre 1994 et 2008 chez les 65-75 ans et + 73 % chez les plus de 75 ans. Pour autant, les séniors conduisent toujours un peu moins que la moyenne de la population, en effectuant en moyenne 10 000 km/an contre 13 000 km/an pour l'ensemble de la population. Si l'on considère la mobilité des séniors, on constate un nombre de déplacements inférieur à celui de la population globale (4 déplacements par jour en moyenne). Pour les séniors, le nombre moyen de déplacements par jour s'établit à 3,4 chez les 65-74 ans et 2,4 chez les 75-84 ans. Cette moindre mobilité moyenne est la conséquence de deux phénomènes : une part plus forte chez les séniors de personnes n'effectuant aucun déplacement, et une baisse de la mobilité individuelle de ceux qui continuent à se déplacer. Mais si les personnes âgées se déplacent moins que les autres, les séniors d'aujourd'hui se déplacent plus que les séniors des années 1990. S'agissant de la durée quotidienne des déplacements, on constate une réduction de celle-ci avec l'âge, avec deux pics de déplacements en milieu de matinée et le soir entre 16h00 et 19h00 (pas de pic horaire le midi, contrairement à l'ensemble de la population). Le mode de transport privilégié est la voiture particulière jusqu'à la tranche d'âge des 35-44 ans, puis la part de la voiture baisse pour les classes d'âge supérieures jusqu'à devenir minoritaire au profit de la marche. Les deux principaux motifs de déplacements des séniors sont les loisirs et les achats, avec une part des achats sur les marchés et en commerces de proximité qui augmente avec l'âge. En conclusion, les enquêtes déplacements confirment pour les séniors : • une mobilité individuelle moyenne moindre • une moindre part de personnes se déplaçant • un usage différent des modes de déplacement • une proportion différente des motifs de déplacement • des horaires de déplacement différents Voir l'étude du CERTU ''Les séniors : un enjeu pour les politiques de déplacements'' sur http://www.certu-catalogue.fr/les-seniors-un-enjeu-pour-les-politiques-de-deplacements.html Pamiers – 7 novembre 2013 Page 7/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse L'intérêt de maintenir et entretenir ses capacités, ses aptitudes à la mobilité sous toutes ses formes, dans un objectif de maintien de l'autonomie Rose-Marie Dang, sous-directrice adjointe, CARSAT Midi-Pyrénées Tous les régimes de retraite de base (CARSAT pour le régime général, MSA pour les régimes agricoles, RSI pour les travailleurs indépendants du commerce te de l'artisanat) orientent ensemble leur politique d'action sociale vers la prévention de la perte d'autonomie. Par ailleurs, la CARSAT agit dans d'autres domaines que la retraite, et notamment en matière de prévention et de gestion des risques professionnels, dont le risque routier. Grâce aux efforts de tous, et notamment ceux réalisés en termes de prévention et d'amélioration des conditions de travail, l'espérance de vie a augmenté en France, mais elle s'accompagne parfois d'une perte d'autonomie sévère qui renvoie à plusieurs questions : • Comment solvabiliser la prise en charge des aides nécessaires aux personnes dépendantes ? • Les inégalités constatées en termes d'espérance de vie en bonne santé entre catégories socioprofessionnelles sont-elles inéluctables ? • Quelle serait la place du capital génétique dans une meilleure résistance à l’apparition des handicaps liés à l'âge ? • Y aurait-il un secret du ''bien vieillir'' ? • Est-il possible d'agir au niveau individuel ? Ce questionnement interpelle à la fois les responsables politiques, les citoyens et les professionnels, mais aussi les entrepreneurs et investisseurs qui fondent de grands espoirs de développement de la ''silver économie'' (l'économie autour des personnes aux cheveux d'argent). L'enjeu est de mieux vivre sa retraite pour favoriser le bien-vieillir et éviter la dépendance. Toutes les compétences doivent se rejoindre au service de cet objectif partagé. Malheureusement, la culture de la prévention n'est pas réellement inscrite dans les pratiques françaises et l'intervention est le plus souvent curative. L'objectif doit être de repérer les personnes qui courent un risque de fragilité pour les inclure dans des politiques de prévention leur permettant d'anticiper les fragilités lors d'épisodes de rupture (séparation, veuvage, déménagement), de surmonter ce risque, de s'adapter, de trouver de nouvelles stratégies pour ''faire différemment mais faire quand même'', y compris en termes de mobilité. La mobilité ne se limite pas à la conduite automobile et n'est pas du même ordre en milieu urbain et en milieu rural. Les séniors ont vécu la démocratisation de l'automobile et un actif qui conduit aura du mal à appréhender sa retraite sans utilisation de son véhicule. La voiture est aujourd'hui symbole de progrès économique, de liberté, et l'arrêt de la conduite automobile peut être logiquement vécu comme un drame. En milieu périurbain ou rural, perdre la faculté de conduire peut signifier l'arrêt de tout déplacement et, parfois, la perte de tout lien social. Ainsi, toute politique favorisant le déplacement des séniors, avec ou sans voiture, est une politique de prévention du risque de repli sur soi, facteur de solitude et de dépression. En ville, l'utilisation des transports en commun par les séniors passe par une phase d'apprentissage, de découverte et parfois de renoncement à la vie d'avant. Encore faut-il que l'offre existe, qu'elle soit adaptée, expliquée et réellement accessible. De nouveaux modes de partage existent, comme le covoiturage qui a pris le relais de l'auto-stop d'antan. Certaines collectivités locales ouvrent les transports scolaires aux Pamiers – 7 novembre 2013 Page 8/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse séniors, leur proposant ainsi une offre judicieuse en termes de régularité. Des services de transport sont également proposés par des professionnels de l'aide à domicile, et peuvent être en partie solvabilisés par les dispositifs d'aide. ''En quoi consistent les ateliers conduite de la CARSAT ? '' Toutes les initiatives visant à la Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées conservation du potentiel personnel ''Nous proposons des ateliers de prévention des chutes pour travailler l'équilibre, stimuler les percepteurs sensoriels, aider à limiter la fonte musculaire, travailler les mains, les pieds, la vision. Nous proposons également des ateliers de stimulation cognitive permettant d'aider à conserver une bonne mémoire sur la base d'exercices validés par des neuro-psychologues et en partenariat avec le gérontopôle du CHU de Toulouse. Nous y associons des ateliers de sophrologie pour travailler la concentration et la gestion des émotions.'' Florence Vivant, responsable du pôle Prévention de la CARSAT Midi-Pyrénées doivent être favorisées, car le bien vieillir est favorable au bien conduire et au bien bouger. Dans le cadre de leur politique de prévention, les caisses de retraite proposent des ''ateliers conduite'' ouverts aux automobilistes, aux cyclistes et aux piétons pour leur permettre d'entretenir leurs aptitudes physiques et leur concentration. D'autres acteurs (foyers ruraux, clubs de retraités) proposent des sessions de conduite accompagnée avec des professionnels de l'automobile. Dans toutes ces actions, il faut parfois vaincre les réticences des séniors à exposer leur conduite à un regard extérieur et, s'il y a un enjeu à accompagner la conduite des séniors, il y en a un également à expliquer à une personne âgée que sa conduite automobile devient dangereuse. Face au risque de fragilité et de solitude des séniors, la mobilisation doit être générale et la société doit mettre en oeuvre des mesures préventives. Il s'agit là d'un champ d'action très large sur le plan politique. ''Où se déroulent les ateliers proposés par la CARSAT ?'' Danièle Sudrié, adjointe au maire de Castelmaurou (Haute-Garonne) ''La CARSAT peut organiser un atelier en tout lieu et prend en charge la la rémunération de l'animateur. Il suffit qu'un CCAS, par exemple, constitue un groupe de personnes intéressées et trouve des locaux.'' Rose-Marie Dang, CARSAT Midi-Pyrénées ''Sur la commune du Sautel, la MSA travaille actuellement à organiser un atelier équilibre, et un atelier mémoire est déjà complet …'' Lucien Constans, MSA Midi-Pyrénées Sud (Ariège) Pamiers – 7 novembre 2013 Page 9/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse ''Il est regrettable que la participation aux ateliers proposés par la CARSAT soit payante, cela peut empêcher certaines personnes âgées de s'y inscrire … '' Claude Barou, vice-président des Aînés ruraux de Mirepoix (Ariège) ''En Ariège, département rural, la majorité des retraites sont faibles voire très faibles. La demande de gratuité des ateliers CARSAT fait écho à une réelle détresse du milieu rural.'' Georges Chireux, président du CODERPA de l'Ariège ''Le coût de la participation aux ateliers conduite est de 36 € pour 12 séances d'1h30, soit 3 € par séance. Des associations ont sollicité la CARSAT pour intervenir auprès de publics très précaires en les aidant à mobiliser des financements, et des aides peuvent aussi être proposées par les collectivités aux personnes non imposables. Ceci étant, une participation financière individuelle est indispensable pour favoriser une bonne implication et un réel engagement. D'autre part, la dépense publique doit restée modérée en étant complétée par une participation individuelle. Mais des solutions de financement sont toujours possibles pour des personnes en difficulté.'' Rose-Marie Dang, CARSAT Midi-Pyrénées La mobilité des séniors Les dispositifs pour les conducteurs âgés en France et en Europe Dr Didier Delaitre, médecin du Pôle d'Appui Sécurité Routière (PASR) d'Ile-de-France • L'euro-diversité à l'égard des séniors En Europe, la moitié des pays au moins pratiquent un examen médical préalable à l'examen du permis de conduire. Cet examen est principalement déclaratif et peut comporter un examen visuel. ''Il y a quelques années, la loi Gayssot avait prévu d'instituer une visite médicale pour les conducteurs de plus de 73 ans et les candidats au permis de conduire. Or, le décret d'application n'a jamais été pris et le texte de loi a été abandonné. C'est une politique qui fait deux pas en avant et trois pas en arrière …'' Guy Zich, ancien moniteur d'auto-école (Hautes-Pyrénées) Par ailleurs, la moitié des États pratiquent un examen médical périodique (permis valide) et il existe des possibilités de limitation de validité du permis dans une majorité de pays. En France, une proposition de loi visant à instituer une évaluation médicale pour les conducteurs de plus de 70 ans est en débat (voir le site du Sénat, et notamment séance du 13 juin 2013). La complexité des débats fait apparaitre l'étendue des enjeux en termes de santé (le vieillissement, c'est quoi?, quand commence til ?) et de sécurité routière (un conducteur automobile devenu dangereux peut-il être également un piéton ou un cycliste dangereux ?). Il est à noter que les pays européens qui ont mis en place des contrôles médicaux d'aptitude à la conduite Pamiers – 7 novembre 2013 Page 10/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse font aujourd'hui le constat que ces contrôles ne rendent finalement pas toujours les services qui en étaient attendus, mais qu'il est difficile de faire marche arrière. Dans tous les cas, la mise en place d'examens médicaux doit ouvrir un questionnement des individus et de leur environnement, et la disponibilité des chiffres fournis par les observatoires régionaux de sécurité routière permet aujourd'hui de disposer d'une vision précise des situations en ''Je connais un homme qui, victime d'un AVC, complément des données locales et a effectué au volant les 15 km qui le séparaient de l'échelon national. de l'hôpital parce qu'il était inconscient de la gravité de son état et ne voulait pas céder le volant à sa femme. Pour autant, personne • Santé et conduite au sein de l'hôpital n'a évoqué avec lui la question de la (sources : rapports ''Vieillir conduite automobile. Cet homme, c'était mon père … '' partout en sécurité, l'affaire Dr Didier Delaitre, PASR Ile-de-France de tous'' de mai 2010 confié par François Fillon à Edouard Courtial, député de l'Oise, ''Vivre chez soi'' de Alain Franco à Nora Berra, secrétaire d'Etat en charge des Aînés en juin 2010, ''Vieillissement et transport, concilier mobilité et sécurité, OCDE 2001) Un groupe de travail de la DSCR a travaillé sur la question de la mobilité pour donner des recommandations de nature à favoriser la mobilité et à préserver l'autonomie. L'objectif des institutions françaises est certes de diminuer l'accidentalité, mais sans que ''Après un très grave traumatisme crânien, l'argument de la sécurité ne soit mis au service je suis restée 4 ans sans pouvoir conduire. d'une quelconque discrimination car Aujourd'hui, je peux à nouveau conduire en étant astreinte à une visite médicale tous les 2 ans.'' l'autonomie passe aussi par les Marie-Thérèse Borrel, Association française déplacements. des traumatisés crâniens (AFTC) Le groupe de travail a formulé la conclusion suivante : il est possible de conjuguer sur la route sécurité, déplacement et autonomie pour tous. Au-delà de la responsabilité de chacun, cela nécessite le respect du droit à la mobilité des autres, y compris de ceux qui sont fragilisés au regard de la santé. Malgré les impatiences que chacun peut ressentir parfois vis-à-vis des autres usagers, il faut se souvenir qu'il est nécessaire de savoir adapter sa conduite, que les vitesses maximum autorisées sont des vitesses maximum, et que la route doit être vécue en partage. En région parisienne, un jeune conducteur automobile avait blessé grièvement deux jeunes filles en heurtant un abri bus alors qu'il était en état de fatigue et de très légère alcoolémie. Or, l'enquête a montré que ce jeune homme souffrait d'épilepsie nocturne, une pathologie favorisée par la fatigue et l'alcool. Cet exemple montre toute l'importance et tout l'intérêt des politiques de prévention. Le secteur aérien est souvent cité en exemple car les pilotes sont soumis à des examens médicaux d'aptitude. Or, ces examens ne rendent pas totalement toutes les fonctions qu'on en attend, notamment parce que les médecins peuvent parfois hésiter à ''priver'' un pilote de son droit de vol. Certains pilotes veulent continuer à voler quels que soient leur âge et leur état de santé, et plusieurs accidents – dont des accidents mortels – dus à une inaptitude au pilotage ont été rapportés. En aviation, les contraintes de vol aux instruments et de communication radio avec les services de navigation aérienne donnent de bons indicateurs sur l'état de santé du pilote, sa vision, son audition, son adaptabilité, sa réactivité, … Dans ce domaine, on distingue la notion d'aptitude qui recouvre une qualité intrinsèque, et la capacité qui est définie à un instant donné. Pamiers – 7 novembre 2013 Page 11/20 Forum régional sécurité routière 2013 On se questionne facilement sur ses capacités lorsqu'on est encore dans un jeune âge, mais on le fait moins facilement dans un âge plus avancé et on peut alors se cacher la réalité à soi-même. Il est de la responsabilité de chacun de faire part à l'autre de ses interrogations sur son état de santé et sur ses capacités. Dans ce domaine, le signalement d'un conducteur automobile potentiellement dangereux ne doit pas être apparenté à de la délation. Synthèse ''Les pilotes sont soumis à des contraintes (examens médicaux, nombre d'heures de vol), pourtant ces contraintes institutionnelles ne sont pas garantes d'une sécurité absolue. Ne vaut-il pas mieux investir dans l'attention vigilante de chacun vis-à-vis des autres ? '' Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées ''Certains navigants peuvent être tentés de taire des difficultés personnelles pour ne pas risquer de perdre leur licence. Par ailleurs, les pilotes d'ULM volent sans être soumis aux mêmes contrôles que les pilotes et sans que nous assistions à une hécatombe. Si on choisit d'instaurer un examen médical, il faut aussi prévoir les moyens de le mettre en oeuvre et de faire appliquer les décisions qui peuvent en découler …'' Dr Didier Delaitre, PASR Voir le site sécurité routière : www.securite-routiere.gouv.fr Le site du Sénat : www.senat.fr ''Existe t-il un outil d'autodiagnostic pour faire un point sur ses propres capacités ? Rose-Marie Dang, CARSAT Midi-Pyrénées ''Il n'existe pas d'outil de ce type. Dans le cadre d'un travail de thèse, un questionnaire informatisé avait été adressé à des médecins pour évaluer leurs connaissances en matière de conduite automobile et de législation. Il a fait apparaitre la difficulté à évaluer les situations et plus encore à mettre en œuvre des mesures adaptées. Dans ce domaine, il faut conduire un travail plus social qu'individuel.'' Dr Didier Delaitre, PASR Ile-de-France ''J'ai eu à conseiller à une personne épileptique de ma commune d'arrêter de conduire. Mais je sais aussi que certains enfants conseillent à leurs parents de ne pas repasser leur permis poids lourd pour ne pas courir le risque de perdre tous leurs permis de conduire à cette occasion …'' Alain Mennessier, maire de Balesta (Haute-Garonne) Pamiers – 7 novembre 2013 Page 12/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Agir pour une mobilité sécurisée des séniors Sensibiliser à la sécurité routière pour contribuer à la diminution du nombre de victimes d'accidents de la route en Aveyron Christophe Villar, capitaine de Gendarmerie, commandant de l'EDSR, et Jean-Claude Lépinat, président des Aînés ruraux de l'Aveyron En Aveyron, territoire vaste et très rural, le Document général d'orientation (DGO) de sécurité routière comporte certains enjeux et orientations spécifiques aux séniors. Dans ce département, entre 2007 et 2011, on a déploré 262 accidents ayant impliqué un usager de plus de 65 ans, dont 42 accidents mortels qui ont fait 46 tués et 248 blessés hospitalisés. Dans la même période, les séniors piétons ont été victimes de 69 accidents, dont 8 accidents mortels qui ont fait 8 tués et 58 blessés hospitalisés. Les enquêtes montrent que, si les personnes âgées de plus de 60 ans sont sur représentées dans la mortalité (environ un tiers des tués sur la route), notamment parce qu'elles sont plus vulnérables, elles sont souvent peu responsables des accidents (entre 10 % et 20 % des responsabilités). Vers les séniors, les forces de l'ordre interviennent en répression mais aussi en prévention. Dans ce cadre, le projet Aînés Ruraux – Gendarmerie vise à protéger les séniors face aux risques de cambriolage, d'escroquerie et de vol, et les sensibiliser à la sécurité routière. Ce projet est né il y a deux ans pour répondre à une forte préoccupation sur l'accidentalité des séniors en Aveyron. Une mallette pédagogique a été conçue pour uniformiser les séances de sensibilisation animées par les 20 brigades de la gendarmerie auprès des 11 700 adhérents de l'Association des Aînés ruraux de l'Aveyron. L'IUT de Rodez apporté son concours sur le design de la mallette et des contenus pédagogiques, dans le cadre d'un travail intergénérationnel. La mallette contient un CD de présentation, un DVD baptisé ''Les visiteurs de onze heures'' sur les atteintes aux biens, ainsi que des fiches sur les risques de cambriolage et d'escroquerie, et la sécurité routière. La fiche consacrée à la sécurité routière, baptisée ''Les séniors au volant'', donne des conseils en matière de conduite adaptée, de vigilance, de risques liés à la prise de certains médicaments, et propose des solutions pour se remettre à niveau en gardant une bonne forme physique et intellectuelle, en reprenant des leçons de conduite ou en s'inscrivant à un stage de remise à niveau. Un club souhaitant proposer cette présentation à ses adhérents peut solliciter la brigade de gendarmerie de son secteur pour qu'elle vienne effectuer une intervention en s'aidant du contenu de la mallette. Ce dispositif est mis en œuvre depuis le début mars 2013 et les retours sont très bons. Le contenu de la mallette pédagogique sera actualisé chaque année en fonction de l'évolution des statistiques accidents. Par ailleurs, le niveau national du ministère de l'Intérieur s'est dit intéressé par cette initiative, qui pourra inspirer d'autres actions locales. Il est envisagé de déployer fin 2013 une action similaire avec les pompiers sur les risques d'accidents domestiques (20 000 morts par an en France) et la protection incendie, avec un rappel de l'obligation prochaine de mise en place de détecteurs de fumée dans les logements. Voir le site Prévention routière : www.preventionroutiere.asso.fr Pamiers – 7 novembre 2013 Page 13/20 Forum régional sécurité routière 2013 Piétons séniors, circulez malin Jean-Pierre Roussel et Jean-Yves Gac, Association gersoise de sécurité routière (AGSR) Synthèse ''Quels conseils donner aux piétons à l'extérieur des zones urbaines ?'' Lucien Constans, MSA Midi-Pyrénées Sud (Ariège) ''En individuel, marcher à gauche de la chaussée, face aux véhicules ; en groupe, marcher sur le côté droit.'' Jean-Yves Gac, AGSR ''La sécurité routière reste très liée aussi aux questions d'accessibilité de la voirie et des espaces publics. Si les trottoirs sont peu accessibles ou encombrés, les piétons peuvent être contraints de circuler sur la rue.'' Marie-Hélène Van-Mieghem, DDT de l'Ariège Dans le Gers pour la période 2007-2011, 258 accidents corporels impliquant au moins un sénior ont été dénombrés. Ils ont provoqué 54 tués, dont 44 séniors, et 364 blessés dont 198 séniors. Alors que les séniors représentent 24 % de la population, ils représentent 32 % des tués sur la route, soit près d'un tué sur trois, et 83 % des piétons tués. S'agissant des piétons, 44 % des victimes séniors traversaient la route sur un passage protégé et 28 % traversaient à moins de 50 m d'un passage protégé. ''Les rues de la ville haute d'Auch ne sont pas faciles à traverser car elles comportent peu de passages pour les piétons …'' Marie Hanizet (Haute-Garonne) ''Dans ce secteur, une zone de courtoisie a été instituée, avec des panneaux représentant un piéton et une limitation de vitesse à 20 km/h.'' Jean-Yves Gac, AGSR Face à ce constat, des actions de sensibilisation en direction des piétons ont été lancées en 2012 par le biais des clubs des Aînés ruraux et des mutuelles. Une video de la Prévention routière est présentée à la quarantaine de participants et permet de lancer un débat. Ensuite, les participants sont invités à parcourir la ville d'Auch pour être sensibilisés aux risques que représentent les traversées de rues, les angles morts, … Ces actions ont été bien ressenties. Elles ont été renouvelées en 2013 et ont déjà permis d'intervenir auprès d'une ''La formation continue existe pour tous les métiers, centaine de personnes au sauf en ce qui concerne la conduite automobile. En Ariège, total. des stages de remise à niveau ont été organisés avec des mutuelles. Il faut généraliser ce dispositif, avec un accès gratuit.'' Georges Chireux, CODERPA de l'Ariège ''En Aveyron, des actions ont été proposées en partenariat avec Groupama.'' Jean-Claude Lépinat, Aînés ruraux de l'Aveyron ''Les passages cloutés ne résolvent pas tout, notamment que les automobilistes ne les respectent pas toujours. En fait, il faut limiter la vitesse à 20 km/h maximum partout où circulent des piétons. C'est ce qui va être fait à Aigues-Vives.'' Christian Mascarenc, maire d'Aigues-Vives (Ariège) Pamiers – 7 novembre 2013 Page 14/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Séniors, restez mobiles Bernard Stasiowski, directeur du comité départemental de l'association Prévention routière du Tarn ''Être vieux, c'est être jeune depuis plus longtemps que les autres, c'est tout !'' Philippe Geluck , auteur Il y a plusieurs appréciations de l'âge : celui de la carte d'identité, celui que l'on ressent, celui que la société donne. Pour la sécurité routière, être sénior c'est avoir plus de 60 ans. Dans les années, 2000/2001, les séniors prennent conscience de leur vulnérabilité face aux risques sur la route, notamment en raison de l'apparition de nouveaux aménagements tels que les ronds-points. La Prévention routière du Tarn met alors au point, en partenariat avec une auto-école, un mini-stage d'une demi-journée portant sur le Code de la route et une évaluation de la conduite. Quatre stages de ce type sont organisés chaque année. Par ailleurs, le DGO 2004-2008 du Tarn fait ressortir plusieurs enjeux, dont celui des personnes ''Évaluer ses capacités de conduire, âgées de 60 ans et plus. Pour chaque quitte à renoncer à la voiture lorsqu'on ne se sent enjeu, sont définis des objectifs, des plus capable de conduire, c'est prendre en main sa destinée. pistes d'actions, des moyens et des Et lorsqu'on sait que la vie n'a pas de prix …'' intervenants. Pour les séniors: Bernard Stasiowski, Prévention routière du Tarn • Objectifs : sensibiliser cette catégorie de conducteurs aux problèmes de mobilité et de perception de la route et de son environnement ; rappeler les règles essentielles de l'évolution des rythmes biologiques liée à l'âge ; maintenir le conducteur et certaines de ses capacités réduites en adéquation avec des véhicules rapides et puissants ; vérifier l'aptitude à la conduite ''Les cyclistes doivent-ils rouler en file indienne ou peuvent-ils rouler à plusieurs de front ?'' Bernard Allix, MSA Midi-Pyrénées Sud (Ariège) ''Le Code de la route prévoit que les cyclistes peuvent rouler à deux de front maximum.'' Bernard Stawioski, Prévention routière du Tarn • Pistes d'actions : des actions de formation et de sensibilisation continues (la généralisation d'une visite médicale d'aptitude à la conduite avait été envisagée mais a été abandonnée suite à l'intervention des associations de personnes âgées) • Moyens et intervenants : communes, associations, Prévention routière, Etat Un IDSR - Intervenant Départemental de Sécurité Routière a été nommé référent départemental sénior au titre du PDASR - Plan Départemental d’Actions de Sécurité Routière (Bernard Stasiowski). Depuis 2010, certains club d'aînés ont fait part du succès des mini-stages et ont déposé d'autres demandes d'intervention auprès du Comité départemental de l'Association Prévention routière du Tarn. Les interventions prennent la forme soit d'une demi-journée de révision du Code de la route sur la base de QCM (méthode auto-école), soit d'une journée en groupe de 24 personnes avec une révision du Code de la route, l'intervention d'un pharmacien sur les risques liés à la prise de médicaments et un travail en ateliers (lunettes simulatrices d'alcoolémie, simalc, reflexomètre, ergovision, évaluation de la conduite). Toutes ces actions sont conduites en partenariat avec les caisses d'assurance maladie. Voir la video en ligne sur le site Prévention routière de l'Aveyron : http://www.preventionroutiere.asso.fr/Seniors/Seniors-suivez-un-stage Pamiers – 7 novembre 2013 Page 15/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Extension du transport à la demande aux séniors dans le cadre de la structure du SYCOSERP (Syndicat Couserans service public) en Ariège Raymond Coumes, président du SYCOSERP, et Gérald Rovira, adjoint au maire de Saint-Girons ''Quelle communication a été faite pour faire connaître le service de TAD ?'' Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées ''Des actions de communication spécifiques ont été lancées à destination des seniors et des jeunes avec le relais des mairies et de la presse. Nous travaillons avec des transporteurs privés (autocaristes, taxis), ce qui a notamment permis à un jeune de créer son activité de taxi.'' Raymond Coume, président du SYCOSERP Dans la zone rurale de Saint-Girons, où vivent seules de nombreuses personnes âgées, il est apparu nécessaire de repenser autour d'une centrale de mobilité les services de transports à la demande (TAD) proposés dans les petites communes. Un agent a été recruté pour prendre en charge tous les appels de demandes et les transmettre aux autocaristes retenus après appels d'offres. Un aller simple est facturé 3 € à l'usager, un aller-retour est facturé 5 €. Un tarif réduit ou la gratuité sont également possibles pour certains usagers. La mise en place de ce service a demandé ''Le service de TAD est-il accessible aux personnes du temps et un effort de communication en situation de handicap ? '' auprès des communes et par voie de Jean-Pierre Cassagnaud, DDT de l'Ariège presse. Mais, après dix ans, le service est aujourd'hui vraiment opérationnel. Bien ''Le SYCOSERP travaille avec des sociétés qui disposent plus, il a essaimé dans le département et a de véhicules adaptés et envisage d'acheter aussi, en régie, servi d'exemple à d'autres territoires de son propre véhicule adapté.'' Midi-Pyrénées. Le TAD permet d'aller Raymond Coume, président du SYCOSERP chercher les personnes chez elles, après ''Le TAD est gratuit pour les accompagnants des personnes réservation la veille par téléphone, puis de en situation de handicap, de même que pour les détenteurs les ''rabattre'' sur les lignes régulières de de la carte transports du Conseil général.'' transports en commun. Trois à quatre Gérald Rovira, adjoint au maire de Saint-Girons navettes circulent par semaine sur chacun des secteurs. Ce service est proposé aux personnes en mobilité réduite, aux jeunes, aux personnes en situation de précarité. Il s'agit d'une mission de solidarité qui peut faciliter la mobilité de jeunes en recherche d'emploi, de séniors qui doivent se rendre en ville pour consulter un médecin, voir leur famille, ... C'est un moyen d'autonomie et de maintien à domicile. Récemment, la ville centre de Saint-Girons est venue adhérer au dispositif, la municipalité étant convaincue que le fait de ne plus pouvoir conduire est un risque majeur de perte d'autonomie. Le TAD est un service public à bas coût, et les personnes connaissant des difficultés financières peuvent faire une demande d'aide au CCAS de la mairie. La municipalité de Saint-Girons complète ce dispositif par des actions de sensibilisation au Code de la route et d'évaluation de la conduite. Ce type de service devrait être proposé dans tous les départements, parce qu'il a fait la preuve de son utilité en permettant à des personnes ne pouvant plus conduire de continuer à se déplacer. Pamiers – 7 novembre 2013 Page 16/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse ''Le dispositif de TAD pose t-il des problèmes de respect de la concurrence avec les sociétés de taxi qui n'adhèrent pas au service ? '' Jean-Pierre Cassagnaud, DDT de l'Ariège ''Non, car le partenariat avec les sociétés privées est conclu après appel d'offres et que les créneaux horaires du service de TAD restent limités.'' Raymond Coume, président du SYCOSERP Déplacez-vous en toute liberté avec les transports en commun Tisséo, syndicat mixte de transport toulousain Jean-Claude Bernard, coordinateur accessibilité Tisséo Le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de l'agglomération toulousaine couvre 99 communes, dont 89 sont physiquement desservies par un service de transport en commun (métro, tram, bus). Le réseau compte une ligne de tramway, une ligne SNCF Arènes-Colomiers en correspondance avec le métro et le tram, deux lignes de métro, 81 lignes de bus et 12 TAD. En 2012, 160 millions de titres de transports ont été validés, dont plus de 10 millions par des séniors. La politique de Tisséo est une politique inclusive d'accessibilité. De l'accessibilité à la mobilité des séniors, il n'y a qu'un tout petit pas et le travail réalisé par Tisséo au bénéfice des personnes handicapées profite à tous. De nombreux aménagements ont été réalisés, en partenariat avec des associations de personnes à mobilité réduite : barres de maintien, sièges abaissés, billetique sans contact offrant une plus grande facilité d'accès, aménagements spécifiques sur les arrêts de bus pour les personnes à mobilité réduite. La ligne de tramway T1, créée en 2010, est ''Où peut-on stationner gratuitement parfaitement accessible et équipée d'un poste de à Toulouse pour prendre le métro ? '' Lucien Constans, MSA (Ariège) conduite avec une vision élargie pour une sécurité maximale. La ligne A du métro toulousain, ouverte en 1993, a été l'une des premières en France à être ''Il existe 12 000 places de stationnement sur les parkings des stations terminus du métro, totalement accessible. La ligne B a été ouverte en 2007. Ce réseau de métro comprend 38 stations au ainsi qu'un grand parking public gratuit total et est donc totalement accessible. Le parc bus près de la station Basso-Cambo.'' Jean-Claude Bernard, Tisséo sera quant à lui accessible à 100 % en 2015, en respect avec les directives de la loi accessibilité de 2005. Enfin, des améliorations seront encore apportées à l’intérieur des rames de métro courant 2013. Le service de TAD permet aux personnes qui ne peuvent pas emprunter les transports en commun - même accessibles - de se déplacer. Ce service sera maintenu après l'échéance de 2015. Il est également prévu de mettre en place dans le métro des pictogrammes qui viendront compléter la signalétique actuelle et les annonces sonores pour faciliter les déplacements des personnes en situation de déficience intellectuelle ou de déficit cognitif, mais aussi les personnes en difficulté avec l'écrit, les touristes étrangers, ... Chaque pictogramme permettra de reconnaitre une station du métro grâce à un visuel. Ce dispositif est inspiré de ce qui a été mis en place dans le métro de Mexico. Pamiers – 7 novembre 2013 Page 17/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Tisséo propose une politique tarifaire spécifique pour les séniors leur permettant de voyager gratuitement s'ils habitent Toulouse ou avec un coût réduit s'ils habitent une autre commune de la Haute-Garonne (18 € la première année puis 10 € les années suivantes), sachant que le déplacement simple plein tarif est proposé à 1,60 €. ''Le service Mobibus est un service essentiel pour les adhérents handicapés de l'AFTC, même si ce service est payant et cher (un trajet Mobibus coûte 6 € environ, alors que les personnes vivent avec l'AAH soit 600 à 700 € par mois). Mobibus ne desservant pas tous les secteurs, le TAD peut-il venir en substitution certains cas ?'' Marie-Thérèse BORREL, AFTC Midi-Pyrénées ''Mobibus est un transport spécialisé s'adressant à des ayant-droit, c'est-à-dire des personnes reconnues handicapées à 80 % par la MDPH et des personnes classées en GIR 3 et 4, ainsi que leurs accompagnants. Un trajet en Mobibus coûte plus cher qu'un trajet en transports en commun parce que le service lui-même coûte cher. Mobibus et le TAD peuvent être complémentaires dans certains cas. Sur ces questions, les choses avancent et sont débattues.'' Jean-Claude Bernard, Tisséo ''La ville de Castelmaurou bénéficie du service de transport Mobibus.'' Josette Cots, adjointe au maire de Castelmaurou (Haute-Garonne) Pamiers – 7 novembre 2013 Page 18/20 Forum régional sécurité routière 2013 Synthèse Conclusion de la journée Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées Cette journée proposée par la CARSAT et la DREAL Midi-Pyrénées a été envisagée sous l'angle de la sécurité routière, mais ce sujet soulève en fait des questions de mobilité, de prévention, de santé, d'insertion sociale, … ''On évoque l'éventualité d'une visite médicale obligatoire pour les séniors. Mais c'est oublier que la conduite est un droit pour tous, dès 16 ans en conduite accompagnée. Chacun est juge de ses propres facultés et une visite médicale obligatoire pour les seuls séniors serait vue comme une discrimination. Continuer à conduire est synonyme d'autonomie, de bien-être et d'intégration.'' Claude Barou, Aînés ruraux de Mirepoix (Ariège) La population sénior est vulnérable et paye un lourd tribut au risque routier. Pour autant, la mobilité est un enjeu ''Il ne s'agit en aucun cas de stigmatiser qui que ce soit, important en ce qu'elle garantit le lien mais de poser des questions de façon globale, positive, social et le maintien dans la vie, dans une perspective de prise de conscience, surtout en milieu rural. Il faut retenir d'accompagnement et de maintien de la mobilité.'' de cette journée qu'on peut retarder les Sylvie Paillard, DREAL Midi-Pyrénées effets physiologiques et psychologiques du vieillissement (exemple du travail en ateliers organisé par la CARSAT), il faut en retenir aussi l'importance de la prise de conscience de ses propres limites, le rôle de l'entourage et du médecin. La piste d'un ''autotest'' de ses capacités peut être une piste intéressante. Les actions d'accompagnement qui ont été présentées sont également essentielles et doivent être poursuivies, à l'exemple des actions de sensibilisation menées en Aveyron. En termes de mobilité, des solutions alternatives à la voiture individuelle existent, comme le TAD, qu'il faut là encore faire connaître, développer et accompagner. C'est cette même notion d'accompagnement que l'on retrouve dans l'initiative prise dans le Gers : proposer des parcours en ville pour sensibiliser les séniors aux risques propres aux piétons. L'attrape-mots des clowns … Conduite Mobilité Choix : voiture, bus, vélo, taxi, ... Prévention Déplacements Sécurité Contrôle Responsabilité ''Vieillir, c'est pas facile, c'est pas tranquille, ça fait du changement, Ça fait des émotions, parfois un peu de colère, parfois un peu de passion. Des journées comme aujourd'hui ça permet de mieux se voir. Vieillir ça me fait un peu peur car s'adapter, c'est accepter … enfin un peu ! Vieillir c'est pas faillir, vieillir ça peut me faire … grandir !'' Le clown Robin Pamiers – 7 novembre 2013 Page 19/20 Toulouse – Novembre 2013 CARSAT Midi-Pyrénées DREAL Midi-Pyrénées Rédaction : Valérie Médaille, rédactrice