Little bird-dossier

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Little bird-dossier
Little bird
Pas à Pas
Dossier pédagogique
« PAS A PAS »
Little bird, Boudewijn Koole (2012)
Année 2014-2015
LES PISTES PEDAGOGIQUES PROPOSEES SONT NOMBREUSES. A
VOUS DE CHOISIR LES AXES QUI VOUS PARAISSENT LES PLUS
PERTINENTS EN FONCTION DE LA RECEPTION DU FILM PAR VOS
ELEVES.
LE FILM
1. L’accès aux rubriques du Cahier de notes sur…
http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/little-bird.html
Vous pourrez y découvrir le résumé :
« Jojo a dix environ, il vit seul avec son père dans une petite ville néerlandaise. Sous un arbre
près de chez lui, il découvre un bébé choucas qu’il recueille et élève comme une mère de
substitution. Et justement, sa mère à lui reste invisible. Il écoute ses disques, regarde des
photos d’elle, l’appelle au téléphone, mais on ne sait presque rien de son absence. Est-elle
vraiment en tournée en Amérique comme Jojo l’affirme à Yenthe, son amie rencontrée à
l’entraînement de water-polo ? En tout cas, l’évocation de son anniversaire prochain plonge le
père du garçon dans une profonde colère, et la vie commune entre les deux hommes est faite
de sautes d’humeur constantes.
Très indépendant, Jojo s’amuse souvent dans les champs environnants, seul ou avec sa
nouvelle amie, fait l’éducation de son oiseau et s’occupe des différentes tâches ménagères
laissées à l’abandon par son père qui travaille comme gardien de nuit.
Ce dernier est très opposé à la domestication d’animaux sauvages et refuse catégoriquement
que le choucas vive sous son toit lorsqu’il le découvre. Jojo le ramène à sa vie sauvage, mais
retourne le chercher la nuit même, en prenant soin par la suite de mieux le cacher.
Les fréquents accès de fureur du père se retournent parfois contre Jojo qui lui même se laisse
aller à la colère. Il gifle Yenthe lorsqu’elle lui dit être au courant que sa mère est morte.
En découvrant que Jojo a préparé une fête pour l’anniversaire de sa mère, son père lui dit et
lui répète qu’elle est morte. L’oiseau fait irruption dans la pièce ; le père le jette dehors. Jojo
part à se recherche. A la nuit tombée, il se réfugie dans une cabane de chantier. Une femme
semble se pencher sur lui pour le recouvrir. Le lendemain, il retrouve le choucas sur le terrain
de foot, mais l’oiseau se prend dans les roues de la bicyclette et meurt.
Jojo l’enterre avec Yenthe et son père. Ils partent tous les trois. Dans la pénombre, Jojo joue
avec des allumettes et s’apprête à embrasser Yenthe lorsqu’il se brûle les doigts. »
L’affiche
http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/little-bird.html
Evelyne AGUILEE, CPAV
Coordinatrice Ecole et cinéma Essonne
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Les photogrammes des enfants de cinéma
http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/little-bird.html
2. D’autres photogrammes accessibles sur :
http://www.cinebel.be/fr/film/1009658/Little%20Bird#pictures
3. La bande annonce
http://www.transmettrelecinema.com/film/little-bird/#outils
4. L’analyse de séquence
Elle correspond à l’analyse « La gifle et les regrets » du cahier de notes sur…p. 20 à 26.
5. Une revue de presse
http://www.lesfilmsdupreau.com/prog.php?code=lib#rdp
6. Un dossier de presse accessible sur :
http://www.lesfilmsdupreau.com/pdfs/dp/lib_dp.pdf
Vous y trouverez la retranscription d’un entretien avec le réalisateur.
Boudewinj Koole y explique qu’une grande partie du film est inspiré de sa propre enfance.
« L’oiseau, l’attente du retour du père, le garçon, les paysages, l’architecture, la fille, l’arbre,
l’autoroute, les sons, les couleurs… Tout vient du temps où j’avais 10 ans quand je vivais en
lisière de notre village. »
Dans cette interview, il raconte aussi sa propre amitié avec un choucas alors qu’il avait 12 ans.
Et comment elle a pris fin lorsque ce choucas s’est précipité dans les roues des vélos de ses
camarades.
Mais aussi des analyses
« Le choucas tient lui aussi la vedette. Le choix de cet oiseau n’est pas anodin : fidèle à vie,
solidaire et affectueux, il tient le rôle idéal pour combler l’absence de July. Le choucas destiné
à voler ressemble un peu à cette mère absente dont la voix clame : « I got to be free… I hope
you understand ». Beaucoup de rôles sont inversés, interchangés dans le film. Jojo materne
son oiseau « Chou » comme le ferait une mère – il lui apprend à traverser la route par exemple
– et tient la maison comme une – presque – parfaite ménagère. Le choucas pourrait également
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incarner l’âme de la mère partie dans un ailleurs inconnu que Jojo tente de retenir. Lorsque le
père, hostile à cette intrusion, veut relâcher l’oiseau, c’est un peu le souvenir de la mère qu’il
veut libérer. On peut ainsi voir beaucoup de métaphores dans ce LITTLE BIRD. La double
libération réelle et figurée (l’envol et la mort) du choucas marquera une réconciliation –
jusqu’alors impossible – entre les deux hommes et le passage de Jojo au monde adulte : au
générique de fin, on le verra tenter un baiser envers Yenthe en mimant son père.
LITTLE BIRD est un film esthétiquement très réussi, une plongée dans le monde de l’enfance
et un deuil rendu possible par l’imaginaire. »
des ressources vidéo et d’autres photogrammes que vous pouvez télécharger en
suivant le lien :
http://www.lesfilmsdupreau.com/prog.php?code=lib#medias
7. Une critique de Grégory Coutaut sur :
http://www.filmdeculte.com/cinema/film/Little-Bird-4607.html
« C’est par la mise en scène que Boudewijn Koole parvient à donner à son film non seulement
de la légèreté mais surtout une vraie personnalité. Tout d’abord grâce à ses cadrages
audacieux, laissant parfois les humains complètement hors-champ ou les réduisant à un
simple membre. Mais surtout grâce à son montage serré et syncopé, n’ayant peur ni de la
vitesse (parfois) ni des silences (surtout). Bien plus que de simples effets de style gratuits,
c’est surtout la manière du film de ne pas être dupe du sentimentalisme excessif qui guettait
son histoire d’amitié. Sa manière à lui de respirer un grand coup, et nous avec. A ce niveau-là
c’est une réussite car Koole fait preuve d’une vraie présence derrière la caméra. Pas seulement
un (bon) film pour enfant, Little bird est un vrai film de cinéma.»
PISTES PÉDAGOGIQUES
1. Avant la projection
Décrire les affiches
La présentation de l’affiche, comparée à d’autres affiches permet de créer des horizons
d’attente.
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Le titre de l’affiche en français semble explicite pour peu que les élèves aient des notions
d’anglais ; il y est bien question d’un jeune oiseau. Le titre pourrait donc laisser suggérer que
le film va nous conter l’histoire d’un oiseau.
L’affiche néerlandaise semble plus ambigüe. Le titre néerlandais joue sur un jeu de mots. Kau
signifie « choucas » en néerlandais. Mais phonétiquement, le titre fait penser au mot
« cowboy », donc au garçon.
- Dans le film, de quel oiseau s’agit-il vraiment ?
La mise en perspective des deux titres ainsi que la proximité des personnages sur l’affiche
permet d’émettre l’hypothèse que le « petit oiseau » (little bird) peut désigner tout à la fois le
choucas mais également plus métaphoriquement, Jojo lui-même.
Au niveau du cadrage, on est en plan rapproché ou gros plan, permettant de centrer l’attention
sur la relation qui lie les deux protagonistes : amitié affectueuse, importance accordée à ces
deux personnages est renforcée par le fond gris et uniforme de l’affiche française et le flou de
l’affiche néerlandaise.
Plus d’éléments sur ces affiches sur le blog école et cinéma91 :
http://www.ecoleetcinema91.blogspot.fr/search/label/Little%20Bird
La bande annonce
Le visionnage de la bande annonce peut être intéressant pour préparer les élèves à identifier
les personnages et à percevoir les problématiques qui les concernent.
- Ainsi, on voit le père, Jojo, Yenthe, le choucas. Mais on n’entend parler de la mère qu’à
travers les paroles de Jojo.
- On voit Jojo nettoyer la cuisine salie par son père et on entend Jojo faire des compliments
sur ce que son père aurait préparé à manger.
- On entend la colère du père. Les élèves n’en seront pas étonnés.
Questions qui peuvent se poser :
- Pourquoi nous montre-t-on ce père en colère dès la bande annonce?
- Pourquoi ne voit-on pas la mère sauf en photo ?
- Pourquoi Jojo raconte-t-il le contraire de ce qui semble s’être passé ?
2. Après la projection
Avant tout, l’approche sensible.
•
Faire verbaliser les élèves pour qu’ils puissent livrer leurs émotions, leurs ressentis,
leurs points de vue :
-
Qu’est-ce qu’on a vu, entendu ?
Quels passages du film ont été perçus comme les plus forts ?
Quels passages ou détails n'ont pas été compris ?
L’évocation d’une scène peut également se faire par le dessin.
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Le travail de compréhension
En classe, le DVD permet l’observation, l’analyse fine de certains passages du film par les
retours possibles sur des extraits, des plans et des arrêts sur image, des ralentis etc.
Le travail pédagogique qui accompagne un projet cinématographique développe des notions
telles que celle du point de vue, de l’ellipse, de la structure narrative, des repères
chronologiques (simultanéité, flash back), notions transférables en littérature. Ce travail
développe aussi des attitudes de chercheur de sens (interprétation).
•
Retrouver l’ordre chronologique des principaux événements de l’histoire
Retrouver l’histoire détaillée en suivant le lien :
http://www.atmospheres53.org/docs/dossierpedagolittlebird.pdf
•
Retrouver les principaux personnages et les décrire1.
JOJO : Jojo a dix ans. Il vit encore dans son monde. Il aime courir, sauter sur un trampoline, faire des
bulles sous l’eau avec un chewing-gum, souffler dans les bouteilles, écouter les chansons de sa mère
ou regarder la télévision avec son père. Il est obligé de se débrouiller seul car son père travaille la nuit
et dort le jour. Il téléphone souvent à sa mère absente. En fait, il ne veut pas admettre sa mort.
Sa relation avec le choucas lui permet d’inventer des histoires, de compenser ce qu’il ne trouve pas
avec son père (une écoute, une protection…). La mort du choucas lui permettra de réaliser la mort de
sa mère.
LE PERE : il est sévère, voir brutal avec son fils. Il n’arrive pas à assumer son deuil et a des crises de
colère. Il ne veut pas que le choucas vive dans la maison. Après la mort de l’oiseau, il demandera
pardon à son fils et ils se réconcilieront. La voiture joue un rôle important : au début du film, elle entre
en compétition avec la course de
Jojo ; le parcours de nuit peut faire penser à une volonté de suicide ; à la fin du film, le père et le fils
sont joyeux dans la voiture.
Entretien avec le réalisateur Boudewijn Koole : Le portrait du père est assez négatif…
« Oui, dans le film mais si on regarde précisément on imagine que le père a beaucoup changé après la
mort de la mère et qu’il va changer après la fugue de Jojo. Il fait la course avec son fils, ce que ne font
pas tous les pères. Le père le laisse aussi tirer au fusil, le laisse conduire une voiture, joue à la guitare
pour l’oiseau et s’occupe de la maison. C’est une relation père fils typique : peu de mots mais derrière
la violence, se niche beaucoup d’amour. »
LA MERE : on ne voit d’elle que des photos ou des posters, sauf lorsqu’elle apparaît à son fils le soir
où il dort dans la caravane. Le spectateur se demande : Où est la mère de Jojo ? Est-elle partie en
tournée pour donner une série de concerts ? Est-elle en voyage ? Les parents viennent-ils de se séparer
? On n’apprend sa mort que vers la fin du film (57 minutes 45). Elle était chanteuse de country et une
première chanson est entendue dans la remise (34 minutes environ) puis l’autre chanson est entendue
deux fois : au moment de l’envol du choucas, et à la fin du film.
Entretien avec le réalisateur Boudewijn Koole :
La musique de la mère est-elle une musique originale ?
« Les chansons sont de Ricky Koole, une chanteuse et actrice néerlandaise célèbre. C’est aussi elle qui
apparaît sur les photos et dans les rêves de Jojo. C’est une musique folk populaire qui vient du cœur.
1
http://www.atmospheres53.org/docs/dossierpedagolittlebird.pdf
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Texte de la première chanson entendue :
Jojo dis-moi quand tu n’as pas le moral
Que tu veux que je rentre à la maison
Je viendrai quand tu m’appelleras
Jojo dis-moi quand la nuit tombe et que le froid te gagne
Tu ne peux pas être battu, nous sommes trop forts
Jojo dis-moi quand la vie est dure.
Texte de la deuxième chanson entendue :
Du jour où je t’ai rencontré
Au jour de ma mort
C’est un fait établi
Que tu es celui qui me fait planer.
Du premier contact
Au dernier adieu
Personne ne te surpassera
Tes baisers me font pleurer
Tu es l’homme de ma vie
Le seul homme de ma vie.
Mais, je ne suis pas parfaite, je ne peux pas être amoureuse
J’espère que tu comprendras que [j’ai besoin d’être libre.] bis
YENTHE : c’est une amie de water-polo, plus âgée que Jojo. Elle devient sa compagne de jeux : faire
du feu, s’occuper de l’oiseau, courir, se cacher… Elle affrontera Jojo, lors de l’échange de gifles après
la révélation de la mort de la mère. Elle acceptera l’alliance offerte par Jojo, signe d’un amour
naissant.
LE CHOUCAS : il sert de confident, de médiateur pour Jojo (c’est un trait d’union entre Jojo et sa
mère, entre Jojo et les enfants, entre Jojo et Yenthe…).
C’est un choucas des tours. De taille inférieure au corbeau, c’est un oiseau de la famille des corvidés,
bruyant, peu farouche que l’on trouve partout en Europe sauf dans les montagnes. Grégaires, les
choucas restent fidèles à un conjoint pour la vie. En France, ces oiseaux sont considérés comme «
nuisibles » mais aussi et paradoxalement comme une espèce protégée…
Entretien avec le réalisateur Boudewijn Koole :
« - Pourquoi avoir fait le choix d’un choucas ?
C’est l’un des animaux les plus intelligents qui soient, aussi intelligent qu’un chimpanzé. Ils vous
reconnaissent de loin, ce sont des animaux sociables. Ils sont monogames, loyaux et aiment jouer. Ils
se font même des farces entre eux. Ils cachent de la nourriture, jettent des cailloux et profitent de la
vie. De nombreuses personnes les considèrent comme des oiseaux de malheur, symboles de la mort.
Pour moi, ils sont pleins de vie.
- Que symbolise-t-il pour Jojo ?
Jojo se sent très en danger après la mort de sa mère et recherche de la sécurité. Mais contrairement à
son père qui a arrêté de vivre et a fermé son coeur, il pense qu’il est encore possible de vivre et grâce à
son imagination fertile il continue de faire vivre sa mère. Il veut faire confiance à la vie, aux autres et
construire des relations.
L’oiseau est plutôt le symbole du jeu, de la joie, de la loyauté et de l’amour. Autant de valeurs qu’il est
impossible d’enfermer en cage. Toutes ces valeurs cruciales sont aussi très vulnérables. »
On peut également penser que ce petit oiseau va permettre à Jojo de partager avec lui une expérience
privilégiée : c’est le réceptacle de son imagination, grâce à lui, il peut « écrire » l’histoire qu’il a envie
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de se raconter : le retour et l’anniversaire de sa mère. L’oiseau, muet, ne peut le contredire, le mettre
face à la réalité, comme le fait son père.
•
Les rapports entre le père et le fils
Le retour sur les personnages est l’occasion de comprendre ce qui se joue dans la relation
entre le père et le fils.
Possible mise en réseau autour du thème de l’incommunicabilité avec un ouvrage d’Antony
Browne :
Dans « Anna et le gorille », la perspective exagérée augmente encore la distance entre le père
et sa fille. Le père ne communique pas, il se retranche derrière son journal. Les couleurs
participent à la mise en place de l’ambiance : couleurs froides qui détonnent avec la robe
rouge d’Anna. Les formes géométriques et l’ordonnancement de la pièce, la frugalité du petit
déjeuner participent aussi de cette atmosphère. Sans oublier la place du père qui est encadré
par un énorme frigidaire.
Dans Little bird, l’enfant est confronté à deux formes de violence :
- violence de l’absence de la mère qu’il n’accepte pas
- violences physique et verbale du père, expression de sa propre douleur
D’une certaine façon, chacun est muré dans sa souffrance et ils n’arrivent pas à communiquer.
•
Retrouver les différents lieux de l’histoire
La voiture, l’arbre, la maison, la piscine, la remise, la caravane…
Préciser leur rôle par rapport à l’histoire de Jojo. Peut-on savoir s’ils sont repérables ? (Quelle
ville ?)
Le retour sur les lieux sera l’occasion de revenir sur la couleur et la lumière du film.
Entretien avec B. Koole :
« Le film semble entièrement teinté d’une couleur bleue verte : pourquoi avoir choisi ce coloris ?
- Nous voulions créer un monde nouveau, le monde de Little Bird. Nous voulions une touche légère, la
sensation des aquarelles.2 » explique B. Koole
Les couleurs vertes et bleues, omniprésentes dans le film, ont une profondeur et une douceur
très réussies.
2
http://www.lesfilmsdupreau.com/pdfs/dp/lib_dp.pdf
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Référence bibliographique pour en savoir plus sur ces deux couleurs et en comprendre la
charge symbolique :
Bleu, histoire d’une couleur,
Michel Pastoureau, Seuil (2006)
Vert, histoire d’une couleur,
Michel Pastoureau, Seuil (2013)
-Michel Pastoureau interviewé par Laure Adler dans l’émission Hors-champ sur France
culture (44’)
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4729946
Cette dominante vert-bleu s’oppose à certaines parties du film plus sombres :
- Le plan d’ouverture du film, entièrement noir : c’est le néant d’où tout advient et où tout
finit.
Reprise à la fin du film mais dans une autre perspective.
- Les scènes dans la remise de la mère ou dans la cabane abandonnée : c’est la nuit mais c’est
aussi le monde de la mère, symboliquement celui du souvenir, et des ténèbres.
Voir à ce sujet « Du jour à la nuit » p. 30 des Cahiers de notes sur…
Le langage cinématographique
« Comment filmer l’absence ? Voilà bien la question que pose Little Bird. Comment rendre
perceptible le vide laissé par le départ de la mère de Jojo, comment faire ressentir la place
omniprésente qu’elle occupe dans l’esprit du garçon alors qu’elle n’est précisément pas là ?
Comment rendre par l’image le fait qu’à travers les relations qu’il entretient avec son père,
avec Yenthe et avec le choucas, c’est son rapport avec sa mère que rejoue Jojo ? Comment
faire comprendre enfin, le déni de cette absence ?... » 3
Conte initiatique, ce film va amener Jojo à vivre des épreuves, en particulier l’épreuve de la
mort de son oiseau, pour pouvoir enfin faire son deuil après la mort de sa mère.
Le travail autour du langage cinématographique aide aussi à la compréhension du film.
- la notion de point de vue
Dans ce film, le point de vue, c’est le plus souvent celui de l’enfant.
La caméra filme au niveau de ses yeux. C’est son regard qui nous guide et nous fait percevoir le
monde.
3
Cahier de notes sur…, rubrique Point de vue : http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/little-bird.html
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1er exemple : au début du film
2e exemple : après la course avec le père
Ce type de cadrage est à opposer à d’autres plans du film où le point de vue adopté est celui d’un
personnage externe.
- le hors-champ
« Le hors-champ est l'ensemble des éléments (personnages, décors, etc.) qui, n'étant pas inclus
dans le champ, lui sont néanmoins rattachés imaginairement, pour le spectateur, par un moyen
quelconque. Il est essentiellement lié au champ, puisqu'il n'existe qu'en fonction de celui-ci.»4
Première proposition pour faire comprendre le hors-champ aux élèves : la rencontre entre
Jojo et le choucas
Cri d’oiseau hors champ
Le regard de Jojo nous accompagne au sol pour
découvrir l’origine du cri
La branche à gauche du cadre peut être celle d’un
arbre ?
Bruit nature
Le regard de Jojo devient hors-champ.
La bande-son qui reproduit le « cri de l’oiseau »
(alors que celui-ci n’ouvre même pas le bec) fait
le lien entre les deux plans.
Bruit de la nature
4
http://www.cineclubdecaen.com/analyse/horschamp.htm
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« Salut ! »
« J’ai trouvé ton petit ! »
Avec les élèves :
- qui parle ? à qui ?
- que s’est-il passé ? Comment le cinéaste nous le fait-il comprendre ?
Si cette première expérience est relativement simple, le passage de Jojo dans la remise
en train d’écouter un ancien DVD sera plus complexe. Là, le hors-champ donne un
caractère dramatique à la scène dans la mesure où il exprime l’absence de la mère et
on comprend que Jojo se remémore les jours heureux. Le hors-champ imprime de la
force à cette évocation.
- Qu’est-ce qu’on entend ? De qui s’agit-il ?
Pour aider les élèves, rapprocher ce moment de ce qu’on a vu un peu avant et le plan que l’on voit
juste après :
En arts plastiques, il est possible de prolonger des photos hors cadre pour mesurer la
part de l’imaginaire dans la reconstitution du réel.
Point de vue, hors-champ ramènent à la question du cadrage et à l’échelle de plans.
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-
Autour de la notion de cadrage
« Le cadre est un langage, c’est par lui que nous emmenons le spectateur dans le monde de l’enfance.
Il ne s’agit pas simplement de raconter une histoire mais de créer des émotions. Les souvenirs
d’enfance me guident dans le choix des cadrages. Mes pieds sur le sol mouillé sont gravés dans ma
mémoire ou encore moi, couché par terre en haut des escaliers. Parfois nous voulions immobiliser le
cadre pour créer de la tension. C’est à partir de là que nous est venue l’idée d’utiliser des photos dans
le film. Pour arrêter le temps.5»
Travailler le cadrage, c’est travailler la notion d’échelle de plan (général, moyen, américain,
gros plan), la notion (plongée, contre-plongée), la notion de champ (champ, hors champ,
contre-champ).
o Trier des images à partir de critères : très gros plan, gros plan, plan large,
rapproché etc. Analyser les effets produits ;
o Recadrer un élément du réel ou celui d’une image à l’aide d’un cadre en carton
évidé. Utiliser ces fragments d’image recadrée en les intégrant dans un autre
contexte pour une composition personnelle ;
o Prendre des photos d’un même élément (personnage, objet, paysage) sous
différents angles, de près ou de loin.
- Le montage
Ce que dit le réalisateur du montage :
« Le montage, comme l’écriture, est une étape importante. C’est beaucoup plus qu’agencer les
séquences en fonction du scénario. C’est un véritable recommencement. C’est une quête spirituelle. Il
s’agit de comprendre ce que je recherche, pas seulement de couper des plans et cela prend du temps. Je
cherche l’universalité de l’histoire, son coeur battant. Nous avons beaucoup retravaillé le début et le
milieu de l’histoire au montage. On a fait des essais avec les photos (au départ je pensais en utiliser
beaucoup plus). »
Une séquence semble particulièrement intéressante de ce point de vue : c’est celle qui voit
Jojo se réveiller après une première nuit passée avec son choucas [8’27’’ à 13’23’’]
Quelles difficultés possibles pour les élèves ?
5
-
Il y a un décalage entre ce que l’on entend et ce que l’on voit
-
la voix hors-champ permet d’imaginer un ailleurs et un autre temps ;
le contraste entre ce qui s’est réellement passé quand Jojo a voulu rejoindre son père
et ce qu’il en raconte à sa mère.
•
des temporalités différentes avec une conversation téléphonique s’inscrivant :
-
dans le présent : « Salut maman, ça va ?... »
dans le passé en évoquant la nuit précédente : « La nuit dernière, j’ai dormi dans son
lit. C’était super chouette. Il m’a laissé dormir avec lui…. »
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Retour sur la séquence
C’est le matin. Jojo va rejoindre son père dans son lit.
Quelques plans segmentant la séquence.
Ce que montre l’image
Ce qu’on entend
« Salut maman ! Ca va ? » Voix off de Jojo
« Ouais, moi je vais bien…et papa aussi. »
Le père ronfle légèrement.
La nuit dernière, j’ai dormi dans son lit. C’était
super chouette.
-Eh…t’as un lit, non ? (père)
Il m’a laissé dormir avec lui.
Allez, va-t-en !
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Dis, maman,
Comment ça se passe pour toi là-bas ? Tu t’amuses
bien ? On te manque ?...
Quel travail possible avec les élèves ?
•
•
•
Sélectionner les photos et les faire remettre dans l’ordre de la chronologie des événements.
Remettre les paroles dans cette même chronologie.
Comparer avec ce que l’on voit après montage, dans le film, pour mesurer l’effet de contraste
entre ce que dit Jojo et ce qu’il aurait souhaité, et la réalité qu’il a vécue.
Eh…t’as un lit, non ?
Allez, va-t-en !
Dis, maman,
Salut maman ! Ca va ?
Ouais, moi je vais bien…et papa
aussi.
La nuit dernière, j’ai dormi dans
son lit. C’était super chouette.
Il m’a laissé dormir avec lui.
Comment ça se passe
pour toi là-bas ?
Tu t’amuses bien ?
On te manque ?...
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