place de la mesotherapie dans le traitement de la douleur
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place de la mesotherapie dans le traitement de la douleur
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE PARIS VI FACULTE DE MEDECINE PITIE-SALPETRIERE PLACE DE LA MESOTHERAPIE DANS LE TRAITEMENT DE LA DOULEUR RHUMATISMALE CHEZ LA PERSONNE AGEE EN INSTITUTION ( à propos de 3 cas) Mémoire pour l’obtention du DIU de mésothérapie Dr Patrick RAMON DIPLOME INTER-UNIVERSITAIRE DE MESOTHERAPIE Responsable universitaire le Professeur MICHEL PERRIGOT Mai 2003 1 SOMMAIRE I. INTRODUCTION............................................................................................... 3 II. METHODOLOGIE ........................................................................................ 4 A. LES PATIENTES.................................................................................. PATIENTES.................................................................................. 5 Madame F… Raymonde ....................................................................................... 5 Madame G… Emilienne ................................................................................... 5 Madame B…. Adrienne ....................................................................................... 6 B. LE PROTOCOLE ................................................................................. 7 III. LES SEANCES ET CALCUL DU SCORE ................................. 10 IV. CONCLUSION .................................................................................................. 15 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................... 17 2 I. INTRODUCTION La prise en charge de la douleur de la personne âgée est complexe car conditionnée par des particularités : - physiologiques, il existe en effet une diminution de la masse maigre et de l’eau corporelle - pathologiques, par la fréquence de la poly pathologie - et physiopathologiques, parce que l’autonomie et les fonctions intellectuelles sont plus au moins bien conservées entraînant une difficulté d’expression et d’évaluation de la douleur. Cette prise en charge doit être adaptée pour éviter une descente par étapes vers une vie ‘rétrécie’ où les limitations de l’autonomie s’accumulent aggravant l’isolement et menaçant l’indépendance. La fréquence de la douleur augmente avec l’age et il y a une prévalence de 60% de la douleur articulaire et rhumatismale . L’aménagement du cadre de vie, l’intervention quotidienne d’un service de soin à domicile, de travailleuses familiales, le téléalarme, le soutien familial, tendent actuellement à favoriser le maintien des personnes âgées à leur domicile le plus longtemps possible ; de ce fait celles qui entrent en institution sont de plus en plus dépendantes et âgées (moyenne d’age 92 ans) la plupart présentent une poly pathologie et sont donc poly médicamentés avec le risque d’interaction médicamenteuse propre à l’age, - prise multiple de médicaments dans la journée, - effets secondaires - de surdosage - de répercussion sur les fonctions cognitives et sur l’équilibre sociofamilial. - Le traitement habituel de ces douleurs fait appel aux médicaments symptomatiques : - les antalgiques de niveau 1(le paracétamol) qui permettent souvent d’abaisser la douleur à un niveau acceptable et qui 3 sont dénués d’effets sur la mémoire ou les fonctions cognitives. - les myorelaxants - les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utilisés pour des périodes courtes en tenant compte de leur toxicité digestive et rénale accrue chez les personnes âgées. - Les infiltrations locales D’autres types de thérapeutiques peuvent permettre de soulager la douleur : - l’acupuncture, - la rééducation fonctionnelle (massages, physiothérapie …) qui a un double intérêt, elle renforce les muscles du tronc, indispensables au bon maintien de la colonne vertébrale et apprend à utiliser le rachis dans de meilleures conditions ergonomiques, - la mésothérapie qui est une allopathie injectable par voie intra dermique et sous cutanée, superficielle, locorégionale, polyvalente et micro dosée. II. METHODOLOGIE J’ai choisi, avec leur accord, trois résidentes souffrant de pathologie rhumatismale chronique et présentant une exacerbation récente de la douleur (demande de consultation). Elles sont autonomes, avec une fonction intellectuelle conservée, permettant de remplir de façon cohérente une échelle d’évaluation de la douleur et du retentissement somatique, psychomoteur et psychosocial. Deux échelles comportementales sont disponibles : DOLOPLUS et ECPA (échelle comportementale de la douleur pour personnes âgées) Pour ce travail, j’ai choisi DOLOPLUS (annexe 1, 2 et 3) utilisée à J0, J8, J15 et J45 avec surveillance de l’évolution du score et de la consommation d’antalgiques par la patiente. 4 A. LES PATIENTES Madame F… Raymonde Née en 1918 elle souffre d’une myocardiopathie ancienne traitée par préviscan, digoxine lasilix et triatec, elle a une prothèse totale de hanche à droite et présente depuis plus de 20 ans une arthrose vertébrale cervicale et dorsale (documentée), nécessitant la prise d’antalgiques lors des crises douloureuses. Depuis 2 jours elle présente une poussée douloureuse et vient me voir en consultation pour une prescription d’antalgiques. Madame G… Emilienne Née en 1918, elle est traitée pour une maladie de parkinson (mopodar) et une hyperthyroïdie (levothyrox). Elle présente depuis 3 à 4 jours une douleur lombaire sur un terrain d’arthrose vertébrale postérieure (documentée) et prend 3 grammes de paracétamol par jour pour soulager la douleur. 5 Madame B…. Adrienne Née en 1912, elle a une hypertension artérielle légère traitée par IEC et une arthrose vertébrale lombo sacrée ancienne (documentée) avec crise douloureuse aiguë depuis 2 jours ayant nécessité la prise de dextropropoxyphène paracétamol, 6 comprimés par jour. Je propose donc à ces trois patientes, avec leur accord, un traitement par mésothérapie. 6 B. LE PROTOCOLE Afin d’avoir des résultats exploitables, j’utilise un protocole identique et reproductible avec un traitement de la poussée aiguë suivie d‘un traitement de fond de l’arthrose par la mésothérapie. A J0, J8 et J15 j’utilise le mélange (traitement de la poussée aiguë)… - Mésocaine 1% une ampoule - piroxicam une ampoule - calcitonine saumon 100ui une ampoule …avec la technique MPS (mésothérapie ponctuelle systématique) qui est une technique thérapeutique constituée d’injections dermo hypodermiques en des points fixes, objectifs et reproductibles nécessaires et suffisant. (Dr MREJEN) Je termine la séance avec un nappage épidermique (Dr PERRIN) qui est un procédé d’injections loco régionales peu profondes (1 mm) se pratiquant avec une seconde seringue (mesocaine 1% une ampoule + coltramyl une ampoule) et une aiguille de 13 mm, appliquée tangentiellement à la peau. A J30, J38 et J45 j’utilise les mélanges suivants (traitement de fond de l’arthrose) … J30 - thiocolchinoside une ampoule - calcitonine une ampoule - mésocaine 1% une ampoule J38 - torental un millilitre - mésocaine 1% 3 ml - calcitonine de saumon 3 ml 7 J45 - fonzylane 1ml - dicynone 1 ml - calcitonine de saumon 3 ml … avec la technique MPS et éventuellement reprise de la séquence après une fenêtre thérapeutique de 30 jours. Depuis 15 ans environ je me sert du pistolet DHN 3 avec des Kits à usage unique et des aiguilles de 6 mm pour la technique MPS . Les produits utilisés ont naturellement tous l’AMM en injectable et sont couramment utilisés en mésothérapie : - la mésocaine injectable à 0,5 ou 1 % lidocaine pure sans conservateur, utilisée pour son effet d’atténuation de la douleur au point d’injection et son rôle de modificateur de membrane. - le piroxicam il est important pour son effet anti-inflammatoire dans les poussées aiguës arthrosiques. - le thiocolchicoside qui a des effets décontracturants non sédatif en pathologie rhumatismale - la calcitonine de saumon c’est un très bon antalgique, antiarthrosique efficace dans l’arthrose - le buflomedil ( Fonzylane) il a un rôle important dans la micro circulation, les maladies dégénératives (arthrose) et il facilite les échanges capillaires dermiques. - le pentoxifylline ( torental) 8 pour les problèmes d’artériopathie , les maladies dégénératives (arthrose) très utilisé chez la personne âgée. Ces produits sont utilisés selon les règles de la pharmacopée en mésothérapie (compatibilité chimique des mélanges ) et n’ont pas d’effet de passage hépatique, pas de métabolites, pas d’élimination rénale immédiate, ils sont disponibles à 100% et surtout avec un suivi thérapeutique à 100% . J’utilise de façon habituelle la Biseptine en spray pour la désinfection locale, je demande que les patientes portent des sous vêtements coton propre (après une toilette complète effectuée par le personnel aide soignant) et n’autorise aucun produit local (gel anti-inflammatoire) le jour de la séance. Pour un meilleur confort, les patientes sont assises sur le divan d’examen avec une explication claire de la technique utilisée. 9 III IIII. II. L LE ES SE S EANCES E ET TC CA ALCUL D DU US SC CORE LES SEANCES CALCUL SCORE ¾ Madame F…. Raymonde Cette patiente se plaint de cervicalgies basses et douleur de la charnière cervico dorsale ; la recherche clinique de la souffrance intervertébrale dégénérative montre une sensibilité épineuse de C4 à D2 avec une tendino myalgie des muscles latéro vertébraux de C4 à D2 ; la mobilité vertébrale passive et active est douloureuse cliniquement, il est difficile de préciser les douleurs rapportées et pour ce travail je vais piquer uniquement les points de SID avec un nappage épidermique de la région, en utilisant une deuxième seringue avec thiocolchocoside ml et mésocaine 1% ml. Point plexique cervicale supérieure Point plexique cervicale inférieure MPS Nappage épidermique 10 LES SCORES DOLOPLUS ( annexe 4 ) - J0 le score est à 13 avec 3 grammes de paracétamol par jour 1(2) 2(1) 3(0) 4(1) 5(1) 6(2) 7(2) 8(1) 9(1) 10(2) - J8 le score est 6 avec 1 gramme de paracétamol par jour 1(1) 2(0) 3(0) 4(0) 5(1) 6(1) 7(1) 8(1) 9(1) 10(0) - J15 le score est à 5 sans prise d’antalgiques 1(0) 2(0) 3(0) 4(0) 5(1) 6(1) 7(1) 8(1) 9(1) 10(0) - J45 le score est à 4 sans prise d’antalgiques 1(0) 2(0) 3(0) 4(0) 5(1) 6(1) 7(1) 8(1) 9(0) 10(0) Il existe une amélioration certaine de la symptomatologie, dés le lendemain la patiente a réduit de façon spontanée la prise de paracétamol en arrêtant complètement le dixième jour avec un score DOLOPLUS diminuant de moitié dés le huitième jour. J’ai entrepris ensuite le traitement de fond selon le protocole choisi. ¾ Madame G … Emilienne 11 L’examen à la recherche des SID montre une souffrance lombaire de L3 à S1 sans signes cliniques d’irradiation, douleur de type mécanique gênant la patiente la nuit (aux changements de position) et entraînant une insomnie inhabituelle et donc la consommation de dextropropxyphne paracétamol. Je pique donc avec la même technique en regard du ligament inter épineux, en regard de l’articulation postérieure et des tendinomyalgies et ligamentites médianes para vertébrales à 5 et 8 cm environ (points précisés à l ‘examen clinique ) suivi d un nappage épidermique de la région lombaire et sacrée avec un mélange décontracturant avec une deuxième seringue. MPS Nappage épidermique 12 LES SCORES DOLOPLUS ( annexe 5 ) - J0 le score est à 16 avec 6 comprimés de dextropropoxyphene paracétamol par jour 1(3) 2(2) 3(1) 4(1) 5(2) 6(2) 7(1) 8(1) 9(2) 10(1) - J8 le score est à 10 avec 2 comprimés de dextropropoxyphene paracétamol le soir 1(1) 2(1) 3(1) 4(1) 5(1) 6(1) 7(1) 8(1) 9(1) 10(1) - J15 le score est à 5 sans prise d’antalgique 1(0) 2(2) 3(0) 4(0) 5(1) 6(1) 7(1) 8(0) 9(1) 10(1) - J45 le score est à 3 sans prise d’antalgique 1(0) 2(0) 3(0) 4(0) 5(1) 6(1) 7(0) 8(0) 9(1) 10(0) Les résultats sont dans ce cas très satisfaisants ; avec une baisse significative du score DOLOPLUS passant de 16 à 5 de J0 à J15 et surtout diminution de la consommation d’antalgiques et arrêt complet le neuvième jour. J’ai entrepris ensuite le traitement de fond de son arthrose selon le même protocole. ¾ Madame B…… Adrienne 13 La patiente se plaint de douleur lombaire basse d’allure mécaniques depuis 2 jours sans irradiation précise mais nécessitant là encore la prise d’antalgiques (6 comprimés de dextropropoxyphene paracétamol par jour). L’examen clinique retrouve des SID au niveau L4 L5 et S1, avec une mobilité active et passive douloureuse, et je commence la mésothérapie selon le même protocole de L2 à S1 avec le nappage épidermique de la région. MPS Nappage épidermique LES SCORES DOLOPLUS ( annexe 6 ) 14 - J0 le score est à 20 avec donc 6 comprimés dextropropoxyphene paracétamol par jour 1(3) 2(2) 3(1) 4(2) 5(2) 6(2) 7(2) 8(2) 9(2) 10(2) de - J8 le score est à 11 avec 1 comprimé de paracétamol 1 gramme matin et soir 1(2) 2(1) 3(1) 4(1) 5(1) 6(1) 7(1) 8(1) 9(1) 10(1) - J15 le score est à 2 et depuis la 2 séance pas d’antalgiques consommés. 1(1) 2(0) 3(0) 4(0) 5(0) 6(1) 7(0) 8(0) 9(0) 10(0) - J45 on retrouve le même score sans traitement antalgique. Le score DOLOPLUS passe de 20 à 2 en 15 jours avec une diminution importante de la prise d’antalgiques dés le deuxième jour. IV. CONCLUSION 15 La douleur ne doit pas être banalisée et il n’est pas normal de souffrir quand on est âgé, même et surtout si les causes de douleur sont plus fréquentes dans cette tranche d’age ; en cas de difficulté de communication verbale, des échelles d’évaluation ont été validées récemment. L’échelle DOLOPLUS à permis d’évaluer globalement et simplement l’intérêt de la mésothérapie dans le traitement de la douleur rhumatismale chez la personne âgée. Les scores ont diminué de façon significative dés la première séance pour ses trois patientes avec disparition rapide de la douleur et surtout baisse de la consommation d’antalgiques (en évitant l’utilisation per os d’anti-inflammatoire). Aucun effets secondaires liés à la mésothérapie n’est apparus (pas d’allergie, de réaction douloureuse à la piqûre…). La mésothérapie est un traitement de première intention dans la douleur rhumatismale, efficace, reproductible et sans effets secondaires, enrichissant l’arsenal thérapeutique du médecin pour lutter contre la douleur. 16 BIBLIOGRAPHIE -F HIRSZOWSKI, F DIEZ, F BOUREAU << La douleur, le réseau et le médecin généraliste>> février 2001 -Y HUTEAU << La pharmacopée en mésothérapie >> Société française de mésothérapie 3 édition 2000/2001 -DOCUMENT ANAES << Evaluation et suivi de la douleur chronique chez l’adulte >> 1999 -P KHALIFA, AVENTIS PHARMA << Douleurs rhumatologiques et vieillissement >> 3 trimestre 2000 -D MREJEN, JJ PERRIN << Atlas de mésothérapie du rachis >> congrès national de la société Française de mésothérapie, Paris 2003 -D MREJEN << Mésothérapie ponctuelle systématisée>> Edition médiffusion 1987 -Professeur PERRIGOT, Dr LAURENT << DIU de mésothérapie université Paris VI, faculté Pitié-salpétrière, année universitaire 2002/2003>> 17 ANNEXE 1 ANNEXE 2 18 19 ANNEXE 3 ANNEXE 4 20 ANNEXE 5 21 22 ANNEXE 6 23
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