chroniques lycéennes #10 - Les chroniques lycéennes

Transcription

chroniques lycéennes #10 - Les chroniques lycéennes
Prix Charles Cros Lycéen de la nouvelle chanson francophone
chroniques lycéennes # 10
meilleures
notes
rencontres, reportages, critiques
www.chroniqueslyceennes.fr
Edito
Faire découvrir aux lycéens la jeune chanson
francophone dans ses formes les plus
diversifiées, les inciter à écouter d’une
oreille active, à analyser, à exprimer leurs
opinions, leurs émotions : pour la dixième
édition des Chroniques lycéennes, cette
volonté anime plus que jamais le CRDP
de Poitou-Charentes/CDDP de la CharenteMaritime et l’Académie Charles Cros.
Le principe du programme n’a pas changé :
des lycéens, un peu partout en France,
rédigent des chroniques, des analyses
critiques des chansons, à partir d’un CD
comprenant 20 titres récents d’artistes
francophones.
La cinquantaine de chroniques qui
ont été sélectionnées et publiées dans
ce supplément par l’hebdomadaire
Les Inrockuptibles sont autant d’occasions
de constater la pertinence des analyses,
la créativité et la curiosité des élèves.
Des témoignages émaillent cet ensemble,
ils rendent compte de l’importance du travail
engagé sur l’année scolaire et du plaisir
partagé autour de cette opération : plaisir
des élèves lorsqu’ils ont la chance
de rencontrer les artistes de la sélection,
plaisir des artistes eux-mêmes de venir
partager leur expérience, répondre
aux interrogations des élèves, plaisir
des enseignants d’accompagner ce travail
de découverte et souvent de permettre
aux élèves de révéler des talents cachés.
Merci à tous les participants – artistes,
enseignants, lycéens et à tous ceux qui
concourent aux côtés du CDDP de la
Charente-Maritime et de l’Académie Charles
Cros au succès des Chroniques lycéennes – le
Scéren-CNDP, Les Inrockuptibles,
les Francofolies, la Fédération des festivals
de chanson francophone (FFCF) et tout
le réseau de partenaires, de lieux
de programmation, de festivals en France
et à l’étranger.
à la Smod
de chez nous
Pendant une semaine, le groupe Smod est parti
à la rencontre des lycéens de Charente-Maritime.
Reportage à La Rochelle entre cantines,
bibliothèques et salles de concerts.
par Johanna Seban photo Pierre Le Bruchec
Académie Charles Cros,
CRDP de Poitou-Charentes et
Les Inrockuptibles
Plus d’infos et de chroniques sur le site :
www.chroniqueslyceennes.fr
II les inrockuptibles chroniques lycéennes
Q
uatre initiales pour cinq jours
de rencontres : en avril, le
groupe Smod (pour Sam, Mouzy,
Ousco et Donsky) s’échappait
du Mali pour venir rencontrer
les lycéens de Charente-Maritime.
Fondé il y a quelques années
autour du fils d’Amadou & Mariam
à Bamako, Smod (Mouzy a laissé
en cadeau son initiale après avoir quitté
la formation) a déjà publié quelques
albums de musique traditionnelle au
Mali, avant de s’offrir une collaboration
avec le producteur Manu Chao pour
Ça chante, paru en France en 2010.
C’est le titre du même nom qui se
retrouve sur la dernière compilation du
prix Charles Cros, soumise aux lycées
participant aux Chroniques lycéennes.
Smod connaît bien La Rochelle,
notamment grâce aux Chantiers des
Francos où le groupe s’est déjà produit.
Smod à La Sirène, le 15 avril
Cette année, le trio vient y passer une
petite semaine pour se rendre dans
quatre établissements du département.
On retrouve le groupe à l’issue
d’une des rencontres, attablé
dans le réfectoire du lycée hôtelier
de La Rochelle. Les élèves ont
préparé le déjeuner : foie gras, souris
d’agneau – on avait peur de revivre
les mauvaises expériences culinaires
de cantine, nous voilà rassurés.
Les élèves assis à la table aux côtés
du groupe sont en terminale BEP.
Le port d’une tenue chic est obligatoire
dans l’établissement : il est 13 h, drôle
d’ambiance.
Ici, les lycéens enchaînent
les cours avec des services, le soir,
dans les restaurants d’application
de l’établissement. Pas évident,
dans ce cadre, de trouver le temps
chroniques lycéennes les inrockuptibles III
et l’énergie pour s’essayer à l’exercice
des chroniques. “C’était pas facile,
confie l’un d’entre eux. On nous disait
qu’il fallait nous lâcher. Nous on répondait :
madame, on est habitués à avoir
des contraintes.” La documentaliste
de l’établissement, qui a supervisé
l’opération avec la professeur d’anglais
et de français des élèves, rappelle
que ces derniers, bien qu’inscrits dans
une filière professionnelle, ont tout
de même une sensibilité artistique forte.
“Ils ne sont pas forcément à l’aise avec
les matières littéraires, mais la dimension
esthétique est certainement présente
dans leur cursus : via le dressage
des tables, la décoration, l’art floral…”
Quelques heures plus tard,
c’est au CDI du lycée Vieljeux qu’on
retrouve Smod. La rencontre entre des
élèves de seconde et le groupe a été
préparée par un professeur de français.
Pierre Le Bruchec
Rencontre avec les élèves
au lycée Vieljeux, à La Rochelle
Timides, les élèves dégainent peu à peu
leurs questions. “D’où vous vient l’amour
de la musique ?”, “Comment composezvous vos chansons ?”, et une mention
spéciale à “Vous faites plutôt de la
punchline ou du rap revendicateur ?”
Le groupe rappelle ses origines, évoque
l’importance des griots dans la société
malienne. “La musique traditionnelle,
au Mali, est présente dans toutes
les cérémonies, à travers les griots :
les mariages, les anniversaires.
Ce sont les conteurs d’histoires.”
A cet attachement à la musique
traditionnelle s’ajoute, chez Smod,
un goût pour le rap américain.
“Les jeunes au Mali ont été fous de rap,
de 2Pac, NTM, IAM... Les artistes reggae
ont aussi eu une grande influence sur
la jeunesse, d’Alpha Blondy à Bob Marley.”
Fruit de ces multiples influences,
la musique de Smod a séduit les oreilles
de Manu Chao. “Comment l’avez-vous
rencontré ?” interrogent les élèves.
C’est sur le toit de la maison d’Amadou &
Mariam que le groupe a croisé la route
du Français. “Il travaillait avec eux,
il a aimé notre musique et est souvent
revenu travailler avec nous.”
sur ses textes, Smod exprime le désir
de “sensibiliser la jeunesse, lui dire d’être
plus combative, à travers des paroles
qui évoquent la corruption de la société,
la maladie”.
Le lendemain, c’est à la Sirène,
nouvelle salle de concerts
de La Rochelle, que se retrouvent
les élèves des différents lycées
ayant accueilli Smod cette semaine.
Après une visite des lieux – la Sirène
réunit deux salles de concerts et
de nombreux studios de répétition mis
à disposition des groupes locaux –,
les élèves sont conviés à un showcase
Cette collaboration a permis à
du groupe. Une heure explosive, conclue
Smod d’assurer la première partie
sur un rappel partagé avec un élève
de Manu Chao sur une dizaine
slameur venant du lycée professionnel
de concerts en Zénith. “On est habitués
Doriole, à La Rochelle. “On a fait sa
aux foules, on a aussi joué pour l’ouverture connaissance à l’issu d’une rencontre, il a
de la Coupe d’Afrique des nations, dans
proposé de monter sur scène avec nous.
un stade devant des dizaines de milliers
C’est une belle collaboration, à l’image
de personnes.” Interrogé par les lycéens
d’une belle semaine de rencontres.”
Smod exprime le désir
de sensibiliser la jeunesse,
lui dire d’être plus
combative
IV les inrockuptibles chroniques lycéennes
Smod
Ça chante
Because Music
Marine Claverie
Toulouse
Le sourire aux lèvres, Smod chante et rappe
sous la bonne étoile de Manu Chao.
Un bon petit bain de voix engagées et tenaces,
de maracas et de soleil, une guitare, une
mélodie rassurante et nous nous envolons
sur les routes du Mali. Un trio complice,
ambitieux, qui joue pour le plaisir des
oreilles, et s’adresse à une jeunesse
fleurissante en chantant la vie sans mentir.
Ils démarrent dans les rues de Bamako
en 2000 et cinq ans plus tard, c’est Manu
qui leur donne un coup de mano, si
naturellement qu’ils débarquent en Europe
avec succès. Du rap africain aux notes
hip-hop, bien secoué par leur “boing”, leur
“bi” et leur “pou”, les jeunes Sam, Donsky et
Ousco s’expriment en bambara (langue
du Mali) et en français au fil de la bal(l)ade
et nous remplissent les yeux d’espoir. Avec
Dunia Kuntala, “le cours de la vie”, et Ta I Tola,
“vas-y”, leurs premiers albums, ils colorent
leur monde et nous y invitent familièrement.
Sans agresser ni cracher, ils dénoncent
une vérité qui dérange l’Afrique et créent ce
lien invisible entre l’enfant et son pays, entre
les jeunes et les vieux. Avec des concerts
ensoleillés, communicatifs et pleins de vie,
ces jeunes n’ont vraiment pas envie de
décevoir. Comme un goût pour le partage, ils
désirent s’unir à d’autres artistes européens
comme Féfé ou même Aznavour ;
après tout, pourquoi pas ? L’union fait la force,
et chanter fait le reste. Smod a déjà la force,
il ne manque plus qu’à… écouter.
Laurine Sophie
Gaillon
Lycée André-Malraux
Après Amadou & Mariam, le nouveau
son made in Bamako. Sam, Mouzy, Ousco
et Donsky sont des amis de longue date
puisqu’ils se sont connus au lycée. A force
d’improvisations et de minishows dans les
rues de Bamako, ils décident de monter un
groupe, Smod, dont le nom est un acronyme
de leurs prénoms. Jusqu’en 2005, leur
notoriété reste locale. Ce n’est que quelques
années après le départ de Mouzy que Manu
Chao les prend sous son aile et qu’ils
décollent enfin pour s’envoler vers l’Europe.
Leur musique aux sonorités un peu folk
est issue d’une rencontre entre le hip-hop et
la musique traditionnelle malienne, sorte
Fouad Allaoui
Lycée des Arènes
d’union essentielle entre le moderne
et l’ancestral. “Au Mali j’ai retrouvé, au Mali,
ma liberté…” chante Matthieu Chedid. C’est
ce que prônent nos amis bamakois dans leur
titre Ça chante où le désir de liberté, de paix
et d’union dans leur pays est le principal
message. La guitare instaure son thème et
les voix s’y installent : les paroles en français
et en malien s’enchaînent, s’emmêlent sans
fausse note. Pas de doute, cet hymne peace
and love n’a pas fini de nous faire chanter.
Jérémie Charrier, Alizé Gay,
Matthieu Lumet, Romaric Merceron
La Rochelle
Lycée hôtelier
Smod chante mais n’aime pas dégamer
(“déconner” – ndlr) : voilà qui est clair,
le groupe nous aura prévenus. Une guitare
et trois voix, telle est la recette de base.
Smod est un groupe solidaire qui ne met pas
en avant uniquement le chanteur. D’ailleurs,
le nom du groupe vient des initiales de ses
créateurs : Sam, Mouzy, Ousco et Donsky.
Smod a déjà sorti trois albums et a participé
à de nombreuses cérémonies comme la
Coupe d’Afrique des nations et à des festivals
comme le Craven Tour. Face à leur talent,
Manu Chao décide même de produire leur
troisième album sorti au printemps 2010
dont la chanson est extraite. Ça chante est
un savoureux mélange de bambara, la langue
du Mali, et de français : très rythmée dès
le début, elle nous emmène dans un autre
univers grâce notamment à toute une variété
d’instruments traditionnels. Ce qui nous
séduit surtout, c’est la façon dont ils parlent
chroniques lycéennes les inrockuptibles V
de leur pays : ils arrivent à nous faire
retrouver la chaleur de l’Afrique,
leur continent d’origine qu’ils représentent
avec fierté. Pour ces jeunes chanteurs, venir
d’ailleurs est une différence qu’ils mettent en
avant. Les paroles sincères font ressortir une
certaine morale et dévoilent tous les secrets
du droit chemin pour celui qui veut vivre
sainement. Le groupe dispose d’une grande
diversité de sonorités et de couleurs selon
les chansons qu’il interprète. Ça chante
est moins engagée que d’autres chansons
du même album où parfois le groupe appelle
à la révolte. Leur musique est un mélange
de hip-hop, de folk, de traditionnel et de rap
mais ce n’est pas le genre de rap que l’on
trouve généralement en France.
Ici, pas d’insulte, pas de manque de respect,
pas de bimbo ou de bling-bling mais juste
une dénonciation du comportement
des gouvernements africains, tristement
d’actualité. C’est un groupe pétillant sur
scène qui booste le public avec une attitude
survitaminée, le rap est devenu comme
un chemin qui les unit. Pleins d’entrain,
ils méritent d’être écoutés et de percer
dans le paysage de la chanson francophone.
le meilleur des autres
La diversité est également le maître mot de
Smod. La chanson Ça chante en est un parfait
exemple : dès l’introduction, le riff de guitare
accompagné de percussions discrètes fleure
bon l’Afrique, puis la mélodie arrive au chant,
très traditionnelle dans son harmonisation
polyphonique.
Tom Annodeau, Roissy-en-Brie, lycée Charles-le-Chauve
Arnaud
Fleurent-Didier
France Culture
Columbia/Sony
Sylvain Renzetti
Talence
Lycée de Gascogne
Ce soir, mes idées s’embrouillent,
l’interrogation serine mon âme mais,
abattue, ma plume s’élance cependant
de gauche à droite et se fait entendre
tout comme France Culture. Un nom élitiste
désignant une chanson ou plutôt une
description impartiale de cette société qui
nous révulse ou nous attire. La mélodie,
grandiloquente et magistrale, nous accroche
et plonge notre esprit dans une sorte
de douce flânerie. Le texte est une grande
plaine sans fin, la musique, un étalon
impérieux. Résultat, on s’évade. Une
ambiance lourde et mélancolique nous piège
dans cette voix simple, sans grande
profondeur, mais qui pourtant, nous va droit
au cœur. Une chanson qui nous souffle
littéralement et qui, avec un langage simple,
nous chuchote la situation terriblement
complexe et frustrante qu’est l’ignorance.
Ces sons nous transportent et au fil des trois
minutes, nous enferment dans un monologue
intérieur. Et l’on se surprend à s’interroger,
de la même façon que Fleurent-Didier,
qui, sans que l’on y consentît, nous émeut.
On voit un enfant livré à lui-même, une touche
puérile, avec des mots d’adulte. L’œuvre
est entre le passé et le présent, intemporelle
et sans convictions politiques. Au-dessus des
simples textes stéréotypés contre le racisme
ou autres injustices, tout est dit sans cri, sans
chant, sans pleur… La description est vaste,
parfaite et exprimée par touches, ni bonnes,
ni mauvaises, les idées sont d’une neutralité
impeccable et nous incitent au débat.
Une chanson inchantable, mais vivante comme
un poème, en somme, quand les violons
rencontrent l’enfant que nous sommes tous,
le cœur explose et les idées fusent…
la commercialisation et où les paroles sont
aussi vides de sens que la musique. Ainsi, à
travers l’héritage de ses parents qui lui ont
dicté ses choix, ses actes, sa vie, l’auteur fait
apparaître la véritable figure honteuse de la
France des années 80. Poésie sur la société,
poésie sur ce qui ne se disait pas, sur
ce qui dérangeait, ainsi “ils n’ont fait aucun
commentaire sur Mai 68”, “Peu de de Gaulle,
une blague sur Pétain, rien sur Hitler”.
Ce poète d’un nouveau genre nous parle
de politique, de racisme en finalisant
sa chanson par “Elle trouvait que les Noirs
sentaient/Elle n’aimait pas les odeurs”,
de la famille (“Il fallait trouver comment vivre
avec demi-frère, demi-sœur, demi-mort,
demi-compagne, maîtresse et remarié”),
de religion, mais aussi et surtout de la
société. Une petite douceur à savourer sans
modération.
Charline Madini
Briey
le meilleur des autres
Lycée Louis-Bertrand
Vingt ans après la mort de Serge Gainsbourg,
Arnaud Fleurent-Didier signe avec
France Culture, tiré de La Reproduction,
un virage fracassant et poétique dans
une variété française qui ne jure que par
VI les inrockuptibles chroniques lycéennes
Il y a ces paroles, ces phrases courtes
et simples qui dissèquent une éducation
parisienne version bobo. (…) Le regard
semble détaché, comme cette voix qui
ânonne, monocorde, privée d’émotions
chaudes.
Emma Head, Savigny-le-Temple, lycée Pierre-Mendès-France
Mathieu Zazzo
Camélia Jordana
Non non non (écouter Barbara)
Sony
Valérie Dherbet
Romans-sur Isère
LP Auguste-Bouvet
Non non non, vous n’aurez pas envie
d’éteindre votre lecteur, cet air vous fera
“boum boum” au cœur ! Camélia Jordana
nous emballe et nous emmène dans son
monde rempli de nostalgie, de nostalgie
heureuse. Un timbre de voix un peu voilé,
une mélodie douce et entraînante à la fois ;
les paroles sont certes simples mais
pertinentes et sont interprétées par ce petit
bout de femme à la personnalité forte et
à la sensibilité à fleur de peau. Son message
est celui d’une jeune femme qui ne demande
pas grand-chose si ce n’est qu’on la laisse
tranquille après une rupture amoureuse.
Dans ce morceau dans lequel beaucoup de
jeunes pourraient se reconnaître, les mêmes
mots reviennent souvent, peut-être un signe
de son entêtement. Les mélodies sont
percutantes, les changements de rythme
apportent du peps dans une chanson
où l’ironie et l’autodérision transforment la
tristesse en bonne humeur. On succombe
avec plaisir à cet univers énergique et jazzy
d’une artiste à part entière chez laquelle
le talent est proportionnel à la taille de ses
lunettes. Non non non, n’écoutez plus
Barbara, écoutez Camélia Jordana sans
modération !
Hermine Beautru et Agathe Gobart
Le Mans
Lycée Yourcenar
Sortie tout droit de la septième édition
de Nouvelle Star, la prometteuse
Camélia Jordana a été à la hauteur de nos
espérances. Avec son premier single
Non Non Non (écouter Barbara), la jeune fille
de 18 ans en a surpris plus d’un, de par une
volonté d’envisager la chanson française
avec ambition. Sa voix atypique a révélé une
vraie personnalité, qu’elle affirme et assume
pleinement. Pour ses débuts, la chanteuse
s’est entourée de la crème des auteurs
indépendants de la chanson française.
De Babx à Séverin en passant par Mathieu
Boogaerts, le résultat est saisissant. L’album
a été annoncé comme une véritable surprise
musicale. A l’image de ce qu’elle avait
proposé durant sa participation à l’émission
Nouvelle Star, ce premier single chic et
soigné navigue entre plusieurs univers
musicaux. Il se dégage de ce morceau une
impression de douceur et de nostalgie. Avec
une atmosphère intimiste et un refrain qui
reste facilement en tête, la jeune chanteuse
a su conquérir les adolescents autant que
leurs parents, “Non Non Non” est maintenant
sur toutes les lèvres, malgré des paroles
qui ne respirent pas la joie de vivre. Le titre
de la maturité avant l’heure, comme certains
le qualifient, pour une jeune femme tout juste
sortie de l’adolescence. On est très loin de
l’univers rose et contrarié d’une adolescente
surdouée. Un disque qui parle d’amour,
d’adolescence bien sûr, mais avec du recul,
de l’humour et un peu d’autodérision.
Malgré quelques critiques moins favorables
que d’autres, on a affaire à un morceau très
agréable. Une bonne surprise donc, qui met
Camélia Jordana en bonne place sur l’orbite
de la planète soul/pop/folk française et qui
fait naître une certaine attente et de l’envie
concernant la suite de sa jeune carrière.
le meilleur des autres
La recette de la réussite ? Un texte
déprimant relatant une rupture amoureuse
d’adolescents, posé sur une musique
rythmée et joviale, le tout interprété par une
chanteuse à la voix vintage et chaleureuse.
Résultat ? Un vrai régal pour les oreilles et
le moral.
Elise Allard, Evreux, lycée Léopold-Sédar-Senghor
chroniques lycéennes les inrockuptibles VII
Balimurphy
Le Totem du progrès
Ed. Un soir autour du monde/WTPL Music
Guirec Petton
Toulouse
Lycée des Arènes
Balimurphy, c’est une troupe non pas de
cirque, mais de musiciens. Née dans une cave
de Saint-Gilles en Belgique en 1999, la bande
de six joyeux lurons élabore des mélodies
mêlant folk entraînant, pop explosive,
classique mélancolique et une pointe de
country offrant un album, Poussière, détonant,
cadencé par les guitares et la contrebasse
et bercé par le violon et le trombone. Aucun
doute, ces Belges sont inspirés par les vastes
plaines américaines ! Sur Le Totem du progrès,
Cédric Van Callie chante ses mots forts et
alambiqués sur un sujet d’actualité, pour ne
pas dire d’avenir ! On se retrouve assis
dans le train du progrès, un vieux vapeur
American 220 de la conquête de l’Ouest.
La chanson progresse, le train également.
Il gagne des wagons et la locomotive
devient celle du Transrapid de Shanghai.
Les chanceux sont assis en première classe,
et ceux qui n’ont pu suivre le progrès
se retrouvent dans les vieux compartiments
du fond. “On s’arrête un jour”, dit Van Callie.
A la fin c’est le terminus, la fin de la vie,
là où le progrès ne viendra pas nous taquiner.
Alors on s’interroge : qu’est ce que le progrès ?
Qui le contrôle ? N’est-il pas devenu matériel ?
Pourquoi y accorder tant d’importance,
alors qu’on descend tous un jour du train ?
Balimurphy prend la relève de Louise Attaque
et des Ogres De Barback en ressassant nos
souvenirs de Brassens ou de Brel. Ouvrez vos
oreilles, passez la porte de Poussière et
partez pour un périple avec Balimurphy aux
commandes.
Stella Cimolato
Romans-sur-Isère
Si vous êtes de ceux qui guettent la sortie
de l’écran plasma ou du téléphone dernier cri,
n’écoutez pas Balimurphy. En effet, ce groupe
belge, dont l’album Poussière est sorti
en 2008, nous livre Le Totem du progrès,
morceau choc qui dresse le triste portrait
d’une société dans laquelle la consommation
à outrance devient un signe extérieur
de bonheur, où l’amour porte une date
de péremption tandis que les rapports
humains ne sont que des rapports de force.
La musique, au rythme parfaitement
en accord avec le texte, mélange guitare,
banjo et batterie et accompagne une voix
que n’aurait pas reniée Gaëtan Roussel.
Balimurphy a le geste qui sauve, il brise
la vitre et déclenche l’alarme dans le train
du progrès qui, s’il n’est pas stoppé à
temps par notre envie de vivre simplement,
finira bien un jour par dérailler.
Sarah Ruelle
Montauban
Lycée Michelet
Le Totem du progrès est une critique féroce
de la société de consommation. Balimurphy
décrit un monde rempli d’individus avides
de consommer et de posséder. La partie
instrumentale, festive et entraînante,
contraste avec les paroles sombres et
contestataires. Le mélange cordes-cuivres
apporte une certaine générosité, une
ambiance sonore… En écoutant cette
chanson, on ne peut s’empêcher de penser
à des groupes comme La Rue Kétanou ou
Les Ogres De Barback, dont les Balimurphy
se sont certainement inspirés. Ce manque
d’originalité est loin de les valoriser puisque
ces autres groupes se sont révélés meilleurs.
Tout n’est pas perdu pour Balimurphy,
peut-être qu’un texte plus poétique
et original parviendra à les hisser sur
le devant de la scène.
le meilleur des autres
En plus d’une instrumentation digne
des plus grands standards country et folk,
ces Belges ont la frite et nous livrent
des textes poétiques sur les petits instants
de la vie et ses grandes questions.
Mélanie Trussardi, Morteau, SEP Edgar-Faure
Cactus
LP Auguste-Bouvet
Vendeurs
D’Enclumes
Fenêtre
Macabane
Elodie Receveur
Longchamp
Lycée des métiers de la céramique Henry-Moisand
Ouvrez et sautez par la fenêtre... disque
perturbant ! Suivez cette fanfare débridée
dans sa farandole et ses chansons difficiles
à comprendre. Mais à quoi vous attendiezvous ? Classique ? Reggae ? Loupé ! Vendeurs
D’Enclumes mêle raison et déraison, entre
jazz et rock. Dans la chanson Fenêtre, le
chanteur cherche l’amour sous les fenêtres
et “les balcons de Tours”. Emmené par la voix
de Valérian Renault chantant des vers
formidables, accompagné au saxophone,
à la guitare et à l’accordéon, le groupe offre
un savant mélange d’instruments et une
musique surprenante. Dans la chanson, les
mots riment, on a l’impression de découvrir
un poème. La première écoute s’est avérée
assez déstabilisante à cause du rythme
changeant régulièrement dans la chanson,
de la façon de chanter du chanteur qui est
particulière : sa voix monte dans les aigus
puis descend dans les graves et par moment,
on pourrait croire qu’il parle. Mais après
une seconde écoute, nous pouvons sentir
et même voir, grâce à la pochette de l’album,
que leur musique est unique. Elle est
recherchée, peu commune et inspire le
besoin d’aimer. On sent que Valérian Renault
est très présent dans sa chanson, elle
semble autobiographique, ce qui la rend
originale. Toutes ces belles compositions
qui nous entraînent dans ses chansons
nous donnent envie de les écouter chaque
jour avec lui. Une œuvre exceptionnelle.
VIII les inrockuptibles chroniques lycéennes
Léa Pagès
Toulouse
Lycée des Arènes
Vendeurs D’Enclumes, c’est ce groupe de
six membres que l’on hésite à classer rock
ou jazz. Ils nous ouvrent une Fenêtre sur
leur univers à la fois poétique et rude, dans
un style bien à eux né d’un savant mélange :
saxo, guitare, accordéon, basse, ajoutés à une
interprétation renversante et à une plume
hors du commun. Valérian Renault et ses
acolytes nous kidnappent et nous entraînent
dans toutes sortes d’émotions, nous
trimballent du rire aux larmes sans qu’on ait
le temps de réaliser quel sortilège nous
submerge. Leur talent, qui chemine sans
arrêt entre errances sentimentales et contes
comiques, a été généreusement salué,
notamment lors du festival montalbanais
Alors… Chante !, où ils ont reçu les bravos
du public et des professionnels. Autant dire
qu’ils ne laissent pas indifférents ceux qui
les ont vus à l’ouvrage ! Fenêtre, un titre issu
de leur dernier album, Bonheur d’occasion,
raconte la décadence morale d’un homme,
ses états d’âme mélancoliques et sa
détresse amoureuse. La mélodie oscille
entre un rythme langoureux et,
soudainement, plus vif. Valérian nous prête
sa plume pour nous écrire un mot chargé
d’émotion, que l’on écouterait bien encore,
à la lueur d’une chandelle, ou au clair
de la lune.
le meilleur des autres
L’humeur du morceau ? Elle passe sans
transition des cimes désespérées
d’un amoureux éconduit qui se sent devenir
fou aux dégringolades ironiques des
saxophones, le tout plongé sous les rires
de sternes des méchantes fenêtres.
Héloïse Tschora, Vaux-le-Penil, lycée Simone-Signoret
Julien Dajez
Féloche
Darwin avait raison
Ya Basta Records
Loreleï Ferrer-Gleize
Valence
Lycée Emile-Loubet
Féloche est-il fêlé ? Si c’est le cas, il a l’air
tout de même bien renseigné sur les théories
de Darwin. En effet, son titre Darwin avait
raison nous plonge dans son univers poétique
et grinçant, où l’on se sent comme un
poisson dans l’eau. Sur un rythme pop et
entraînant, posé sur la partition non
déplaisante de la mandoline et accompagné
de sons plus electro, il parvient à distiller
en nous une réflexion sur l’homme et
son automatisme. En appliquant la théorie
de l’évolution de l’espèce à son évolution
personnelle, avec une certaine ironie,
il se moque de lui et de l’homme en général.
On le suit alors dans son imaginaire au rythme
des pulsations rappelant le pas semblable
à ceux des robots, répétant en chœur,
Darwin avait raison. Féloche n’est pas fêlé,
“Féloche est un poisson, Darwin avait raison” !
Dounia El Hannouti
Amiens
Lycée Edouard-Gand
Hé, vous ! Oui, vous, là ! Connaissez-vous
Féloche ? Non ? Il a pourtant derrière lui une
longue carrière. Saviez-vous qu’il jouait dans
le seul groupe français des années 80 où les
chanteurs débarquaient sur scène maquillés
comme des voitures volées ? J’ai nommé :
Les Nonnes Troppo. Aujourd’hui, Félix
de son vrai prénom joue en solo de la musique
“electro cajun” selon ses propres mots,
une musique originaire de Louisiane.
Lorsque vous écouterez Darwin avait raison,
vous entendrez une voix étonnamment
adolescente, juvénile et pleine d’énergie.
Vraiment présente. Et pourtant, Féloche
se plaît à modifier les voix et instruments par
ordinateur pour créer de nouveaux sons
jamais entendus ailleurs et des voix venues
d’une autre planète. Des instruments,
il y en a beaucoup : la guitare électrique et la
batterie se rangent du côté rock, mais les
grelots accrochés aux chevilles de Léa Bulle,
la musicienne préférée de Féloche, restent
inclassables, sans oublier l’instrument
le plus important, la mandoline fétiche de
chroniques lycéennes les inrockuptibles IX
Féloche. Drôle de mélange, non ? Où peut-on
trouver ailleurs que chez Féloche ce mix
de guitare électrique, de rythmique bidouillée
par ordinateur, de mandoline du bayou (à
moins qu’elle ne rappelle une région reculée
de l’Ukraine ?) et de grelots au son ethnique,
traditionnel, d’origine louisianaise ?
indienne ? ou bien même africaine ? On en
perdrait son latin… Enfin, parlons des paroles
de Darwin avait raison. Féloche aurait-il un
avis sur la théorie de l’évolution ? Le chanteur
joue sur les mots et la joue un brin ironique :
“Darwin avait raison, je ne suis plus un loup,
je ne suis plus qu’un chien fou qui garde
la maison.” Féloche est un drôle d’animal,
chien fou ou poisson, mais de Darwin,
il se moque… Sur un fond ambiancé
et sacrément rythmé, dans un style à lui
que personne ne peut copier, Féloche
a l’esprit à la fête et nous avec lui.
le meilleur des autres
Un son peu commun et actuel, voire même
inédit : tout à la fois fiévreux et flottant,
doux et frénétique, dissonant et mélodique.
Nicolas Carre & Raphaël Cousiney, Pessac, lycée Pape-Clément
Aliose
Je n’suis pas folle
Alizé Oswald
Julie Chan Kai Fai, Narjès Asri, Léa
Bacuet, Dorian Marson, Kévin Dupuy
Fonsorbes
Collège Cantelauze
Première note, souffle coupé. Première
phrase, paroles capturées. Premier ressenti,
frissons garantis. Rassurez-vous, vous n’êtes
pas fou, cette mélodie est bien contagieuse.
Sur un fond si paisible s’installent des
paroles saisissantes. Ce texte reflétant la
réalité entraîne une réflexion consciencieuse
sur la tolérance. Partagé entre l’envie de se
laisser porter par ce flot et le besoin de
compatir avec son mal-être, Aliose a su faire
naître en nous deux sentiments bien distincts
mais si complémentaires. Cette ballade
mélancolique dépeint une musicalité sereine
secondée par un admirable jeu de piano.
On est loin des contes de fées à la Walt Disney
mais plus proche du réel à la Forrest Gump.
Une symbiose grandiose.
Julie Nunez
Mirepoix
Lycée de Mirepoix
Alizé Oswald et Xavier Michel, chanteuse
et musicien tous deux suisses, forment
un jeune groupe prometteur. Leur album
éponyme Aliose les a fait connaître
en Belgique et en France grâce notamment
à ce titre très émouvant, Je n’suis pas folle,
qui nous entraîne dans les tourments
de la schizophrénie. Sur un mode piano-voix,
et au fil d’une mélodie lancinante, la maladie
est évoquée avec justesse : solitude,
incompréhension, enfermement,
dédoublement… Le chant fragile de cette
“schizophonie” trotte dans la tête, flirte avec
la folie puis redevient sensé. Le texte est
torturé, répétitif et en cela très poétique.
La voix douce et envoûtante, accompagnée
mélancoliquement par le piano, émeut
l’auditeur attentif et l’embarque en son for
intérieur. Aliose nous sensibilise avec succès
à ce mal-être souvent jugé hâtivement : une
chanson sentimentale richement interprétée !
Mathilde Moriceau
Rennes
Lycée Victor-et-Hélène-Basch
Nous sommes fous ! Fous d’Aliose… Sixième
piste. On s’émerveille, on sourit, on pleure
un peu… Qui est cette chanteuse ? On regarde
alors au dos de la pochette : Aliose. Aliose,
c’est d’abord une découverte de Claude
Lemesle et un plaisir pour nos oreilles. Mais
aussi un groupe, une osmose créative de
deux amoureux de la musique : Alizé Oswald
et Xavier Michel. Et enfin une voix pure et
envoûtante, au timbre enfantin très doux et
X les inrockuptibles chroniques lycéennes
parfaitement maîtrisé qui se savoure comme
un fondant au chocolat. Je n’suis pas folle,
c’est du piano joué délicatement et
gracieusement avec de petits sons de
cloches qui résonnent agréablement à nos
tympans. Une histoire, celle d’une fille,
d’une “folle”, placée depuis quarante-huit
jours en hôpital psychiatrique, qui subit
piqûres et visites de docteurs et qui, pour
survivre, s’agrippe désespérément à
quelqu’un. Mais à qui ? Un homme, un ami,
ou sa folie ? Un texte, de belles paroles, une
vérité, une sacrée claque ! Aliose dénonce
notre société construite sur des apparences,
des “murmures”, des peines, le mensonge
et la folie. Ce duo partage avec une grande
authenticité des textes soignés mis en avant
par une émotivité mélodique. Un vrai
mariage entre la musique et les paroles.
Une union que l’on retrouve dans beaucoup
de leurs chansons, comme la reprise
Elle est d’ailleurs de feu Pierre Bachelet.
Et tout cela nous rend fous, fous, totalement
fous d’Aliose.
le meilleur des autres
C’est grâce à la voix féminine qui incarne
si bien sa détresse que nous sommes émus,
emportés dans ce monde discret, caché
et honteux de la folie. Le piano égrène
ses notes comme les minutes passées
dans cette chambre.
Marjorie Lecerf, Mirepoix, lycée de Mirepoix
JP Nataf
Viens me le dire
tôt Ou tard
Sarah Martos
Nantes
Camille Plou
Valence
Lycée Emile-Loubet
C’est dans un tout autre registre que Colore
que JP Nataf, ex-chanteur des Innocents,
revient avec son album solo Clair. Viens me
le dire est un titre qui sonne à l’assemblage
mélodieux de paroles jetées au vent. Jetées,
comme la vie nous jette dans un gouffre
mystérieux. C’est à nous de constituer
l’histoire, JP Nataf nous laisse seulement
des amorces. Une impression qui nous
conduit à penser que nous sommes aussi les
maîtres de la chanson, d’ailleurs l’artiste
nous entraîne dans son évasion en nous
y incluant. Nous choisissons dans quel sens
va la chanson.
Les premiers accords font se balancer nos
têtes, les questions reviennent souvent.
Le chanteur ne s’aventure pas à y répondre,
il préfère nous amener à une réflexion sur un
air gai et entraînant, qui résonne encore dans
notre esprit. Les pas guidés par la rythmique
de la réitération de mots. La seule chose
qu’il nous reste à répondre c’est qu’on en veut
encore !
Lili Ster
Mlle Shy
Label Lez’Art
Jody Foix
La Rochelle
Lycée Vieljeux
Laissez-vous envoûter par la voix mutine et
groovy de Lili Ster, dans sa chanson Mlle Shy.
Mais avant tout, remballez “toutes vos
audaces”, démaquillez-vous, restez vousmême : transformez-vous en cette Mlle Shy.
Montez le volume, fermez les yeux et
découvrez un air folk, mais aussi un mélange
de blues, de swing, de groove et de soul,
qui vous transportera dans un univers où nul
rôle n’est joué, et où chacun est ce qu’il est.
Telle une odeur entêtante, cette mélodie
originale vous reste dans la tête, pour faire
durer le plaisir. Quoi de mieux qu’une voix
acidulée sur un texte pimenté, nous prouvant
que rester soi-même est le meilleur des
maquillages ? Mais non, plus besoin de fard
à joues, il suffit de rougir ! Du blush ? Usez
simplement de votre bluff ! Maîtrisez-vous, et
fini les désirs, tels sont les conseils que nous
donne Lili Ster. Non mesdames, ne déprimez
pas. Comme nous le dit si bien Lili, plus
besoin de maquillage, tous ces fards vous
font de l’ombre !
Sara Abassbhay
Tamatave/Toamasina
Madagascar
Lycée français de Tamatave
le meilleur des autres
Dans la chanson Viens me le dire jaillit
la finesse de la mélodie, une oxygénation
absolue, une maîtrise totale de l’espace
sonore.
Guillaume Andrevron, Valence, lycée Emile-Loubet
JiF
Besoin de repos et de calme ? Décollez pour
l’univers pop et folk de Jean-Philippe Nataf !
Cet ex-chanteur du groupe Les Innocents
vous mène, aux doux accords de sa guitare,
dans un monde paisible et sans frontières.
Tiré de son second album Clair, sorti en 2009,
Viens me le dire est une carte
d’embarquement pour une envolée parmi les
nuages. Ces paroles empreintes de liberté,
parfois rugueuses mais adoucies par
l’accompagnement musical, coulent et se
fraient un passage parmi cumulus et cirrus
sans aucune turbulence. De sa voix
mélancolique, cet auteur-compositeurinterprète nous questionne sans nous donner
de réponse explicite. On l’accompagne
alors, léger, dans son périple, à la recherche
d’un endroit “où (se) recueillir”, tout en se
délectant de chaque sonorité, en mordant à
pleines dents chaque instant… Quelques
escales dans un “pays flou”, dans des “villes
ouvertes”, et on finit par atterrir en douceur.
De la poésie… Alors, n’hésitez pas à
“ré-embarquer” pour un nouveau voyage !
Richard Dumas
Lycée Carcouët
Lili, deux voyelles, deux syllabes, une voix.
Inspirée par son père batteur, accompagnée
par le piano, Lili Ster balance entre douceur
et acidité. A mi-chemin entre la petite fille et
la femme fatale, elle pétille et éblouit la foule
de son sourire d’enfant. Elle s’en va, suivie
du producteur Jean-Louis Pierrot, vers le sud
chroniques lycéennes les inrockuptibles XI
et le nord de la France, et les charme tous
petit à petit : Paris est la première ville
touchée le 24 février. Présente comme jamais
sur scène, elle se laisse guider par ses
pulsions qui mettent en valeur sa
personnalité fougueuse. Elle ne fait qu’un
avec son expression artistique. De son album
La Castafiore, Mlle Shy a à la fois l’aspect très
rythmique et un côté acoustique. La jeune
demoiselle laisse vibrer sa voix jusqu’aux
oreilles. Sans froufrous, ses paroles sonnent
juste et révèlent la timidité qu’il y a en chacun
de nous. “J’ai un blush natural” : fait-elle
référence aux jeunes filles superficielles
d’aujourd’hui ? Sans aucun doute. Par le biais
de sa musique ressort une vérité qui touche
et dans laquelle se reconnaît la génération
actuelle. Etincelante et provocatrice, elle bat
la mesure et n’hésite pas à utiliser le langage
d’aujourd’hui (“m’foutre” ; “fadasses”) ce qui
rend le tube encore plus attractif. Par ses
chansons émanent une aura palpitante,
une émotion musicale, un halo de lumière et
un groove entraînant. Pour notre plus grand
plaisir, elle crée une mélodie gracile, avec un
zeste de mystère et de féminité, une chanson
à écouter en boucle !
le meilleur des autres
De sa voix mutine, acidulée et accompagnée
du piano, elle revendique le fait de ne pas
avoir besoin de maquillage pour avoir bonne
mine, et fait des jeux de mots avec le fard
à paupières.
Clara Delmon, Toulouse, lycée des Arènes
Féfé
VPC (Vilain petit canard)
Polydor/Universal
Thomas Baumans
et Enzo Van De Kapelle
Bazas
LEGT Anatole-de-Monzie
Avis à tous les vilains petits canards, Féfé est
de retour avec son album Jeune à la retraite,
sorti en 2009. Féfé alias Feniksi est un
professionnel du rap français et ancien
membre du collectif Saïan Supa Crew connu
pour son tube Angela. Dans cet album, il se la
joue mélancolique, entre plusieurs styles de
musiques, hip-hop, blues, soul et même
funk… des styles qui ont baigné son enfance.
Son titre VPC (Vilain petit canard) nous
entraîne dans une cour d’école. Féfé ou Fé au
carré ? Appel à la joie, à l’innocence ? Non...
bien au contraire ! L’ambiance festive et les
timbres enfantins ne doivent pas nous faire
oublier d’écouter les paroles : “J’avance tête
haute”, un appel à la réalité des choses !
Soyez tel que vous êtes et rejoignez-nous !
Des paroles bien rythmées et scandées,
aux fins de phrases un brin chaud vibrato,
soutenues par une basse groovie et une
batterie bien binaire rap-disco, le tout éclairé
et ensoleillé par une guitare en contretemps
et un synthétiseur qui nous fait voyager vers
un soleil reggae. “Action/Ma passion/Mon
son/A cent pour cent” chantent les enfants…
Une belle soul school nous direz-vous, à
l’image même de la vie réelle ou de ce conte
sur ce vilain petit canard qui se transforme
en cygne… Merci d’“avance(r) tête haute”
monsieur Féfé, et vive l’école buissonnière !
Laetitia Segonds
Toulouse
Lycée des Arènes
Marre d’être dans les règles, assez d’être
comme tout le monde ? Féfé aussi, et il nous
le dit ! Depuis son départ jusqu’à sa réussite,
son combat est là. En groupe pendant
une dizaine d’années, et après une pause
de réflexion de trois ans, il revient en solitaire
et s’impose. Ce nouveau papa confirme son
talent en signant un nouvel album, Jeune à la
retraite. VPC ou “vilain petit canard”, une des
chansons les plus connues, nous transporte,
avec son rythme entraînant et sa mélodie
entêtante. Féfé “représente tous les Féfé”,
ceux qui ont douté, qui ont été vus
différemment. Il demande seulement que
chacun vive sa vie. Écoutez bien ce chant
victorieux de celui qui nous montre que seule
la persévérance est gagnante. A travers
cette minibiographie, une thérapie peut-être,
Féfé transmet véritablement son message,
et n’oublions pas le rappeur qu’il est !
Avec ses chiasmes, ses répétitions et ses
jeux de mots, Féfé ajoute un peu de sauce
soleil à sa manière pour nous emmener
avec lui. Voluptueux, Passionné, Chaleureux,
laissez-vous embarquer par ce rayon
tropical !
Earvin Ardes
Nantes
Lycée La Colinière
C’est sur un ton engagé que Féfé nous
envoie son message dans sa chanson VPC.
Ce jeune trentenaire avait pris sa retraite
anticipée après la séparation de son ancien
groupe Saïan Supa Crew, qui avait cartonné
dans les années 90. Il revient avec son
nouvel album solo, Jeune à la retraite, où il
nous fait découvrir le style novateur qu’il a
créé pendant sa petite période d’absence
médiatique. Son nouveau style, influencé par
la musique hip-hop, jazz, reggae, funk et la
chanson française s’accompagne de guitare
et de cuivres. Son style est aussi influencé
par de grands noms de la musique tels que
Bob Marley, Sam Cooke ou encore Meeters.
“L’uniforme moi ça me bride, rien à faire faire
faire/Je suis né sans, j’ai toujours eu mes
propres idées”, voilà comment il évoque la
relation qu’il entretient avec la société
d’aujourd’hui. Il se sent tellement différent
qu’il se compare au vilain petit canard du
conte d’Andersen. Dans son refrain, il insiste
sur le fait qu’il ne changera jamais. Il le dit
lui-même, son existence est trop courte
pour qu’il essaie de ressembler à quelqu’un.
Il se sent bien comme il est, même s’il est
différent mais surtout parce qu’il est unique
et exceptionnel. Unique et exceptionnel, tel a
été son retour sur scène, on pourrait même
le qualifier de triomphal, il a réussi à
conquérir la scène mondiale en se plaçant
en tête des charts avec son tube Wavin’ Flag.
Ce succès ne lui a pas fait prendre la grosse
tête pour autant.
le meilleur des autres
Bien que les paroles puissent paraître
légères ou même faciles, se cache derrière
un fort message politique, une contribution
à un vrai débat de société : choisir sa liberté
ou s’enliser dans le conformisme.
Tom Mahiet-Ribeyrol, Aurillac, lycée Emile-Duclaux
XII les inrockuptibles chroniques lycéennes
de la
bombe
Féfé
Après l’aventure Saïan
Supa Crew, il a pris un
nouveau départ, en solo,
mais bien entouré. Il parle
de ça, du docteur qu’il
aurait pu être, et de Jay-Z.
par Aminatou, Aurélie, Elodie,
Margot, et Mme Ranieri (professeur)
“refaire un groupe pour faire
du pseudo-Saïan, ça n’avait
aucun intérêt. Ç’aurait été un
cauchemar”
R
encontre avec Samuël Adebiyi,
aka Feniksi, aka Féfé, membre
de Saïan Supa Crew (19972007) désormais en solo, avant
son concert au File 7 à Magny-leHongre le 7 novembre 2010. Entretien
réalisé par des élèves de terminales L
et ES du lycée Pierre-Mendès-France
de Savigny-le-Temple.
Préférez-vous la vie de groupe ou celle
d’artiste solo ?
Féfé – C’est différent, mais je dirais
ni l’une ni l’autre. En tout cas, il n’y aura
aucun retour du groupe Saïan Supa Crew.
C’est un nouveau départ que je prends.
C’est vrai qu’avec le groupe c’était
la folie, on ne pouvait pas marcher
dans la rue.
Regrettez-vous parfois la vie de groupe ?
Non, pas du tout. Mais je suis sûr que
j’aurais regretté si je n’avais rien fait.
J’ai longtemps hésité, j’ai bien réfléchi.
Je suis content d’avoir fait ce choix.
Refaire un groupe pour faire du pseudoSaïan, ça n’avait aucun intérêt. Ç’aurait
été un cauchemar.
Depuis combien de temps
envisagez-vous de vous lancer
dans une carrière solo ?
Pour certaines des chansons de
l’album, j’y avais déjà pensé mais pas
dans le cadre d’une carrière solo.
Parfois j’en parlais avec les membres
du groupe en disant que j’avais une
mélodie, des thèmes ou même des
textes dans la tête pour le groupe.
Après la séparation de Saïan Supa
Crew, je n’envisageais pas de remonter
un groupe car c’est une expérience à ne
vivre qu’une fois dans sa vie. Et en fait,
je n’envisageais pas non plus de me
lancer en solo. Pendant un an, j’étais
dans une sorte de déprime jusqu’au
jour où on m’a offert une guitare. Je me
suis rendu compte que j’avais encore
des choses à dire. Je suis donc revenu
à l’essentiel, à ce que je voulais, c’est à
dire créer. J’ai commencé à écrire et je
voulais en sortir quelque chose de neuf.
Dans la chanson Le Féfé vous parlez de
“bac S”. Que vouliez-vous faire comme
métier ?
Docteur. Mais c’est plutôt parce que
tout le monde me poussait à le devenir.
J’ai donc fait un bac S. J’aurais pu y
arriver, je pense. Mais je n’étais pas
vraiment intéressé. Après j’ai voulu
travailler dans la pub, mais je ne savais
pas vraiment, je n’étais pas décidé.
Au lycée, j’avais déjà un groupe ; j’étais
dans la “mouvance rap”, donc un an
après avoir eu mon bac, le groupe s’est
formé.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XIII
Comment s’est faite la rencontre
avec K’naan avec qui vous interprétez
Wavin’ Flag ?
Il connaissait mon ancien groupe,
Saïan, et appréciait ce qu’on faisait.
Nous étions dans la même maison
de disques. Donc il a écouté et aimé
mon projet solo. Alors nous nous
sommes lancés.
Aimeriez-vous faire d’autres duos avec
des artistes français ou étrangers ?
Oui bien sûr, avec Mac Tyer que je vois
souvent d’ailleurs, avec Despo Rutti,
Youssoupha, Reza mais aussi Mos Def.
Et avec Jay-Z tant qu’à faire (rires) !
Qu’est-ce que vous écoutez sur votre
mp3 ?
Les Black Keys, ça déchire !
C’est un mélange de rock et de blues.
J’écoute naturellement Jay-Z.
Lil Wayne j’aime aussi, c’est un fou
mais il a son style unique. J’écoute
un peu Drake même si je n’aime pas
tout. Il a quand même quelque chose
mais j’ai l’impression que ce n’est
rien de vraiment nouveau.
Avez-vous l’intention de chanter en
anglais ?
J’en ai de plus en plus envie, même
si je n’ai pas encore écrit de morceaux
en anglais. J’ai d’ailleurs vécu quelques
années en Angleterre étant petit, c’est
donc ma seconde langue.
Qu’est-ce que ça vous fait de passer
en boucle sur les chaînes musicales
et les radios ?
Je n’étais pas au courant puisque
je ne regarde plus ces chaînes depuis
que j’ai vu ma petite fille danser
devant comme Shakira (rires).
Avant, je regardais tout le temps MTV,
mais c’est fini. Donc je ne me vois pas,
et tant mieux en fait !
Dans ma rue, c’est un éloge à la
banlieue ?
Dans cette chanson, je parle de la
réalité de la banlieue. Il y a du positif et
du négatif ; ce n’est pas bling-bling.
Je n’essaie pas de l’ensoleiller.
La banlieue, c’est là d’où je viens et je
l’aimerai toujours.
Que pensez-vous de votre première
partie, Smod ?
J’aime bien ce groupe. Ils ont déjà
été en concert avec moi auparavant,
et j’aime bien ce qu’ils font.
Eiffel
Minouche
Pias
Maïwenn Cozien
Rennes
Lycée Victor-et-Hélène-Basch
Eiffel, c’est d’abord une passion pour
la musique qui a réuni, en 1998, Estelle
et Romain Humeau, Nicolas Courret,
et Damien Lefèvre. Ce groupe, discret à ses
débuts, se fait une place petit à petit dans
le rock français grâce à ses albums de
grande qualité. La colère, c’est sans doute
ce que ressent Romain Humeau, chanteur
du groupe Eiffel, lorsqu’il interprète
ce titre, Minouche. Minouche, le destin d’une
immigrée, perdue dans un pays qui n’est pas
le sien. Le texte, d’une grande qualité, qui
compare cette immigrée à un “chien enragé”
errant, solitaire, est précis, poignant. Mais
le plus beau, c’est la musique, la mélodie.
Une mélodie qui nous fait frissonner dès
les premières notes jouées à la guitare
et qui laisse ensuite place à la voix écorchée,
nerveuse de Romain Humeau, une voix
unique. Cette mélodie nous plonge dans
un univers sombre, propre au groupe, et
semble nous rappeler à chaque moment que
personne n’est à l’abri du danger. Minouche,
c’est la chanson qui ouvre le quatrième
album du groupe, A tout moment, plus direct
et exigeant que les précédents, avec des
thèmes concrets qui parlent de la condition
humaine, des moments de doute que l’on
peut ressentir. Minouche, c’est la chanson
qui nous confirme qu’Eiffel peut aller encore
loin, très loin.
Noémie Robin
Romans-sur-Isère
LP Auguste-Bouvet
Un air de folk-rock avec une touche de
romantisme, une pincée de rage sur un fond
western, Eiffel est comme un “chien enragé”
XIV les inrockuptibles chroniques lycéennes
face au temps qui recule, critiquant sa vie
d’avant en laissant passer la déception tout
en se déchaînant sur sa guitare, criant sa
haine derrière les métaphores. Ce groupe
tourne beaucoup autour de Romain Humeau
qui module les émotions, fignole les détails
et gère intelligemment ses effets de style,
ce chanteur qui prend son envol avec cette
chanson, sans oublier que le fantôme
de Noir Désir plane toujours au-dessus
de sa tête. La musique de Romain Humeau
fait partie de celles faisant le mieux se
conjuguer rock et langue française. La seule
écoute de cette chanson file instantanément
la pêche de manière durable !
le meilleur des autres
De la mélancolie à la détresse, de la colère
à l’espoir, la chanson est marquée par
la voix impressionnante de Romain Humeau
qui la chante jusqu’à nous prendre
aux tripes.
Diana Arja, Kiev, lycée français Anne-de-Kiev
La Ballade du daltonien
P. Lejeune
Dawson
La Souris
Loreena Aubree
Saint-Grégoire
Lycee Jean-Paul II
Il fait froid, sortons rêver dehors... Quand
la monotonie s’installe, quand le ras-le-bol
prend le dessus, un voyage est toujours
le bienvenu. En quelques instants, Coup
D’Marron ébauche devant nous le panorama
hivernal du Grand Nord. Peu à peu des lignes
blanches, bleues et pures s’enroulent,
défilent, et esquissent un univers enneigé.
Par-delà les lacs et les traîneaux, la chaleur
de la petite ville de Dawson vous convie à
sortir de la prison à la fois glaciale et
étouffante du quotidien. Emmitouflé entre la
voix intense et puissante de Wilfried, et
l’équilibre batterie-guitare, vous palpitez en
voyant défiler le paysage arctique. Vous faites
désormais partie intégrante du voyage.
Les personnages ? Un père, poussé à partir
“goûter le froid” avec son fils, à partager
avec lui une expérience unique à travers
les contrées polaires. “Un fantasme de voyage”,
comme l’explique l’auteur. De temps
en temps, une autre voix rejoint celle
du chanteur, mais disparaît vite, voilée par
la brume glaciale du “rêve en commun
qu’on s’doit de saisir”. Une expédition “pas faite
pour les chiens” ; pour écouter l’appel du Nord,
écouter vos frissons, écouter vos rêves.
Pierre Lesquelen
Rochefort
Lycée Merleau-Ponty
Quelques esquisses guitaresques, une voix
in media res, celle de Wilfried Hildebrandt,
Damis Comeau
Cyril Vivier
Coup D’Marron
Pascal Lejeune
c’est ainsi que s’ouvre Dawson, chapitre du
troisième album, Pour les chiens, du groupe
charentais Coup D’Marron. On se plaît
d’abord à imaginer un homme, solitaire,
assis sur de la mousse, tapis magique
qui l’incite à rêver, à voir “là-bas”. Très vite,
percussions et instruments électriques
s’invitent, comme un “coup d’chataîgne”
à cette berceuse, illusoire. L’invitation
au voyage se transforme en appel strident.
Doit-on passer toute sa vie à se ronger
les os, à suivre aveuglément le destin qui
nous est offert ? Non, selon Wilfried, “on a
les mêmes artères, pas les mêmes yeux”.
Alors, profitons-en, oublions nos pauvres
idées reçues, laissons-nous guider par
autre chose, nos songes peut-être… Dawson,
coup de poing intelligent, mélange un reflet
musical au schéma plutôt classique à des
paroles résonnantes, presque dérangeantes.
Coup D’Marron nous livre un instant musical
palpitant où les nombreux rebondissements,
aussi bien textuels que sonores, créent
une ambiance haletante où l’auditeur se
laisse entraîner, entre froideur et réconfort.
Dawson, en quelque sorte…
le meilleur des autres
Coup D’Marron mélange une mélodie à
la fois entraînante et mélancolique, laissant
exprimer une certaine nostalgie pour cette
ville “pas faite pour les chiens”. Une mélodie
qui scande des moments de vie, d’espoir et
de tristesse rythmés par différentes
guitares folk et électriques.
Quentin Dumont, Sébastien Breton & Clément Tolfo,
Pessac, lycée Pape-Clément
chroniques lycéennes les inrockuptibles XV
Marie-Lorraine Vagné
Nancy
Lycée La Malgrange
Peut-on se comprendre si l’on ne parle pas
le même langage ? Pascal Lejeune ne donne
pas la réponse mais nous interroge sur
un petit air de far west aux accents québecois.
Avec sa voix chaude de “poor lonesome
cow-boy”, le chanteur nous interpelle sur
le thème de la communication à travers des
questions cocasses (“Montes-tu quand tu
descends ?”) ou plus sérieuses (“Pourquoi t’es
triste quand tu souris ?”). Grâce à de
nombreuses références à la nature (“Vois-tu
la pluie quand c’est l’beau temps ?”) et sur un
rythme tranquille porté par des instruments
insolites, cette chanson nous invite à une
réflexion profonde mais sans inquiétude.
Alors, daltoniens en tous genres, à cheval :
il est temps d’apprendre à se comprendre !
Mickaël Camacho
Vaux-le-Pénil
Lycée Simone-Signoret
Une chanson ? Non, un voyage ! Pascal
Lejeune et ses musiciens signent ici une
magnifique ballade ! Accompagné d’un
harmonica qui nous transporte littéralement
dans un autre monde, le Canadien interprète
ce titre écrit par Julie Doucet d’un ton
mélancolique et nous apaise de tous nos
maux. On se laisse gentiment porter par la
voix de Pascal et on se prend à rêver de
quelque paysage. Cette chanson, véritable
poésie qui enchaîne question existentielle
sur question quasi philosophique, nous invite
à la réflexion. Le choix des mots, la justesse
des rimes et un accompagnement original
nourrissent nos rêves d’évasion les plus fous.
Le mariage de la guitare électrique, du banjo,
de l’harmonica, de l’accordéon, de la
contrebasse et de la caisse claire est
littéralement enivrant. Ce n’est pas pour rien
que Pascal et ses musiciens ont remporté
pas moins de cinq prix en 2010 : Prix coup de
cœur de l’académie Charles Cros, Prix
Eloizes en Acadie (artiste de l’année et Prix
du public Radio-Canada) ainsi que les Prix
d’enregistrement francophone et d’interprète
masculin de l’année au Nouveau-Brunswick !
La Ballade du daltonien est un juste succès
extrait de l’album Adélaïde, sorti en 2009 dans
le prolongement de son précédent album
de 2007, Le Commun des bordels.
Emilie Savatier-Dupré
et Justine Vitellini
Niort
Lycée Jean-Macé
“Vois-tu en noir c’que je vois en blanc ? Vois-tu
la pluie quand c’est le beau temps ? Vois-tu
la nuit au soleil levant ?…” De la douceur,
un air mélancolique, un soupçon d’harmonica,
ajoutez quelques gouttes d’originalité
étrangère, un léger et doux accent, une
pincée d’accords à la guitare… Mixez. Servez.
Dégustez. L’auteur-compositeur-interprète
Pascal Lejeune a visiblement trouvé la
recette idéale de la chanson à succès. Tout
droit venu de son Canada natal, c’est avec
un deuxième album, Adélaïde, sorti en 2009,
que l’artiste armé de sa guitare et associé
au réalisateur Yves Desrosiers revient
embaumer nos cœurs d’enchantement
et d’allégresse. Un des titres les plus
attendrissants ? Evidemment. On ne se lasse
pas de cet air mélancolique, accompagné
d’une voix envoûtante, d’instruments
charmeurs et de paroles émouvantes,
qui décrivent la détresse d’une personne
pas comme tout le monde, qui voit la vie
autrement. On dit souvent que la différence
est un bien indispensable, pourtant ce
personnage touchant vous dirait bien le
contraire. Mais Lejeune ne serait-il pas trop
novice pour écrire ces musiques douces
et nostalgiques ? Nous, on aime. On adore
même. A écouter et réécouter. Une véritable
bouffée d’air frais canadien. Succès garanti.
le meilleur des autres
Pascal a commencé sa carrière en solo,
il a vite rencontré le succès et, ne sachant
pas bien comment gérer ce truc, il a décidé
de tout arrêter et d’exploiter sa deuxième
passion, la cuisine, en ouvrant un café.
Amélie Prétot, Morteau, SEP Edgar-Faure
Les Blaireaux
La Jolie Trahison
de Tarek Wachmoul
AT(h)OME
Antoine Dargouge
Nantes
Vous pouvez toujours l’essayer,
Pour moi c’est déjà adopté.
Car, bien sûr, tout ce que je vous dis,
je le pense,
Mais tout ceci n’est peut-être qu’une jolie
trahison de votre confiance.
Lycée Guist’hau
Alice Bodin
Gaillon
Ça y est c’est l’heure de la pause,
Les soucis de la journée c’est bon,
on en a eu notre dose.
Pourquoi ne pas se détendre après
le boulot ?
Dans un fauteuil ou sur un siège du métro ?
Laisser juste un fond musical nous
glisser entre les doigts,
Ecouter l’ironie dissimulée dans les voix.
Voilà ce que nous proposent Les Blaireaux,
Mélangeant toutes sortes de couleurs
musicales pour créer leurs tableaux.
Mais il ne faut pas si méprendre !
Car Les Blaireaux ne cherchent pas
qu’à vous détendre…
Dans leurs chansons poétiques et ironiques,
Se logent efficacement de petites critiques.
Dans La Jolie Trahison de Tarek...,
Derrière de petites blagues coquettes,
Se cachent de savantes aberrations
Glissées tranquillement tout au long
de la chanson.
De petites voix innocentes et joviales,
Vous proposent des jeux de mots en pagaille,
Un peu comme le faisaient si bien Boris Vian,
Renaud ou Les Victor Racoin.
Un style musical en évolution constante,
Du jazz aux comédies musicales des
années 40 et 50.
L’humour des Blaireaux nous pique comme
un Bouquet d’orties. Le chanteur et les
choristes du groupe provoquent l’amusement
chez les auditeurs grâce à leur habileté
pour transformer leurs voix. Ainsi les paroles
de La Jolie Trahison de Tarek Wachmoul
peuvent paraître légères, cependant nous
ne sommes pas “trahis” lorsque nous
découvrons à la fin qu’elles soutiennent
la lutte contre le racisme. Les paroles
composent des vers aux rimes ludiques
et toniques qui compensent l’absence
d’un refrain et d’un texte structuré
en couplets. La mélodie est influencée
par deux styles très éloignés, la musique
moderne et la musique classique, reliées
par un decrescendo joué au piano par Anatoli
Zephirov, qui fait bénéficier le groupe de ses
connaissances classiques. Les six amis ont
fait leurs premiers pas sur scène ensemble
il y a dix ans à Lille, mais leurs morceaux
ne sont pas bradés ! La Jolie Trahison de Tarek
Wachmoul, extrait de l’album Bouquet d’orties,
est une musique surprenante qui
nous invite à réfléchir sur la discrimination.
En somme, un joli moment musical,
qui peut nous faire sourire, mais nous donne
aussi une bonne leçon… sur la trahison !
XVI les inrockuptibles chroniques lycéennes
Lycée André-Malraux
Nouvel R
Un minimum
Yotanka
Antoine Noraz
Toulouse
Xavier Cauchy
Lycée des Arènes
Naïm Leriche
Mirepoix
Lycée de Mirepoix
Avec un nom comme ça, on s’attend
à du second degré, un monde fait d’humour
noir, d’autodérision et de franche rigolade !
Dignes héritiers des Frères Jacques,
ils pointent leurs six museaux pour nous
proposer une chanson dérangeante et
originale, La Jolie Trahison de Tarek Wachmoul,
extraite de Bouquet d’orties, quatrième album
studio qui ne manque pas de piquant ! Les
drôles d’omnivores débridés et dynamiques
passent sous leurs dents des idées convenues
qu’ils déchiquètent et, de leurs griffes
acérées, taillent un texte mordant, ciselé de
pointes assassines. Voilà une belle chanson
sur l’immigration, thème grave et sérieux,
exploité par les politiques humanoïdes
ici sur fond de music-hall. Leur univers
burlesque plein de jeux de mots, de rimes
peu banales, met en avant des interventions
théâtrales, des choristes délirants,
des arrangements musicaux originaux.
Le sujet est controversé, mais la cocasserie
du texte assure le sourire, et la musique
qui swingue nous entraîne à sa suite. C’est
ce qui fait la force de cette farce musicale.
le meilleur des autres
Quand les instruments s’emmêlent,
la contrebasse fricote avec le piano,
les cuivres allument le banjo… Les chœurs
en écho de music-hall bouleversent
notre rythme cardiaque et chatouillent
nos zygomatiques.
Sarah Bradley, Nantes, lycée Guist’hau
J’appuie sur pause, j’analyse les choses,
pour écouter Nouvel R j’me pose. Amateurs
de rap impliqués dans la société, exaspérés
par la soupe commerciale, voici le remède :
un nouvel album intitulé ironiquement Tout va
bien. Composé d’artistes qui ne mâchent pas
leurs mots, Nouvel R est un groupe angevin
qui se perfectionne avec le temps.
Comme Lupe Fiasco, rappeur américain
en tête des ventes aux Etats-Unis, Nouvel R
critique le fonctionnement de la société
et ceux qui la gouvernent. Tout les rapproche
excepté leur succès ! Aux paroles sensées
s’ajoute un rythme électronique, brut et
accrocheur qui martèle l’esprit et les oreilles.
Le quotidien de personnes touchées par
la crise et l’aisance de ceux qui n’ont aucune
difficulté financière sont les thèmes de cet
hymne à la révolte. “Un peu, un peu, un peu...”,
cette anaphore reste en tête encore, encore,
encore. Pour vraiment percevoir ce message
frappant : coller son casque sur les oreilles,
appuyer sur play et mettre ses sens en éveil.
Paul Galéron
Nantes
Lycée Guist’hau
Un peu de MC, un peu de basse, un peu de
beat box, un peu de scratch et Nouvel R nous
emmène dans les profondeurs de la France,
là où les gens ont juste le minimum.
Les paroles claquent, la musique frappe
dans notre conscience, la vérité devient dure
à entendre, pourtant nos acolytes nous
la dévoilent sans tabou et crûment à l’image
de la vie dans notre société. De leurs mots
découle une pensée, ils nous mettent devant
le fait accompli pour mieux nous faire réagir.
C’est à bout de bras que nos sept Angevins,
depuis 2004, défendent leur rap engagé
et fort sans pour autant être provocant. Leur
premier album, Hybride, entre dans les bacs
en 2008. Tout va bien, en 2010, nous montre le
côté absurde du titre de l’album dans lequel
les thèmes abordés dénoncent les inégalités
sociales, la chute de notre Terre nourricière…
La répétition des mots et des rythmes nous
chroniques lycéennes les inrockuptibles XVII
rappelle le quotidien redondant et dur
des personnes vivant dans la misère. Baigné
de drum and bass et de hip-hop, l’auditeur
adopte ces mouvements significatifs des
gens habités par le son, le hochement de tête
et le tremblement de jambes. Les parties
musicales sont puissantes, avec beaucoup
de basse et de résonances, les dissonances
créées par le scratch sont projetées en plein
dans les oreilles, le flow des MCs imprégné
des parrains du rap français, NTM,
La Rumeur, IAM et Assassins, s’inscrivent
dans la lignée. Un son inhabituel : le grain
de sel rajouté par Ezra au human beat box
donne vraiment au groupe son identité.
Nous sommes d’accord : “Les ouvriers, les
petits commerces, les temps partiels, les
rmistes/Etudiants pauvres, les petites retraites,
les immigrés, les SDF” peuvent leur dire merci.
Elodie Schneberger
Savigny-le-Temple
Lycée Pierre-Mendès-France
Entrez dans la Nouvel R du rap français avec
ce groupe aux antipodes des images
bling-bling et bang bang que nous proposent
la majorité des rappeurs d’aujourd’hui.
Ce collectif angevin composé de quatre
rappeurs, un DJ, un bassiste et un beatboxer, porte avec Un minimum un message
politique radical en clamant le poing levé
des slogans et revendications couleur rouge
écarlate. Un texte cinglant en parfait accord
avec une musique qui commence piano mais
monte en puissance et en intensité jusqu’au
refrain où la colère finit par exploser.
Un minimum, c’est l’hymne d’une révolte qui
se prépare et le refus de suivre le droit chemin
que nous trace la société. Un minimum parle
au nom de “tous ceux qu’on écrase”. Nouvel R
prête une voix à ceux qui n’en ont pas à une
époque où la solidarité est remise en
question. Un texte ancré dans l’R du temps
qui vise à une prise de conscience. En pleine
ascension, avec la sortie de leur dernier
album intitulé avec ironie Tout va bien,
Nouvel R vous surprendra l’R de rien, que
vous soyez un rap-addict ou pas...
le meilleur des autres
Nouvel R a une âme sensible à la fierté des
plus démunis : ceux qui savent garder la tête
haute et rester debout. De la poésie au slam,
un texte sombre, noir, mais hélas réaliste.
Daphné Bailly, Vaux-le-Pénil, lycée Simone-Signoret
Dimitri Coste
Benoît Dorémus
Bilan carbone
EMI
Margaux Collignon
Nantes
Lycée Guist’hau
Une main de fer dans un gant de velours.
Un coup de gueule face au déclin de
l’environnement, sublimé par une ritournelle
simple et légère. Bilan carbone, c’est le
constat sarcastique de Benoît Dorémus sur
les conséquences de nos actes quotidiens,
apparemment anodins. Un ours polaire qu’il
“bute”. Un iceberg qui fond. J’ai l’impression
qu’c’est un p’tit peu sa faute mais qu’c’est
aussi la nôtre. Cas de conscience sur
L’Effet papillon de Bénabar, les paroles
de cette chanson se heurtent à notre intimité.
Benoît Dorémus recherche une neutralité
dans un monde où rien ne va plus. Avec une
facilité déconcertante, presque nonchalante,
ce chanteur à la voix subtilement brisée
nous jette à la figure la dure réalité des effets
de notre négligence commune. La rudesse
de la langue s’oppose paradoxalement à la
mélodie heureuse des guitares acoustiques,
elles-mêmes soutenues par le rythme
essentiel mais discret des percussions.
Un album aux paroles introspectives dont
les événements et les rencontres semblent
universels, à l’image du parcours classique
de Benoît Dorémus. Du bar-concert
jusqu’aux tournées d’aujourd’hui en passant
par les festivals, il se démarque par des
textes vrais et fragiles, des sonorités
joyeuses bien qu’ironiques. Alors, existe-t-il
ce coin tranquille où sa présence serait
neutre ? Rien n’est moins sûr puisqu’il nous
touchera toujours…
Pauline Bellec
Ploërmel
Lycée La Mennais
Bilan carbone, une chanson engazée !
Benoît Dorémus auteur et interprète
promettait une chanson coup-de-poing avec
son titre engagé Bilan carbone, mais son air
imprégné de guimauve m’empoisonne et me
fait déchanter très vite. A la première écoute,
j’ai cru que je m’étais trompée de disque
mais non, ce n’est pas un des CD de ma petite
sœur, c’est bel et bien “l’œuvre” d’un auteur
XVIII les inrockuptibles chroniques lycéennes
français qui nous chante des rimes
simplistes plaquées sur trois accords
tournant en boucle. Benoît s’“emmerde dans
les bouchons” et moi avec sa chanson,
Benoît “n’assume pas son bilan carbone”
et moi ses paroles qui m’assomment.
Aucun rythme transcendant ne vient casser
cette énumération qui finit par nous donner
des boutons. C’est dommage pour le message
écolo qui était le bienvenu étant donné les
récents événements, car personne n’est
à l’abri d’un petit nuage parfumé au nucléaire.
Mais malheureusement pour Benoît et son
faux air de Bénabar, le message ne passe
pas et tombe à plat. Encore une chanson qui
sent le plat réchauffé à plein nez et
l’intoxication assurée.
le meilleur des autres
Benoît Dorémus se sert de l’humour et
de la dérision sur un air de guitare pour
mettre en avant l’ironie de la défense
de l’environnement. A l’heure où défendre
la cause environnementale est devenu
une mode, le chanteur, lui, préfère l’anticonventionnalisme.
Garcia Arthur, Montgeron, lycée de Montgeron
Pierre Wetzel
George Sound
The Locked Doors
Ladilafé Productions/G. Sound
Candice Guéant
Amiens
Lycée Edouard-Gand
The Locked Doors nous ouvre les portes
d’un étrange rock littéraire et métaphorique,
celui des cinq membres bordelais de
George Sound, qui souffle un vent de révolte
pour que les frontières s’ouvrent, un vent
nourri de références empruntées aussi bien
à l’histoire qu’à des auteurs célèbres :
“L’arrivée massive d’un convoi sans étoile”
nous rappelle que les frontières savent
s’ouvrir en fermant les yeux pour commettre
le mal suprême mais qu’elles se ferment
aussitôt lorsque “l’envahisseur” est à ses
portes comme le buveur de sang, le comte
Dracula, car “à l’hémicycle on se souvient
du seigneur venu des Carpates”.
Repoussons l’étranger, enfermons-nous à
double tour et “buvons encore (...) à la santé
des victimes”. L’alliance entre le rock et un
flow de rap est très réussie mais c’est le
rock qui domine au final avec non seulement
le trio habituel basse, guitare électrique,
batterie, mais surtout avec le refrain en
anglais. Les accents de ce rock puissant
nous font voyager outre-Atlantique, serait-il
exagéré de penser aux légendaires Strokes
lorsqu’on écoute les George Sound ? Pour
le versant français et la richesse du texte,
le vent nous emportera jusqu’à Noir Désir ;
on aime reconnaître Corneille et Verlaine au
détour d’un vers, “Orage d’un soir ô désespoir
de nos vies. Il pleut sur nos déboires comme
une langueur infinie”.
Deux voix sublimes, l’une éraillée et l’autre
pure, choisissent un débit un peu traînant
en contraste total avec cette musique
endiablée. Les deux interprètes partagent
avec nous leur déception face à ce monde
politique pitoyable et ce rock efficace
est parfait pour un public jeune
qui a soif d’idéal.
Nathan Piganiol
Aurillac
Lycée Emile-Duclaux
George Sound ouvre les portes et les
fenêtres ! Celui qu’on avait déjà croisé aux
Rendez-vous de Terres Neuves vient de
sortir Bouts de thérapie, apportant un vent
frais à un univers de la chanson française
qui en avait bien besoin.
Dans ce nouvel album, George Sound a été
fidèle au trait d’humour de son nom, alliant
la puissance des mots à la beauté du son.
Parmi les nouveautés de l’album, on croise
The Locked Doors. Sur le rythme enjoué
du batteur Frédéric Girard, accompagné
de l’ostinato d’un synthétiseur, on croise
les voix légèrement éraillées de Damien
Davidoff et d’Erwan Naou : des couplets
parlés en français alternent avec des
refrains chantés en anglais. La plume de
Damien Davidoff n’est pas avare de critique
vis-à-vis de la société, la disant même
mauvaise jusqu’à ses fondements.
Mais malgré les paroles écrites à l’encre
acide, le timbre rugueux d’Erwan Naou
et les accords mélodieux du guitariste
Jean-Nicolas Saillan dégagent
une impression rêveuse et fraîche.
Le tout sur un style indéfinissable,
au carrefour du hip-hop, du dub, de l’electro,
du rock et de la chanson française.
George Sound peut-il être à l’origine
d’un renouveau pour la chanson française ?
Un titre tel que The Locked Doors tendrait
à le montrer.
chroniques lycéennes les inrockuptibles XIX
Adèle Moisan
Nantes
Lycée Carcouët
The Locked Doors : les portes fermées.
Un appel à les ouvrir… C’était un soir pluvieux,
maussade, gris. Je rentrais du lycée, assise
dans le bus, le cartable sur les genoux. C’est
alors que mon iPod passa The Locked Doors,
de George Sound ; je ne me rappelais pas
l’avoir téléchargé mais décidai de l’écouter
quand même. Au fil des mots, des notes,
je découvrais la chanson, si bien associée
au temps : pessimiste, cynique et tragique.
Toutes ces paroles, portées par la voix
rauque et cassée du chanteur, ressemblaient
pourtant davantage à un appel au souvenir,
une ode à l’histoire et à ses enseignements.
Une critique en arrière-fond de la guerre
“qui nous permit de justifier nos crimes”, un
blâme de la nature humaine (“Buvons encore
une dernière fois, à la santé des victimes”) et
une menace qui plane sur nos têtes (“Moving
around to see you (…) You know I’m still here
too”), sans mélodrame. Je suivais le cours de
cette diatribe explicite mais pas revendicative ;
un constat que je me prenais à partager.
Emportée par la mélodie, touchée par les
paroles, c’est – le bus m’ayant déposée –
en chantant “Moving around to see you/Falling
on the floor” que j’ouvris ma “locked door” !
le meilleur des autres
On retrouve dans ces paroles l’urgence
poétique de grands artistes tels que Jacques
Brel et Léo Ferré. Le fondateur du groupe,
Damien, d’un milieu plutôt tourné vers
le hip-hop, a su rassembler d’excellents
éléments dans un même groupe mélangeant
plusieurs styles comme le rock et l’electro.
Charlotte Mordiconi, Gourdon, lycée polyvalent Léo-Ferré
essais critiques
Les chroniqueurs en herbe de Haute-Normandie ont bénéficié des
conseils d’un journaliste de la presse écrite pour apprendre à mettre
en mots leur ressenti et contourner les contraintes. par Stéphane Deschamps
L
e lycée André-Malraux de Gaillon,
en Haute-Normandie, participe
aux Chroniques lycéennes depuis
2006. Sur les 500 élèves, une
quarantaine de secondes ont planché
sur la compile. Mais pour l’établissement,
ce n’est qu’un volet d’une opération
plus large intitulée “Musiques actuelles
au lycée”, qui permet aux élèves
de rencontrer des groupes, d’assister à
des conférences, de découvrir les salles
locales (L’Abordage à Evreux, dont
le directeur administratif est un ancien
du lycée André-Malraux, le tout nouveau
106 de Rouen) et les métiers liés
aux musiques actuelles. L’an dernier,
les deux élèves de Gaillon publiées dans
les Chroniques lycéennes ont pu prolonger
l’expérience journalistique : elles ont
été invitées au festival d’Evreux Le Rock
dans tous ses états, dans le “pool
presse”, et ont écrit le compte rendu
pour le journal local. “Expression de la
sensibilité, écriture, ouverture culturelle et
d’esprit, voilà ce que nous cherchons à
promouvoir”, explique Guillaume Boulet,
professeur d’histoire-géo.
Le passage au lycée d’un journaliste
spécialisé (moi-même) est un des
rouages de cette dynamique. Mon but
n’est pas de “tricher”, d’écrire ou
réécrire les chroniques à la place des
élèves, mais de les conseiller, de leur
transmettre un peu de mon expérience
professionnelle, celle qui ne s’apprend
pas à l’école. Face à moi, les élèves sont
invités à partager leur copie. Certains
ont oublié leur feuille, d’autres n’osent
pas la sortir, quelques-uns ont envie
de se lancer. Mais la timidité l’emporte.
Lire sa chronique à haute voix devant
les petits camarades, ce n’est pas facile.
On ne va pas leur demander de faire de
la radio, non plus. C’est donc moi qui lis
les chroniques. On ne met pas de note à
la fin, on n’est pas à L’Ecole des fans, mais
toutes les chroniques sont applaudies.
La lecture est suivie de remarques,
générales ou précises. L’important est
de soigner le début et la fin, et de trouver
un équilibre entre les informations
factuelles, biographiques, et la subjectivité
de l’écoute, le ressenti. La principale
difficulté pour les élèves est d’arriver
à envisager l’écriture d’une chronique
la principale difficulté est
d’arriver à envisager
l’écriture comme un travail
personnel, extrascolaire
XX les inrockuptibles chroniques lycéennes
comme un travail personnel,
extrascolaire, qui devrait pouvoir laisser
libre cours à la fantaisie, à l’imagination.
Trop d’élèves envisagent l’exercice
comme un commentaire de texte.
L’un d’eux se plaint d’avoir trouvé très
peu d’informations sur Lili Ster, dont
il a choisi le titre Mlle Shy. On le rassure
et on le conseille : on doit faire avec
ce qu’on a, et on peut imaginer le reste.
“Lili Ster est un mystère”, ou “Mlle Shy
est si timide qu’on ne sait rien d’elle”.
Il y a toujours moyen de s’amuser,
de contourner la contrainte.
Quelqu’un a fait un bon texte sur
Smod, mais sans préciser que le leader
du groupe est le fils d’Amadou & Mariam.
On lui conseille d’ajouter l’info, voire
de commencer par là, pour accueillir
le lecteur en terrain connu. Une élève,
visiblement fan de musique, a mis dans
sa chronique de Tom Poisson plein de
références à la fois pointues et
justifiées, bien tournées. Double ration
d’applaudissements. Mais les morceaux
proposés sur la compile ne collent
pas forcément avec la culture musicale
des lycéens. Bizarrement, la chanson
de Camélia Jordana n’a pas attiré
les plumes, non non non. Peut-être
trop connue ? Elle n’ira pas au Baron,
mais moi je retournerai à Gaillon.
Laurent Clément
Zaz
Je veux
Sony/ATV Music Publishing
Clarisse Grannec
Nantes
Lycée La Colinière
Après avoir un temps joué dans la rue,
Isabelle Geffroy, alias Zaz, fille au grand
cœur, se fait une place dans le monde des
grands. Grâce à son single Je veux, qui l’a fait
découvrir au grand public, elle obtient le Prix
chanson révélation de l’académie Charles
Cros en 2010. Je veux nous a tous fait danser
et chanter, cette chanson évoque le bonheur
de vivre qu’elle partage avec son public.
Sa voix jazzy, agréable, nous donne plaisir
à écouter sa musique.
Les paroles, quoiqu’un peu simplistes,
expriment la joie de vivre de la jeune
chanteuse et prouvent qu’aucun cadeau
luxueux ne fera son bonheur puisqu’elle
l’a déjà trouvé auprès de ses fans.
Dernièrement, Zaz a rejoint la troupe
des Enfoirés créée par Coluche. Chanter
pour les défavorisés est bien son style.
Une fois de plus, cette jeune femme nous
montre son grand cœur. Alors, laissez-vous
tenter par l’univers et la voix jazzy
de cette artiste qu’est Zaz !
Yasmine Bourhim
Toulouse
Lycée des Arènes
Avec un air rythmé et une mélodie
entraînante, Isabelle Geffroy, plus connue
sous le nom de Zaz, nous emporte dans son
univers musical, un univers tellement simple
et naturel ! On l’a tout d’abord découverte
avec sa première chanson, Je veux, dont
les paroles pertinentes critiquent la haute
société, ce qui en dit long sur sa personnalité.
Une fille avec du caractère, et un charisme
extraordinaire ! Avec des paroles fortes,
un texte sincère et un franc-parler qui nous
changent des vieilles ritournelles françaises,
Zaz nous séduit par son style unique.
Alors on l’écoute en boucle et on se rappelle
de sa voix si particulière, si envoûtante,
chroniques lycéennes les inrockuptibles XXI
une voix à la Piaf pour ainsi dire. Mais
qu’est vraiment Zaz ? Un peu de tout en fait.
Mais pas n’importe quoi ! Tout d’abord,
une technique vocale surprenante et
maîtrisée, du ton, du rythme, accompagnés
par un timbre singulier et des intonations
variées : jazz, soul, ou bien encore
acoustique… En clair, un mélange séduisant
qui donne envie de fredonner la chanson
à longueur de temps.
Et comment ne pas oublier le fameux :
“Je veux d’l’amour, d’la joie, de la bonne humeur,
ce n’est pas votre argent qui f’ra mon bonheur,
moi j’veux crever la main sur le cœur
Papalapapala…” Une phrase tellement vraie,
tellement nous, tellement Zaz…
le meilleur des autres
Avec son franc-parler et sa voix chaleureuse,
cette débutante mais talentueuse chanteuse
de jazz nous transporte dans son univers
qu’elle définit sans hypocrisie, un véritable
hymne à l’amour !
Hélène Letaeron, Nantes, lycée Carcouët
Le Larron
S.I.D.A.
A/C Le Larron
Pauline Devriendt
Vaux-le-Pénil
Lycée Simone-Signoret
Syndrome Irréversible De l’Amusement.
Voilà de quoi est atteint ce jeune auteurcompositeur-interprète nommé Le Larron,
reconnu récemment par le public (Premier
Prix du public au Mans, lors du tremplin
Cité Chanson), après la sortie de son premier
album en 2009, simplement baptisé
Le Larron. Parler du sida sous la forme d’un
jeu ? Presque impossible pour la plupart
des personnes, mais pas pour le bonhomme
qui nous concocte ici une potion douce-amère,
mélangeant sujet difficile et humour. Il aime
mettre en mots les histoires de cœur et de
corps de ses contemporains, quitte à devenir
le nouveau poil à gratter de la chanson
française, prenant comme modèles les
Renaud-Dutronc. Faire deux choses en même
temps est pour lui naturel. Le Larron
s’improvise ici animateur de jeu, mais aussi
dénonciateur cynique de la maladie, des
“14 000 nouveaux (gagnants)” quotidiens aux
Africains privés de trithérapie. Approche
originale du sujet, sonorités de bal musette
plutôt joyeuses, grâce aux accents de son
“contre(basse)-piano”. Ce Larron mérite bien
son surnom, multipliant les clins d’œil
coquins. L’artiste choque peut-être, mais
touche juste en nous apostrophant de la
sorte, et les mots les plus anodins comme
“tirer en l’air en laissant le hasard faire”
cachent une vérité qui vous fait frémir. Alors,
mademoiselle, approchez-vous sans peur
du Larron, de sa leçon de réalisme et regardez
la société droit dans les yeux. Entrez dans
cette danse macabre et tirez de cette fable
votre propre morale.
Romane Adam
Toulouse
Lycée des Arènes
Sur le rythme tantôt languissant, tantôt
bondissant de percussions, d’accordéon,
contrebasse, guitares et piano, Le Larron
nous entraîne à ses côtés pour nous faire
goûter l’ambiance festive et joyeusement
cynique de S.I.D.A., extrait de son premier
album. Nous tenons ici le rôle de passants
qu’il interpelle sur un ton provocateur
et railleur pour nous parler d’un sujet
d’actualité qui touche le monde entier. Un peu
surpris mais curieux quand même, nous
écoutons tranquillement les règles de ce jeu
de hasard improbable qu’il nous enseigne :
l’insouciance serait donc la principale qualité
qu’il faut avoir si l’on veut espérer être
le porteur du ticket gagnant de cette grande
loterie. Le premier prix ? Le virus du sida,
bien sûr. C’est donc avec un style à la fois
désinvolte, ironique et rugueux que Le Larron
nous chante une bonne leçon de vie ; il se
hisse ainsi à la hauteur de ses prédécesseurs
et principales références, Brel, Aznavour
et Renaud, réussissant son pari de chanter
ce qui a du sens. C’est pourtant par hasard,
simplement “pour essayer” que cet artiste
atypique s’est retrouvé sur la scène de la
chanson française, à force d’écrire pour les
autres et de chanter dans les cafés parisiens.
Et c’est une vraie réussite ! Avec un style
inclassable, que certains qualifient à tort
de “rock musette” à cause de la présence
de l’accordéon dans S.I.D.A., il nous livre
des paroles crues qui nous bousculent et
nous poussent à nous remettre en question.
Après tout, nous sommes tous un peu
comme ce “petit monsieur qui rêve de belles
histoires de fesses”, et son jeu pourrait
bien nous intéresser. Alors, à qui le tour ?
Juliette Sachot & Tiphaine Brossard
Pessac
Lycée Pape-Clément
“Approchez mesdames et messieurs”,
Le Larron nous sort le grand jeu avec sa
chanson S.I.D.A. parue en 2009. Il nous
entraîne dans un divertissement “facile et pas
cher” d’où l’on peut repartir avec le “ticket
gagnant” : le sida. Cet artiste parisien a
débuté aux côtés de Jane Birkin, du Comte
De Fourques et de Ridan. Enfin, pour notre
plus grand plaisir, il se démarque, commence
XXII les inrockuptibles chroniques lycéennes
une carrière solo et devient un artiste
accompli. Inspiré par les plus grands
du XXe siècle tels que Ferré, Gainsbourg,
Dutronc ou encore Renaud, il sort son
premier album éponyme provoquant et
engagé, préfacé par Cali. Sa chanson S.I.D.A.,
portée par une voix criarde et cynique comme
un animateur de loterie nous plonge dans
son univers unique, réaliste et impitoyable.
Il nous fait réfléchir sur ce fléau faisant
“14 000 nouveaux gagnants chaque jour”.
Cela grâce à un texte riche en jeux de mots
et toujours guidé par l’ironie pour parler
d’un sujet encore trop difficile à aborder dans
notre société. On aime sa musique rythmée
et entraînante nous obligeant à la suivre
jusqu’au bout, son style inclassable, ses
textes audacieux et dérangeants qui nous
dévoilent une personnalité bien trempée.
Accompagné d’une basse, d’un accordéon
et d’un “contre-piano” (forme hybride d’un
piano et d’une contrebasse), Le Larron est
en tournée cette année dans toute la France.
Il passe dans votre région ? Alors si vous
êtes tout aussi séduit que nous, n’hésitez
pas à aller le découvrir.
le meilleur des autres
Le Larron, sous ses allures de sale gosse,
est un chanteur, musicien et compositeur qui
ne mâche pas ses mots et en fait des
chansons très engagées, presque satiriques.
Yannick Camaro, Vaux-Le-Pénil, lycée Simone-Signoret
Tom Poisson
Engage-moi
La Familia/LGCG/L’Autre Distribution
Merlin Blanchard
Gaillon
Lycée André-Malraux
Après déjà trois albums,
Tom Poisson signe un nouvel opus
intitulé Trapéziste. Cet artiste
qui avait pourtant débuté comme
chanteur itinérant nous épate
une nouvelle fois avec son univers
totalement décalé. Une mélodie
entraînante et une pointe d’humour
font d’Engage-moi un titre
accrocheur et très attrayant qui
séduit les critiques. Tom Poisson
mélange ici les registres avec des sonorités
folk, country ou encore rock mais traite
d’un sujet purement français, Johnny.
Cette chanson constitue en effet une lettre
de motivation pour devenir son guitariste.
L’artiste se dit aussi inspiré par des grands
de la chanson française : Gainsbourg,
Souchon, Dutronc. Malgré ce succès, certains
s’accordent à dire qu’une mélodie plus
énergique ne pourrait qu’améliorer ce titre.
On aime ou on déteste, nous on aime.
Sophie Bachelier
Nantes
Lycée La Colinière
Attention ! Poisson traverse l’océan du rock !
Quand le personnage présenté par Tom
ordonne Engage-moi !, on lui dirait
directement oui, si on était Johnny Hallyday.
“Je voulais aussi pouvoir crier comme dans
une cours de récréation” : voilà comment
Tom Poisson définit son quatrième et dernier
album, Trapéziste. Une pulsion acrobate
et souple de se “hisser vers le folk” comme
il le déclare sur son site officiel. C’est surtout
qu’il a l’expérience, il est à l’aise comme un
poisson dans l’eau, cet auteur-compositeurinterprète complet. Rien de tel qu’un refrain
court qui fait passer simplement le message.
Energie intense, motivation remarquable,
voilà ce qui se dégage du texte. Les paroles
sont brèves, le rythme est endiablé, la
cadence est enflammée, tout coule comme
une cascade déferlante et nous fait tout
de suite adhérer. Autant être clair, Poisson,
tu nous fais bouger, on aurait envie de sortir
de notre bocal du quotidien pour venir
te rejoindre. Alors quand ton côté “bad boy”
s’emporte dans un final très rock, on chante,
on danse et on ressent la puissance. Une voix
agréable face à une guitare synchro, accord
Cette année, huit artistes de la sélection sont
soutenus par le Chantier des Francos :
Arnaud Fleurent-Didier, Les Blaireaux, Lili Ster,
Coup D’Marron, Nouvel R, Féloche, Zaz et Smod.
Le Chantier des Francos propose depuis 1998,
tout au long de l’année à La Rochelle, des ateliers
et des résidences de travail accompagnés par des
professionnels permettant d’optimiser et d’affiner
le projet artistique d’un point de vue scénique.
CHRONIQUES LYCÉENNES
Le pilotage des Chroniques Lycéennes – Prix Charles Cros lycéen
de la nouvelle chanson francophone est assuré par le CRDP
de Poitou-Charentes/CDDP de la Charente-Maritime et l’Académie
Charles Cros, avec le concours des Inrockuptibles, des Francofolies,
de la FFCF, du Rectorat de Poitiers, de la DRAC Poitou-Charentes
et le précieux soutien du SCEREN/CNDP.
Contacts CDDP17, Céline Langevin, tél. 05 46 00 34 60,
[email protected]
Académie Charles Cros, Alain Fantapié, [email protected]
POUR LES INROCKUPTIBLES
Chef de projet Laurent Girardot Coordination éditoriale Johanna
Seban Rédaction Johanna Seban, Stéphane Deschamps Directeur
adjoint de la rédaction JD Beauvallet Edition François Rousseau,
Delphine Chazelas Iconographie Maria Bojikian, Valérie Perraudin,
chroniques lycéennes les inrockuptibles XXIII
parfait pour l’éloge du vieux rocker admiré :
Johnny. “Tu sais j’ai pas vraiment d’orgueil” :
Poisson ne risque en aucun cas de se noyer,
il se débat très bien avec ses nageoires
agiles, son talent mérite d’être apprécié
et son CV d’être retenu !
le meilleur des autres
Avec Tom Poisson, on est dans des eaux
troubles…
Lucy Arias, Mirepoix, lycée de Mirepoix
Naïri Sarkis, Caroline de Greef Directeur de création Laurent
Barbarant Direction artistique Pascal Arvieu, Mathieu Gelezeau
(remplaçant) Maquette Nathalie Coulon, Jeanne Delval Directeur
de la publicité culturelle Olivier Borderie Fabrication Virgile Dalier
Impression, gravure, façonnage Roto Aisne SN
LES INROCKUPTIBLES est édité par la société Les Editions
Indépendantes, société anonyme au capital de 2 211 059,61 €,
24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, RCS Paris B 428 787 188 000 21
Directeur de la publication David Kessler,
Actionnaire principal, Président Matthieu Pigasse
Fondateurs Christian Fevret, Arnaud Deverre, Serge Kaganski
© Les Inrockuptibles 2011. Tous droits de reproduction réservés.
Supplément au n° 808 du 25 mai 2011. Ne peut être vendu séparément.
En couverture : des élèves du lycée Vieljeux à La Rochelle,
avec Smod. Photo Pierre Le Bruchec.