TRAVAIL BOLIVIE ETHNOLOGIE E. BIARD
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TRAVAIL BOLIVIE ETHNOLOGIE E. BIARD
La Bolivie, une population hétérogène. 1 Introduction : Le 15 novembre 1781, Julian Apaza, alias Tupac Katari, jeune Aymara qui mit siège devant La Paz à la tête d’une armée de plus de quarante mille paysans et mineurs aurait dit au bourreau qui allait le décapiter : « Vous ne faites que me tuer : mais je reviendrai et je serai des millions. » Aujourd’hui, sur les hauts plateaux andins, bien des gens sont convaincus qu’Evo Morales Ayma est la réiincarnation de Tupac Katari. Pour camoufler un racisme virulent, les oligarchies qui ont gouverné la Bolivie depuis l’indépendance, de 1825 jusqu’en 2006, affirment avec une belle constance : « Ici n’existe ni Blancs, ni Indiens, ni Noirs. Nous sommes tous des Métis. » La réalité est tout autre… 2 Lors du dernier recensement officiel de 2001, la population bolivienne s’élevait à 8.274.325 habitants (près de 10.000.000 actuellement). Selon ce même recensement, près de 62% de cette population de plus de 15 ans s’identifiait comme « autochtone » et/ou avait pour langue maternelle une langue autochtone. Environ douze mille communautés indiennes existent aujourd’hui en Bolivie. Elles sont de taille variable, comprenant entre cinquante et quatre mille familles. La Bolivie compte 36 « peuples et nations indigènes » dont les deux principales sont le peuple Aymara qui représente 25,1% de la population totale et le peuple Quechua qui en représente 30,6%. A eux deux, ces peuples constituent donc plus de la moitié de la population bolivienne. Ces deux communautés « amérindiennes » se situent principalement dans l’Altiplano et dans les vallées, tandis que de nombreuses autres ethnies, telles les Garani, Chiquitano, Mojeno,… vivent dans la partie orientale. Le reste de la population bolivienne (+/-28%) est composé de métis (Cholos) et de blancs (Criollos) descendants des Espagnols. La Bolivie est fortement marquée par la division entre ses parties occidentale et orientale, fracture historique qui est à la fois géographique, ethnique, socio-économique et politique. Le fossé se creuse entre les départements andins de l’ouest du pays et ceux des basses terres orientales. Les départements de Pando, Beni, Santa Cruz et Tarija partagent des intérêts communs, ils se sont associés en une entité informelle nommée Media Luna. Ce contraste se double d’écarts socio-économiques dans le cas des départements de Santa Cruz et de Tarija. En effet le premier est le plus développé du pays (croissance économique forte grâce à l’essor d’une agro-industrie fondée sur l’exportation de soja, de coton et de canne à sucre) et le plus peuplé. Le second dispose d’un sous-sol qui recèle l’essentiel des réserves en gaz naturel du pays. Ces régions orientales sont devenues, en un demi-siècle, les locomotives économiques d’un pays en crise qui demeure le plus pauvre de l’Amérique du Sud. 3 La population de ces deux espaces présente en outre des héritages culturels contrastés. Alors que les Andes sont le bastion d’une identité fondée sur les héritages des peuples andins Aymara et Quechua, la région de Santa Cruz est le creuset d’une identité « Camba » qui repose sur le mythe d’un « métissage blanchissant » et l’héritage de la colonisation européenne. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, le gouvernement a décidé de relancer la réforme agraire et a entamé une vaste politique de redistribution des terres. Au-delà des enjeux fonciers et des conflits locaux, cette relance a fait ressortir l’opposition entre deux visions de la Bolivie : d’une part, celle des élites des Basses Terres et du pouvoir créole qui revendique l’autonomie de sa région au nom d’une identité régionale et , d’autre part, celle des mouvements syndicaux et indigènes qui soutiennent le parti au pouvoir qui fonde son action sur la défense des droits des peuples indigènes et place l’identité ethnique au cœur de la définition de la nation. Cette opposition politique a failli tourner à la guerre civile en 2008 ; la Media Luna proclamant unilatéralement son autonomie et rejetant majoritairement la nouvelle Constitution. Ces revendications autonomistes ont pour but de permettre au département de conserver les profits économiques générés par l’exploitation des hydrocarbures et de soja et de mettre un terme à l’avancée de la « colonisation paysanne ». 4 5 La Constitution bolivienne de 2009 précise en son article premier que la Bolivie est un Etat unitaire de droit plurinational et communautaire. 6 Celle-ci reconnaît donc la demande des amérindiens de reconnaissance identitaire et la nécessité de « refonder » l’Etat bolivien pour prendre en compte la diversité ethnique et culturelle présente dans l’Etat. Les peuples autochtones sont dénommés « nations et peuples indigènes originaires paysans ». Est considérée comme telle « toute collectivité humaine qui partage une identité culturelle, une langue, une tradition historique, des institutions, une territorialité et une cosmovision dont l’existence est antérieure à l’invasion coloniale espagnole »1. La nouvelle Constitution garantit aux peuples autochtones le droit à la libre détermination, à l’autonomie, à l’autogouvernement et à la culture. Elle reconnaît leurs institutions, leurs territoires et leurs systèmes de gouvernement dans le respect de l’unité de l’Etat. Nous voyons donc bien que la récente Constitution ne s’est pas réalisée au mépris de la diversité culturelle bolivienne. Il existe deux organisations autochtones nationales qui représentent les peuples indigènes. Le CIDOB qui est la confédération des peuples indigènes des Basses Terres de Bolivie en est une première. Cette organisation fut fondée en 1982 par les peuples Chiquitanos, Ayoreos, Guarayos et Guaranis. Elle a pour mission la défense des droits fondamentaux des peuples indigènes du pays. La seconde organisation de défense des peuples indigènes est le CONAMAQ (Conseil national des Ayllus et des Markas du Qullasuyu). Celle-ci, créée en 1997, représente les peuples autochtones des Andes et a pour but principal de reconstituer les entités territoriales d’origine précolombienne (Ayllus, Markas, Suyus), ce qui est une condition préalable « pour la libre détermination politique et l’exercice garanti de droits collectifs des peuples autochtones ». Le CONAMAQ représente 16 nations autochtones (suyus). 1 Cf. art. 30 de la Constitution de la Bolivie 7 8 L’article 5 de la Constitution bolivienne de 2009 reconnaît, au même titre que le castillan, les langues des 36 peuples et nations autochtones reconnus par l’état. Le tableau suivant nous détaille celles-ci. Langues autochtones en Bolivie Langues autochtones Peuples autochtones Famille linguistique reconnues par la Constitution de Nombre personnes parlant langue de la 2009 Aymara Aymara Aru o Jaqi 2’001’947 Araona Araona Takana 158 Baure Baure Arawak 886 Bésiro Chiquitano langue indépendante 195’624 Canichana Canichana langue indépendante 404 Cavineño Cavineño Takana 1’683 Cayubaba Cayubaba langue indépendante 664 Chácobo Chácobo Pano 516 Chimán Chimán o Tsimane langue indépendante 8’615 Ese ejja Ese ejja Takana 732 Guaraní Guaraní Tupi-guaraní 125’159 Guarasu’we Guarasu’we Tupi-guaraní 13 9 Guarayu Guarayu/Guarayo Tupi-guaraní 11’953 Itonama Itonama langue 2’791 indépendante Leco Leco langue 4’186 indépendante Machajuyaikallawaya Médecins andins langue rituelle ? Machineri Machineri Arawak 30 Maropa Maropa o Reyesano Takana 4’919 Mojeño- trinitario Mojeño Arawak 81’206 Moré Moré ou Itene Chapacura 64 Mosetén Mosetén – Tsimanes langue indépendante 1’588 Movima Movima langue indépendante 12’230 Pacawara Pacahuara Pano 46 Puquina Puquina Uru ? ? Quechua Quechua Quechua 2’530’985 Sirionó Sirionó Tupi-guaraní 268 Tacana Takana Takana 7’345 Mojeño-ignaciano 10 Tapieté Tapieté Tupi-guaraní 41 Toromona Toromona Takana ? ? Uru-chipaya Uru (Chipaya, Murato, Itu) Uru-chipayaUruMurato 2’1344 Weenhayek Weenhayek Mataco-Mataguaya 1’934 Yaminawa Yaminahua Pano 93 Yuki Yuki Tupi-guaraní 208 Yuracaré Yuracaré langue 2’829 indépendante Zamuco Ayoreo Non spécifié 34’242 Zamuco 1’403 Source : ATLAS SOCIOLINGÜISTICO DE PUEBLOS INDIGENAS EN AMERICA LATINA, langues autochtones en Bolivie, (page consultée le 12 juillet 2011) – article en ligne http://www.proeibandes.org/atlas 11 Le monde paysan des Andes. Comme nous l’avons vu plus haut, plus de la moitié de la population bolivienne vit dans la région de l’Altiplano. Dans les campagnes des hauts plateaux de l’Altiplano bolivien, des communautés paysannes aymaras et quechuas perpétuent la culture andine, l’identité indienne, ses valeurs et ses formes d’organisation qui remontent à la civilisation inca…et même parfois bien au-delà. Ces mode de vie, de pensée et de logique propres ont résisté à des siècles de colonisation et d’occidentalisation. Les paysans des Andes vivent en communautés selon une structure appelée « Ayllu », réponse aux défis des terres et des climats des Andes. « Bien que le terme « ayllu » ait presque fini par désigner les terres appartenant collectivement à une communauté paysanne indigène, ce mot désigne d’abord la descendance, réelle ou supposée, d’un même ancêtre et, par association, les terres d’où cette descendance tire son alimentation, sa vie. »2 A l’époque précolombienne, les Ayllus se regroupaient en fédérations s’étendant sur un territoire appelé « Marka ». Ces fédérations pouvaient s’étendre sur les trois étages écologiques de l’actuelle Bolivie (Altiplano, Vallées et plaines tropicales) de manière à garantir un apport varié en nourriture. Mais la colonisation a démantelé ces fédérations et seul l‘Ayllu subsiste comme entité. La communauté indienne fonctionne selon une structure démocratique rotative et participative. Le « Curaka » est le chef de l’Ayllu et se charge de distribuer les terres, d’organiser les travaux collectifs et d’agir comme juge de la communauté. Ce chef n’a pas pouvoir autoritaire : il n’est que le représentant du pouvoir de l’assemblée. Les décisions importantes sont prises à l’unanimité par la communauté suite à des réunions où tout le monde a le droit de prendre la parole. Tous les membres devront un jour participer à chacune des différentes tâches de la communauté. Les responsabilités accordées sont alors perçues comme un service à rendre à la communauté ; ce n’est donc pas une occasion de faire du profit. Il n’y a pas d’exploitation et de domination d’autrui. 2 RUDEL Ch. (2006, La Bolivie, éd. Karthala, Paris) 12 Dans ces communautés, on retrouve solidarité (qui se manifeste par exemple dans le travail agricole commun ou les travaux d’intérêt collectif), réciprocité et attitude de pauvreté. Le but de la vie n’est pas d’accumuler des richesses ! La fête fait partie intégrante de la vie de ces communautés. Cosmovision andine : Pour ces communautés andines, l’univers est partagé entre trois espaces: - Le monde d’en-haut (Alax Pacha) où vivent Dieu le Père, Le Fils et l’Esprit Saint, les anges, apôtres… - Le monde d’ici (Aka Pacha) où vivent les hommes, les plantes, les animaux… L’esprit ancestral (Achachila), la Mère Terre (Pachamama) et les esprits tutélaires (Uywiri, Tapani) sont sous le pouvoir de Dieu le Père. - Le monde d’en bas ou de l’obscurité (Manqha Pacha) où sont concentrés les esprits maléfiques (démon, satan, démon de la mine…). Ils sont les ennemis de l’homme et sortent durant la nuit pour causer du mal tant physique que moral… L’offrande principale à la Pachamama est « El Yata », messe au niveau familial ou communautaire. Certaines familles lui offrent « La Wilancha », soit le sacrifice d’un animal. Toutefois, en l’honneur de la Pachamama, la Challa demeure le rite le plus commun. Celui-ci est en fait une aspersion rituelle d’alcool ou d’eau bénite. Les « Yatiri » (sages, prêtres) sont chargés de réaliser ces rites expiatoires. Celui-ci essaye de remplir son rôle de guide spirituel et moral des membres de la communauté. Il oriente les personnes dans leurs décisions personnelles au moyen soit de la divinisation, soit de la lecture de la feuille de coca. Témoignage d’un paysan de l’Altiplano – Pedro Condori. 13 Pedro Condori, membre de la communauté quetchua de Pisaquiri, près de Potosi nous conduit dans sa communauté paysanne : « Ici, on existe pas en tant qu’individu. On est membre de la communauté. On est reconnu à partir des services que l’on rend aux autres, à travers notre travail au bénéfice de la communauté. L’autorité suprême de la communauté le curaka, lors de l’assemblée communautaire, donne la parole à chacun des membres. Le curaka, le corregidor titulaire et l’alcade forment la terna, les autorités principales. Tous les communautaires, un jour ou l’autre, devront excercer un poste à responsabilités. Le curaka est une autorité traditionnelle qui existait bien avant l’arrivée des Espagnols. Alors que le corregidor et l’alcade sont des autorités de l’Etat. Ces autorités-là, on nous les a imposées à la colonisation. Pour nous les communautaires, le curaka a le pouvoir suprême. Le corregidor serait plutôt un garde. Il est chargé de faire respecter les limites, de veiller à ce que les animaux d’un communautaire n’entrent pas dans les terrains d’un voisin. Il intervient dans les litiges. L’alcade correspond plutôt au maire des villes […]. Le Baston de Mando est le bâton d’envoi. Un des instruments d’honneur du curaka principal. La chalina (écharpe rituelle en tissage de vigogne qui enveloppe le Baston de Mando) et la chicote (le fouet) constituent les autres instruments d’honneur. L’assemblée est le foyer de notre organisation. Tout part de là. Toute décision à prendre, toute question matérielle ou morale est discutée entre tous. On ne vote jamais, on recherche toujours le consensus. C’est pour cela que c’est si long. Mais cela permet toujours de déboucher sur un commun accord. Si la décision avait été prise à la majorité du vote, une partie des communautaires continuerait à désapprouver et entretiendrait des rancoeurs. Or, il faut absolument éviter tout désaccord à long terme […]. Tout est discuté en collectivité. En général, on se réunit tous les mois pour les grandes assemblées. Hors de la communauté, nous ne sommes rien. Nous n’existons plus. Nous n’avons ni terres, ni biens, ni identité… Ce qui est grave, c’est d’arriver à la division de la communauté. Dans ce cas, la communauté ne peut vivre. Comme tout est organisé sur les bases de la réciprocité dans le travail et dans les les activités quotidiennes, tout s’écroule. Comment continuer à travailler s’il n’y a plus l’échange de main-d’œuvre, de nourriture ? […] il faut accomplir ses devoirs de communautaire. Au moins pour le respect des divinités. Car elles savent se venger. Et leur vengeance ne sera pas individuelle. Elle affectera toute la communauté sous n’importe quelle forme : une maladie terrible et contagieuse, une catastrophe naturelle, la mort des troupeaux […] 14 Oui, il faut accomplir ses devoirs de communautaire. Pour le bien de tous. Respecter la parole de l’autre, réaliser les travaux collectifs, participer aux assemblées, partager la nourriture, collaborer dans le travail […] Nous sommes organisés en ayllu (unité territoriale pré-inca). Parce qu’on a besoin de contraires. Les ayllus s’étendent sur un grand espace. Avec des vallées et des montagnes. Avec des endroits plus chauds que d’autres. Avec des endroits plus humides que d’autres. Et autrefois, cela nous permettait de nous procurer de tout. Les habitants des montagnes venaient chercher des produits de la vallée, et vice-versa. On se complétait. C’est bien dommage que cela ne se fasse plus beaucoup […] Pour la terre, c’est la même chose. Elle ne nous appartient pas. Nous n’en sommes que les locataires et nous en faisons fructifier les produits qu’elle nous offre par notre travail […] Car, c’est le premier but de ceux qui s’approprient. S’enrichir. Avoir plus que les autres. Mais chez nous, on ne laisse jamais quelqu’un s’enrichir plus que les autres, c’est mauvais. Il y a sans cesse des garde-fous pour éviter cela : une responsabilité coûteuse, une malédiction,… Et de toute façon, la communauté a toujours le dernier mot. C’est toujours elle qui exerce son droit ; elle est au-dessus des individus […] Dans notre société andine, il existe quelque chose de capital : c’est la réciprocité. C’est sûrement cela qui nous permet de survivre. C’est la base de tout. C’est ce que nous appelons l’ayni. Un service rendu du même type. Un travail en échange d’un travail, des aliments en échange d’aliments. Des vêtements en échange de vêtements… L’ayni se réalise aussi avec la Pachamama : en échange de sa bénédiction, on la nourrit de sang et d’alcool. Il faut ch’allar : elle te donne, tu lui rends. C’est une forme de remboursement […] La colonisation a certainement fait beaucoup de mal, y compris en prenant nos traditions et en les déformant. Par exemple, il y avait la mita. C’était un service que l’on demandait aux communautaires durant un certain temps : une responsabilité, une charge d’autorité ou bien un travail. C’était à tour de rôle. Au bénéfice de toute la communauté. Mais ensuite, les Espagnols s’en sont servis pour instituer les travaux forcés dans les mines […] En général, l’échange se fait toujours en nature, un service contre un service, des produits contre des produits. Mais il arrive parfois que ce soit contre de l’argent ou des produits agricoles, en particulier si la personne est dans le besoin. Ce système s’appelle la mincka […] Nous avons des règles. Il suffit de les connaître et de les appliquer. Nous devons l’enseigner à chacun de nos enfants, pour qu’eux aussi ils les respectent. La première règle que nous 15 connaissons tous et qui dicte notre conduite est celle-ci : « Ama suwa. Ama llulla. Ama qhella » (ne sois pas voleur. Ne sois pas menteur. Ne sois pas oisif) […] Nous devons rendre grâce à toutes les divinités. Au Dieu suprême chrétien, aux Saints, aux dieux protecteurs du monde andin, aux achachilas (divinités des montagnes issues des défunts de cette terre). C’est le yatiri (médecin-sorcier) qui en est le porte-parole. Il est le seul capable de faire le lien en profondeur avec les dieux […] » 16 EPILOGUE DE L’AUTEUR « On connaît la volonté politique de la Banque Mondiale : développer l’économie de marché, favoriser la concurrence, prôner le libre échange, bref, ce qu’on appelle le néo-libéralisme. Mais comment associer cette politique au système d’organisation quechua basé sur la réciprocité, la responsabilité de tous, les liens si étroits avec la nature et les divinités, l’étonnante démocratie et la vie communautaire… Il y a un fossé infranchissable qui sépare deux philosophies totalement opposées : celle qui fait référence au seul bien de l’argent et celle qui fait référence à l’humain […] » « Cependant combien de fois, en regardant vivre ces communautés andines, j’ai pensé que nous j’avais tout à apprendre d’elles, que nous avions, tous, tout à apprendre de ces peuples. J’ai souvent fait le rêve qu’un jour, ils nous apprendront à vivre, que nous ouvrirons les yeux sur leur culture, et leurs croyances. Mais nous sommes bien trop orgueilleux pour penser ne pas tout savoir, pour nous ouvrir à la différence… Je garde en moi l’amertume de n’imaginer aucun avenir facile pour ce peuple que j’aime. Je formule simplement le souhait que les paroles et l’expérience relatées par Pedro Condori, tout au long de son témoignage, aident à prendre conscience qu’il existe d’autres formes de sociétés, plus humaines que celles dans laquelle nous vivons. Notre système, hélas, continue à dominer et à écraser tout ce qui entrave le règne de l’argent. Les héritiers des Démons du feu ont encore de beaux jours… » Françoise Estival. 17 CONCLUSION : A travers ce travail, nous avons clairement pu voir que les dix millions d’habitants que compte la Bolivie sont répartis en de très nombreuses ethnies, chacune caractérisée par une langue particulière. Les Aymaras et les Quechuas en constituent les deux principales. En effet, à elles deux, elles représentent plus de la moitié de la population bolivienne. Nous avons également établi une différence entre l’est et l’ouest de la Bolivie. Un grand contraste existe en effet entre ces deux régions boliviennes. L’identité des peuples est en effet très différente selon que l’on se trouve à l’est ou à l’ouest. Ensuite, nous avons analysé ce qu’avançait la Constitution bolivienne par rapport à l’hétérogénéité du pays. Nous avons ainsi remarqué que celle-ci a été écrite dans le respect des différences culturelles et identitaires. Afin de défendre les droits des différents peuples indigènes, il existe deux organisations autochtones. Celles-ci sont le CIDOB et le CONAMAQ et représentent, à elles deux, l’ensemble des peuples indigènes boliviens ; l’une défendant les peuples des Basses Terres, l’autre œuvrant à la défense des peuples andins. Afin de mieux cerner la région qui sera celle de notre séjour en Bolivie, nous nous sommes ensuite centrés sur les Andes. Cette région est d’une importance au moins comparable à l’autre région puisque plus de la moitié de la population bolivienne vit dans cette première. Nous avons alors donné les différentes caractéristiques propres aux habitants de cette région, leur manière de vivre, leur organisation sociale, etc. Enfin, afin de rendre compte de la réalité quotidienne de la vie dans l’Altiplano, nous avons joint un extrait du livre de P. Condori – membre d’une communauté quechua – qui explique de manière impliquée le fonctionnement de la communauté à laquelle il appartient. 18 BIBLIOGRAPHIE : Sources livresques : CONDORI P. (2010), Nous, les oubliés de l’Altiplano, éd. L’Harmattan, Paris. RUDEL Ch. (2006), La Bolivie, éd. Karthala, Paris. ZIEGLER J. (2008), La haine de l’Occident, éd.Albin Michel, Paris. Sources internet : ALUMNOS DEL PERU, Culture Aymara, (pages consultées le 20/07/2011,)- article en ligne http://alumnosdelperu.org/index.html DOSSIER BOLIVIE, Carrefours du Monde, (pages consultées le 20/07/2011) - article en ligne http://www.oxfamsol.be/fr/IMG/pdf/dossier_bolivie_FR_2007light.pdf ECHOGéo, Bolivie, de l'autonomie à l'éclatement ? , (pages consultées le 20/07/2011) – article en ligne http://echogeo.revues.org/5593 ENCYCLOPEDIE LAROUSSE, La renaissance amérindienne en Bolivie, (page consultée le 20/07/2011) – article en ligne - http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/La_renaissance_am%C3%A9rindienne_en _Bolivie/11022637 SOGIP - Bolivie : Instauration de l’Etat plurinational sous la vigilance des organisations autochtones, (pages consultées le 20/07/2011) – article en ligne http://sogip.wordpress.com/aires-de-recherche/bolivie/ 19
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