Syrie. Des « mariées de la paix » victimes de disparition forcée

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Syrie. Des « mariées de la paix » victimes de disparition forcée
AU 350/12, MDE 24/090/2012 – Syrie
7 décembre 2012
ACTION URGENTE
SYRIE. DES « MARIÉES DE LA PAIX » VICTIMES DE
DISPARITION FORCÉE
Quatre « mariées de la paix » syriennes sont détenues dans des conditions équivalant à
une disparition forcée depuis qu'elles ont été arrêtées alors qu'elles manifestaient, le
21 novembre, à Damas. Amnesty International est vivement préoccupée au sujet de la
sécurité de ces quatre femmes.
Quatre Syriennes, Rua Jafar, 24 ans, Rima Dali, 33 ans, et les deux sœurs Kinda al Zaour, 26 ans, et Lubna al
Zaour, 22 ans, ont été arrêtées à Damas le 21 novembre. Elles s'étaient habillées en mariées et manifestaient
pacifiquement pour réclamer la fin des violences en Syrie.
Les quatre femmes ont été arrêtées sur le souk Midhat Basha, à Damas, où elles manifestaient pacifiquement,
vêtues de robes blanches de mariées et brandissant trois banderoles. L'une des banderoles réclamait la fin des
opérations militaires en Syrie, une autre portait l'inscription « La Syrie est pour nous tous » et la troisième indiquait
« Nous sommes tous épuisés, nous voulons une autre solution ». Selon des témoins, des agents des forces de
sécurité les auraient arrêtées sur place juste après leur manifestation.
Bien qu'ils aient tenté de se renseigner auprès des autorités, les proches des quatre femmes n'ont reçu aucune
information concernant le lieu où elles se trouvent, ou l'agence qui les détient. Amnesty International pense que
Rua Jafar, Rima Dali, Kinda al Zaour et Lubna al Zaour sont des prisonnières d'opinion, détenues uniquement pour
avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion. L'organisation appelle les autorités syriennes à les
libérer immédiatement et sans condition.
DANS LES APPELS QUE VOUS FEREZ PARVENIR LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE AUX
DESTINATAIRES MENTIONNÉS CI-APRÈS (en arabe, en anglais ou dans votre propre langue) :
 réclamez la libération immédiate et sans condition de Rua Jafar, Rima Dali, Kinda a Zaour et Lubna al Zaour,
arrêtées uniquement pour avoir exercé, de manière pacifique, leur droit à la liberté d'association et de réunion ;
 dites-vous préoccupé-e par le fait que les quatre femmes sont détenues au secret depuis le 21 novembre 2012
dans des conditions équivalant à une disparition forcée ;
 en attendant leur libération, exhortez les autorités à veiller à ce qu'elles soient protégées de tout acte de torture
et autres mauvais traitements, et qu'elles puissent contacter immédiatement leurs familles et l'avocat de leur choix
et bénéficier des soins médicaux dont elles pourraient avoir besoin.
ENVOYEZ VOS APPELS AVANT LE 17 JANVIER 2013 À :
Président syrien
Bashar al-Assad
Fax : +963 11 332 3410 (merci de vous
montrer persévérant-e ; dites « fax » si
quelqu'un décroche ; le fax est le seul
moyen de communication fiable,
n'envoyez pas de lettres SVP)
Formule d’appel : Your Excellency, /
Monsieur le Ministre,
Ministre de l’Intérieur
Major General Mohamad Ibrahim alShaar
Fax : +963 11 311 0554 (dites « fax » si
quelqu'un décroche ; le fax est le seul
moyen de communication fiable,
n'envoyez pas de lettres SVP)
Formule d’appel : Your Excellency, /
Monsieur le Ministre,
Ministre des Affaires étrangères
Walid al-Mu’allim
Fax : +963 11 214 6253 (merci de vous
montrer persévérant-e ; dites « fax » si
quelqu'un décroche ; le fax est le seul
moyen de communication fiable,
n'envoyez pas de lettres SVP)
Formule d’appel : Your Excellency, /
Monsieur le Ministre,
Veuillez adresser des copies aux représentants diplomatiques de la Russie dans votre pays (adresse(s) à compléter) :
nom, adresse, n° de fax, adresse électronique
Veuillez également adresser des copies aux représentants diplomatiques de la Syrie dans votre pays (adresse(s) à compléter) :
nom(s), adresse(s), n° de fax, adresse électronique, formule de politesse
Vérifiez auprès de votre section s’il faut encore intervenir après la date indiquée ci-dessus. Merci.
ACTION URGENTE
SYRIE. DES « MARIÉES DE LA PAIX » VICTIMES DE
DISPARITION FORCÉE
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Il s'agissait de la toute première manifestation à laquelle participaient Rua Jafar, Kinda al Zaour et Lubna al Zaour. Rima Dali
avait déjà manifesté pacifiquement à trois reprises depuis août 2011, en portant une banderole rouge réclamant la fin des
violences en Syrie. Elle a été détenue pendant plusieurs jours après chaque manifestation. Les banderoles que portait Rima
Dali lors des manifestations précédentes et celles que les quatre femmes avaient avec elles le 21 novembre appelaient toutes
les parties au conflit à mettre un terme aux opérations militaires. Rima Dali est diplômée en droit et a travaillé pour l'Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Des milliers d’opposants présumés au gouvernement syrien ont été arrêtés depuis le début des manifestations en février 2011,
et bon nombre d’entre eux, voire la plupart, semblent avoir subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Amnesty
International dispose des noms de plus de 650 personnes qui seraient mortes en détention pendant cette période et a recensé
de nombreux cas de torture et d’autres mauvais traitements. Pour en savoir plus, consultez le rapport « Je voulais mourir. »
Témoignages de survivants de la torture en Syrie, http://www.amnesty.org/fr/library/info/MDE24/016/2012/fr.
Depuis le début des mouvements de protestation, les troubles se sont transformés en conflit armé dans presque tout le pays.
Bien que la grande majorité des atteintes aux droits humains constatées par Amnesty International soit imputable aux forces
armées syriennes et aux milices chabiha en faveur du gouvernement, des groupes armés d'opposition se rendent eux aussi
coupables de tels agissements. Ils ont notamment torturé et tué des soldats et des chabiha qu'ils avaient capturés, enlevé et tué
des personnes qui soutenaient le gouvernement ou travaillaient avec ses agents, ou étaient soupçonnées de le faire, et pris des
civils en otage pour essayer de négocier des échanges de prisonniers. Amnesty International condamne sans réserve ces
pratiques et appelle les chefs de ces groupes à annoncer publiquement que de tels actes sont interdits, et à faire tout leur
possible pour veiller à ce que les forces de l’opposition cessent d’en commettre.
Des atteintes aux droits humains, des crimes contre l'humanité et de possibles crimes de guerre sont devenus monnaie
courante et les civils en sont les principales victimes. Amnesty International en a recensé de nombreux exemples, notamment
dans des publications récentes telles que le document Syria: Indiscriminate attacks terrorize and displace civilians
(MDE 24/078/2012, http://www.amnesty.org/en/library/info/MDE24/078/2012/en, en anglais et en arabe uniquement). D’autres
organes, comme la Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie, créée par les Nations unies, sont parvenus
à des conclusions similaires.
Par conséquent, Amnesty International demande que la situation en Syrie soit examinée par le procureur de la Cour pénale
internationale, qu’un embargo international sur les armes à destination de ce pays soit décrété afin d’empêcher
l’approvisionnement des forces gouvernementales, et que les avoirs du président Bachar el Assad et de ses proches
collaborateurs soient gelés. De plus, tout État qui envisage de fournir des armes à l’opposition devrait disposer des
mécanismes nécessaires pour garantir que ce matériel ne servira pas à commettre des atteintes aux droits humains ni des
crimes de guerre. Par ailleurs, il faut que le gouvernement syrien permette à la Commission d’enquête indépendante
internationale, aux organisations de défense des droits humains et aux organisations humanitaires de se rendre librement dans
le pays.
Nom : Rua Jafar, Rima Dali, Kinda al Zaour, Lubna al Zaour
Genre : femme
AU 350/12, MDE 24/090/2012, 7 décembre 2012