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WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Coordonnées de l’association Wallonie Espace Wallonie Espace WSL, Liege Science Park, Rue des Chasseurs Ardennais, B-4301 Angleur-Liège, Belgique Tel. 32 (0)4 3729329 Skywin Aerospace Cluster of Wallonia Chemin du Stockoy, 3, B-1300 Wavre, Belgique Contact: Michel Stassart, e-mail: [email protected] Le présent bulletin d’infos en format pdf est disponible sur le site de Wallonie Espace (www.wallonie-espace.be), sur le portal de l’Euro Space Center/Belgium, sur le site du pôle Skywin (http://www.skywin.be). Que 2016 vous apporte joies et succès, paix dans la sécurité, bonheur avec la santé ! SOMMAIRE : Thèmes : articles Mentions Wallonie Espace Actualité : Perspectives 2016 (lancement OUFTI, ExoMars 2016, 8 Ariane 5, fusées réutilisables, vaisseaux privés, système Galileo), Fin de mission HRPS – Récupérations Blue Origin et SpaceX – Baron Marcel Ackerman (1931-2015) – Révélation de S.P. Korolev (1907-1966), le « constructeur en chef » - Astérix et le fil d’Ariane – Précisions concernant un article sur le spatial belge dans Air & Cosmos ULg, Thales Alenia Space Belgium, RSS (Redu Space Services), WslLux/Galaxia, CSL, CSR, UCL, Spacebel, Amos, Techspace Aero, Sonaca, Rhea, Lambda-X, EHP, SABCA, MRC-ULB, ERM 1. Politique spatiale/EU + ESA: 8 nouveaux Directeurs ESA – Personnalité 2015 : Elon Musk, l’homme d’affaires qui fait rêver – Hausse du budget NASA pour 2016 2. Accès à l'espace/Arianespace : CSG, le n°3 pour les lancements en SABCA, Techspace Aero, Thales 2015 – Révolution Ariane 6 pour le transport spatial européen – Alenia Space Belgium Echéance cruciale pour Ariane 6 en septembre – Extraits d’une rencontre avec Frédéric d’Allest, l’un des pères d’Ariane et d’Arianespace – SpaceX face au défi de 15 lancements en 2016 – « Première » WEI n°83 2015-6 - 1 Page 2 15 18 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 commerciale au Japon – Prolifération de micro-lanceurs 3. Télédétection/GMES : Tableau Systèmes commerciaux de télédétection/météorologie – Satellite sino-belge Global Végétation – De la haute résolution chinoise depuis l’orbite GEO 4. Télécommunications/télévision : Comsat « made in France » pour le Bangladesh – Etats de plus en plus nombreux en GEO 5. Navigation/Galileo : Bienvenue à Transinne pour le Centre de soutien Galaxia Business Park, Vitrociset Belgium, Redu Space Services logistique intégré Galileo – Une décennie de satellites Galileo en MEO (RSS) 6. Sécurité/Défense : Renforcement des satellites militaires pour la Sonaca France 7. Science/Cosmic Vision : L’ULg à l’heure martienne (aurores, érosion ULg, CSL, Amos de l’atmosphère) - Vingt ans d’observations solaires avec SOHO 8. Exploration/Aurora : Décennie de préparatifs pour la Lune et Mars – Mars vu par la MOM indienne 9. Vols habités/International Space Station : Recrutement d’astronautes à la NASA – Un « Dream Chaser » sur un lanceur européen ? 10. Débris spatiaux/SSA : Proposition de « dépollueur » d’orbite 11. Tourisme spatial : Blue Origin et le lanceur pour vols touristiques dans l’espace 12. Petits satellites/Technologie/Incubation : Space Tech Expo Europe à Skywin, CSL, FFT, SABCA, Sonaca, Timelink Microsystems, Brême Thales Alenia Space Belgium, V2i 13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales : Un ULg, CSL ingénieur ULg en Guyane pour Airbus 14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace : Eclosion de talents avec WSL – WSL, CSL, WslLux, Thales Alenia Space Belgium, SABCA, Missions spatiales (lancements récents) 32 35 36 38 39 41 42 44 44 45 48 43 Techspace Aero, Cegelec, Redu Space Services (RSS), Spacebel, VitroCiset Belgium, Amos 15. Calendrier 2016-2017 d’événements spatiaux pour la Belgique Annexes-tableaux en anglais) : Les prochaines missions de l’Europe ULg dans l’espace (2016-2024) - Palmarès des succès à l’exportation de l’industrie spatiale européenne - Commandes à venir pour les satellites civils de télécommunications et de télévision Livres concernant l’odyssée de l’espace : Histoire de la conquête Euro Heat Pipes (EHP), Thales Alenia Space Belgium spatiale – ATV The European Spaceship Perspectives 2016 : du « Lîdjwè » sur orbite, la Planète Rouge plus européenne, année record pour Ariane 5, cap sur la fusée réutilisable, compte à rebours pour les vaisseaux spatiaux privés et pour le système Galileo L’année qui vient de commencer devrait être une période faste, avec des événements clefs, dans l’évolution de l’astronautique en Belgique, en Europe et dans le monde. Nous en avons relevé quelques-uns en ce début de 2016 : WEI n°83 2015-6 - 2 45 53 67 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - Le premier engin spatial de Wallonie, à savoir le nano-satellite liégeois OUFTI, est prévu pour une mise sur orbite au moyen du seul Soyouz qui sera lancé le 12 avril (Journée de la Cosmonautique, 55ème anniversaire du premier vol d’un Homme – le Russe Youri Gagarine – autour de la Terre - depuis le Centre Spatial Guyanais dans le cadre du programme « Fly Your Satellite » de l’ESA. Les équipes de chercheurs et étudiants de l’ULg (Université de Liège) vont voir l’aboutissement de leurs travaux, depuis sept ans, sur le premier Cubesat « made in Belgium » qui aura l’honneur d’être satellisé par le Soyouz, le doyen des lanceurs spatiaux. C’est la première version du Soyouz, alias la fusée R7 « Semyorka », qui a placé autour de la Terre le premier Spoutnik ! Comme l’a annoncé Arianespace, OUFTI, « microsat » de l’ESA, sera le compagnon des satellites Sentinel-1B (observation radar) de l’ESA (pour le système Copernicus de la Commission européenne) et Microscope (MICRO Satellite à traînée Compensée pour l’Observation du Principe d’Equivalence) du CNES, ainsi que le microsatellite Norsat-1 (30 kg) de la Norvège pour la surveillance du trafic maritime depuis l’espace. Restons néanmoins prudents : OUFTI-1 pourra être lancé sous réserve qu’il franchisse l’ultime barrière des tests pour sa préparation finale au lancement. Il sera le compagnon de deux autres nano-satellites, l’est&r-2 italien et l’Aausat-4 danois. - Le 1er juillet, si tout se déroule comme prévu dans les instances du Conseil des Ministres et du Parlement, la loi instituant l’Agence Spatiale Interfédérale de Belgique sera institutionnalisée par une loi. Un directeur général sera choisi pour sa mise en œuvre autour d’un programme qui aura l’assentiment des Régions et Communautés du Royaume fédéral de Belgique. Et ce, avant les échéances du feu vert définitif en septembre au développement d’Ariane 6 et de Vega C, et du Conseil ESA au niveau ministériel de Lucerne en décembre. - Jusqu’à huit vols Ariane 5 – 7 Ariane 5 ECA pour des missions en GTO (Geostationary Transfer Orbit), plus 1 en octobre pour déployer quatre satellites de navigation Galileo en MEO (Medium Earth Orbit) sont planifiés pour cette année. - Tant Blue Origin (Jeff Bezos) que SpaceX (Elon Musk) vont tenter la réutilisation d’une fusée. Le premier pour des vols suborbitaux du vaisseau New Shepard avec touristes jusqu’à la frontière des 100 km de l’espace. Le premier pour réduire le coût du premier étage du lanceur Falcon 9 avec ses neuf propulseurs kérolox Merlin. - Les vaisseaux privés pour des vols spatiaux habités vont subir leurs essais intensifs en vue d’une desserte de l’ISS dès 2018. La NASA a reçu le budget pour aller de l’avant avec le CCP (Commercial Crew Programme). Un recrutement de nouveaux astronautes aura lieu durant l’année pour reconstituer le corps d’hommes et femmes qui s’entraînent au Johnson Space Center de Houston. Boeing et SpaceX ont reçu commande de la NASA de missions respectivement avec CST-100 Starliner (sur le lanceur Atlas V) et avec Dragon V2 (sur Falcon 9 Upgraded). - Les premiers services du système Galileo de navigation civile par satellites seront disponibles avec une quinzaine de satellites opérationnels sur orbite à la fin de l’année. WEI n°83 2015-6 - 3 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Fin de mission pour la Haute Représentation belge pour la politique spatiale : mise en orbite réussie pour 2016 de l’Agence spatiale interfédérale de Belgique Le 30 novembre, Eric Béka a envoyé ce bulletin d’information BHRS. Il s’agissait du dernier, le n°30 de novembre 2015. « Au revoir et merci ! Le temps est venu pour moi de prendre congé de celles et ceux avec qui et pour qui j'ai travaillé ces dernières années. Je veux vous adresser ici mes sincères remerciements pour les échanges de vues que nous avons eus, pour les collaborations que nous avons développées et pour les projets que nous avons menés à bien. Je pense modestement que l'expertise scientifique et technique du spatial belge en sort renforcée dans les cénacles européens concernés. En tout cas, je vous souhaite le meilleur qui soit dans vos responsabilités et activités respectives et, plus généralement, dans votre vie professionnelle et privée. D'un point de vue juridique, la Haute Représentation belge pour la politique spatiale cessera d'exister à compter de demain 1er décembre 2015. A cette date, les membres de mon équipe sont transférés au sein du Service spatial du SPP Politique scientifique, qui préfigurera ainsi le team opérationnel de la future (et très prochaine, je l'espère) Agence spatiale interfédérale de Belgique. D'un point de vue pratique, les adresses électroniques suivantes vont être désactivées : [email protected] et [email protected]. Pour tout contact par courriel, merci d'utiliser dorénavant l'adresse [email protected]. Ce 30ème numéro du "BHRS-Contact" est ainsi le dernier que vous recevez, mais une suite est d'ores et déjà prévue sous la forme d'un "SPACE-be.Contact". Les précisions suivront sous peu. Cordialement, Eric Béka A notre tour d’exprimer tous nos remerciements pour l’action énergique qu’Eric Béka a toujours déployée pour que le spatial belge soit bien présent, le plus efficacement possible, dans l’Europe de l’espace. Il n’a pas ménagé ses efforts au point de négliger quelque peu sa santé. La famille du spatial belge a toujours apprécié son dynamisme et sa disponibilité au service d’une Belgique forte au sein de l’Europe de l’espace. Passionné d’histoire, il va les mettre au service du passé local de Gembloux. Mais nous sommes convaincus qu’en matière spatiale, il n’a pas dit son dernier mot. L’équipe de l’Agence spatiale interfédérale de Belgique aura besoin de son expertise, pour qu’elle puisse décoller dans les meilleures conditions. Elle devrait être mise en place le 1er juillet 2016 afin de préparer ce que la Belgique attend du Conseil ESA au niveau ministériel de Lucerne (Suisse) les 1 et 2 décembre. WEI n°83 2015-6 - 4 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 L’exploit historique de 2015 : le retour au sol de fusées Blue Origin et Space. Prochaine étape : la réutilisation « Le Faucon s’est posé. (The Falcon has landed) ». C’est l’annonce faite par SpaceX, alias Space Exploration Technologies, le 23 décembre lors du reportage qui montre « en direct » le retour du premier étage du Falcon 9 v.1.1 Upgraded, au moment où son second étage largue autour de la Terre 11 micro-sats de télécommunications. Clin d’œil à l’histoire de l’astronautique : en posant le module lunaire baptisé « Eagle » (Aigle) sur le site de la Tranquillité, l’astronaute Neil Armstrong a annoncé d’une voix calme : « L‘Aigle s’est posé (Eagle has landed) ». Des caméras infrarouge du Télescope MWIR (Mid-Wave IR) ont suivi l’étage depuis sa séparation avec le second. Après être monté jusqu’à l’altitude de 140 km, il a amorcé sa rentrée supersonique. Entre 70 et 40 km, 3 des 8 propulseurs périphériques, puis le propulseur central (juste pour se poser en douceur) ont été actionnés pour freiner la descente, laquelle s’est achevée par un atterrissage correct. Désormais, pour chaque lancement de Falcon, on en aura pour son argent. Il y aura l’envol, puis – endéans les dix minutes – le retour au sol. Avec cet exploit, l’entreprise d’Elon Musk pour le transport spatial donne la leçon aux géants de l’industrie aérospatiale que sont Boeing, Lockheed-Martin, Airbus, CASC, Khrounitchev… Quelle sera leur réaction ? Ils attendent de voir si la récupération d’un étage de fusée en vaut vraiment la chandelle. Elon Musk leur a promis qu’il comptait réutiliser un étage de Falcon 9 v.1.1 Upgraded au cours de 2016… SES a manifesté son intérêt de lancer un prochain satellite en utilisant un étage restauré de SpaceX. L’étage récupéré qui a servi à la satellisation de 11 Orbcomm pour une constellation globale de télécommunications a été amené dans le bâtiment d’assemblage à l’horizontale de SpaceX sur le site historique du complexe de lancement 39A. SpaceX prévoit de le tester prochainement sur le pad historique d’où se sont élancés tous les lanceurs géants Saturn V (sauf un – celui d’Apollo-10 en mai 1969). Ainsi, coup sur coup, l’entreprise privée donne la leçon au secteur public. Deux businessmen issus de la bulle informatique marquent désormais de leur empreinte l’histoire de l’astronautique : à un mois d’intervalle, ces ambitieux et audacieux entrepreneurs, tentés par la dimension de l’espace, ont réussi à récupérer en parfait état des fusées ayant atteint la lisière de l’espace. - Le premier est le discret Jeff Bezos, le patron et créateur de la boutique en ligne Amazon.com : le 23 novembre, il a lancé et fait revenir intacte la fusée New Shepard mise au point par sa société, assez secrète, Blue Origin. Il n’a annoncé son succès « à la manière soviétique » : dans les heures qui ont suivi le vol réussi avec la diffusion d’une vidéo et d’images. - Le second est le timide Elon Musk, d’origine sud-africaine, qui a fait fortune avec les logiciels winzip (compression de données) et paypal (acquis par ebay), s’est lancé dans l’aventure spatiale pour, un jour prochain, établir une colonie humaine sur Mars ! En créant Space Exploration Technologies, il n’a pas ménagé ses efforts pour se doter de sa propre capacité d’aller dans l’espace. A commencer par les petits lanceurs Falcon WEI n°83 2015-6 - 5 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 1, puis en améliorant les Falcon 9, qui emploient des propulseurs kérolox Merlin « made by SpaceX » de grande robustesse. Avec son team de jeunes ingénieurs, le dynamique Musk a réussi à être le premier à développer avec le vaisseau récupérable Dragon un système privé de ravitaillement de l’ISS (International Space Station). La NASA a sélectionné SpaceX pour assurer la desserte de la station avec des équipages d’astronautes à bord du Dragon V2, en concurrence avec Boeing et son CST-100 Starliner. Ces deux pionniers répondent au message de la COP21 en faveur d’un développement durable global: leur objectif est de polluer le moins possible avec l’emploi de fusées récupérables… pour être réutilisées, ainsi que de faire baisser le coût du lanceur. On a affaire à une autre philosophie de travail pour l’accès, plus écologique et plus économique, au nouveau monde de l’espace. Le phénomène « New Space » est bel et bien en marche. Ce qui se traduit par un autre esprit pour les activités spatiales. Le reportage « live » qui a fait vivre chez SpaceX à Hawthorne (près de l’aéroport international de Los Angeles) le beau succès d’une « première » historique a montré l’enthousiasme d’une équipe jeune à la tenue très décontractée, marquée par le souffle du Far West (conquête de l’Ouest) appliqué à l’astronautique. La double réussite du Falcon 9 v.1.1 Upgrade ou v.1.2, alias Falcon 9 FT (Full Thrust) a donné lieu à des moments de grande excitation parmi les employés de SpaceX. Tant Elon Musk que Jeff Bezos, par leur esprit de pionniers, réussissent à faire en sorte l’aventure de l’espace se réapproprie la force du rêve, avec toute sa dynamique. Comme au temps des « premières » spatiales. Celles qui ont marqué les « golden sixties » et qui ont donné un coup de fouet magistral à la découverte d’un nouveau monde. Ils participent à l’essor de l’ère du « New Space ». Mais au fait, pourquoi a-t-il fallu attendre fin 2015 pour pouvoir réussir la récupération d’un étage de fusée ? L’odyssée de l’espace a des origines militaires. Ni plus ni moins, le lanceur spatial est l’héritier du missile balistique intercontinental. C’est le R7, alias Semyorka, de l’URSS qui a ouvert la voie du Cosmos en lançant depuis Baïkonour le premier Spoutnik le 4 octobre 1957. Le missile est destiné à frapper l’adversaire pour y faire des dégâts humains et matériels. Il n’est point conçu pour revenir à son point de départ… ! Depuis 58 ans, on va sur orbite à la manière d’un missile. Les étages, sauf le dernier qui est satellisé, retombent. Soit sur la terre ferme, ce qui est le cas pour les centres de lancements spatiaux en Russie (Baïkonour, Plesetsk, Kapustin Yar, Yazhny) et en Chine (Jiuquan, Xichang, Taiyuan). Il arrive que des éléments de fusées Longue Marche retombent dans les champs des paysans chinois, voire sur les toits de leurs maisons. Soit en mer, dans l’océan, ce qui est le cas pour les mises sur orbite depuis les Etats-Unis (Cape Canaveral, Vandenberg AFB, Wallops Island), la Guyane française (Kourou), le Japon (Tanegashima), Israel (Palmachim). Pour la cause spatiale, le fond marin se trouve jonché de morceaux d’épaves qui étaient des étages de lanceurs spatiaux. WEI n°83 2015-6 - 6 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 BLUE ORIGIN VERSUS SPACEX Comparaison des trajectoires de récupération suivies (à un mois d’intervalle) : - par la petite fusée New Shepard de Blue Origin (Jeff Bezos), le 23 novembre 2015 au-dessus du ranch de Van Horn (Texas) - par le 1er étage Falcon v.1.1 Upgrade de SpaceX (Elon Musk), le 22 décembre 2015 sur la base de Cape Canaveral (Floride) L’exploit de SpaceX a une autre dimension que celui de Blue Origin. Le retour, avec retournement en vol, de l’étage de Falcon 9 v.1.1 Upgrade – il monte jusqu’à 140 km d’altitude - apparaît bien plus complexe que le simple bond à la verticale du New Shepard (un aller-retour à 100 km d’altitude). Décès d’un pionnier de la Belgique dans l’espace : le Baron Marcel Ackerman (1931-2015) a rejoint les étoiles. A son actif : la coopération internationale WEI n°83 2015-6 - 7 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 pour l’aéronomie spatiale, tant avec l’Est qu’avec l’Ouest L’un des pères de l’aéronomie spatiale en Belgique, aux côtés du Baron Marcel Nicolet (1912-1996), s’en est allé en toute discrétion (comme il le souhaitait) le 14 novembre. Né à Libramont, le Baron Marcel Ackerman aurait eu 84 ans le 28 novembre. Il laisse le souvenir d’un acteur clef de la recherche spatiale belge, puisqu’il présida sa Commission Nationale de l’Académie des Sciences. Surtout qu’il contribua en novembre 1964 à la naissance de l’Institut, aujourd’hui royal, d’Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB). Après avoir été chef d’une section d’aéronomie expérimentale et participé à des expériences sur fusées-sondes de l’ESRO (European Space Research Organization) en Sardaigne et en Andalousie, il en devient le directeur de 1977 à 1996. Il a fait de l’IASB, internationalement connu sous le nom de BISA (Belgian Institute for Space Aeronomy), un acteur clef pour la surveillance globale de l’atmosphère afin de mieux définir ses composants et déterminer son évolution. Entêté comme sait l’être un Ardennais, M. Acherman a donné ses lettres de noblesse à l’Institut qu’il dirigeait. En le faisant participer au programme scientifique de l’ESA, ainsi qu’au nec plus ultra des missions spatiales habitées. Tant à l’Ouest qu’à l’Est. Il a été honoré de vivre les presque 9 jours en impesanteur d’un de ses chercheurs, l’ingénieur et physicien Dirk Frimout : sélectionné par la NASA, il faisait partie de l’équipage du vol ATLAS-1 (Atmospheric Laboratory of Applications & Science) du 24 mars au 2 avril 1992. Ce laboratoire qui utilisait à bord de la navette Atlantis une double palette Spacelab avec un igloo cylindrique (réalisé par SABCA), était composé de trois instruments pour lesquels l’IASB (Spectromètre infrarouge à Grille, Spectre solaire, détecteur atmosphérique ALAE) avait un rôle primordial. Avec beaucoup de discrétion, M. Ackerman fit preuve d’une grande audace en coopérant avec l’IKI (Institut de Recherche Cosmique) de Moscou pour placer l’instrument franco-belge MIRAS (Mir Infra Red Atmosphere Spectrometer) sur le module Spectre de la station Mir que l’URSS exploitait autour de la Terre. Ainsi, le 21 juillet 1995, pour sa fête nationale, la Belgique s’offre l’installation d’un équipement « tricolore » sur Mir au prix d’une sortie spatiale (EVA) de près de 6 heures des cosmonautes Anatoli Soloviev et Nikolaï Boudarine. MIRAS avait été réalisé sous la maîtrise d’œuvre d’Alcatel-ETCA, aujourd’hui Thales Alenia Space Belgium. Nous n’oublierons pas ce voyage à Moscou, en compagnie de Robert Hennecart, responsable de l’instrument chez Alcatel-ETCA, pour vivre cette EVA « en direct » au TSOUP (Centre de Contrôle spatial des Vols habités) de Kaliningrad (aujourd’hui Korolev). Pour Marcel, les collègues russes, devenus des amis, jouaient la transparence. Les portes s’ouvraient à l’IKI, chez RKK Energia (pour voir le scaphandre et le matériel de la sortie), au MAI (Moscow Aviation Institute, pour découvrir dans un entrepôt un modèle de l’atterrisseur lunaire qui aurait dû permettre à un Soviétique de battre les Américains du programme Apollo !). Merci à Marcel qui a permis l’essor de l’aéronomie spatiale en jetant des ponts entre l’Est (à ce moment soviétique) et l’Ouest. Certes, il pouvait vous surprendre avec ses accès d’humeur, une fois qu’il était contrarié. Mais dès qu’on avait gagné sa WEI n°83 2015-6 - 8 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 sympathie, on découvrait une personnalité attachante. C’était assurément une bonne soupe au lait… qui savait faire rire son monde. Grâce à ses efforts, l’aéronomie spatiale a fait découvrir au monde des aspects du changement global. Tout compte fait, depuis le paradis céleste, Marcel n’a-t-il pas contribué à l’accouchement - certes au forceps - de l’Accord de Paris sur le Climat, suite aux négociations tendues entre Etats de la planète lors de la COP21 (Conference of Parties) sur le dramatique problème du réchauffement climatique. L’historienne Dawinka Laureys a fait en décembre 2002 une longue interview pour les archives de l’ESA. Il est possible de la télécharger sur : http://archives.eui.eu/en/oral_history/INT794 Il y a 50 ans, disparition et révélation du « constructeur en chef » du programme spatial soviétique, qui fut à l’origine de « premières » historiques dans le Cosmos Le 14 janvier 1966, Sergueï Pavlovitch Korolev (1907-1966) succombait sur la table d’opérations lors d’une intervention chirurgicale pour un polype intestinal. L’intervention fait découvrir un cancer et tourne mal à cause d’une hémorragie. Il a fallu attendre son décès inattendu, pour que le monde apprenne via un avis mortuaire dans le quotidien Pravda l’identité de celui que Moscou appelait officiellement « le constructeur en chef ». Sous sa houlette - Korolev qui ne manquait pas d’autorité allait jusqu’à travailler 18 heures par jour, quand l’imposaient les circonstances -, le programme spatial de l’URSS (Union des républiques Socialistes Soviétiques) a connu des heures de gloire historique : les premiers satellites (Spoutnik-1 & -2 dès 1957, le premier planétoïde (Luna-1 en 1959), le premier objet sur la Lune (Luna-2 en 1959), le premier survol de la face cachée lunaire (Luna-3 en 1959), le premier vol habité (avec le cosmonaute Youri Gagarine à bord de Vostok-1 en 1961), le premier vol groupé de deux vaisseaux habités (Vostok-3 et Vostok-4 en 1962). Il n’était plus là pour vivre l’arrivée en douceur d’une sonde sur la Lune (Luna-9 qui s’y est posé le 31 janvier 1966) Une prouesse qui fut préparée durant 1965 au prix d’au moins six échecs… Korolev aura pour dernière tâche officielle de transférer le programme des sondes lunaires soviétiques au Bureau d’études Lavotchkine sous la direction de l’ingénieur Gueorgui Babakine (1914-1971). Après sa disparition brutale, le programme d’exploration lunaire avec des vaisseaux habités de type Soyouz, qu’avait conçu l’équipe de Korolev, va s’enliser dans les difficultés. Celui qui lui succède comme constructeur en chef est son bras droit, l’ingénieur aérospatial Vassili Michine (19172001) n’a pu être à la hauteur des ambitions de l’URSS sur la Lune. D’autant que la cosmonautique soviétique souffre d’un manque d’organisation et d’une pénurie de ressources. Ingénieur aérospatial d’origine ukrainienne, S.P. Korolev dut vivre derrière le mur du sacro-saint secret cher au régime communiste. Pas question pour les autorités du WEI n°83 2015-6 - 9 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Kremlin de révéler la personnalité de celui qui leur traça la route des étoiles depuis le cosmodrome de Baïkonour, aujourd’hui enclavé dans la République du Kazakhstan. On doit à Korolev le développement des premières fusées soviétiques, dérivée de la technologie du V2 allemand, notamment du premier missile balistique intercontinental (ICBM), dite fusée R7 ou Semiorka. Grâce à ses performances, sans cesse améliorées, celle-ci a servi aux grands succès de l’Union Soviétique dans le Cosmos. Elle est toujours utilisée : par Roscosmos, pour satelliser les vaisseaux habités Soyouz et pour ravitailler avec des vaisseaux automatiques Progress l’ISS (International Space Station) ; par Arianespace pour lancer des satellites depuis le Centre Spatial Guyanais… Il a créé plusieurs entreprises spécialisées dans les systèmes spatiaux, parmi lesquelles la société RKK Energia, le bureau d’études Lavotchkine, le centre spatial Progress de Samara, ISS Reshetnev de Krasnoïarsk… En 1996, la cité de Kalinigrad, au Nord de Moscou, où il a beaucoup travaillé, était baptisée Korolev. Astérix sur orbite depuis 50 ans : le déclic pour tisser le fil d’Ariane au service de l’Europe spatiale Depuis le 26 novembre 1965, la France est présente autour de la Terre. Avec sa fusée Diamant, elle devenait la 3ème puissance spatiale - après l’Union Soviétique (Russie) et les Etats-Unis - en réussissant du premier coup, à lancer un bébé-lune qui fut appelé Astérix. Ce satellite expérimental de 42 kg est arrivé sur orbite muet en étant muet, car ses antennes étaient endommagées par le lanceur lors de l’éjection de sa coiffe. Immatriculé 1965-096A, il évolue toujours au-dessus de nos têtes. Comme il gravite entre 500 et 1.500 km, il va tourner là-haut durant plusieurs décennies ! Et derrière ce succès historique d’Astérix, on voit se tisser le fil d’Ariane qui a rendu l’Europe autonome pour l’accès à l’espace et en a fait un acteur clef pour le transport des satellites. Voir dans la rubrique notre compte-rendu sur le colloque Lanceurs de l’ANAE, qui s’est tenu les 3 et 4 novembre à Paris. Avec une intervention très remarquée de Frédéric d’Allest, l’un des pères du lanceur Ariane (voir les extraits d’une interview qu’il nous avait donnée en 2003). Air & Cosmos Au service de l’Europe, le spatial belge : un savant dosage entre les 3 Régions d’un royaume fédéral Le magazine aérospatial Air & Cosmos fête 52 ans de parutions hebdomadaires (depuis mars 1963 !) sur l’actualité dans les airs et dans l’espace (notamment avec le chroniqueur de renom Albert Ducrocq, qui nous a communiqué sa passion pour l’astronautique). Dans son numéro 2476 du 13 novembre, il nous faisait l’honneur de réserver deux pages aux spécificités de la Belgique spatiale, à l’heure où celle-ci va se doter d’une agence interfédérale (prévue pour le 1er juillet, donc pour le prochain Conseil ESA au niveau ministériel). Il a fallu faire WEI n°83 2015-6 - 10 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 des choix pour le contenu de ces deux pages qui devaient couvrir l’activité des Wallons, Bruxellois et Flamands dans l’espace. A elles seules, les compétences spatiales de Wallonie et Bruxelles auraient mérité d’avoir trois pages… Plusieurs membres du Cluster Wallonie Espace s’en sont émus, regrettant d’avoir été « oubliés » dans l’article. Des explications leur ont été données. En guise de consolation, voici l’article tel qu’il aurait pu paraître dans Air & Cosmos. Les passages soulignés sont ceux qu’on aurait dû reprendre et qu’il n’a pas été possible de publier pour être quelque peu complet sur le dynamisme de la Belgique spatiale. Nous voudrions vous renvoyer au n°311 de la revue Athena de vulgarisation scientifique, qui est publié par le Département de Développement technologique du Service Public de Wallonie. Dans la rubrique Espace de mai 2015, nous nous sommes efforcés de donner une vue d’ensemble complète sur « Wallonie Espace : acteur-clé du spatial européen », à l’occasion de sa présence au Salon aérospatial du Bourget 2015. Par ailleurs, cet article est paru « en première » dans le Wallonie Espace Infos n°79 de mars-avril 2015. La dimension spatiale est une affaire politique, vu les investissements à faire pour son exploration et pour son exploitation. Démonstration faite par la Belgique de l’espace qui est en train de tourner une page d’histoire. Avec la mise en place d’une Agence Spatiale Interfédérale, sous l’impulsion de l’actuel gouvernement du Premier Ministre Charles Michel. Le gouvernement belge n’a pas cessé d’apporter un soutien déterminé à l’ESA en participant à toutes ses activités à la carte. Un demi-siècle au service de l’Europe dans l’espace a vu naître une Belgique spatiale avec des acteurs industriels dans des niches technologiques. Il a favorisé l’expertise scientifique de renom international au sein d’instituts fédéraux (Observatoire Royal de Belgique, Institut Royal Météorologique, Institut d’Aéronomie Spatiale de Belgique) qui forment le Pôle Espace) et avec des équipes de chercheurs universitaires (spécialement l’Université de Liège et la Katholieke Universiteit Leuven, qui organisent des masters systèmes spatiaux). Présences ESA Sur le territoire belge, l'ESA (European Space Agency) met en oeuvre des installations spécifiques : - Le Centre ESA de Redu (Libin, Province de Luxembourg) voit le jour en 1968 dans la campagne ardennaise à titre de compensation pour la Belgique qui n’a pu obtenir près de l’aéroport national de Zaventem le centre technique des systèmes spatiaux européens (aujourd’hui l’ESTEC à Noordwijk). Avec le support technique de la société RSS (Redu Space Services), créée par SES Techcom et QinetiQ Space, il assure le suivi permanent et le bon fonctionnement de satellites européens, une fois qu'ils sont sur orbite. Il contrôle les Proba « made in Belgium », les premiers microsats de l’ESA : 3 sont en service pour observer la planète et notre étoile. Il s’est doté d’une WEI n°83 2015-6 - 11 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 infrastructure spécifique - avec une antenne de 20 m -, pour valider le fonctionnement orbital de tous les satellites de la constellation Galileo de navigation civile. Il contribue à la mise en œuvre du système GEO EDRS (European Data Relay Satellite) du partenariat ESA-Airbus Defence & Space pour collecter de hauts débits de données des satellites LEO. Non loin de là, près de l’Euro Space Center qui est une référence européenne en matière d’éducation aux systèmes spatiaux et à leurs applications, a pris forme l’incubateur WSLlux, dans le Galaxia Business Park. Cet outil, né du partenariat entre WSL et IdeLux, est devenu l’ESA BIC (Business Incubator Center) Wallonie Redu. Il apporte son soutien logistique au développement de jeunes pousses (PME) qui projettent de tirer parti de l’essor, en Europe, des applications intégrées qui combinent satellites de communications, de télédétection, de navigation. Vitrociset Belgium, M3 Systems Belgium, ESNAH y font preuve de créativité) pour faire naître de nouveaux produits et services. - Le Centre Spatial de Liège (CSL), au sein de l’Université de Liège, sert aux essais intensifs, dans des simulateurs d'environnement spatial et à des températures très basses, d'instruments optiques pour satellites et sondes. Il a notamment contribué, en qualifiant leur charge utile, aux succès scientifiques des observatoires Planck et Herschel qui ont rempli avec brio leur mission à 1,5 millions de km de nous. Le CSL conçoit des systèmes opto-électroniques pour des missions d’observation, comme le télescope compact SWAP (Sun Watcher using Active pixel detector & image Processing) à bord du petit satellite Proba-2 en orbite depuis novembre 2009 pour observer les caprices de notre étoile. Trois autres installations d’essais ont été implantées avec le soutien de l’ESA ; - Il y a à l'UCL (Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve) un cyclotron à ions lourds qui simule le rayonnement de l'espace pour tester la micro-électronique des systèmes spatiaux. Dans son orbite est né le Center for Space Radiation (CSR), qui a développé pour équiper le microsatellite Proba V un détecteur compact destiné à l’analyse « in situ » du rayonnement dans l’environnement spatial. - L’Université de Liège a aménagé dans son campus du Sart Tilman un banc de tests cryogéniques qui, dans le cadre du programme Ariane, met à l’épreuve les roulements de turbopompes des propulseurs, comme celles qui équipent le Vinci. - L’Observatoire Royal de Belgique abrite le SSA/Space Situational Awareness Space Weather Coordination Centre (SSCC) qui traite les données de météo spatiale, avec les données de l’observatoire solaire Proba-2 qui sont recueillies au Centre ESA de Redu. Plus de réactivité Chaque année et lors des Conseils ESA au niveau ministériel, la Belgique renouvelle sa confiance en l'ESA en consacrant quelque 200 millions d'euros à ses programmes pour la poursuite d'activités européennes de haut niveau. Jusqu’ici, elle a fait de l'ESA son agence spatiale, mais dans le contexte des nouvelles ambitions de l’Europe dans l’espace - notamment avec les systèmes d’applications Galileo (navigation) et Copernicus (télédétection) -, il lui faut se doter d’une structure plus réactive pour WEI n°83 2015-6 - 12 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 valoriser son potentiel scientifique et technologique pour des activités spatiales au service de la société globale. Il est prévu que l’Agence Spatiale Interfédérale de Belgique soit opérationnelle le 1er juillet 2016. La Secrétaire d’Etat Elke Sleurs, responsable de la Politique scientifique, a précisé que « la nouvelle institution disposera d’une personnalité juridique propre ; celle-ci sera liée aux autorités politiques par un contrat de gestion qui définit les objectifs, les ressources et les critères d’évaluation. » Il s’agira de faire preuve de plus d’efficacité pour répondre aux missions de l’ESA et aux besoins de la Commission européenne, comme de coller davantage aux spécificités technologiques des 3 Régions économiques et des 3 Communautés culturelles du royaume fédéral de Belgique. Pour décider les budgets à allouer aux programmes de l’ESA, la délégation belge de Belspo (Politique scientifique fédérale) doit tenir compte du retour régional, afin d’avoir une répartition équilibrée entre les acteurs industriels en Flandre, Wallonie et Bruxellescapitale. Il appartenait à Eric Béka, Haut Représentant pour la Politique Spatiale (avec statut d’ambassadeur) d’assurer son bon pilotage dans les arcanes européens. Il prend sa retraite à la fin de novembre en ayant préparé la création de l’Agence Spatiale Interfédérale de Belgique. Flandre-Bruxelles-Wallonie En un demi-siècle d’activités au service de l’Europe spatiale, la Belgique a su se faire une place enviée dans des niches technologiques qui ont des implantations régionales. A la faveur du programme spatial européen, la Wallonie, Bruxelles, la Flandre ont développé pour les systèmes dans l’espace des compétences dans des niches technologiques. Ces spécialités sont devenues des références de renom international, hors du cadre européen. La Wallonie, vu son héritage de la révolution industrielle, a acquis la maîtrise de spécialités touchant à l’électronique et l’aéronautique : - L'alimentation électrique des satellites et les composants électroniques pour les systèmes spatiaux fait de Thales Alenia Space Belgium, ex-ETCA (Charleroi, avec une implantation flamande à Leuven), le n°1 européen dans la technologie du conditionnement d'énergie à bord des satellites, comme le Spacebus Neo (dont le 1er exemplaire vient d’être commandé par Eutelsat pour être le BB (BroadBand) for Africa). Par ailleurs fournisseur d’équipements pour les lanceurs Ariane 5, Soyouz et Vega, il se positionne pour la chaîne de sauvegarde Ariane et, comme sous-traitant de SABCA, pour le pilotage des Ariane 6. - L’intelligence sur orbite, avec les petits satellites de type Proba, a mis à l’honneur Spacebel (Liège) comme informaticien spatial qui développe des logiciels "sur mesure" à bord de systèmes spatiaux, pour la simulation numérique de tests, pour la gestion des centres de contrôle, et pour le traitement des données. - La réalisation de simulateurs du vide, ainsi que de télescopes au sol et d’optiques pour satellites a fait connaître Amos (Liège) au-delà de l’Europe, en Inde, aux EtatsUnis, en Chine. L’entreprise liégeoise d’opto-mécanique contribue à la réalisation d’instruments de pointe pour les observatoires spatiaux de l’Europe spatiale. WEI n°83 2015-6 - 13 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - D’autres grands acteurs ont réussi à bien positionner leur expertise au niveau européen à l’occasion de missions spatiales : . Techspace Aero (Groupe Safran) pour le développement et la production de vannes cryo des lanceurs Ariane ; . Sonaca pour la conception et la fabrication de structures sur mesure et avec des matériaux composites ; . Rhea pour des systèmes innovants pour la gestion informatisée des opérations de satellites, depuis leur conception jusqu’à leur mise en œuvre, ainsi pour la sécurisation des infrastructures informatiques ; . Lambda-X pour l’instrumentation micro-optique d’expériences à bord de fuséessondes et sur orbite ; . Euro Heat Pipes (EHP) pour le développement et la production de caloducs performants pour systèmes dans l’espace. Soucieuse de garder une longueur d’avance dans des activités de pointe, la Région wallonne s’appuie sur des « Plans Marshall » d’innovation technologique, qui sont gérés pour l’aérospatial par le Pôle de compétences Skywin. Etienne Pourbaix, son directeur, mise sur le phénomène de miniaturisation des satellites : « Elle a ouvert le marché à de nouveaux acteurs potentiels pour la Wallonie. Et sur cet aspect, nous sommes complémentaires à l’ESA. » La Région de Bruxelles-capitale est surtout concernée par le transport spatial avec SABCA (servo-commandes, structures). La trajectoire correcte qu’impose une satellisation précise continuera à se faire pour les Ariane 6 et Vega C(onsolidation) avec des systèmes d’orientation des tuyères, dits EMTVAS (Electro-Mechanical Thrust Vector Actuation System), de l’entreprise aérospatiale bruxelloise. A l’ULB (Université Libre de Bruxelles), le Microgravity Research Centre développe des équipements de physique des fluides pour l’étude de leur comportement en impesanteur. L’ERM (Ecole Royale Militaire) a développé une expertise pour l’exploitation des signaux SAR (Synthetic Aperture Radar) et pour des missions humanitaires avec satellites. La Flandre spatiale a dû, pour rattraper son retard dans le domaine spatial, faire preuve de créativité avec les programmes ARTES (télécommunications), GSTP (technologie) et Prodex (instrumentation) de l’ESA. Ses sociétés actives dans l’espace ont réussi à percer avec des produits originaux et services innovants : - Dans le domaine des télécommunications spatiales, notamment pour la télévision et le haut débit, Newtec (Sint Niklaas) est devenu le spécialiste de l’utilisation optimale de la bande passante. Les opérateurs et utilisateurs de satellites ont recours à sa technologie qui rentabilise au mieux les charges utiles des satellites. Comme Intelsat, qui a établi un partenariat public privé avec l’ESA et Newtec pour se mettre à la mode INDIGO (Intelsat Dialog Open system) pour ses prochains satellites Epic. - Avec le volet des petits satellites à l’ESA, qui emploient le bus intelligent Proba, QinetiQ Space (Kruibeke, près d’Anvers) démontre avec succès sa maîtrise d’oeuvre des systèmes spatiaux complets. WEI n°83 2015-6 - 14 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - Grâce à son développement sur mesure d’équipements optiques miniaturisés (spectromètres, caméras) à bord de satellites et de sondes spatiales, OIP Sensor Systems équipe les satellites Proba-2 et Proba Végétation et se trouvera à bord de la sonde ExoMars 2016 (pour l’instrument NOMAD sur le satellite TGO, avec la caméra de descente DECA sur le module de descente Schiaparelli sur Mars). - En télédétection spatiale, l’établissement technologique flamand VITO s’est fait un nom avec son Centre de Traitement des Images Végétation. Pour une vision quotidienne du couvert végétal sur l’ensemble du globe, il exploite les images à large fauchée - jusqu’à 100 m de résolution –, grâce au micro-satellite Proba V(égétation). Des PME ont réussi à percer sur des créneaux technologiques : - AntwerpSpace est spécialisée dans l’électronique à bord des satellites de télécommunications, pour des équipements au sol pour l’observation de la Terre et pour les liaisons par satellites ; - Eurosense, depuis plus de 50 ans, s’affirme comme expert dans la télédétection et ses applications, dans les services de géo-information, avec plusieurs filiales en Europe de l’Est ; - Septentrio, « spinoff » d’IMEC, est bien présent dans le business de la navigation par satellites avec des récepteurs compatibles GPS-Glonass-Galileo ; - Space Applications Services s’implique dans le segment sol pour les opérations dans l’espace, dans des systèmes innovants pour les vols spatiaux, dans la mise en œuvre de robots sur orbite… Les industriels ont constitué des groupes de pression stratégique qui font du lobbying. Au niveau national avec Belgospace (dès 1962) qui réunit les principaux protagonistes du spatial belge, puis à l’échelon régional avec le VRI (Vlaams Ruimtevaart Industrie, depuis 1995) et avec Wallonie Espace (créé en 1996). Il y a l’association plutôt discrète Bruspace dont sont membres les acteurs du spatial à Bruxelles. Tous les deux ans, le VRI et Wallonie Espace (Pôle Skywin) organisent en alternance des Journées de l’Espace – Wallonia Space Days, - afin de promouvoir les compétences technologiques et sensibiliser les jeunes aux métiers de l’espace (études, carrières). Le spatial flamand en quête d’un meilleur retour : quel rôle dans les systèmes récurrents des lanceurs européens ? Le VRI (VlaamseRuimtevaart Industrie), l’association des industriels flamands de l’espace, a organisé les Vlaamse Ruimtevaartdagen sur le thème « Vlaanderen, buitenaards ! (La Flandre en avant toute !) » du 20 au 22 novembre au Brabanthal de Leuven. Dans son speech d’ouverture de l’après-midi de conférence, en présence d’Elke Sleurs, Secrétaire d’Etat fédéral pour la Politique scientifique, Hans Bracquené, l’administrateur (et fondateur) du VRI a plaidé pour la mise en place de l’Agence spatiale interfédérale de Belgique. Il considère que cette institution prévue pour le 1 er juillet 2016 assurera, dans le cadre du spatial européen (ESA, Commission) la continuité des activités belges dans l’espace et une meilleure consultation des régions pour leurs besoins technologiques. Son constat sur la répartition budgétaire des efforts WEI n°83 2015-6 - 15 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 entre les trois Régions de Belgique fait apparaître un déficit annuel d’environ 30 millions € pour la Flandre, comparé à la Wallonie et à Bruxelles-capitale. Chaque année, le Royaume fédéral belge alloue au spatial un budget de quelque 200 millions €. H. Bracquené a voulu remettre le couvert habituel en rappelant que le retour régional du spatial européen doit être réajusté en faveur des acteurs flamands. Il est un domaine où la Flandre entend être davantage impliquée au niveau de l’ESA: c’est la technologie des lanceurs dont l’intérêt est de donner lieu à des produits récurrents pour les services d’Arianespace. Le VRI compte bien avoir accès au potentiel économique du transport spatial. Sa revendication fera partie des propositions de la délégation belge au prochain Conseil ministériel de l’ESA qui se tiendra à Lucerne (Suisse). 1. Politique spatiale EU + ESA 1.1. Nouveaux Directeurs à l’ESA Prof. Dr.-Ing. Johann-Dietrich Wörner est depuis le 1 er juillet le nouveau Directeur Général de l’ESA. Une nouvelle équipe va le seconder dans ses tâches et responsabilités. Lors d’une session extraordinaire à participation restreinte, tenue à Paris le 21 novembre 2015, le Conseil de l’ESA a approuvé la proposition du Directeur général concernant la future équipe de direction de l’Agence. Cette nouvelle équipe, dont la composition est présentée ci-après, devrait prendre ses fonctions début 2016. - Domaine des applications spatiales Directeur Télécommunications et Applications intégrées (D/TIA) : Mme Magali Vaissière (France) Directeur Programme Galileo et Activités de navigation (D/NAV) : M. Paul Verhoef (Pays-Bas) - Domaine de la science et de l’exploration Directeur de la Science (D/SCI) : M. Alvaro Giménez Cañete (Espagne) Directeur Programmes de vols habités et d’exploration robotique (D/HRE) : M. David Parker (Royaume-Uni) - Domaine de la technologie spatiale et des opérations Directeur Gestion technique et de la qualité (D/TEC) : M. Franco Ongaro (Italie) Directeur des Opérations (D/OPS) : M. Rolf Densing (Allemagne) - Domaine administratif Directeur des Services internes : Ressources humaines, Gestion des sites, Finances et Contrôle de gestion, Technologie de l’information (D/HIF) : M. Jean Max Puech (France) Directeur Industrie, Approvisionnements et Services juridiques (D/IPL) : M. Éric Morel de Westgaver (Belgique) WEI n°83 2015-6 - 16 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Ce team sera complété pour l’été 2016 par les Directeurs pour l’Observation de la Terre (programme au budget le plus conséquent) – actuellement, M. Volker Liebig (Allemagne) - et pour les Lanceurs (programme Ariane 6 avec une nouvelle gouvernance) - M. Gaele Winters (Pays-Bas). Les Etats-Membres qui seront représentés dès le 1er janvier 2016 dans l’équipe des directeurs ESA, si on tient compte de ceux qui font l’objet d’un appel à candidats pour une sélection à la mi-2016 : Allemagne (3, y compris le DG), France (2), Pays-Bas (2), Belgique (1), Espagne (1), Italie (1), Royaume-Uni (1). La nomination de deux derniers Directeurs ESA pour les importants programmes Lanceurs et Observation de la Terre, devrait en principe rééquilibrer la répartition nationale en faveur de la France (3 ?) et de l’Italie (2 ?). Mais avec l’actuelle présidence helvétique du Conseil ESA au niveau ministériel, un citoyen suisse pourrait devenir Directeur Lanceurs… Wait & see. 1.2. Personnalité de l’année 2015 : le timide Elon Musk, ambitieux et audacieux, mise sur la jeunesse pour réussir l’ère du « New Space » Le dernier lancement américain de l’année 2015 a permis à SpaceX de renouer avec le succès. Et quelle réussite : la récupération de l’étage principal. Au siège de Space Exploration Technologies, le vol du premier Falcon 9 v.1.2 a été suivi dans une ambiance digne d’un match de baseball. Dans une volonté de transparence, la transmission vidéo montrait de jeunes ingénieurs à l’allure décontractée, prenant plaisir à savourer chaque étape réussie du lancement. C’était assez différent de l’atmosphère sérieuse, moins spontanée, du centre de contrôle Jupiter 2 au CSG de Kourou, où les invités gardent leur calme jusqu’à ce que soit officialisée la mise sur orbite du ou des satellites lancés. Elon Musk, le chef d’orchestre de la réussite de SpaceX, s’affirme comme un Homme de notre temps. Il fait surtout rêver et joue cartes sur table en misant sur une jeunesse aux idées innovantes. Sa grande ambition : l’implantation d’une colonie permanente sur la planète Mars. Il n’hésite pas à se doter de ses propres systèmes (propulseurs compris) d’accès au monde de l’espace. Outre les lanceurs Falcon, il réalise les vaisseaux Dragon. Sa recette d’aller de l’avant en privilégiant la volonté de sortir des sentiers battus, le businessman d’origine sud-africaine - il a fait fortune en informatique avec les systèmes Zip2 et Paypal - l’applique dans d’autres défis qu’il s’est donnés de relever : - Tesla Motors produit des voitures entièrement électriques, ainsi que des ensembles de stockage de l’énergie ; - SolarCity est un fournisseur d’installations de grandes centrales photovoltaïques aux Etats-Unis ; - Hyperloop est un nouveau mode - futuriste - de transport terrestre, avec des cabines pressurisées circulant dans un tube sous pression réduite en atteignant des vitesses de plus de 1.200 km/h… WEI n°83 2015-6 - 17 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 2.3. Budget en hausse pour la NASA - grands gagnants : l’exploration des planètes, le lanceur lourd SLS, le programme commercial des vols habités A la mi-décembre, après plusieurs mois d’hésitations entre les instances fédérales chargées d’établir et d’approuver les budgets des Etats-Unis, la NASA (National Aeronautics & Space Administration) a pu obtenir que soient revues à la hausse ses ressources pour l’année fiscale 2016 (qui a commencé le 1 er octobre 2015). Ce sont plus de $ 19.285 millions - quelque 17.753 millions € -, qui ont été inscrits pour soutenir le fonctionnement et les activités de la NASA. Ce qui représente environ $ 785 millions de plus par rapport à ce qui avait été demandé. Parmi les trois programmes les mieux subsidiés, on a : - $ 5.589 millions pour la science spatiale, avec des observatoires autour de la Terre, des sondes vers Mars, Jupiter et des astéroïdes… - $ 5.029 millions pour les opérations dans l’espace (maintenance et exploitation de la station spatiale internationale jusqu’en 2024), dont $ 1.244 millions pour le CCP (Commercial Crew Program) qui doit mettre en œuvre, dès fin 2017, les vaisseaux privés de Boeing (CST-100 Starliner) et de SpaceX (Dragon V2) qui doivent assurer la desserte de l’ISS (International Space Station) en lieu et place des Soyouz russes actuels. La NASA procède à un recrutement d’astronautes pour voler à bord de ces systèmes dus à l’entreprise privée et utilisés sous la forme d’un PPP (Partenariat Public-Privé). - $ 4.030 millions pour les missions d’exploration, comprenant $ 2 milliards pour le lanceur lourd SLS (Space Launch System) et $ 1.270 millions pour le vaisseau MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle) Orion. Celui-ci avec le module de service européen sera testé en mode inhabité en 2018 lors du premier vol du SLS, dit EM-1 (Exploration Mission-1). Il faut préparer le vol EM-2 prévu en 2021-2022, voire 2023, avec un équipage à bord en vue d’une mission autour de la Lune. Un nouvel étage supérieur à propulsion cryogénique ou EUS (Enhanced Upper Stage) doit être mis au point pour ce vol lunaire qui rappellera celui d’Apollo 8 de décembre 1968 ! Par ailleurs, la NASA obtient un premier financement - $ 55 millions – pour un module d’habitation qui rendra plus confortables des expéditions de longue durée au-delà de l’orbite terrestre. 2. Accès à l'espace/Arianespace 2.1. Centre Spatial Guyanais : le n°3 (12 succès) au palmarès mondial des lancements spatiaux Sous l’impulsion d’Arianespace, le port spatial de l’Europe, alias le CSG (Centre Spatial Guyanais), a réalisé 12 lancements, tous réussis, de satellites depuis trois ensembles (ELA-3 avec 6 Ariane 5, ELS avec 3 Soyouz « made in Russia », SLV avec 3 Vega). Ce qui en fait le 3ème site dans le monde pour l’accès à l’espace en 2015. Voici le palmarès pour les 84 mises sur orbite, dont 31 lancements pour des satellites géostationnaires : WEI n°83 2015-6 - 18 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - n°1 (depuis plusieurs années): le cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) avec 17 envols réussis de fusées ; - n°2 : Cape Canaveral (Floride) avec 16 succès, dont la récupération d’un premier étage ; - n°3 : le CSG (Guyane) avec le record de 12 vols pour Arianespace; - n°4 : Xichang Satellite Launch Center (Sichuan) avec 9 satellisations en orbite de transfert géostationnaire ; - n°5 : le cosmodrome de Plesetsk (près d’Arkhangelsk) avec 7 lancements orbitaux, dont 1 sur une mauvaise trajectoire ; - n°6 : le Satish Dhawan Space centre (Ile de Sriharikota, Andhra Pradesh) avec 5 mises sur orbite (dont 1 en orbite de transfert géostationnaire) ; - n°7 : le Jiuquan Satellite Launch Center (Mongolie intérieure) : 5 vols réussis, dont le premier CZ-11 pour de petits satellites ; - n°8 : le Taiyuan Satellite Launch Center (Shanxi) : 5 succès, dont le 1 er CZ-6 de la nouvelle génération des lanceurs chinois; - n°9 : le Tanegashima Space center (Kyushu) : 4 lancements réussis, dont le premier vol commercial du H-IIA pour un satellite de Telesat Canada (Telstar-12 Vantage) ; - n°10 : Vandenberg Air Force Base (Californie) : 2 succès ; - n°11 : le site de Semnan (Iran) : 1 lancement ; - n°12 : la base de Yasny (Orenburg) : 1 vol Dnepr. 2.2. La Révolution Ariane 6 pour le transport spatial en Europe : la leçon du colloque Les lanceurs européens pour les 50 ans de Diamant L’Université Pierre et Marie Curie à Paris a célébré un demi-siècle français de présence dans l’espace en accueillant les 3 et 4 novembre le colloque « Les lanceurs européens - de Diamant à Ariane 6 : la réponse compétitive de l’Europe pour son autonomie ». Cet événement était organisé par l’Académie de l’Air et de l’Espace à l’occasion des cinquante ans d’Astérix sur orbite : du premier coup, le lanceur français Diamant réussissait une satellisation. Durant les deux jours, il fut donc question du rôle clef de la France pour l’accès de l’Europe à la dimension spatiale. Mais c’est surtout l’actualité en cours qui fut la grande vedette : avec les nouveaux lanceurs Ariane 6 et Vega C, qui seront dans les années à venir les outils d’Arianespace au CSG (Centre Spatial Guyanais). En ouvrant le colloque, Johann-Dietrich Woerner, directeur général de l’ESA, a rappelé son mot d’ordre : « United Space in Europe ! ». Autour des acteurs gouvernementaux que sont non seulement l’ESA, mais par ailleurs la Commission européenne, Eumetsat, la GSA (European Global Navigation Satellite Systems Agency), l’ESO (European Southern Observatory). Partant du constat que la compétition globale, notamment avec l’avènement de SpaceX, est désormais la référence pour les lancements spatiaux, il a insisté sur les atouts de l’Europe : la nouvelle gouvernance d’Ariane 6, l’intérêt de son concept modulaire, la recherche de solutions dans un esprit européen. Il est plutôt sceptique quant à l’impact de la réutilisation sur le coût du lanceur et pour l’avenir du potentiel industriel. WEI n°83 2015-6 - 19 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Le « miracle » du système Ariane L’évocation du passé, à travers les témoignages vécus de Jacques Villain (historien, ancien directeur des affaires spatiales internationales chez Safran) et Philippe Couillard (président de l’ANAE, ancien directeur général des lanceurs à l’Aérospatiale, puis chez Airbus), a mis en évidence l’importance des instances politiques dans le développement des lanceurs en Europe. L’initiative française de la fusée Diamant, qui tirait parti des recherches en propulsion pour la force de frappe chère au Général de Gaulle (1890-1970), a contribué à tisser le fil d’Ariane dans un cadre européen. Cette naissance du lanceur Ariane, puis sa percée commerciale dans le monde ont donné lieu à la présentation très écoutée de celui que l’on considère comme le père d’Ariane et le fondateur d’Arianespace, Frédéric d’Allest. D’emblée, il donne le ton : « Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est par miracle ! » Et de rappeler qu’en décembre 1971, à la suite à l’échec du lanceur Europa 2 au Centre Spatial Guyanais, plus aucun responsable politique ne croyait en la capacité de l’Europe de se doter d’un système de transport spatial. F. d’Allest d’évoquer la motivation importante du CNES pour entreprendre le projet L3S qui allait devenir le programme Ariane. « L’objectif visé était 2 à 4 lancements par an pour faire tourner les équipes de lancement. Il fallait donc commercialiser le lanceur en apportant le marché. » Ainsi, dès 1973, après que dix Etats d’Europe aient donné le feu vert au développement d’Ariane, le pari était pris de participer à la compétition lancée par l’organisation internationale des télécommunications Intelsat pour les lancements de ses satellites géostationnaires Intelsat V. Cette audace devait se révéler payante, « à cause d’une erreur de stratégie de la NASA, forte de sa suprématie : elle voulait imposer la navette spatiale », au détriment des lanceurs conventionnels Delta et Atlas. En 1977, deux ans avant son premier vol, la fusée européenne Ariane décroche son 1er contrat commercial chez Intelsat (1 lancement ferme, 2 en option). « Cet épisode rendait crédible la mise sur pied d’Arianespace. » L’audace payante d’Arianespace A l’époque, la proposition de créer Arianespace était « audacieuse, car seuls les Etats pouvaient assumer les risques financiers et techniques des lancements de satellites.» C’est au Salon du Bourget 1979 - six mois avant le premier vol et succès d’Ariane qu’est officialisée la naissance de la société de transport spatial Arianespace. Pour ne pas hypothéquer son avenir, « en cachette, on signait des contrats d’approvisionnement pour des lanceurs Ariane » confie-t-il. En mars 1980, étaient signés les statuts d’Arianespace, avec le CNES comme actionnaire principal et garant de l’engagement public, aux côtés des industriels et investisseurs privés. Et le premier président directeur général d’Arianespace d’insister sur ce qui a permis la montée en puissance de l’Europe dans le business des lancements en orbite de transfert géostationnaire : - la stratégie du lancement double, ce qui a facilité l’essor d’Arianespace avec la maîtrise d’une procédure qui était alors unique. « Ce qui a permis d’avoir plus de la moitié des satellites commerciaux géostationnaires. Ce qui a permis le bon WEI n°83 2015-6 - 20 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 fonctionnement d’Arianespace : je versais des dividendes à mes actionnaires sans l’aide de subventions ». - la garantie d’une filière Ariane, avec le développement de lanceurs de plus en plus performants afin de coller à la taille et à la masse des satellites. « On constatait une croissance de 125 kg chaque année ». L’offre des Ariane 4, lesquelles se déclinaient en cinq versions principales - utilisées jusqu’en février 2003 - pour l’accès à l’anneau géostationnaire, connut un beau succès. En 1997, Arianespace a réussi la prouesse de 11 lancements pour 17 satellites ! Pourtant « dès 1989, il fallait anticiper la rupture et préparer une nouvelle génération de lanceurs », explique F. d’Allest. Le lanceur Ariane 5 qui avait 2 x la performance d’Ariane 4 (2 x 4 t) misait sur la minimalisation du nombre des propulseurs - un total de 4 - pour être compétitif : « il fut décidé en 1988 pour consolider le leadership d’Arianespace. » Aujourd’hui, il faut tenir compte de deux éléments majeurs : SpaceX, nouvel entrant avec une politique agressive, et l’avènement de la propulsion électrique qui réduit de 40 % la masse des satellites. Défi mesuré, pari osé pour Ariane 6 « Il faut une réponse rapide, énergique ». Inquiet, le créateur de la première compagnie commerciale de transport spatial exprime des regrets sur la stratégie de l’Europe, qui ne fut décidée qu’en décembre 2014 au Conseil ministériel de l’ESA à Luxembourg. D’abord, cette décision a été prise trop tardivement. Puis on devait au préalable aller de l’avant avec une Ariane 5 ME intermédiaire en dotant son étage supérieur du propulseur cryogénique Vinci. « Il fallait remplacer l’actuel HM7 dont la conception remonte aux années 60 ! ». Pour la nouvelle donne Ariane 6, Airbus Safran Launchers (ASL) a la maîtrise d’œuvre complète du lanceur européen de nouvelle génération : « il est sous forte pression pour réussir le premier vol en 2020 ». Au sujet du partenariat ASL et Arianespace, « il faut faire en sorte que soit améliorée la synergie entre les équipes. » Il se réjouit qu’Ariane 6 permette de retrouver la flexibilité de la filière Ariane 4 durant les années 1990. Le colloque de l’ANAE, après la session historique, fut consacré à l’avenir du transport spatial européen. Les années 2020 verront la mise en œuvre par Arianespace du duo Ariane 6.2-6.4, de Vega C(onsolidation), voire de Vega E(volution). Ce fut l’occasion de souligner l’importance accrue des lancements institutionnels en Europe avec les systèmes Galileo (navigation) et Copernicus (télédétection), en plus des missions scientifiques. Gaele Winters, Directeur ESA pour les Lanceurs, a insisté sur la coopération européenne qui a prévalu à l’occasion du Conseil ESA de Luxembourg. Il a noté le sérieux changement avec la nouvelle gouvernance qui constitue une autre approche face à une forte concurrence : « Nous avons à apprendre à faire travailler étroitement, dans une interaction permanente, l’ESA, le CNES, l’ASL et les industriels. » Priorité à l’objectif de réduire d’au moins 30 % le coût du lancement. En proposant l’Ariane 6 pour la moitié du prix du kg satellisé par une Ariane 5 actuelle : faire mieux en étant moins cher ! C’est ce que promet ASL (Airbus Safran Launchers). Eutelsat et Thales Alenia Space de s’en réjouir. WEI n°83 2015-6 - 21 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Production « au plus juste » (à fil tendu) selon Airbus Quinze Etats membres de l’ESA ont accepté de contribuer aux activités de l’Europe pour le transport spatial de nouvelle génération. Par ordre d’importance pour l’engagement financier - 4.386,8 millions € déjà couverts, soit 91,35 % du budget de 4.802,4 millions € qui fut décidé à Luxembourg - , on a la France (44,47 %), l’Allemagne (20,78 %), l’Italie (10,19 %), l’Espagne (4,68 %), la Belgique (4,12 %), la Suisse (2,53 %), la Suède (1,65 %), les Pays-Bas (1,56 %), puis (pour moins de 1 %) la Roumanie, l’Irlande, la Norvège, l’Autriche, le Danemark, le Royaume-Uni, le Portugal. Stefano Bianchi, responsable à l’ESA du développement des lanceurs européens - il est l’un des pères de Vega -, d’insister Ariane 6 comme une autre façon de procéder pour préserver l’accès indépendant de l’Europe à l’espace. Surtout qu’on ne part pas de rien : il y a l’héritage d’Ariane 5 et de Vega qui font d’Arianespace un leader pour le transport spatial à des fins commerciales. Le 12 août 2015, l’ESA, ASL, le CNES, Avio signaient à Paris les contrats pour les lanceurs Ariane 6 et Vega C et leur infrastructure au CSG. La phase finale de développement du système de lancement Ariane 6 se décidera durant l’été prochain. Elle dépendra de la revue d’implémentation du programme, qui aura lieu en juillet 2016. Il est prévu que la continuation du programme soit décidée en septembre 2016 par les délégués des Etats qui y participent. S. Bianchi précise les cinq principes qui représentent autant de défis pour la réussite des Ariane 6 et Vega C : - un ensemble européen compétitif pour les lancements tant commerciaux (Ariane 6.4) qu’institutionnels (Ariane 6.2 à 70 millions € le vol) ; - la garantie de lancer les satellites gouvernementaux de l’Europe, afin de ne plus devoir recourir aux aides publiques pour la commercialisation ; - la standardisation autour d’un maximum d’éléments communs entre les lanceurs avec les moteurs cryogéniques Vulcain d’Ariane 5 et Vinci testé avec succès, les propulseurs solides P120C en développement pour Vega C ; - la disponibilité d’Ariane 6 pour un premier vol dès 2020, la montée en cadence de sa production afin de prendre la relève d’Ariane en 2023 ; il faudra alors arriver à produire chaque année 35 P120C en Guyane, 11 étages cryogéniques (1er et 2nd) en Europe ; - l’assurance d’un service fiable auprès des clients avec le retrait progressif des lanceurs Soyouz (satellites institutionnels) et Ariane 5 (satellites commerciaux). Il y a par ailleurs la flexibilité du système qui offre un potentiel de croissance. Il n’est pas exclu d’avoir une version améliorée Ariane 6 : jusqu’à six boosters à poudre sur le 1er étage pour en faire une Ariane 6.6, capable de rivaliser avec le Falcon Heavy de SpaceX. Pour le lanceur Vega, Avio envisage déjà la version Vega E avec un 3ème étage qui serait doté du propulseur ré-allumable LM-10 MIRA (oxygène liquide/méthane). Chez ASL, on est conscient du pari industriel que représente le programme Ariane 6. Daniel Quancard, directeur général délégué dans l’entreprise conjointe, est conscient WEI n°83 2015-6 - 22 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 des défis à relever : prix d’exploitation compétitif, planning et budget serrés pour le développement, cadre d’une nouvelle gouvernance. Il a souligné les impératifs d’une gestion dite « lean » - « au plus juste » ou « à fil tendu » -, comme elle se pratique dans l’industrie automobile et aéronautique. Pour les acteurs industriels du spatial européen, Ariane 6 est bel et bien une révolution qui a pour principe : le temps, c’est de l’argent. Il s’agit de mettre en œuvre une approche innovante qui soit structurée depuis la conception jusqu’à la production, qui privilégie l’automatisation et la visualisation, qui fait la chasse aux gaspillages, redondances et imprévus, qui exploite le mieux possible les moyens en place. Il s’agit d’aller droit au but sans passer par des détours, de manière à ce que les coûts soient réduits. ELA-4 d’inspiration Soyouz et SpaceX Autre voie pour réduire les coûts d’exploitation Ariane 6 au CSG: l’infrastructure de lancements, baptisée ELA-4, qui est réalisée sous l’autorité du CNES. Elle sera implantée là où devait se situer la piste d’atterrissage de la navette Hermès (projet européen des années 1980 avec le lanceur Ariane 5 et le laboratoire Columbus), entre l’ELS (Ensemble de lancements Soyouz) et l’actuelle zone Ariane et Vega. « Il s’agit du 8ème ensemble que nous construisons en Guyane » (*), note Jean-Marc Astorg, directeur des lanceurs au CNES. « Son originalité est d’être basée sur l’intégration horizontale - une « première » à Kourou - afin d’offrir la flexibilité pour les charges utiles à satelliser, tout en réduisant la durée des campagnes de lancements. Un portique mobile permettra de changer facilement des équipements sur le lanceur ou à bord du satellite. » Optimisé pour pouvoir effectuer un vol d’Ariane 6.2 ou 6.4 toutes les trois semaines ou au moins 11 lancements par année, ELA-4 s’inspire des infrastructures qui sont couramment utilisées par les lanceurs Soyouz et par les Falcon 9 de la société SpaceX. Son chantier a déjà débuté avec la préparation du site qui s’étendra sur 170 hectares. Les premières constructions prendront forme à la mi-2016 sur les Zones de Lancement (ZL) et de préparation avec le Bâtiment d’Assemblage Lanceur (BAL). Une maquette Ariane 6 servira à tester l’ensemble dès fin 2019. La plate-forme de lancements sera simplifiée, afin d’être exploitée de façon économique. Elle est conçue pour accueillir la puissante Ariane 6.6 et dans la perspective d’un lanceur post-Ariane 6. Le transport spatial européen n’a pas fini de nous étonner au cours de 2016. (*) Il y eut les ensembles Diamant et Europa des années 70, puis ELA-1 et ELA-2 jusqu’au début 2003, ELA-3 pour Ariane 5 depuis 1996, ELS pour le Soyouz, puis SLV pour Vega. A noter que l’industrie spatiale belge, avec SABCA, Techspace Aero (Safran), Thales Alenia Space Belgium sont des acteurs clefs des programmes Ariane 6 et Vega-C. Ce trio a contribué, dès les débuts, au programme des lanceurs Ariane et accumulé un savoir-faire en matière de systèmes de lancement spatial. Proposition de partenariat public-privé à long terme pour le transport spatial européen : les obligations de part et d’autre WEI n°83 2015-6 - 23 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Airbus Safran Launchers ESA : 14 Etats contributeurs Jusqu’à 10 % d’investissement industriel Autorité de conception du système de lancement Contrôle d’Arianespace Garantie pour 5 années du prix des lancements institutionnels Renforcement de la compétitivité pour la chaîne d’approvisionnement Prise en charge à 90 % du développement Suivi de la mise en œuvre du système Pas de subsides publics à l’exploitation Garantie de se procurer au moins 5 lancements par année Sécurisation du retour géographique : 2 x la contribution pour le développement Répartition des frais pour la base de lancements et pour les services d’accompagnement à l’exploitation 2.3. Septembre 2016 : le grand moment de vérité pour que le lanceur Ariane 6 puisse voler dès 2020 Premier compte à rebours pour l’avenir des jumeaux Ariane 6. Les prochains mois vont être cruciaux pour le démarrage définitif du programme, dans le cadre d’un PPP (Partenariat Public-Privé) entre l’ESA, le CNES et ASL (Airbus Safran Launchers). La co-entreprise d’Airbus et de Safran, issue de l’intégration des activités lanceurs de deux puissantes entités, se révèle délicate, voire laborieuse. Cette intégration devait être terminée pour fin octobre. Elle a été repoussée pour la trêve des confiseurs en décembre… D’après le nouveau bimensuel AeroSpatium, dans son n°0.3 du 12 décembre, les questions administratives sur son fonctionnement financier se posent de façon aiguë et sont loin d’être résolues, ce qui inquiète les salariés et leurs syndicats. Il y a une date butoir à respecter pour les responsables d’ASL qui ont signé le contrat Ariane 6 le 12 août dernier. Il faut avoir remis à la Direction Lanceurs ESA-CNES de Daumesnil toute la documentation technique pour la revue d’implémentation du programme en juillet 2016. Cette étape est décisive pour que la continuation du programme puisse être décidée en septembre par les délégués des 14 Etats qui y participent. Son issue aura, à coup sûr, un impact sur la Conseil ESA au niveau ministériel, qui se déroulera à Lucerne (Suisse) en décembre prochain 2.4. Rencontre avec Frédéric d’Allest, pionnier européen du transport spatial à des fins commerciales : extraits d’interview donnée en 2003 L’intervention de Frédéric d’Allest au Colloque Lanceurs européens était très attendue et fut des plus remarquées. Elle nous a remis en mémoire les propos qu’il nous tenait au début de 2003 pour une interview qui fut publiée en juin 2003 dans le mensuel Aerospace America. Ses propos n’ont pas pris une ride. Voici les passages les plus concernant la révolution que l’Europe avec son lanceur Ariane allait apporter pour l’accès à l’espace. Ils ont de quoi encourager les à aller plus que jamais de l’avant. Dans les années 70, les artisans de l’accès européen à l’espace ne disposaient pas d’internet, ni de portables. Il leur fallait tout inventer notamment en matière de propulseurs - les Viking qui continuent leur carrière en Inde sur les PSLV et GSLV, le WEI n°83 2015-6 - 24 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 HM7 toujours en service dans une forme améliorée pour l’étage supérieur d’Ariane 5, de l’avionique de contrôle du lanceur, des systèmes de pilotage des trois étages d’Ariane 1. Et ils l’ont fait… en sept années, avec à peine six mois de retard ! Comme quoi, impossible n’est pas français. Ce qui est de bon augure pour les promoteurs des jumeaux Ariane 6 : ils disposent d’une expertise de cinq décennies dans le développement des lanceurs, pour réussir un vol inaugural avant la fin de 2020. En tout cas, ils n’auront pas d’excuse pour ne pas tenir cette échéance. Surtout que ULA (United Launch Alliance) avec le lanceur Vulcan et MHI (Mitsubishi Heavy Industries) avec le lanceur H-3 prévoient de démontrer en 2019-2020 les performances de leurs nouveaux systèmes pour un accès commercial à l’espace. Le lanceur européen Ariane, c'est le beau succès de votre carrière spatiale ? Frédéric d’Allest : J'ai eu la très grande chance de participer à l'aventure Ariane dès les premières semaines. A l'heure où l'Europe arrêtait le programme de fusée Europa, j'étais nommé chef de projet du lanceur L3S qui reçut par la suite le nom d'Ariane. C'était en janvier 1973. Ainsi j'ai vécu cette aventure européenne depuis la phase de conception et de montage. J'ai dû convaincre les autorités du gouvernement français et de l'Europe spatiale, puis j'ai réussi à faire de cette réalisation une entreprise à but commercial. C'est vrai: Ariane a été une belle réussite de ma vie. Vous vous souvenez des défis que vous aviez à relever pour le lanceur européen Ariane ? Frédéric d’Allest : Le premier défi était de mettre sur pied un management européen. Il s'agissait de réaliser un lanceur avec la participation d'un nombre important d'industriels dans 11 pays d'Europe. Pour Yves Sillard, mon Directeur, et moi-même, c'était une grande inquiétude. Bien sûr, il y avait des problèmes techniques, de conception, de compétitivité d'Ariane. Mais ce travail était normal. Ce qui était très nouveau, c'était de réussir là avait échoué le précédent programme du lanceur Europa. Ce lanceur avait été conçu d'une manière disparate par différentes équipes techniques. Pour Ariane, il fallait assurer un management européen, avec des méthodes communes, une bonne communication, une coordination efficace, une parfaite synergie des études techniques. Nous avions pu compter sur la participation très active de l'architecte industriel qui était, à l'époque, Aérospatiale, aujourd'hui EADS [devenu Airbus Defence & Space]. Nous avons mis au point un jeu très complet de spécifications de management, qui concernaient la conception, l'ingénierie, le dimensionnement des structures, les systèmes pyrotechniques, les systèmes électriques, les procédures d'assurance qualité, les procédures de recette. Ces spécifications devaient être comprises de la même manière par des ingénieurs français, suisses, allemands, écossais... . Quels étaient les autres défis ? Frédéric d’Allest : On avait à l'époque très peu de moyens financiers. On a fait tout le développement d'Ariane 1 à partir de zéro avec un budget de 2.060 millions de francs de l'époque. Nous n'avions pas droit à des dépassements autres que les marges d'aléas que nous avions prévues dans le budget. En plus de ce défi financier, il y avait le défi politique de donner à l'Europe l'autonomie pour l'accès à l'espace. La France, surtout, et quelques pays, dont la Belgique, avaient une vision claire des enjeux stratégiques de l'espace. Nous ne voulions pas dépendre du bon vouloir des Américains ou de l'URSS. Mais tous n'étaient pas WEI n°83 2015-6 - 25 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 conscients qu'il fallait être en mesure de lancer des satellites pour des applications commerciales et pour des missions de sécurité. Ariane était un lanceur politique pour affirmer l'Europe dans l'espace. Souder cette coopération européenne était absolument vitale pour réussir le programme Ariane qui faisait d'un "package deal", aux côtés des programmes Spacelab de laboratoire réutilisable et Marots de satellites pour les télécommunications maritimes. La grande satisfaction fut de voir au fil des années que grâce à l'ESA - sa création avait été décidée en 1974 - cette solidarité européenne a été sans failles, même quand il y a eu des difficultés. Il a fallu que la France montre l'exemple en prenant en charge 60 % du développement. Pourquoi 60 % ? Frédéric d’Allest : C'est au corps défendant de la France, du CNES (Centre National d'Etudes Spatiales). Il a fallu qu'on mette 60 %, sinon on n'arrivait pas à boucler le budget. Ce chiffre a été établi par soustraction. et non par une volonté politique. On a fait le tour d'Europe à plusieurs reprises. Après de multiples négociations et marchandages avec certains pays, on a pu obtenir plus que les 38 % des 2.600 millions du budget soient pris en charge par d'autres pays. La France a dû faire la différence. Elle a dû faire plus encore. Elle a dû garantir qu'elle paierait seule les dépassements, s'il y en avait. Vous comprenez pourquoi nous étions terriblement prudents sur les choix techniques d'Ariane. C'est en contre-partie de cette garantie financière de succès que la France a demandé d'avoir la direction du programme. Si la décision a été prise en 1973, vous avez dû vous battre dans le cadre politique français pour qu'on maintienne le cap sur le programme Ariane ? Frédéric d’Allest : Absolument, la décision avait été prise en France sous la Présidence de Georges Pompidou. Celui-ci est décédé au début de 1974. Il y eut des élections présidentielles. Le nouveau président Giscard d'Estaing, élu en mai 1974, était le Ministre des Finances dans le précédent gouvernement. Il a demandé d'organiser une revue des grands programmes, comme le nucléaire, le lanceur Ariane, pour examiner s'il était bien opportun de dépenser les sommes d'argent qui étaient prévues. Nous avons été dans une position extrêmement délicate, partagés entre l'Europe et la France. Qu'est-ce qui a sauvé alors le programme Ariane ? Frédéric d’Allest : Je crois que c'est le caractère européen d'Ariane qui a sauvé le programme. Quand le Président d'Estaing nous a demandé de réexaminer l'opportunité de faire Ariane, nous avions fait la répartition industrielle et terminé les appels d'offres dans toute l'Europe. Nous avions les contrats de développement pluriannuel qui étaient prêts à être signés. Le CNES agissait au nom et pour le compte de l'ESA (Agence Spatiale Européenne). D'un côté, l'Agence nous disait: vous devez passer les contrats et vous n'avez pas le droit de révoquer les contrats. De l'autre côté, nous avions le pouvoir politique français qui disait au CNES: je vous interdis de passer ces contrats. Mais la raison a prévalu. Les rapports qu'on a rédigés, les débats qu'on a organisés, la force de conviction de Michel Bignier qui était Directeur Général du CNES ont persuadé le Président Giscard d'Estaing, qui était très Européen, qu'il s'agissait d'un beau projet pour l'Europe. D'où vient l'idée de développer un lanceur commercial, ce qui est la grande originalité d'Ariane ? WEI n°83 2015-6 - 26 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Nous savions très bien que les budgets en Europe pour les satellites gouvernementaux et institutionnels, qu'ils soient de la science, de l'observation de la Terre, de la météorologie ou les satellites militaires donnaient un nombre de lancements par an très faible. Maximum deux par an. Un lanceur de la classe d'Ariane ne pouvait pas vivre, faire tourner l'industrie, la base de lancements, les moyens d'essais en effectuant un aussi faible chiffre de vols. Ariane aurait coûté terriblement cher et à un certain moment, avec l'affaiblissement de la volonté politique, le programme aurait été arrêté. Dès le départ, se posait le défi d'en faire un lanceur commercial. Il fallait donner à ce lanceur politique un caractère de continuité en lui donnant accès au marché commercial. Pour l'Europe, à l'époque, ça paraissait présomptueux qu'on aille gagner des contrats de lancements pour des satellites de télécommunications et de télévision. Vous n'aviez sans doute pas le choix, mais comment l'Europe pouvait-elle décrocher des contrats de lancement, alors qu'elle n'avait pas démontré sa capacité de lancer de gros satellites ? Frédéric d’Allest : Dès les débuts, en 1973, l'une des premières études sur papier que nous avons faites est d'adapter l'architecture et les spécifications du système Ariane, pour qu'il puisse embarquer sans difficulté technique les satellites qui étaient conçus à l'époque pour la navette spatiale ou pour les lanceurs américains Atlas ou Delta. Nous avions pris l'option nous avons été critiqués à l'époque - d'être conservatifs et prudents en n'utilisant sur Ariane que des techniques qui étaient bien connues au niveau des essais au sol, avec les missiles stratégiques et le lanceur Diamant de la France. On n'a donc pas voulu prendre de risques avec des moteurs trop évolués. On n'a pas voulu pousser trop les spécifications. On voulait réussir du premier coup, car on avait peu de moyens financiers. Le 24 décembre 1979, succès de la première Ariane. C'est un moment mémorable pour vous ? Frédéric d’Allest : L'envol de cette première Ariane fut un moment extrêmement fort qui marque toute une vie. Pour moi et mes collègues. Nous avions pris l'option d'aller directement à l'essai d'un lanceur complet, alors que tous les étages, tous les moteurs étaient nouveaux. On a relevé le défi d'effectuer directement une mission complète. On n'avait pas pris l'approche, comme aux Etats-Unis et comme pour le lanceur Europa, de valider tous les étages un par un avec des maquettes, des simulations. Il faut dire qu'une partie importante de la presse ne croyait pas beaucoup à Ariane, que certains journaux écrivaient qu'on allait droit à un échec, à une catastrophe. On était vraiment le dos au mur, car on savait qu'on avait peu de marges financières Nous étions condamnés à réussir ou à mourir, si j'ose dire. Le programme de développement au sol a eu ses difficultés. Mais finalement on a fait le premier lancement avec six mois de retard par rapport au calendrier qu'on avait établi sept ans auparavant. Bien avant ce premier lancement et succès, la décision avait été prise de commercialiser le lanceur en créant la société Arianespace ? Frédéric d’Allest : Dès la fin de 1977, c'est-à-dire plus de deux ans avant le premier lancement, nous avions débattu avec le conseil directeur Ariane de l'ESA sur les conditions de la phase opérationnelle. Compte tenu du cycle de production des lanceurs qui était d'environ trois ans à l'époque, il fallait dès 1977 engager la production des lanceurs opérationnels. Sinon on aurait eu un arrêt des tirs. L'Exécutif de l'ESA était bien conscient qu'il fallait décider cette production, mais les délégations de l'ESA étaient réticentes parce qu'elles considéraient que préfinancer la production de lanceurs destinés à un usage WEI n°83 2015-6 - 27 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 commercial avec des crédits de recherche ce n'était pas leur vocation. C'est pour cette raison que j'ai proposé de créer une société qui est devenue Arianespace. Elle devait financer la production des lanceurs, prendre les contrats commerciaux et effectuer les lancements à ses propres risques. Les Etats avaient financé le développement, mais confiaient la phase opérationnelle à Arianespace. Vous ne manquiez pas d'audace à l'époque ? Frédéric d’Allest : En effet, c'était un projet très novateur, puisque, dans le monde entier, c'étaient les Etats qui effectuaient les lancements, étant donné les risques. Il nous a fallu plus d'un an, de 1978 à mi-1979, pour convaincre les Etats européens, les industriels - car c'étaient eux qui acceptaient d'assumer le risque - de s'engager dans l'aventure commerciale d'Arianespace. C'est au Salon du Bourget de juin 1979, six mois avant le lancement de la première Ariane, que nous avons signé un accord qui était bien sûr conditionné par les succès des premiers lancements pour la création de la société. Si on voulait commercialiser le lanceur Ariane, il fallait très vite financer un premier lot de production. Vous avez même "osé" signer le premier contrat commercial avant le premier lancement, donc en dehors d'Arianespace ? Frédéric d’Allest : A la fin des années 70, nous avions ce double problème: mettre au point le lanceur et garantir la production qu'on avait amorcée. Raymond Orye, le chef du Programme Ariane à l'ESA, et moi avions commencé de faire une série d'actions promotionnelles et nous avions décidé de négocier le premier contrat de lancement avec l'organisation Intelsat de télécommunications par satellites. Nous le faisions presque en cachette, parce qu''il n'y avait pas le moindre cadre juridique pour cette démarche. Bien entendu, le contrat n'a pas été signé en cachette au cours de l'année 1979. L'opération avec Intelsat, une fois gagnée, a été présentée aux délégations de l'ESA qui étaient vraiment heureuses qu'on puisse avoir un contrat avec un client aussi prestigieux ! En mars 1980, après le succès du premier lancement, nous signons les accords définitifs juridiques de création d'Arianespace. Comment avez-vous pu convaincre Intelsat d'utiliser un lanceur n’ayant pas encore volé ? Frédéric d’Allest : Nous avons eu de la chance. En fait, la NASA nous a facilités la tâche. Elle avait commis l'erreur de faire pression sur Intelsat avec cet argument: vous aimez les Atlas, mais on ne vous les vend plus, parce que, maintenant, nous vous proposons un engin révolutionnaire qui est le Space Shuttle. Les opérateurs des télécommunications, qui sont les actionnaires d'Intelsat, ont été choqués par cette sorte de chantage, par cette pression que leur faisait la NASA. A ce moment, la navette n'avait pas du tout fait ses preuves. Au contraire, sa mise au point rencontrait énormément de problèmes. Le moteur réutilisable SSME explosait au banc, victime d'incendies. C'était une chance de dire à Intelsat : le Space Shuttle n'a pas encore volé; Ariane non plus. Si ça se passe mal, au moins vous aurez au moins un back-up. Il faut que vous payiez le prix de ce "back-up". Nous leur avons proposé une commande ferme avec deux options. Ce qui fut le premier contrat. C'est grâce à une mauvaise tactique de la NASA que nous avons réussi à passer. Si Ariane avait été en compétition avec Atlas, ça aurait été plus difficile. La NASA commettait l'erreur de jouer "tout navette" ? WEI n°83 2015-6 - 28 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Frédéric d’Allest : Malgré les difficultés qu'ils rencontraient dans la mise au point du Space Shuttle, les Américains croyaient encore arriver à réduire les coûts. Il est vite apparu que la navette allait être un gouffre financier. Après avoir réussi la qualification du lanceur Ariane grâce aux succès des 3ème et 4èmes vols de démonstration, Arianespace s'est trouvé, en compétition avec la NASA, presque exclusivement avec la navette. Il y avait encore quelques lancements de Delta et la production des Atlas était arrêtée. C'était une compétition dure parce qu'à l'époque les Américains qui avaient promis monts et merveilles aux clients faisaient des prix très bas. Heureusement, le dollar était très fort, ce qui nous a aidés. Arianespace a pris rapidement des contrats de lancements pour des satellites sur le marché américain, auprès de sociétés privées. Les opérateurs de ces satellites se sont vite rendus compte qu'il y avait beaucoup de contraintes techniques à lancer un satellite au moyen de la navette spatiale. De plus, le manifeste de ses lancements était souvent remanié. La NASA qui avait été habituée à avoir le monopole des lancements traitait avec une certaine condescendance les clients qu'elle n'appelait pas clients mais "users", c'est-à-dire usagers. Arianespace a joué à fond le jeu commercial, en acceptant de négocier avec les clients les clauses d’un contrat commercial. Vous avez vraiment créé le transport spatial commercial, mais pour être compétitif, vous avez proposé l'astuce du lancement double ? Frédéric d’Allest : Tout à fait, ce choix extrêmement important avait été fait avant le premier lancement. Nous étions confrontés au prix très bas de la navette et nous étions incapables d'arriver à faire des offres compétitives avec des lancements simples sur Ariane 1. Donc, la solution que nous avons trouvée est celle du lancement double. Nous avons dû l'imposer car les gens étaient un peu réticents à cause des contraintes techniques et opérationnelles. Beaucoup disaient qu'on ne lancerait jamais deux satellites en même temps. Ainsi nous avons décidé dès 1977 d'adapter Ariane 1 pour en faire la version Ariane 3 conçue pour lancer deux satellites simultanément. Deux satellites de la classe Delta ou PAM-D comme on les appelait à l'époque. A partir de 1984, nous avons pratiqué des lancements doubles pour la plupart des vols. Plus des 2/3 étaient des lancements doubles de satellites. C'est cette politique qui a permis à Arianespace de décrocher des contrats pour devenir le leader du transport spatial à des fins commerciales ? Frédéric d’Allest : Même si cette politique du lancement double ne paraissait pas si simple, c'est cette politique qui a été poursuivie systématiquement et qui a été le facteur déterminant de la conception de la filière Ariane 4. On a fait évoluer Ariane 4 en performances pour adapter la configuration en lancement double aux satellites qui prenaient de la masse. Sur les premières Ariane 4, on embarquait un satellite classe PAM-D ou Delta et un satellite classe PAM-A ou Atlas. Sur les plus puissantes, deux satellites classe Atlas. Quand on a défini Ariane 5, c'était pour lancer simultanément de gros satellites de 2,8 à 3 tonnes. D'où la performance d'Ariane 5 qui est de plus de 6 tonnes en orbite de transfert géostationnaire. 2.5. Le défi, dans l’immédiat, de SpaceX : rassurer sa clientèle en réussissant jusqu’à 15 lancements de Falcon au cours de 2016 ! Space Exploration Technologies (SpaceX), l’audacieuse entreprise de l’ambitieux Elon Musk, a terminé l’année sur un succès que l’on présente comme historique : le lancement correct de 11 microsats Orbcomm destinés à une constellation pour des services de messagerie et la collecte des signaux AIS d’identification des navires, avec WEI n°83 2015-6 - 29 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 la récupération réussie d’un premier étage de la version améliorée du lanceur Falcon 9 v.1.1 (on parle par ailleurs de Falcon 9 v.1.2 ou FT/Full Thrust). SpaceX a accumulé bien des contrats de lancements pour la période 2016-2018. La demi-année de retard, dû à l’échec en vol, oblige à augmenter sa cadence de vols tout en ne remettant pas en cause la fiabilité de ses services. Ainsi 2016 pourrait être une année record pour les lancements de SpaceX. Mais difficile de déterminer le nombre de vols à effectuer. Si on se réfère au site https://spacexstats.com/ qui fournit la liste des missions qui sont envisagées, il y en aurait une vingtaine : - 17 janvier : Jason-3, satellite d’océanographie en SSO (Sun-Synchronous Orbit) depuis la base de Vandenberg (Californie) avec au moyen de la dernière Falcon 9 v.1.1 pour la NOAA, la NASA, Eumetsat et le CNES ; - 23 janvier : SES-9, satellite de télécommunications et de télévision (5,3 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 (1er étage récupérable) pour l’opérateur luxembourgeois SES ; - début février : SpaceX CRS-8 (avec le module gonfable BEAM de Bigelow Aerospace) pour la NASA afin de ravitailler l’ISS avec le vaisseau Dragon, lancé par une Falcon 9 v.1.2 ; - février : JCSAT-14 en GTO pour l’opérateur japonais SKY Perfect JSAT Corp ; - février-mars : AMOS-6 (5 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur israélien Spacecom ; - 21 mars : Space-X CRS-9 avec une Falcon 9 v.1.2 ; - mars : Eutelsat 117W B et ABS-2A à propulsion électrique, réalisés par Boeing, en GTO au moyen d’une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur français Eutelsat et l’opérateur ABS de Hong Kong ; - avril-mai : Formosat-5 pour Taïwan, SHERPA Flight-1 pour Spaceflight Industries, avec une Falcon 9 v.1.2 depuis Vandenberg pour déployer en SSO une multitude de microsats et nanosats ; - mai : vol inaugural, depuis le pad 39A du Kennedy Space Center (Floride) du Falcon Heavy dont le 1er étage et les boosters sont à récupérer ; la charge utile pour ce lancement expérimental n’est pas connue ; - 10 juin : Space-X CRS-10 pour la NASA avec une Falcon 9 v.1.2 ; - 15 août : Space-X CRS-11 pour la NASA avec une Falcon 9 v.1.2 ; - 15 septembre : STP-2 () avec un Falcon Heavy pour l’US Air Force ; - 31 octobre : SES-10 en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 ; - novembre : Es’hail-2 (3 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur EsHailSat du Qatar ; décembre : Iridium Next Flight-1 de SpaceX avec10 satellites en SSO qui sont interconnectés pour les services GSM, au moyen d’une Falcon 9 v.1.2, depuis Vandenberg AFB - 19 décembre : Space-X CRS-12 pour la NASA avec une Falcon 9 v.1.2 ; - 31 décembre : Echostar 105/SES-11 (5,4 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 ; [- fin de l’année : EuropaSat/HellasSat-3 (5,9 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur Arabsat d’Arabie Séoudite] ; [- fin de l’année ou début 2017 Inmarsat 5-F4 (6.070 kg) en GTO avec un Falcon Heavy pour l’opérateur Inmarsat :] WEI n°83 2015-6 - 30 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Falcon Heavy on Pad 39A. [- fin de l’année ou début 2017: un satellite Intelsat en GTO avec un Falcon Heavy pour l’opérateur Intelsat] Un total d’au moins 20 lancements de satellites… Mais prudence oblige : 14 à 15 seraient vraiment programmés par SpaceX pour 2016. Pareille cadence représenterait une moyenne de plus d’un lancement par mois ! Les clients de SpaceX piaffent d’impatience pour voir leurs satellites sur orbite. Surtout que SpaceX ne peut plus avoir de clients pour 2017 dont le calendrier est bien rempli. 2.6. « Première » commerciale du lanceur japonais H-II A : mise en orbite réussie du satellite Telstar 12V pour Telesat Canada Jusqu’ici, la concurrence pour le transport commercial de satellites destinés à l’orbite géostationnaire - à quelque 35.800 km à l’aplomb de l’équateur – se limitait à un trio de lanceurs : Ariane 5 d’Arianespace, Proton d’ILS (International Launch Services), Falcon 9 de SpaceX. Le 23 novembre, pour l’opérateur Telesat Canada, MHI (Mitsubishi Heavy Industries) a mis sur orbite du satellite haut débit - HTS (High Throughput Satellite) en bande Ku - Telstar 12(Vantage) qui sera positionné à 15 degrés Ouest. Son lanceur H-IIA de la JAXA (Japan Space Exploration Agency) est désormais présent sur le business des lancements pour des opérateurs privés de télécommunications et de télévision. Il sera intéressant si MHI va confirmer en 2016, avec une nouvelle commande, son entrée sur le marché global des lancements spatiaux. La JAXA et MHI préparent pour 2020 le lanceur modulaire H-III, moins coûteux, à propulsion cryogénique avec ou sans boosters à poudre. 2.7. Prolifération mondiale des projets de micro-lanceurs : le grand rendez-vous de 2018 La NASA s’intéresse encore timidement à la technologie des micro-lanceurs pour les nano-satellites. Elle a annoncé dans le cadre de son Launch Services Program (LSP) des contrats VCLS (Venture Class Launch Services) - pour un total de $ 17,1 millions WEI n°83 2015-6 - 31 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - portant sur des lancements dès 2018 d’une cinquantaine de Cubesats. Elle a décidé d’apporter son soutien à trois entreprises qui proposent une technologie « microlanceur » : Rocket Lab USA ($ 6,9 millions) pour son lanceur Electron (depuis un site en Nouvelle Zélande, qui est en construction), Firefly Space Systems ($ 5,5 millions) pour son lanceur Alpha en composites à partir du Cape Canaveral, et Virgin Galactic ($ 4,7 millions) pour son lanceur aéroporté LauncherOne. Des présentations au Congrès international d’astronautique - IAC 2015 à Jérusalem ont fait connaître une demi-douzaine de projets de micro-lanceurs bon marché, dont la mise en service est annoncée durant 2018. A l’exception de Virgin Galactic qui a un important sponsor et qui a obtenu un contrat préliminaire de lancements pour la constellation OneWeb, ces initiatives privées sont en quête d’investisseurs pour aller de l’avant. Tous annoncent des prix attractifs, mais rien au sujet des coûts de développement : - LauncherOne de Virgin Galactic (400 kg en LEO/orbite basse) est un système à 2 étages à propulsion kérolox, qui est largué entre 10.000 et 12.000 m d’altitude. Sa production en série aura lieu dans une usine nouvelle qui s’étend sur 14.000 m² près de l’aéroport de Long Beach (Californie). Un avion porteur, plus performant, a dû être choisi : après évaluation, c’est un Boeing 747-400 de la flotte de Virgin Atlantic, qui sera utilisé sous le nom de « Cosmic Girl ». Un premier vol expérimental du LauncherOne est planifié pour 2017. - Bloostar, qui a fait l’objet d’une session spéciale organisée par zero2infinity, est une initiative espagnole de fusée à trois étages à propulsion liquide (pour satelliser 75 kg en orbite héliosynchrone). Lâchée par un ballon stratosphérique à 20.000 m au-dessus de l’Océan Atlantique, elle emploiera sur ses quatre étages pressurisés un modèle identique de moteurs à hydrocarbure et oxygène liquide (6 x 15 kN sur le 1er, 6 x 2 kN sur le 2ème, 1 x 2 kN sur le 3ème). L’ingénieur Jose Mariano Lopez-Urdiales, créateur de Bloostar, a rappelé que ce mode de lancement fut utilisé dès septembre-octobre 1957 par l’US Air Force depuis l’atoll d’Eniwetok (Océan Pacifique) dans le cadre du programme Far Side de fusée à 5 étages qui lançait une expérience sur l’ionosphère à très haute altitude. Zero2infinity avec son Bloostar envisage une première satellisation dès 2018. - Le lanceur modulaire Dynetics SLV (jusqu’à 30 kg en LEO) ayant 3 étages standardisés, qui font appel à une technologie intégrée, est décrit comme le Nanosat Launcher. Son objectif est d’offrir des mises sur orbite basse pour moins de $ 1 million par lancement… Ses moteurs sous pression, dont les essais au banc sont mis en œuvre par la société Dynetics spécialisée dans des activités technologiques pour la sécurité nationale, ont l’originalité de consommer un liquide nitreux et de l’éthane. - L’Orbital Launcher (50 kg en orbite héliosynchrone) est à 3 étages avec de petits propulseurs fonctionnant à l’éthanol et à l’oxygène liquide sous pression. On doit ce micro-lanceur à la société nipponne IST (Interstellar Technologies). Elle le décrit comme le plus petit lanceur orbital du monde ($ 2,5 million par vol). IST qui a déjà fait voler des fusées-sondes depuis Taiki-cho, sur l’île d’Hokkaido, envisage la récupération du premier étage dans le Pacifique. C’est dans l’air du temps ! WEI n°83 2015-6 - 32 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 3. Télédétection/GMES 3.1. Tableau des nouvelles initiatives pour des systèmes commerciaux de télédétection/météorologie spatial: à la recherché de partenaires Il ne se passe pas un mois sans qu’un nouveau projet de constellation soit présenté en Amérique du Nord et… en Chine. Sur base du recensement que nous avons pu réaliser, voici un aperçu des systèmes commerciaux qui font appel aux investisseurs pour la surveillance de l’environnement terrestre au moyen de petits, voire très petits satellites. Nul doute qu’il faudra régulièrement mettre à jour le tableau ci-dessous. En italiques: initiative dont la mise en oeuvre reste à confirmer NOM (opérateur /Etat) AQUILA SPACE (Aquila Space + Astro Digital + Dauria Aerospace ?/USA + Russie ?) Mission Nombre des satellites des satellites - site internet (orbite) [perspective de développement] Télédétection optique multispectrale Jusqu’à 28 microsats Corvus de type Cubesat : Landmapper et haute résolution (héliosynchrone à BC avec 8 Corvus BC/Broad Coverage, LandMapper avec 20 600 km) Corvus HD/High Definition – commercialisation de microsats bon marché Corvus et de leurs équipements pour l’observation globale de façon continue http://www.aquilaspace.com/ [2 premiers microsats expérimentaux lancer en 2016 par un Soyouz – coopération avec Dauria Aerospace et son projet de constellation Perseus] BLACKSKY GLOBAL (BlackSky Télédétection optique 1 m de Jusqu’à 60 microsatellites de 50 kg – Global + Spaceflight Services + résolution en quasi direct http://www.blacksky.com/ [2 Pathfinder à lancer fin 2015, Exelis) (héliosynchrone à 450 km) puis 4 Global en 2016 comme démonstrateurs, constellation complète prévue en 2019] CONSTELLATION Télédétection optique haute Jusqu’à 16 satellites : 8 optiques et 8 radar - utilisation de GENERATION 3 (Urthecast + définition et radar dans les bandes X caméras sur l’ISS - acquisition de la société espagnole SSTL + Deimos Space/Canada + et L (héliosynchrone) Deimos Space avec ses deux satellites et archives de Espagne) télédétection https//www.urthecast.com/ [déploiement complet à l’horizon 2020] FIRESAT (Quadra Pi R2E + Surveillance du couvert végétal, afin Jusqu’à 200 senseurs thermiques à bord de nano-satellites de JPL/USA) de donner l’alerte en cas d’incendie type Cubesat ou comme charges hôtes. Premiers satellites dans le ¼ heure, au moyen de expérimentaux en 2016. http//www.firesat.info/ [système senseurs infrarouge (héliosynchrone) opérationnel en 2018] GEOOPTICS-CICERO (GeoOptics Prévisions météorologiques en 3D Community Initiative for Continuous Earth Remote + JPL + University of Colorado + grâce à la GPS Radio Occultation Observation (CICERO), avec 6 premiers microsats à la fin de Terran Orbital/USA) dans l’atmosphère (entre 500 et 750 2016. Contrat pour un nanosat de démonstration avec km) Tyvak/Terran Orbital http://geooptics.com/ http://terranorbital.com/ [jusqu’à 12 microsats en 2017, 24 en 2018] HERA SYSTEMS (Hera Systems Télédétection optique multispectrale Constellation de micro-satellites pour une vision quasi+NASA Ames/USA) avec une résolution d’1 m continue de la surface terrestre. http://www.herasys.com/ [9 (héliosynchrone) satellites à lancer dus fin 2016, avec la perspective d’en déployer jusqu’à 48] HYSPECIQ ( HySpecIQ + Boeing Observations hyperspectrales (plus 2 mini-satellites basés sur le bus BSS-502 Phoenix de Boeing /USA) de 200 bandes) à haute résolution Phantom Works http://hyspeciq.com/ [à lancer en 2018] (héliosynchrone à 500 km) ICEYE CONSTELLATION Observations radar en continu de Constellation de microsatellites équipés chacun d’un radar (à déterminer/Finlande) l’environnement terrestre pour voir à travers les nuages ; de jour comme de nuit, avec (héliosynchrone à 400 km) une rsolution de quelques mètres. http://iceye.fi/ [en 2020 ?] JILIN CONSTELLATION Télédétection optique multispectrale Constellation commerciale chinoise faite de minisats et de (Chang Guang Satellite Technology pour des prises de vues avec une microsats : projet de déployer jusqu’à 60 satellites en 2020, + CAST ?/Chine) résolution de 0,72 m en puis 137 satellites à l’horizon 2030 (1er satellite de 420 kg + 3 panchromatique, de 4 m en microsats technologiques lancés le 7 octobre 2015) [12 autres panchromatique (héliosynchrone à à lancer en 2015-2017] WEI n°83 2015-6 - 33 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 656 km) NORTHSTAR (Norstar Space Data Suivi des débris dans le cadre d’une Inc + Novawurks + stratégie SSA/Space Situational DARPA ?/Canada + USA) Awareness (à 800 km ?) Projet canadien de 40 microsats compact, dotés de senseurs hyperspectraux et infrarouges pour la surveillance du milieu spatial et pour la protection de l’environnement terrestre http://norstar-data.com/ [à lancer dès 2017] OMNIEARTH (OmniEarth LLC + Télédétection optique haute Constellation d’au moins 18 satellites pour une visite Dynetics Inc + Harris + Ball définition et multispectrale journalière des mêmes sites avec une résolution de 2 m Aerospace /USA) (héliosynchrone à 680 km) panchromatique, 5 m en multispectral, avec une fauchée de 180 km http://www.omniearth.net/ [à lancer dès 2016 ?] PLANETIQ (PlanetiQ + Blue Prévisions météorologiques de Constellation initiale de 12 microsatellites de 22 kg, basés sur Canyon Technologies) grande précision grâce à la GPS la technologie Cubesat, avec la perspective de 18 à l’horizon Radio Occultation dans l’atmosphère 2020, dont certains équipés de senseurs. Contrat avec Antrix (à 750-800 km avec 72 degrés pour lancer les 2 premiers satellites avec un PSLV. d’inclinaison) http://www.planetiq.com/ [lancements en 2016 et en 2017] PLANET LABS FLOCK (Planet Télédétection optique avec une Production en grande série de Triple Cubesats, déployés par Labs/USA) résolution de 3 à 5 m (à 400 km) NanoRacks à partir de l’ISS/International Space Station. Acquisition de la constellation RapidEye de 5 microsats https://www.planet.com/ (plus de 100 déjà satellisés !) SATELLOGIC-ALEPH/BUGSAT Télédétection optique multispectrale Constellation de microsats de 35 kg (Satellogic/USA + Argentina) pour une vision globale en continu http://www.satellogic.com/ (essais avec 2 CubeBug, 1 (à 570 km) démonstrateur BugSat-1 de 22 kg en orbite depuis juin 2014 ; lancement de 16 Aleph en avril 2016 au moyen d’une CZ-4B chinoise ; jusqu’à 300 microsats en orbite à l’horizon 2020) SKYSAT (SkyBox Imaging + Télédétection optique haute 2 démonstrateurs en orbite depuis - 15 satellites commandés Google + SSL/USA) résolution à SSL pour des lancements http://www.skyboximaging.com/ SPIRE-LEMUR (Spire Global + Prévisions météorologiques de Constellation de 20 nanosats Triple Cubesat Nanosatisfi/USA) grande précision grâce à la GPS http://www.spire.com/ (1 démonstrateur satellisé en juin Radio Occultation dans 2014, 4 premiers satellites lancés le 28 septembre 2015) l’atmosphère/Spire Stratos, [lancements prévus en 2016-2017] surveillance du trafic maritime à l’échelle globale/Spire Sense (à 500600 km) TEMPUS GLOBAL DATA Sondeurs hyperspectraux comme Développement du senseur hyperspectral, mais aucune (Tempus Global Data + Ball charges hôtes de satellites GEO (à sélection de satellite géostationnaire… Aerospace/USA) 35.800 km) http://www.tempusglobaldata.com/ [1er sondeur en 2017?] URBANONSERVER (Dauria Suivi permanent avec une résolution Constellation privée sino-russe de 10 micro-satellites de Aerospace, Russia + Cybernaut de 0,7 m du développement urbain (à nouvelle génération, basés sur la technologie des Auriga HD Investment Group, China) 500 km ?) [1er lancement en 2017] XPRESSSAR (XpressSAR, USA) Observations radar entre les latitudes Constellation de 4 satellites identiques equips d’un SAR en 40 degrés Nord et Sud, d’une bande X? http://www.xpresssar.com/ Déploiement complet résolution de 1 à 2 m, avec des en 2022. Centre d’exploitation à Miami (Floride) [lancement survols espacés d’1 à 4 heures (à 600 en 2022] km ?) © Space Information Center/Wallonie Espace 4.2. Global V(égétation) : projet de satellite sino-belge de télédétection En 1986, Jean-Paul Malingreau, ingénieur agronome belge, tirait la leçon de son expérience qu’il avait eue en Indonésie de l’évolution de l’agriculture par rapport à la forêt tropicale. Conscient de la nécessité d’avoir un suivi global de la biosphère, il lançait l’idée du système Végétation avec un senseur multispectral à large fauchée (2.250 km) à bord d’un satellite d’observation, qui donnait rapidement une vision d’ensemble de la végétation mondiale. Le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), la Commission européenne, le gouvernement belge se montraient intéressés par ce projet. WEI n°83 2015-6 - 34 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Végétation est à présent un programme qui a fait ses preuves comme première activité de la Commission dans l’espace. Le VITO, établissement flamand pour la recherche technologique qui est implanté à Mol (province d’Anvers), en devenait un acteur clef avec la mise en œuvre du CTIV (Centre de Traitement des Images Végétation). C’est cette infrastructure informatique qui gère et archive la banque de données pour le monde entier. D’abord, avec des images réalisées par deux spectromètres qui étaient charges hôtes sur les satellites français Spot-4 et Spot-5, lancés respectivement en 1998 et en 2002. Puis, avec leur successeur, plus performant, qui est le micro-satellite Proba-V (Végétation) financé par la Belgique, via l’ESA, et réalisé par la société QinetiQ Space avec Spacebel : mis sur orbite par un lanceur Vega en mai 2013, il assure la continuité opérationnelle de quelque 17 années d’informations sur l’évolution du couvert végétal terrestre. Grâce à son succès, Végétation a pris une dimension internationale au-delà de l’Europe. La Belgique était sollicitée par la Chine pour la mise en œuvre des images à grand champ pour l’évaluation permanente de l’état des cultures. Surtout que les autorités de Beijing avaient du mal à disposer des observations de satellites de la NASA concernant la crise de production du soja. C’est ainsi que le VITO et le RADI, Institut de la Télédétection et de la Terre numérique qui dépend du CAS (Chinese Academy of Sciences), ont pris l’habitude depuis 2013 de travailler ensemble sur l’exploitation des données Végétation. Cette coopération va se focaliser sur un projet conjoint de satellite qui garantira la pérennité du suivi de la biosphère depuis l’espace. Bruxelles et Beijing ont décidé de développer ensemble le mini-satellite Global Vegetation. En juin dernier, lors de la visite d’une importante délégation de chercheurs et industriels belges en Chine, un protocole d’accord était signé en présence du Roi Philippe et du Président Xi Jinping. Prévu pour un lancement en 2018-2019 avec une fusée chinoise Longue Marche 2D, le Global Vegetation de 400 à 500 kg combinera une plate-forme SAST 1000 de la Shanghai Academy of Spaceflight Technology, l’instrument belge Vegetation d’OIP Sensor Systems, ainsi qu’un senseur infrarouge « made in China ». Le VITO prévoit par ailleurs que soit développé, dans le cadre de l’ESA, un second satellite Global Vegetation : basé sur un bus européen, cet œil sur le couvert végétal de la planète, pourrait être satellisé en 2020-2021. Reste à en trouver le financement. 4.3. Le Gaofen-4 chinois : la résolution décamétrique gagne l’orbite géostationnaire (36.000 km d’altitude) C’est la Chine qui a clôturé l’année des lancements 2016 avec la satellisation du Gaofen-4 (GF-4) de 4,6 t: c’est le premier observatoire géostationnaire qui permet de voir la surface terrestre avec une résolution de 50 m depuis une position géostationnaire à quelque 35.800 km au-dessus de l’équateur. Le satellite chinois, équipé d’un télescope qui est capable de prendre des images d’une zone de 7.000 km x 7.000 km avec une résolution de 50 m dans le visible et de 400 m dans l’infrarouge, constitue une « première » technologique. Il est mis en œuvre dans le cadre du WEI n°83 2015-6 - 35 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 développement de CHEOS (China High-resolution Earth Observation System). Les satellites de météorologie qui sont placés en GEO nous ont habitués à des prises de vues avec une résolution de 1 km ou de 3 km tous les quarts d’heure ou demi-heures. Pour l’heure, l’ESA et Eumetsat, la NOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration), la JAXA (Japon), le KARI (Corée du Sud) n’envisagent pas (encore) d’exploiter de tels observatoires géostationnaires offrant une résolution décamétrique. Seule l’ISRO (Indian Space Research Organisation) est en train de réaliser le GISAT (Geo Imaging Satellite) pour un lancement en 2017, avec son lanceur GSLV MkII depuis l’île de Sriharikota. Ce satellite de 2,1 t, basé sur une plate-forme I-IK modifiée, sera équipée d’un télescope avec un imageur qui a fait ses preuves sur le satellite Cartosat-2 en orbite héliosynchrone. Il pourra observer toutes les demi-heures avec des résolutions de 50 m dans le visible et proche infrarouge, de 320 m en mode hyperspectral, de 1,5 km dans la bande infrarouge. Comme quoi, c’est l’Asie qui montre l’exemple pour observer la Terre avec une résolution décamétrique depuis l’orbite GEO. 4. Télécommunications/télévision Le premier comsat du Bangladesh : un satellite Spacebus 4000B2 réalisé à Cannes par Thales Alenia Space pour un lancement fin 2017 Bangabandhu-1 est le nom du premier satellite du Bangladesh : destiné aux télécommunications et à la télévision dans les bandes C (14 répéteurs) et Ku (26 répéteurs), il doit être positionné depuis 119 degrés Est en décembre 2017. La Bangladesh Telecommunications Regulatory Commission (BTRC) a passé commande à Thales Alenia Space (Cannes) de ce comsat qui utilisera une plate-forme Spacebus 4000B2. Thales Alenia Space Belgium, à Charleroi contribuera à ce satellite avec une nouvelle avionique comprenant la PCU NG, 2 SDIU Mk2, 3 PPU et des TWTA Dual Flex. Son lancement devrait être confié prochainement à Arianespace pour un vol Ariane 5 ECA. Il est impératif que Bangabandhu-1 soit en GEO avant 2018 pour que le Bangladesh puisse conserver ses droits sur la position et les fréquences qu’il a enregistrées auprès de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications). Des Etats, de plus en plus nombreux, font valoir leur droite de souveraineté pour des positions sur l’orbite géostationnaire qui est ressource naturelle pour tous les Terriens. Tout en désignant un opérateur national, ils ont passé commande d’un satellite de télécommunications pour l’exploiter en GEO dans les trois ans à venir. La plupart ont signé des contrats pour des livraisons « clefs sur portes » avec la CGWIC (China Great Wall Industry Corp) qui est l’office d’exportation de la CASC (China Aerospace Corp) ; ces satellites dits nationaux feront partie du système global que la Chine est en train de déployer sur l’ensemble du globe : - Le Bélarus, qui a mis sur pied Belintersat, prévoit d’avoir dès cette année son comsat « made in China » (un bus DFH-4 avec 20 répéteurs en bande C et 18 en bande Ku) ; WEI n°83 2015-6 - 36 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - En Bulgarie, la société Bulgaria Sat a commandé un satellite TV en bande Ku à SSL (ex-Space Systems Loral) pour un lancement SpaceX fin 2016 ou début 2017. - L’Angola a décidé d’acquérir son premier satellite auprès de l’industrie russe des systèmes spatiaux : AngoSat-1 a été commandé à RKK Energia pour une satellisation sur Angara A5 en 2017. - L’Algérie a discrètement finalisé un contrat avec la CGWIC pour la mise sur orbite d’Alcomsat-1 (bandes C et Ku) durant 2017. - Le Nicaragua, grâce à la technologie chinoise, doit mettre en service durant 2017 le Nicasat-1, mais peu d’informations ont filtré sur ses caractéristiques. - La République démoratique du Congo compte disposer en 2018 du Congosat-01 fourni par la Chine. 5. Navigation/Galileo 5.1. Parc d’Affaires « Galaxia » à Transinne : bienvenue au centre de soutien logistique intégré du système Galileo La vocation de Libin-sur-espace va se renforcer. Avec le Centre ESA de Redu qui sert au contrôle de satellites ainsi qu’aux tests sur orbite de chaque satellite de navigation Galileo. Non loin du Centre ESA, en bordure de l’autoroute E411 qui relie les capitales européennes de Bruxelles et de Luxembourg, a pris forme un complexe éducatif permanent avec l’Euro Space Center de Transinne (autre village de l’entité communale de Libin). Fonctionnant depuis juin 1991, il connaît un beau succès avec des classes de l’espace pour jeunes et adultes, ainsi qu’avec un parcours multimédia sur l’odyssée spatiale. On vient du monde entier – notamment d’Inde et de Chine – pour se familiariser à l’astronautique. Et juste à côté, un complexe moderne de type modulaire, alimenté par une muraille de panneaux solaires, accueille le centre d’entreprises « Galaxia » dédié aux applications spatiales intégrées (navigation, liaisons mobiles, géo-management…). L’ESA a décidé d’y implanter l’un des deux incubateurs technologiques belges: l’ESA BIC (Business Incubation Centre) Redu. En 2016, le « Galaxia » Business Park doit connaître un nouvel essor dans le domaine de la navigation par satellites en se mettant au service de la Commission européenne pour les activités de maintenance du système Galileo. La Belgique, avec la Région Wallonne soutenue par le groupe intercommunal de développement économique Idelux, avait présenté la candidature du site de Transinne pour accueillir le Galileo Integrated Logistics Support Center : il s’agit du centre de logistique du segment sol Galileo qui comprend une quarantaine de stations de référence du temps, dites GSS (Galileo Sensor Stations), sur l’ensemble du globe. Elle avait comme concurrence la République Tchèque qui a à Prague le siège social et administratif de la GSA (European Global Navigation Satellite System Agency), le gestionnaire du système pour la Commission. Finalement, après que les évaluations des offres donnaient la préférence à l’offre belge dont l’expertise avait la meilleure base, le gouvernement tchèque a annoncé récemment qu’il préférait renoncer. WEI n°83 2015-6 - 37 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Reste à la Commission européenne à officialiser le choix du parc d’affaires « Galaxia » de Transinne. Ce sera chose faite au 1er trimestre de 2016. A charge pour la Belgique de construire le bâtiment approprié à travers des cofinancements. Le groupe Idelux se verra confier cette construction sur mesure - il s’étendra sur 2.000 m² - du centre de soutien logistique intégré. Mis à disposition de la Commission, il est conçu pour être opérationnel pendant une vingtaine d’années. Il faudra désigner l’opérateur de ce centre. La société Vitrociset Belgium, qui est implantée à Redu et Transinne depuis des décennies, est bien positionnée pour jouer ce rôle qu’elle prépare depuis le démarrage du programme Galileo. Elle est déjà impliquée dans la sécurisation des signaux Galileo. Elle assure la fourniture d’équipements GSS dans le monde dans le cadre du consortium européen SpaceOpal, formé par Telespazio (avec Thales Alenia Space Deutschland) et le DLR. 5.2. Une décennie de Galileo sur orbite : le système de navsats civils à grandes performances prend (enfin !) forme pour des services fin de l’année L’ESA a rappelé sur son site que le premier satellite Galileo avait été lancé le 28 décembre 2005, il y a dix ans, par une fusée Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour. Il s’agissait de GIOVE-A (Galileo In-Orbit Validation Element-A), un prototype expérimental de 602 kg, réalisé en un temps record par SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd), pour opérer dans les bandes L de la navigation par satellites et pour tester sur orbite les horloges au rubidium. A noter que GIOVE-A fonctionne toujours pour des expériences de télécommunications. Il a fallu attendre 28 mois – jusqu’en avril 2008 pour que soit satellisé le GIOVE-B de 525 kg, réalisé par Airbus Defence & Space (charge utile, proche des satellites Galileo IOV/In-Orbit Validation) et par Thales Alenia Space (plate-forme). Entre octobre 2011 et octobre 2012, quatre lancements Soyouz depuis le Centre Spatial Guyanais ont permis de placer en MEO les quatre Galileo IOV. Le 22 août 2014, on a commencé le déploiement, par paire sur un Soyouz guyanais, des Galileo FOC de 732 kg qui sont réalisés par OHB System (maître d’œuvre) et SSTL (charge utile). Les deux premiers, placés sur une orbite incorrecte, ont un fonctionnement parfait mais ne peuvent vraiment rendre des services opérationnels. De mars 2015 à décembre 2015, ce sont six Galileo FOC qui ont été satellisés de façon précise. En tout, le système compte en opération trois Galileo IOV – l’un d’eux est handicapé par une dégradation sérieuse de son alimentation en électricité -, deux Galileo FOC sur une mauvaise trajectoire, six Galileo FOC qui donnent de bons résultats. Les deux derniers subissent leurs tests sur orbite depuis le Centre spatial de Redu, avec le support de RSS (Redu Space Services). Cet automne, une Ariane 5 ES, spécialement aménagée pour lancer quatre Galileo FOC, servira à satelliser un premier quatuor. A la fin de 2016, le système Galileo devrait mettre en œuvre treize satellites en ordre de marche pour que les premiers services opérationnels puissent être proposés par la GSA (European Global Navigation Satellite Systems Agency). WEI n°83 2015-6 - 38 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 6. Sécurité & Espace/Défense spatiale Conséquence des attaques terroristes à Paris : renforcement des systèmes spatiaux français pour la défense et la sécurité La DGA (Direction Générale à l’Armement) de France, soutenue par le Ministère de la Défense, a passé commande de nouveaux satellites à usage militaire. Paris, victime des attentats terroristes qui ont été commandés par l’Etat Islamique, alias Daech (non reconnu au niveau international), s’est engagé dans un une lutte à outrance contre les menées sanguinaires et destructrices de ces pirates du XXIème siècle. Il lui faut se doter de systèmes de plus en plus performants pour éradiquer ce mouvement qui sème la terreur, notamment en Europe. Des contrats avec l’industrie français ont été finalisés pour deux programmes de satellites militaires : - La France va se doter – elle aimerait y associer ses partenaires européens - d’une capacité militaire d’écoute et de surveillance depuis l’espace. Pour la prochaine décennie, elle aura déployé au-dessus de nos têtes le trio CERES (Capacité de Renseignement Electromagnétique Spatiale) d’espions ELINT (Electronic Intelligence). La DGA (Direction Générale de l’Armement) a choisi de confier sa réalisation à Airbus Defence & Space (maîtrise d’œuvre, charge utile) et à Thales Alenia Space (plate-forme). Les trois satellites seront lancés sur Vega-C (1ère commande) en 2020. CERES, qui a un budget de quelque 340 millions €, tire parti de l’expérience acquise par Airbus Defence & Space avec les quatre micro-satellites Essaim lancés en décembre 2004 et les quatre petits démonstrateurs ELISA (Electronic Intelligence by Satellite) satellisés en décembre 2011. - Une suite est donnée avec le contrat Comsat NG (Nouvelle Génération) de quelque 800 millions € aux satellites Syracuse-3A et -3B de télécommunications en orbite géostationnaire depuis octobre 2005 et août 2008. Deux satellites « tout électriques » opérant dans les bandes X et Ka ont été commandés à Thales Alenia Space (65 % du contrat), comme maître d’œuvre - TAS Belgium fournira pour Spacebus Neo 1 PCU NG, 2 SDIU Mk2 et 3 PPU Mk3 - , mais ils seront réalisés conjointement avec Airbus Defence & Space (35 %). Lancés par de Ariane 5 ou Ariane 6 durant la période 20202022, ces comsats de 3,5 t présentent la particularité d’utiliser deux plates-formes différentes : Eurostar-3000EOR et Spacebus Neo. Par ailleurs, le CNES et la DGA ont lancé le développement THR-NG (Très Haute Résolution – Nouvelle Génération) de satellites d’observation à usage dual qui doivent prendre la relève des deux Pleïades HR sur orbite. Jusqu’à trois satellites CSO (Composante Spatiale Optique) sont en développement pour des lancements entre 2018 et 2021 ; le troisième a été commandé par la Bundeswehr. Rappelons que Sonaca réalise la structure des satellites CSO pour le maître d’œuvre Airbus Defence & Space. 7. Science/Cosmic Vision 7.1. Les Liégeois à l’heure martienne : grâce aux chercheurs du LPAP (Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire) de l’ULg WEI n°83 2015-6 - 39 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 La Planète Rouge est déjà - avant l’envol de la sonde russo-européenne ExoMars 2016 prévu le 14 mars – une vedette du Département AGO (Astrophysique, Géophysique et Océanographie) de l’Université de Liège. En 2015, les chercheurs du LPAP (Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire) ont fait connaître dans des articles scientifiques les résultats de leurs travaux d’analyse des données collectées autour de Mars par les sondes Mars Express (ESA) et MAVEN (NASA). Ils sont impatients de voir en orbite martienne ExoMars 2016 ; sa partie TGO (Trace Gas Orbiter) est équipée du triple spectromètre NOMAD (Nadir and Occultation for MArs Discovery). Cet instrument a été conçu par l’Institut royal d’Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB), réalisé avec OIP Sensor Systems (Oudenaarde) et Amos (Liège), testé au CSL (Centre Spatial de Liège). - Le Prof. Jean-Claude Gérard, spécialiste du phénomène des aurores, et Lauriane Soret, chercheuse FNRS au LPAP, ont procédé à une analyse détaillée de dix années de 2004 à 2014 - des données de l’instrument SPICAM (Spectroscopy for the Investigation of the Characteristics of the Atmosphere of Mars) à bord de Mars Express, qui évolue autour de la Planète Rouge depuis décembre 2003. Ils ont mis en évidence des aurores « discrètes » sur Mars, alors qu’elle est dépourvue de champ magnétique, responsable des manifestations aurorales. SPICAM est un spectromètre imageur qu’a conçu et fourni l’IASB (Institut royal d’Aéronomie Spatiale de Belgique)-BISA (Royal Belgian Institute for Space Aeronomy) pour procéder à des observations atmosphériques dans l’UV (0,118 à 0,320 µm) et dans l’infrarouge (1 à 1,7 µm). Son principal objectif consistait en la détermination 3D, en fonction de l’altitude, des composants et de la température de l’atmosphère martienne. En passant en revue ce qui avait été observé lors de survols de Mars, L. Soret a pu déceler une vingtaine d’aurores discrètes dans l’hémisphère austral martien. Il s’agit bien de réactions chimiques qui induisent des émissions lumineuses. - Le jeune chercheur Arnaud Stiepen a étudié l’atmosphère martienne avec la sonde américaine MAVEN (Mars Atmosphere & Volatile EvolutioN) qui évolue autour de la Planète Route depuis septembre 2014. Pour son post-doctorat, il a passé une année – de septembre 2014 à octobre 2015 - à l’Université de Colorado à Boulder. En ayant accès aux observations de la NASA, il a fait la découverte d’aurores « diffuses » dans l’Hémisphère Nord de Mars. Il s’est par ailleurs illustré avec une découverte majeure sur l’évolution qu’a connue l’atmosphère martienne : une érosion progressive est due depuis 3,5 milliards d’années à l’impact des ions et électrons provenant du Soleil. Au cours des décennies à venir, les chasseurs d’aurores à l’ULg devraient en avoir plein les yeux. D’ores et déjà, dans le cadre d’une collaboration entre les instituts fédéraux et les universités régionales, les chercheurs du LPAP à Liège et de l’IASB à Bruxelles se trouvent mobilisés pour faire progresser la science des phénomènes lumineux qui se produisent dans l’atmosphère des planètes. La Politique scientifique belge a retenu parmi les actions de recherche thématique pour des réseaux interdisciplinaires le projet SCOOP (towards a SynergistiC study Of the atmOsphere of terrestrial Planets). Ayant démarré en décembre 2014 pour une période de cinq ans, WEI n°83 2015-6 - 40 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 il exploitera notamment les données de l’instrument NOMAD à bord de la sonde TGO d’ExoMars 2016. 7.2. Vingt années d’observations de notre étoile : fruit d’une collaboration entre la NASA et l’ESA Vous voulez revoir l’activité du Soleil sur deux décennies. Allez sur le site SOHO (Solar & Heliospheric Observatory) - http://sohowww.nascom.nasa.gov/ - et vous découvrirez les images prises toutes les demi-heures par son instrument EIT (Extreme ultraviolet Imaging Telescope). L’observatoire spatial de notre étoile a été réalisé conjointement par l’ESA et la NASA, les industriels et chercheurs européens et américains. Il est positionné sur le point L1 à 1,5 millions de km de la Terre (du côté Soleil) depuis décembre 2005 et continue de remplir sa mission jusque fin 2016. Savez-vous que EIT est un instrument de l’ESA, réalisé avec une importante participation du CSL (Centre Spatial de Liège) ? Il ne cesse de produire chaque jour des vues spectaculaires du disque solaire. 8. Exploration/Aurora 8.1. Les années 2020 : une décennie prodigieuse pour les préparatifs d’un retour sur la Lune (Russie) et d’une expédition sur Mars (Etats-Unis) Il est toujours permis de rêver. Et la NASA ne s’en prive pas. Ces dernières semaines, il a été beaucoup question de son lanceur lourd, le SLS (Space Launch System) qui permettra d’expédier le vaisseau MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle), dit Orion, WEI n°83 2015-6 - 41 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 autour de la Lune, vers un astéroïde, puis pour une expédition sur Mars (dans les années 2030). Voici un plan des EM (Exploration Missions) établi par la NASA pour les cinq premières années de la prochaine décennie. Alors que Charlie Bolden, administrateur de la NASA, inscrit la Planète Rouge comme priorité pour la coopération internationale, la Russie projette le retour des Terriens avec des femmes et hommes russes – sur la Lune. Il est question de voir un véhicule d’atterrissage lunaire de Russie se poser sur la Lune en 2029. Mais les réductions budgétaires, dues à la chute du prix du pétrole, affectent le programme spatial de Roscosmos. Dr Johann Woerner, directeur général de l’ESA, appelle de ses vœux la coopération internationale - avec la Russie, la Chine, l’Inde… - pour installer un « village lunaire » dès 2030. L’ère post-ISS - après 2024 – sera un sujet de discussions entre grandes agences spatiales durant cette année. 8.2. Atlas indien de Mars : sur base des images remarquables de la sonde MOM L’aurait-on perdu de vue ? L’Inde est bien présente autour de la Planète Rouge avec sa sonde MOM (Mars Orbiter Mission), qui fut lancée par une fusée PSLV XL le 5 novembre 2013 et qui s’est placée en orbite martienne le 24 septembre 2014. Pour célébrer le 1er anniversaire de MOM autour de Mars, l’ISRO (Indian Space Research Organisation) avec le SAC (Space Applications Centre) a publié un album de photos prises la Planète Rouge. Sous le titre de « Mars Atlas », ce témoignage très didactique sur la présence de l’Inde autour de Mars contient de superbes images du monde martien, observé par la MCC (Mars Colour Camera) de MOM. On peut le télécharger en allant sur le site de l’ISRO. 9. Vols habités/International Space Station/Microgravité 9.1. Reprise américaine des vols spatiaux habités: la NASA recrute une nouvelle classe d’astronautes WEI n°83 2015-6 - 42 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Ayant obtenu le financement nécessaire du CCP (Commercial Crew Program) de vols spatiaux habités avec des vaisseaux privés - $ 1.244 millions dans son budget 2016 -, la NASA peut aller de l’avant avec le recrutement d’une nouvelle classe d’astronautes. Jusqu’en 2018, pour aller dans l’espace, les astronautes de la NASA devaient dépendre du vénérable – certes modernisé – Soyouz de la Russie (Roscosmos/RKK Energia). Boeing avec le CST Starliner ainsi que SpaceX avec le Crew Dragon/Dragon V2 ont été choisis par la NASA pour assurer la desserte de l’ISS (International Space Station). De son côté, la NASA a confié à Lockheed Martin le développement de son vaisseau MPCV Orion (Multi-Purpose Crew Vehicle), pour un équipage de 4 astronautes, destiné à l’exploration lointaine du système solaire. Le sticker publié pour lancer l’appel aux candidats-astronautes montre bien trois destinations : la station spatiale, la visite d’un astéroïde, la découverte de Mars. Pas de Lune au programme… « Be an astronaute » : la NASA accepte les candidatures depuis le 15 décembre jusqu’au 18 février. Jobat.be, site d’offres hebdomadaires d’emplois, a cru bon répercuter l’information. Il omet de préciser que la première condition pour déposer sa candidature est d’être un citoyen qualifié des Etats-Unis ! Si vous avez la double nationalité, vous pourrez sans doute vous signaler à la NASA. NASA begins accepting applications for a new class of astronauts who will fly Commercial Crew spacecraft. Credits: NASA 9.2. Le Dream Chaser européanisé… pour voler sur le lanceur Ariane 5 ? Sierra Nevada Corporation (SNC) va-t-il réaliser le rêve de la navette européenne Hermès ? Lors des conférences de Space Tech Expo Europe à Brême, il fut question des rencontres UGART (US-German Aerospace Round Table) en faveur d’une coopération plus étroite entre les Etats-Unis et l’Allemagne dans l’espace. On y aborde ce que sera l’après ISS (International Space Station), quels seront les prochains robots sur Mars, quel avenir pour le partenariat DLR-OHB-SNC concernant le Dream Chaser… L’entreprise américaine propose à la NASA l’emploi en mode automatique d’un planeur réutilisable, de type « lifting body » (structure portante), pour répondre à l’appel d’offres CRS-2 (Commercial Resupply Services – contrat 2) de ravitaillement de la station spatiale internationale avec des systèmes privés. Elle est en compétition WEI n°83 2015-6 - 43 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 avec Orbital ATK et son ravitailleur Cygnus (auquel contribue Thales Alenia Space Italia), ainsi qu’avec SpaceX et sa capsule récupérable Dragon. La NASA a postposé jusque fin janvier 2016 son choix des entreprises qui fourniront les services de ravitaillement privé pour la période 2018-2024. SNC souhaite l’européanisation du planeur spatial Dream Chaser. Elle a annoncé à Brême que si son offre était retenue par la NASA pour le contrat CRS-2, elle s’efforcerait d’associer des entreprises européennes à sa mise en œuvre. Alors que le Dream Chaser est conçu pour voler à bord d’un lanceur Atlas 5 d’ULA (United Launch Alliance), elle est intéressée par des lancements Ariane 5. Le DLR (Deutsche Zentrum für Luft- und Raumfahrt) et SNC ont, en avril dernier, renouvelé pour deux ans leur coopération sur les missions du Dream Chaser en Europe. OHB à Brême a réalisé une étude de faisabilité sur l’utilisation européenne du planeur spatial réutilisable. Verra-t-on l’ESA - dont le Directeur Général présidait le DLR au moment de la signature du partenariat avec SNC – se faire le chantre du Dream Chaser pour amener vers l’ISS et en faire revenir non seulement des charges mais aussi des équipages ? Rendez-vous au début de 2016 ; l’engagement pris par la NASA de s’en servir afin de ravitailler la station s’avère décisif pour l’avenir du planeur du SNC. 10. Débris spatiaux/Space Situational Awareness (SSA) Let’s go Clean Space : la proposition de « dépollueur » e.deorbit au menu du Conseil ESA, au niveau ministériel ESA de Lucerne La multiplication, à des fins scientifiques, technologiques, voire économiques (comme la constellation Outernet avec la firme écossaise Clyde Space), des micro-sats, voire de Cubesats (que d’aucuns affublent du sobriquet de « debri-sat »), soulève la question des moyens de dépolluer l’environnement spatial. Par ailleurs, des satellites toujours sur orbite n’ont pas été conçus pour résister aux forts écarts de température, si bien qu’ils peuvent se disloquer en plusieurs débris… L’ESA montre la voie à suivre avec son initiative Clean Space qui a le soutien des grands constructeurs de satellites en Europe. Sa mission e.deorbit d’un satellite « dépollueur » à l’horizon 2020 est en cours de définition pour un financement à décider lors du Conseil ESA au niveau ministériel le 1er et 2 décembre 2016 à Lucerne (Suisse). Par ailleurs, les constructeurs de systèmes pour le transport spatial réfléchissent à des concepts de réutilisation soit d’étages, soit des propulseurs. Plus que jamais, l’activité dans l’espace se trouve à une croisée de chemins. 11. Tourisme spatial/véhicules suborbitaux « Première » historique de Blue Origin : le discret patron d’Amazon se paie un lanceur récupérable pour vols touristiques La secrète entreprise Blue Origin de Jeff Bezos, le fondateur et patron d’Amazon, estelle en train de prendre de court les prétendants trop connus Virgin Galactic (avec le WEI n°83 2015-6 - 44 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 planeur-fusée aéroporté SS2) et XCOR (avec le Lynx MkII) qui sont apparemment en perte de vitesse ? Parti bon dernier, Jeff Bezos avec Blue Origin sera-t-il la première à faire voler des touristes à plus de 100 km d’altitude ? En progressant dans un secret digne de la cosmonautique soviétique, il a réussi son audacieux pari de développer une fusée réutilisable à propulsion cryogénique. En créant en l’an 2000 la société Blue Origin, le milliardaire Jeff Bezos, fondateur et patron d’Amazon.com, rêvait de mettre l’espace à la portée du plus grand nombre. Il a acquis un vaste ranch à Van Dorn, au Texas, pour tester des fusées. Il a mis sur pied une équipe motivée d’ingénieurs de haut niveau, dont la devise latine est « Gradatim Ferociter ! ». C’est-à-dire « pas à pas, avec force » pour les quelque 400 employés de l’entreprise. L’ambitieuse mission est de développer un système économique d’accès à l’espace, depuis les propulseurs jusqu’à des éléments réutilisables. Sur fonds privés, sans l’aide des instances fédérales, notamment de la NASA, ce projet a pris forme à pas feutrés, dans un secret digne de la celui qui marqua le programme spatial soviétique au temps de la guerre froide ! Ces derniers mois, Blue Origin s’est révélé un acteur clef dans le transport spatial. Défiant le motoriste Aerojet qui a fait ses preuves, elle a réussi à vendre à ULA (United Launch Alliance), entreprise conjointe de Boeing et de Lockheed Martin pour l’exploitation des lanceurs Atlas et Delta, son moteurfusée BE-4 fonctionnant à l’oxygène liquide et au méthane. Celui-ci équipera le 1er étage du nouveau Vulcan (1er vol prévu en 2019). Le 23 novembre 2015, à la surprise générale, c’était l’annonce, avec vidéo à l’appui, du premier aller-retour réussi, jusqu’à 100 km d’altitude, de sa fusée New Shepard (en l’honneur du premier Américain qui a effectué le 5 mai 1961 un vol suborbital à bord d’une capsule Mercury). La fusée qui utilise le propulseur BE-3 à oxygène et hydrogène liquides est revenue se poser en parfait état, pour pouvoir revoler. Il aura donc fallu attendre plus de 73 années avant de voir une fusée revenir intacte après avoir frôlé la frontière de l’espace ! La première fusée à liquides, capable d’aller dans l’espace, fut la V2 nazie de sinistre mémoire : son lancement réussi, depuis le centre militaire de Peenemünde sur les bords de la Baltique, remonte à octobre 1942… (*) Mais comme toutes ses consoeurs qui prenaient leur envol vers l’espace, elle ne servait qu’une fois ! Les lanceurs qui lui ont succédé voient leurs étages, une fois leur action terminée, retomber en mer ou au sol. Un mois plus tard, c’était au tour de SpaceX de faire revenir, au prix d’une incroyable acrobatie - retournement à la vitesse supersonique - le 1er étage de son Falcon 9 v1.1 Upgraded. Dans les mois à venir, le système New Shepard va effectuer régulièrement des bonds à la lisière du monde spatial. Il servira à emporter des équipements pour des expériences en microgravité. En 2017, si ses lancements ne posent aucun problème, il pourra emmener un équipage de six touristes de l’espace. Jeff Bezos, qui a de la suite dans les idées, prépare le lanceur Very Big Brother pour des mises sur orbite à partir du complexe 36 au Cape Canaveral, sur la côte de Floride. Son premier étage, équipé de propulseurs BE-4, sera réutilisable. Le second sera dérivé de la fusée New Shepard. Sa mise en service est attendue pour 2020. Décidément, à l’heure du « Nouvel Espace », le privé fait la leçon au public. WEI n°83 2015-6 - 45 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 (*) Le 3 octobre 1942, l’Allemagne nazie faisait voler la fusée V2 (arme de la vengeance) jusqu’à 84,5 km d’altitude, qui était un record d’altitude à l’époque. Au cours de la Seconde Guerre, le 20 juin 1944, elle allait atteindre près de 175 km. 12. Petits satellites/Technologie/Incubation Compte-rendu Space Tech Expo Europe à Brême Mutation en cours sur orbite : vive l’ère « New Space » ! Notre quotidien s’est peu à peu mis à la mode de l’intelligence mobile, en poche ou sous la main. Sous forme de smartphones et de tablettes de plus en plus performants qui vous aident non seulement à communiquer partout, mais aussi à vous informer, piloter, localiser… Nous sommes bel et bien entrés dans l’ère des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). La dimension spatiale, qui contribue à leur essor avec les satellites, démontre des systèmes en pleine mutation. On entre dans l’ère du « New Space » ou « Nouvel Espace », marquée par un souffle d’innovations qui ont pour noms : composants miniaturisés, matériaux ultra-légers, intelligence de bord, logiciels de modélisation, fabrication 3D de structures, calibration de haute qualité, services à grande réactivité… Du coup, la libre entreprise doit compter désormais sur cette nouvelle donne d’activités innovantes, avec emplois à valeur ajoutée. Il lui faut s’adapter à cette créativité stimulée par les systèmes spatiaux pour l’exploration, les applications et le transport sur orbite. Et la technologie de progresser très vite. Les grands donneurs et exécutants d’ordres pour des missions spatiales ne sont plus seuls à rythmer la cadence. On voit éclore de jeunes pousses au sein d’incubateurs (comme WSL à Liège depuis 15 ans), avec des aides à l’investissement, sous l’impulsion de programmes de recherche et développement, tels que les Plans Marshall via le Pôle Skywin Wallonie et la stratégie Horizon 2020 de l’Union européenne. Interviewé par l’hebdomadaire Le Vif pour un dossier sur l’activité spatiale belge, Etienne Pourbaix, directeur du Pôle Skywin, constate : « La miniaturisation des satellites a ouvert le marché à de nouveaux acteurs potentiels pour la Wallonie. Et sur cet aspect, nous sommes complémentaires à l’ESA. » D’entreprenants Wallons à Brême C’est aux Etats-Unis, notamment dans la Silicon Valley de Californie, qu’a pris forme le phénomène « Nouvel Espace ». Il déferle à présent sur l’Europe. Comme l’a montré dans la cité hanséatique de Brême l’initiative américaine Space Tech Expo qui, pour sa première édition européenne, a attiré quelque 2.600 participants. Du 17 au 19 novembre, plus de 200 sociétés du business aérospatial, dont une majorité de PME, démontraient leur dynamisme au service de l’innovation pour les produits et services. En tirant parti du défi spatial comme outil scientifique, stimulant technologique, acteur économique. WEI n°83 2015-6 - 46 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 La Région Wallonne se veut partie prenante dans l’évolution en cours, avec la présence de Skywin au Space Tech Expo Europe (*). Un superbe stand faisait la promotion des compétences du CSL (Centre Spatial de Liège), de FFT (Free Field Technologies), SABCA, Sonaca, Timelink Microsystems, Thales Alenia Space Belgium. Par ailleurs, les PME liégeoises V2i et Optrion, désormais jumelées, exposaient leur expertise en métrologie optique avec des solutions aux problèmes liés à la dynamique des structures. Cubesats à la hongroise La Hongrie, devenue le 15 novembre le 22ème Etat membre de l’ESA, était présente avec la start-up spatiale C3S LLC qui propose une plate-forme légère « sur mesure » de nano-satellite Cubesat. Démocratisation et prolifération Trois journées de conférences, ponctuées par des présentations de l’ESA, des agences spatiales DLR (Allemagne) et CNES (France), d’industriels européens et américains, mirent en évidence l’impact des rencontres UGART (US-German Aerospace Round Table) sur la coopération entre les Etats-Unis et l’Allemagne dans l’espace. Il est question de l’après ISS (International Space Station), des prochains robots sur Mars, du partenariat DLR-OHB-SNC (Sierra Nevada Corp) pour européaniser le planeur spatial Dream Chaser (avec Ariane 5 comme lanceur possible ?). Elles ont surtout permis de prendre la mesure du « Nouvel Espace » comme facteur de démocratisation des systèmes spatiaux. L’objectif est de rentabiliser la créativité face aux défis que pose l’exploitation intensive de l’environnement spatial. - La miniaturisation continue de composants qui offrent des performances à la hausse fait que des micro-satellites sont capables de remplir des missions de plus en plus ambitieuses au-dessus de nos têtes. On mise même sur des Cubesats de 5 à 20 kg pour remplir des missions qui, jusqu’ici, exigeaient l’emploi d’importants outils sur orbite. On peut. Conscients qu’il est possible de faire mieux avec du plus petit, de nouveaux entrepreneurs se lancent dans les affaires sur orbite. On voit apparaître des projets de constellations pour répondre aux besoins croissants de la société de la communication et de l’information. - La satellisation passe par davantage de souplesse pour avoir accès à l’orbite. Ce qui suppose des outils de lancements qui soient moins contraignants pour leur disponibilité, plus économiques dans leur mise en œuvre. Il y a bien des projets de micro-lanceurs, mais ils doivent encore faire leurs preuves (pas avant 2017). La réduction des coûts constitue la priorité des prochaines années. Les lanceurs en service, dont on maîtrise la technologie, ont toujours de beaux jours devant eux grâce à des versions améliorées qui verront le jour en 2020 : avec les Ariane 6 et Vega C en Europe, les Falcon 9 et Vulcan aux Etats-Unis, les Angara en Russie… WEI n°83 2015-6 - 47 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 - La pollution est à l’ordre du jour dans l’espace avec la prolifération des satellites autour de la Terre, puis au sol avec la multiplication des lancements dont les étages tombent le plus souvent dans l’océan. (*) Les cités européennes de l’espace accueilleront en alternance le Toulouse Space Show (prévu du 28 au 30 juin 2016) et le prochain Space Tech Expo Europe à Brême (du 24 au 26 octobre 2017). 13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales André Gellon, ingénieur ULG: en Guyane dans l’orbite d’Airbus Il est sur tous les fronts des activités spatiales chez Airbus Defence & Space. André Gellon, ingénieur civil (section électronique) de l’ULg pour l’année 1983, en a fait du chemin dans l’Hexagone français depuis qu’il a quitté la Cité Ardente. Avec un parcours fort diversifié, qui lui a donné des occasions de travailler avec des équipes de la communauté des chercheurs et industriels du spatial dans le monde entier. Il a dû faire preuve d’une grande flexibilité dans les missions qui lui ont été confiées. Pour lui, « le fait d’avoir testé plusieurs expériences m’a permis de garder la motivation et de rester enthousiaste, en m’imposant chaque fois de relever un challenge ». Aujourd’hui, A. Gellon est impliqué dans le transport spatial européen. Depuis mars dernier, on le retrouve en Guyane française pour gérer les améliorations du Port spatial de l’Europe, qui se met à la mode des lanceurs de nouvelle génération Ariane 6. L’ESA (Agence Spatiale Européenne), ASL (Airbus Safran Launchers) et le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) se sont mis d’accord pour le développement de ces lanceurs qui doivent, au cours de la prochaine décennie, remplacer les actuelles fusées Ariane 5 et Soyouz. Adjoint de la Direction Airbus D&S au Centre Spatial Guyanais (CSG), il est responsable de l’intégration des Ariane 6 qui seront mises en service dans les années 2020 afin de rivaliser avec les lanceurs Falcon et Vulcan des Etats-Unis, Angara de Russie, H3 du Japon... Flexibilité à toute épreuve Durant 14 ans, André Gellon a acquis et démontré son savoir-faire à Liège. D’abord comme responsable de la section informatique à l’Institut d’Astrophysique (aujourd’hui CSL/Centre Spatial de Liège), puis comme co-fondateur de la start-up Spacebel Instrumentation où il était en charge de l’électronique et des logiciels. Matra, actionnaire de Spacebel Instrumentation, va le remarquer : il lui confie la réalisation d’un système complexe pour des vols spatiaux habités : le Biolab, laboratoire de biologie qui est installé à bord du module européen Columbus de la station spatiale internationale. « Sa réalisation occupe une place à part, pour ne pas dire exceptionnelle, dans ma carrière : elle répondait à un rêve d’enfant, car j’ai travaillé pour et avec des astronautes. Comme dernier chef de projet, j’ai eu la chance de livrer le modèle de vol chez Airbus à Brême, en Allemagne ». WEI n°83 2015-6 - 48 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Après cette mission Biolab, Airbus Defence & Space lui confie en novembre 2006 la gestion de deux micro-satellites pour l’observation de la Terre. « Cette première expérience en matière de satellites m’a fait rencontrer des ingénieurs d’autres cultures », confie A. Gellon. Ces systèmes miniaturisés, qui appartiennent à la filière Myriade/Astrosat-100 (100 kg), ont été fournis à l’Algérie et au Chili : Alsat-2A et SSOT (Sistema Satelital par la Observacion de la Tierra) focntionnent sur orbite respectivement depuis juillet 2010 et en décembre 2011. « Leur mise en œuvre a préparé la voie chez Airbus à la technologie des petits satellites et à leur commercialisation internationale.» Entre octobre 2009 et fin 2013, A. Gellon est impliqué pour l’ESA dans la préparation et l’intégration d’un observatoire de grande complexité, qui fut lancé le 19 décembre 2013 : le satellite d’astrométrie Gaia, placé à 1,5 millions de km de la Terre, est en train d’établir un catalogue en 3D d’un milliard d’étoiles de la Voie Lactée. Pour l’ingénieur liégeois, « c’est le programme le plus important de ma carrière, vu les multiples contraintes qu’ont été le planning et le coût ; il m’a demandé beaucoup d’énergie, mais quel beau résultat à l’arrivée ! ». Gaia, fleuron européen de technologie opto-électronique, c’est par ailleurs un retour aux sources. Son équipe, responsable de la plate-forme de Gaia, est venue au CSL pour suivre les opérations mécaniques lors des tests de qualification sous vide. A noter que plusieurs chercheurs du Département AGO (Astrophysique Géophysique Océanographie) de l’ULg – au sein d’AEOS (Astrophysique Extragalactique et Observations Spatiales) et du GAPHE (Groupe d’Astrophysique des Hautes Energies) – se trouvent concernés par le traitement des données. Aujourd’hui, au Centre Spatial Guyanais de Kourou, André Gellon doit jongler avec plusieurs responsabilités. En plus de la mise en œuvre de l’infrastructure des Ariane 6, il apporte son support aux campagnes de lancement des satellites « made by Airbus ». Par ailleurs, il a une diversité de tâches à remplir sur le territoire du département français : le développement des services internet par satellite, la lutte contre les chercheurs d’or illégaux, les contacts avec les Forces armées françaises, le transport et le dédouanement de matériels… 14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace 14.1. 15 ans de WSL et que de talents ! En 1999, la Wallonie faisait preuve d’audace en se dotant d’un incubateur technologique au Liège Science Park. Il avait pour mission de rentabiliser les retombées de la recherche technologique au CSL (Centre Spatial de Liège). Très vite, il n’a cessé de grandir : en élargissant son offre de services aux activités des sciences de l’ingénieur (aéronautique, spatial, automobile, chimie verte, développement durable, équipements médicaux, applications numériques, micro- et nano-systèmes…), en s’ouvrant à tous les pôles universitaires en Région Wallonne (Louvain-la-Neuve, WEI n°83 2015-6 - 49 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Charleroi, Mons, Namur), en établissant des partenariats a et avec l’ESA et Idelux (pour la création de l’incubateur WSLLux près de l’Euro Space Center à TransinneLibin). Une nouvelle implantation, dédiée aux technologies de l’information et de la communication, est envisagée sur le site du Val Benoît à Liège. Non seulement, dans la refonte du tissu socio-économique wallon, WSL a tenu ses promesses. Mais surtout, dans une volonté de mieux connecter la communauté des chercheurs et le monde des entrepreneurs, il y est allé « crescendo » : c’est son mot d’ordre du quinzième anniversaire. Si on réunissait les sociétés incubées au sein d’une seule entité, on aurait affaire à une entreprise comptant 455 emplois directs pour un chiffre d’affaires de 56 millions €. En tout, 85 Pme ont pris forme grâce au soutien logistique de WSL (équipe de 11 personnes, dirigée par Agnès Flémal) et avec 95 % de réussite après 5 années d’incubation. Le cap des 100 devrait être franchi dans les prochains mois ! 14.2. Missions spatiales avec du "made in Wallonie-Bruxelles" Régulièrement, sous la forme de ce tableau, nous faisons état des lancements de satellites ou des missions spatiales qui utilisent du matériel des membres de Wallonie Espace. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une mission spatiale dans le monde n'implique un centre de recherches ou une entreprise en Wallonie et à Bruxelles. Ce résultat est rendu possible grâce aux efforts consentis par l'Etat belge, depuis quatre décennies, dans les programmes de l'Europe dans l'espace. Afin d'être au courant des principales caractéristiques (maître d'oeuvre, plateforme, performances, planning...) des satellites et lanceurs (classés par pays), le site de Gunter's Space, bien tenu à jour, est à recommander : http://www.skyrocket.de/space/ Pour l'actualité quotidienne concernant le spatial dans le monde : http://www.spacetoday.net/ http://www.spacedaily.com/ Evénement spatial Participation wallonne de chercheurs et d’industriels Lancement V227, le 10 novembre, d’Ariane 5ECA avec les satellites de télécommunications Arabsat-6B/Badr-7 (Airbus D&S + Thales Alenia Space) pour Arabsat (Arabie Séoudite) et Gsat-15 (ISRO) pour le système Insat (Inde). Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes, structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3 (pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais. WEI n°83 2015-6 - 50 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Lancement VV06 de Vega, le 3 décembre, avec SABCA comme sous-systémier du pilotage des quatre étages avec le satellite technologique LISA Pathfinder des EMAs (Electro-Mechanical Actuators) ou servo-vérins (Airbus Defence & Space) pour l’ESA électromécaniques et comme fournisseur de la structure de base du 1 er étage. Thales Alenia Space Belgium pour de l’électronique dans la centrale inertielle. Spacebel pour la contribution au logiciel de bord. Implication de Cegelec dans les bancs d’essais des EMAs de SABCA et dans le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais. Spacebel pour l’informatique de LISA Pathfinder. Lancement VS13 du Soyouz ST guyanais, le 17 Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation décembre, avec deux Galileo FOC (OHB + électrique de chaque Galileo FOC. Thales Alenia Space Belgium à SSTL), baptisés Andriana et Liene, pour le bord du Soyouz ST guyanais avec le système KSE (Kit Sauvegarde déploiement d’une constellation civile de satellites Européen). A noter que le Centre ESA de Redu, avec Redu Space de navigation (Commission Européenne- Services, est chargé des tests sur orbite, en bande L, de chaque GSA/European GNSS Agency) satellite Galileo FOC. Contribution de Spacebel au logiciel de manipulation des données à bord de chaque satellite en soutien des opérations au sol. Implication de VitroCiset Belgium dans le segment sol du système Galileo. Lancement Longue Marche 3B depuis Xichang, Contribution de Thales Alenia Space Belgium à l’électronique de la prévu le 16 janvier, du satellite de charge utile du satellite pour le Bélarus. télécommunications BelinterSat-1/Chinasat-15 réalisé par la CAST (China ) pour (Bélarus) Lancement du Falcon 9 v1.1 (dernier Contribution de Thales Alenia Space Belgium à la plate-forme du exemplaire), prévu le 17 janvier 2016, avec le Jason-3 et des modules de distribution d’énergie sur l’altimètre satellite d’océanographie Jason-3 (Thales Alenia Poseidon, l’élément principal de la charge utile. Space) pour la NOAA (USA) et Eumetsat (Europe) Lancement Rokot-BreezeM depuis Plesetsk, Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’équipement prévu fin janvier, du satellite d’observation électronique. Essais au CSL (Centre Spatial de Liège) optique Sentinel-3A réalisé par Thales Alenia Space pour le système Copernicus (Commission européenne) Lancement V228, prévu le 27 janvier, d’Ariane Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes, 5-ECA avec le satellite de télécommunications structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et Intelsat-29e (Boeing Satellite Systems) pour le composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace système Intelsat (USA/Luxembourg). Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3 (pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais. Lancement V229, prévu le 25 février, d’Ariane Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes, 5-ECA avec le satellites de télécommunications structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et Eutelsat 65 West A (Airbus D&S) pour Eutelsat composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace (Europe), avec la charge hôte EDRS-A de liaisons Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3 optiques/laser (Airbus Tesat) pour l’ESA dans le (pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par cadre du partenariat public-privé avec Airbus Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le D&S. fonctionnement du Centre Spatial Guyanais. Lancement Proton, prévu le 14 mars, de la sonde Participation de Thales Alenia Space Belgium à TGO. Instrument à ExoMars 2016, comprenant TGO (Trace Gas bord pour l’expérience NOMAD (Nadir & Occultation for Mars Orbiter) et EDM (Entry, Descent & landing Discovery) de l’Institut Royal d’Aéronomie Spatiale, qui est Demonstrator) Schiaparelli réalisés par Thales constitué de SO (Solar Occultation), de LNO (Limb, Nadir & solar Alenia Space pour l’ESA (Europe) et Roscosmos Occutation) et UVIS (Ultraviolet Imaging Spectrograph) : à sa (Russie). réalisation ont participé le CSL (Centre Spatial de Liège) pour les tests sous vide, Amos, Lambda-X, Thales Alenia Space Belgium. WEI n°83 2015-6 - 51 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 15. CALENDRIER 2016-2017 D'"EVENEMENTS SPATIAUX" POUR LA BELGIQUE (*) Théo Pirard prévoit de participer à ces événements. Note : si vous avez des conférences qui peuvent intéresser des chercheurs et ingénieurs du domaine spatial, n’hésitez pas à les communiquer pour les inclure dans cet agenda. 2016 (*) 12-13 janvier : 8th Annual Conference on European Space Policy, au Bâtiment Charlemagne de la Commission Européenne à Bruxelles, organisée de façon experte par Business Bridge Europe avec les acteurs du spatial en Europe. Le thème retenu : Europe as a global space player. L’occasion à ne pas manquer de faire le point sur les ambitions de l’Europe dans l’espace, six mois après l’entrée en fonction du Dr Jan Woerner, comme directeur général de l’ESA, d’en savoir plus sur les systèmes européens Galileo et Copernicus, sur le lanceur de nouvelle génération Ariane 6, sur la pollution de l’environnement spatial avec l’arrivée des méga-constellations… (*) 26-28 janvier : Proba V(egetation) Symposium au Mariott Hotel, à Gand, organisé par Belspo/Belspace en partenariat avec l’ESA. (*) 3 février : Spaceport UK, a new frontier for growth & enterprise, conférence d’un jour organisée par la Royal Aeronautical Society. L’occasion de faire le point sur les vols suborbitaux et les micro-lanceurs, sur les possibilités de les expoiter à partir du Royaume-Uni. (*) 9 février : Perspectives spatiales 2016, événement annuel organisé par Euroconsult, pour faire le point sur les activités, tant civiles que militaires, de l’Europe dans l’espace. 1er-3 mars : Munich Satellite Navigation Summit 2016, au Palais Residenz Muenchen. Trois jours de présentations pour faire le point sur les systèmes navsat et leurs applications dans le monde. 14-18 mars : « Fron Giotto to Rosetta » - 50th ESLAB Symposium, au Holiday Inn de Leiden (Pays-Bas), avec la présence de Roger Bonnet, l’ex-Directeur ESA pour la Science, et de nombreux spécialistes de l’étude des comètes. 15-17 mars : 2016 Conference on Big Data from Space (BiDS’16), Auditorio de Tenerife, Santa Cruz de Tenerife (Espagne). Une conférence qui tombe à point avec l’avalanche de données à stocker et à traiter avec les satellites Sentinel du système Copernicus de surveillance globale pour l’environnement et la sécurité. 12-15 avril : Water in the Universe : from Clouds to Oceans, conférence à l’ESTEC, Noordwijk (Pays-Bas) (*) 26-28 avril : 3rd Space Access International Conference, à Paris, organisée par Astech Paris Region pour mettre en évidence les enjeux des systèmes spatiaux pour le business d’applications innovantes. WEI n°83 2015-6 - 52 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 9-13 mai : ESA Living Planet Symposium, à Prague (Palais des Congrès) : cette conférence avec exposition est organisée tous les 3 ans pour faire le point sur l’utilisation des satellites de télédétection pour la météorologie, l’océanographie, l’aéronomie, la géodésie, les applications terrestres… Avec quelque 3000 participants, c’est l’une des plus importantes sur l’observation de notre planète par satellites. Un événement d’autant plus attendu que l’Union Européenne aura en service trois satellites Sentinel de l’ESA. Il sera question des missions Earth Explorer, des nouvelles générations de Meteosat et de Metop, de Proba et de Végétation… Ce Symposium prend toute sa signification à la lumière de l’Accord de Paris (COP21) sur le climat global. 9-11 mai : XMM-Newton : the Next Decade, à l’ESAC (European Space Astronomy Centre), Villafranca del Castillo (Espagne). Cet atelier permettra de faire le point sur les missions d’astronomie dans les rayons X qui sont en développement et en projet dans le monde. 30 mai-3 juin : Symposium IAA 4S (Small Satellites Systems & Services) avec l’ESA au Grand Hôtel Excelsior de Malte. C’est l’occasion de joindre l’utile à l’agréable en faisant le point dans un site balnéaire sur les missions des petits satellites. (*) 30 mai-3 juin : 2016 European Space Solutions – Bringing Space to Earth, à La Haye (Pays-Bas), organisé par la GSA (European Global Navigation Satellite System Agency) sous les auspices de la Présidence néerlandaise du Conseil européen. Cette conférence de cinq jours, durant laquelle une visite de l’ESTEC à Noordwijk aura lieu, en est à sa 4 ème édition : il s’agit de mettre en évidence avec des exemples concrets comment les services et technologies - avec l’accent sur les acteurs industriels - mettant en œuvre les systèmes spatiaux répondent aux besoins de la société en Europe. 1-4 juin : ILA 2016 – Berlin Air Show, au Berlin ExpoCenter Airport, près de l’aéroport de Schönefeld et du nouvel aéroport international… qui n’est toujours pas fonctionnel. 6-7 juin : GLIS 2016 (Global conference on Space and the Information Society) à Genève, organisé par l’IAF et par l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) pour faire le point sur le rôle des systèmes spatiaux dans les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). 30 juillet-7 août : 41st COSPAR Scientific Assembly, à Istanbul (Turquie) (*) 12-16 septembre : Euroconsult-World Satellite Business Week, le « must » européen pour s’informer sur l’état du business spatial dans le monde. Cet événement comprend le 20ème Sommet pour le financement des satellites, la 13ème édition du Symposium des prévision du marché satcom, e 8ème sommet sur le business de l’observation de la Terre par satellites. (*) 26-30 septembre 2016: 67th IAC à Guadalajara (Mexique) sur le thème « Making space accessible and affordable to all countries ». Mettre le spatial à la portée de tous les pays : tel est le thème retenu pour l’édition 2016 du rendez-vpous annuel de la famille mondiale de l’astronautique. (*) 1er-2 décembre : Conseil ESA au niveau ministériel à Lucerne (Suisse). Au menu : le développement d’Ariane 6, la participation européenne à l’ISS, le financement de nouveaux programmes de technologie spatiale… WEI n°83 2015-6 - 53 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Septembre-octobre 2017 : 68th IAC à Adélaïde (Australie). Septembre-Octobre 2018 : 69th IAC à Brême (Allemagne) 14-22 juillet 2018 : 42nd COSPAR Scientific Assembly, à Pasadena (Californie) En projet pour l’été 2019 : un IAC à Washington D.C. ou à Orlando (Floride) pour célébrer les 50 ans de l’Homme sur la Lune (mission Apollo 11). Annexes-tableaux (en anglais) A.1. Calendrier des prochaines missions de l’Europe dans l’espace (2016-2024) Cette liste, qui veut montrer que la technologie spatiale est une réalité bien vivante dans l’Union européenne, s’efforce d’être la plus complète possible mais elle ne prétend pas être exhaustive. La difficulté réside dans la mise à jour de ce calendrier, car le planning des missions – surtout d’ordre scientifique et technologique - n’est guère respecté. On s’efforce, dans la mesure du possible et sans être certain des dates de lancement, d’inclure les pico- et nano-satellites (Cubesat) qui est réalisés par des teams d’étudiants comme outils d’éducation et de recherche… S’il manque l’une ou l’autre mission, pouvez-vous le signaler ([email protected]) ? Surlignés en bleu : les missions ESA, Eumetsat et Union Surlignés en rouge : les missions ESA vers l’ISS Surlignés en vert : les satellites d’opérateurs commerciaux NAME Launch Launcher Mission (agency/operator) GALILEO FOC 5-6 LAPAN-TUBSAT-A2 AAUSAT-5 GOMX-3 TURKSAT-4B LISA PATHFINDER GALILEO FOC 8-9 EUTELSAT-36C/AMU-1 BELINTERSAT-1 JASON-3 EUTELSAT-9B + EDRS-A SES-9 SENTINEL-3A EUTELSAT-65 WEST A EXOMARS-1 TGO 11 September 2015 28 September 5-7 October 2015 5-7 October 2015 16 October 2015 3 December 2015 17 December 2015 24 December 2015 January 2016 January 2016 January 2016 February 2016 Febrary 2016 February 2016 March 2016 Soyuz CSG PSLV H-II/HTV/ISS H-II/HTV/ISS Proton Vega Soyuz CSG Proton Long March 3 Falcon 9 v.1.1 Proton Falcon 9 v.1.2 Rokot Ariane 5 Proton April 2016 April 2016 April 2016 April 2016 April 2016 April 2016 2016 Soyuz 2 CSG Soyuz 2 CSG Soyuz 2 CSG Soyuz 2 CSG Soyuz 2 CSG Soyuz 2 CSG Dnepr? /SCHIAPARELLI + LANDER SENTINEL-1B MICROSCOPE NORSAT-1 OUFTI-1/LEODIUM AAUSAT-4 e@star-2 PAZ/SEOSAR Navigation (Commission + ESA) Earth observations (LAPAN) AIS demonstration (Un. Aalborg) ADS-B signal collection (GomSpace) Communications (Türksat) Technological demonstrator (ESA) Navigation (Commission + ESA) Communications (Eutelsat + RSCC) Communications (Belintersat-Belarus) Oceanography (Eumetsat + NOAA) Communications (Eutelsat + Airbus D&S) Communications (SES) Oceanography GMES (ESA) Communications (Eutelsat/Echostar) Mars exploration with orbiter and lander (ESA + Roscosmos) Radar observations GMES (ESA) Technology (CNES + ESA) Sea & space surveillance (Norsk Romsenter) Télécom D-Star (Amsat ?) Maritime surveillance (AAU) Technology (Polytechnics Turin) Military radar (CDTI) WEI n°83 2015-6 - 54 Prime contractor OHB-System + SSTL LAPAN + TU Berlin Un. Aalborg GomSpace MELCO + TAI + Türksat Airbus D&S Satellites OHB-System + SSTL Airbus Defence & Space CASC/China + CGWIC Thales Alenia Space (F) + CNES Airbus D&S + ESA Boeing Satellite Systems Thales Alenia Space (F) Space Systems/Loral Thales Alenia Space Thales Alenia Space (I) CNES + ONERA Norsk Romsenter + Un. Toronto Un. Liege + CSL + ESA Aalborg University + ESA Polytechnics Turin + ESA CDTI + EADS CASA + INTA WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 EUTELSAT 117 WestB GALILEO FOC 7 & 10-12 GALILEO FOC 13-14 AALTO-1 PILSENCUBE POLYTEC-1/NAOSAT ROBUSTA-1B ELISE TECHNOSAT CYGNUS CRS-5 HISPASAT AG-1 BIROS/FIREBIRD MAX VALIER SATELLITE BEESAT-4 OTB-1 LAPAN TUBSAT-A3? FLYING LAPTOP MICROPPTSAT ? ATMOCUBE AYSEM-1 BEOSAT ? ESTELLE IMSAT ? NADEGE HEIDELSAT ESTCUBE-2 GAMASAT-1 NUTS OPTOS-2G NANOSAT-2A DELFFI/DELTA + PHI PICASSO SIMBA VKI RE-ENTSAT INFLATESAIL GOSSAMER-1 CFOSAT? SENTINEL-5 PRECURSOR SES-10 ESEO OPS-SAT QBITO S-NET-1/-2/-3/-4 SES-11/ECHOSTAR 105 NOVASAR-S HISPASAT-1F OPSAT-3000 VENµS UPMSAT-2 UNION VENTA-1 NEMO-HD PRISMA ITALIA ALMASAT-EO GOSSAMER-3 METOP-C/EPS SENTINEL-3B TARANIS GÖKTÜRK-3 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016? 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 ? 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 Falcon 9 v.1.1 Ariane 5 ES Soyuz CSG TBD TBD TBD TBD TBD TBD Atlas 5 Ariane 5 Soyuz PSLV PSLV? TBD PSLV Soyuz Vega ? Vega ? PSLV ? PSLV ? Dnepr PSLV or Vega TBD PSLV ? TBD TBD TBD TBD TBD TBD TBD TBD TBD TBD TBD Long March 2C Rokot Communications (Eutelsat Americas) Navigation (Commission + ESA) Navigation (Commission + ESA) Earth Observation (VTT Finland) Communications (Un. West Bohemia) Earth observations (Un. Pol. Valencia) Radiation testing (Un. Montpellier) 12U Cubesat demonstrator (Nexeya) Technological microsat (TU Berlin) COTS module to ISS (Orbital Sciences) Communications (ESA + Hispasat) Infrared earth observations (DLR) Astronomy Quadsat (Inst Bozen) Technological Cubesat (TU Berlin) Orbital Test Bed (SSTL) HDTV Earth imagery (TU Berlin) Technology (IRS Un.Stuttgart) Cubesat micropropulseurs (ARC) Cubesat scientifique (Un. Trieste) Türkish Cubesat (Bahcesehir Un) Space environment (ERIG) Technology cubesat (Estonia) Remote sensing microsat (ASI) Triple Cubesat techno (Nexeya) Triple Cubesat (FH Heidelberg) Micro-propulsion (Un. Tartu) Reentry test (Un. Porto) Gravity waves (NTNU) Astrophysics (INTA + ?) Technology (INTA + ?) Formation flight (TU Delft) Aeronomy (Clyde Space) Sun-earth Imbalance (RMI) Re-entry experiment (VKI) Solar sail demonstrator (SSC) Solar sail demonstrator (DLR + ESA) Oceanography (CNES + CNSA) Atmosphere chemistry (ESA + TNO) 2016 Falcon 9 v.1.2 Broadcasts/communications in Latin America (SES) 2016 2016 2016 2016 Vega? TBD TBD TBD Student earth observation microsat (ESA) Technological triple cubesat (ESA) Spain QB50 (Un Pol Madrid) Nanosat constellation (TU Berlin) 2016 Falcon 9 v.1.2 Broadcasts/communications (SES) 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016 2016? 2016? 2017 2017 2017 2017 2017 TBD Ariane 5 Vega Vega Dnepr ? Dnepr ? Dnepr ? Vega ? Vega ? TBD Soyuz 2 CSG Soyouz 2 ? Vega TBD S-band radar satellite (UKSpace + SSTL) Communications (Hispasat) Dual-use high-resolution EO (It. Min.Defence) Observations (CNES + ISA) Earth environment monitoring (UPM) AIS Quadsat (Ventspils + Un. Bremen) Earth observations (SFL + Space-SI) Security monitoring (ASI) Earth Observations (Min Univ & Res) Large solar sail demonstrator (DLR) Polar meteo (Eumetsat +NOAA) Oceanography GMES (ESA) Analysis of lightning & stripes (CNES) SAR Earth Obs (TAI + Tübitak) WEI n°83 2015-6 - 55 Boeing Satellite Systems OHB-System + SSTL OHB-System + SSTL VTT Finland Un. West Bohemia Noasat + Un. Valencia ESA + Un. Montpellier Nexeya + Silicom TU Berlin + DLR ? + Thales Alenia Space Italia OHB + Thales Alenia DLR + ? Inst Bozen + MPE Garching TU Berlin + DLR ? SSTL TU Berlin + LAPAN IRS Un.Stuttgart Austrian Research Centers Un. Trieste Bahcesehir University/ CalPoly Univ. Braunschweig Tartu University + NanoSpace Carlo Gavazzi Space ? Nexeya + Silicom FH Heidelberg + DLR Un. Tartu, Estonia Un. Porto + Tekever) NTNU, Norway INTA INTA TU Delft + ISIS BISA, Belgium RMI Belgium + ? VKI, Belgium + ? Surrey Space Center DLR/Kayser Threde CNSA + Thales Alenia Space Airbus D&S UK + TNO Airbus D&S SITAEL/AlmaSpace GomSpace +TU Graz E-USOC + VKI TU Berlin + BST Airbus D&S SSTL SSL IAI (Israel), CGS + Telespazio ISA + French & Israeli industry UPM + INTA Ventspils + Augstkola + OHB + Space-SI (Slovenia) Carlo Gavazzi Space AlmaSpace DLR / ? Airbus D&S Satellites Thales Alenia Space (F) CNES + CNRS TAI + ? WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 TUBIN GALILEO FOC 15-18 EUTELSAT-172B AMAZONAS-5 MUSIS CSO-1 INGENIO-SEOSAT SES-12 2017 2017 2017 2017 2017 2017 2017 ERA/ISS NAUKA MODULE 2017? 2017 SES-14 2017 SES-15 2017 SES-16/GOVSAT 2017 ENMAP 2017 AZERSPACE-2 2017 ADM-AEOLUS 2017 SENTINEL-2B 2017 CHEOPS 2018 PROBA-3A 2018 PROBA-3B 2017 GALILEO FOC 19-22 2018 SIGMA/MARCONI-2 2018 HEINRICH HERTZ 2018 EU:CROPIS 2018 EARTHCARE GLOBAL V(EGETATION)1 2018 2018 OPSIS 2018 PROBA-ALTIUS? 2018 SUMO 2018 MEGASAT ? 2018 MTG-I-1 (METEOSAT) 2018 BEPICOLOMBO 2018 SOLAR ORBITER 2018 MUSIS CSO-2 2018 JAMES WEBB ST 2018 EXOMARS-2 Rover 2018 SENTINEL-6/CRYOSAT- TBD Ariane 5 ES Ariane 5 Ariane 5 ? Vega ? Vega Earth Observation in infrared (TU Berlin) Navigation (Commission + ESA) Communications (Eutelsat) Communications (Hispasat) Spy satellite (DGA) Observations (CDTI + ESA) Ariane 5 Broadcasts/communications (SES) Proton Falcon 9 Ariane 5 Falcon 9 PSLV Ariane 5 Vega Soyuz 2 Vega ? Vega Vega Ariane 5 ES TBD TBD TBD Soyuz Long March 2D Vega TBD TBD TBD Ariane 5 Ariane 5 Atlas 5 Vega ? Ariane 5 Proton-Breeze Vega ISS remote manipulator (ESA) Communications (SES) Communications (SES) Military communications (LuxGovsat+SES) Hyperspectral imagery (DLR) Powerful comsat (Azerspace + Intelsat) Lidar measurements (ESA) Observations GMES (ESA) Exoplanets monitoring (ESA) Formation flight (ESA) Formation flight target (ESA) Navigation (Commission + ESA) Broadband communications (ASI + PPP) Communications (DLR + ?) Biological laboratory (DLR) Earth Explorer (ESA + JAXA) Earth observations (Belspo + VITO) High-Resolution EO (ASI) Atmosphere chemistry (ESA + BISA) Ozone measurements (LATMOS) Communications (CNES + Eutelsat ?) GEO meteo imager (ESA/Eumetsat) Mercury orbiters (ESA + JAXA) Solar exploration (ESA) Spy satellite (DGA) Astronomy/Astrophysics (NASA) Mars rover (ESA + NASA) ? Oceanography (ESA + Eumetsat) SLS Block1 Ariane 5 TBD TBD Soyuz or Vega Falcon 9 v.1.1 Falcon 9 v.1.1 Vega ? Ariane 5? TBD Vega ? TBD Ariane 6.2 TBD Vega ? Vega C TBD Vega ? Soyuz? Soyuz TBD Ariane 6.4 Manned spacecraft (NASA + ESA) GEO meteo sounder (ESA/Eumetsat) Dual-use radar satellites (Defensa/ASI) Broadband communications (ASI + PPP) Chemistry of atmosphere (CNES) Satellite émetteur radar (Bundeswehr) Satellite récepteur radar (Bundeswehr) Oceanography & Polar monitoring (ESA) Intelligent comsat (ESA + Eutelsat) HTS with spotbeams (Eutelsat) Spy satellite (DGA + Bundeswehr) Cosmology (ESA) New generation launch vehicle (Airbus) Ocean topography (CNES + NASA) Asteroid mission (ESA) Electronic intelligence (DGA + CNES) GEO meteo imager (ESA/Eumetsat) Space Weather forecasts (CNES + CAS ?) Earth Explorer (ESA) Asteroid Impact Mission (ESA) Mars Science (ESA + NASA) New generation launch vehicle (Airbus) JASON-4 MPCV ORION MTG-S-1 (METEOSAT) COSMO SG-1 & SG-2 SIGMA/MARCONI-1 MICROCARB SARAH AKTIV-1 SARAH PASSIV-1 & -2 SENTINEL-6/JASON-4 CRYOSAT EUTELSAT QUANTUM EUELSAT BB AFRICA MUSIS CSO-3? EUCLID ARIANE 6.2 DEMONSTRATOR SWOT PROBA-4 IMP ? CERES-1, -2, -3 MTG-I-2 (METEOSAT) SWUSV BIOMASS AIM EXOMARS-3 ? ARIANE 6.4 DEMONSTRATOR 2018 2019 2019 2019 ? 2019 2019 2019 2019 2019 2019 2019 2019 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 ? 2021 WEI n°83 2015-6 - 56 TU Berlin + BST OHB-System + SSTL Airbus D & S SSL/Space Systems/Loral Airbus D&S + Thales Alenia Space EADS CASA Airbus D&S EADS Dutch Space Airbus D&S Boeing Satellite Systems Orbital Science Corp Kayser-Threde SSL Airbus D&S Airbus D&S SSTL QinetiQ Space EADS CASA + Sener OHB-System + SSTL Italian industry + ? OHB-System + Airbus D&S ? DLR + ? TBD VITO + SAST + OIP CGS + Italian industry + OHB ? QinetiQ Space Polytechnique Palaisseau Airbus D&S/Thales Alenia Space ? Thales Alenia Space + OHB Airbus D&S + JAXA Airbus D&S Airbus D&S + Thales Alenia Space Northrop Grumman + ESA Thales Alenia + Airbus D&S Thales Alenia Space + Airbus Defence & Space Lockheed Martin + Airbus D&S Thales Alenia Space + OHB Thales Alenia Space Italia Italian industry + ? CNES + ? OHB + Airbus D&S OHB Thales Alenia Space + Airbus D&S? SSTL + Airbus D & S Thales Alenia Space Airbus D&S + Thales Alenia Space Thales Alenia Space ESA + Airbus Safran Launchers TBD + NASA/JPL TBD Airbus D&S + Thales Alenia Space? TBD TBD TBD + US industry TBD + NASA TBD ESA + Airbus Safran Launchers WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 2021 TBD Polar Meteo (ESA + Eumetsat) EPS/METOP SG-1 2021 ? TBD Super High resolution EO (DGA + CNES) OTOS 2021 Long March 6? Space Weather from L5 (ESA + CAS) SMILE/INSTANT 2021 TBD Hyperspectral EO (ISA + ASI) SHALOM 2021 TBD Earth observations (Belspo + VITO) GLOBAL V(EGETATION)2 2021 ? Ariane 5 ou 6 Military Satcom (DGA + CNES) COMSAT NG-1 2022 Vega Photosynthesis monitoring (ESA) FLEX 2021 ? Ariane 5 ou 6 Military Satcom (DGA + CNES) COMSAT NG-2 2022 Ariane 5 Jupiter Moon exploration (ESA + NASA?) JUICE 2023 TBD Polar Meteo (ESA + Eumetsat) EPS/METOP SG-2 2023 TBD GEO meteo imager (ESA/Eumetsat) MTG-I-3 (METEOSAT) 2024 Soyuz ? Exoplanetary science (ESA) PLATO 2028 Ariane 5 ? X-ray observatory (ESA) ATHENA © Space Information Center/Belgium – December 2015 Airbus Defence & Space Airbus D&S + Thales Alenia Space? European bus IAI + Rafael + Italian industry VITO + QinetiQ Space + OIP? Thales Alenia Space + Airbus D&S TBD Thales Alenia Space + Airbus D&S Airbus Defence & Space Airbus Defence & Space Thales Alenia Space + OHB TBD TBD 4. Export contrats for the satellite industry in Europe This alphabetical list review the known contracts signed by the European industry of space systems for spacecraft outside Europe to be launched during the period 2016-2020. It also includes the major contracts for payloads or platforms. NAME Contractor (Country) “AFRICA” EOSAT-1/-2 Mission (launch schedule) ARABSAT-6B High-resolution observations (2017) Remote sensing microsats [2015] Remote sensing micro-satellites (2010) ASAL (Algeria) + UKSpace Techno Triple Cubesat (2016) AOneSat Communications GEO telecommunications (2016?) (Switzerland/India) Arabsat (Saudi Arabia) GEO telecom/broadcasts (2014) ARSAT-1/-2 & /-3 ? ArSat (Argentina) BANGABANDHU-1 BADR-7 (Bangladesh) Arabsat (Saudi Arabia) ALSAT-1B ALSAT-2A/2B ALSAT NANO AONESAT-1? BELINTERSAT-1 DIRECTV-15 Not disclosed (Morocco) ASAL/CNTS (Algeria) ASAL/CNTS (Algeria) Belintersat (Belarus) DirecTV (USA) Latin DirecTV (USA) DIRECTV America/INTELSAT-31 ECHOSTAR-105 /SES-11 EXPRESS AM-7 EXPRESS AM-8 EXPRESS AMU-1 FALCON EYE-1 & -2 GEO-KOMPSAT-2B GÖKTURK-1 HELLASAT-3/ EUROPASAT INMARSAT-6 F1 & F2 IRIDIUM NEXT /IRIDIUM PRIME? Prime contractor (State) Thales Alenia Space (France) SSTL + DMCII Airbus D&S (France) Surrey Space Centre (UK) *Thales Alenia Space (France) Airbus D&S (France) + *Thales Alenia Space (France) GEO telecommunications (2014-17) * Thales Alenia Space + Airbus D&S GEO telecommunications (2017-2018) Thales Alenia Space (France) GEO telecom/broadcasts (2015) Airbus D&S (France) + *Thales Alenia Space (France) GEO telecom/broadcasts (2016) *Thales Alenia Space (France) GEO broadcasts (2014) Airbus D&S Satellites (France) GEO broadcasts (2016) Airbus D&S Satellites (France) Echostar (USA) + SES (Luxembourg) RSCC (Russia) RSCC (Russia) RSCC (Russia) UAE Armed Forces (UAE) GEO broadcasts & communications (201) GEO telecom/broadcasts (2014) GEO telecom/broadcasts (2014) GEO telecom/broadcasts (2015) Very high-resolution observations (2017, 2018) KARI (South Korea) Min Defence (Turkey) Arabsat (Saudi Arabia) & Inmarsat (United Kingdom) Inmarsat (United Kingdom) Iridium Satellite (USA) GEO meteorological observations (2019) High-resolution observations (2015) GEO High-power broadcasts (2017) Airbus D&S Satellites (France) Airbus D&S (France) *Thales Alenia Space (France) Airbus D&S (France) Thales Alenia Space + Airbus D&S (France) *Airbus D&S (France) Telespazio + Thales Alenia Space Thales Alenia Space (France) GEO Mobile Services (2020-2021) Airbus D&S (France) Mobile comsat constellation (2015- Thales Alenia Space (France) 2017) WEI n°83 2015-6 - 57 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 KAZSTSAT/Earth Mapper KOREASAT-5A KOREASAT-7 LAPANSAT-A2 LAPANSAT-A3 NEXSTAR-1 & -2 ONEWEB MICROSATS (900) OUTERNET-1, -2, -3 PERUSAT-1 SGDC-1 TELSTAR-12R YAMAL-601 Ghalam KJC (Kazakhstan) KT Sat (South Korea) KT Sat (South Korea) LAPAN (Indonesia) LAPAN (Indonesia) Aniara Communications (India) OneWeb (USA) Remote sensing micro-satellite (2015) GEO Telecom (2016) GEO Telecom (2016) Remote sensing micro-satellite (2014) Remote sensing micro-satellite (2014) GEO Telecommunications (2017) SSTL (United Kingdom) Thales Alenia Space (France) Thales Alenia Space (France) *TU Berlin (Germany) *TU Berlin (Germany) * Elecnor Deimos (Spain) + European partners Megaconstellation of microsats for Airbus Defense & Space (France internet connectivity (2017-2019) + Germany) Outernet Inc (USA) Cubesat internet constellation (2017) Clyde Space (United Kingdom) Min Defence (Peru) High-resolution observations (2016) Airbus D&S Satellites (France) Visiona Technologia (Brazil) Governmental communications (2016) Thales Alenia Space (France) Telesat (Canada) GEO telecom (2015) Airbus D&S Satellites (France) Gazprom Space Systems (Russia) GEO communications (2016) *Thales Alenia Space (France) * Payload contractor SSL = Space Systems Loral SSTL = Surrey Satellite Technology Ltd © Space Information Center/Belgium – December 2015 A.3. Table of planned/expected contrats related to civilian satellites for communications and broadcasts The most profit-making space business concerns the satellite systems for communications and broadcasts (see in this Directory the table reviewing all the spacecraft in operational service and in preparatory status). This new and original table summarizes the known/announced satellites for which a RFP is in progress or in project. European satellite industry has to play a significantly promising role, in spite of the high value of the euro. Space Systems/Loral as One of the main aggressive contenders for comsat contracts was acquired by Canada’s MDA (McDonald Dettwiler & Associates). SATELLITE (Operator/country) ABS-8 (Asia Broadcast Satellite/Hong Kong) Position (frequencies) 116.1°E (C-, Ku- & Kabands) ABS-9 (Asia Broadcast Satellite/Hong Kong) 16°W (Ku- & Ka-bands) ABS-10 (Asia Broadcast Satellite/Hong Kong) 159°E (Ku) & Ka-bands) AFRICASAT-2A (Measat Satellite Systems/Malaysia) 5.7° E (C-, Ku & Ka-bands) ALCOMSAT-1 (ASAL/Algeria) 24.5°E? (C- & Ku-band – Northern beams) AL YAH-3/YAHSAT-3 (Yahsat/United 20°W (Ka-band) Arab Emirates) Status (particular aspects) - Launcher All-electric comsat contracted to Boeing (Boeing 702SP). To be launched by Falcon 9 First UTS (Ultra High Throughput Satellite) for Asia. Problem to get US funding through Ex-Im Bank. If ExIm authorization is not revived by US Congress, RFP to be reissued, with some chance for European industry (2018) International RFP to be issued in 2016, if the funding is acquired. All-electric UTS (Ultra High Throughut Satellite) to cover Europe, Africa and Americas, giving a global dimension to ABS services for DTH platforms. (2019) International RFP to be issued in 2016, if the funding is acquired. All-electric UTS (Ultra High Throughut Satellite) to cover Asia, Oceania and Pacific region with DTH platforms. (2019) RFP in progress for satellite, but contract not yet finalized. Measat looking for a partner such as Eutelsat or Arabsat… (upgrade for Africasat-1/Measat-1 positioned at 46°East, replacement of Africasat-2/Measat-2 positioned at 5.7°East) Indigenous development, with technical assistance of CASC, of a SmallGEO-type comsat since September 2013. Launch contract with CGWIC/China Great Wall Industry Corp (2018). First private comsat operator in the Middle East interested by Latin America for broadband connections. Contracts with Orbital WEI n°83 2015-6 - 58 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 AMAZONAS-5 (Hispasat/Spain) AMOS-6 (Spacecom/Israel) AMOS-7 & -8 (Spacecom/Israel) AMOS-E (IAI/Israel) ANGOSAT-1 (Ministry Telecoms/Angola) ANIARA NEXSTAR-1 & -2 ? (Aniara Communications/India) ANIK G-2 (Telesat/Canada) AONESAT-1 (AOneSat Communications/Switzerland + India) APSTAR-5C or TELSTAR-18 VANTAGE (APT Satellite Holdings/Hong Kong) APSTAR-6C (APT Satellite Holdings/Hong Kong) APSTAR-9/MySat-1 (APT Satellite Holdings/Hong Kong) APSTAR-10 (APT Satellite Holdings/Hong Kong) ARABSAT-6A & -6E? (Arabsat/Saudia Arabia) ARMSAT-1 (Armcosmos, Armenia) ARSAT-1/-2/-3 (ArSat/Argentina) AZERSPACE-2/INTELSAT-38 (Azercosmos/Azerbaidjan, Intelsat) BANGABANDHU-1 (Bangladesh Telecommunications Regulatory Sciences (Geostar-3) et Arianespace. (2016) Replacement Amazonas-4B after cancellation of contract with Orbital Sciences. SSL as prime contractor. To be launched by Arianespace? (2017) 4°W (Ku- & Ka-bands) After international RFP, Israel Aerospace Industries (IAI) selected as prime contractor, with Canadian MDA as payload contractor. Heavy satellite with hybrid propulsion, to be launched by Falcon 9. To replace Amos-2 and to add Ka-band capacity – to be used by Eutelsat following contract with Facebook for efficient internet coverage of Africa) to the ‘hot bird’ position of Spacecom. (2016). 17°W and ? (Ku- & KaPowerful satellite(s) to cover Latin America. Specifications under bands) study for international RFP. To be contracted in 2016. (2018) TBD (Ku or Ka-band) Compact “all-electric” comsat to be proposed by IAI to emerging markets or new operators. (2018?) 24.5°E (C- & Ku-band – In-orbit delivery contract with Russian RKK Energia and Southern beams) Rosoboronexport. Negotiations finalized in May 2011. Total cost of the full system: around 245 million euros. To be launched by Angara 5 (2016 or 2017, with a full coverage of Eastern and Southern Africa). 50°E, 98°E or 160° E (KuPrivate operator in India with small GEO satellites. Contract to band) Dauria Aerospace for two 16-Ku band spacecraft to cover Middle East and Africa. Launcher not yet selected, but possibility of dual launch with Indian GSLV MkII (2017) 107.3° E (Ku- & Ka-bands?) Multipurpose broadcasting & communications satellite. Planned contract in 2015. (2017) 47.5° W (C-, Ku, KaNew operator based in Switzerland. Company created by Indian bands ?) family Pavuluri (Hyderabad) with views for global broadband business. First medium-size Ekspress-1000N type comsat,with payload of Thales Alenia Space, contracted through MOU by ISS Reshetnev in order to cover Latin America. Launcher not yet selected. Plan for further two comsats around the globe. (2017?) 138°E (C- & Ku-bands) HTS comsat to be jointly used by Telesat Canada and by APT Satellite. Contract with SSL for SSL 1300 spacecraft. Launcher not yet selected (2018) TBD (C-band, Ku-band, Ka- DFH-4 communications and broadcasting satellite: contract with band CGWIC (2018) 142°E (Ku-band, Ka-band Plan to expand coverage and services. Geosynchronous position ?) preserved by Chinasat-5A. Contract with CGWIC (China Great Wall Industry Corp) for in-orbit delivery of high-power DFH-4 type comsat (launched on 17 October 2015) TBD (Ku-band, Ka-band?) In-orbit delivery contract with CGWIC, including financing services, for high-power DFH-4 type comsat (2017) 26°E, 34°E ? (Ku- & KaSixth generation of Arabsat spacecraft: contract with Lockheed bands) Martin. To be launched by Falcon Heavy (2017). 71.4°E (Ku-band) National comsat, for coverage of Eastern Europe and Central Asia, to be developed with the assistance of Roscosmos or CGWIC? (2017 ?) 71,8° W, 81° West (KuPart of SSGAT (Sistema Satelital Geoestacionario Argentino de band) Telecomunicaciones). Invap SA as prime contractor, with Thales Alenia Space selected for the payload after an international RFP. Launches with Arianespace. (2014, 2015, 2018) 45°E (Ku- & Ka-bands) Comsat developed with Intelsat as partner for joint use of geosynchronous position and frequencies. Coverage of Europe, Middle East, Africa, Central and South Asia, To be used jointly with Azerspace-1 which is in GEO since February 2013. Contract to SSL. To be launched by Ariane 5. (late 2017) 119.1° (C- and Ku-band) Powerful comsat with up to to 40 transponders. Orbital slot acquired from Intersputnik (Russia). Technology transfer with 61° W (C-, Ku- & Ka-band) WEI n°83 2015-6 - 59 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Commission/Bangladesh) BELINTERSAT-1 (Belintersat/Belarus) 51.5° E (14 transponders in C-band, 26 transponders in Ku-band) BELINTERSAT-2 (Belintersat/Belarus) Tbd (transponders in CKu- and Ka bands? ) BITSAT (Dunvegan Space LEO system (S-band systems/USA) frequencies) BRISAT-1 (PT BRI/Bank Rakvat Indonesia) 150.5° E (C- & Ku-band) BSAT-4A (Broacasting Satellite Corp/Japan) BULGARIASAT-1 (Bumilsatcom /Bulgaria) 110°E (Ku-band) CHINASAT-16 (CASC-Chinasatcom /China) CHINASAT-18 (CASC-Chinasatcom /China) CONGOSAT-01 (Renatelsat/Congo) TBD (Ka-band) DIRECTV-15 (DirecTV/USA) From 99° to 119°W (Ku- & Ka-bands) DIRECTV LATIN AMERICA or INTELSAT-32 (DirecTV-Sky Brasil /USA-Brasil) DPRK COMSAT-1? (KCSTNADA/North Korea) 43°W (Ku-band) ECHOSTAR-18 (Dish Network CorpEchostar/USA) TBD (Ku-band) ECHOSTAR-19/JUPITER-2 (Hughes Network Systems/USA) TBD (Ka-band) ECHOSTAR-21/TERRESTAR-2 SOLARIS MOBILE (Echostar/USA) 10° E (S-band) ECHOSTAR-23 (Dish Network CorpEchostar/USA) ECHOSTAR-105/SES-11 (Echostar/USA & SES/Luxembourg) TBD (Ku-band) EKSPRESS AM-7 (RSCC) 40° E (L-, C- & Ku-bands) EKSPRESS AM-8 (RSCC) 14°W (C- & Ku-bands) TBD (Ku-band) TBD (Ka-band) TBD (C- & Ku-bands) TBD (C-band) 105°W (C- & Ku-bands) SPARRSO (Space Research & Remote Sensing Organization). Plan for in-orbit delivery contract and turnkey system: Thales Alenia Space with Arianespace. (2017) After international RFP launched in 2010, CGWIC (China Great Wall Industry Corp) selected for in-orbit delivery contract – DFH-4 type comsat for services in Central Asia, Africa and Europe - Financial support of Chinese Ex-Im (2015) – Launch with Long March 3B (2016) Belintersat looking for an international partner to go ahead with the 2nd comsat (2018?) Constellation of up to 24 low-cost Triple Cubesats for “cloud computing” services around the globe (first satellites to be launched in late 2016) SSL (ex-Space Systems Loral) as contractor for the medium-size comsat to connect the 11,000 bank branches of Babk Rakvat Indonesia across the Indonesian Archipelago. Launch contract with Arianespace (2016) Broadcasting satellite contracted with SSL. Launcher still to be selected. (2017) High-power broadcasting saltellite to cover the Balkans. After international RFP, SSL (ex-Space Systems/Loral) with SSL 1300 spacecraft, selected as prime contractor. SpaceX Falcon 9 as launch vehicle. (2016) HTS (High Throuput Satellite) with multi-spot beam payload to cover China. (2017) HTS (High Throuput Satellite) with multi-spot beam payload to cover China. (2018) Announcement of a contract for in-orbit delivery with China Telecom and CGWIC (China Great Wall Industry Corp). No recent info about development status (2017?) 6.3-t broadcasting satellite to cover North America with highpower beams. Airbus D&S Satellites selected as prime contractor – To be launched by Ariane 5. (May 2015) Powerful DTH satellite to cover Brasil and Latin America. Airbus D&S Satellites selected as builder with a Eurostar 3000 platform. To be launched by Ariane 5-ECA (2016) Indigenous development of a geosynchronous satellite in the Space Plan 2012-2017 of DPRK, but no recent info. To be launched by a national system. (2018 ?) Direct broadcasting satellite for the Dish Network Corp. Space Systems/Loral as prime contractor. Launcher not yet selected (TBD) SSL (Space Systems Loral) as prime contractor for interactive broadband satellite with very heavy and powerful spacecraft to cover North America. Atlas 5 selected as launch vehicle (2016) Purchase of Solaris Mobile Ltd (Ireland), with S-band payload of Eutelsat W2A/10A in order to develop S-band multimedia applications in Europe. Use of Terrestar-2 satellite contracted with SSL (Space Systems Loral). To be launched by Ariane 5ECA. (2016) SSL (Space Systems Loral) as prime contractor with LS-1300 spacecraft. Launcher not yet selected. (2016) Joint Echostar-SES communications satellite to cover North America, Mexico et the Carribean. Contracted with Airbus Defence & Space. Launcher not yet selected (2016) 5.7 t satellite contract with Airbus D&S: Eurostar 3000 bus with 16 kW payload . To be launched by Proton. (2015) AM-8 to be built by ISS Reshetnev for the platform and Thales Alenia Space for the payload. To be launched in GEO by Proton- WEI n°83 2015-6 - 60 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 EKSPRESS AM-9? (RSCC) EKSPRESS AMU-1/EUTELSAT-36C (RSCC/Eutelsat) 36° E? (C-, Ku- & Kabands?) 36° E (70 repeaters in Ku& Ka-bands) Breeze DM-03. (2015) RFP in progress for a possible contract in 2015. (2017) Airbus D&S selected with Eurostar-3000 spacecraft. Capacity to be jointly operated by RSCC and Eutelsat. To be launched by Proton-Breeze M. (2015) EKSPRESS AMU-2 (RSCC) 103° E (80 repeaters in CInternational RFP in progress for selection in 2015. Pressure of & Ku-bands) Roscosmos to get the contract for a Russian enterprise of space systems. (2017) ENERGIA-100 (EnergiaTBD (Ka-band) Small HTS (High Throughput Satellite) developed by RKK Telecom/Russia) Energia for broadband connections in Russia. In partnership with Rostelecom. (2018) ES’HAIL-2 (ES’HAISAT/Qatar) 26°E (Ku- & Ka-bands), Parnership with Arabsat for the joint use of the capacity. After close to Badr position of international RFP, Mitsubishi Electric as prime contractor. Arabsat Launch vehicle sdtill to be selected. (2017) EUTELSAT-9B + EDRS-A (Eutelsat + 9°E (Ku-bands + optical Airbus D&S as prime contractor. Hosted payload for EDRS Airbus D&S Services) relay for data intersatellite (European Data Relay Satellite) contracted to Airbus D&S links) Services in PPP with ESA. To be launched by Proton. (2015) EUTELSAT-8 WestB (Eutelsat + Thales 8°W (C- & Ku-bands) Thales Alenia Space selected as prime contractor with Spacebus Alenia Space) 4000C3-type spacecraft. To be launched by Proton-Breeze M (2015) EUTELSAT-65 WestA (Eutelsat + 65°W (C-, Ku- & Ka-bands, Eutelsat offer selected by Anatel for the use of Brazilian position Anatel/Brazil) with spotbeams) to cover Latin America. Contract with SSL (ex-Space System/Loral). Availability of services for the Olympic Games. Launcher still to be selected. (2016). EUTELSAT-172B (Eutelsat) 172°E (C- & Ku-bands, with Innovative HTS (High Throughput Satellite) to cover Asia-Pacific spotbeams) for broadband links and mobile connectivity. With the partnership of Panasonic Avionics Corp. All-electricEurostar 3000EOR platform developed by Airbus Defence & Space. Ariane 5 as launcher. (2017) EUTELSAT BB FOR AFRICA 4°W ? (Ka-band with Innovative « all-electric » HTS based on Spacebus Neo (1st (Eutelsat) spotbeams) contract), developed by Thales Alenia Space. For the development of Internet services in Africa, for Facebook, in addition to Ka-band capacity of AMOS-6. (2019) EUTELSAT QUANTUM (Eutelsat) TBD (Ku- & Ka-bands) Intelligent communications satellite for multipurpose services. Spacecraft developed through PPP between Eutelsat and ESA. Airbus Defence & Space as prime contractor, with SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) for the platform. To be launched by SpaceX. (2018) GOVSAT/SES-16 21.5°E (X- & Ka- bands) Establishment of public-private enterprise (Luxembourg gov + (LuxGovsat/Luxembourg) SES). Satellite contracted to Orbital ATK. Designed to receive additional payload during orbital lifetime? Launch with Falcon 9 from SpaceX commercial center at Boca Chica, Texas (2017). GSAT-6/6A (ISRO/India) TBD (C- & S-bands) 2.1-t comsat based on the I-2K platform for mobile services and governmental communications. Launched by GSLV MkII. (2015 - success, 2017) GSAT-9 (ISRO/India) TBD (Ku-band) 2.2-t comsat using the I-2K platform. To be launched by GSLV MkII (2017) GSAT-11 (ISRO/India) TBD (Ku- & Ka-bands) Advanced 4-t comsat based on the I-4K platform. To be launched by the heavy GSLV MkIII or by a non-Indian rocket (2016) GSAT-15 (ISRO/India) 93.5°E (Ku-band) 3.1-t comsat based on the I-3K bus. Successfully launched by Arianespace (November 2015) GSAT-17 (ISRO/India) TBD (C-, Ku & S-bands) I-3K spacecraft decided in 2015. To be launched by Ariane 5ECA (2016) GSAT-18 (ISRO/India) 74° E (C- & Ku-bands) I-3K spacecraft decided in 2015. To be launched by Ariane 5ECA (2017) GSAT-19 (ISRO/India) TBD (C-, Ka & S-bands) Powerful I-6K spacecraft in planning phase. (2018) HEINRICH HERTZ/H2SAT (DLR + TBD (Ka-band) OHB as prime contractor with SmallGEO bus. Broadband OHB + ESA? ) services with advanced Ka-band payload for dual use. Launcher WEI n°83 2015-6 - 61 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 HELLASSAT-3/EUROPASAT (Arabsat/Greece + Saudi Arabia & Inmarsat/UK) HELLASSAT-4/SAUDIGEOSAT-1 (Arabsat/Greece + Saudi Arabia) HISPASAT AG1 (ESA + Hispasat /Spain) HISPASAT-1F (Hispasat/Spain) HYLAS-3/EDRS-C (Avanti Communications, United Kingdom + ESA) HYLAS-4 (Avanti Communications, United Kingdom) HORIZONS-3E (Sky Perfect JSAT + Intelsat Horizons-3 Satellite (Japan/USA) INMARSAT 5/GLOBAL EXPRESS (Inmarsat/United Kingdom) INMARSAT 6 (Inmarsat/United Kingdom) INSAT K (ISRO/India) INTELSAT-27R or -34 (Intelsat/Luxembourg) INTELSAT-30 DLA-1 & -31 DLA-2 (Intelsat/Luxembourg – DirecTV Latin America) INTELSAT-32E/SKY BRASIL-1 (Intelsat/Luxembourg – DirecTV Latin America INTELSAT-36 MULTICHOICE (Intelsat/Luxembourg – Multichoice /South Africa) INTELSAT EPIC-1/-29E & -2/33E/NEXT GENERATION (Intelsat/Luxembourg) INTELSAT EPIC-3/-35E/NEXT GENERATION (Intelsat/Luxembourg) not yet selected. (2018) Powerful broadcasting satellite contracted by Arabsat to Thales Alenia Space. Addtional S-band hosted payload for Inmarsat to cover Europe with MSS broadcasts. To be launched by Falcon Heavy? (2017) 39°E? (Ku- & Ka-bands) Joint venture between Hellasat/Arabsat and KACST (King AbdulAziz City for Science & Technology). Powerful 6-t spacecraft for broadcasts, carrying many innovations, contracted with Lockheed Martin. To be launched byAriane 5. (2018) 36° W ? (Ku-band) Luxor/SmallGEO bus (ARTES 11 programme) with payload developed by TESAT and Thales Alenia Space. Contract signed with OHB System. PPP between ESA and Hispasat for the payload. To be launched by Arianespace. (2016) 30°W (Ku-band) High-capacity communications satellite for broadband connections. SSL selected as prime contractor. To be launched by Proton or Falcon 9. (2017) 0° ? (S- & Ka-band) Small GEO platform of OHB carrying EDRS-C of Airbus D&S Services/TESAT + Avanti payload for broadband Ka communications through PPP agreement with ESA. Launch contract with Arianespace (2017) TBD (Ka-band) Broadband comsat based upon Geostar-3 bus. Contracts with Orbital ATK for satellite and Arianespace for launch. (2017) 169°E (C- & Ku-bands) Continuation of Intelsat-Jsat partnership. HTS (High Troughput Satellite) with advanced digital payload based Intelsat Epic platform for Asia-Pacfic region. To be jointly operated by Sky Perfect JSAT for own purposes and by Intelsat Horizons Satellite within the global system of new generation Epic platforms. Satellite and launch contracts not yet announced. (2018) Atlantic, Pacific & Indian Contract for up to 4 powerful spacecraft for mobile broadband Oceans (89 Ka-band services: Boeing Satellite Systems as prime contractor with BSStransponders on each 702HP bus. Proton-Breeze M launch contract with ILS. Falcon satellite) Heavy for 4th satellite? (2014, 2015) TBD (L-band & Ka-band) Two all-electric Eurostar 3000EOR satellites, contract with Airbus D&S. Launcher not yet selected (2020, 2021) Indian Ocean (Ka-band) 6-t class spacecraft for Ka-band communications (broadband links), to be purchased from abroad; 2nd satellite to be indigenously developed (2016?) 55.5° E/Atlantic Ocean (C- Lost at launch with Zenit 3SL, on 31 January 2013, of the and Ku-bands + UHF medium-power HS702 satellite developed by Boeing Satellite military payload for US Systems, carrying a hosted payload for military purposes. Specific Navy) coverage of Latin America. Replacement with 3-t comsat ordered to SSL (ex-Space Systems/Loral) in 2013. (2015) 95°W (C- & mostly KuCo-located high-power LS-1300 satellites of SSL (ex-Space bands) Systems/Loral), for DTH broadcasts in Latin America (DLA: DTH Latin America). Ariane 5 launch for Intelsat-30 DLA-1 , Proton-Breeze M launch for Intelsat-31 DLA-2 (2015) TBD (Ku-band) Powerful DTH satellite to cover Brasil and Latin America. Airbus D&S Satellites selected as builder with a Eurostar 3000 platform. To be launched by Ariane 5-ECA (2016) 68.3°E (C- & Ku-bands, Powerful satellite to be co-located with Intelsat-20 for panmainly for DTH broadcasts) african coverage. SSL (Space systems/Loral) selected as prime contractor. Launcher not yet selected. (2017) 29°E, 33°E (C- and KuVersatile high-power satellites, using an innovative heavy bands with broadband platform, for mobile broadband applications: after international spotbeams/high throughput RFP, contracts in 2012 and in 2013 to Boeing Satellite Systems. technology) Ariane 5, Proton or Heavy Falcon as candidates for the launches (2015 & 2016) 35°E (C- and Ku-bands with Versatile high-power satellites, using an innovative heavy broadband spotbeams/high platform, for mobile broadband applications: Boeing Satellite 39°E (Ku- & Ka-bands, Sband) WEI n°83 2015-6 - 62 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 throughput technology) INTELSAT-38/AZERSPACE-2 Intelsat, Azercosmos/Azerbaidjan) IRANSAT-1, -2 & -3 (SRI-Space Research Institute & ISA/Iranian Space Agency/Iran) IRIDIUM NEXT (Iridium Communications/USA) IRIDIUM PRIME (Iridium Communications/USA) JCSAT-14 (Sky Perfect JSAT/Japan) JCSAT-15 (Sky Perfect JSAT/Japan) JCSAT-16 (Sky Perfect JSAT/Japan) JUPITER-2/ECHOSTAR-19 (Hughes Network Systems/USA) KACIFIC-1a & -1b (Kacific Broadband Satellite/Singapore) KOREASAT-5A (KT Sat/South Korea) KOREASAT-7 (KT Sat/South Korea) KYPROSAT (Kypros Satellites /Kyprus) LAOSAT-1 (Min. Telecommunications/Laos) LEOSAT CONSTELLATION (Leosat Inc/USA) LYBID-1/UKRCOMSAT-1 (NSAUUkrCosmos/Ukraine) Systems selected as prime contractor. Launcher not yet selected (2016) 45°E (Ku- & Ka-bands) Comsat developed with Azercosmos as partner for joint use of geosynchronous position and frequencies. Coverage of Europe, Middle East, Africa, Central and South Asia. Satellite and launch contracts in 2015. (2017) 47°E, 34°E (Ku-bands) Civilian project of small geosynchronous satellites to carry 2 Kuband transponders for digital broadcasts. Indigenous development in progress with North Korea? See also the military Qaem project. (2016?) LEO constellation (L- band, Thales Alenia Space (with Orbital Sciences as US partner) with interlinks) selected as prime contractor for the space segment (72 satellites in orbit + 9 ground spare). Launch services with nine Falcon 9 rockets of SpaceX from Vandenberg AFB and Dnepr from Yazny. Contract with Canadian Aireon LLC to collect ADS-B signals for aeronautical traffic monitoring (20152017/replacement of the existing and operational 66-satellite constellation) LEO constellation (L-band, Expansion of Iridium Prime to offer LEO missions with hosted with interlinks) payload for innovative research and applications. Iridium Next satellites, based upon EliteBus platform and made by Thales Alenia Space in Orbital Sciences facility, proposed to welcome 265-kg instrumentation for up to 17 Mbps of data. Prospective use to collect AIS data for sea traffic surveillance. An average of 2 to 6 satellites launching per year. Use of Iridium Next ground infrastructure (after 2017). 154°E (C- & Ku-bands) Replacement of JCSAT-2A with SSL (ex-Space Systems/Loral) as prime contractor. To be launched by Falcon 9 v1.1 (2015) 110°E (Ku-band) Replacement of JCSat-110. Contract to SSL (Space systems Loral). To be launched by Ariane 5. (2016) TBD (C- & Ku-bands) First of five comsats to be ordered until end of the decade. Contract to SSL for launch with Falcon 9 v.1.1. (2016) 109.1° W, close to Jupiter-1 SSL (ex-Space Systems Loral) as prime contractor for interactive (Ka-band) broadband satellite with powerful 6.6-t spacecraft to cover North America with broadband spotbeams to meet HughesNet Gen4 high-speed internet services. Ariane 5-ECA selected as launch vehicle (2016) From 130 to 170°E (KaSystem starting operations with a hosted Ka-band multibeam band) payload to enhance broadband connections in the Pacific. Plan to purchase a dedicated satellite in early 2016. (2018?) 113°E (Ku-band) Upgraded Spacebus 4000B2 spacecraft of 3.5 t contracted to Thales Alenia Space. Launch vehicle not yet selected. (2016) 116°E (Ku- & Ka-bands) Upgraded Spacebus 4000B2 spacecraft of 3.5 t contracted to Thales Alenia Space. Launch vehicle not yet selected. (2016) TBD (Ku-, Ka-bands) Partnership with SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) as an offer for new operators. 128.5° E (C- & Ku- bands) In-orbit delivery contract with CGWIC (China Great Wall Industry Corp), in order to cover South East Asia, from Pakistan to Papua New Guinea. Satellite made by CAST (Chinese Academy of Space Technology) for launch with Long March 3B/G2 launch (November 2015) SSO at 1,800 km (Ka-band) Constellation of 80-100 microsats for secured links between enterprises around the globe. Feasility study made by Thales Alenia Space (to be operational in 2019?) 48° E (Ku-band & Ka-band) High-power satellite (transponders of 120 W) built by MDA (McDonald Dettwiler & Associates – ex-SPAR Aerospace) as prime contractor with ISS Reshetnev platform (Ekspress 1000H). Canadian funding of the system. Development delayed by financial problems. Launch with “made in Ukraine” Zenit 3LB WEI n°83 2015-6 - 63 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 MEASAT-3C/AFRICASAT-2a (Measat NA (C-, Ku- and Ka-bands) Satellite Systems/Malaysia) MEXSAT-1/CENTENARIO & 113°W (L- & Ku-bands) -2/MORELOS-3 (SCT-Secretaria de Communicaciones y Transportes/Mexico) MYANMAR-SAT? (M-Tel/Myanmar or TBD (C- & Ku-band) Birmania) NBN CO-1A & -1B (NBN/Australia) 137.9 & 154° E (Ka-band) NBN CO-1C (NBN/Australia) TBD (Ka-band) NEOSAT/EUTELSAT (ESA + Eutelsat/Europe) NICASAT-1 (TBD/Nicaragua) TBD (Ku- & Ka-bands) NIGCOMSAT-2 (Nigcomsat/Nigeria) 19° E (C- , Ku- and Kabands) NIGCOMSAT-3 (Nigcomsat/Nigeria) 22° W (C- , Ku- and Kabands) NYBBSAT-1/SILKWAVE-1 (CMMB Vision/Hong Kong) 105°E (L-band) TBD (Ku-band) NYBBSAT-2 & -3 (CMMB TBD (L-band) Vision/Hong Kong) ONE WEB (One Web + Virgin Galactic Up to 648 operational + Qualcomm + Airbus D&S) satellites in 1,200 km orbits (Ku-band) O3b/up to 20? (O3b Networks/Jersey) Equatorial MEO constellation (Ka-band) QAEM (Defense Ministry/Iran) TBD (C- & Ku-bands) PALAPA-E1 (PT Indosat Tbk /Indonesia) 150.5° E? (Ku-band) PSN-6 (PT Pasifik Satelit Nusantara/Indonesia) SAARC-SAT (ISRO/India) 146°E (Ku-band) TBD (C- & Ku-bands) (announced for September 2011, now postponed to 2016?) Negotiations in progress for a partnership with another comsat operator, to cover Europe, Africa,the Middle East. No recent info about development (2016) Governmental contract for 3 satellites with Boeing Satellite Systems, including 2 Boeing 702HP Geomobile satellites equipped with 22-m L-band antenna. Launched by Proton-Breeze M (2014). To be launched by Atlas 5 (2015) Negotiations with satellite operators - especially Intersputnik - for the use of orbital slot and frequencies. Singtel and CGWIC well positioned for development contract? (2017?) High-power satellite system for NBN (National Broadband Network). Space Systems/Loral as prime contractor for the two co-located spacecraft. To be launched by Ariane 5-ECA (2015, 2016) Need for a third broadband comsat. RFP to be decided for contract in 2015 (2018?) New-generation platform for geo comsats. Technologies developed for Spacebus neo and for Eurostar neo. (2019) Communication & broadcasting satellite for Latin America. Based on DHF-4 bus, to be developed and delivered in orbit by CGWIC (2017?) Contract with CAST through CGWIC to upgrade the capacity of Nigcomsat-1R and to achieve a global system. Coverage of Africa, Middle East, China and Central Asia (2018 ?) Contract with CAST through CGWIC to upgrade the capacity of Nigcomsat-1R and to achieve a global system. Coverage of Africa, the Americas (2018 ?) High-power L-band satellite, based upon 702MP platform, to support mobile services in China, then in Asia. Purchase of Asiastar satellite to start services during 2015. Contract with Boeing for first satellite. Launcher not yet selected. (2017) High-power L-band satellites to be based on “made in China” DFH-4 Contracts with CGWIC? (2017-2018) Project to produce up to 900 microsats of 150 kg for global internet connections at low cost. Technical and financial partnership with Airbus Defense & Space. Automated production of small satellites, at the rate of 3-4 units per day… (full deployment for 2019, with first launches in 2018) Broadband system for 3G cellular networks and WiMAX towers. Development in progress with the strong support of SES for funding resources and control facilities. 16 satellites in construction, with 12 launched by Soyuz from French Guyana. First 4 satellites launched in June 2013, but affected by power problems. Soyuz launches in July and December 2014. Plan to order further satellites. (2013-2014) National project of comsat for governmental services in Iran, with C-band and Ku-band transponders. To be indigenously developed and launched (2018 ?) High-power communications satellite contracted to Orbital Sciences, in order to replace Palapa-C2. Indosat looking for exploitation with an international partner. Preceded since June 2012 by PSN-V, the Chinasat-5B, in inclined orbit, sold by Chinasatcom (2016). See BRIsat. Medium-size comsat contracted to SSL. To be launched by SpaceX Falcon 9 (2017). Medium-size satellite for communications and meteorology. To be developed by ISRO and Indian industry for SAARC/South Asian Association for Regional Cooperation (2016?) WEI n°83 2015-6 - 64 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 SATMEX-9/EUTELSAT 117 WestB (Eutelsat Americas/Mexico) SES-9 (SES/Luxembourg) SES-10 (SES/Luxembourg) SES-11 (SES/Luxembourg) SES-12 (SES/Luxembourg) SES-14 (SES/Luxembourg) SES-15 (SES/Luxembourg) SES-17 (SES/Luxembourg) SGDC BRSAT (AEB + Visiona Technologia Espacial/Brazil) SPACEX CONSTELLATION (SpaceX +/ Google?) STAR ONE-C5 (Star One/Brazil) STAR ONE-C6 (Star One/Brazil) STAR ONE-D1 (Star One/Brazil) SUPREMESAT-2 (Supremesat/Sri Lanka) TELKOM-3S (PT Telekomunicasi Indonesia) TELKOM-4 (PT Telekomunicasi Indonesia) TELSTAR-12V/VANTAGE (Telesat/Canada) 116.8°W (C- & Ku-band) Regional operator acquired by Eutelsat. Contract with Boeing Satellite Systems for an all-electric medium-size comsat. To be launched by Falcon 9 of SpaceX (early 2016) 108.2 E (Ku-band) High-power SES-9 satellite contracted with Boeing Satellite Systems, in order to cover Asia-Pacific regions. To be launched by Falcon 9 (January 2016) 67° W for Latin America High-power SES-10 to cover Andean countries for DTH and (Ku- & Ka-bands) broadband applications. Contracts with Airbus D&S for powerful Eurostar E3000 and with SpaceX for Falcon 9 launch (2016 ) 105°W (Ku- & Ka-bands) New high-power satellite to extend strategic partnership with EchoStar to cover North America. Contracts with Airbus D&S. Launcher not yet selected (2016) 95°E (Ku- & Ka-bands) DTH (Direct To Home) and HTS (High Throughput Satellite) comsat to cover Asia-Pacific. Airbus Defence & Space as prime contractor with all-electricEurostar 3000EOR platform. To be launched by Ariane 5 (2017) 47.5-48° W (C- & KuAll-electric “intelligent” comsat of 4.2 t, based on the E3000e of bands) Airbus Defence & Space, with DTH (Direct To Home) and HTS (High Throughput Satellite). Capacity for mobile, maritime and aeronautical services. Launch with Falcon 9 from SpaceX commercial center at Boca Chica, Texas (2017) TBD (Ku- & Ka-bands) All-electric comsat using BSS 702SP of Boeing Satellite Systems. Capable to offer entertainment and Wifi services onboard aircraft in flight over the America’s. Launcher not yet selected (2017) TBD (Ku- & Ka-band) High-power satellite for broadcasts and broadband links evaluation of proposals in progress (2018) 68°W & ? (C-, X-, KuSatélite Geoestacionário de Defesa e Comunicações Estratégicas bands ? + meteo payload for (SGDC) or Multi-purpose satellites to be used for governmental SGDC-3) commun ications, broadband links, air traffic management. Joint venture Embraer+Telebras, under the name of VisionaTechnologia Espacial, to manufacture the satellites with foreign support. Possibility to include a meteorological payload on the 2nd spacecraft After international RFP, selection of Thales Alenia Space and Arianespace for SGDC-1 satellite and launch (2016-2017) Up to 4,000 cheap microsats Private project of megaconstellations for global internet in various orbital planes at connectivity. Still to be approved by FCC. Specific factory with 625 km? (S- & Ku-bands) automated production of satellites, located at Seattle, Washington. (first demonstrators to be launched in 2016; full deployment in 2019-2020?) 68° W (C- & Ku-bands) Civilian comsat to cover Latin America. RFP for selection of contractor in 2015 (2017) 84°W (Ku-band) Civilian comsat for Latin America. RFP for selection of contractor in 2015? (2017?) 85° W (C-, Ku- & Ka-band) Civilian comsat to support the Olympic Games of Rio for broadcasts and broadband services in Latin America. SSL (exSpace Systems Loral) as contractor. To be launched by Ariane 5 (2016) 50°E (Ku-bands) Contracts with CGWIC (China Great Wall Industry Corp) for inorbit delivery of DFH-4 type comsat and with China Satellite Communications Corp. Supremesat-1 launched in November 2012 with leased capacity onboard Chinasat-12 (2015) 118°E (C- & Ku-bands) 3.5 t Spacebus 4000B2 spacecraft contract with Thales Alenia Space to cover Indonesia and South-East Asia. Arianespace as launch provider (2016) 108°W (C-, Ku- and KaContracted to SSL. Launch vehicle not yet selected(2017) bands 15°W (Ku-band) High-power broadcasting satellite with beams on Europe, Larin America, Middle East, Africa, in order to replace Telstar-12. WEI n°83 2015-6 - 65 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 TELSTAR-18 VANTAGE/ APSTAR-5C (Telesat/Canada) 138° E (C- & Ku-bands) TELSTAR-19 VANTAGE (Telesat/Canada) 63°W (Ku- & Ka-bands, with spotbeams) THAICOM-6/AFRICOM-1 (Thaicom/Thailand) 78.5° E (C- & Ku-bands) THAICOM-8 (Thaicom/Thailand) 78.5°E (Ku- & Ka-bands) THAICOM-9? (Thaicom/Thailand) 50.5°E (Ku-band) THAICOM-IPSTAR-2? (Thaicom/Thailand) 119.5°E (Ku- & Ka-bands) THAI-ICT SAT (ICT Ministry/Thailand) THOR-7 (Telenor Satellite Broadcasting/Norway) TBD (Ku- & Ka-band?) THURAYA-4/Thuraya/United Arab Emirates) ? Position over the Atlantic? (L- & S-bands) 1° W (Ku- & Ka-bands TKSAT-2/TUPAC KATARI 87.2° W? (C-, Ku- and KaSATELLITE-2 (Bolivian Space Agency bands) /Bolivia) TÜRKSAT-5A/-5B (Türksat/Turkey) TÜRKSAT-6A (Türksat/Turkey) 31°E & 42°E (C- & Kubands ?) 42°E (Ku-band) TÜRKSAT-7A (Türksat/Turkey) ? VIASAT-2 (Viasat/USA) TBD (Ku- & Ka-bands) 111.1°W (Ka-band) VIASAT-3 (Viasat/USA) TBD (Ka-band) VIASAT GEO CONSTELLATION (Viasat/USA + ?) VINASAT-3 & -4 (VNPT/Vietnam) 21.5° E (X- and Ka-bands) YAMAL-601 (Gazprom Space Systems/Russia 49°E (C-, Ku- and Kabands) YAHSAT-3/AL YAH-3 (Yal Yah Satellite Communications Atlantic Ocean (Ka-band) Spotbeams for maritime mobile services. Airbus D&S selected as contractor. To be launched by Japanese H-2A (November 2015) Replacement of Telstar 18 by a powerful HTS comsat. Contract with SSL. To be jointly used with APT Satellite. Launcher not yet selected. (2018). New generation comsat with versatile HTS (High Throughpout Satellite) payload. To be co-located with Telestar 14R for the coverage of the Americas. Contract with SSL. Launch contract to be announced in the next weeks. (2018) Medium-size comsat approved by government. Orbital Sciences as prime contractor. C-band coverage of Africa. Launched in January 2014 by Space X Falcon v1.1 and co-located with Thaicom-5 – See Asiasat-6/Thaicom-7. High-power broadcasting satellite to be collocated with Thaicom5 and -6. Contracts to Orbital Sciences for satellite, to SpaceX for launch (2016) Broadcasting satellite for expansion of the Thaicom system to the Middle East, Europe and Africa. Not yet decided. Possibility of acquiring a 2nd hand comsat already in orbit to keep the orbital slot. (2017) High-power broadband satellite to be acquired through partnership with another operator. Enhancement of IPSTAR-1 capacity in South-East Asia and Oceania. Contracts not confirmed to SSL for satellite, to SpaceX for launch (2017) Governmental broadband satellite currently in preparation. RFP in preparation. (2018) Contracts to SSL (ex-Space Systems Loral) for high-power satellite and Arianespace for Ariane 5 launch. Successfully launched on 26 April 2015. Enhancing Telenor Satellite Broadcasting fleet and offering mobile services. (2015) RFP not yet finalized, in order to achieve a global coverage for personal communications. Go-ahead decision related to financial results. (2017?) Project of second comsat for Bolivia, after the successful operations with TKSat-1, developed by CGWIC (China Great Wall Industry Corp) and launched in December 2013. Delayed decision for contract [2017?] International RFP in preparation for medium-size comsats (20182019) First medium-size comsat to be developed in Turkey by TAI. (2020) Comsat to be made in Turkey by TAI. (2022?) 6.7-t powerful HTS (High Throughput Satellite) for broadband services in North America and for air & maritime links over the Atlantic Ocean. Contract with Boeing Satellite Systems for BSS702HP spacecraft. To be launched by Falcon Heavy. (2016) HTS (High Throughput Satellite) for a global 3-satellite system for transmissions of up to 1 Terabits per second, in order to compete with LEO constellations. RFP to be issued in 2016. (2018-2019) Preparation of international RFP for contract in 2015? Possible partnership with another operator in Asia-Pacific. (2017?) Replacement of Yamal-202. After international RFP, Thales Alenia Space selected in 2013 as prime contractor. Proton as launch vehicle (2016) Ka-band HTS (High Thoughput Satellite) for translantic connections, with coverage of Latin America and Africa. WEI n°83 2015-6 - 66 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 Company/UAE) Selection of Orbital Sciences Geostar-3 spacecraft. To be launched by Ariane 5 (2016) © Space Information Center/Belgium – December 2015 In italics: project in study phase or with unclear status Si vous avez des suggestions à faire, des modifications à apporter, n'hésitez pas à le faire: elles seront les bienvenues. Courriel : [email protected] ============================================================= Lecture – Livres concernant l’odyssée de l’espace Le livre redevient le beau cadeau des fêtes de fin d’année. Les publications sur l’aventure spatiale, qui sont de qualité et d’un caractère inédit, ne sont pas très nombreuses, surtout dans la langue de Molière. Nous avons relevé pour 2015 la parution de deux beaux ouvrages : l’un aux Editions Vuibert pour une diffusion « grand public », l’autre aux Editions de l’ESA (ESTEC) avec une distribution assez confidentielle. - Histoire de la Conquête spatiale, par Jean-François Clervoy et Frank Lehot, aux Editions Vuibert (Paris), octobre 2015, 210 pages avec de nombreuses illustrations. L’astronaute français Jean-François Clervoy (dont on connaît le talent de conférencier) et le médecin Frank Lehot, qui se connaissent pour les vols en microgravité, se sont associés pour faire revivre par l’image en couleurs et un texte très abordable l’Histoire de l’astronautique. C’est un récit chronologique de l’aventure des vols spatiaux habités, de 1900 (avec les visionnaires) à 2050 (avec les projets du futur). En passant par les grands chapitres de 19611972 (premier cosmonaute, première sortie dans le vide, les préparatifs du vol lunaire avec Gemini, Américains sur la Lune avec Apollo), de 1973-1998 (laboratoires en orbite terrestre, station modulaire Mir, navettes spatiales pour aller et venir dans l’espace), de 1998-2015 (de l’International Space Station à l’accès privé à l’espace), d’après 2015 (nouveau bond de géant pour l’humanité). Il s’agit d’un éclairage très explicite sur ce que fut, est et sera la présence humaine au-dessus de nos têtes. On y apprend qu’ « en date du 12 mars 2015, 541 astronautes différents ont voyagé 1221 fois dans l’espace » que « le cumul de leurs missions s’élève à 124 ans, soit plus de 45.000 jours ». Comme quoi, les hommes et les femmes n’ont pas « chômé » pour aller dans l’espace. L’ensemble facile à lire est émaillé d’encarts pédagogiques qui décrivent le mal de l’espace, les fêtes en impesanteur, l’entraînement des astronautes, les risques et dangers, les raisons du sport en microgravité, le rôle de l’Homme dans l’espace, la communication des membres de l’équipage avec leurs familles respectives, la vie quotidienne à bord d’une station, les facéties des hommes et femmes sur orbite…). On regrettera l’emploi du terme « apesanteur ». Nous lui préférons le terme d’impesanteur. A la fin du livre, deux index nous renvoient aux noms propres. Cet ouvrage qu’on ne se lasse pas de feuilleter vu une iconographie abondante et qu’on peut lire par morceaux au gré de ses intérêts est à conseiller dans toutes les bibliothèques et les écoles, collèges, lycées… Il est à la portée des élèves depuis l’âge de 10 WEI n°83 2015-6 - 67 WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015 ans : un excellent outil pour leur rappeler la rapidité avec laquelle l’humanité a apprivoisé ce nouveau monde qui mène à l’infiniment grand. - ATV The European Spaceship – Stories behind the scenes of an international success, par Frédéric Castel et Alberto Novelli, aux Editions ESA (ESTEC, Noordwijk), 2015, 210 pages fort bien illustrées. Le journaliste Frédéric Castel, ami de longue date (depuis Apollo-15 en juillet 1971) a réalisé pour l’ESA, avec Alberto Novelli, ce superbe album sur cette magnifique odyssée de l’ATV (Automated Transfer Vehicle). Cet ouvrage, publié à l’initiative de Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’ESA, fait revivre en anglais, avec le support de nombreuses images, la belle histoire du ravitailleur automatique européen de l’ISS (International Space Station). C’est en 1995, lors du Conseil ministériel de Toulouse, que dix Etats d’Europe ont décidé de lancer le développement du laboratoire Columbus et du vaisseau ATV (en remplacement du projet mort-né de navette européenne Hermès). Il a fallu une douzaine d’années - de 1996 à 2008 - pour que celui-ci devienne une réalité opérationnelle avec le premier exemplaire baptisé « Jules Verne », qui vola de mars à septembre 2008. Quatre autres ont réussi avec une grande maîtrise leur mission d’assurer la maintenance de l’ISS : « Johannes Képler » de février à juin 2011, « Edoardo Amaldi » de mars à octobre 2012, « Albert Einstein » de juin à novembre 2013, puis « Georges Lemaître » de juillet 2014 à février 2015. Le livre de Frédéric Castel et d’Alberto Novelli, qui retrace l’aventure de l’ATV avec ses multiples aléas, est plus humain que technique. Il fait découvrir les phases du développement laborieux d’un robot de l’espace, qui devait s’arrimer automatiquement à une infrastructure internationale habitée. Pour l’industrie européenne aux côtés de l’ESA et avec la coopération de RKK Energia (pour la pièce de rendez-vous et d’amarrage), il s’agissait d’une « première » délicate qui comportait de grands défis technologiques. Cette réalisation qui fait de l’ATV un engin unique a démontré la maîtrise en Europe de systèmes spatiaux pour des vols habités. Trois industriels belges - Space Applications Services, Thales Alenia Space Belgium, Euro Heat Pipes (EHP) - ont contribué à la réussite technologique de l’ATV. Dans un dernier chapitre, il est question du futur de l’expertise européenne pour la présence humaine dans la dimension spatiale. Des projets de vaisseaux habités européens sont passés en revue, puis on décrit la prochaine étape avec la NASA : l’ESM (European Service Module) dérivé par Airbus Defence & Space (Brême) du module de service de l’ATV équipera le vaisseau américain MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle), alias Orion, que Lockheed Martin est en train de développer pour l’exploration lointaine du système solaire. Le premier ESM doit voler en 2018 en équipant l’Orion du vol expérimental EM-1 (Exploration Mission-1) en mode inhabité. ============================================================= WEI n°83 2015-6 - 68
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