L`avenir du chromosome Y
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L`avenir du chromosome Y
Mini-revue mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie 2013 ; 15 (1) : 78-86 L’avenir du chromosome Y Human sex chromosomes evolution: is the Y disappearing? Émilie Lecompte1,2 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. 1 Université de Toulouse, UMR5174 EDB, laboratoire évolution et diversité biologique, 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse, France 2 CNRS, université Paul-Sabatier, UMR5174 EDB, 31062 Toulouse, France <[email protected]> Résumé. Les comparaisons de génomes entre vertébrés démontrent que les chromosomes sexuels humains dérivent d’un système mis en place chez les mammifères il y a quelque 150 millions d’années avec un déterminisme du sexe mâle, spécifique, dépendant du gène Sry. La différenciation X-Y et la spécialisation du Y dans la fonction mâle sont le résultat d’une longue évolution à partir d’une paire d’autosomes, suite à la suppression de la recombinaison entre le X et le Y. L’arrêt de la recombinaison a également entraîné la perte de gènes, l’accumulation de mutations et de séquences répétées conduisant à la dégénérescence du Y. La dégradation va-t-elle se poursuivre inexorablement, jusqu’à ce que le Y disparaisse ? Les arguments pour et contre cette disparition chez l’homme sont explicités. Des mécanismes pouvant conduire à la disparition du Y sont illustrés grâce à l’étude d’espèces de mammifères sans Y. Mots clés : chromosome Y, dégénérescence, évolution, déterminisme du sexe Abstract. Genome comparisons between vertebrates show that human sex chromosomes evolved from a mammalian male sex-determining system that arose about 150 million years ago, dependant of a specific gene, Sry. The X-Y differentiation and Y specialization in male sex and fertility are the result of a long evolution from an autosomal pair, after the recombination stops between the X and Y. The recombination suppression drives gene loss, accumulation of mutations and repeated sequences, leading to the Y degeneration. Should Y degrade inexorably, until its demise? Arguments for and against the human Y disappearance are explained. Researches on the mammalian species without Y chromosome exemplify some mechanisms allowing Y loss. Key words: Y chromosome, degeneration, evolution, sex determination Déterminisme du sexe et chromosomes sexuels humains médecine thérapeutique Tirés à part : E. Lecompte 78 Pour citer cet article : Lecompte É. L’avenir du chromosome Y. mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie 2013 ; 15 (1) : 78-86 doi:10.1684/mte.2013.0442 doi:10.1684/mte.2013.0442 Médecine de la Reproduction Gynécologie Endocrinologie Depuis leur découverte, les chromosomes sexuels ont été source de fascination et l’objet de nombreuses recherches. Cette découverte remonte aux débuts de la cytogénétique lorsqu’en 1912, Winiwater constata que la femme présentait un chromosome X en double exemplaire alors que celui-ci n’était présent qu’en un exemplaire chez l’homme. En 1921, Painter découvrit le Y, passé inaperçu jusqu’alors du fait de sa petite taille, puis conclut en 1923 à un mécanisme du déterminisme du sexe lié à la formule XX ou XY. Dès lors, de nombreuses études ont porté tant sur le déterminisme du sexe que sur les mécanismes d’évolution ayant conduit à la paire XY. La recherche médicale s’est surtout intéressée à déchiffrer la cascade génétique complexe de déterminisme du sexe à l’origine du développement de l’embryon, soit en mâle, soit en femelle. L’étude de souris mutantes ou de pathologies humaines, comme le syndrome de Klinefelter (XXY) ou de Turner (X0), a permis l’identification de nouveaux gènes impliqués dans la voie de différenciation des gonades et mieux comprendre les relations entre les protéines impliquées. Les avancées les plus importantes dans ce champ de recherche ont été l’identification du gène de déterminisme du sexe mâle, Sry [1]. Depuis, de nombreux gènes liés au sexe ont été décrits, comme Sox9 ayant un rôle déterminant dans la différenciation en mâle [2, 3] ; d’autres restent encore à découvrir. On en sait finalement assez peu sur le mode d’action et l’identité des nombreux gènes impliqués dans la cascade de déterminisme du sexe et en aval de cette cascade [4]. De son côté, la biologie évolutive s’est intéressée à la question fondamentale de l’origine et de l’évolution Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. des chromosomes sexuels et a ainsi apporté des éclaircissements sur le déterminisme du sexe. Chez la majorité des vertébrés, les mâles et les femelles sont séparés, pourtant le sexe peut être déterminé par différents systèmes. Dans certaines espèces, le sexe n’est pas déterminé génétiquement mais conditionné par l’environnement, comme, par exemple, la température d’incubation des œufs chez les crocodiles et les tortues marines. Par ailleurs, il existe une grande diversité de systèmes différents parmi les espèces possédant des chromosomes sexuels [5]. La plupart des gènes impliqués dans le déterminisme du sexe sont conservés chez l’ensemble des vertébrés, comme DMRT1 ou Sox9, tandis que Sry est spécifique aux mammifères thériens (marsupiaux et placentaires) [2, 6, 7]. Chez les oiseaux, ce sont les femelles qui sont hétérogamétiques, avec des chromosomes sexuels différents nommés Z et W. Parmi les lézards, certaines espèces présentent le système XY, d’autres ZW et chez d’autres encore, le sexe est déterminé par la température d’incubation [5]. À l’échelle de l’évolution des vertébrés, la comparaison de génomes à large échelle a permis d’identifier les homologies entre les chromosomes. Par exemple, la comparaison des génomes de l’homme et du poulet a démontré que l’homologue de notre X chez les oiseaux est un autosome et non un chromosome sexuel ; réciproquement, les chromosomes sexuels des oiseaux sont homologues à des autosomes de l’homme [8]. Ainsi, il apparaît que les chromosomes sexuels des mammifères (XY), des oiseaux (ZW) ou des serpents (ZW) ne sont pas homologues et ont donc évolué indépendamment [8, 9]. Les chromosomes XY de l’homme sont homologues à ceux de l’ensemble des mammifères thériens (placentaires et marsupiaux) alors que les monotrèmes (ornithorynques et échidnés) possèdent cinq paires de chromosomes XY qui ne sont pas homologues au X et Y humains [10]. Nos chromosomes sexuels sont donc apparus après la divergence des monotrèmes, soit il y a environ 150 millions d’années (Ma) à partir d’un système ancestral ZW [10, 11]. Cependant, les chromosomes sexuels des marsupiaux sont bien plus petits et la majeure partie du X et Y des placentaires est homologue d’une région autosomale des marsupiaux. Ces homologies permettent de définir deux régions, une région ancienne, conservée chez tous les mammifères thériens, et une région ajoutée plus récemment sur le X et le Y des seuls placentaires et qui regroupe la plupart des gènes actuels du Y humain [12]. Ainsi, l’identification des chromosomes homologues parmi les vertébrés montre que les chromosomes sexuels humains dérivent d’un système mis en place chez les mammifères thériens avec un déterminisme du sexe mâle, spécifique, dépendant du gène Sry. La différenciation du X et du Y et la spécialisation du Y dans la fonction mâle sont le résultat d’une longue évolution et de divers mécanismes qui vont maintenant être explicitées. Différenciation et spécialisation du chromosome Y humain Les chromosomes X et Y sont très différents : le X est un grand chromosome (155 Mb chez l’homme) portant 1 098 gènes alors que le Y est petit (64 Mb chez l’homme) et ne contient que 106 gènes [13, 14]. De plus, le Y humain est très hétérogène et comporte différents types de séquences, situées sur deux régions distinctes d’un point de vue évolutif : les régions pseudo-autosomales (RPA) qui comprennent 28 gènes du Y (∼ 26 %) et la région non recombinante, appelée région mâle-spécifique du chromosome Y (MSY) [13]. Les RPA constituent de petites régions situées à l’extrémité du Y permettant l’appariement de la paire, lors de la méiose. La MSY, largement hétérochromatique (∼ 40 Mb), transmise de façon clonale de père en fils, est spécialisée dans la fonction mâle (déterminisme du sexe et spermatogenèse). Les différences importantes entre les contenus géniques des chromosomes sexuels peuvent affecter le dosage de nombreux gènes entre les sexes et produire des conséquences phénotypiques sérieuses. Divers mécanismes de régulation ont été découverts chez les lignées présentant des chromosomes sexuels et des différences de dosage entre les mâles et les femelles [15]. Chez les mammifères, la compensation de dosage se réalise par l’inactivation d’un chromosome X chez les femelles. Bien que les X et Y humains soient aujourd’hui très différents par leur taille et leur contenu génique, ils ont une origine unique et dérivent d’une paire d’autosomes qui aurait suivi une évolution complexe. La divergence entre le X et le Y a commencé après l’acquisition, sur un chromosome de la paire, le proto-Y, d’un gène de déterminisme du sexe mâle, Sry, qui a évolué à partir de son homologue Sox3 présent sur le X [16]. La suppression de la recombinaison est considérée comme l’étape cruciale de l’évolution des chromosomes sexuels puisqu’elle permet l’accumulation de mutations spécifiques à un seul chromosome, favorisant l’émergence de facteurs sexespécifiques [17]. La spécialisation du Y dans la fonction mâle semble avoir été réalisée par l’évolution de quelques gènes initialement présents sur le Y vers un rôle dans la fonction mâle [18]. Le maintien d’une combinaison de gènes et/ou d’allèles critiques pour le déterminisme du sexe et l’antagonisme sexuel n’est en effet possible qu’en absence de recombinaison. En effet, les mutations avantageuses pour les mâles sont désavantageuses pour les femelles et sont généralement contre-sélectionnées puisqu’elles diminuent les chances de reproduction des femelles (antagonisme sexuel). L’accumulation de fonctions spécifiques des mâles sur le Y aurait ainsi favorisé l’extension des zones non recombinantes réduisant la région recombinante aux extrémités des chromosomes X et Y (les RPA), probablement du fait de l’accumulation mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦ 1, janvier-février-mars 2013 79 Mini-revue Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. de remaniements chromosomiques tels que des inversions [19, 20]. Cette hypothèse a été validée notamment grâce aux comparaisons de génomes et au séquençage des chromosomes X et Y humains [13, 14]. La portion euchromatique de la MSY humaine, relativement petite (∼ 23 Mb), contient 172 unités transcriptionnelles codant pour 27 protéines différentes, la plupart étant exprimées uniquement dans les testicules et impliquées dans la spermatogenèse [13, 21]. Les séquences localisées dans la MSY révèlent des histoires évolutives très différentes, tant au regard de leur origine que de leur évolution après l’arrêt de la recombinaison. Une partie des gènes de la MSY correspondent à un ensemble de gènes, présents sur la paire autosomale ancestrale, ayant subi une évolution différentielle sur le X et le Y [13, 14, 20]. On peut également identifier des gènes acquis par rétrotransposition ou transposition d’un autre chromosome, après la divergence initiale du X et du Y. L’origine génomique de ces gènes est diverse. Deux gènes sont situés dans une région d’environ 3,4 Mb issue d’une transposition depuis le X vers le Y, après la divergence de l’homme et du chimpanzé [13, 22]. Deux autres gènes sont issus d’autosomes pendant l’histoire évolutive des primates : le gène DAZ est issu du chromosome 3 [23] et CDY du chromosome 13 [24]. Ultérieurement, les séquences Y, quelle que soit leur origine, ont évolué globalement de deux façons différentes selon leur fonction, mâle-spécifique ou non. Ainsi, une première portion de la MSY (∼ 10,2 Mb), la région ampliconique, dense en gènes, forme néanmoins un ensemble fonctionnellement homogène, spécialisé dans la fonction mâle avec une expression spécifique dans les testicules [13]. Elle rassemble de longues régions de séquences dupliquées, le plus souvent agencées selon une structure en palindrome. Ces gènes correspondent à un ensemble de familles multigéniques dans lequel le nombre de copies varie : deux (VCY, XKRY, HSFY, PRY), trois (BPY2) quatre (CDY, DAZ), six (RBMY) ou même 35 (TSPY) copies [13]. La seconde portion de la MSY regroupe 16 gènes en copie unique, exprimés dans différents tissus, ainsi que des pseudogènes, tous homologues des 27 gènes liés au X, vestiges du temps où le X et le Y constituaient une paire d’autosomes [13, 21]. La comparaison de séquences des gènes homologues X et Y permet de reconnaître des niveaux de divergence très différents (entre 60 et 96 % d’identité) en fonction de leur localisation sur le X. Entre les paires de gènes X-Y, la divergence augmente par tranches successives le long du chromosome X en « strates évolutives » [20]. Actuellement, chez l’homme, cinq strates évolutives sont reconnues, suggérant au moins cinq évènements d’arrêt de la recombinaison entre X et Y, le premier impliquant la région comprenant le gène Sry [13, 14, 20]. La différenciation X-Y et la spécialisation du Y dans la fonction mâle sont le résultat d’une longue évolution à 80 partir d’une paire d’autosomes, suite à la suppression de la recombinaison. Cela a permis l’acquisition de gènes spécifiques au sexe mâle, mais a également des conséquences fâcheuses pour le Y. La dégénérescence du Y La différenciation progressive du X et du Y est à l’origine d’un contenu en gènes différent, mais également d’une structure différente. Le Y est largement hétérochromatique (∼ 60 %) et présente un grand nombre de séquences répétées, dont des éléments transposables comme les LINE ou les séquences Alu [13]. Après environ 150 Ma d’évolution indépendante du X, la région euchromatique de la MSY représente 1/6 de la taille du X et n’a que 1/12 du nombre de gènes [13, 14]. Il apparaît ainsi qu’en dehors des RPA, le Y humain a perdu 97 % des gènes initialement présents. De plus, les gènes du Y sont des homologues sur le X, en version plus ou moins détériorée, quand ils n’ont pas été perdus [13]. En effet, sur les 27 paires X-Y identifiées, 14 copies Y semblent correspondre à des copies fonctionnelles, codant pour des isoformes très similaires mais non identiques à celles du X. Par exemple, les gènes X et Y de l’amélogénine présentent des différences relatives à leur séquence, au patron d’épissage et au degré d’expression [25]. Les 13 autres gènes liés au Y correspondent à des pseudogènes qui présentent encore une similitude avec leurs homologues du X relativement importante, en termes de séquence et de structure (exons-introns) [13]. Le fait que certains gènes Y soient exprimés pourrait entraîner des différences de dosage entre les mâles et les femelles à cause de l’inactivation d’un X chez les femelles. Or, il a été montré que les gènes Y fonctionnels sont majoritairement des gènes ayant arrêté de recombiner récemment (strates 4 et 5) et qui échappent, au moins en grande partie, à l’inactivation du X chez les femelles [26]. Étonnamment, certains gènes qui échappent à l’inactivation dans ces strates récentes n’ont pas d’homologue fonctionnel sur le Y, comme par exemple le gène STS (pseudogène sur le Y), sans que cela semble poser problème. Les facteurs à l’origine de l’expression des gènes portés par le X, qu’elle soit complète, partielle ou inexistante, sont encore très mal connus. Une meilleure compréhension des mécanismes de régulation de l’expression des gènes portés par le X et le Y permettraient probablement de mieux comprendre l’évolution du déterminisme du sexe et des chromosomes sexuels. La faible densité en gènes, la pseudogénéisation et l’accumulation d’éléments transposables sont les signes d’une dégénérescence du chromosome Y [27]. Il semble que les régions du Y qui ont cessé de recombiner en premier, et notamment la strate 1 comprenant Sry, sont celles qui montrent les signes de dégénérescence les plus mar- mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦ 1, janvier-février-mars 2013 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. qués, tandis que les seules régions intactes sont les RPA, qui recombinent encore. La suppression de la recombinaison, bien qu’essentielle à l’évolution des chromosomes sexuels, est donc bien impliquée dans la dégénérescence du Y. Différents processus peuvent agir sur le Y et entraîner sa dégénérescence [27]. L’absence de recombinaison entraîne une réduction de la taille efficace des gènes portés par le Y (un tiers par rapport à ceux du X et un quart par rapport aux gènes autosomaux) et augmente de façon considérable l’impact de la dérive génétique et la fixation d’allèles, y compris d’allèles (faiblement) délétères. Par ailleurs, les régions du génome non recombinantes accumulent des mutations qui, ailleurs dans le génome, seraient éliminées par sélection naturelle [28]. Ce phénomène, appelé effet Hill-Robertson, explique la dégénérescence du Y au niveau de leur région non recombinante : pertes de gènes (pseudogénéisation), accumulation de mutations faiblement délétères (augmentation du taux de substitutions non synonymes) et de séquences répétées comme d’éléments transposables [17]. L’absence de recombinaison aboutit donc, sur le Y, à une diminution de l’efficacité globale de la sélection naturelle et à une perte de la diversité génétique en général. De plus, la MSY humaine est constituée d’une grande proportion de séquences répétées qui favorisent les réarrangements chromosomiques [29], ce qui contribue à l’érosion du Y. Chez l’homme, les remaniements chromosomiques du Y sont fréquents et à l’origine d’un important polymorphisme de structure [30]. Ces remaniements peuvent entraîner la délétion de grandes portions de la MSY comprenant des gènes impliqués dans la fertilité et donc potentiellement fortement sélectionnés. Ces délétions de la MSY peuvent être pathologiques (infertilité [31]) mais peuvent aussi exister sans impact clairement défini sur la fertilité. Ainsi, la délétion gr/gr couvrant 1,6 Mb présente une prévalence mesurée dans les études de cas d’environ 5 %, apparaît comme un facteur de risque pour l’infertilité masculine, notamment oligozoospermie en Europe, même si la relation entre présence de la délétion et infertilité dépend de l’ethnicité et de la région géographique [32]. Étonnamment, des Y amputés d’une région de 1,8 Mb incluant 12 gènes à fonction mâle-spécifique (délétion b2/b3, proche en termes de structure de la délétion gr/gr) dont la moitié des gènes de la région AZFc, cruciale pour une spermatogenèse normale, sont pourtant largement distribués dans le nord de l’Eurasie [33]. Un facteur supplémentaire contribue à la dégénérescence du Y : le nombre de divisions cellulaires plus élevé dans la lignée germinale mâle que femelle, à l’origine d’un taux de mutation plus élevé sur le Y. L’impact de ce facteur sur la dégénérescence du Y a été validé grâce à la comparaison des systèmes XY et ZW. En effet, alors que les Y et W dégénèrent dans ces deux systèmes, le Y est présent uniquement chez les mâles et le W chez les femelles. Il a été montré que le taux de mutation n’est pas plus élevé sur le W que sur les autosomes [34]. Chez les grands singes et l’homme, l’importance de cette évolution moléculaire par les mâles (male-driven evolution), c’est-à-dire le ratio du taux de mutation mâle-femme, a été estimée de l’ordre de 5 [35]. Ainsi, la suppression de la recombinaison a permis la spécialisation du Y mais elle a également entraîné la perte de gènes, l’accumulation de mutations et de séquences répétées conduisant à la dégénérescence de ce chromosome. Les mécanismes moléculaires à l’origine de la dégénérescence du Y sont toujours actuellement en œuvre (taux de mutation plus élevé, sélection moins efficace, dérive génétique accrue) et il n’y a pas de raison pour que cela change. L’étude des chromosomes Y et W dans différentes lignées animales (vertébrés ou non) et même chez les plantes montre une dégradation inexorable. La dégénérescence du chromosome Y humain ne fait aucun doute, mais alors cette dégradation va-t-elle continuer jusqu’à ce que le Y disparaisse ou va-t-on atteindre un point d’équilibre ? Beaucoup de débats ont lieu autour de cette question sensible [par exemple voir 36] et il existe des arguments pour et contre. Le chromosome Y humain va-t-il disparaître ? Chez l’homme, la dégradation des gènes du Y a été très rapide : perte de plus de 1 000 gènes en 150 Ma, soit en moyenne 6,6 gènes par Ma. Si on extrapole, avec une perte linéaire, le Y humain devrait disparaître dans environ 5 Ma [16, 36]. Cependant, il semble peu probable que le taux de dégradation soit linéaire puisque la suppression de la recombinaison a été progressive, modifiant ainsi le nombre de gènes potentiellement affectés par la dégradation (balance entre gènes recrutés dans la MSY et gènes déjà perdus), modifiant le modèle de dégradation qui correspondrait alors à une sinusoïdale [16]. De plus, le Y humain est composé de deux régions distinctes (ancestrale et ajoutée après la divergence des marsupiaux et placentaires), le modèle de dégradation du Y humain correspond plus vraisemblablement à une double sinusoïdale rendant difficile une prédiction sur la date de l’extinction du Y [16], mais augmentant probablement celle-ci. Récemment, la publication des séquences complètes du Y du chimpanzé [37] et du macaque rhésus [38] a permis la comparaison avec le Y humain. Ces données réfuteraient la disparition du Y et suggèrent que le Y pourrait être maintenu indéfiniment grâce à la pression de sélection exercée sur les gènes mâle-spécifiques [36, 38]. En effet, il apparaît que depuis la séparation de l’homme et du chimpanzé, soit environ 6 Ma, la MSY humaine n’aurait perdu aucun gène : aucun gène présent chez le chimpanzé n’a été perdu chez l’homme [37, 39]. La comparaison des Y humain et du rhésus, divergeant depuis 25 Ma, montre mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦ 1, janvier-février-mars 2013 81 Mini-revue Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. que le contenu génique a été largement maintenu sur cette période de l’évolution du Y et aucune perte de gène n’est visible au niveau des strates évolutives les plus anciennes [38]. Les pertes de gènes ne se sont produites que dans la strate la plus récente, formée juste avant la séparation de l’homme et du rhésus. Sur les sept gènes présents sur cette strate au départ, un seul est conservé chez l’homme et deux seulement chez le rhésus. Ces différentes données suggèrent que la perte a été initialement rapide avant de ralentir de manière importante, voire potentiellement de s’arrêter dans les strates les plus anciennes [38]. De manière intéressante, il semblerait que le chimpanzé ait souffert d’une perte de gènes importante : six gènes depuis sa séparation de la lignée humaine, suggérant une accélération récente de la dégradation chez les chimpanzés [37, 39]. La comparaison du Y de ces trois espèces de primates montre également une dynamique particulière des séquences ampliconiques, très différente de celle identifiée pour les paires de gènes X-Y. Les séquences ampliconiques ont subi une restructuration drastique dans les trois lignées, suivie d’une évolution indépendante et complètement différente [37, 38]. D’abord, la proportion de la MSY euchromatique occupée par les séquences ampliconiques est très différente : 45 % chez l’homme, 57 % chez le chimpanzé et 5 % chez le macaque. Le chimpanzé présente donc une région ampliconique bien plus grande, mais aussi bien plus complexe, avec souvent plus de copies de gènes que chez l’homme [37, 38]. Étant donné la divergence de ces espèces, l’évolution des régions ampliconiques a été rapide et pourrait résulter d’une sélection positive favorisant les gènes impliqués dans la spermatogenèse [38]. La nature même de ces régions riches en séquences répétées, favorisant les remaniements, peut également contribuer à leur évolution rapide. Les séquences ampliconiques agencées en palindrome sont très similaires en termes de séquences (> 99,9 % identité) [13]. Le mécanisme de conversion génique intraY maintient un haut degré d’identité entre les copies de gènes et peut ainsi protéger l’intégrité de gènes critiques pour la spermatogenèse [40]. De récentes études basées sur des modèles de génétique des populations et des simulations montrent que même de faibles niveaux de conversion génique sont suffisants pour maintenir l’intégrité des copies Y et empêcher la dégénérescence du Y dans ces régions [41]. Cependant, le processus de conversion génique n’est pas directionnel et une copie fonctionnelle peut être convertie en une copie mutée. L’étude des palindromes humains a d’ailleurs révélé 29 copies du gène RBMY dont seulement six sont actives [13]. La sélection naturelle reste donc indispensable pour éliminer les Y de la population contenant des copies mutées de gènes impliqués dans la fertilité. En revanche, des gènes en copie unique avec une fonction essentielle, comme Sry, ne peuvent pas être 82 restaurés par le mécanisme de conversion génique. Ils doivent cependant être soumis à de très fortes pressions de sélection. L’étude du polymorphisme chez l’homme (∼ 100 individus) a montré une remarquable conservation de séquences pour les gènes Y ayant un homologue sur le X suggérant une importante sélection purificatrice [42]. Les gènes sous forte pression de sélection doivent être extrêmement difficiles à perdre, ce qui fait que certains modèles proposent que le Y humain puisse être maintenu grâce à une sélection positive sur le long terme [36]. Pourtant, il semble que des gènes fortement sélectionnés puissent être perdus, si leur fonction est remplacée par d’autres. Par exemple chez les marsupiaux, les gènes ATRX et ATRY montrent des expressions spécifiques, respectivement dans les tissus somatiques et dans les gonades. Malgré cela, le gène ATRY a été perdu chez les placentaires où ATRX est exprimé également dans les gonades, suggérant que la fonction du gène ATRY a été reprise par son homologue X [43]. Le recrutement de copies autosomales pourrait faciliter la perte des gènes Y. Par exemple, il existe dans le génome humain, outre les multiples copies du facteur de spermatogenèse RBMY et la copie homologue RBMX, plusieurs copies autosomales, dont l’une est active au niveau des testicules [44] et pourrait être recrutée en replacement de RBMY. Étant donné la nature stochastique des facteurs en jeu (remaniements chromosomiques et délétions ; acquisition et/ou duplication de gènes avantageux pour la fonction mâle), l’avenir du Y est peu prévisible et soumis au facteur chance ; il est donc peu probable qu’un état d’équilibre stable soit actuellement atteint [16]. Il suffirait de quelques substitutions de fonctions pour uniquement quelques gènes pour rendre le Y humain totalement redondant et permettre sa perte complète [16]. Ainsi, selon J. Graves, la question serait de savoir non pas si le chromosome Y disparaîtra mais quand il disparaîtra [36]. Un argument de poids est la disparition du Y chez de nombreuses espèces animales. Les espèces de drosophiles procurent des exemples spectaculaires de disparition du Y, avec maintien des mâles [45, 46]. Chez les mammifères, la perte du Y voudrait-elle dire la disparition du sexe mâle et une reproduction du type parthénogenèse ? Rien n’est moins sûr. . . Chez les mammifères, le phénomène d’empreinte parentale rend obligatoire la présence d’un génome mâle et d’un génome femelle. Chez les mammifères, le système de déterminisme XX/XY est particulièrement conservé, pourtant il existe quelques exceptions. En effet, d’autres systèmes de déterminisme du sexe existent, tous chez des rongeurs, et dérivent du système ancestral XX/XY. Ils se regroupent en différentes catégories, impliquant ou non la disparition du Y. On a pu identifier des espèces où les femelles sont X0 (1 seul X) et les mâles sont XY, comme chez le campagnol Microtus oregoni [47]. Ce système est très proche du XX/XY ancestral, où seul un X disparaît chez les femelles. mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦ 1, janvier-février-mars 2013 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Cette évolution semble assez facile d’un point de vue évolutif du fait de l’inactivation d’un X chez les femelles. Cependant, l’inactivation du X est très variable selon les gènes du X et il pourrait y avoir un fort polymorphisme d’expression des gènes des deux X [26]. Chez l’homme, le phénotype X0, correspondant à cette situation, est délétère (syndrome de Turner). Un système plus étonnant, où les mâles sont XY et les femelles XX ou XY, a été découvert chez différents genres non apparentés : chez les lemmings Myopus schisticolor et Dicrostonyx torquatus [47, 48], différentes espèces de mulots sud-américains Akodon sp. [49] ou encore la souris naine africaine Nannomys minutoïdes [50]. La différenciation du sexe en femelles XY fertiles pourrait se faire, même en présence du gène Sry [48, 50]. Dans un tel système, la reproduction des femelles XY aurait un coût très important (perte des embryons YY, soit 25 % de létalité). Plusieurs mécanismes pour compenser les pertes ont été découverts. Tout d’abord, la dérive méiotique favoriserait la transmission du X plutôt que du Y évitant la formation d’embryons YY [47]. Une plus grande efficacité dans la reproduction pourrait également compenser la perte d’embryons YY, comme par exemple chez Akodon [51]. Il existe également deux systèmes de déterminisme du sexe sans chromosome Y, où les femelles et les mâles ont un même caryotype, illustrant que la disparition du Y est possible chez les mammifères. Il existe un système X0/X0 chez les rats épineux japonais Tokudaia [52-54], et chez le campagnol Ellobius lutescens [55, 56]. Chez deux autres espèces du campagnol Ellobius (Ellobius tancrei et Ellobius talpinus), les femelles et les mâles sont XX [55, 56]. La recherche des gènes impliqués dans le déterminisme du sexe chez les espèces sans Y et la comparaison des espèces sans Y et de leurs espèces sœurs avec Y apportent des éléments de compréhension quant aux processus à l’origine de la perte du chromosome Y. Il existe trois espèces de Tokudaia, Tokudaia muenninki avec un système XX/XY et Tokudaia osimensis et Tokudaia tokunoshimensis avec un système X0/X0 qui serait apparu avant la séparation des deux espèces [53, 54]. Dans le genre Ellobius, trois espèces n’ont pas de Y, alors qu’une espèce, Ellobius fuscocapillus, présente un système XX/XY ancestral avec un gène Sry [56]. Le gène Sry n’a été identifié chez aucune des espèces n’ayant pas de Y, suggérant que Sry a été remplacé par un nouveau système déterminisme du sexe [53, 54, 56]. Cependant, la perte de Sry et du Y dans les deux lignées de rongeurs s’est produite selon deux processus totalement différents. Chez les campagnols Ellobius sans Y, aucun marqueur Y n’a pu être identifié, suggérant que des facteurs de fertilité liés au Y ont également été substitués [55]. Récemment, la comparaison des espèces d’Ellobius avec et sans Sry montre que ces espèces partagent une petite délétion dans une zone régulatrice du gène Sox9 impliqué dans le déterminisme du sexe mâle [57]. Cette étude suggère que cette délétion a induit une sur-régulation du gène Sox9 dans les gonades XX, à l’origine de réversions de sexe chez les femelles, déstabilisant le système XX/XY [57]. Les espèces E. fuscocapillus et E. lutescens/E. tancrei auraient stabilisé de façon indépendante le mécanisme de déterminisme du sexe mâle, par des facteurs, dépendants ou non de Sry, notamment via une modification de la régulation de Sox9 [57]. À l’inverse, chez les rats épineux Tokudaia, alors que certains gènes Y ont été perdus, comme Sry et RBMY [52], d’autres gènes Y ont été détectés (Zfy et TSPY) dans les deux sexes suggérant qu’une région du Y a été transposée sur le X [58]. De plus, les systèmes X0/X0 de Tokudaia et d’Ellobius sont très différents puisque le déterminisme du sexe mâle chez Tokudaia semble être lié à la présence, en nombre différent chez les mâles et les femelles, de copies supplémentaires du gène Cbx2, agissant en aval de Sry, et qui pourrait être impliqué dans un nouveau mécanisme de déterminisme du sexe via des différences de dosage selon les sexes [59]. Chez l’espèce de Tokudaia XX/XY, le Y est très particulier du fait de sa très grande taille mais aussi d’un grand nombre de copies du gène Sry (> 70) [60]. Parmi les nombreuses copies de Sry, seules trois semblent être fonctionnelles, malgré la présence d’une mutation commune, réduisant les capacités de liaison de la protéine Sry [60]. Ces données suggèrent que le gène Cbx2 aurait acquis un rôle crucial dans la différenciation des gonades du fait d’une moins grande efficacité de Sry [61]. Le chromosome Y de T. muenninki aurait été sauvé par la duplication de Sry associée à la fusion du Y (et du X) avec un autosome [61]. Cette fusion sexe-autosome aurait ainsi permis le maintien d’une RPA et un appariement des X et Y lors de la méiose, primordial pour une spermatogenèse correcte [62]. Ainsi, il peut y avoir plusieurs processus permettant la disparition du Y. La voie la plus aisée serait la transposition du gène Sry et/ou des gènes spécialisés dans la spermatogenèse sur un autre chromosome, à l’instar d’une copie du gène de déterminisme du sexe DMRT1 chez le poisson Médaka (XX/XY) [63] à l’origine d’un nouveau système déterminisme du sexe mâle. Cela créerait un nouveau proto-Y et un nouveau cycle de différenciation de chromosomes sexuels. Par ailleurs, chez l’homme ou la souris, des mutations sur des gènes en aval de Sry dans la cascade de différenciation sont connues pour causer des réversions de sexe. Par exemple, une augmentation du dosage du gène Sox9 peu produire des mâles XX fertiles chez la souris [64]. Ce sont là des opportunités pour des gènes, autre que Sry, de s’emparer de la voie de différenciation des gonades et être à l’origine d’un changement de système de déterminisme du sexe. Ce type de mutation, impliquant juste un changement d’expression, peut être mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦ 1, janvier-février-mars 2013 83 Mini-revue Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. rapide. C’est ce type de modification du système XX/XY ancestral qui semble être à l’origine de la perte du Y chez les rongeurs. En conclusion, les approches comparatives sont plutôt contradictoires quant à l’avenir du Y humain. En effet, l’analyse du Y des primates suggère une stabilité importante du chromosome Y humain sur une période relativement longue et sans dégradation depuis environ 6 Ma, probablement du fait d’une pression de sélection très forte sur le Y. Mais, la sélection naturelle est-elle encore assez performante pour maintenir le Y humain sur le long terme comme le suggère Hughes ? Les études en dehors de la lignée des primates montrent que certaines espèces, chez les mammifères comme ailleurs, ont atteint un niveau d’évolution des chromosomes sexuels plus poussé, amenant à la disparition du Y. Il n’y aurait donc aucune raison de penser qu’un tel phénomène ne pourrait pas se produire aussi chez l’homme, à plus ou moins long terme. Toutefois, une autre question peut également se poser : étant donné la durée de vie moyenne d’une espèce (de l’ordre de quelques millions d’années) et les temps estimés pour la perte du Y, il reste à savoir si l’on peut encore parler de disparition du Y « humain ». . . ? Afin de mieux appréhender l’avenir du Y humain et du déterminisme du sexe en général, il est nécessaire de mieux comprendre les premières étapes du déterminisme du sexe et notamment le recrutement des gènes qui en sont responsables. Des études sur des systèmes de déterminisme chromosomiques exceptionnels (e.g., X0/X0, réversions de sexe), mais aussi d’autres systèmes plus récents et plus labiles, comme chez les poissons [65], apporteront probablement des informations primordiales pour la compréhension des grandes questions qui restent en suspens dans ce domaine et en biologie de la reproduction. Conflits d’intérêts : aucun. 5. Ezaz T, Stiglec R, Veyrunes F, Marshall Graves JA. 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