voix de Corse et de Sardaigne
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voix de Corse et de Sardaigne
Brigitte Marger directeur général titre de cycle Les voix de Corse et de Sardaigne cultivent, autour de la Méditerrannée, des caractéristiques fondamentalement différentes, telles qu’en témoignent les chœurs invités pour ce concert : le chœur corse de Sartène dirigé par Jean-Paul Poletti, et le chœur sarde de Pozzomaggiore dirigé par Pier Giorgio Masia. Le premier est originaire de la ville de Sartène où s’est perpétuée une tradition religieuse établie depuis l’établissement au XIIIe siècle des congrégations franciscaines (couvent St Come & Damien, couvent St Joseph, couvent de Paccialleda, grand couvent Tallanu). D’origine italienne, cette tradition religieuse se distingue des autres pratiques de l’île par une élaboration savante et contrapuntique qu’ont préservée quelque 3000 manuscrits, conservés depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Ce sont précisément quelques exemples tirés de ce répertoire qu’a choisi de faire revivre Jean-Paul Poletti avec l’aide du chœur d’hommes de Sartène. L’exigence de cette musique qui réintègre la plupart des signes distinctifs de la polyphonie corse traditionnelle, comme les jeux de tierces et de quartes - implique une formation professionnelle que les choristes suivent au Centre d’Art Polyphonique. C’est aussi la virtuosité de ces 6 voix masculines qui a suscité la création de plusieurs œuvres composées par Jean-Paul Poletti : des pièces « nourries par le passé mais d’inspiration contemporaine » et qui cherchent à démontrer que « le rêve d’inscrire la polyphonie méditerranéenne dans l’histoire de la musique classique n’est plus une utopie ». Le chœur sarde est d’un tout autre profil : ses chanteurs, sans formation professionnelle particulière, font partie du village de Pozzomaggiore et cultivent un répertoire profane typique de la région de Sassari. La taille de ce chœur reste cependant exceptionnelle : son répertoire, inspiré par le poète Antonio Maria Pina, se partage entre les musiques profanes et religieuses écrites à 7 ou 8 voix (les plus aiguës réalisant la voix de falsetto) alors que les chœurs de Sardaigne s’en tiennent, pour la plupart, à l’écriture à 3 ou 4 parties. 2 | cité de la musique mercredi 20 janvier 1999 - 18h amphithéâtre du musée rencontre les polyphonies corses avec : Philippe-Jean Catinchi, journaliste au Monde, auteur de Polyphonies Corses (co-édition cité de la musique/ Actes Sud, à paraître) Jean-Paul Poletti, chef de chœur Pierre Guelfucci, chanteur mercredi 20 janvier 1999 - 20h salle des concerts concert Ghjustra à deux chœurs Pier Giorgio Masia, direction Chœur de Pozzomaggiore Jean-Paul Poletti, direction Chœur d’hommes de Sartène traditionnel Notte de Chelu Giorgiu Scodinu Su ninnidu (texte de Polo sassu di mores) traditionnel Non mi giamedas maria Giorgiu Scodinu Sette ispadas de dolore Giampaolo mele di nuoro Perdonu Giorgiu Scodinu Ave Maria (texte de A. M. Pinna) Mariano Cazzari Solu pedras (texte de A. M. Pinna) traditionnel Cunservet Deus su re Pier Giorgio Masia Sas campanas sun sonende (texte de Billia Fara) Tonino Pudou Nanneddu meu (texte de P. Mopeu) Mariano Cazzari Non morit s’ammentu tou (texte de Antonio Maria Pinna) Pier Giorgio Masia Muttos (texte de Billia Fara) Pier Giorgio Masia, direction Chœur de Pozzomaggiore durée : 45 minutes entracte Pietro Battista Farinelli da Falconara In Monte olivetti Messa a l’Immacolata (extrait) Kyrie Girolamo Bartoli Tantum ergo Requiem de Sartène Libera me Miseremini mei Jean-Paul Poletti Terra mea, A rota, Notte, Alivu Pietro Battista Farinelli da Falconara Transitus de Saint François d’Assise, manuscrit franciscain du XIXe siècle O Sanctissima anima Salve sancte pater Voce meam ad dominum clamavi Jean-Paul Poletti, direction Chœur d’hommes de Sartène Jean-Paul Poletti Sanctus Jean-Paul Poletti, direction Chœur de Pozzomaggiore Chœur d’hommes de Sartène durée : 50 minutes voix de Corse et de Sardaigne Pietro Battista Composée à la fin du XIXe siècle, cette pièce se chante Farinelli da Falconara le matin de la messe des Rameaux, juste après l’ofIn Monte olivetti fertoire. Comme dans le Transitus du même auteur, les trois voix réelles (ténor, baryton, basse) sont utilisées à travers une forme segmentaire et des chromatismes remarquables. Le manuscrit a été retrouvé au couvent St Côme et Damien (Sartène). Girolamo Bartoli Messa a l’Immacolata Originaire de Balagna (au nord-ouest de la Corse, près de Calvi), le Père Girolamo Bartoli s’est installé au couvent de Sartène au milieu du XIXe siècle. Il a alors senti que le répertoire chanté manquait pour la messe du 8 décembre dédiée à l’Immaculée Conception. C’est donc pour cette circonstance qu’il a composé en 1859 une messe complète qui servira ensuite, par extension, à la célébration mariale du 15 août. Cette œuvre continuera a être chantée par la population jusqu'à la Première Guerre mondiale. Le style du Kyrie ressemble de près à l’écriture solennelle qu’on utilise habituellement pour les cuivres (écriture verticale, invocations martiales). A l’origine, cette partition était écrite pour deux voix chantées et orgue. C’est par la suite qu’elle deviendra a capella et que la base sera rajoutée. Girolamo Bartoli Tantum Ergo Le Tantum Ergo fait partie des dernières pièces composées par le Père Bartoli, un compositeur particulièrement sollicité à Sartène ainsi que dans d’autres localités corses. Ecrit en ré majeur pour la célébration de Noël, le Tantum Ergo développe une écriture homorythmique permettant à la partie de ténor de s’exprimer librement et de guider l’ensemble. Cette pièce a dû certainement être ensuite chantée par l’assistance à l’occasion des messes ; ce qui expliquerait la présence d’une doublure supérieure de la partie de ténor correspondant à la tessiture des voix féminines autorisées, au début du XXe siècle, à chanter avec les hommes dans les églises. 6 | cité de la musique voix de Corse et de Sardaigne anonyme Requiem de Sartène Le Requiem de Sartène est une pièce très ancienne - actuellement indatable - issue du plain-chant grégorien pour l’adapter au style traditionnel corse. Les trois voix en présence sont les suivantes : la voix de seconde (a seconda) qui introduit les incipits, la voix de basse (bassu ou bordu, en référence au « bourdon ») qui entre en seconde position, et enfin la voix supérieure de tierce (terza) dont l’entrée se situe en dernière position. A ces trois parties se trouve ajoutée (sur « Quando caeli movendi sunt ») une partie vocale supplémentaire (la cuntralta) dont la fonction semble être de développer des mélismes. Le Miserere intervient quant à lui au moment de la communion. Ses quatre voix réelles entretiennent un style homophonique à mi-chemin entre la grande polyphonie franciscaine et la polyphonie traditionnelle. Jean-Paul Poletti Terra mea, A rota, Notte, Alivu Ces quatre pièces illustrent les différents aspects qui composent ma culture personnelle : la musique lyrique italienne (puisque j’ai été formé à Bastia qui avait une grande tradition lyrique, et à Florence) la polyphonie traditionnelle corse que je pratique et enseigne. Les textes témoignent d’une interrogation d’ordre général, concernant le devenir du peuple corse et son identité. Terra mea est écrite par accords avec un système de bourdon et s’appuie sur un style plus mélodique conclu par un si bémol final au ténor. Notte s’inspire enfin d’une écriture entre lyrique et traditionne de même que l’Alivu. traditionnel Terzini de Guagno Chantés au village de Guagno (centre de la Corse), les Terzini reprennent les trois voix caractéristiques de la musique traditionnelle corse (seconde, basse et tierce) sur un texte de Dante (La Divine Comédie, chant XVII du Purgatoire). L’originalité de ces pièces réside dans le fait d’avoir été chanté conjointement par des prêtres - ce qu’a priori on pourrait aisément imaginer vu leur culture - et par des bergers qui ne savaient en général ni lire, ni écrire. Le rythme comme toute polyphonie traditionnelle corse est lié au verbe. Seuls les mots notes de programme | 7 voix de Corse et de Sardaigne assurent les cadences mais le style contrapuntique est déjà là, ce qui permet à la terza de développer de somptueux mélismes. Jean-Paul Poletti Sanctus Cette pièce réalise une synthèse entre les styles sardes et corses. Elle reflète aussi un autre mélange : celui que l’on observe quotidiennement entre la musique religieuse et le répertoire profane. Il faut en effet rappeler que dans la culture des deux îles, l’église faisait office de « maison de la culture » pour la population. A l’inverse, le chant liturgique était souvent pratiqué « au comptoir » des cafés, sans que personne ne s’offusque. Jean-Paul Poletti 8 | cité de la musique voix de Corse et de Sardaigne les chants sacrés de la Corse Naguère moribonds, les chants sacrés de la Corse connaissent de nos jours une véritable résurrection, dont témoigne l’engouement d’un public parfois inattendu pour l’austère grandeur de leur univers spirituel et sonore. Un telle résurrection surprend par la vitalité de ses acteurs et l’ampleur des questions qu’elle soulève, particulèrement sur le plain-chant dit « baroque », l’importance de la spiritualité franciscaine dans l’histoire de la musique, la confrontation des traditions renaissantes. On le voit : ces questions qu’anime ici le chœur d’hommes de Sartène dépassent de très loin les seules problématiques insulaires. le plain-chant Comme l’auditeur le perçoit d’emblée, le plain-chant sous-tend l’ensemble de la tradition sacrée de la Corse. Mais cette évidence particulière renvoie à des pratiques traditionnelles universelles. Les initiatives se multiplient qui donnent au plain-chant « baroque » les honneurs qu’il mérite amplement, tant pour avoir conservé mainte pratique médiévale que pour avoir profondément nourri, selon l’expression de Marcel Pérès, le substrat musical de toute une civilisation. Comment ignorer que les noms de Nivers, Lulli, Dumont, Campra, du Padre Illuminato, illustrèrent un genre dont les siècles n’ont en rien émoussé l’efficacité ? Ce plain-chant, toutefois, puise à des sources bien diversifiées. Les sources gallicanes, issues de la volonté de recréer, dans le cadre de la rhétorique classique ou baroque, un style antique propre au royaume face au chant romain, ne se recoupent guère avec les sources franciscaines qui actualisèrent la « prédication musicale » des frères mineurs, caractérisée par son éloquence populaire, son immédiateté, sa fraîcheur mélodique. le tradition franciscaine Sur l’un des plus anciens manuscrits du Cantique des Créatures de Saint-François, paraît une portée vierge de toute notation, heureuses prémices de la floraison musicale qui marque toute l’histoire de la famille franciscaine. Pour une grande part, le chant notes de programme | 9 voix de Corse et de Sardaigne que nous appelons aujourd’hui « grégorien » et qui, dès la fin du XIIIe siècle, supplante définitivement les vieux répertoires romains, doit son essor à la famille franciscaine. Indissociablement liées à la prédication des disciples de François, les laude, chantées en latin et, très tôt, dans les parlers italiens, utilisent et créent tout à la fois une musique véritablement moderne et populaire, que diffusent activement les confréries de pénitents. L’élégance des laude, par ailleurs modestement présentes en Corse, leur simplicité, leur expressivité mélodique, irriguent encore l’abondant corpus des messes élaborées au sein de la famille franciscaine, conservées dans un nombre considérable de manuscrits corses des XVIIe et XVIIIe siècles, et recopiées tout au long du XIXe siècle. Les études récentes attestent une circulation intense de ce répertoire et de ses auteurs pour les territoires explorés jusqu’ici : Ligurie, Piémont, Comté de Nice, Corse, mais le titre de nombreuses messes évoque un brassage encore plus vaste : siciliana, comasca, napolitana, romana... oral et écrit 10 | cité de la musique L’abondance des manuscrits comme des traditions orales dissimule une captivante énigme. Les deux sources, de parenté souvent très claire, ne coïncident que fort rarement dans l’identité d’une même œuvre. La Messe des défunts de Sartène exemplifie à cet égard une exception riche d’enseignements puisqu’elle se trouve reconstituée à partir de la mémoire traditionnelle et des manuscrits conservés au couvent des saints Côme et Damien. Une telle situation pose évidemment des questions diverses qui ne demeurent pas sans espoir de solution, malgré bien des traquenards musicologiques, dont le moindre n’est pas la datation des œuvres conservées par les manuscrits. Dans l’un des livres de chœur du couvent de Marcassu, certaines messes s’avèrent extrêment proches de la tradition orale et présentent divers styles de composition, dont le plus ancien fait usage de formules typiques du chant orné italien du XVIe voix de Corse et de Sardaigne siècle. Or, les récentes identifications par informatique ne laissent aucun doute : les messes de Marcassu copient fidèlement le Canto ecclesiastico diviso in quatro libri que le Padre Illuminato publie à Turin en 1733... la tradition corse 11 | cité de la musique On le voit : la spécificité musicale de la Corse ne réside pas dans l’irréductible et inaccessible apanage de mythiques gènes fondateurs, mais dans cette capacité d’assimiler les influences les plus diverses au caractère affirmé d’une culture vivante. L’influence franciscaine apparaît sans nul doute comme prépondérante dans la musique sacrée, mais également, sans doute par extension naturelle, dans la musique profane, particulièrement lorsqu’elle-même se construit sur la récurrence d’inspirations traditionnelles, jamais reniées, toujours renouvelées par leur constante insertion dans l’évolution des goûts et des styles. Cette prépondérance tient vraisemblablement à l’ancienneté des fondations, qui remontent à l’activité de Jean Parente, l’un des premiers compagnons de François, comme au type d’implantation des communautés franciscaines, profondément enracinées, contrairement aux pratiques urbaines de l’ordre sur le continent, dans le monde rural, privilégiant ainsi la composante érémitique primordiale de la spiritualité du poverello. Le retour aux sources qui s’affirme au XVIe siècle, le zèle à promouvoir la réforme tridentine déployé par Saint Alexandre Sauli, évêque d’Aleria de 1570 à 1591, confesseur et théologien de Saint Charles Borromée, alors cardinal protecteur de l’ordre, paraissent bien comme l’axe principal autour duquel se greffèrent ou s’inventèrent les traditions corses telles qu’elles nous parviennent aujourd’hui. A témoins l’omniprésence des formes responsoriales comme les marques stylistiques évidentes du falsobordone, particulièrement encouragé par saint Charles Borromée, presqu’universellement repérables dans les formes variées de la paghjella, profane ou sacrée. voix de Corse et de Sardaigne Typiquement corse ou typiquement franciscaine ? La question d’elle-même esquisse une réponse et définit la nature musicale de l’île, joliment résumée en deux mots par Jean-Paul Poletti : convergence et influence, dont l’harmonie construit de fait une musique dont on ne connaît ailleurs aucun autre exemple, même si les éléments qui la composent ne peuvent revendiquer l’exclusivité. En témoigne la fécondité de la tradition tout au long du XIXe siècle, émotionnellement vérifiée dans le Transitus - la présentation de François à Dieu -, dû au père PietroBattista Farinelli da Falconara ou le Hostias et preces - daté du 22 octobre 1889 - du père Franco dans la Messe des défunts de Sartène. La Corse paraît ainsi comme le conservatoire unique d’une tradition vivante où l’on découvre, en même temps qu’un vaste répertoire, les clefs de son interprétation, tant dans l’émission sonore, la pureté des intervalles, la scansion lyrique de la phrase, que dans l’ornementation ou le réflexe polyphonique. La transmission d’un tel répertoire, malgré la floraison de la pratique et des études contemporaines, paraît encore fragile. Une considération nouvelle du latin, si naturel sur ces rivages, et que soutiendrait une reconnaissance plus officielle et moins jacobine de la langue corse, une ouverture plus sensible du clergé aux enjeux culturels et sprituels ici engagés, doivent assurer son avenir. Ce chant déclame un texte dans l’esprit même de François tel qu’il se manifeste dans la solitude de La Verna aux yeux de Saint Bonaventure. Le stigmatisé qui découvrit au monde moderne la splendeur de la création porte expresse impressam similitudinem Christi (expressivement imprimée la ressemblance avec le Christ). L’expressivité du chant sacré de la Corse sourd de l’image imprimée au plus profond du cœur. En dehors de cette perspective, nous risquerions de n’entendre ici qu’une « musique planante », alors qu’il s’agit bien du chant des profondeurs. Michel Foussard 12 | cité de la musique voix de Corse et de Sardaigne L’alivu di u tempu chi vene L’Olivier nouveau Alivu di u tempu chi vene Chi sole tù vuleresti vede E chi chiesa vuleresti tù Per suminà la to fede tù So briaghe le cità e mute li sò curtilli Cetere di lume turnat’a fiuri isse notte d’oru I giurnali dinù Perdenu lu sò vangelu Lettere d’amore Turnat’a fiuri isse notte d’oru invece le prigio Un si riposanu mai libertà sacrata Turnat’a fiuri isse notte d’oru Olivier du temps qui va venir Quel soleil voudrais-tu voir, toi Quelle église voudrais-tu, toi, pour semer ta foi Regarde les banlieues sont ivres et leurs places sont muettes Cistres de lumière revenez-nous pour fleurir ces nuits d’or Les journaux aussi perdent leurs évangiles Lettres d’amour revenez-nous pour fleurir ces nuits d’or Tandis que les prisons ne se reposent jamais Liberté sacrée, reviens-nous fleurir ces nuits d’or. Terra mea Ma Terre Culà so li ghjorni e le funtane Induve l’ombre di l’alivi si miranu in celu Culà so li monti cù le so croce altiere In l’eterni silenzi... Terra mea Culà l’onde di un ruscellu s’accendenu di Canti colti per issi viaghi in le vene terranie Culà un rispiru d’umanu si perde In mille lumi... Terra mea Là-bas sont les jours et leurs fontaines où les ombres des oliviers dansent au ciel Là-bas sont les montagnes aux croix altières posées dans les silences éternels... ma terre Là-bas les ondes d’un ruisseau brillent de toutes les musiques cueillies aux sources de voyages intérieurs Là-bas un souffle d’humanité s’étale en mille lumières... ma terre. A rota La Roue Eccu la rota di u mondu chi gira senza pianta Di stagion’belle e fiurite o cumpa Gira, gira, gira, gira Dalli a manu o compà, per un perde la to strada, coglie tuttu cio chi granerà E un ti ferma per nunda chi o sinno ti lascierà o compa. Gira, gira, gira, gira E un ti scurda di u campà o compà Volta la vita chi và, dalli a manu o compà Regarde la roue du monde qui tourne et jamais ne s’arrête au sommet de ces saisons belles et fleuries Ami, elle tourne, elle tourne, elle tourne, elle tourne Donne-lui la main pour ne pas perdre ta route et cueille tout ce qui fleurira Ami, ne t’arrête pas en chemin sinon elle te laissera. Et surtout n’oublie pas de vivre. notes de programme | 13 voix de Corse et de Sardaigne Gira, gira, gira, gira Voilà la vie qui vient, voilà la vie qui va Donne-lui la main car elle tourne, elle tourne, elle tourne, elle tourne. Notte Nuit Luna silenziu chi parli cun l’ombre Dimme l’estate di le to stelle Dimmi tutt’i venti chi vanu a nord e a sud O allora più luntanu versu li bianchi deserti Lune silence qui parle aux ombres Raconte-moi l’été de tes étoiles Dis-moi tous les vents qui vont au nord et au sud Ou alors plus loin vers les blancs déserts Luna misteru chi parli cu l’omi Dimmi l’inguernu di le to cità Dimmi le miserie chi vanu a nord e a sud O allora più luntanu versu li neri deserti Lune mystère qui parle aux hommes Raconte-moi l’hiver de tes villes Dis-moi les misères qui habitent au nord et au sud Ou alors plus près de nous vers les noirs déserts Luna rivolta chi parli cun l’ore Dimmi stagione di qualichi sperà Dimmi le to mosse chi vanu a nord e a sud O allora in ogni celu versu li nostri deserti 14 | cité de la musique Lune révolte qui parle aux heures Raconte-moi les saisons de quelque espérance Dis-moi les révoltes qui germent au nord et au sud Ou alors sous chaque ciel de nos déserts. voix de Corse et de Sardaigne biographies Pier Giorgio Masia Né en 1955, depuis son enfance, il a la passion de la musique étudiant au début la guitare comme autodidacte, son instrument préféré. Après avoir fait partie de plusieurs groupes musicaux, il s’est engagé depuis 1993 dans la direction du chœur de Pozzomaggiore en découvrant la beauté de la composition de la mélodie contenue dans les œuvres de la tradition sarde. Chœur de Pozzomaggiore Le Chœur de Pozzomaggiore, depuis le début de son activité s’est proposé de découvrir, maintenir et apprendre toutes les musiques qui sont l’empreinte séculaire et régulière de son propre territoire. Ces dernières années ont vu le chœur découvrir le répertoire masculin et féminin de Pozzomaggiore avec l’aide des concitoyens du village. Un autre objectif du chœur est celui de mettre en valeur les diverses expressions nées d’auteurs de Pozzomaggiore en essayant d’en harmoniser les poésies les plus significatives pour les faire connaître. Les positions chantées du chœur respectent celles de la plus classique tradition sarde que l’on nomme chez nous « su cuncordu » avec les quatre voix dénommées altu, mesa, oghe, basciu, contra. Un style de chant apprécié dans le monde tant pour la caractéristique du système qui fait l’unité des voix que le fait de chanter des pièces qui font parties de la tradition folklorique sarde. Le chœur se propose aussi de faire connaître des chants nouveaux qui enrichissent son propre répertoire tant dans le secteur de la musique sacrée que de la musique profane. tenor I Angelo Arru Francesco Deriu Giorgio Fiori Gino Carta Giovanni Solinas Salvatore Calaresu tenor II Salvatore Antonio Spanu notes de programme | 15 voix de Corse et de Sardaigne Gianni Spanu Giovannino Dettori Mariano Cazzari Tonino Pischedda Domenico Fiori Pier Luigi Cappai contra Stefano Leoni Stefano Cannas Mario Giovannino Calaresu Giovannagelo Calaresu Graziano Saiu Salvatore Pala basso Antonello Madeddu Antonio Lai Grazietto Cuccuru Luca Cannas Antonio Maria Sanna Gianni Nuvoli Jean-Paul Poletti Un père originaire de Venaco, une mère de Santa Maria Figaniella, Jean-Paul Poletti réunit le nord et le sud de la Corse. S’il naît à Ajaccio en 1949, c’est à Bastia qu’il apprend la musique avec son professeur Vincent Orsini. Le classique et le chant lyrique sont à la base de son éducation. Auteur, compositeur, interprète, il a chanté la révolte, prêché 16 | cité de la musique le réveil et donné naissance à un véritable renouveau culturel avec Cant U Populu Corsu. Une aventure qui dure de 1974 à 1981. Vient le temps de la recherche d’autres libertés, d’enrichissements nouveaux pour la polyphonie, d’autres orchestrations, d’autres instruments comme les percussions africaines... En 1986, Jean-Paul Poletti est à l’Olympia et à Bourges l’année suivante. Entre 1987 et 1990, il passe tous ses degrés de chef de chœur à l’école de Fiesole et à celle de Sienne. En 1988, Sergio Vartolo, maître de chapelle à Bologne, réactualise un Oratorio du XVIIe siècle et demande à Jean-Paul Poletti d’y intégrer une partition polyphonique. L’œuvre fera un triomphe à la Fenice de Venise. En 1988, Jean-Paul Poletti écrit, avec le compositeur Costa Papadoukas, un opéra, Théodor de Neuhoff, l’histoire de celui qui fut roi de Corse le temps de 9 mois... et crée en 1989 le Roi de Pierre. Avec le groupe les Nouvelles Polyphonies, il fait l’ouverture des Jeux Olympiques d’Albertville de 1992. Il crée à Cannes la Cantata Corsica (1993) qui fera l’ouverture de la saison du Théâtre du Châtelet en 1995, et reçoit une Victoire de la Musique avec les Nouvelles Polyphonies Corses en 1994. Chœur d’hommes de Sartène Tous les membres du chœur ont une formation classique ce qui leur permet de chanter non seulement les polyphonies traditionnelles mais également le répertoire classique. Le chœur a une expérience d’orchestre (c’est une de ses spécificités) et a travaillé notamment avec William Dickinson (chef de chœur de Winthertur), avec Marian Didu (chef de l’Opéra de Bucarest), John Aldis (chef du London Symphony), le Centre de formation des musiciens itinérants d’Orsay et de Lille, le Centre d’Art Polyphonique de PoitouCharente. Postier de métier, sartenais depuis voix de Corse et de Sardaigne toujours, Jacques Tramoni (basse) a participé à la création du Chœur mixte (Granitù Maggiore) avant de faire partie du Chœur d’Hommes dès 1995. Il travaille avec jean-Paul Poletti depuis 10 ans. Postier également de métier et sartenais depuis toujours, Jean-Claude Tramoni (basse) a été un des pilliers du Chœur mixte dès sa création en 1987. Tout en participant ponctuellement au travail d’autres chanteurs, il est depuis 1995 un élément fondateur du Chœur d’Hommes de Sartène. Il chante avec Jean-Paul Poletti depuis plus de 10 ans. Il a fait partie du groupe les Nouvelles Polyphonies Corses. Etudiant en musicologie à Aix-en-Provence, JeanMarc Jonca est le plus jeune membre du chœur. Elève de l’école de chant pendant 4 ans, il a fait partie du Chœur d’Hommes dès sa création. Vivant à Sartène tout en poursuivant ses études, il est issu de l’école de chant et du Grand Chœur. Il a rejoint le Chœur d’Hommes depuis septembre 1997. Entré à 16 ans à l’école de chant, il entre dans le Chœur mixte quelques années plus tard avant de rejoindre le Chœur d’Hommes en 1995. ténor Cyrille Lovighi barytons Yvan Giovannangeli Jean-Marc Jonca Jean-Paul Poletti basses Jacques Tramoni Jean-Claude Tramoni technique Joël Simon régie générale Jean-Marc Letang régie plateau Marc Gomez régie lumières notes de programme | 17