The house Taken over

Transcription

The house Taken over
Vasco Mendonça
The House
Taken
Over
La Maison envahie
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Le Festival d’Aix, atout lyrique de la
capitale culturelle
« La Méditerranée, des mythes antiques aux défis contemporains ». En retenant ce thème pour le
65e Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, son directeur Bernard Foccroulle, homme de culture
et d’engagement, met une fois de plus le Festival sur les routes du dialogue, de l’échange et de
confrontations artistiques fructueuses.
L’édition 2013 du Festival d’Aix-en-Provence propose un programme éblouissant avec trois œuvres
majeures et emblématiques, Don Giovanni de Mozart, Rigoletto de Verdi, Elektra de Richard Strauss
et un ouvrage baroque, Elena de Francesco Cavalli. À nouveau, le Festival s’intéresse à la création
contemporaine en présentant en première mondiale The House Taken Over, commande au jeune
compositeur portugais, Vasco Mendonça. Ces œuvres, présentées en coproduction avec les maisons
d’art lyrique les plus prestigieuses, seront conduites par des chefs d’orchestre et des metteurs en scène
d’exception et interprétées, entre autres, par plusieurs artistes issus de l’Académie européenne de
musique.
La programmation de la manifestation s’inscrit dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Capitale
européenne de la culture. C’est l’occasion pour le Festival de favoriser des moments de rencontre
autour des cultures d’Europe méridionale, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, entre autres, à
travers la présentation d’œuvres de Jasser Haj Youssef, de Fabrizio Cassol et la circulation d’œuvres
sur le territoire régional.
Cette année s’ouvrira, pour la première fois, par un prélude : le « Festival d’Aix en juin », qui
proposera au public de nombreux spectacles et événements donnés par les jeunes artistes de
l’Académie européenne de musique et par les artistes des productions du mois de juillet. Je ne peux
que me réjouir de cette initiative qui témoigne du foisonnement du Festival et de sa volonté, face à son
succès grandissant, de s’ouvrir davantage encore.
Enfin, je salue le travail éducatif mené par le Festival. Les programmes de sensibilisation en direction
du jeune public, qu’ils prennent la forme de premiers pas vers la découverte de l’opéra ou d’activités
créatives autour de l’art lyrique, constituent autant de moments forts pour tous ceux qui y participent.
Le Festival d’Aix-en-Provence réunit de nombreux artistes et techniciens sous la responsabilité d’une
équipe permanente, que je salue chaleureusement. Il bénéficie également d’un partenariat fort entre
des collectivités publiques, et d’un soutien fidèle de partenaires privés, dont je veux souligner ici le
caractère exemplaire. À toutes et à tous, au large public présent à Aix-en-Provence, je souhaite un très
beau festival 2013.
Pour sa 65e édition, le Festival d’art lyrique, rendez-vous incontournable des amateurs d’opéra du
monde entier, continue de nous étonner. Cette année encore, la programmation riche, multiple et
engagée prouve que le Festival sait rassembler sous sa bannière les plus grands artistes et orchestres
internationaux. Sa renommée assure à Aix-en-Provence une place de premier plan sur la scène
culturelle mondiale. Les amateurs d’art lyrique s’y pressent chaque été. Venus des quatre coins du
globe, ils deviennent à leur retour de formidables ambassadeurs de notre ville.
Cette année, le Festival aixois apporte son aura et sa qualité à Marseille-Provence 2013, Capitale
européenne de la culture, et nous nous en réjouissons.
Comme de coutume, Bernard Foccroulle nous offre une savante alchimie en mêlant des œuvres connues
du plus grand nombre à des œuvres plus confidentielles. Cette audace chaque année renouvelée a
conforté la renommée d’Aix en Provence.
Le Festival, c’est primordial, reste accessible à tous, et depuis douze ans je m’efforce de faire partager
cet art au plus grand nombre, y compris à ceux pour qui cette forme artistique ne va pas de soi.
Nous avons multiplié les retransmissions gratuites et les places à prix réduit. La première
retransmission de Don Giovanni sur écran géant il y a dix ans dans le Théâtre de verdure au Jas de
Bouffan avait permis à des centaines de personnes d’écouter dans un silence quasi religieux cet opéra
si emblématique du Festival d’Aix.
Le succès de ces rendez-vous valide nos ambitions. L’art lyrique est avant tout affaire d’émotions. En
cela, il est universel. Depuis 2007, Bernard Foccroulle assure la direction du Festival avec beaucoup
de talent et de vision. Le travail de toute son équipe en matière de transmission, en particulier vers les
plus jeunes, est absolument remarquable. Le cas aixois des enseignements artistiques et culturels, qui,
jusqu’à Paris, fait référence, est là pour en témoigner.
La transmission intergénérationnelle permet non seulement la construction de l’avenir, mais ouvre à
la tolérance et à la connaissance de l’autre. Pour les générations futures et pour chacun d'entre nous.
Maryse Joissains Masini
Maire d’Aix-en-Provence
Président de la Communauté du Pays d’Aix
Aurélie Filippetti
Ministre de la Culture et de la Communication
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La Méditerranée, des mythes antiques
aux défis contemporains
Le Festival 2013 s’inscrit dans la recherche de l’excellence et d’une plus grande ouverture au public
avec la création du «Festival d’Aix en juin ».
L’excellence : en 2013 seront présentées quatre nouvelles productions originales du Festival d’Aix-enProvence et de l’Académie européenne de musique. À noter que le Festival continue dans sa tradition
avec une création contemporaine et une recréation d’un opéra italien du XVIIIe siècle qui n’a jamais été
joué depuis lors. Le Festival présente également quinze concerts ainsi que différentes manifestations
organisées par l’Académie européenne de musique.
Dans le domaine de l’ouverture au public, le Festival poursuit, depuis plusieurs années sur l’impulsion
de Bernard Foccroulle et de moi-même, un effort systématique qui va se concrétiser cette année par la
création du Festival d’Aix en juin.
Du 14 juin au 1er juillet, des manifestations musicales gratuites permettront à un public plus varié, plus
nombreux, plus jeune, de découvrir le Festival d’Aix-en-Provence, l’Académie des jeunes artistes
et les ateliers créatifs du programme « Passerelles » que les services éducatif et socio-artistique du
Festival font vivre toute l’année.
Le Festival d’Aix en juin trouvera son point culminant dans la représentation d’extraits de Rigoletto de
Verdi dans la soirée du dimanche 30 juin, sur le Cours Mirabeau.
Je pense que cette ouverture au public, au monde associatif et à celui des écoles est essentielle. Dans ce
domaine nous avons d’autres projets, notamment avec la nouvelle université d’Aix-Marseille, la plus
importante de France.
Le Festival est toujours largement diffusé grâce aux retransmissions radios et télévisuelles de nos
partenaires Arte et Radio Classique, France Musique, France Télévision et ARTE Live web. Ces
retransmissions sont complétées par des projections gratuites, en direct et en plein air, avec cette
année : deux opéras Rigoletto de Verdi et Elektra de Strauss, projetés sur grand écran à Aix-en-Provence
et dans neuf autres villes.
Nous tenons à remercier les partenaires publics et les mécènes privés qui nous soutiennent fidèlement.
Et merci à vous, spectateurs enthousiastes, chaleureux et nombreux.
Très beau Festival 2013 !
Bruno Roger
Président du Festival d’Aix-en-Provence
Ambassadeur culturel européen 2013
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Cette année, le Festival d’Aix célèbre les grands anniversaires de Verdi, Wagner, Britten et Poulenc et
apporte une contribution spécifique au projet de Marseille-Provence 2013, Capitale européenne
de la culture. Partageant de nombreuses affinités avec cette manifestation depuis le tout début de
l’élaboration de son projet, notre Festival entend s’ouvrir davantage sur le bassin méditerranéen,
si proche et si lointain.
Entre rêves, nostalgies, larmes et espérances, la Méditerranée nous apparaît comme un espace qui
sépare et qui relie trois continents, elle est une longue histoire de métissages et de migrations, une
mémoire collective, un fabuleux patrimoine partagé. Le programme du Festival 2013 offre ainsi
l’occasion d’un dialogue fécond entre traditions et modernité, entre héritages et visions du futur. De
grandes figures mythiques sont ainsi au cœur du Festival, telles Clytemnestre et sa fille Électre, la belle
Hélène qui fut à l’origine de la guerre de Troie, ou, plus proches de nous, Don Giovanni, Roméo et
Juliette, le bouffon Rigoletto et sa fille Gilda.…
Le Festival est heureux et fier d’accueillir quelques-uns des plus grands artistes du monde lyrique,
parmi lesquels Patrice Chéreau et Esa-Pekka Salonen, Robert Carsen et Gianandrea Noseda, Dmitri
Tcherniakov et Marc Minkowski. Les chanteurs les plus célèbres côtoieront les jeunes talents révélés
par notre Académie. La recréation d’Elena de Cavalli et la création mondiale de Vasco Mendonça, The
House Taken Over, encadreront les chefs-d’œuvres de Mozart, Verdi et Strauss.
Le London Symphony Orchestra, en résidence à Aix pour la quatrième année, l’Orchestre de Paris, le
Chœur de la Fondation Gulbenkian, le Quatuor Jerusalem, des solistes et ensembles prestigieux nous
donneront à entendre Wagner, Mendelssohn, Janáček, Mozart, Britten, Milhaud et bien d’autres.
L’Académie 2013 réunira plus de deux cents jeunes artistes venus du monde entier et leur proposera
formations, ateliers interdisciplinaires, créations, concerts et productions lyriques. Poulenc et Britten
y seront à l’honneur, de même que la musique baroque vénitienne. L’Orchestre des Jeunes de la
Méditerranée accompagnera une centaine de jeunes danseurs emmenés par Josette Baïz à la rencontre
du Roméo et Juliette de Prokofiev.
Le Festival d’Aix s’attache depuis des années à favoriser la rencontre des cultures traditionnelles et
récentes, populaires et savantes, d’Europe méridionale, d’Afrique du nord et du Proche-Orient. Cette
année, Jasser Haj Youssef rassemblera des jeunes cordes de l’OJM autour de son quatuor, et Fabrizio
Cassol invitera des musiciens de différentes origines à se retrouver sur une création originale, d’où
nous parviendront les échos et frémissements de la Place Tahrir.…
Quelle que soit la rive où nous nous trouvions, puisse la création artistique éclairer notre chemin.
Bernard Foccroulle
Directeur général du Festival d’Aix-en-Provence
Ambassadeur culturel européen 2013
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Vasco Mendonça (NÉ EN 1977)*
The
House
Taken
Over
La Maison envahie
Texte de Sam Holcroft
d’après la nouvelle Casa Tomada de Julio Cortázar
Création mondiale
Commande du Festival d’Aix-en-Provence et de LOD
Direction musicale Mise en scène
Scénographie
Dramaturgie
Costumes
Lumière
Etienne Siebens
Katie Mitchell
Alex Eales
Lyndsey Turner
John Bright
James Farncombe
Assistant musical Grégory Moulin
Pianiste
James Longford Assistant du metteur en scène Robin Tebbutt
Brother Sister Oliver Dunn
Kitty Whately Ensemble instrumental
Asko | Schönberg ensemble
En coproduction avec LOD, le Grand Théâtre du Luxembourg, deSingel, la Fondation Calouste Gulbenkian de
Lisbonne et l’ensemble Asko | Schönberg.
Avec le soutien d’
–(
reçoit le soutien du Programme Culture de l’Union européenne)
Spectacle en anglais surtitré en français – 1h sans entracte
Domaine du Grand Saint-Jean 6, 8, 11, 13, 16 et 17 juillet 2013 – 22h / Ouverture du domaine dès 20h
Retransmis en différé sur FRANCE MUSIQUE le 3 août 2013 à 12h40
*ancien artiste de l’Académie européenne de musique
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Argument
premier acte
Une vaste demeure de famille à Buenos Aires, en
Argentine, dans les années 1940. Hector et Rosa,
frère et sœur, prennent leur petit déjeuner dans
la salle à manger. Quand sonnent neuf heures,
ils commencent leur rituel du ménage quotidien,
défendant leur héritage contre les assauts de la
poussière et de la saleté. À midi pile, ils s’arrêtent
pour déjeuner.
Plusieurs jours plus tard, une fois le ménage
du matin terminé, Rosa passe son après-midi
à tricoter tranquillement sur le canapé tout en
chantant une berceuse. Hector entre, cherchant
ses gants. En ouvrant un tiroir, il découvre tout un
stock de couvertures pour bébé magnifiquement
ornées que Rosa a tricotées. Il sort, n’ayant pas
réussi à trouver le courage de demander à sa sœur
– qui n’a pas d’enfant – pourquoi elle a tricoté
tant de couvertures. Une fois son frère parti,
Rosa recommence à chanter la berceuse de son
enfance.
Quelques jours plus tard, Hector lit un roman à
sa sœur. Lorsqu’il se retrouve seul dans la cuisine
pour préparer le maté, Hector se rend tout à
coup compte que quelque chose ne va pas dans la
maison. Rosa a la même sensation troublante au
même moment. Pris de panique, Hector claque la
porte qui sépare les deux ailes de la maison puis la
verrouille. Il se prépare à donner une explication
à sa sœur et retourne ensuite dans le salon pour
apporter le maté. Rosa pousse alors Hector à
accepter qu’une partie de la maison soit envahie.
Ils devront donc vivre de ce côté de la porte.
deuxième Acte
Le matin suivant, Hector et Rosa tentent de se
raccrocher à leurs rituels habituels : prendre le
petit déjeuner, mais dans une partie plus petite
de la maison de famille, et nettoyer ce qu’il reste
de leurs biens. Cependant, avec moins d’objets à
astiquer, ils terminent rapidement et se voient
obligés de déjeuner à dix heures trente.
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Deux jours plus tard, Rosa fait passer le temps en
tricotant, tandis qu’Hector, lui, lit des manuels, les
seuls livres accessibles de ce côté-ci de la maison.
Pour tromper l’ennui, Rosa suggère à son frère de
trier les vieilles photographies de leur père. Tandis
que la tension monte, Hector commence à railler
Rosa à propos de Lucho, son ancien prétendant.
Rosa demande alors à son frère d’aller lui chercher
de la laine, mais, comme Hector refuse de quitter la
maison, elle détricote ses couvertures qu’elle aime
tant.
Plus tard, la même nuit, Rosa fait un cauchemar
saisissant dans lequel elle s’imagine être le
perroquet empaillé que la famille a gardé dans la
maison. Elle se réveille terrifiée.
Le lendemain, Rosa et Hector prennent leur petit
déjeuner ensemble. Les tensions entre eux sont
maintenant évidentes, douloureuses. Tandis
qu’ils se disputent à propos des souvenirs qu’ils
ont de leurs parents, ils s’arrêtent brusquement,
terrifiés. Instinctivement, ils vont se réfugier
dans le vestibule et ferment la porte en fer forgé.
Tous deux sont d’accord sur le fait que la maison
est maintenant entièrement envahie. Rosa pense
qu’ils devraient partir, mais Hector insiste pour
qu’ils restent.
troisième Acte
Quelques minutes plus tard, Hector tente de
reproduire leur rituel matinal, s’efforçant de
convaincre sa sœur qu’il est encore supportable
de vivre dans la maison. Rosa commence par
l’aider mais sa volonté finit par fléchir. Après
avoir essayé d’apaiser sa sœur, Hector lui accorde
finalement qu’ils ne peuvent plus vivre dans
la maison de leurs ancêtres et qu’ils doivent la
quitter. Le frère et la sœur font leurs premiers
pas vers une nouvelle vie.
Vue d’ensemble
The House Taken Over est un opéra de chambre
du compositeur portugais Vasco Mendonça
sur un livret de la dramaturge anglaise Sam
Holcroft. Il s’agit d’une œuvre commandée par le
Festival d’Aix-en-Provence et par la structure de
production LOD (basée à Gand). Ce projet lancé
par Vasco Mendonça, qui désirait créer une forme
lyrique en s’inspirant d’une courte nouvelle de
Julio Cortázar, a pu être développé dans le cadre
de l’Atelier Opéra en Création de l’Académie
européenne de musique, qui fait partie intégrante
du Festival d’Aix-en-Provence.
La
nouvelle
originelle,
Casa tomada
(littéralement : « maison occupée »), est parmi
les premières que Cortázar a écrites sur des sujets
à coloration fantastique. Publiée en 1946 dans la
revue Anales de Buenos Aires que dirigeait Jorge
Luis Borges, elle a été intégrée par la suite dans
le recueil Bestiario, en 1951. Elle raconte l’histoire
d’un frère et d’une sœur qui habitent une maison
de famille dont ils ne sortent presque plus.
Depuis le temps qu’ils y sont reclus, ils ont pris
des habitudes qui sont devenues des rituels. Et
quand, régulièrement, des bruits se font entendre
dans une des pièces de la vaste demeure, ils la
condamnent. Leur espace de vie rétrécit ainsi,
jusqu’à les forcer à quitter la vieille maison.
Livret
À partir de ce récit narré par le frère, Sam
Holcroft a tiré un texte dramatique destiné à la
mise en musique – c’est la première fois que cette
jeune auteur de théâtre britannique écrit un livret
d’opéra. Elle s’attache à donner une tonalité
quotidienne aux occupations bien réglées des
deux personnages, tout en entrouvrant la porte
sur les nombreuses zones d’ombre et de non-dit
qui les hantent. L’opéra, d’une durée d’environ
une heure et structuré en trois actes, eux-mêmes
subdivisés en plusieurs scènes, expose le déroulé
d’une journée normale dans le premier acte, puis
la vie « déréglée » de Rosa et Hector dans les
deuxième et troisième actes. Élaboré en étroite
collaboration avec la metteur en scène Katie
Mitchell, la dramaturge Lyndsey Turner et le
compositeur lui-même, le livret de Sam Holcroft
s’efforce de donner une vie concrète et théâtrale
aux deux personnages.
Musique
Quant à la musique de Vasco Mendonça,
conçue pour deux voix (une mezzo-soprano
et un baryton) ainsi qu’un ensemble de treize
instrumentistes, elle travaille sur des teintes
plutôt sombres et homogènes, privilégiant les
gestes musicaux expressifs de manière à faire
rejaillir tous les non-dits de ce duo singulier et
de leur étrange demeure. Aux aspects concrets
et quotidiens du texte, la musique apporte ses
mystères. Elle traduit à la fois le déni dans lequel
s’enferment Hector et Rosa, déni qui prend
la forme d’activités quotidiennes exécutées
machinalement (et traduites par une musique
presque « machiniste »), mais aussi leurs
frustrations et leur part d’ombre qui refont
surface régulièrement et prennent parfois
la forme d’un lyrisme irrépressible. Par sa
concentration toujours expressive et le charme
indéfinissable qui s’en dégage, The House Taken
Over touche à une forme de quintessence de
l’opéra de chambre.
Sam Holcroft
traduction de Sophie Magnaud
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Servir le drame
et le nourrir en même temps
D’abord son ambiguïté. Une grande part de sa puissance provient du fait qu’on peut l’interpréter de
nombreuses manières différentes : politique, psychologique, intime... Cortázar n’enferme pas son
histoire dans une signification unique – cela m’a stimulé. Et ce texte contient aussi quelque chose que
je suis très intéressé d’explorer : une relation violente mais aussi transcendante entre deux personnes
à l’intérieur d’un cadre domestique. C’est quelque chose de très fort, un regard sur le mystère des
relations humaines que l’on trouve aussi dans toute une part du théâtre contemporain, notamment
celui d’Harold Pinter. Dès le début de la nouvelle, les deux personnages, le frère et la sœur, ont une
relation étrange dont nous ne connaissons pas exactement la nature. Et quand leur maison commence
à être « envahie », cela déclenche quelque chose entre eux, cela les force à se regarder en face, à se
confronter l’un à l’autre. Du coup, une certaine énergie qui était un peu endormie dans leur vieille
maison étrange, sans doute par déni, se met soudain à vibrer et nous devenons témoin de tensions très
fortes entre ces deux êtres.
Entretien avec Vasco Mendonça, compositeur de The House Taken Over,
Propos recueillis par Alain Perroux
Si l’on met de côté votre œuvre de théâtre musical Jerusalem, que vous décrivez vous-même comme
une sorte d’oratorio scénique, The House Taken Over est votre premier opéra. Qu’est-ce qui vous attire
dans la forme lyrique ?
Pour un musicien comme moi, le théâtre est quelque chose d’enthousiasmant. Ce qui rend la musique
sublime constitue aussi sa malédiction : c’est un art abstrait, ce qui fait sa force, car elle peut exprimer
certaines choses qui restent inaccessibles aux mots ; mais en même temps cette qualité d’abstraction la
place un peu hors du monde. Dès lors l’opéra est un moyen formidable, et sans doute le plus noble, de
remettre la musique en contact avec le monde et de faire de cet art une fenêtre ouverte sur lui. Par ailleurs,
j’aime particulièrement l’opéra parce que sa nature artificielle (cela dit sans connotation péjorative) et
symbolique peut être extraordinairement émouvante et évocatrice. Voilà du moins le sentiment que je
retire de mon expérience avec les opéras du répertoire et c’est la raison pour laquelle j’aime tant l’opéra.
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Vous portiez le projet de The House Taken Over depuis plusieurs années – c’est d’ailleurs un projet que
vous avez eu l’occasion de développer dans le cadre de l’Académie d’Aix et de son atelier Opéra en
Création. Qu’est-ce qui vous a séduit dans la nouvelle de Julio Cortázar qui a servi de point de départ
à ce projet ?
J’ai lu cette nouvelle il y a dix ans et elle m’a d’emblée impressionné. Pour deux raisons essentiellement.
Pour tout compositeur d’opéra se pose la question fondamentale du rapport entre texte et musique :
qu’apporte la présence de la musique dans la représentation ?
Quand vous êtes en relation avec quelqu’un, vous vous confrontez à l’autre sur d’innombrables
niveaux, consciemment ou non. Par exemple quand vous revoyez un proche, souvent certains
fantômes du passé ressurgissent. Ou bien lorsque vous discutez de quelque chose avec quelqu’un,
les conversations antérieures que vous avez eues avec d’autres sur le même sujet forment comme un
héritage que vous portez en vous. La manière dont vous choisissez de vous comporter est déterminée
par votre histoire passée. Ce n’est pas quelque chose de triste, c’est juste quelque chose d’enfoui
en vous qui rejaillit lorsque vous interagissez avec quelqu’un. Ce qui me passionne, c’est de faire
en sorte que la musique nous montre une partie des strates non-exprimées dans la relation entre
ce frère et cette sœur, mais aussi entre eux et la maison, entre eux et l’invasion de la maison. Il
m’intéresse de savoir ce que l’invasion provoque chez eux, plutôt que de savoir qui envahit la maison.
Grâce à la musique, le niveau inconscient de leur relation peut revenir subrepticement à la surface,
comme un banc de poissons qui reste dans les profondeurs de la mer et soudain remonte à la faveur
d’un courant chaud.
Vous avez travaillé en étroite collaboration avec Sam Holcroft, l’auteur du livret. Comment avez-vous
décidé de la structure de ce dernier ?
Dès le départ, certaines choses étaient très claires dans mon esprit. Je savais par exemple que je ne
voulais pas faire de cette nouvelle une pièce politique. Mais d’autres questions restaient ouvertes,
notamment la structure dramatique. Nous avons eu plusieurs discussions avec Sam Holcroft, mais
aussi Katie Mitchell et Lindsey Turner, et à un moment donné, l’idée a émergé que la structure serait
articulée en trois actes toujours plus courts. Que le temps se raccourcisse en parallèle a du sens : c’est
un reflet de l’espace qui rétrécit sans cesse. Cela crée un champ énergétique et une grande intensité
dans la dernière scène.
Quels principes vous ont-ils guidé pour définir l’effectif instrumental ?
Comme il devait s’agir d’un opéra de chambre, je suis parti d’un effectif de type « sinfonietta », c’està-dire à un instrument par pupitre. Mais je me suis vite rendu compte qu’il serait utile de renoncer à
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certains instruments pour en doubler d’autres. Et faire jouer de plusieurs instruments les membres
de l’ensemble. Pour les couleurs et les timbres, avoir deux clarinettes à la place d’un hautbois et une
clarinette permet de créer une texture fluide qui, à mon avis, convient bien à un tel sujet. Parce que la
clarinette est très versatile : elle peut aller partout, sonner avec la douceur d’une flûte ou l’éclat d’un
clairon, et en avoir deux à disposition me donne plus de liberté que d’avoir deux hautbois. Dans le
même ordre d’idée, je n’utilise pas le cor parce que je demande aux deux trompettistes de jouer aussi
du bugle. Celui-ci a une tessiture identique à celle de la trompette, mais il produit un son plus rond et
doux, proche de celui du cor. J’ai ainsi la possibilité d’avoir recours à cette sonorité-là ou de conserver
le son plus perçant de la trompette. J’ai aussi doublé les altos pour donner un son plus plein et solide
aux cordes. Cet effectif, qui ne nécessite que treize instrumentistes, m’offre beaucoup de possibilités
de combinaisons de timbres tout en permettant de conserver une certaine homogénéité du son.
Aux deux personnages, vous confiez des tessitures intermédiaires : mezzo-soprano et baryton...
Je ne voulais pas d’une voix de soprano pour le rôle de Rosa. Parce qu’elle n’est plus si jeune, dans la
nouvelle, et je pense qu’il y a quelque chose de sombre dans son rôle – deux raisons pour lesquelles
la tessiture de mezzo-soprano me semblait indiquée. Quant à Hector, il me paraissait évident aussi
qu’il devait être baryton et non ténor, parce qu’il y a une gravité dans ce rôle, une certaine dignité.
Et en même temps je ne voulais pas d’une basse, de manière à ce que la tessiture du frère puisse se
rapprocher de celle de la sœur. Car la mezzo et le baryton ont une région en commun dans la tessiture,
leurs registres peuvent se mélanger : ils peuvent chanter une même note, mais avec une grande
différence d’intensité. Ce qui produit un très beau contraste.
Vous les faites d’ailleurs chanter en même temps à plusieurs moments...
Quand ils se demandent l’un à l’autre s’ils ont peur, ils chantent dans le même registre pour dire qu’ils
n’ont pas peur, mais en fait je pense qu’ils sont effrayés. Et ce mélange des deux timbres avive le drame.
Dans votre écriture vocale, on sent un contraste entre une écriture très structurée et presque mécanique
qui accompagne les tâches quotidiennes des deux personnages, et des moments de vrai lyrisme, qui
semblent vouloir s’échapper du carcan de leur vie si bien réglée...
La chose qui nous intéressait beaucoup, Sam Holcroft et moi, c’était le mécanisme de leur vie
quotidienne. Dans le premier acte, ce mécanisme est parfois interrompu quand, par exemple, Rosa
trouve un objet qui suscite des réminiscences. À certains moments, le mécanisme s’arrête et ils vont
dans des endroits où ils observent leurs biens, certains objets... Puis le mécanisme redémarre. Donc
dès le début, il y a du sable dans la machine. Mais c’est aussi pour cela qu’ils s’astreignent à leur routine :
quand ils effectuent leurs tâches habituelles, cela les empêche de penser à autre chose, c’est comme si
leur vie intime, leurs souvenirs n’existaient pas. Or ils existent bel et bien en tant qu’êtres humains et
il y a de la frustration, de la mélancolie chez eux. C’est surtout Hector qui, des deux, est le plus dans le
déni. Au fur et à mesure que la musique progresse, on s’intéresse toujours davantage à leur vie intime.
Du point de vue harmonique, vous ne semblez pas prisonnier d’un système, mais vous privilégiez un
travail sur les textures et les gestes musicaux...
C’est juste. Parfois, dans certaines sections, je sais précisément quel objet ou quel « geste », pour
reprendre votre terme, je voudrais en fonction d’un profil émotionnel. Spécialement dans l’écriture
vocale. Car l’opéra, c’est la voix. Je ne veux pas sembler trop radical, mais le traitement des voix et la
manière de chanter créent principalement l’émotion à l’opéra. Et la théâtralité procède de cela. Alors
je voulais un fond sur lequel je puisse travailler avec les voix. En ce qui concerne les hauteurs de notes
et les rythmes, j’utilise un système assez organisé mais très souple. J’ai une espèce de « carte » de
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quelques modes basiques (ou de « séries » si vous préférez, mais je ne les utilise jamais de manière
« sérielle », c’est juste un assemblage de hauteurs). Je l’organise de telle manière qu’à tout moment
je peux suivre plusieurs options. Disons que j’utilise un mode déterminé, généralement de neuf notes
différentes, qui me permet différentes combinaisons, car avec le même mode je peux construire des
phrases presque diatoniques qui donnent l’impression d’être tonales, mais je peux aussi créer des
harmonies dissonantes et jouer avec l’atonalité. Je manipule donc le mode en fonction du profil d’une
scène ou d’un passage. C’est toujours assez structuré, mais sur un plan local. Par exemple si, à un
certain moment, mon instinct me dit qu’il faudrait que la musique soit plus lyrique ou consonante, j’ai
la liberté de faire ces changements de manière très localisée.
À certains moments, notamment dans la scène où Rosa et Hector regardent leurs vieilles photos, ou
encore dans le dernier acte, vous utilisez des cellules répétitives, comme si celles-ci traduisaient la
dimension « fantomatique » de leur vie...
Ces ostinati, je les appelle généralement « mécanismes », car ils font de ces répétitions obsessionnelles
et de leurs variations des sortes de « machines » que l’on peut mettre en marche ou arrêter à tout
moment. De manière plus générale, c’est quelque chose que j’utilise de plus en plus dans ma musique.
Ces mécanismes peuvent être plus ou moins complexes. Parfois c’est presque comme une forme en
mosaïque dans laquelle plusieurs mécanismes fonctionnent en même temps. Et parfois c’est beaucoup
plus simple. Cette idée de répétition est importante, car elle reflète la nature obsessive de ces deux
êtres et leur obstination à vouloir rester dans la maison. Par exemple dans la dernière scène, quand
le frère tente par tous les moyens, pour convaincre sa sœur, de rétablir leur routine quotidienne, les
cellules répétées constituent une sorte de machine folle.
Quel est le plus grand défi, lorsque l’on compose un opéra ?
Mon but en composant The House Taken Over, c’était de trouver le moyen de faire en sorte que la
musique serve au mieux le théâtre. Et comment ménager des moments du drame où la musique peut
s’en échapper. C’est cet équilibre qui est la chose la plus difficile à obtenir. Car un compositeur se met
au service du drame, mais il n’écrit pas juste de la musique de scène : il compose quelque chose qui
doit pouvoir tenir tout seul. Trouver ces appels d’air, où l’on peut aller vers des régions différentes et
les développer, créant ainsi quelque chose qui va au-delà du drame, voilà le plus grand défi pour moi.
Il s’agit de servir le drame et de le nourrir en même temps.
Rétrospectivement, comment avez-vous vécu la composition de The House Taken Over ?
De manière intense, pour le moins ! Afin de tenir des délais assez courts, j’ai dû travailler dix heures
par jour, chaque jour pendant six mois. C’était parfois un peu difficile, et même assez terrifiant quand
je me retrouvais coincé dans un passage délicat ! Il s’est agi d’un défi d’une dimension inédite pour
moi, une sorte de tour de force. Mais une expérience merveilleuse en même temps. Car en tant que
compositeur, on est souvent seul, on s’isole, on s’enferme pour écrire... Or à l’opéra, l’on doit travailler
de nouveau dans le monde : on ne peut écrire un opéra tout seul, on a besoin de collaborer avec d’autres
artistes et si l’on est heureux avec ce processus, c’est l’expérience la plus gratifiante qui soit.
Propos recueillis le 18 mai 2013
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Lire entre les lignes
Étant donné que j’avais arrêté les études d’anglais à seize ans, mon éducation s’est constituée en lisant
des pièces, en voyant autant de spectacles que possibles et en pratiquant l’écriture. Ce faisant, on
alterne les succès et les échecs, et c’est ainsi que l’on apprend.
Photo © Will Bremridge
Quel est le talent premier pour écrire une pièce de théâtre ?
En ce moment, pour moi, c’est de pouvoir répondre à la question : « pourquoi le théâtre? » C’est de se
rappeler sans cesse qu’on n’écrit pas un texte littéraire censé être lu, mais un texte destiné à être vu et
entendu. Évidemment, il est important d’avoir un don pour le langage, mais ce n’est pas tout. Il faut se
rappeler que l’on conçoit une représentation qui sera vécue en temps réel par des spectateurs et que l’on
aura à lutter pour que le public croie à ce qui se passe sur scène. Toute représentation théâtrale a quelque
chose de factice, car le spectateur sait que ce qu’il voit n’est pas vrai. Devant la télévision ou un film, il
est plus facile de croire à la réalité de ce que l’on voit car l’esthétique est réaliste et le montage permet
de choisir les prises les plus réussies. Or tout cela est impossible au théâtre, où l’on peut oublier une
réplique, où un accessoire peut tomber par accident... Le théâtre offre de belles potentialités, mais il a
aussi ses restrictions, et l’on doit apprendre à travailler à l’intérieur de ces limites.
Comment avez-vous été embarquée dans cette aventure lyrique ?
J’ai été contactée par Katie Mitchell et sa dramaturge Lindsey Turner, avec qui j’avais déjà travaillé.
Elles m’ont demandé si j’étais intéressée par l’écriture d’un livret d’opéra d’après une nouvelle de Julio
Cortázar, Casa tomada, et de travailler avec le compositeur Vasco Mendonça. J’ai lu la nouvelle, elle m’a
intriguée. J’étais aussi titillée par l’idée d’écrire un texte pour de la musique, expérience nouvelle pour
moi. Cette opportunité, je l’ai finalement acceptée.
Entretien avec Sam Holcroft, auteur du texte de The House Taken Over,
Propos recueillis par Alain Perroux
Comment êtes-vous devenue écrivain de théâtre ?
Au départ, je pensais devenir comédienne. J’ai étudié la biologie à l’Université d’Édimbourg tout en
participant aux activités d’une troupe de théâtre estudiantine. À cette époque-là, j’ai aussi rejoint le
groupe d’écriture théâtrale du « Traverse Theater ». Quand mes amis m’ont dit que j’étais plus douée
pour écrire des pièces que pour les jouer, j’ai laissé tombé le jeu. Au « Traverse Theater », j’ai suivi
quelques cours de théorie et j’ai appris le métier. Puis, quand j’ai passé mon diplôme de biologie, je
pensais faire un doctorat dans un hôpital. Or les responsables du laboratoire pour lequel je travaillais
m’ont proposé de faire autre chose pendant un an, d’essayer de me consacrer à l’écriture, car ils
savaient que je nourrissais une passion pour le théâtre. J’ai suivi leur conseil et, pendant cette année
décisive, j’ai reçu la commande de ma première pièce pour le « Traverse Theater ». Et je ne suis jamais
revenue à la biologie. Partie d’une base scientifique, je suis donc passée par le jeu pour finalement
arriver à l’écriture théâtrale.
Comment apprend-on ce métier ?
En Grande-Bretagne, il y a des cours d’écriture théâtrale débouchant sur un diplôme que je n’ai pas
fait, car j’étais sur une voie scientifique. Ma formation de dramaturge a vraiment eu lieu « sur le tas ».
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Que demande un livret à son auteur ?
On doit apprendre à être très économe avec le langage, ce qui n’est pas courant dans le théâtre parlé où
l’auteur peut créer des personnages bavards, qui utilisent des images abondantes ou parlent de manière
très commune, très informelle. Dans la perspective d’une mise en musique, j’ai compris que je devais
réaliser une « édition » très rigoureuse de moi-même ! J’ai essayé d’utiliser aussi peu de mots que
possible et d’être aussi précise que possible. Il m’est souvent arrivé d’écrire une scène entière, puis de
recommencer depuis le début en réécrivant pratiquement tout, car je découvrais une manière de dire
les mêmes choses avec moins de mots. J’ai dû aussi apprendre à penser au rythme des phrases, et si elles
seraient propices au chant. Enfin j’ai appris à réduire non seulement le nombre de mots dans chaque
phrase, mais aussi le nombre de syllabes dans chaque mot ! Particulièrement pour le style musical de
Vasco Mendonça, qui me demandait des phrases avec des mots très courts. C’était un vrai défi.
Certains éléments de votre livret vont dans la direction de la musique – je pense notamment à la
présence d’une berceuse...
Il y a un endroit du texte où j’ai mis dans les indications scéniques « leurs actions et leurs mots
produisent l’effet d’un canon », car j’ai imaginé que cela correspondrait à la musique. Je l’ai fait
délibérément pour offrir à Vasco Mendonça la possibilité de jouer avec des répétitions. Quant à la
berceuse, la nouvelle de Cortázar y fait référence, et j’ai de nouveau pensé que cela donnait la possibilité
au compositeur de conférer une certaine variété à sa partition.
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Quelles difficultés avez-vous rencontrées en transformant cette nouvelle en livret ?
Le principal défi consistait à dégager une théâtralité de cette histoire. Chez Cortázar, elle est narrée
par le personnage masculin qui semble vouloir convaincre le lecteur qu’il n’a pas été traumatisé et
qu’il a enduré cette expérience avec une grande dignité. Or nous nous sommes tous demandé s’il disait
la vérité. Est-il sincère ? Est-il aveuglé ? Essaie-t-il de protéger sa sœur de la vérité ? C’est là que
nous pouvions trouver le nœud dramatique : en exposant la vérité que le narrateur tente de cacher au
lecteur. La difficulté vient du fait que la nouvelle ne contient que peu de théâtralité, car le frère refuse
d’admettre que quelque chose de dramatique ou de traumatisant s’est passé. Il nous appartenait donc
de lire entre les lignes, de découvrir le sous-texte et de représenter les choses que le narrateur tente
de maintenir loin de nous. De là, nous avons trouvé du drame, des conflits, une progression jusqu’à un
climax, tout ce qui fait un texte théâtral.
Avez-vous dû inventer une partie de l’histoire ?
Nous n’avons rien inventé qui ne soit au minimum sous-entendu par Cortázar. Le drame est inhérent
à son texte, c’est juste que le narrateur de la nouvelle ne dit jamais quelles sont ses réactions et celles
de sa sœur aux événements qui se passent dans la « maison envahie ». Nous restons très fidèles aux
actions racontées dans la nouvelle, ce que le frère et la sœur font chaque jour – lire des livres, nettoyer,
se déplacer de la plus vieille et grande pièce de la maison dans une pièce plus petite et moderne. Nous
avons seulement utilisé nos imaginations pour mettre en scène leurs réactions à ces événements.
Vous, personnellement, comment comprenez-vous la nouvelle de Cortázar?
On peut l’interpréter de bien des manières, mais Cortázar tenait beaucoup à ne pas dire ce que
représente la force mystérieuse qui envahit la maison. Et je pense qu’elle peut représenter beaucoup de
choses. Il suffit d’examiner le climat politique dans l’Argentine des années 1940 ou la psychologie d’un
frère et d’une sœur incapables d’interagir avec le monde. Ce qui nous importait en créant cet opéra,
c’était de rester fidèles à l’esprit de la nouvelle et ne pas révéler ce qu’est cette force envahissante, ne
pas la nommer, laisser au public le choix de ce qu’elle représente.
On remarque dans le livret que les deux personnages disent entendre des bruits, mais il n’y a aucune
indication scénique qui vienne confirmer la présence effective de ces bruits : vous indiquez simplement
qu’ils écoutent attentivement, puis on les voit paniquer...
Il en va de même dans la nouvelle : le narrateur dit avoir entendu un bruit, mais il est incapable de dire
clairement de quoi il s’agit. En écrivant le livret, je voulais conserver cette ambiguïté. Les personnages
entendent un bruit, mais je ne décide pas de ce qu’est ce bruit ou même s’il existe vraiment.
compressées dans le temps, car l’espace lui-même a rétréci. Le troisième acte pousse ce principe à
l’extrême. Il était important de montrer les activités normales avant la première invasion, puis après...
On voit comment l’attitude des deux personnages change, comment la pression augmente jusqu’à
l’explosion. Dans une tension qui augmente de manière continue, leur routine quotidienne occupe un
laps de temps toujours plus court.
Le goût de Rosa pour le tricot provient de la nouvelle, mais vous avez introduit une belle idée qui
n’existe pas chez Cortázar : quand Rosa vient à manquer de laine, Hector décide de défaire ses anciens
tricots pour qu’elle puisse les tricoter à nouveau ! C’est presque une allusion à Pénélope, l’épouse
d’Ulysse qui défait toutes les nuits le tissage qu’elle réalise le jour, un symbole de l’attente...
Je n’y ai pas pensé en l’écrivant, mais l’idée est similaire. Rosa a besoin d’avoir quelque chose à faire,
d’autant plus que les autres activités liées à l’espace, comme le fait de nettoyer, prennent beaucoup
moins de temps qu’auparavant ! Ils ont tous deux besoin d’occuper leurs mains, sinon ils deviendraient
fous parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire que de penser à leur choix, à les analyser, à les questionner...
Afin d’aider sa sœur à ne pas sombrer, Hector est prêt à défaire ses vêtements pour elle.
Durant tout le processus d’écriture du livret, avez-vous travaillé étroitement avec Vasco Mendonça ?
Absolument. Nous avons d’abord parlé de nos réactions par rapport à la nouvelle et des choses que
nous voulions voir apparaître dans le livret. Ensuite, avec l’aide de Lindsey Turner, j’ai constitué une
liste d’idées dramaturgiques partant dans des directions différentes afin d’imaginer le développement
du drame. Nous les avons soumises à Vasco, et ensemble nous avons choisi une idée parmi ces quatre
ou cinq. À partir de ce pitch précis, j’ai commencé à écrire le texte. Comme Vasco désirait commencer
le plus tôt possible, je lui transmettais les scènes au fur et à mesure, et il m’envoyait ses réactions et
commentaires en retour. Il a donc fait partie intégrante du processus d’écriture du texte.
Vous n’avez pas encore vu l’opéra achevé. Comment se sent-on à l’idée d’entendre ses propres mots
chantés ?
Je suis très impatiente ! Pour le moment, quand je pense à mon texte, je l’imagine encore sous forme
parlée, car je ne l’ai entendu qu’ainsi. Ce sera donc une expérience complètement neuve et inspirante
de l’entendre chanté.
Propos recueillis le 9 avril 2013.
Dans la nouvelle, seul le nom de la sœur est indiqué : Irène. Vous avez changé ce nom, et vous avez
aussi baptisé le frère...
J’ai choisi « Rosa » parce que c’est un nom plus adapté à la musique qu’« Irène ». Il fallait aussi un
nom qui soit courant dans l’Argentine de l’époque et qui puisse être immédiatement familier à un
public français et anglais. Idem pour Hector.
Sur le plan de la structure, vous avez bâti trois actes de plus en plus courts : le premier acte dure la
moitié de l’œuvre, le deuxième comprend plus de scènes mais il est moins long, et le dernier consiste
en une courte scène. Pourquoi cette accélération?
Chaque acte nous emmène à travers les activités quotidiennes du frère et de la sœur – même si un
acte ne raconte pas une seule journée, mais en traverse plusieurs. Le premier déroule les activités du
matin, de l’après-midi et de la nuit. Dans le deuxième, on les revisite dans cet ordre, mais elles sont
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The House Taken La Maison
Over
envahie
Text for music, by Sam Holcroft
Adapted from Casa Tomada by Julio Cortázar
For an opera by Vasco Mendonça
Un texte de Sam Holcroft
Traduit de l’anglais par Sophie Magnaud
Adapté de Casa Tomada de Julio Cortázar
pour un opéra de Vasco Mendonça
CHARACTERS
BROTHER, Baritone
SISTER, Mezzo-Soprano
LES PERSONNAGES
LE FRÈRE, baryton
LA SŒUR, mezzo-soprano
ACT ONE
SCENE ONE
An old and spacious country house,
Argentina, early 1940s.
The larger, older rooms of the back wing
are separated from the smaller rooms of the
BROTHER and SISTER’S living quarters in
the front wing by a large oak door.
We begin in the dining room in the older,
larger part of the house. It is equipped with
a fireplace, a large wall clock or grandfather
clock, a tall bookshelf stacked with books,
some indoor plants and a large antique
dining table with chairs. On the wall hangs
a family portrait. Heavy curtains are closed
across the windows; the room is lit by lamp.
A door slams violently.
The BROTHER and SISTER, who have been
breakfasting at the dining table, stand in
alarm.
The BROTHER approaches the door,
tentatively turns the handle and peers
outside.
ACTE I
Scène 1
Une vaste et ancienne demeure de famille
à Buenos Aires, en Argentine, au début des
années 1940.
Une grande porte en chêne sépare les pièces de
l’aile du fond, plus grandes et plus anciennes,
des appartements du Frère et de la Sœur, plus
petits et à l’avant de la maison.
Tout commence dans la salle à manger, dans
la partie la plus ancienne et la plus grande de
la maison. La pièce est meublée d’une grande
horloge murale ou d’une horloge grand-père,
d’une cheminée, de plantes d’intérieur,
d’une haute étagère remplie de livres et d’une
grande table ancienne entourée de chaises.
Un portrait de famille est accroché au mur. De
lourds rideaux couvrent les fenêtres ;
la pièce est éclairée par une lampe.
Une porte claque violemment.
Le Frère et la Sœur, qui étaient en train de prendre
leur petit déjeuner à table, se lèvent, alarmés.
Le Frère s’approche de la porte, tourne la
poignée avec appréhension puis regarde
discrètement dehors.
LE FRÈRE : Ce n’est que le vent.
La Sœur sourit, soulagée, et s’assied
pour boire un maté chaud dans un bol en
calebasse à l’aide d’une paille métallique.
LE FRÈRE : Comment as-tu dormi ?
LA SŒUR : Sans bruit.
LE FRÈRE : Moi aussi. L’air est tellement plus
léger au printemps.
BROTHER. Just the wind.
The SISTER smiles, relieved, and sits
to drink hot mate through a metal straw
from a calabash gourd.
BROTHER. How did you sleep?
SISTER. Soundlessly.
BROTHER. So did I. The air is so clear in
springtime.
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LA SŒUR : Les nuits sont tellement calmes.
SISTER. The nights are so quiet.
LE FRÈRE : Le sommeil est d’une qualité –
BROTHER. The quality of sleep is –
LA SŒUR : Sans rêves.
SISTER. Dreamless.
Le Frère prend la bouilloire pour proposer plus
The BROTHER lifts the kettle to offer the
d’eau chaude à sa Sœur au moment même où
SISTER more hot water when the wall
neuf heures sonnent à l’horloge murale (ou
clock/grandfather clock chimes for nine
l’horloge grand-père).
o’clock.
Le Frère et la Sœur posent immédiatement
The BROTHER and SISTER immediately
ce qu’ils ont dans les mains et se lèvent pour
set down whatever they are holding and
commencer à faire le ménage.
stand to begin cleaning.
(Bien que la partie suivante soit chorégraphiée,
(However the following is choreographed,
l’idée qui doit transparaître est que les
the idea is for the BROTHER and SISTER
to move about the room in their daily
déplacements du Frère et de la Sœur pour
cleaning routine in complete synchronicity,
exécuter leur rituel de ménage quotidien sont
i.e. as one extends a hand the other is
parfaitement synchronisés. Par exemple, si l’un
already in place to deliver what is required.
tend la main, l’autre est déjà en place, prêt à lui
Through their perfect coordination it
remettre l’objet demandé.
becomes clear that this routine is second
Leur parfaite coordination indique clairement
nature and functions like clockwork. As
que ce rituel est réglé comme une horloge et qu’il
the action progresses the clock moves faster
est devenu pour eux une seconde nature. Tandis
than real time to show the morning passing;
que l’action progresse, l’heure à l’horloge
it chimes at specific times.)
avance plus vite qu’en temps réel pour indiquer
The SISTER stacks the breakfast dishes.
que la matinée est en train de passer ; l’horloge
The BROTHER fetches an antique breakfast
sonne à des horaires précis.)
trolley and wheels it to the table just in time
La Sœur empile la vaisselle du petit déjeuner.
for the SISTER to turn and lay the dishes
Le Frère va chercher une desserte ancienne et la
down. The BROTHER retrieves two pairs
fait rouler jusqu’à la table. Il arrive au moment
of white cotton gloves from a drawer in the
précis où la Sœur se retourne pour y déposer la
trolley and tosses one to his SISTER; she
vaisselle. Le Frère récupère deux paires de gants
plucks them out of the air like birds. They
en coton blanc d’un tiroir de la desserte et en
put on the gloves.
envoie une paire à sa Sœur ; elle les attrape au
The BROTHER makes to open the curtains
vol, tels des oiseaux. Ils enfilent les gants.
Le Frère va ouvrir les rideaux.
SISTER. But wait –
LA SŒUR : Attends –
BROTHER. I know light can be harmful, it causes LE FRÈRE : Je sais que la lumière peut faire des
colour to change and change is final. But we need dégâts. À cause d’elle, les couleurs changent, et
the light to catch the dust.
tout changement est définitif. Mais nous avons
besoin de lumière pour attraper la poussière.
The BROTHER opens the curtains flooding
Le Frère ouvre les rideaux, inondant la pièce de
the room with light. Dust hangs heavy in the
lumière. La poussière flotte lourdement dans
air. The BROTHER retrieves a collection of
l’air. Le Frère sort une collection de plumeaux
feather dusters and uses them to clean the
dont il se sert pour nettoyer les toiles d’araignée
ceiling cobwebs, but not before unfolding a
du plafond, non sans avoir préalablement
wooden stepladder and sliding it in front
déplié un escabeau en bois et l’avoir fait glisser
of his SISTER just as she approaches; she
devant sa Sœur pour qu’il soit en place au
doesn’t miss a step climbing up the ladder
moment précis où celle-ci s’avance. Un arrosoir
with a watering can to water the indoor
à la main, elle monte une à une les marches de
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plants. They talk as they clean.
BROTHER. And there’s so much of it.
SISTER. Light?
BROTHER. Dust. As soon as you wipe it off it
settles again. It’s an endless battle. Beetle wings,
dander, lint. Dead hair, dead skin. Dead hair and
skin.
SISTER. You and I versus years of hair and skin.
Our family’s skin. Old houses - they’ve housed
so much.
BROTHER. It’s essential, critical SISTER. Crucial.
BROHTER. So important not to drive the dust
from one place to another.
SISTER. Not to over-water (Poking the soil with a
finger) But to feel the potting mix for damp.
BROTHER. But to trap it in the folds of the brush.
SISTER. To keep out of direct sunlight.
BROTHER. Then shake the brush outdoors.
SISTER. Trim dead leaves with scissors. It’s
critical, crucial not to get it wrong.
BROTHER. It’s essential, so important to get it
right.
As the SISTER snips the dead leaves, the
BROTHER seamlessly passes underneath
with a bucket to catch them. The SISTER
empties the watering can into the bucket. The
BROTHER swings his feather duster and the
SISTER seamlessly ducks underneath as she
descends the ladder, retrieves a sponge from
her apron, and kneels by the bucket of water to
clean the floor.
SISTER/BROTHER. We sometimes get it wrong.
BROTHER. You can’t keep a stuffed bird in the
bathroom.
The SISTER shakes her head.
BROTHER. The water vapour. The rising heat. He
burst apart.
SISTER. His eyes dropped out.
BROTHER/SISTER. Poor Eduardo.
BROTHER. But you fixed him.
SISTER. I did.
BROTHER. Stitched him back together. And now
he lives on a swing by the stairs. Swinging away.
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l’escabeau pour arroser les plantes d’intérieur.
Ils parlent en nettoyant.
LE FRÈRE : Et il y en a tellement.
LA SŒUR : De lumière ?
LE FRÈRE : De poussière. Dès que tu l’essuies,
elle revient. C’est un combat sans fin. Ailes de
coléoptères, pellicules, peluches. Peaux mortes.
Cheveux morts ; peaux et cheveux morts.
LA SŒUR : Toi et moi contre des années de cheveux
et de peaux. La peau de notre famille. Dans ces
vieilles demeures, tant de choses y demeurent.
LE FRÈRE : Il est primordial, capital –
LA SŒUR : Crucial.
LE FRÈRE : Tellement important de ne pas
déplacer la poussière d’un endroit à l’autre.
LA SŒUR : De ne pas trop arroser. (Tapotant la
terre avec son doigt.) De simplement vérifier que le
terreau est bien humide.
LE FRÈRE : De simplement l’attraper dans les
plumes du plumeau.
LA SŒUR : D’éviter la lumière directe.
LE FRÈRE : Secouer ensuite le plumeau dehors.
LA SŒUR : Tailler les feuilles mortes avec des
ciseaux. Il est capital, crucial de ne pas faire d’erreur.
LE FRÈRE : Il est primordial, tellement
important de bien faire les choses.
Tandis que la Sœur coupe les feuilles mortes,
le Frère passe sous elle avec un seau pour
récupérer les feuilles dans leur chute. La Sœur
vide l’arrosoir dans le seau. Le Frère agite
son plumeau et la Sœur l’évite avec fluidité,
passant au-dessous de lui tandis qu’elle
descend de l’escabeau. Elle sort une éponge de
son tablier et s’agenouille à côté du seau d’eau
pour laver le sol.
LE FRÈRE ET LA SŒUR : Parfois nous les faisons mal.
LE FRÈRE : Il ne faut pas mettre un oiseau
empaillé dans la salle de bain.
La Sœur hoche la tête en signe d’assentiment.
LE FRÈRE : La vapeur d’eau. La température qui
augmente. Il explose.
LA SŒUR : Ses yeux sont tombés.
LE FRÈRE ET LA SŒUR: Pauvre Eduardo.
LE FRÈRE : Mais tu l’as réparé.
LA SŒUR : Effectivement.
LE FRÈRE : Recousu. Et maintenant, il fait sa
vie sur une balançoire près de l’escalier. Se
Happy as a parrot.
The BROTHER leaves the dusting to polish
an antique chair. The SISTER mops the floor
with a sponge. She pushes the sponge into the
grooves of the wood.
SISTER. Think of the number of feet that have
scuffed them.
BROTHER. Think of the number of chairs
scraped across them.
BROTHER. The truth is…
SISTER. Floors suffer.
BROTHER. Grandfather’s steel toecaps.
SISTER. Father’s leather soles.
BROTHER. Mother’s high heels.
SISTER. (Feeling the grooves in the floor with her
gloved fingers) As if she never left…
The SISTER peels off her glove and feels the
grooves in the wood with her naked fingers.
BROTHER. It’s essential, crucial SISTER. It’s critical to feel BROTHER. Not to touch.
SISTER. Around for dirt in the creases.
BROTHER. When you touch you leave grease
behind.
The BROTHER prepares to check that the clock
is running smoothly.
BROTHER. Rosa, at ten o’clock we check the time.
The BROTHER has arrived perfectly in place
in time to check the clock, but the SISTER is
still feeling the grooves on the floor.
BROTHER. Rosa, at ten o’clock we check the time.
The SISTER recovers her senses and rushes to
her BROTHER’S side just in time for the clock
to strike ten. They check the time against their
watches.
SISTER. The time is right by my watch.
BROTHER. And mine.
Pause
BROTHER. What day is it today?
SISTER. Monday.
BROTHER. Books.
They return to their synchronized movement.
The BROTHER climbs the stepladder and
passes his SISTER a book, but notices her
ungloved hand. The SISTER hurries to collect
her glove, pull it on, and, only then, take the
book from him. As before, their movements
balançant allègrement. Gai comme un perroquet.
Le Frère arrête de faire la poussière pour cirer
une chaise ancienne. La Sœur lave le sol à
l’éponge. Elle introduit l’éponge jusque dans
les rainures du bois.
LA SŒUR : Quand on pense au nombre de pieds
qui l’ont raclé.
LE FRÈRE : Quand on pense au nombre de
chaises qui l’ont rayé.
LE FRÈRE : En vérité...
LA SŒUR : Les sols souffrent.
LE FRÈRE : Les fers des chaussures de Grand-père.
LA SŒUR : Les semelles en cuir de Papa.
LE FRÈRE : Les talons hauts de Maman.
LA SŒUR (effleurant les rainures du bois de ses doigts
gantés) : Comme si elle n’était jamais partie...
La Sœur retire son gant et effleure les rainures
du bois de ses doigts nus.
LE FRÈRE : Il est primordial, crucial –
LA SŒUR : Il est capital d’effleurer –
LE FRÈRE : De ne pas appuyer.
LA SŒUR : D’effleurer le sol pour sentir la
poussière entre les fentes.
LE FRÈRE : Quand on appuie, on laisse du gras.
Le Frère s’apprête à aller vérifier que l’horloge
fonctionne bien.
LE FRÈRE : Rosa, à dix heures, on vérifie l’heure.
Le Frère est en place à temps pour vérifier que
l’horloge fonctionne, mais la Sœur est encore
en train d’effleurer les rainures du sol.
LE FRÈRE : Rosa, à dix heures, on vérifie l’heure.
La Sœur revient à elle et se dépêche de
rejoindre son Frère, au moment précis où dix
heures sonnent à l’horloge. Ils vérifient l’heure
à leurs montres.
LA SŒUR : L’heure est bonne à ma montre.
LE FRÈRE : À la mienne aussi.
Une pause.
LE FRÈRE : Quel jour sommes-nous ?
LA SŒUR : Lundi.
LE FRÈRE : Les livres.
Ils reprennent leurs mouvements synchronisés.
Le Frère grimpe sur l’escabeau et tend un livre
à sa Sœur. Il remarque que sa main n’est pas
gantée. La Sœur se dépêche d’aller chercher son
gant, l’enfile, et c’est à ce moment seulement
qu’elle prend le livre des mains de son Frère.
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are beautifully coordinated, he can almost
drop a book and she will be there ready to
catch it.
BROTHER. Careful. Please. A moment of…
SISTER. Yes, I know.
BROTHER. Can harm a thing that has past –
SISTER. Decades.
BROTHER. Centuries unharmed.
SISTER. Yes, I’ll be careful.
BROTHER. Never bang the books together.
SISTER. Never.
BROTHER. You would break them apart. There’s
no need to hurry.
SISTER. No. We have…
They both look to the clock
BROTHER & SISTER. We have plenty of time.
The BROTHER descends the stepladder as the
SISTER throws him a brush-roll. He catches
it and seamlessly unravels it. One by one, the
BROTHER selects specialist brushes holding
them up to light before placing them in a neat
row on the table.
Together they dust the books. Their actions
and words create a cannon-effect and brushes
and dusters fly back and forth between them
in seamless repetition.
BROTHER. Hold the book firmly by the foreedge.
SISTER. Hold it firmly.
BROTHER. Dust away from the spine.
SISTER. Dust away from the spine.
BROTHER. With a light flicking motion.
The SISTER fails to follow him. She is staring
at the book in her hands.
SISTER. The Little Boy and the Tiger. Father used to
read it to us.
The BROTHER takes it out of her hands.
BROTHER. Best not to dwell. There’s no time
for that. If we stop to indulge we’ll be here
all day. Give in to memory and nothing gets
done.
The BROTHER dusts the book. When they
have cleaned the books they both arrive in
front of the family portrait. Together they lift
it off the wall, step back and admire it.
They dust the frame in silence. The
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Comme précédemment, leurs mouvements sont
harmonieusement coordonnés. Il pourrait presque
faire tomber un livre, elle serait là pour le rattraper.
LE FRÈRE : Attention. S’il te plaît. Un moment de...
LA SŒUR : Oui, je sais.
LE FRÈRE : Pourrait endommager un objet qui a
traversé –
LA SŒUR : Des décennies
LE FRÈRE : Des siècles sans dommage.
LA SŒUR : Oui, je vais faire attention.
LE FRÈRE : Ne jamais cogner les livres entre eux.
LA SŒUR : Jamais.
LE FRÈRE : Tu les briserais en morceaux. Inutile
de se presser.
LA SŒUR : Non. Nous avons...
Tous deux regardent l’horloge.
LE FRÈRE ET LA SŒUR : Nous avons tout notre temps.
Le Frère descend de l’escabeau tandis que la
Sœur lui jette un range-pinceau en tissu. Il
l’attrape et le déroule d’un geste fluide. Un par
un, le Frère sélectionne les pinceaux adéquats
en les tendant vers la lumière avant de les
aligner proprement sur la table. Ensemble, ils
époussettent les livres. Ils bougent et chantent
en léger décalage l’un par rapport à l’autre.
Brosses et plumeaux vont et viennent, volant
sans à-coups entre eux.
LE FRÈRE : Tenir fermement le livre par la
tranche.
LA SŒUR : Le tenir fermement.
LE FRÈRE : Épousseter en partant du dos.
LA SŒUR : Épousseter en partant du dos.
LE FRÈRE : En donnant de légers petits coups.
La Sœur n’arrive plus à le suivre. Son regard
s’attarde sur le livre dans sa main.
LA SŒUR : Le Petit Garçon et le Tigre. Papa nous en
faisait la lecture.
Le Frère prend le livre des mains de sa Sœur.
LE FRÈRE : Mieux vaut ne pas s’attarder. Nous n’en
avons pas le temps. Si nous nous laissons aller à
nos moindres plaisirs, nous y passerons la journée.
Quand on s’abandonne au souvenir, rien ne se fait.
Le Frère époussette le livre. Lorsqu’ils ont
terminé de nettoyer les livres, tous deux
arrivent face au portrait de famille. Ensemble,
ils le décrochent du mur et se reculent pour
l’admirer. Ils époussettent le cadre en silence.
clock chimes for eleven o’clock. They
jolt in surprise; time has escaped them.
Immediately they hurry to finish the
morning’s routine - returning books to the
shelves, tidying everything away and finally
closing the curtains in time for the clock
to strike twelve. Satisfied they turn to each
other with a smile.
BROTHER. Lunch?
Onze heures sonnent à l’horloge. Surpris, ils
sursautent ; le temps leur a échappé. Aussitôt,
ils se dépêchent de terminer leur rituel du
matin, replaçant les livres sur les étagères et
remettant tout en ordre, avant de refermer les
rideaux au moment même où midi sonne à
l’horloge. Satisfaits, ils se tournent l’un vers
l’autre en souriant.
LE FRÈRE : On déjeune ?
SCENE TWO
The SISTER’S bedroom or sitting room, two
weeks later, afternoon
The SISTER sits on the sofa and sings to herself
as she knits.
SISTER. Baby rest your head,
Please don’t cry those tears,
The night has come, My Little One BROTHER. (Calling from another room) Rosa?
On hearing her BROTHER, the SISTER
immediately stops singing the lullaby and
pretends to have been singing about the
colours of her wool instead.
SISTER. White, green, lilac.
BROTHER. (Calling) Rosa, have you seen my
gloves?
SISTER. White, blue, green, red, black, lilac.
The BROTHER appears in the doorway.
BROTHER. I’m heading out to the bookstore.
Suddenly there is the sound of rattling pipes,
or the creaking of expanding wood panels.
They both listen in alarm.
BROTHER. Just the pipes.
SISTER. Are you sure?
BROTHER. It’s nothing.
SISTER. Is someone trying to get –(in)?
BROTHER. It’s nothing. (Referring to the
bookstore) Have you seen my gloves?
The SISTER shakes her head
BROTHER. Have you knitted some more?
SISTER. Of course.
The BROTHER moves to the chiffonier to seek
woolen gloves.
BROTHER. I love that: some women knit because
they’re idle, but you, Rosa, you’re practical.
With your all-purpose vests, and your sensible
Scène 2
La chambre ou le salon de la Sœur, deux
semaines plus tard, l’après-midi.
La Sœur est assise sur le canapé et se chante
une berceuse en tricotant.
LA SŒUR : Mon tout petit, repose-toi,
Sèche-moi donc ces larmes-là,
La nuit est tombée, mon joli bébé –
LE FRÈRE (l’appelant depuis une autre pièce) : Rosa ?
En entendant son Frère, la Sœur arrête
immédiatement de chanter la berceuse et
fait semblant de chanter sur la couleur de sa
laine.
LA SŒUR : Blanc, vert, lilas
LE FRÈRE (l’appelant) : Rosa, as-tu vu mes
gants ?
LA SŒUR : Blanc, bleu, vert, rouge, noir, lilas.
Le Frère apparaît dans l’embrasure de la porte.
LE FRÈRE : Je vais à la librairie.
Ils entendent tout à coup un bruit de tuyaux qui
vibrent, ou le craquement de panneaux de bois
qui se dilatent. Tous deux écoutent, alarmés.
LE FRÈRE : Ce ne sont que les tuyaux.
LA SŒUR : Tu es sûr ?
LE FRÈRE : Ce n’est rien.
LA SŒUR : Quelqu’un essaierait-il de pénétrer – (dans) ?
LE FRÈRE : Ce n’est rien. (Faisant allusion à la
librairie.) As-tu vu mes gants ?
La Sœur fait non de la tête.
LE FRÈRE : En as-tu tricoté d’autres ?
LA SŒUR : Bien sûr.
Le Frère se dirige vers le chiffonnier pour
y prendre des gants en laine.
LE FRÈRE : J’adore. Certaines femmes tricotent
par oisiveté mais toi, Rosa, tu es pragmatique.
Avec tes tricots qui servent à tout et tes chaussons
27
bed socks. Give me comfort over style any day…
shawls!
The BROTHER has opened the bottom drawer
to discover a large collection of knitted shawls,
decorated with lace. He kneels to lift them
out but the SISTER grabs them from him
defensively. He stares at her.
BROTHER. (Standing) I won’t be long.
The BROTHER exits the room, but unbeknownst
to the SISTER he waits by the door.
The SISTER kneels by the piles of shawls and
lovingly folds them with care. As she does she
sings the forbidden lullaby SISTER. Baby close your eyes,
Put aside your fears,
We’ll be together, forever and ever,
I give you all my years. Baby say goodnight…
de nuit tellement pratiques. Le confort vaut tout
le style du monde... Des couvertures !
Le Frère a ouvert le tiroir du bas et y a trouvé
toute une collection de couvertures en laine
pour bébé, ornées de dentelle. Il s’agenouille
pour les sortir mais la Sœur, sur la défensive,
les lui arrache des mains. Il la fixe du regard.
LE FRÈRE (se levant) : Je ne serai pas long.
Le Frère sort de la pièce, mais attend à la
porte, à l’insu de la Sœur. Celle-ci s’agenouille
à côté du tas de couvertures et les plie très
soigneusement, avec amour. Ce faisant, elle
chante la berceuse interdite.
LA SŒUR : Mon tout petit, ferme tes yeux,
Oublie tes peurs, dis-leur adieu,
Car toute notre vie, nous serons unis,
Mes jours tout entiers te sont consacrés.
Dis bonne nuit, mon tout petit...
As she sings, she rolls one of the shawls into
a ball and stuffs it up her blouse to create the
effect of a pregnant belly or cradles the shawl
as a newborn child. The BROTHER watches
from the door.
28
Tout en chantant, elle roule une des couvertures
pour bébé en boule et la fourre sous son chemisier
pour donner l’illusion qu’elle est enceinte. Elle
peut aussi la bercer comme elle le ferait avec un
nouveau-né. Le Frère l’observe depuis la porte.
SCENE THREE
Scène 3
The SISTER’S bedroom or sitting room, two
weeks later, evening
The SISTER knits. The BROTHER sits across
from her paraphrasing his book.
BROTHER. He stands by the water’s edge. The
ship is ready to sail. But they won’t let him
aboard. He wants to scream. The wedding is
tomorrow.
SISTER. Will he make it?
BROTHER. Yes. And he’ll tell her.
SISTER. That he loves her?
BROTHER. Yes, and she’ll run into his arms.
SISTER. No. She’ll marry the other man anyway.
BROTHER. Why?
SISTER. He’s a General. A woman will take
money over romance.
BROTHER. You’re very hard on your sex.
SISTER. No. I’m practical, so you said.
La chambre ou le salon de la Sœur, deux
semaines plus tard, le soir.
La Sœur tricote. Le Frère est assis devant elle,
lui racontant le contenu de son livre.
LE FRÈRE : Il est au bord de l’eau. Le bateau est
prêt à prendre la mer. Mais ils ne veulent pas
le laisser monter à bord. Il a envie de crier. Le
mariage est pour le lendemain.
LA SŒUR : Va-t-il y arriver ?
LE FRÈRE : Oui. Et il lui dira.
LA SŒUR : Qu’il l’aime ?
LE FRÈRE : Oui, et elle se jettera dans ses bras.
LA SŒUR : Non. Elle épousera l’autre de toute façon.
LE FRÈRE : Pourquoi ?
LA SŒUR : C’est un général. Une femme fera
toujours passer l’argent avant l’amour.
LE FRÈRE : Tu es vraiment dure avec ton sexe.
LA SŒUR : Non. Je suis pragmatique, c’est toi qui
The BROTHER closes the book.
BROTHER. Mate before bed?
The SISTER nods. The BROTHER exits
towards the kitchen. As he passes down
the corridor he suddenly straightens up
in alarm. He strains to listen. At the same
time, in the sitting room, the SISTER also
stiffens in alarm and strains to listen.
Simultaneously she runs to the door of the
sitting room just as he hurls himself at the
oak door of the corridor, which separates
the back wing from the front wing, with the
full weight of his body, violently slamming
it shut. He desperately turns the key to lock
it. The SISTER grips the doorframe in fright
and watches him as he bashes the bolt into
place securing the door shut. After a moment
he tentatively steps away from the door, and,
without noticing his SISTER, continues his
journey into the kitchen. The sister hovers in
the corridor staring at the bolted door.
In the kitchen, he puts the kettle on to boil.
He arranges a tray. His hands shake and his
breath is shallow. He rehearses how he will
explain the situation to his SISTER.
BROTHER. Rosa. On my way…
Just now, as I went to make…
Sister, I heard something in the library.
Or the dining room.
Listen. Listen to me.
The dishes clatter in his shaking hands, he clears
his throat, begins again. The SISTER takes a
few steps closer, hugging the wall, to listen to her
brother, all the while keeping a wary eye on the
door.
BROTHER. Just now, on my way to make the…
I heard a chair being knocked onto the floor.
Or the muffled buzzing. Of talking.
Rosa, calm down. No need for alarm.
I hurled myself against the door.
Before. It was too late.
Rosa, I locked the door before it was too late.
Rosa, I bolted the door.
Yes. Rosa, I bolted the door.
I bolted the door.
l’as dit.
Le Frère ferme le livre.
LE FRÈRE : Un maté avant d’aller au lit ?
La Sœur accepte d’un signe de tête. Le Frère sort
et se dirige vers la cuisine. En passant dans le
couloir, il se redresse tout à coup, alarmé. Il tend
l’oreille. Au même moment, dans le salon, la
Sœur, elle aussi alarmée, s’est raidie et a tendu
l’oreille.
Elle court vers la porte du salon au moment
précis où lui se jette contre la porte en chêne
du couloir séparant l’aile du fond de celle de
devant. Il la claque violemment, utilisant tout
son poids pour la fermer. Il essaye désespérément
de tourner la clef. D’effroi, la Sœur s’agrippe au
chambranle de la porte du salon et le regarde
pousser le verrou, s’assurant ainsi que la porte
en chêne est bien fermée. Au bout d’un moment,
il finit par s’en écarter en reculant d’un pas
hésitant puis, sans remarquer sa Sœur, continue
son chemin jusqu’à la cuisine. La Sœur erre dans
le couloir, les yeux rivés sur la porte verrouillée.
Dans la cuisine, le Frère met la bouilloire à
chauffer. Il prépare un plateau. Ses mains
tremblent et sa respiration est saccadée. Il
s’entraîne à expliquer la situation à sa Sœur.
LE FRÈRE : Rosa. En allant...
À l’instant, tandis que j’allais faire...
Ma sœur, j’ai entendu quelque chose dans la
bibliothèque.
Ou dans la salle à manger.
Écoute. Écoute-moi.
La vaisselle s’entrechoque entre ses mains
tremblantes. Il s’éclaircit la gorge et reprend.
La Sœur s’approche de quelques pas pour écouter
son Frère, rasant le mur et gardant toujours
un œil méfiant vers la porte.
LE FRÈRE : À l’instant, en allant faire le...
J’ai entendu une chaise heurter le sol.
Ou le sourd murmure... d’une conversation.
Rosa, calme-toi. Inutile de s’alarmer.
Je me suis jeté contre la porte.
Avant... qu’il ne soit trop tard.
Rosa, j’ai verrouillé la porte avant qu’il ne soit
trop tard.
Rosa, j’ai verrouillé la porte.
Oui. Rosa, j’ai verrouillé la porte.
29
We are safe.
J’ai verrouillé la porte.
Nous sommes en sécurité.
He lifts the tray and exits the kitchen. The
Il prend le plateau et sort de la cuisine.
SISTER hurries back to sofa and resumes
La Sœur se dépêche de retourner au canapé et
knitting. The BROTHER returns.
recommence à tricoter. Le Frère entre.
BROTHER. Rosa? Rosa, they’ve taken over the
LE FRÈRE : Rosa ? Rosa, ils ont envahi la partie
back part.
du fond.
SISTER. Are you sure?
LA SŒUR : Tu es sûr ?
BROTHER. Yes.
LE FRÈRE : Oui.
SISTER. In that case, we’ll have to live on this
LA SŒUR : Dans ce cas, nous allons devoir vivre
side.
de ce côté-ci.
Pause. The SISTER resumes knitting. The
Une pause. La Sœur recommence à tricoter.
BROTHER stares at her in shock. After a moment,
Le Frère la fixe du regard, bouleversé. Au bout
she stands and approaches him.
d’un moment, elle se lève et s’approche de lui.
SISTER. Stretch open your arms.
LA SŒUR : Écarte les bras.
The BROTHER looks at her, baffled.
Le Frère la regarde, déconcerté.
SISTER. I must measure you.
LA SŒUR : Il faut que je prenne tes mesures.
The BROTHER opens his arms and she measures
Le Frère ouvre les bras. Elle mesure son torse avec
his torso with a length of wool.
un bout de laine.
BROTHER. They’ve taken over the back part.
LE FRÈRE : Ils ont envahi la partie du fond.
SISTER. We are safe. It’s just the back part.
LA SŒUR : Nous sommes en sécurité. Ce n’est
BROTHER. My books, all our things, they’re on
que la partie du fond.
the other side LE FRÈRE : Mes livres... toutes nos affaires...
SISTER. You bolted the door. We are safe. That’s
sont de l’autre côté –
what matters. We are safe. Safe. What happens
LA SŒUR : Tu as verrouillé la porte. Nous
next?
sommes en sécurité. C’est le plus important.
BROTHER. What?
Nous sommes en sécurité. En sécurité. Que se
SISTER. In your book?
passe-t-il ensuite ?
She guides her BROTHER to his chair and passes LE FRÈRE : Comment ?
him the book.
LA SŒUR : Dans ton livre ?
Elle guide son Frère vers sa chaise et lui tend
le livre.
SISTER. Read. Read to me.
LA SŒUR : Lis. Fais-moi la lecture.
BROTHER. (Reading). He…He found his
LE FRÈRE (lisant) : Il... Il trouva ses papiers et
papers and they let him on board. Daniel
ils le laissèrent monter à bord. Daniel emprunta
stepped onto the gangway. The ship turned out la passerelle. Le bateau se tourna vers le large.
toward open water. “She must take me back.
« Il faut qu’elle me reprenne auprès d’elle. Ce
There’s no other choice,” he said aloud to the
n’est pas possible autrement », dit-il tout haut à
night.
la nuit.
ACT TWO
SCENE ONE
The next morning
No longer having access to the dining room
beyond the oak door, the SISTER fashions a
“dining area” within their living quarters,
30
ACTE II
Scène 1
Le lendemain matin.
N’ayant plus accès à la salle à manger de l’autre
côté de la porte en chêne, la Sœur confectionne un
« coin salle à manger » dans ses appartements,
e.g. two stools either side a chessboard, or
two chairs either side the chiffonier etc. They
sit to drink morning mate. The BROTHER is
noticeably anxious. The SISTER tries to be
strong for him.
SISTER. One table. Two chairs. Not so bad, is it?
BROTHER. Where are your slippers?
SISTER. In the library. It’s so snug in here, don’t
you think?
BROTHER. My stamps.
SISTER. My scissors too. We’ll manage.
BROTHER. All my books…
SISTER. Who needs slippers when you have bed
socks? Who needs stamps if there are no letters
to send? Who needs books? What good ever came
from reading?
Short pause
The Clock chimes for nine o’clock. The
BROTHER and SISTER immediately set down
whatever they are holding and stand to begin
cleaning.
installant par exemple deux tabourets autour
d’un échiquier, ou disposant deux chaises autour
du chiffonnier, etc. Ils sont attablés devant leur
maté du matin. Le Frère est visiblement anxieux.
La Sœur essaie de rester forte pour son Frère.
LA SŒUR : Une table. Deux chaises. Pas si mal, non ?
LE FRÈRE : Où sont tes pantoufles ?
LA SŒUR : Dans la bibliothèque. C’est vraiment
douillet ici, tu ne trouves pas ?
LE FRÈRE : Mes timbres.
LA SŒUR : Mes ciseaux aussi. On s’arrangera.
LE FRÈRE : Tous mes livres...
LA SŒUR : Pourquoi vouloir des pantoufles
quand on a des chaussons de nuit ? Pourquoi
vouloir des timbres quand on n’a pas de lettre à
envoyer ? Pourquoi vouloir des livres ? Qu’est-ce
que la lecture apporte de bon ?
Une courte pause.
Neuf heures sonnent à l’horloge. Le Frère et la
Sœur posent immédiatement ce qu’ils ont dans
les mains et se lèvent pour commencer à faire le
ménage.
BROTHER. (Hesitating) The cleaning cupboard is LE FRÈRE (hésitant) : L’armoire d’entretien est
on their side.
de leur côté.
SISTER. Well, we’ll make do.
LA SŒUR : Eh bien, on se débrouillera.
BROTHER. Will we?
LE FRÈRE : Vraiment ?
SISTER. Yes we will. Before the modern age man LA SŒUR : Oui, vraiment. Avant notre époque
cleaned with bare hands; before books, speech;
moderne, les hommes faisaient le ménage à
before slippers, feet; before scissors…
mains nues ; avant les livres, la parole ; avant les
BROTHER. Teeth. You’re right. Yes. We’ll make
pantoufles, les pieds ; avant les ciseaux...
do.
LE FRÈRE : Les dents. Tu as raison. Oui. On se
débrouillera.
They attempt to recreate as closely as possible
Ils essaient de recréer aussi fidèlement que
the opening sequence of cleaning. However,
possible la séquence de ménage de la première
because they’re missing all of their cleaning
scène. Cependant, comme ils n’ont plus leurs
apparatus they are forced to improvise. The
ustensiles, ils sont obligés d’improviser. Le Frère
BROTHER creates a dusting device. (Perhaps
invente un système pour faire la poussière.
he removes all the hats from a hat stand and
(Il peut par exemple enlever les chapeaux
winds a sheet around the spokes, waving it
d’un portemanteau, enrouler un drap tout
in the air to catch cobwebs. Or perhaps he
autour et l’agiter en l’air pour attraper les toiles
removes a pair of mounted stag’s antlers from
d’araignée. Il peut également décrocher du mur
the wall, spears a cushion with the horns
des bois de cerf, transpercer un coussin avec, et
and swipes the cobwebs).
fouetter l’air pour attraper les toiles d’araignée.)
SISTER. The watering can…
LA SŒUR : L’arrosoir...
The BROTHER watches her as she takes the
Le Frère la regarde tandis qu’elle retire la paille
metal straw out of her calabash gourd fishes
métallique de sa calebasse, repêche les feuilles
out the mate leaves and uses the gourd as a
de maté et utilise le bol comme récipient d’eau.
31
canister for water. As he returns to dusting, he
slides a small stool in front of her (as he did
with the stepladder in the opening sequence),
but because the distance between them is
now smaller he overshoots and the SISTER
stumbles.
BROTHER. Rosa!
SISTER. I’m fine. Don’t worry about me.
The SISTER steps onto the stool to water a small,
shriveled houseplant on a shelf. She repeats his
mantra and he follows with hers.
SISTER. It’s essential, critical BROTHER. Crucial.
SISTER. So important not to drive the dust from
one place to another.
The BROTHER dusts carefully
BROTHER. Not to over-water. But to feel the
potting mix for damp.
The SISTER dutifully pokes a finger into the
soil.
SISTER. But to trap it in the folds of the…brush.
BROTHER. To keep out of direct sunlight.
SISTER. Then shake the brush outdoors.
BROTHER. Trim dead leaves with…
SISTER. (Searching) Scissors…
BROTHER. Before scissors?
Tandis que le Frère recommence à faire la
poussière, il fait glisser un petit tabouret devant
elle (comme il l’avait fait avec l’escabeau dans la
première scène), mais la distance entre eux étant
maintenant plus petite, le tabouret va trop loin et
la Sœur trébuche.
LE FRÈRE : Rosa !
LA SŒUR : Je vais bien. Ne t’inquiète pas pour moi.
La Sœur monte sur le tabouret pour arroser une
petite plante toute flétrie sur une étagère. Elle
reprend l’incantation du Frère; celui-ci la suit.
LA SŒUR : Il est primordial, capital –
LE FRÈRE : Crucial.
LA SŒUR : Tellement important de ne pas
déplacer la poussière d’un endroit à l’autre.
Le Frère fait soigneusement la poussière.
LE FRÈRE : De ne pas trop arroser. De simplement
vérifier que le terreau est bien humide.
La Sœur enfonce scrupuleusement son doigt
dans la terre.
LA SŒUR : De simplement l’attraper dans les
plumes du... plumeau
LE FRÈRE : D’éviter la lumière directe.
LA SŒUR : Secouer ensuite le plumeau dehors.
LE FRÈRE : Tailler les feuilles mortes avec...
LA SŒUR (cherchant) : Des ciseaux...
LE FRÈRE : Avant les ciseaux ?
The SISTER is about to trim dead leaves with
La Sœur s’apprête à tailler les feuilles mortes avec
her teeth, but waits until her BROTHER’S
ses dents, mais attend finalement que son Frère
back is turned before pulling them off with her
lui tourne le dos pour les retirer avec les doigts. À
fingers. In place of a bucket (which is on the
la place du seau (qui est de l’autre côté), le Frère
other side) the BROTHER slides a casserole
glisse un plat à gratin au-dessous d’elle pour
dish underneath for her to empty the drips
qu’elle y vide les quelques gouttes restant dans la
of her water gourd into, just as we saw in
calebasse, tout comme nous l’avons vu faire à la
the opening sequence. The BROTHER uses a
première scène. Le Frère se sert d’une nappe (ou
tablecloth (or similar) to buff the wood of an
de quelque chose d’équivalent) pour lustrer le bois
old kitchen chair or stool. The SISTER searches
d’une vieille chaise de cuisine ou d’un tabouret.
on hands and knees for something to mop the
À quatre pattes, la Sœur cherche de quoi laver
floor with. She opens a trunk and discovers a
le sol. Elle ouvre une malle et y découvre une
collection of old photographs.
collection de vieilles photographies.
SISTER. Look! Father’s photographs. They’ve
LA SŒUR : Regarde ! Les photographies de Papa.
been here all this time.
Tout ce temps, elles étaient là.
BROTHER. It is critical LE FRÈRE : Il est capital –
SISTER. Yes, critical.
LA SŒUR : Oui, capital.
BROTHER. Not to touch. When you touch you
LE FRÈRE : De ne pas toucher. Quand on touche,
leave grease behind.
on laisse du gras.
The BROTHER pulls his sleeves down over his
Pour remplacer les gants de coton, le Frère tire
32
hands in place of cotton gloves and takes the
photographs from her returning them to the
trunk.
SISTER. At ten o’clock we check the…
She guides him to a small table clock to check the
time. However, because the space is smaller and
there is less to clean they have arrived well ahead
of time.
SISTER. At half past nine we check the time.
BROTHER. The time is right by my watch.
SISTER. And mine.
Pause.
SISTER. Books.
BROTHER. It’s not Monday.
SISTER. They’re not books…they’re manuals.
The SISTER guides her BROTHER to the shelf
and encourages him to pass her manuals to
clean. For a moment they find synchronicity
in this familiar movement and their spirits
are lifted.
SISTER. Remind me.
BROTHER. Careful please.
SISTER. I’ll be careful.
BROTHER. A moment of…
SISTER. I know.
BROTHER. Can harm a thing that’s The BROTHER has run out of manuals to pass
the SISTER
BROTHER. That’s all there is…
The SISTER lays his three books down.
SISTER. We must still clean them. Is there a
brush on our side?
The BROTHER searches for a brush
SISTER. Never bang the books together. You
would break them apart.
The BROTHER returns with a brush.
SISTER. Is that my toothbrush?
The BROTHER dusts the books with her
toothbrush.
BROTHER. Dust with a brush, buff with a cloth.
The SISTER looks at her BROTHER with
growing resentment. They attempt to
recreate the cannon-effect we witnessed
in the opening sequence, dusting with the
toothbrush and buffing with a tablecloth (or
sur sa manche jusqu’à s’en recouvrir la main. Il
prend ensuite les photographies des mains de sa
Sœur, les remettant dans la malle.
LA SŒUR : À dix heures, on vérifie...
Elle le guide vers une petite horloge de table pour
vérifier l’heure. Cependant, comme l’espace est
plus petit et qu’il y a moins à nettoyer, ils arrivent
en avance.
LA SŒUR : À neuf heure et demie, on vérifie l’heure.
LE FRÈRE : L’heure est bonne à ma montre.
LA SŒUR : À la mienne aussi.
Une pause.
LA SŒUR : Les livres.
LE FRÈRE : Nous ne sommes pas lundi.
LA SŒUR : Ce ne sont pas des livres... ce sont des
manuels.
La Sœur guide son Frère jusqu’à l’étagère et
l’invite à lui passer les manuels pour les nettoyer.
Pendant un moment, grâce à ce mouvement
familier, ils sont à nouveau synchrones, ce qui
leur met du baume au cœur.
LA SŒUR : Rappelle-moi.
LE FRÈRE : Fais attention, s’il te plaît.
LA SŒUR : Je vais faire attention.
LE FRÈRE : Un instant de...
LA SŒUR : Je sais.
LE FRÈRE : Pourrait endommager une chose qui est –
Le Frère est à court de manuels à passer à sa
Sœur.
LE FRÈRE : C’est tout ce qu’il y a...
La Sœur pose ses trois livres.
LA SŒUR : Il faut quand même les nettoyer.
Avons-nous une brosse de ce côté-ci ?
Le Frère cherche une brosse.
LA SŒUR : Ne jamais cogner les livres entre eux.
Tu les briserais en morceaux.
Le Frère revient avec une brosse.
LA SŒUR : C’est ma brosse à dents ?
Le Frère époussette les livres avec la brosse à
dents de la Sœur.
LE FRÈRE : Épousseter avec une brosse, lustrer
avec un chiffon.
La Sœur regarde son Frère, lui en voulant de
plus en plus. Ils tentent de reproduire l’effet de
décalage auquel nous avons assisté dans la
première scène, mais en époussetant maintenant
avec une brosse à dents et en lustrant avec une
33
similar).
BROTHER. Hold the book firmly by the foreedge.
SISTER. Hold it firmly.
BROTHER. Dust away from the spine.
SISTER. Dust away from the spine.
When they are finished they continue to
dust and buff other objects in the room.
They toss things between them just as
they did in the opening sequence, but they
misjudge the distance since the space is
cramped and a china vase smashes. They
stop and stare at the shattered pieces. The
SISTER drops to the floor to pick them up.
SISTER. Oh no!
BROTHER. Wait.
SISTER. It was mother’s.
BROTHER. You’ll cut yourself.
SISTER. But this was all she left behind - ouch!
The SISTER cuts herself. The BROTHER
wraps her hand in the tablecloth.
BROTHER/SISTER. We sometimes get it wrong.
BROTHER. We learn as we go.
Together they collect the shards of china and
then return the books and the trinkets to the
shelves.
SISTER. Less to clean, but just as fulfilling.
BROTHER. We still have our standards.
SISTER. We do.
BROTHER. We do.
They finish in no time at all. They look at
their watches.
SISTER. Ten thirty-two.
Beat
SISTER. Lunch?
BROTHER. The kitchen backs on to their part of
the house.
SISTER. Are you afraid?
BROTHER. No. Are you?
SISTER. No. Are you?
BROTHER. No.
SISTER. No.
34
nappe (ou quelque chose d’équivalent).
LE FRÈRE : Tenir fermement le livre par la
tranche.
LA SŒUR : Le tenir fermement.
LE FRÈRE : Épousseter en partant du dos.
LA SŒUR : Épousseter en partant du dos.
Quand ils en ont terminé avec les livres, ils
continuent d’épousseter et de lustrer les autres
objets de la pièce. Ils se lancent les choses
tout comme ils le faisaient dans la première
scène, mais, comme l’espace est plus étroit,
ils évaluent mal les distances et un vase de
porcelaine se brise. Ils s’interrompent et fixent
du regard les morceaux brisés. La Sœur se jette
au sol pour les ramasser.
LA SŒUR : Oh non !
LE FRÈRE : Attends.
LA SŒUR : Il était à Maman.
LE FRÈRE : Tu vas te couper.
LA SŒUR : Mais c’est tout ce qu’elle a laissé – Aïe !
La Sœur s’est coupé. Le Frère enroule la main
de sa Sœur dans la nappe.
LE FRÈRE ET LA SŒUR : Parfois nous faisons
des erreurs.
LE FRÈRE : Nous apprenons au fur et à mesure.
Ensemble, ils ramassent les bris de
porcelaine puis remettent les livres et les
bibelots sur les étagères.
LA SŒUR : Moins de ménage, mais tout aussi gratifiant.
LE FRÈRE : Nous avons tout de même nos exigences.
LA SŒUR : Effectivement.
LE FRÈRE : Effectivement.
Ils terminent en un rien de temps. Ils
regardent leurs montres.
LA SŒUR : Dix heures trente-deux.
Un temps.
LA SŒUR : On déjeune ?
LE FRÈRE : La cuisine donne sur leur partie de la
maison.
LA SŒUR : Tu as peur ?
LE FRÈRE : Non. Et toi ?
LA SŒUR : Non. Et toi ?
LE FRÈRE : Non.
LA SŒUR : Non.
SCENE TWO
Two days later
The SISTER knits on the sofa. The BROTHER
reads to her.
BROTHER. (Reading) “Now you too can promote
a sound method of filing your records, and brief
fellow workers in the way of good practice.”
(Closing the book) It reads better the second time.
(Turning the book over, opening it to the first page
and beginning again). “Indexing, a manual of
Good Practice.”
SISTER. Can’t. Can’t you…?
BROTHER. Can’t I what?
SISTER. Read another one?
Short pause
BROTHER. (He reaches for the remaining two books
at their disposal) Which shall I read, then? The
Pocket Handbook of Good Manners?
SISTER. I’m sorry.
BROTHER. Or the Dictionary of Bees?
SISTER. Don’t be upset.
BROTHER. No matter. If you’re tired of my
manuals, I’ll not read them.
The BROTHER leans back in his chair and
watches his SISTER.
BROTHER. You’re good at that.
The BROTHER continues to stare at her. She
tries to knit, but in her self-consciousness she
makes a mistake.
BROTHER. Miss a stitch? Back you go.
The SISTER forces a smile and unravels her
knitting.
BROTHER. I could watch for hours.
SISTER. Photos!
BROTHER. What?
SISTER. Father’s photos, why not sort them?
Short pause
BROTHER. Well thought.
The BROTHER joins the sister by the trunk.
BROTHER. How should I sort them?
SISTER. Any way you like.
The BROTHER begins to sort the photographs
into piles. The SISTER watches him
cautiously. She reaches into her wool basket
and discovers that she only has one skein of
wool remaining. The BROTHER settles on a
photograph and smiles.
Scène 2
Deux jours plus tard.
La Sœur tricote sur le canapé. Le Frère lui fait
la lecture.
LE FRÈRE (lisant) : « Ainsi, vous aussi pouvez
dès à présent promouvoir une méthode efficace
pour archiver vos dossiers et partager ces bonnes
pratiques avec vos collaborateurs. » (Fermant le livre.)
Ça se lit mieux la seconde fois. (Retournant le livre,
l’ouvrant à la première page et recommençant la lecture.)
« L’Indexation, le Manuel des bonnes pratiques. »
LA SŒUR : Ne peux. Ne peux-tu pas... ?
LE FRÈRE : Ne puis-je pas quoi ?
LA SŒUR : En lire un autre ?
Une courte pause.
LE FRÈRE (tendant le bras pour prendre un des deux
autres livres à leur disposition) : Lequel est-ce que
je lis alors ? Le Petit Guide des bonnes manières ?
LA SŒUR : Je suis désolée.
LE FRÈRE : Ou Le Dictionnaire des abeilles ?
LA SŒUR : Ne le prends pas mal.
LE FRÈRE : Aucune importance. Si tu en as assez
de mes manuels, je ne les lirai plus.
Le Frère se renverse en arrière sur sa chaise et
regarde sa Sœur.
LE FRÈRE : Tu es douée.
Le Frère continue à la fixer du regard. Elle
essaie de tricoter mais, gênée, elle fait une
erreur.
LE FRÈRE : Tu as sauté une maille ? Allez, on
recommence !
La Sœur se force à sourire et défait son tricot.
LE FRÈRE : Je pourrais te regarder pendant des heures.
LA SŒUR : Les photos !
LE FRÈRE : Quoi ?
LA SŒUR : Les photos de Papa, si on les triait ?
Une courte pause.
LE FRÈRE : Bonne idée.
Le Frère rejoint sa Sœur à côté de la malle.
LE FRÈRE : Comment dois-je les trier ?
LA SŒUR : Comme tu veux.
Le Frère commence à trier les photographies
en faisant des piles. La Sœur, prudente, le
regarde. Elle plonge sa main dans la corbeille
à laine et découvre qu’il ne lui reste plus
qu’un écheveau. Le Frère s’attarde sur une
photographie et sourit.
35
LE FRÈRE (à propos de la fille sur la photographie) :
Cette fille te ressemble.
La Sœur s’approche et regarde la photographie.
Elle sourit en se remémorant ce souvenir.
LA SŒUR : Et lui, il ressemble à Lucho. Regardeles, assis sur la berge. Regarde-les. Bientôt,
son chapeau à elle s’envolera dans la rivière. Et
bientôt, il se mettra à l’eau pour le lui repêcher.
Et il le brandira d’un air triomphant !
LE FRÈRE : Et bientôt, il sera éconduit. Pauvre
garçon. Tellement d’espoir.
La Sœur lui arrache la photographie
The SISTER snatches the photograph; the
des mains ; le moment est gâché. Le Frère
moment has been ruined. The BROTHER
continue à la provoquer.
continues to goad her.
LE FRÈRE : Il était tellement perdu ; hanté par ce
BROTHER. How lost he was, haunted by
refus. Il a passé sa vie à chercher. Tellement triste.
rejection. Spent his life searching. So sad.
LA SŒUR (l’interrompant, furieuse) : Je n’ai plus
SISTER. (Interrupting, furious) I have no more
de laine.
wool!
Un temps.
Beat
LE FRÈRE : Et elle recommence...
BROTHER. There she goes again…
LA SŒUR : Iras-tu m’en acheter ?
SISTER. Will you buy me some more?
LE FRÈRE : Je ne peux pas.
BROTHER. I can’t
LA SŒUR : Pourquoi pas ?
SISTER. Why not?
LE FRÈRE : Je ne veux pas te laisser.
BROTHER. I can’t leave you.
LA SŒUR : Tout ira bien.
SISTER. I’ll be fine.
LE FRÈRE : Ce n’est pas prudent.
BROTHER. It’s not safe.
LA SŒUR : Je vais devenir folle si je ne peux pas
SISTER. I’ll go mad if I can’t knit.
tricoter.
Le Frère commence à enlever son tricot de
The BROTHER begins to remove his grey
grosse laine grise (col en V, et sans manches).
knitted vest
LA SŒUR : Qu’est-ce que tu – ?
SISTER. What are you –?
LE FRÈRE (lui tendant son tricot) : Défais-le.
BROTHER. (Offering her the vest) Undo it.
LA SŒUR : Non, tu en as besoin.
SISTER. No, you need it.
Le Frère enlève ses chaussures et ses
The BROTHER removes his shoes and
chaussettes.
socks.
LA SŒUR : Arrête.
SISTER. Stop.
LE FRÈRE : On peut vivre sans chaussettes.
BROTHER. People live without socks.
LA SŒUR : Il fait froid.
SISTER. It’s cold.
LE FRÈRE : J’ai des chaussures. Nous avons
BROTHER. I still have shoes. We’re lucky really.
vraiment de la chance.
SISTER. No, you must have socks.
LA SŒUR : Non, il te faut des chaussettes.
The SISTER moves to the chiffonier, opens
La Sœur se dirige vers le chiffonnier, ouvre
the bottom drawer and removes the stack of
le tiroir du bas et en sort la pile de couvertures
embroidered shawls. She pulls them onto her
brodées. Elle les pose sur ses genoux. Elle
lap. She finds a frayed edge of wool and begins
trouve un bout de laine effiloché et commence
to unravel the weave. Her BROTHER watches
à détricoter les mailles. Son Frère la regarde.
her.
LE FRÈRE : Nous avons tellement de chance.
BROTHER. How lucky we are. With so little – so
BROTHER. (Referring to the girl in the photograph)
This girl looks like you.
The SISTER approaches and looks at the
photograph. She smiles at the memory.
SISTER. And he looks like Lucho. Look at them
sitting on the bank. Look at them. Soon her hat
will blow into the river. And soon he will wade in
to fetch it. And hold it aloft in triumph!
BROTHER. And soon he’ll be refused. Poor boy.
So much hope.
36
little to clean, to weave, to read – there’s so much
time to ourselves.
The SISTER unravels the shawls faster and
faster
BROTHER. How lucky, how blessed we are. With
so little to think of, care for, so little to quarrel
over. With so little, so little, little by little we stop
thinking.
The SISTER violently tears the shawls
apart. She kneels amid a sea of torn wool.
The BROTHER returns to his photograph
collection. The SISTER picks up the needles
and begins again.
Avec si peu – si peu à nettoyer, à tricoter, à lire –
nous avons tellement de temps pour nous.
La Sœur détricote sa couverture de plus en
plus vite.
LE FRÈRE : Nous avons tellement de chance ; nous
sommes comblés. Avec si peu à penser, si peu à se
soucier, si peu pour se disputer. Avec si peu, avec
si peu, peu à peu nous arrêtons de penser.
La Sœur déchire violemment les couvertures
pour bébé. Elle se retrouve agenouillée
au milieu d’une véritable mer de laine
déchiquetée. Le Frère retourne à sa collection
de photographies. La Sœur prend ses aiguilles
et se remet à tricoter.
SCENE THREE
That night. The SISTER sleepwalks. She talks
in her sleep.
SISTER: It’s hot. Hot cold. Cold hot. Humid.
A thick fog of bath vapour. Hot, wet, damp,
breeding ground. Mites crawling, feasting on my
skin. Burning me. Why stuff me and trap me in a
cage? Why jail me in this half-death?
The BROTHER arrives in the doorway and
watches her.
SISTER. Pressure pushing out my ribs. Pushing
out my eyes. Tearing me apart!
The SISTER lets out a parrot-squawk
of painful terror, which wakes her. The
BROTHER exits unnoticed.
Scène 3
Cette nuit-là. La Sœur, somnambule, parle en
dormant.
LA SŒUR : Il fait chaud. Chaud froid. Froid
chaud. Humide. Une épaisse buée de vapeur
venant du bain. Chaud, mouillé, moite, un
terrain propice. Les mites rampent, festoient
sur ma peau. Me brûlent. Pourquoi m’empailler
et m’enfermer dans une cage ? Pourquoi
m’emprisonner dans cette demi-mort ?
Le Frère apparaît dans l’embrasure de la porte
et la regarde.
LA SŒUR : La pression me fait saillir les côtes.
Me fait jaillir les yeux. Me déchire !
La Sœur laisse échapper un cri strident qui
ressemble à celui d’un perroquet ; un cri de
terreur et de douleur qui la réveille. Le Frère
sort sans qu’elle l’ait remarqué.
SCENE FOUR
The next morning, the BROTHER and SISTER
eat breakfast, haggard and disheveled through
lack of sleep.
SISTER. How did you sleep?
BROTHER. Soundlessly.
SISTER. So did I.
BROTHER. The quality of sleep is –
SISTER. Dreamless.
The BROTHER sorts through a collection of
photographs at his side. He settles on one in
particular.
BROTHER. Your birthday
Scène 4
Le lendemain matin, le Frère et la Sœur,
échevelés, prennent leur petit déjeuner, épuisés
par le manque de sommeil.
LA SŒUR : Comment as-tu dormi ?
LE FRÈRE : Sans bruit.
LA SŒUR : Moi aussi.
LE FRÈRE : Le sommeil est d’une qualité –
LA SŒUR : Sans rêves.
Le Frère trie la collection de photographies.
Il s’attarde sur une en particulier.
LE FRÈRE : Ton anniversaire.
37
The SISTER approaches, taking the photograph
BROTHER. Tables laid in the garden. Paper
lanterns in the tree.
SISTER. Flowers in my hair.
BROTHER. (Impersonating their mother) “No cake
you for you.”
SISTER. (Impersonating their mother) “It will make
you fat.”
BROTHER. Mother was cruel.
SISTER. Father allowed it: he did nothing.
BROTHER. Don’t speak ill of our father.
SISTER. But he did.
BROTHER. Stop it. You sound like mother: always
so critical!
SISTER. What about you? “Change is final.”
You’re turning into father!
The BROTHER grabs her and shakes her.
Suddenly they stop dead, locked in each
other’s grip. They strain to listen.
BROTHER. It’s them.
SISTER. They’ve breached the door.
BROTHER. They’re taking over the whole house.
SISTER. What do we do?
BROTHER. We have to go.
SISISTER. But what about my –
BROTHER. Take what you can carry. Hurry!
The SISTER just has time to grab her knitting
needles and a string of wool, and the
BROTHER a couple of photographs before
together they race into the vestibule and hurl
themselves against the wrought iron door
slamming it violently shut.
The SISTER shows him the knitting needles
and ball of wool in her hand. A strand of wool
trails under the door. Suddenly the string
of wool is pulled from behind the door. The
SISTER drops her knitting needles and shrieks
in fright as the wool disappears under the door
out of sight.
SISTER. Hector… We have no choice.
BROTHER. You are right.
SISTER. We have to BROTHER. We have to SISTER. Go.
BROTHER. Live in here. We were born here. Our
father and his father were born here. We owe it to
them to stand guard.
38
La Sœur s’approche et prend la photographie.
LE FRÈRE : Tables dressées dans le jardin.
Lampions de papier dans l’arbre.
LA SŒUR : Fleurs dans mes cheveux.
LE FRÈRE (imitant leur mère) : « Pour toi, pas de
gâteau. »
LA SŒUR (imitant leur mère) : « Ça te ferait
grossir. »
LE FRÈRE : Maman était cruelle.
LA SŒUR : Papa laissait faire : il ne disait rien.
LE FRÈRE : Ne dis pas de mal de notre père.
LA SŒUR : Pourtant, c’est ce qu’il faisait.
LE FRÈRE : Arrête. On croirait entendre Maman :
toujours à critiquer !
LA SŒUR : Et toi ? « Tout changement est
définitif. » Tu deviens comme Papa !
Le Frère l’attrape et la secoue. Tout à coup, ils
s’arrêtent net, immobilisés dans leur étreinte.
Ils tendent l’oreille.
LE FRÈRE : C’est eux.
LA SŒUR : Ils ont forcé la porte.
LE FRÈRE : Ils envahissent la maison tout entière.
LA SŒUR : Qu’est-ce qu’on fait ?
LE FRÈRE : Il faut partir.
LA SŒUR : Mais, et mon –
LE FRÈRE : Prends ce que tu peux emmener.
Dépêche-toi !
LA SŒUR a juste le temps d’attraper ses aiguilles
à tricoter et un bout de laine, LE FRÈRE deux
photographies, avant de s’élancer ensemble vers
le vestibule, de se retourner contre la porte en fer
forgé et de la claquer violemment derrière eux.
La Sœur lui montre dans sa main les aiguilles à
tricoter et la pelote de laine dont un brin traîne
jusque sous la porte. Tout à coup, on tire le bout
de laine depuis l’autre côté de la porte. La Sœur
fait tomber ses aiguilles et pousse un cri d’effroi,
tandis que la laine disparaît sous la porte, hors
de leur vue.
LA SŒUR : Hector... Nous n’avons pas le choix.
LE FRÈRE : Tu as raison.
LA SŒUR : Il nous faut –
LE FRÈRE : Il nous faut –
LA SŒUR : Partir.
LE FRÈRE : Vivre ici. Nous sommes nés ici. Notre
père et son père sont nés ici. Nous leur devons de
monter la garde.
The SISTER stares at her BROTHER in alarm.
ACT THREE
SCENE ONE
The vestibule, just as we left them
The vestibule contains a chair, a vase of
flowers, a doormat and a wall-mirror.
The SISTER is exhausted and afraid. The
BROTHER tries to be strong for her.
BROTHER. What day is it today?
SISTER. Friday...
BROTHER. Floors!
The BROTHER desperately searches for
something to use to clean the floor.
SISTER. Hector…Please
Finding nothing, the BROTHER removes his
shirt (he wears a vest underneath). He kneels,
spits on the floor and begins to shine the tiles
with his shirt.
SISTER. Where will we sleep?
The BROTHER looks around and then pounces
on the doormat. He drags it to a corner,
removes his trousers and folds them into a
pillow. He returns to cleaning the floor with
his shirt.
SISTER. What will we eat?
The BROTHER reaches for the vase. He pulls
out the flowers.
BROTHER. You can last a month on water alone.
The BROTHER uses the flowers to dust away
the cobwebs.
SISTER. What if they break through the door?
BROTHER. They won’t. They’re happy where they
are.
SISTER. They won’t be happy forever, one day
they’ll come through.
BROTHER. Why would they, the house is theirs!
The BROTHER gets down on all fours again to
scrub the floor with his shirt.
BROTHER. Rosa, Father carried mother across
this floor on their wedding night.
Reluctantly, the SISTER removes her blouse
(she wears a vest underneath). As he did, she
spits on the ground and begins to shine the
floor.
BROTHER. Think of the feet that have scuffed
LA SŒUR, alarmée, fixe son Frère du regard.
ACTE III
Scène 1
Le vestibule, tel que nous les y avons laissés.
Le vestibule comprend une chaise, un vase
avec des fleurs, un paillasson et un miroir
mural. La Sœur est épuisée et apeurée. Le Frère
essaie de rester fort pour sa Sœur.
LE FRÈRE : Quel jour sommes-nous
aujourd’hui ?
LA SŒUR : Vendredi...
LE FRÈRE : Les sols !
Le Frère cherche désespérément quelque chose
pour nettoyer le sol.
LA SŒUR : Hector... Je t’en prie !
Ne trouvant rien, le Frère retire sa chemise.
(Il porte un maillot de corps.) Il s’agenouille,
crache sur le sol et commence à astiquer les
dalles avec sa chemise.
LA SŒUR : Où allons-nous dormir ?
Le Frère regarde autour de lui puis se précipite
sur le paillasson. Il le tire dans un coin, enlève
son pantalon et le plie pour en faire un oreiller.
Il retourne laver le sol avec sa chemise.
LA SŒUR : Qu’allons-nous manger ?
Le Frère prend le vase. Il en sort les fleurs.
LE FRÈRE : On peut tenir un mois seulement
avec de l’eau.
Le Frère se sert des fleurs pour enlever les toiles
d’araignée.
LA SŒUR : Et s’ils enfoncent la porte ?
LE FRÈRE : Ils ne le feront pas. Ils sont bien là où
ils sont.
LA SŒUR : Ils n’y seront pas toujours bien ; un
jour, ils traverseront.
LE FRÈRE : Pourquoi le feraient-ils, la maison
est à eux !
Le Frère se met à quatre pattes pour récurer le
sol avec sa chemise.
LE FRÈRE : Rosa, Papa a foulé ce sol en portant
Maman dans ses bras la nuit de leur mariage.
La Sœur retire son chemisier à contrecœur. (Elle
porte un maillot de corps.) Tout comme lui,
elle crache par terre et commence à astiquer le sol.
LE FRÈRE : Quand on pense aux pieds qui l’ont
39
them.
SISTER. Think of the…
BROTHER. Yes, think of the chairs scraped
across them. The truth is…The truth is…The
truth is…!
SISTER. Floors suffer. What next?
BROTHER. Photos! Father’s photos. (Raising one
photograph) Look at him being awarded honours.
(Raising the other photograph) And this one here
at home.
SISTER. In his wheelchair. He looks so thin and tired.
BROTHER. But he still looks proud.
They stare at the pictures.
SISTER. Hector…
BROTHER. (Brushing her off) At ten o’clock we
check the time.
There is no clock in the vestibule and so they
have to check the time against each other’s
watches.
BROTHER. At five past four we check the time.
The BROTHER fetches the chair and sits on it.
He stares at his sister.
BROTHER. Can I watch you?
SISTER. There’s nothing to see: I have no wool.
The BROTHER removes his vest and begins to
unravel it.
SISTER. Stop. I can’t. I can’t do this.
BROTHER. Then leave.
SISTER. Not without you.
BROTHER. Then stay.
Suddenly the SISTER grabs the wall-mirror
and smashes it on the ground. She picks up
a glass shard and uses it to hack off chunks
of her hair. With a fistful of hair she collects
her knitting needles and begins to knit. The
BROTHER watches.
The SISTER begins to sing the lullaby of her
childhood. Suddenly she breaks off.
BROTHER. What is it?
SISTER. There’s no bathroom. (Beat) I need the
bathroom, Hector.
BROTHER. Wait, let me think.
SISTER. Now!
The SISTER stands and moves to the front
door. The BROTHER holds her back.
BROTHER. Wait. Wait!
40
raclé.
LA SŒUR : Quand on pense...
LE FRÈRE : Oui, quand on pense aux chaises qui
l’ont rayé. En vérité... En vérité... En vérité... !
LA SŒUR : Les sols souffrent. Et après ?
LE FRÈRE : Les photos ! Les photos de Papa.
(Brandissant une photographie.) Regarde-le se
faire décorer. (Brandissant l’autre photographie.)
Et celle-là, ici, à la maison.
LA SŒUR : Dans sa chaise roulante. Il a l’air
tellement maigre et fatigué.
LE FRÈRE : Mais il a tout de même l’air fier !
Ils regardent les images.
LA SŒUR : Hector...
LE FRÈRE (l’ignorant) : À dix heures, on vérifie
l’heure.
Il n’y a pas d’horloge dans le vestibule, chacun
vérifie donc l’heure à la montre de l’autre.
LE FRÈRE : À quatre heure cinq, on vérifie
l’heure.
Le Frère va chercher la chaise et s’assied
dessus. Il fixe sa Sœur du regard.
LE FRÈRE : Est-ce que je peux te regarder ?
LA SŒUR : Il n’y a rien à voir. Je n’ai pas de laine.
Le Frère retire son tricot et commence à le
défaire.
LA SŒUR : Arrête. Je ne peux pas. Je ne peux pas
faire ça.
LE FRÈRE : Alors pars.
LA SŒUR : Pas sans toi.
LE FRÈRE : Alors reste.
Tout à coup, la Sœur attrape le miroir mural
et le brise contre le sol. Elle ramasse un éclat
de miroir et s’en sert pour se couper de grosses
mèches de cheveux. Elle prend ses aiguilles et
commence à tricoter une poignée de cheveux.
Le Frère la regarde.
La Sœur commence à chanter la berceuse de
son enfance. Elle s’interrompt brusquement.
LE FRÈRE : Qu’y a-t-il ?
LA SŒUR : Il n’y a pas de toilettes. (Un temps.)
J’ai besoin d’aller aux toilettes, Hector.
LE FRÈRE : Attends, laisse-moi réfléchir.
LA SŒUR : Maintenant !
La Sœur se lève et se dirige vers la porte
d’entrée. Le Frère la retient.
LE FRÈRE : Attends. Attends !
Le Frère court jusqu’à la chaise et entreprend
d’enlever le rembourrage de l’assise.
Une fois qu’il a arraché le rembourrage et
creusé un trou, il place la chaise dans un coin,
pose le vase dessous, et lui présente le tout avec
de grands gestes de magicien. Elle fixe
la chaise, horrifiée.
LE FRÈRE : Tout va bien, je tournerai le dos.
Il lui tourne le dos.
LA SŒUR : Je ne peux pas. J’ai besoin d’intimité.
LE FRÈRE : Je vais me mettre là.
LA SŒUR : J’ai besoin de temps.
LE FRÈRE : Prends tout le temps qu’il te faut.
Pourquoi ne chanterais-tu pas ?
LA SŒUR : Hector...
LE FRÈRE : Chante pour couvrir le... bruit. Allez.
La Sœur soulève sa jupe et s’assied à
contrecœur sur les toilettes improvisées.
LE FRÈRE : C’est ça. Chante. Chante.
LA SŒUR : Mon tout petit, repose-toi...
LE FRÈRE : Continue à chanter !
LA SŒUR : Mon tout petit, repose... Je ne peux pas.
LE FRÈRE : Si tu peux.
LA SŒUR (se levant) : Non, je ne peux pas. Ne me
force pas ! Regarde-nous. C’est de la folie. Que
sommes-nous devenus ? Papa ne voudrait pas –
LE FRÈRE : Papa n’abandonnerait pas.
LA SŒUR : Hector, c’est déjà fait.
LE FRÈRE : Tu... tu renonces trop facilement.
LA SŒUR : Facilement ? Je peux vivre sur un
pas de porte, je peux nettoyer le sol avec mon
chemisier, je peux perdre mes cheveux, mais je
ne peux pas passer le reste de mes jours à chanter
au son de la merde qui tombe.
La Sœur prend un éclat de miroir et creuse le mur,
faisant tomber de la poudre et des débris de pierre.
LA SŒUR : Regarde ça. Ça, c’est de la brique.
SISTER. Look at this. This is brick. This is mud
C’est de la boue et du mortier. Ça, ce n’est qu’un
and mortar. This is just a shard of glass. (She
éclat de verre. (Elle s’entaille avec l’éclat de verre.)
draws blood with the shard of glass) We are flesh
and blood, skin and nerves: we think and feel. We Nous, nous sommes de chair et de sang, de nerfs
et de peau : nous pensons, nous sentons. Nous
must come first.
devons passer en premier.
Un temps.
Beat
LE FRÈRE : Où irions-nous ?
BROTHER. Where would we go?
LA SŒUR : Quelque part. Ailleurs.
SISTER. Somewhere. Somewhere else.
LE FRÈRE : Que ferions-nous ?
BROTHER. What would we do?
SISTER. Something. Get jobs. Make friends. Live LA SŒUR : Quelque chose. Trouver du travail.
The BROTHER races for the chair and proceeds
to pull the stuffing out of the seat.
Once he has torn a hole in the seat he
places the chair in the corner and the vase
underneath, and offers it to her with the
flourish of a magician. She stares at it in
horror.
BROTHER. It’s fine. I’ll turn my back.
He turns his back
SISTER. I can’t. I need privacy.
BROTHER. I’ll stand over here.
SISTER. I need time.
BROTHER. Take all the time you need. Why don’t
you sing?
SISTER. Hector…
BROTHER. Sing to cover the…sound. Go on.
The SISTER lifts her skirt and reluctantly sits
on the makeshift toilet.
BROTHER. That’s it. Sing. Sing.
SISTER. Baby rest your head…
BROTHER. Keep singing!
SISTER. Baby rest…I can’t.
BROTHER. Yes you can.
SISTER. (Standing) No I can’t. Don’t make me!
Look at us. This is mad. What have we become?
Father would never –
BROTHER. Father would never surrender.
SISTER. Hector, it’s done.
BROTHER. You…you give up too easily.
SISTER. Easily? I can live in a doorway, I can
wipe the floor with my shirt, I can lose my hair,
but I can’t sing to the sound of falling shit for the
rest of my life.
The SISTER lifts a shard of mirror and digs
stone and powder out of the wall.
41
our lives. The way we were before…we can be that Nous faire des amis. Vivre notre vie. Tels que nous
étions avant... nous pouvons l’être à nouveau.
way again.
Une pause. Le Frère acquiesce d’un
Pause. The BROTHER nods.
mouvement de tête.
LA SŒUR : Viens. Viens.
SISTER. Come. Come.
LE FRÈRE : Attends. Nous devrions ranger.
BROTHER. Wait. We should tidy up.
LA SŒUR : Hector...
SISTER. Hector…
LE FRÈRE : Quand ils entreront, veux-tu qu’ils
BROTHER. When they come, do you want them
la trouvent... comme ça ? Qu’on s’en souvienne
to find it…like this? To be remembered this
comme ça ?
way?
LA SŒUR : Non.
SISTER. No.
LE FRÈRE : Nous avons nos exigences, celles de
BROTHER. We have our family’s standards.
notre famille.
LA SŒUR : Oui, bien sûr.
SISTER. Of course we do.
Ensemble, ils rangent le vestibule et
Together they tidy the vestibule and restore
le remettent, du mieux qu’ils peuvent, dans
it, as best they can, to how they found it.
l’état où ils l’ont trouvé. Quand ils ont terminé,
When they are done, they dress in their wet,
ils remettent leurs vêtements mouillés et
stained clothes, take one last look at their
tachés, regardent une dernière fois leur
house, and walk to the door. The SISTER
maison, et marchent vers la porte. La Sœur
allows the BROTHER to open it. They are
laisse le Frère l’ouvrir. L’aveuglante lumière
greeted by blinding daylight. They exit into
du jour les accueille. Ils sortent vers la lumière.
the light.
The End
42
Fin.
«Le choc des temps»
L’économie mondiale, entre urgences et long terme
5,
t7
e
6
t2
01
3
13e RenContRes ÉConomiques
d’Aix-en-Provence
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Ouvertes et gratuites, les Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence
sont organisées par le Cercle des économistes dans le cadre
de l’Université d’Aix-Marseille, de Sciences-Po Aix et du Festival
d’Aix-en-Provence. Événement de portée internationale, ces trois
jours de réflexion rassemblent universitaires, chefs d’entreprise,
politiques et étudiants sur un thème de l’actualité économique.
Le Cercle des économistes
30 universitaires et une conviction : l’importance d’un débat ouvert et accessible.
w w w. l e s r e n c o n t r e s e c o n o m i q u e s . f r
Vasco Mendonça / compositeur
Le compositeur portugais Vasco
Mendonça étudie avec Klaas
de Vries et George Benjamin.
Il reçoit de nombreuses
distinctions, dont le Lopes
Graça Composition Award, et
plusieurs bourses du Ministère de la culture. Compositeur
en résidence à la Casa da Música, il représente le Portugal à
la Tribune internationale des compositeurs de l’UNESCO.
Son opéra multimédia Ping est créé en mars 2013 au Music
Theatre Wales ; il participe en outre à un programme sur
l’opéra du XXIe siècle pour la radio nationale portugaise.
Mendonça a reçu des commandes de plusieurs institutions
Biographies
européennes, salles et festivals, telles que la Casa da Música,
le Festival d’Aldeburgh, MuziekTheater Transparant, les
Festivals de Verbier et d’Aix-en-Provence, Temps d’Image,
la Fondation Gulbenkian, le Teatro S. Luiz et Culturgest.
Ses œuvres ont été enregistrées chez Classic Concert
Records. La musique de Vasco Mendonça est interprétée
dans le monde entier par de nombreuses formations,
dont notamment le Nieuw Ensemble, le Remix Ensemble,
le Gulbenkian Orchestra, l’Orchestre national de Porto,
le Drumming Ensemble, l’Orchestre Metropolitain de
Lisbonne, le Matosinhos String Quartet, le Sond’Arte
Ensemble, le Nederlands Vocaal Laboratorium et
Orchestrutopica.
Sam Holcroft / librettiste
La dramaturge Sam Holcroft
débute sa carrière en 2003, en
intégrant le groupe de jeunes
auteurs du Traverse Theatre
d’Édimbourg. En 2005, elle est
sélectionnée pour participer
aux festivités des cinquante ans du Royal Court Theatre.
Elle écrit de nombreuses pièces, dont Edgar et Annabel
(traduction française de Sophie Magnaud non publiée à
ce jour), dans le cadre de Double Feature 1 pour le Royal
National Theatre ; Dancing Bears, dans le cadre de la
saison Charged du Soho Theatre et du Latitude Festival ;
While You Lie au Traverse Theatre ; Pink, dans le cadre de la
saison Women, Power and Politics au Tricycle ; Vanya, une
adaptation de Tchekhov, au Gate ; Cancrelat (traduction
française de Sophie Magnaud publiée aux Éditions
Théâtre Ouvert) coproduit par le National Theatre of
Scotland et le Traverse Theatre (nominé pour la Meilleure
création 2008 lors des Critics’ Awards du théâtre écossais
et pour le John Whiting Award en 2009) ; Ned and
Sharon au High Tide Festival ; et Vogue, dans le cadre de
l’évènement Angry Now du Royal Court Theater.
Auteur en résidence au Traverse Theatre durant la saison
2009-2010, Sam Holcroft a reçu le Tom Erhardt Award
pour jeunes auteurs en 2009. Elle travaille actuellement
à des commandes pour le National Theatre of Scotland, le
Traverse Theatre et le Royal National Theatre, où elle est
auteur en résidence depuis avril 2013.
Kopatchinskaja. Il enregistre plusieurs disques avec le
Residentie Orchestra Den Haag, le Klangforum de Vienne
et l’Orchestre symphonique des Flandres. Sa discographie
Katie Mitchell / Mise en scène
Après des études en littérature
anglaise à l’Université d’Oxford,
Katie Mitchell travaille comme
assistante à la mise en scène pour
divers théâtres et compagnies,
dont la Royal Shakespeare
Company. À la fin des années 1980, elle fonde sa propre
compagnie, « Classics on a Shoestring », au London Fringe
Festival, avec laquelle elle monte Vassa Zhelznova de Gorki,
Arden of Faversham, Les Troyennes d’Eurypide (ces deux
dernières pièces ont été récompensées par les Prix Time
Out) et La Maison de Bernarda Alba de Federico García Lorca
(Gate Theatre) et Vous vivrez comme des porcs de John Arden
(Royal Court Theatre Upstairs). Elle signe, entre autres, la
mise en scène des spectacles suivants : Les Bonnes de Jean
Genet dans une traduction de Martin Crimp et La Femme
Juive de Brecht au Young Vic Theatre ; Le Dibbouk de Shalom
Anski, Les Fantômes d’Ibsen, Henry VI de Shakespeare, Les
Phéniciennes d’Eurypide (Prix de l’Evening Standard comme
meilleur metteur en scène), Les Mystères, Beckett Shorts
d’après Beckett et Oncle Vanya de Tchekhov pour la Royal
Shakespeare Company ; The Last Ones de Gorki et Iphigénie
en Aulide d’Eurypide au Théâtre de l’Abbaye de Dublin ;
Une femme tuée par la douceur de Thomas Heywood, The Cat
in the hat d’après Le Chat chapeauté du Dr Seuss, Le Mal de la
jeunesse de Ferdinand Bruckner, Some Trace of Her d’après
L’Idiot de Dostoïevski, Rutherford and Son de Githa Sowerby,
The Machine Wreckers d’Ernst Toller, L’Orestie d’Eschyle,
Ivanov, La Mouette et Les Trois Sœurs de Tchekhov, Le Songe, un
Etienne Siebens / Direction musicale
Etienne Siebens étudie la
direction auprès de Lucas
Vis, Hiroyuki Iwaki et Jorma
Panula. Il crée en 1992
l’ensemble Prometheus, au
sein duquel il occupe le rôle
de directeur artistique et de chef d’orchestre jusqu’en
2008. Parrallèlement, il est nommé en 2001 chef
d’orchestre invité permanent de l’Orchestre de la radio
flamande, avant d’en être le chef permanent de 2004
à 2010. En 2002, il dirige la production Karkas (De
Bondt) du Holland Festival. L’ensemble Amsterdam
Sinfonietta l’invite au Concertgebouw d’Amsterdam. Il
dirige également le Nederlands Blazersensemble dans De
Staat (Andriessen) et l’ensemble Asko | Schönberg dans
Theseus Game (Harisson Birtwistle) au Concertgebouw
Amsterdam. Avec le Klangforum de Vienne, il crée un
opéra de Luca Francesconi au Festival Wien Modern.
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Il est ensuite invité à diriger en concert le Rotterdam
Philharmonic, le Residentie Orchestra Den Haag,
MusikFabrik, Psappha Ensemble, l’Orchestre de chambre
et l’Orchestre symphonique de la radio néerlandaise,
l’Orchestre symphonique des Flandres, l’Orchestre de
l’Opéra de Rouen ou encore le Collegium Vocale de Gand.
Depuis peu, il est « artiste en résidence » de l’ensemble
Solisti del Vento et chef invité permanent de l’ensemble
Asko | Schönberg.
Il collabore étroitement avec les compositeurs Maurico
Kagel, György Kurtág, Peter Eötvös, Luca Francesconi,
Michel van der Aa, Louis Andriessen, Harisson
Birtwistle, Peter Maxwell Davies et Philippe Boesmans.
Il travaille aussi avec les chanteurs Barbara Hannigan,
José van Dam, Christianne Stotijn et Claron McFadden,
les violoncellistes Quirine Viersen, Jean-Guihen
Queyras et Pieter Wispelwey, les pianistes Jean-Yves
Thibaudet et Frank Braley, ou encore la violoniste Patricia
comprend notamment des pièces de Michael van der Aa
avec l’Orchestre de chambre de la radio néerlandaise, et
de Martijn Padding avec l’Ensemble Asko | Schönberg.
jeu de rêves de Strindberg, Les Vagues d’après Virginia Woolf,
Atteintes à sa vie de Martin Crimp et Les Troyennes d’Eurypide
au National Theatre. Elle travaille également pour le Donmar
Warehouse (Four Quartets de T.S. Eliot et Endgame de Beckett),
ainsi que pour le Festival d’Aldeburgh et le Southbank Centre
de Londres (One Evening). Elle est invitée par de nombreux
théâtres en Europe dont le Piccolo Teatro de Milan (Atteintes
à sa vie), le Théâtre dramatique royal de Stockholm (Pâques
de Strindberg et Krapp’s Last Tape de Beckett), le Schauspiel
de Cologne (Wunschkonzert de Franz Xaver Kroetz et Les
Vagues), la Schaubühne de Berlin (Mademoiselle Julie de
Strindberg) et le Théâtre royal danois (La Mouette). À l’opéra,
elle met en scène, en 2009, Al gran sole carico d’amore de Luigi
Nono au Festival de Salzbourg, Clemency et Parthenogenesis de
James MacMillan au Covent Garden, Idoménée de Mozart et
After Dido à l’English National Opera, Don Giovanni, Jephthé
de Haendel, The Sacrifice de James MacMillan, Jenůfa et Katja
Kabanova de Janáček au Welsh National Opera, la Passion
selon Saint Matthieu au Festival de Glyndebourne, Orest de
Manfred Trojahn au Nederlandse Opera d’Amsterdam,
Le Vin herbé de Frank Martin au Staatsoper de Berlin et
Written on Skin au Festival d’Aix-en-Provence, production
présentée ensuite à Amsterdam, Toulouse, Londres,
Vienne, Munich et Paris. Elle a aussi réalisé un film à partir
du Tour d’écrou de Britten pour la BBC. Metteur en scène
associée au National Theatre, elle a également rempli cette
fonction à la Royal Shakespeare Company et au Royal Court
Theatre. En 2009, elle a été promue Officier de l’Ordre de
l’Empire Britannique.
Alex Eales / Scénographie
Le scénographe Alex Eales se
forme à la Wimbledon School
of Art de Londres. Il réalise
la scénographie de plusieurs
opéras : Così fan tutte et Idoménée
(Mozart) à l’Opera Holland
Park et à l’English National Opera, respectivement ;
Clemency (McMillan) au ROH2 Linbury Studio et
au Scottish Opera ; et Tarantula in Petrol Blue (Anna
Meredith). Au théâtre, il conçoit la scénographie de Dyled
Eileen (Angharad Tomos) au Theatr Cymru ; Feast (Elise
Dodgson) au Young Vic ; Voyage à travers la nuit (d’après
Friederike Mayröcker) et Concert à la carte (Kroetz)
au Schauspielhaus de Cologne ; Brimstone and Treacle
(Dennis Potter), Les Fantômes (Ibsen) et Le Crocodile
(d’après Dostïeviski) pour l’Arcola Theatre ; Le Cercle de
craie caucasien et La Résistible ascension d’Arturo Ui (Brecht)
au Watford Palace ; Design For Living (Coward) à Salisbury,
Small hours (Lucy Kirkwood) et Say it with flowers (d’après
Gertrude Stein) au Hampstead Theatre Studio, The Breath
Of Life (David Hare) à Sheffield, Spring Awakening – the
musical (Duncan Sheik) au Theatr Genedlaethol, The
Swallowing Dark (Lizzie Nunnery) au Liverpool Playhouse
Studio et au Theatre 503, Mademoiselle Julie (Strindberg)
à la Schaubühne de Berlin, The Devil Inside Him (John
Osborne) au National Theatre Wales, Les Bonnes
(Genêt) à Stockholm, The Suicide (Gray) au Teatro della
Contradizione à Milan, Mollie Flanders (Daniel Defoe) au
KAOS Theatre ; The Break Of Day (Winterbaker), Widows,
R.U.R (Capek), Still Life (Coward) à Plymouth ; The Country
à Belgrade, Serious Money (Caryl Churchill) à Cambridge,
Blood au Pleasance Edinburgh, Cocoa (Gotts) au Theatre
503 à Londres, Tractor Girls (Ossevoort). Il a également
dessiné les costumes de la production Iron (Rona
47
Munro) donnée au Traverse Edinburgh, au Royal Court
Downstairs et au Schauspielhaus de Leipzig. Il réalisera
prochainement la scénographie de Don Giovanni (Mozart) à
l’Opéra de Copenhague et celle de Into the Woods au Théâtre
du Châtelet.
Il chante Les Vêpres solennelles d’un confesseur (Mozart),
le Christ dans la Passion selon Saint Matthieu et la
Passion selon Saint Jean de Bach‚ Elias (Mendelssohn), Le Messie (Haendel)‚ la Messe Nelson (Haydn)‚ la Petite
Donmar Warehouse Theater ; Posh (Wade) au Royal Court/
Duke of York’s ; Our Private Life et A Miracle (Davies) ainsi que
Contractions (Bartlett) au Royal Court Theater ; The Way of the
World (Congreve) au Sheffield Crucible, One Pig (Herbert)
au Linbury Studio ; Edgar and Annabel (Holcroft) et There Is
A War (Basden) au National Theatre ; Joseph K. (Kraemer) et
Nocturnal (Mayorga) au Gate ; My Romantic History (Jackson)
aux Traverse, Bush et Sheffield Theatres ; et La Leçon
(Ionesco) à l’Arcola. Lyndsey Turner est directrice associée
des théâtres de Sheffield.
Kitty Whately, mezzo-soprano / Sister
Messe Solennelle (Rossini)‚ la Messa di Gloria (Puccini)‚
King Arthur (Purcell) et The Armed Man (Karl Jenkins). Il
chantera prochainement la Mass of the Children (Rutter) et
la Spring Symphony (Britten) à la Cathédrale de Salisbury.
Lyndsey Turner / Dramaturgie
La dramaturge Lyndsey Turner
collabore avec Katie Mitchell sur
The Yellow Wallpaper (adaptation
du recueil de nouvelles de
Charlotte Perkins Gilman) à la
Schaubühne de Berlin, Voyage à
travers la nuit (d’après Friederike Mayröcker) au Schauspiel
de Cologne et Ten Billion (Emmont) au Royal Court Theatre.
Elle met en scène de nombreuses pièces pour divers théâtres
de Londres ou Sheffield : Philadelphia, Here I Come! (Friel) au
James Farncombe / Lumière
Le concepteur de lumières
James Farncombe a participé à
diverses productions d’opéra,
comme Le Vin Herbé (Martin)
au Staastsoper de Berlin, Le
Vaisseau fantôme (Wagner) au
Scottish Opera et Kommilitonen! (Peter Maxwell Davies)
à la Royal Academy of Music de Londres et à la Juilliard
School de New York. Il a également conçu les lumières
de nombreuses comédies musicales et pièces de théâtre :
London Road (Blythe), Men Should Weep (Stewart), People
(Bennett), Le Magistrat (Pinero), Double Feature (Moore),
Juno and the Paycock (Sean O’Casey) au National Theater ;
Comme il vous plaira (Shakespeare), A Mad World, My
Masters (Middleton) pour la Royal Shakespeare Company ;
Les Trois Sœurs (Tchekhov), The Changeling (Middleton),
La Ménagerie de verre (Tennessee Williams) au Young Vic ;
La Duchesse de Malfi (Webster) au Old Vic ; The Recruiting
Officer (Farquhar) et Inadmissible Evidence (Osborne) au
Donmar ; The Ladykillers (Linehan) au Gielgud ; Ghost
Stories (Dyson) au Duke of York’s ; Swallows and Amazons
(d’après Ransome) au Vaudeville ; Juliet and Her Romeo
(O’Connor) et Far Away (Caryl Churchill) au Bristol
Old Vic ; Ragtime (MacNally), Le Songe d’une nuit d’été
(Shakespeare), Sa Majesté des mouches (d’après Golding)
au Regent’s Park ; Desire Under the Elms (O’Neill) et Twisted
Tales (Roald Dahl) au Lyric Hammersmith ; Love, Love,
Love (Bartlett) et The Village Bike (Skinner) au Royal Court
Theater ; Like a Fishbone et 2000 Feet Away (Weigh), The
Whiskey Taster (Graham) au Bush Thater ; Plenty (Hare) au
Sheffield Crucible ; The Overcoat (d’après Gogol) au Gecko ;
Breaking the Silence (Poliakoff) au Nottingham Playhouse ;
Longing (Boyd), Taking Care of Baby et Osama the Hero (Kelly)
et Single Act (Bodie) au Hampstead Theatre.
Oliver Dunn, baryton / Brother
Né à Kent, le baryton Oliver
Dunn étudie au Royal Northern
College of Music‚ à la Royal
Academy of Music et au National
Opera Studio‚ où il bénéficie
d’une bourse du Lionel Anthony
Charitable Trust. Il reçoit en 2011 le Glyndebourne
Donald Anderson Prize‚ une bourse de l’Independent
Opera et plusieurs récompenses de la Royal Academy of
Music et du Royal National College of Music. Il interprète
les rôles de Belcore (L’Élixir d’amour, Donizetti) et du
Comte Almaviva (Les Noces de Figaro, Mozart) au National
Opera Studio ; de Marullo (Rigoletto, Verdi) au Iford ; de
Monterone (Rigoletto, Verdi) et Zuniga (Carmen, Bizet)
à l’opéra de Clonter ; d’Énée (Didon et Énée, Purcell‚ de
Mr. Gedge (Albert Herring‚ Britten), de Cadmus (Semele‚
Haendel) et de Don Parmenione (L’occasione fa il ladro,
48
Rossini) au Royal Academy Opera ; de Figaro (Les Noces
de Figaro)‚ du Garde-Forestier (La Petite Renarde rusée‚
Janáček), du Narrateur (L’Opéra de Quat’sous, Weill) et de
Zaretsky (Eugène Onéguine, Tchaïkovski) au Royal National
College of Music ; de Captain Corcoran (Les Pirates de
Penzance, Sullivan) et de Pish-Tush (The Mikado, Sullivan)
au Gasworth Festival. Il incarne Marcello (La Bohème,
Puccini), Junius (The Rape of Lucretia, Britten) et le Marquis
d’Obigny (La Traviata, Verdi) au Festival de Glyndebourne ;
Masetto (Don Giovanni, Mozart) à Opera North ; le Premier
matelot (Billy Budd, Britten) et Arcas/Argive/Vengeance
(Médée, Charpentier) à l’English National Opera ; Fiorello
(Le Barbier de Séville, Rossini) à Lille ; Cascada (La Veuve
joyeuse, Léhar) au Royal Festival Hall ; et Lopez (L’Amant
jaloux, Grétry) au Bampton Classical Opera.
Il se produit en concert avec divers ensembles comme
The Hallé, The Hanover Band et Manchester Camerata.
La mezzo-soprano britannique
Kitty Whately se forme à la
Chetham’s School of Music, à
la Guildhall School of Music
and Drama et au Royal College
of Music ; elle suit en outre des
ateliers avec Thomas Allen et Roger Vignoles. Finaliste
du concours de chant international Les Azuriales en 2010,
elle remporte en 2011 le Kathleen Ferrier Award et le
59e Royal Overseas League Award for Singers. En 2012,
elle est choisie pour participer à l’académie du Festival
de Verbier. Lauréate de la bourse Aldama, Kitty Whately
remporte le Prix Cuthbert Smith, le Prix de lieder Ted
Moss et Bertha Taylor-Stach et le concours Joan Chissell
Schumann du Royal College of Music. Elle chante Rosine
(Le Barbier de Séville, Rossini) et Dorabella (Così fan tutte,
Mozart) pour l’English Touring Opera, Chérubin (Les Noces
de Figaro, Mozart) au Royal College of Music, Kate (Owen
Wingrave, Britten) au Festival de musique de chambre
de Nuremberg, et Edith (Alfred, Arne) avec la Classical
Opera Company. Elle est tour à tour Nancy (Albert Herring,
Britten), la Deuxième dame (La Flûte enchantée, Mozart) et
Johanna (Sweeney Todd, Sondheim). En tant que doublure,
elle étudie les rôles de Love and Other Demons (Peter Eôtvôs)
et d’Idamante (Idoménée, Mozart). Durant la saison 20122013, elle fait ses débuts à l’English National Opera dans
The Pilgrim’s Progress (Vaughan Williams). Elle se produit
en récital avec Roger Vignoles, Malcolm Martineau, Gary
Matthewman et Joseph Middleton, notamment au Festival
international d’Édimbourg, au Festival de lieder d’Oxford
et au Festival de Buxton. Elle chante notamment les
Chansons d’Auvergne et le Requiem de Duruflé avec le Royal
Philharmonic Orchestra, The Dream of Gerontius (Elgar)
et Le Messie (Haendel) au Royal Albert Hall. Kitty Whately
bénéficie actuellement du programme pour jeunes artistes
de l’English Touring Opera.
Asko | Schönberg ensemble
L’ensemble de musique nouvelle Asko | Schönberg, en
résidence au Muziekgebouw aan ‘t IJ à Amsterdam, est
un ensemble à géométrie variable, comptant de 5 à 50
musiciens dirigés par le chef d’orchestre permanent
Reinbert de Leeuw, ou par des chefs invités, comme
Oliver Knussen, Stefan Asbury, Emilio Pomárico, Peter
Eötvös et Etienne Siebens.
Outre Weill, Schoenberg, Stravinsky et Messiaen, ou
les œuvres d’Andriessen, Gubaidulina, Kagel, Kurtág,
Ligeti, Rihm et Stockhausen, l’ensemble s’attache
également à faire connaître de jeunes compositeurs
comme Van der Aa, Padding, Widmann et Zuidam, et
de tout jeunes talents. Il se produit dans de nombreux
lieux, comme le Concertgebouw d’Amsterdam, le
Holland Festival et le Nederlandse Opera, ainsi que dans
divers festivals et salles de concerts non seulement aux
Pays-Bas mais aussi à Cologne, Cracovie, Paris (Cité de
la Musique), Londres (Barbican Centre), Los Angeles
(Walt Disney Concert Hall) et New York (Carnegie Hall).
L’ensemble accorde une grande importance à la
pédagogie, notamment par l’intermédiaire de projets
éducatifs à l’intention du jeune public, de projets de
composition avec les étudiants du secondaire, et de
collaborations avec les conservatoires.
ORCHESTRE
Violons
Heleen Hulst, Jan Erik van Regteren Altena
Clarinette , Clarinette basse, clarinette contrebasse
David Kweksilber
Altos
Bernadette Verhagen, Marijke van Kooten
Clarinette , Clarinette basse
Anna voor de Wind
Violoncelle
Hans Woudenberg
Trompettes, bugleS
Frank Braafhart, Saleem Khan
Contrebasse
Quirijn van Regteren Altena
Trombone
Toon van Ulsen
Flûte, piccolo, flûte basse
Jeannette Landré
Percussions
Joey Marijs
49
© Marc Chesneau
POUR
QUE VIVE
LA
MUSIQUE
La Sacem soutient la musique
contemporaine
En 2013, l’action culturelle de la Sacem consacre près de 3,8 millions d’euros à
ses différents programmes d’aide à la musique contemporaine :
q renouvellement des répertoires,
q aides aux ensembles et festivals,
q appui à la professionnalisation des jeunes compositeurs.
sacem.fr
Samedi 13 juillet
21h30
Hôtel Maynier d’Oppède
qConcert Sacem/Académie européenne
de musique d’Aix-en-Provence avec,
en création mondiale, l’œuvre “Super8”
de Laurent Durupt
Nouvelle application gratuite iPhone et androïd
Synopsis
ACT TWO
The following morning: Hector and Rosa attempt
to cling on to their old rituals: eating breakfast in
the smaller part of their family home, cleaning
their remaining possessions. But with fewer
objects to clean, they finish quickly and are forced
to take lunch at ten thirty.
Two days later: Rosa is passing the time by
knitting whilst Hector reads to her from manuals,
the only books which remain on their side of the
house. To break the tedium, Rosa suggests that
he sort through their father’s old photographs.
As tensions mount, Hector begins to taunt Rosa
about Lucho, her ex-suitor. Rosa demands that
her brother bring her more wool; but when
Hector refuses to leave the house, she unravels
her beloved shawls.
Later that night: Rosa has a vivid nightmare in
which she imagines herself as the stuffed parrot,
which the family kept in the house. She wakes
herself in fright.
The next day: Rosa and Hector eat breakfast
together, the tensions in their relationship now
painfully apparent. But as they begin to argue
over the memory of their parents, they suddenly
stop in fright. Instinctively, they take shelter in
the vestibule and shut the wrought iron door to
the house, agreeing that the house has now been
completely taken over. Rosa feels that they should
leave, but Hector insists they should stay.
ACT THREE
Minutes later: Hector attempts to recreate their
morning routine in an effort to convince his sister
that life in the house is still tenable. Rosa begins
to join in, but her resolve falters. Having initially
attempted to placate his sister, Hector concedes
that their life in this house is over and that they
must leave their ancestral home. The brother and
sister take their first steps into a new life.
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spectacles, femmes…
Sam Holcroft
Téléchargeable sur
52
NOUVEAUTÉS
ACT ONE
A large townhouse in Buenos Aires, Argentina,
the 1940s. Hector and Rosa - brother and sister
- eat breakfast in the dining room of their family
home. On the chime of nine o’ clock, they begin
their daily cleaning routine, defending their
inheritance against the onslaught of dust and dirt.
At noon precisely they stop for lunch.
Several days later: once the morning housework
has been completed, Rosa spends the afternoon
resting on the sofa, knitting. As she knits, she
sings a lullaby. Hector arrives, searching for his
gloves. But when he opens a drawer, he discovers
a stash of beautifully decorated shawls, knitted
by Rosa. He leaves, having failed to summon the
courage to ask his childless sister why she has
knitted so many shawls. When he is gone Rosa
once again sings the lullaby of her youth.
Some days later: Hector reads to his sister from
a novel. While alone in the kitchen preparing
tea, Hector suddenly becomes aware that there is
something wrong with the house. Simultaneously,
Rosa experiences the same unnerving feeling. In
a blind panic, Hector slams shut the door which
separates one wing of the house from another. He
rehearses the explanation he will give his sister,
before returning to the sitting to deliver the tea.
But Rosa urges Hector to accept the fact that part
of the house has been taken over: they will have to
live on this side of the door instead.
Alerte info : ne ratez aucune actu importante.
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d’Aix-en-Provence, c’est :
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sur le soutien de chefs d’entreprises, sur la mobilisation
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amateurs d’opéra. Véritables partenaires, ils s’engagent
à nos côtés pour défendre la créativité et la volonté de
transmission et de partage qui guident l’ensemble de nos
actions, de nos productions lyriques au travail pédagogique
réalisé avec le jeune public.
Nous construisons ainsi un partenariat valorisant qui
souligne leur engagement et leur rôle dans la société, ainsi
que leur capacité à prendre des risques et à faire des paris
audacieux, personnels ou professionnels.
Représentant plus de 17% de son budget, les fonds issus
d’entreprises et de particuliers sont essentiels pour le
Festival. Cet accompagnement pérenne permet ainsi au
Festival de rester une entreprise culturelle dynamique et
innovante.
Marie-Victoire Abbou-Caubel Directrice des Relations Entreprises +33 (0) 4 42 17 57 86 / [email protected]
Maria Ott-Nancy Chargée de Relations Entreprises régionales – Club Campra +33 (0) 4 42 17 34 31 / [email protected]
• partager un moment d’émotion et de plaisir, en marge du quotidien. Le Festival est aussi
l’occasion de rencontres, de surprises, de questionnements...
• soutenir l’une des plateformes d’art lyrique parmi les plus novatrices et influentes en
Europe, capable de rassembler les grands talents lyriques et les meilleurs orchestres du
monde, comme de s’engager en faveur de la création et de l’interdisciplinarité.
• contribuer au rayonnement d’un festival lié aux plus grandes scènes grâce à de nombreuses
coproductions avec des maisons d’opéra françaises et internationales.
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renforçant ainsi l’ancrage régional du Festival.
• accueillir tout au long de l’année les publics scolaire et associatif dans le cadre de parcours
pédagogiques et de projets socio-artistiques sur mesure, de la sensibilisation à la pratique
artistique.
• encourager les talents de demain au sein de l’Académie européenne de musique – près de
1 500 jeunes accueillis depuis 1998 – reconnue comme un centre important de formation et
d’insertion professionnelle pour les jeunes artistes.
• promouvoir les savoir-faire techniques et artisanaux liés au spectacle vivant et à la
production d’opéra au sein de ses ateliers de construction des décors.
Charlotte Jumelin Chargée de Mécénat Individuel +33 (0) 4 42 17 34 27 / [email protected]
Magali Goby Chargée de Mécénat Individuel +33 (0) 1 44 88 59 56 / [email protected]
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Le soutien des particuliers
Le Festival d’Aix-en-Provence exprime sa très vive gratitude à l’égard de ses mécènes individuels.
Plusieurs de nos membres souhaitent conserver l’anonymat.
Club des Mécènes
The International Friends
Le Club des Mécènes regroupe des particuliers qui apportent une contribution
essentielle au développement du Festival et bénéficient de nombreux avantages
et services exclusifs en contrepartie de leur don. Tout don effectué en faveur du
Festival d’Aix-en-Provence donne droit à une réduction d’impôts sur le revenu égale à 66% de son
montant (dans la limite de 20% du revenu imposable).
L’association des International Friends of the International Lyric Art Festival
(IFILAF), basée à New-York et Londres, constitue le prolongement outre-Atlantique
et outre-Manche des mécènes du Festival, elle donne droit aux ressortissants
américains et britanniques à une déductibilité fiscale.
Grands Mécènes
M. Nicolas D. Chauvet
Mme Ariane Dandois
M. et Mme Marc Hemeleers
Mme Patricia Kahane
Mme Maryvonne Pinault
Baronne Philippine de Rothschild
Baron Guy de Wouters
Membres Bienfaiteurs
Baron et Baronne Jean-Pierre Berghmans
M. Jean-Michel Castre
Lady Linda Davies
M. Bechara El Khoury
M. et Mme André Hoffmann
Baron et Baronne Daniel Janssen
M. Michael Lunt
M. Jean-Pierre Marcie-Rivière
M. et Mme Xavier Moreno
M. Bruno Roger
M. et Mme Jean-François Théodore
M. et Mme Henri-Michel Tranchimand
Membres Donateurs
M. et Mme Paul Albrecht
M. et Mme Thierry d’Argent
Mme Patricia Barbizet
M. Jean-Louis Beffa
M. et Mme Erik Belfrage
M. et Mme André Benard
M. et Mme Walter Butler
M. Alexandre Col
M. et Mme Benoît Couder
M. et Mme Philippe Decleire
M. Jérôme Delaage
M. Roland Descouens
M. Michael J. Foley
M. et Mme Burkhard Gantenbein
Dr John A. Haines et Dr A. Kumar Tiwari
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M. et Mme Alain Honnart
M. William Kadouch-Chassaing
Mme Sophie Kessler Matière
M. Elias Khoury
M. et Mme Jacques Manardo
Mme Anne Maus
M. et Mme Antonius Meijer-Bergmans
M. Henri Paret
M. et Mme Philip Pechayre
M. Etienne Sallé
M. et Mme Christian Schlumberger
M. et Mme Denis Severis
M. Pascal Tallon
M. Michel Vovelle
Mme Sylvie Winckler
M.et Mme Robert Zolade
Membres Actifs
Melle Pascale Alfonsi
M. et Mme Christian Bauzerand
M. et Mme Olivier Binder
Mme Gisèle Bouly
M. Philippe Brun
M. et Mme Daniel Caclin
M. François Casier
Mme Christine Cayol
Mme Bernadette Cervinka
M. et Mme Jean-Pierre Chahid-Nouraï
Mme Marie-Claude Char
M. Didier Charlet
Mme Nathalie Coll
M. et Mme Nicholas Coulson
M. Pierre-Louis Dauzier
M. et Mme François Debiesse
M. et Mme Philippe-Henri Dutheil
M. et Mme Dominique Dutreix
M. et Mme Ian Ferguson
M. et Mme Christian Formagne
M. Henri Garelli
M. Pierre-Yves Gautier
Mme Yanne Hermelin
M. Daniel Kaufmann
Mme Gabriele Kippert
M. Jean-Pol Lallement
M. Jean-Marc La Piana
M. et Mme Jacques Latil
M. et Mme Charles-Henri Lehideux
M. et Mme Jacques Le Houelleur
M. Jacques Lepape
Mme Janine Levy
Mme Danielle Lipman.W.Boccara
M. et Mme Bruno Llinas
M. et Mme Gérard Mazet
M. Jean-Pierre Mégnin
M. Jean-Claude Meunier
M. et Mme Michel Meunier
M. et Mme Guillaume de Montrichard
M. Walter Niemann
M. Barry et Baronne Sheila Noakes
M. Gen Oba et Mme Christelle Colin
M. Dominique Oger
M. et Mme Robert van Oordt
M. Peter Partridge
M. et Mme Jean-Marie Pottier
Mme Ninette Renwart
M. et Mme Yves Roland-Gosselin
M. et Mme Michel Rollier
M. et Mme Anton van Rossum
M. et Mme Xavier Roulet
M. et Mme Christian Schlumberger
Mme Karine Serra
Mme Jenny Stalpaert
M. et Mme Domingo Sugranyes
M. et Mme Eric Teyssonnière
M. et Mme Peter Thustrup
Board of Trustees IFILAF-USA
Mrs. Edmée de M. Firth - President
Mrs. Marie Nugent-Head Marlas - President
Mr. Jacques Bouhet - Treasurer
Ms. Susan Baker
Mr. Jérôme Brunetière
Mrs. Mary Sharp Cronson
Mr. Jean-François Dubos
Mr. Frederic Fekkai
Mrs. Flavia Gale
Mrs. Robin Hambro
Dr. Michael S. Siegal
The Honorable Anne Cox Chambers
Honorary member of the founding board
Board of Trustees IFILAF – UK
Mrs. Jane Carter -President
Mr. Peter Espenhahn -Treasurer
Mr. Olivier Baring
Mr. Laurence Blackall
Mr. Jérôme Brunetière
Mr. David Syed
Grands Mécènes
Cravath, Swaine & Moore LLP
Grand Marnier Foundation
Simpson, Thacher & Bartlett LLP
Vivendi S.A.
Weil, Gotshal & Manges LLP
Ms. Susan Baker and Mr. Michael R. Lynch
Mr. and Mrs. Jacques Bouhet
Mr. and Mrs. Christopher Carter
Mr. Jean-François Dubos
Mr. and Mrs. Nicholas L.D. Firth
Mr. and Mrs. Barden N. Gale
Mr. and Mrs. Jean-Claude Gruffat
Mr. and Mrs. Rupert Hambro
Mr. Leonard A. Lauder
Mr. and Mrs. Michel Longchampt
Mrs. Nancy Negley
Mrs. Marie Nugent-Head and Mr. James C.
Marlas
Mrs. Judith Pillsbury and Mr. William
Waterfield
Dr. Michael S. Siegal and Ms. Nomi Ghez
Mr. and Mrs. Raymond F. Steckel
Ms. Shirin von Wulffen and Mr. Frederic Fekkai
Sponsors
Ms. Gillian Attfield
M. et Mme Peter Espenhahn
Mr. Olivier Renaud-Clément
Mr. and Mrs. Theodore Rogers
Mr. and Mrs. Elihu Rose
Mr. and Mrs. Jeffrey Rosen
Ms. Elisabeth Stribling and Mr. Guy
Robinson
Benefactors
Lady Sue Baring and Mr. André Newburg
Mr. and Mrs. Ronald Freeman
Mr. and Mrs. Charles Gave
Mr. and Mrs. Leonard Schrank
Mrs. Mary Sharp Cronson
Supporters
Mrs. Patricia Hambrecht
Ms. Suzanne Hoyt
Mr. and Mrs. Charle-Henri Mangin
Ms. Heather Randall
Donors
Mr. and Mrs. Frederick W. Beinecke
M. et Mme Laurence Blackall
Mrs. Michelle Gerber Klein
Mr. Alexis Gregory
Mr. and Mrs. Pierre Guénant
Mr. and Mrs. Alain Honnart
Mr. and Mrs. Neville Isdell
Mrs. Linda Johnson
Mr. Herbert Kasper
Ms. Bokara H. Legendre
Mr. and Mrs. Magnus Lemmel
Mr. Jacques Lepape
Mr. and Mrs. Jacques Manardo
Mr. and Mrs. Richard J.Miller
Mr. Herbert Kasper
Mr. and Mrs. Frederick W. Peters
The Hon. Frederick W. Richmond
Mr. and Mrs. Herbert M. Wachtell
Mr. Hal J. Witt
In-kind Supporters
Château La Coste
Jean and Louis Dreyfus Foundation, Inc.
Ms. Mara McKillen
Union Capital Corporation
Villa Baulieu
57
Partenaire officiel
Le Club Campra réunit des entreprises régionales désireuses de soutenir le Festival en
prenant part au rayonnement culturel de leur région. Composé d’entreprises de secteurs et
de tailles variés, il joue un rôle essentiel dans le développement des actions locales du Festival
– pédagogiques, sociales ou patrimoniales.
Membres Soutiens
Groupe SNEF
GPI & associés
Membres Bienfaiteurs
OGIC
Durance Granulats
Membres Donateurs
Crédit Agricole Corporate and Investment Bank
Bouygues immobilier
Etude Généalogique Guénifey
Synchrone technologies
La Poste
I.N.M.S.
CEA Cadarache
Laboratoire de biologie médicale Labio
Adrexo
Les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence se déroulent les 5, 6 et 7 julllet 2013
Membres Associés
Confiserie du Roy René
Boutiques Gago
Euridice Opéra
Calissons Léonard Parli
Mas de Cadenet
Affiche +
Société de Courtage des Barreaux
Roland Paix traiteur
Bellini joaillier - horloger
Keolis Pays d’Aix
Finopsys
Société Générale Aix
Mercadier - Teintes & Matières
Pianos Prestige
La Table de Charlotte Traiteur
Colas Midi-Méditerranée
Partenaires professionnels
LANCÔME, LVMH, GROUPE PONTICELLI FRères, GFC CONSTRUCTION, saint gobain
La société RICARD soutient le Festival d’Aix en Juin
Le Festival reçoit le soutien de Lancôme pour le maquillage des artistes
Partenaires médias
Apportent également une contribution au Festival
Aix-en-Bus, Canon France Sud Est, Fondation CMA CGM, Universal Music, Champagne Louis
Roederer, Les Vins de Provence, Potel et Chabot, Vue en Ville, diptyque, Véolia Environnement,
Unopiú, Evolem, Art Mentor Foundation Lucerne
58
59
Ancona · Bari · Bologna · Brescia · Firenze · Genova · Milano · Napoli · Roma · Torino
Treviso · Vicenza · Viterbo · Bordeaux · Cannes · Lyon · Marseille · Montpellier · Nantes
Paris · Toulouse · Berlin · Düsseldorf · Frankfurt · Hamburg · München · Barcelona
Madrid · Sevilla · Casablanca · Île de la Réunion · Ljubljana · Lugano
CONSEIL
D’ADMINISTRATION
Mme Edmonde CharlesRoux
Présidente d’honneur
M. Bruno Roger *
Président
Mme Brigitte Taittinger *
Vice-Présidente
M. Jean-François Dubos *
Secrétaire général
Mme Catherine Démier *
Trésorière
M. Hugues Parant
Préfet de Région, préfet des
Bouches-du-Rhône
M. Michel Orier
Directeur de la création
artistique, ministère
de la culture et de la
communication
M. Denis Louche
Directeur régional des
Affaires culturelles,
ministère de la culture et de
la communication
Mme Maryse Joissains
Masini
Maire d’Aix-enProvence, Président de la
Communauté du Pays d’Aix,
M. Jean Bonfillon
Vice-Président de la
Communauté du Pays d’Aix,
délégué à la culture
M. Gérard Bramoullé
Adjoint au maire, délégué au
Festival d’art lyrique d’Aixen-Provence
M. Jean-Noël Guérini
Sénateur des Bouches-duRhône, président du Conseil
général des Bouches-duRhône,
représenté par
M. Michel Pezet
Conseiller général délégué
à la culture
et à « Marseille-Provence
2013, Capitale européenne
de la culture »
M. Michel Vauzelle
Président du Conseil
régional Provence-AlpesCôte d’Azur,
représenté par
Mme Cécile Helle
Conseiller régional
et vice présidente déléguée
à la culture et au patrimoine
culturel
M. Jean-Marc Forneri
Personnalité qualifiée,
représentant le Pasino
d’Aix-en-Provence
* Membre du Bureau
LES EQUIPES
DU FESTIVAL
DIRECTION GENERALE
Directeur général
Bernard Foccroulle
Directeur général
adjoint
Francois Vienne
Assistant de direction
Louis Geisler
COMITE DE DIRECTION
Bernard Foccroulle
Francois Vienne
Jerôme Brunetière
Josep Maria Folch
Agathe Grimaldi
DIRECTION ARTISTIQUE
Responsable de la
coordination artistique
Béatrice de Laage
Conseiller artistique et
dramaturge
Alain Perroux
Directrice de l’Académie
et d’enoa
Emilie Delorme
Assistante artistique
Marie-Céline Lesgourgues
ACADéMIE / ENOA
Coordinateur artistique
Académie
Paul Briottet
Attachées artistiques
et de production
Académie
Helen Naulot-Molmerret
Marie-Laure Favier
Coordinatrice enoa
Fanny Roustan
DIRECTION PRODUCTION
Administratrice de
production / coproduction,
diffusion, audiovisuel
Christelle Augereau
Administrateur de
production / coordination
Stephan Hugonnier
Chargées
de production
Chrysoline Dupont
Julie Fréville
Assistantes
de production
Cécile Ducournau
Marine Bureau
Elsa Lilamand
Responsable
pôle logement
Valeria Brouillet
Assistante pôle logement
Anaïs Defort
SECRETARIAT GENERAL
Secrétaire général
Jérôme Brunetière
DIRECTION DE LA
COMMUNICATION
Directrice de la
communication
Catherine Roques
Chargées de communication
Sylvie Tossah
Marie Lobrichon
Elise Ortega
Graphiste
Clément Vial
Photographes
Pascal Victor
Patrick Berger
Jean-Claude Carbonne
Vincent Beaume
PRESSE
Responsable du service
de presse
Valerie Weill
Attachés de presse
Christine Delterme
Laurent Chailloux
Assistante
Violette Kraemer
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
Responsable des relations
avec le public
Marjorie Suzanne
Adjointe aux relations avec
le public
Romina Guzman
Chargé des collectivités
Cyril Eyriey
Assistants billetterie
Anne-Sylvie Gautier
Pierre-Hugo Molcard
Opérateurs billetterie
Christophe Hamy
Romain Micalef
Aurélien Jebali
Kévin Lerou
Julia Monteil
Charlotte NGuyen
Mélissa Toppani
Juliette Huc
Olivier Prengarde
ACCUEIL et PROTOCOLE
Responsable de l’accueil,
du protocole et prospective
publics
Sophie Ragot
Adjointe
Aïda Kheibeck
Assistante protocole
Audrey Vega
Opératrice de billetterie
protocole
Claire Petit
Chefs de salle
Matthieu Laurent
William Leonard
Tristan Séré de Rivières
Gaëtan Trovato
Hôtes d’accueil
Marie Anjubault
Thibault Appert
Maguelone Arnihac
Ousmane Ba
Simon Barbary
Audrey Bartolo
Anaïs Benard
Capucine Berdah
Edouard Bermond
Pauline Betrancourt
Tanguy Bocconi
Antoine Bonnet
Julia Bonnet
Vladimir Borel
Boris Boulanger-Hass
Julie Cavallasca
Nina Chauvin
Anne Chazal
Carloman Clouté
Paul Cortès
Laura Coz
Marie De Montfort
Caroline Deniau
Virginie Deniau
Cécile Dumaz
Camille Durand-Mabire
Manon Duviols
Charlotte Falque
Keyvan Franceschi
Vladimir Fricero
Justine Gastaldi
Julio Giboyau
Lou Grosset
Alexandre Haillot
James Haillot
Salah-Eddine Khouiel
Hélène Lascombe
Quentin Lavigne
Fanny Le Madagure
Léa Linconstant
Anastasia Loreto
Victoria Loreto
Maïté Lottin
Thomas Martin
Paul Massendari
Bastien Matalon
Charlotte Pannetier
Mariane Perrin
Louise Peysson
Anaïs Pons
Alix Porpora
Marie Pothin
Elodie Potier-Roudil
Mélanie Potier-Roudil
Iris Preljocaj
Martin Reynaud
Maëva Riebel
Frédéric Riera
Quentin Romeyer-Dherbey
Jeanne Roques
Jeanne Rousselle
Julie Rubon
Léa Salvy
Philippe Schindler
Mehdi Sicre
Yacine Tessier
Mireille Tiget
Olivia Toulcanon
Chargée de la restauration
Suzy Lorraine
Assistante de restauration
Solenne Soubin
Chef barman
Hamza Saidi
Barmans Foyer Campra
Sylvia Ceccato
Aurélia Guillaumin
Barmans
Renan Brochart
Lucas Goudet
Martin Huc
Antonin Poucet
Laura Ribat
Julie Roman
Sylvain Vorzet-Dumas
SERVICE EDUCATIF
Responsable éducation
pédagogique
Frederique Tessier
Assistante actions
sensibilisation
Frédérique Moullet
SERVICE SOCIO-ARTSITIQUE
Responsable socio-artistique
Emmanuelle Taurines
Assistante socio-artistique
Marie-Laure Stephan
Attachée administrative aux
services éducatif et socioartistique
Chine Venturi
MéCéNAT INDIVIDUEL
Chargées mécénat
individuel
Charlotte Jumelin
Magali Goby
Assistante
Claire-Laure De Boever
DIRECTION
ADMINISTRATIVE ET
FINANCIèRE
Directrice administrative et
financière
Agathe Grimaldi
Directrice administrative et
financière adjointe
Eve Lombart
Contrôleur de gestion
Julie Tora
Comptables qualifiées
Véronique Boeglin
Maria Selles
Sandrine Laloix
Comptable
Gaetan Canone
Chargée paie
Charlotte Fatou
Attachées Ressources
humaines
Cécile Gervais
Agnès Champeau
Responsable des systèmes
d’information
Brice Lansard
Informaticien
Jean-Jacques Pons
Chargée de mission
développement durable
Véronique Fermé
Assistante
Catherine Auberget
65
Assistante accueil
Agent d’entretien Paris
Maria Dos Santos
DIRECTION RELATIONS
ENTREPRISES
Directrice des relations
entreprises
Marie-Victoire AbbouCaubel
Chargées des relations
entreprises
Céline Saad-Lete
Anna d’Ersu
Marie Birling
Chargée des entreprises
regionales – Club Campa
Maria Ott-Nancy
Assistante
Aude Bauland
DIRECTION TECHNIQUE
Directeur technique
Josep Maria Folch
Directeur technique adjoint
Philippe Delcroix
Régisseur général Festival
Emmanuel Champeau
Responsable de l’atelier
de construction et du
Bureau d’études
Pascal Thué
Chargée du planning général
Mathilde Lamy
Attachée administrative
technique
Cécile Moreau
Assistante du Directeur
Technique
Véronique Thamin
Assistantes administratives
Aïda Belhamd
Armelle Colle
Régisseur de tournées
Frédéric Amiel
Régie des sites permanents
Rachid Sidi Youssef
CHEFS DE SERVICE
Régisseur général
en charge de la lumière
Jean-Pascal Gauchais
Chef service audiovisuel
Philippe Roussel
Adjoint service
audiovisuel
Hervé Rico
Chef machiniste
Bull Keller
Chef accessoiriste
Eric Blanchard
Adjoint accessoiriste
Bastien Thépot
Responsable Ateliers
Costumes et Habillement
Véronique Rostagno
Adjointe
Amélie Mistler
Responsable maquillage /
coiffure
Ma-No Salomon Chalvidan
66
Adjointes
Patricia Debrosses
Marie Laure Sérafini
Régisseur des Orchestres
Francois Couderd
Adjoints
Romuald Deschamps
Stéphane Brkljacic
Coordinatrice technique des
concerts
Marie-Cécile Leclerc
Régisseur du Surtitrage
Béatrice Arnal
ATELIER DE CONSTRUCTION
Bureau d’études
Pascal Bajt
Alice Deneux Aurélie Maestre
Pauline Pecard
David Simonnet
David Vinent Garro
Régisseur de construction
Pascal Balducchi
Menuisiers Chefs d’équipe
Philippe Chedotel
Benoît Latil
Menuisiers
Benjamin Adaoust
Frédéric Bertrand
Antoine Bonnand
Charlotte Brotier
Christophe Dubasque
Benoît Ferreira
Yannick le Reun
Geoffroy Martin
Bertrand Mascaras
Philippe Robine
Robert Taylor
Eric Volfer
Chef Serrurier
Robert Moghraoui
Serruriers
Mohamed Sadec Aloui
Liazid Hammadi
Alain Laurent
Chef Peintre
Denis Charpin
Peintres décorateurs
Ondine Acien
Annette Fastnacht
Charles Grossir
Ariane Guérin
Philippe Guillaud
Christophe Kuhn
Anne Laure Manoury
Julie Maret
Margot Monvoisin
Andréa Nemeth
Isabelle Viallon
Grégory Wattebled
Peintres de décors
Lise Couzinier
Olivier Lissonnet
Julien Moncadel
Marc Tessier
ATELIER COSTUMES
Chefs d’équipe
Aude Amédéo
Claudine Crauland
Léo Grosperrin
Camille Rouzeval
Stéphane Salmon
Aline Tyranowicz
Régisseurs son vidéo
Frédéric Bielle
Maxime Imbert
Claire Charliot
Accessoiristes
Fleur Pomié (Rigoletto)
Pauline Squelbut
(Rigoletto)
Gregory Wattebled
(Rigoletto)
Andréa Nemeth
(Don Giovanni)
Emeline Ternaux
(Don Giovanni)
ARCHEVêCHé
Damien Visocchi
Régisseur général
(Don Giovanni)
Violaine Crespin
Chefs habilleurs
Adjoints régisseur général
Véronique Grand (Rigoletto)
Khalil Bessaa
Nadine Brouzet (Don
Laurent Queyrut
Giovanni)
Assistante administration
Habilleuses
technique
Marie Jo Chardac
Amélie Faure
Anne Fleur Charrodeau
Régisseurs de production
Jessica Chomey
Julie Serré (Rigoletto)
Danièle Haas (Don Giovanni) Marie Courdavault
Nadine Galifi
Régisseurs de scène
Margaux Halart
Elsa Ragon (Rigoletto)
Chloé Lechat (Don Giovanni) Cécile Jacquemin
Hada Latrèche
Chef Machiniste
Nadine Longuemarre
Jérôme Chou
Anna Martinez
Adjoints Chef machiniste
Hélène Milcent
Emmanuel Duvivier
Chefs d’équipe
Stéphan Mercier
Maquillage
Abdoulaye Sima
Marie Jardiné (Rigoletto)
Chef cintrier
Dominique Segonds
Guillaume Ducrocq
(Don Giovanni)
Pupitreurs
Maquilleurs
David Bitoune
Lisa Baudo
Cléry Gounas
Pauline Dissais
Arélie Giovanella
Pierre Duchemin
Michael Piroux
Laure Camara Moulin
Machinistes
Marjorie Gandolphe Zurano
Sofiane Alamy
Catherine Nicolas
Emmanuel Apostolo
Lucie Olive
Jérémie Blanchard
Cécile Segui
Florent Calvet
Emilie Vuez
Olivier Caranta
Régisseur d’orchestre
Yves Garde
Pablo Corunfeld
Benoit Grellety
Technicien instruments
Manon Trompovski
Philémon Dubois
Sylvain Vallet
Adjoint régisseur
Régisseur d’équipement
surtitres
Scénique
Mahyar Mivetchian
Nicolas Monnin
Régisseur de site
Chef électricien
Christian Jouffret
Laurent Quain
Adjoints
Régisseurs lumière
Valéry Andriamialison
Cécile Giovansili
Stéphane Duclos
Germain Wasilewski
Stéphane Monaury
Adjoint
Stéphane Portanguen
régisseur lumière
Olivier Lissonnet
Marco Mirtillo
Accueil
Electriciens qualifiés
Allison Altwein
Jérémie Allemand
Hannah Silvester
Julie Bardin
Matthew Brillard
Salvatore Casillo
Arnaud Cormier
Liliana De Vito
Sabine Malatrait
Enrique Molina
Adjoints chef d’équipe
Marianne Vally
Annabelle Verrier
Equipe atelier costumes
Céline Batail
Karine Dubois
Lydia Corvasier
Bérengère Desmarty
Laurence Mazères
Coline Privat
Hélène Sabis
Coursière
Camille Audouard
GRAND THéâTRE DE
PROVENCE
Régisseur général
Aude Albigès
Adjoint régisseur général
Frédéric Lyonnet
Assistante administration
technique
Jeanne Bonfort
Régisseurs
de production
Sophie Petit (Elektra)
Régisseur de scène
Antoine Gissinger (Elektra)
Aurélie Maestre (Elektra)
Chef Machiniste
Jérôme Lasnon
Adjoints
Chef Machiniste
Mehdi Benrahou
Benoît Latil
Chef Cintrier
Laurent Brillanti
Cintriers
Ondine Acien
Mathieu Cormont
Patrick Derdour
Eddy Penalba
Machinistes
Raphaël Caron
Pierre-Arnaud De Job
Bouba Diakhate
Alain Gavaudan
Pascal Liardet
Alessandra Markus
Aurélien Menu
Antoine Wattremez
Chef électricien
Cyril Cottet
Régisseurs lumière
Gilles Bottacchi
Philippe Roy
Adjoint régisseur lumière
François Monchicourt
Electriciens qualifiés
Mathieu Bigou
Grégoire Bos
Amélie Bouchié
Cathy Pariselle
Jérémie Pinna
Thomas Rebou
Magali Larcher
Vincent Leroy
Régisseurs son vidéo
Benjamin Grégoire
Gérard D’Elia
Mathieu Maurice
Accessoiristes
Marie Szersnovicz
Emérantine Vignon
Chef habilleur
Jean Coinel
Caroline Bancel
(Roméo et Juliette)
Habilleuses
Fanny Achouch
Annabel Cartalas
Catherine Cocherel
Claudine Ginestet
Anne Lise Valla
(Roméo et Juliette)
Chef d’équipe maquillage/
coiffure
Marie Laure Sérafini
Maquilleurs coiffeurs
Céline Bartholin
Oriane Boutry
Delphine Boyer
Marie Brazier
Julia Didier
Marion Lucchese
Virginie Mizzon
Joran Muratori
Julie Stoehr
Régisseurs d’orchestre
Margaux François
Alexandre Ferran
Adjoint régisseur surtitre
Frédéric Colazzina
Régisseur de site
Anthony Deroche
Adjoint régie de site
Armand Croze
Accueil et Gestion des
espaces de répétitions
Damien Knipping
Lucas Hurtevent
Léa Magnien
Sara Zemiro
DOMAINE
DU GRAND SAINT JEAN
Régisseur général
Christian Lacrampe
Adjoint du Régisseur
Jean Marie Bergey
Régisseur
de production
Pippa Meyer (The House
Taken Over)
Régisseur de scène
Claire Deville (The House
Taken Over)
Chef machiniste
Francis Ruggirello
Adjoint Chef machiniste
Joachim Diaz
Machinistes
Charlotte Brotier
Emmanuel Chiffoleau
Guy Figuière
Anne Laure Manoury
Chef Electricien
Igor Tiberghien
Régisseur lumière
Pierre Lafanéchère
Adjoint régie Lumière
Jean Pierre Petit
Electriciens
Antoine Baumann
Laetitia Bonetti
Morgane Corre
Fabien Darand
Maël Darquey
Didier Manca
Accessoiriste
Marion Rinaudo (The House
Taken Over)
Régisseur Son Vidéo
Bruno Di Cioccio
Adjoint régisseur surtitrage
Douglas Martin
Chef Habilleur
Caroline Bancel
Habilleuses
Anne Lise Valla (concerts)
Adjoint Chef Maquilleuse
Laurence Abraham Yaegger
Régisseur d’Orchestre
Bertrand Schacre
Technicien d’Orchestre
Guillaume Cros
Régisseur de site
Christophe Dubasque
THéâTRE DU JEU DE PAUME
Régisseur général
Aurélie Valle
Assistante administration
technique
Lisa Bazzano
Régisseur de production
Eléonore Nossent (Elena)
Régisseur de scène
Ester Pieri (Elena)
Chef machiniste
Jean Pierre Costanziello
Cintriers
Issa Belem
Patrick Blais
Adrien Geiler
Régisseur lumière
Laurent Irsuti
Adjoint régie Lumière
Anne Roudiy
Electriciens
Claudine Castay
Tony Leroux
Raul Secoli
Régisseur Son Vidéo
Nicolas Dick
Adjoint régisseur surtitrage
Laura Torres Osorio
Accessoiristes
Adeline Bargeas
Aurélie Guin
Chef Habilleuse
Minok Terre
Habilleuses
Marina Cossantelli
Danièle Mérope Gardenier
Adjoint Chef Maquilleuse
Romain Marietti
Maquilleuses
Eve Aknin
Justine Duconseil
Régisseur d’Orchestre
Thomas Capron
Technicien d’Orchestre
Jean Philippe Barrios
BOIS DE L’AUNE
Régisseur général
Marc Bartolo
Régisseuse de production
Laura Duncan
(Les Mamelles de Tirésias)
Régisseur de scène
David Herrezuelo
(Les Mamelles de Tirésias)
Responsable Costumes
Caroline Mirfin
(Les Mamelles de Tirésias)
Accessoiriste
Isabelle Dolivet
(Les Mamelles de Tirésias)
MAYNIER D’OPPèDE
Régisseur en charge du site
Philippe Chioselli
ACADéMIE EUROPéENNE DE
MUSIQUE
Régisseur général
Valérie Benedetto
Régisseur Adjoint
Maël Barthélémy
Techniciens instruments
Léandre Benedetto
Adrien Chambeaud
Julien Moncadel
SERVICES GéNéRAUX
Régisseur Lumière
Eric Meslay
Electriciens de Maintenance
Jérémie Allemand
Antoine Baumann
Louis Bonfort
Maël Darquey
Olivier Solignac
Laurence Verducci
Volante son / vidéo /
surtitrage
Ludovic Boyer
Jonathan Piat
Jean Christophe Scottis
Volante machinerie
Frédéric Aïn Establet
Johanne Bailly
Erwan Bellec
Karim Bouregba
César Bouteau
Jean Philippe Casas
Juliette Corazza
Léo Denquin
Amar Djalal
Christophe Eustache
Alain Gavaudan
Adrien Gelier
Franco Gubarew
Sébastien Jalier
François Xavier Lartigue
Cyrille Laurent
Alexandre Lejeune
Olivier Le Tetour
Mathias Mopty
David Nemeth
Federico Pagano
Charles Pasternak
Alexandre Pluchino
Roland Reine
Christophe Robert
Gildas Rubenstein
Adelin Schweitzer
Guillaume Tamisier
Marc Tessier
Régisseur adjoint à la
logistique technique du
Festival
Philippe Chioselli
Régisseur des transports
techniques
Frédéric Féraud
Régisseur principal
Thierry Lefèbvre
Régisseur adjoint des
Répétitions
Stéphane Monaury
Machinistes transport
Pierre Astic
Jean Brillanti
Erwan Freudenrich
Mehdi Zaouia
Régisseur général Parades
Nicolas Piechaczek
CONTRAT DE
PROFESSIONNALISATION
Zacharie Lamy
(machiniste constructeur)
Stagiaires
Etienne Arnaud
(machinerie)
Elsa Calley
(mécénat)
Manon Charton
(logement)
Jocelyne Clement
(DAF)
Paul Cortes
(accueil)
Clara Daniel
(assistante déco Rigoletto)
Elsa Depardieu
(costume)
Alexandre Derollez
(logement)
Anne Guillerm
(presse)
Ioannis Krommidas
(production)
Pauline Lambert
(secrétariat général)
Xinfang Lou
(académie)
Sandra Marchand
(académie)
Cléo Michiels
(académie)
Coulthoum Mze
(ressources humaines)
Marie Rozet
(production)
Gautier Venuti
(protocole)
67
Pour leur Précieuse collaboration au recrutement de ses artistes, le Festival
d’Aix-en-Provence et l’Académie européenne de musique 2013 remercient :
Théâtre du Chatelet – Paris, Opéra Comique – Paris, CNSMD – Paris, Yamaha Artist Services Europe – Paris,
Cité de la Musique – Paris, CNSMD – Lyon, Conservatorium van Amsterdam – Amsterdam, Komische Oper
Berlin – Berlin, Théâtre Royal de la Monnaie – Bruxelles, Chicago Opera Theater – Chicago, Det Kongelige
Teater/Operaakademiet – Copenhague, Royal Opera House Covent Garden – Londres, Teatro Real Madrid –
Madrid, Teatro alla Scala – Milan, Bayerische Theaterakademie – Munich, Curtis Institute – Philadelphie,
Canadian Opera Company – Toronto, Teatr Wielki/Opera Narodowa – Varsovie, Wiener Staatsoper – Vienne,
Zurich Opernhaus – Zürich, Chapelle Musicale Reine Elisabeth – Waterloo.
Le Festival d’Aix-en-Provence remercie :
L’Association des Amis du Festival (contact : [email protected]), les Services administratifs et
techniques de la Ville d’Aix-en-Provence, les Services administratifs et techniques de la CPA, les équipes
du Théâtre du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence, pour le Domaine du Grand Saint-Jean : M. et
Mme Roure et le CPIE, l’équipe du Théâtre et du Patio du Bois de l’Aune, le Conservatoire Darius Milhaud,
le site Gaston de Saporta, l’IMPGT, le Musée des Tapisseries, le Lycée George Duby de Luynes, le collège
Campra, le collège Mignet, la Fondation du camps des Milles, l’espace jeunesse-Théâtre 108, l’institut
Saint-Yves, les bénévoles de l’église Saint-Jean-de-Malte et de la Cathédrale Saint-Sauveur, la Fondation
Vasarely, le Centre communal d’Action Sociale d’Aix-en-Provence, l’association Sound Musical School de
Marseille, le LSO Discovery, la plate-forme 13 en Partage du CG 13, la Cité de la Musique de Marseille, les
services de polices et de médiations, les Clubs Rotarien et Lions Aix-en-Provence.
Le Festival d’Aix-en-Provence et l’Académie européenne de musique recoivent le soutien de :
Ce projet est cofinancé
par l'Union européenne.
L'Europe s'engage en
Provence-Alpes-Côte d'Azur
avec le Fonds européen de
développement régional (FEDER).
Partenaire du
Festival d’Aixen-Provence
depuis 1948
Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication n’engage que son auteur et la
Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
Directeur de la publication Coordination éditoriale Conception graphique Maquette Illustrations
Imprimé en France © Festival d’Aix-en-Provence
Bernard Foccroulle
Catherine Roques, Alain Perroux
Pascal Midavaine, Laurène Chesnel
Laurène Chesnel
Photos DR
par STIPA
Le Festival d’Aix-en-Provence a réduit son empreinte environnementale grâce au soutien du dispositif AGIR+ de la
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous vous invitons à participer à cette démarche environnementale en triant vos
déchets, en conservant les sites du Festival propres et en remettant aux hôtesses d’accueil les programmes que vous
ne souhaitez pas conserver. Le présent document est réalisé par un imprimeur Imprim’vert, qui garantit la gestion
des déchets dangereux dans les filières agréées, avec des encres bio à base d’huile végétale sur du papier certifié FSC
fabriqué à partir de fibres issues de forêts gérées de manière responsable.
Siège social : Palais de l’Ancien Archevêché – 13100 Aix-en-Provence
N° de Licence entrepreneur du spectacle : 2- 1000 275 / 3- 1000 276
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