Fanzine 12 oct 2012 RECTO
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Fanzine 12 oct 2012 RECTO
Sors les poubelles! En résidence au Collège Pie 10 Les jeunes sont ils bien représentés sur les listes? Leurs voix sont‐elles prises en compte ? Est‐il facile d’être jeune tout en représentant une couleur politique ? Tentative de réponse avec 3 candidats châtelettains aux élections communales. De partis différents, ils partagent quelques idées : la création d’une maison de jeunes, des rues propres et des routes en meilleur état. QU’EST‐CE QUI VOUS A POUSSÉ(E) À VOUS LANCER EN POLITI‐ QUE? QUELS SONT VOS OBJECTIFS POUR 2013? QUELS CHANGE‐ MENTS VOULEZ‐VOUS APPORTER? Jessica Pavone, Les Intérêts Citoyens de Châtelet Jessica Pavone, Les Intérêts Citoyens de Châtelet Beaucoup de choses… J’aimerais que les choses bougent, c’est un peu révolutionnaire. Il y a des choses à régler, à améliorer dans la ville de Châtelet. Donc je me suis dit : « Pourquoi pas moi, qui suis déterminée et qui ai plein de projets ? » Je pense qu’il y a beaucoup de choses à améliorer, notamment les routes qui ont été dégradées. Il y a aussi beaucoup de jeunes qui s’ennuient. Il pourrait y avoir plus d’infrastructures pour eux (des aires de jeux, des maisons de jeunes) J’espère qu’on va nous entendre et que les choses vont bouger parce que les ci‐ toyens paient beaucoup de taxes, et on pourrait faire quelque chose de mieux avec cet argent. Zaïna Ihirrou, Ecolo AVEC Octobre 2012 Betül, Camilla, Emy, Fanny, Justin, Margot, Mégane, Oli‐ via, Pauline, Samantha, Stéphane, Véronica, Yasmina, Madame Gillard, Monsieur Massart et l’équipe du Centre Jeunes Taboo Un projet initié et réalisé par le Centre Jeunes Taboo, en partenariat avec Daniel Massart et Claude Gillard, profes‐ seurs au Collège Pie 10 de Châtelineau, et avec le soutien de l’établissement. Edito Cette année, Taboo revient « en résidence » au Collège Pie10. Pour cette deuxième édition du fanzine ’Sors les poubelles’ en résidence, Taboo a lancé un défi au 6éme de l’option Technique Sociale: aborder les sujets périlleux, laborieux, parfois ennuyeux mais plein d’enjeux, des élections et de la démocratie. éme Les 6 TS ont accepté de réaliser ce défi en un temps record. C’est qu’il fallait que ce petit bout de papier atterrisse dans vos mains avant la date fatidique du 14 octobre… Jour des élections communales. Pour des étudiants, parler des élections ça n'est pas facile, car rares sont ceux qui s'intéressent à la politique. Mais ils ont relevé leurs manches et bousculé leurs cerveaux à peine rebranchés sur la fréquence scolaire, ils ont atteint leurs objectifs avec beaucoup d'acharnement et de recherches, et ont appris un tas de choses. Vous tenez le résultat en main! Enfin, la 1ère partie du résultat… Oui, parce que comme cette fois, ce n’est pas une mais deux classes de rhétos qui ont participé, un second fanzine consacré aux élections sortira le 24 octobre pro‐ chain… Parce que la démocratie, ce n’est pas juste glisser un bulletin de vote dans une urne! Ca se passe aussi après! Le droit de vote aux étrangers Qu’est‐ce qui pousse un jeune à s’engager en politique? En fait, je l’ai senti vraiment comme une vocation dès l’âge de mes 13 ans . A l’époque c’était les élections en France et ça m’a passionnée et c’est à ce moment‐là que j’ai découvert, au fur et à mesure des lectures, que la politique, c’était ce qui permettait d’organiser la vie en société, de vivre ensemble. Calogero Lentini, CDH Tout d’abord, mon père est déjà présent dans le parti. A la mai‐ son, on parle beaucoup de politique et entre jeunes, on parlait souvent des choses qui n’allaient pas dans la commune. Plutôt que de parler dans le vent et critiquer, j’ai décidé de m’engager pour changer les choses. COMMENT VIVEZ‐VOUS LE FAIT D’ÊTRE EN POLITIQUE? QUEL‐ LES SONT LES RÉACTIONS DE VOTRE ENTOURAGE? Zaïna Ihirrou, Ecolo Plus de dynamisme pour les jeunes et avec eux, la création d’une maison de jeunes, car nous sommes une des rares com‐ munes à ne pas en avoir une. Ce sera réservé aux rassemble‐ ments, à surfer sur le web, à jouer ensemble. Je souhaiterais aussi améliorer la sécurité et la propreté. Calogero Lentini, CDH Mes objectifs sont semblables à ceux du parti, mais j’ai des pro‐ jets qui me tiennent plus à cœur que d’autres. Comme par exemple, faire un aménagement adéquat des trottoirs pour les personnes âgées et handicapées ou encore construire des mai‐ sons de jeunes. Il ne s’agit pas juste de trouver un terrain et de laisser les jeunes sans animation, il faut créer des activités avec Jessica Pavone, Les Intérêts Citoyens de Châtelet Zaïna Ihirrou, Ecolo Je suis engagée dans la politique depuis une dizaine d’années, mais je ne gagne pas ma vie grâce à la politique. J’ai donc un emploi sur le côté. C’est souvent vers moi que ma famille et mes amis viennent pour trouver des réponses à leurs questions, au niveau de l’actualité, des faits divers, par exemple. Calogero Lentini, CDH Je suis soutenu par les membres de ma famille. Mes camarades à l’université me taquinent souvent par rapport au fait que je me présente, mais ce n’est pas bien méchant. Les réactions sont souvent positives. Pendant longtemps, les étrangers, c'est‐à‐dire les personnes résidant en Belgique mais n’ayant pas la nationalité belge, n’ont pas pu voter. Dès 1998, les étrangers européens accèdent au droit de vote pour les élections communales. Ce droit est étendu aux étrangers non européens à partir de 2004. Pour qu’une per‐ sonne étrangère puisse voter aux élections, elle doit respecter certaines conditions : avoir au moins 18 ans, séjourner légale‐ ment et résider principalement en Belgique depuis au moins 5 ans et jouir de ses droits civils et politiques. Elle doit surtout se rendre dans sa commune et y remplir le formulaire d’inscription avant le 31 juillet 2012. Une démarche à effectuer une seule fois pour toutes les élections qui suivront. Accorder le droit de vote aux étrangers, c’est construire avec tous les citoyens résidant en Belgique une société choisie par tous. C’est ce que pense Nina, la quarantaine, de nationalité espagnole : « J’ai le droit de donner mon avis et de participer aux décisions du pays dans lequel je vis ». En accord avec la déclara‐ tion des Droits de l’Homme ratifiée par la Belgique, c’est une manière d’assurer à tous les citoyens une égalité de droits. Il y en a beaucoup qui m’ont demandé comment j’avais fait. Cer‐ tains m’encouragent et d’autres se moquent. Tout le monde n’aime pas la politique, et les jeunes, en général, ont horreur de ça. Certains me disent : « La politique c’est de la merde, on ne va voter pour personne, on va remettre un bulletin blanc ». Le 14 octobre 2012 se tiendront les élections communa‐ les. Le vote est obligatoire pour tous les Belges. Certains étrangers voteront aussi. Quelles sont leurs motivations ? Et les autres, pourquoi ne votent‐ils pas ? EN TANT QUE JEUNE, EST‐CE QUE VOTRE VOIX EST AUTANT PRISE AU SÉRIEUX QUE CELLE D’UN PLUS ANCIEN? Jessica Pavone, Les Intérêts Citoyens de Châtelet Je ne sais pas… Mais j’espère que des personnes vont voter pour moi. Zaïna Ihirrou, Ecolo Je pense que c’est une question de personnalité avant tout : dans mon éducation, on m’a appris à respecter et à écouter une personne quelque soit son âge, son origine. Donc à ce niveau là, je n’ai pas été jugée. Qu’importe l’âge, c’est une question de mentalité. Calogero Lentini, CDH Il y a toujours des personnes plus âgées qui disent avoir plus d’expérience, que leur voix compte plus que celle d’un autre, mais en tant que « plus jeune », nous faisons en sorte d’être écoutés. Et à Châtelet ? Seulement 21.4% des étrangers qui entrent dans les conditions ont manifesté leur envie de participer au scrutin du 14 octobre. Christophe Jonik, du Centre Régional d’Intégration de Charleroi (CRIC), explique ce faible pourcentage d’inscrits: « La communi‐ cation à été très tardive. Elle a commencé début mai, alors qu’elle aurait dû démarrer en février. Il faut souvent du temps aux personnes concernées pour réagir, d’autant plus que certai‐ nes partent en vacances. En outre, les partis politiques n’ont pas distribué leur programme assez tôt. S’ils l’avaient fait, plus de personnes se seraient sans doute inscrites, pour soutenir un par‐ ti. Chez les citoyens belges, le vote est une tradition culturelle, transmise de génération en génération. Ce n’est pas le cas dans les pays où le vote n’est pas obligatoire ou n’existe pas. Il faut donc susciter l’habitude auprès des populations étrangères en Belgique ». Pour donner envie aux ressortissants étrangers d’al‐ ler voter, le CRIC a organisé une campagne de sensibilisation. Ils ont réalisé des affiches et des flyers qu’ils ont distribués dans des associations ou les personnes étrangères se rendent (ex : le CPAS). Ils ont aussi tourné une vidéo diffusée sur Télésambre et projetée lors d’événements culturels, ainsi qu’enregistré un clip audio qui a été entendu sur de nombreuses radios dans la ré‐ gion. Il reste du boulot, donc, mais il ne faut pas baisser les bras. Faire participer tous les citoyens à la prise de décision et ouvrir le dia‐ logue avec tous les acteurs de la société, nous permettra de construire une société interculturelle fondée sur l’égalité, la soli‐ darité et le respect. Pour ou contre le vote obligatoire? LES PARTISANS DU « POUR » Rappelons-nous de tous ces gens qui se sont battus pour nous attribuer le droit de vote et la liberté d’expression... Cela fait un bout de temps que le vote est obligatoire en Belgique. Après toutes ces années, le débat fait toujours rage entre les partisans et les opposants à l’obligation de voter. Dans notre école aussi, le débat a pris place… Petit compte-rendu des différents points de vue Nous ne pensons pas assez souvent, lorsque nous allons voter, que des personnes, et peut-être même de notre famille, nous ont obtenu ce droit exceptionnel que tant de pays rêvent d’avoir. En Belgique, le droit de vote est obligatoire et c’est une bonne chose pour de multiples raisons... On n’en a pas vraiment conscience mais cela pousse, au moins tous les deux ans, toute notre population à s’intéresser un peu plus à la politique. Chaque avis compte et peut engendrer le changement dont tout le monde rêve. Quel que soit le milieu social ou encore la classe dans laquelle nous évoluons, nous avons cette possibilité d’exprimer ce que l’on pense. Et ça, c’est important ! C’est une façon de responsabiliser les citoyens même lorsqu’ils sont en opposition avec les idées proposées. Je suis pour: le vote obligatoire pousse les gens à s’intéresser au moins une fois tous les deux ans à la vie politique. En plus, il apporte une égalité, la majorité de la population donne son vote. J’aime beaucoup une citation qui dit « La démocratie ne s’use que si on ne s’en sert pas » Je pense que c’est une bonne chose pour combattre la paresse naturelle des gens « Il va encore falloir se lever tôt… » : voilà ce que l’on entend le plus souvent. Il y a également le fait que certains ne savent pas pour qui voter, principalement à cause du manque d’information sur les candidats, mais aussi à cause du manque de crédibilité de certains politiciens. Au final, certains citoyens iront voter blanc, car beaucoup ont le sentiment que le vote n’amène pas de changements. Trompés par beaucoup de promesses, ils ont perdu confiance et se retrouvent complices d’un système qui ne leur convient plus. Pour certains, le fait que le vote soit obligatoire est contraire à la liberté de pensée dans une démocratie : pour eux cela devrait être un droit et non une obligation. CE QU’ILS EN PENSENT... CE QU’ILS EN PENSENT... Je pense que c’est notre devoir de citoyen, les gens devraient prendre conscience de leurs droits et devoirs. Surtout que parfois certains partis comme le FN passent LES PARTISANS DU « CONTRE » L’Etat ne fait rien pour nous, à part augmenter les prix et libérer Michèle Martin. En Belgique, on est trop taxés, l’euro a tout tué. Je trouve que le citoyen doit participer au vote car c’est bien pour ça que dans le passé on s’est battu, car on voulait que tout le monde ait son mot à dire. Voir que maintenant certaines personnes refusent de participer me révolte. Le citoyen revendique sans cesse ses droits mais prend-il la peine d’exercer ses devoirs dans le cas présent ? C’est un pays démocratique, donc ça ne doit pas être obligatoire. Il n’y a jamais rien qui bouge… Parfois on vote pour des gens qu’on n’aime pas, parce qu’on se sent obligé ou alors on vote blanc, ce qui est ridicule car ça va à la majorité. (En réalité, les votes blancs n’entrent simplement pas en compte dans le résultat des élections) ET DANS LES PAYS OÙ LE VOTE N’EST PAS OBLIGATOIRE? • Tout le monde se souvient des conséquences qu’a subies la France il y a plus de 10 ans lors de l’élection présidentielle… La population ne s’était pas précipitée pour voter au 1er tour, et le parti du « Front National » dirigé par Jean-Marie Le Pen s’est créé un début de chemin vers la présidence. Je suis pour le libre choix : Le vote ne doit pas être une obligation mais un droit. Je ne veux pas donner de crédit aux foutaises, donc je reste dans mon lit. Le droit de vote en Belgique La Belgique a donné naissance au droit de vote en 1830. A l’é‐ poque, elle comptait 44 099 électeurs sur 3 905 205 habitants. En gros, seul 1% des Belges pouvaient voter, ceux qui payaient le « cens », c’est‐à‐dire principalement les riches. 55 ans plus tard, le Parti Ouvrier Belge commence à réclamer le droit de vote pour tous. En 1893, le droit de vote devient obligatoire pour les citoyens masculins âgés de plus de 25 ans. Cependant, les bourgeois, médecins et autres personnes économiquement favorisées ont le privilège d’avoir un ou plusieurs votes de plus que les autres. En 1919, le POB “arrache” le suffrage universel, pour les hommes uniquement et à partir de 21 ans : 1 homme = 1 voix. Les femmes devront continuer à se battre jusqu’en 1948 pour l’obtenir. Plus tard, le droit de vote est accordé à tous les Belges à partir de 18 ans. Ce n’est qu’en 2006 que les étrangers résidant en Belgique et remplissant certaines condi‐ tions peuvent enfin voter, aux élections communales. DANS LES PAYS OÙ LE VOTE EST OBLIGATOIRE • Ce n’est pas parce que le droit de vote est obligatoire que cela empêche des partis extrémistes d’obtenir presque 1/3 des • Dans les pays où le vote n’est pas obligatoire, le résultat des élections ne représente pas ce que pense la totalité de la po- votes. Par exemple, en Belgique en 2009, la NVA, un parti tenant des propos jugés extrémistes par une partie de la population, a été élue à 29,5 %. pulation, mais uniquement l’avis de ceux qui se rendent aux urnes. En Belgique, par contre, comme tout le monde est obligé de voter, le résultat des élections représente l’opinion de toute la population. • En France, aux élections présidentielles de 2002, un parti extrémiste (le Front National) est passé au 1er tour. Les Français • Le vote non obligatoire peut aussi renforcer les discriminations au sein de la population. Une étude de l’American Political ont été motivés à user de leur droit et ont couru aux urnes au 2ème tour pour empêcher Jean-Marie Le Pen de devenir Président. Tandis qu’en Belgique, les électeurs, obligés de voter, peuvent décider de choisir des partis extrémistes dans le but de contester l’obligation de vote ou encore d’envoyer un message aux partis qui les ont déçus. D’autres encore feront un vote blanc qui ne sera pas comptabilisé dans les scrutins. Sciences Review, parue en 1997, le démontre. Elle établissait que le statut socio-économique d’un individu influence sa participation politique : les plus fortunés s’intéresseraient davantage à la vie politique que les moins aisés financièrement. En outre, les classes les plus démunies sont les premières à disparaitre de la scène politique car les politiciens ont tendance à vite négliger les tranches de la population qui ne se rendent plus aux urnes. • En plus, malgré l’obligation, il y a selon le Centre d’étude de la vie politique de l’ULB, entre 8 et 10% des électeurs en • Enfin, nous avons constaté que l'obligation de voter a une grande influence sur le nombre de citoyens qui vont effective- moyenne qui ne se rendent pas aux urnes en Belgique. Les facteurs qui poussent à l’abstention peuvent dépendre de raisons de santé ou d’absence du pays, voire d’un refus délibéré d’aller voter. A titre d’exemple, en 2003, à Charleroi, le taux de personnes qui n’ont pas participé aux élections s’élevait à 12,9%. Il était de 14,4% à Liège. ment voter. En Belgique, même si le vote est obligatoire il reste 15% des citoyens qui ne votent pas, mais la France et les Etats-Unis ont un taux d'abstention beaucoup plus élevé! Cela prouve bien que pour permettre à toute la EN CONCLUSION population d'être représentée, il faut maintenir un vote obligatoire. Trouvez-vous que ce soit antidémocratique d’être obligé de voter, ou trouvez-vous plutôt cela normal d’honorer ceux qui se sont battus pour ce droit ? Certaines personnes pensent que l’obligation du droit de vote pousse les gens à s’intéresser à la politique, mais d’autres, au nom de la liberté de pensée, sont contre le système du vote obligatoire. Des gens se sont battus pour le droit de vote, mais certains pensent que cela devrait rester juste un droit civique, et non une obligation. Enfin, d’autres ne veulent pas se mêler aux pratiques jugées scandaleuses des politiciens. Une proposition pour réconcilier les points de vue ? Peut-être imaginer un système de vote électronique à la maison via une connexion internet…