Le journal de Gien
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Le journal de Gien
Le Journal de Gien / 07octobre 2004 par Martial Poncet , rédacteur en chef Votre voiture sur mesure Quatre copains, installés sur la RN 7 aux Bézards, ont mis en commun leur passion pour l’automobile et leurs compétences pour créer des voitures uniques ou en petites quantités, toutes sorties de leurs rêves La voiture de vos rêves n’est pas forcément… au Mondial de l’Automobile ! Elle est peut-être dans la tête d’un quatuor de créateurs qui, après avoir effectué leurs études ensemble, ont uni leurs compétences en créant “Technical Studio“. Cette société, installée depuis plus d’un an dans les anciens locaux du “Coquelicot Vert“ aux Bézards, près de Boismorand, a pour vocation de construire des voitures sur mesure. Eric Gibert, Armand Dupuy, Ludovic et Pascal Pajot reçoivent les idées et s’occupent du reste jusqu’à ce que le client reparte un beau jour au volant de “sa“ voiture personnelle. Une bande de passionnés Ces quatre mousquetaires se sont connus en 1989 au Lycée Durzy de Montargis où ils préparaient un BTS en conception des produits industriels. Entre Eric Gibert, de Saint-Germain-des-Prés (Loiret), les frères Pajot, de Gien, et Armand Dupuy de… l’île de la Réunion, le courant est vite passée. Durant cette période, et dans le cadre de leurs études, ils imaginent un véhicule pour le golf. "L’idée de la voiture sur mesure était déjà présente" disent-ils. Une fois leur diplôme en poche, la vie professionnelle, qui devient désormais la leur les sépare. Au moins la semaine. Car il se retrouvent tous les week-end pour restaurer des voitures. Des 2 CV d’abord puis des berlines classiques parfois refaites entièrement à neuf. Certains d’entre eux travaillent pour Otis avant de s’égayer dans l’industrie automobile. Armand Dupuy exerce chez Renault, Matra et Peugeot ; Pascal Pajot a trouvé un poste chez Magneti-Marelli tandis que son frère Lucien fait sa place chez un équipementier automobile, Axo Scintex. Tous accumulent de l’expérience, beaucoup d’expérience, dans les domaines les plus divers touchant à l’automobile. Pourtant, en 1999, ils vont avoir beaucoup de mal à créer leur entreprise : Technical Studio. Mal conseillés et face à des banques frileuses, ils finissent par l’immatriculer… en Angleterre où la vie économique semble moins bridée. En octobre 2000, mieux au fait des subtilités administratives françaises, ils rachètent le passif de leur société anglaise et fonde une Sarl à capital variable qui reprend le même nom. "Nous avons dû déployer beaucoup d’énergie pour trouver la formule qui nous intéressait. Les banques ne croyaient pas en nous et il a fallut se débrouiller". Des prestations pour l’automobile C’est grâce à Axo Scintex que la petite entreprise va s’offrir une certaine sécurité financière. L’équipementier lui confie la conception des feux arrière des monospaces Citroën, PSA, Fiat et Lancia, puis du 4X4 Porsche Cayenne, de la Citroën C3, des Peugeot 206, 307 CC. Viennent ensuite des prototypes pour Peugeot et Toyota. "Aujourd’hui, 15 000 feux arrière sortent d’usine à partir de notre travail". Ainsi, pour le feu arrière de la 206, le désigner de Peugeot a défini la pièce et ses caractéristiques. Technical Studio, qui intervient comme sous-traitant d’Axo Scintex, a fait l’étude en CAO, les dessins et les plans des éléments internes du feu. La réalisation de cette “maquette informatique“ a demandé près d’un an, dans ce cas précis. Evidemment, Technical Studio ressent les effets de la crise automobile et connaît des hauts et des bas. Il y a eu deux salariés, il n’y en a plus. En revanche, un apprenti en contrat de qualification a été engagé. "le but est de faire tenir la société. Il n’y a pas de directeur. Les décisions sont prises en commun et chacun gère son domaine et cela fait quatorze ans que cela dure contrairement à ce que l’on nous avait prédit. La partie études nous permet de vivre et nous développons d’autres domaines dont notre concept de voiture sur mesure". Un concentré de savoir-faire Eleven :Ayant assuré l’essentiel pour permettre à la société de perdurer, les quatre amis peuvent se consacrer plus franchement aux objectifs qui les ont toujours motivés. Mais au-delà de la voiture sur mesure, qui suppose qu’elle soit unique, Technical Studio peut s’adapter aux demandes tant en conception qu’en fabrication pour des petites séries. Très vite, Eric Gibert, Armand Dupuy, Pascal et Ludovic Pajot ont compris qu’ils ne maîtrisaient pas toutes les techniques. "Nous avons choisi de nous associer avec des gens qui sont compétents dans l’automobile et passionnés. Il ne faut pas couvrir le travail à 100 %. Chacun doit avoir son autonomie". Technical Studio s’occupe du style grâce à sa maîtrise de la CAO et pilote les projets jusqu’à faire le cas échéant "<I>un peu d’usinage et de montage<I>". Mais ce sont des partenaires qui fournissent les châssis (en aluminium issue de la course), les moules et la carrosserie (carbone et polyester), ou interviennent sur le design. Le projet “Eleven“ obéit à cette démarche. Il s’agit d’un spider sans pare-brise animé par un quatre cylindres (225 km/h, de 0 km/h à 100 km/h en 4,2“) destiné à prouver le savoir-faire de l’équipe aux futurs clients. Le style et les caractéristiques techniques sont figés. Le châssis en aluminium a été réalisé et équipé de son groupe moto-propulseur (moteur-boîte de vitesse). Les études du modèle en trois dimensions seront achevées fin novembre. Les concepteurs passeront alors à la réalisation du “master“, c’est à dire d’une maquette en mousse spéciale à l’échelle 1 destinée à la fabrication des moules pour la carrosserie. Cette dernière devrait voir le jour au début du deuxième trimestre de 2005 et sera suivie de l’assemblage avec le châssis, de la réalisation des câblages électriques et des finitions. Le modèle “Eleven“, qui pourra être adapté aux désirs du client notamment en terme de puissance du moteur (du 4 cylindres au V12), "devrait être présenté avant l’été 2005". Rendez-vous au Salon de Genève 2005 “Eleven“ n’est pas le seul projet sur lequel planche Technical Studio qui a aussi modéliser… un fuselage d’avion léger. Les quatre amis travaillent à la reconstitution d’une Ferrari P4 dont il n’existe plus que trois exemplaires au monde. Pour refaire des pièces de carrosserie, "nous avons travaillé à partir de photos et d’une maquette au 1/24e". Le scanner-laser en 3D a fait le reste. Technical Studio travaille également sur la future carrosserie d’une monoplace utilisée dans les écoles de pilotage et qui pourrait concerner une flotte de trois cent engins. Mais ce qui mobilise surtout Technical Studio aujourd’hui, c’est la “4-Stroke“, du nom du créateur d’un coupé néo-classique du même nom. "Nous sommes chargés de concevoir et de réaliser un châssis complet avec adaptation de tous les éléments mécaniques et de confort". Cela va du moteur à la climatisation. "Nous reprenons également la carrosserie pour y intégrer les systèmes d’étanchéité des différents ouvrants, le mécanisme de vitres électriques, les charnières de fermeture…". Ce véhicule qui pourrait être produit à une centaine d’exemplaires dans le monde, doit être présenté au salon de Genève l’an prochain. Il s' agit assurément du plus gros challenge en cours pour Eric Gibert, Armand Dupuy, Ludovic et Pascal Pajot puisqu’à travers ce modèle, cette manifestation sera l’occasion pour eux de démontrer la véracité de leur savoir-faire. Car même s’ils ne revendiquent pas le statut de constructeur automobile, s’effaçant devant la volonté d’un client qui peut très bien vouloir développer sa propre marque, l’avenir de leur entreprise est directement liée à cette reconnaissance professionnelle. Car la finalité de Technical Studio, dont le chiffre d’affaires HT 2003 de 260 000 est en passe d’être doublé, est de créer "un micro site d’industrialisation pour construire la voiture d’un client en autant d’exemplaires qu’il le souhaite". Idéalement situé là ou se concentre ceux qui ont les moyens de leurs rêves, près de la région parisienne, Technical Studio "s’adapte à toutes les situations", du modèle unique à la mini-série. Et pour le premier, il en coûtera entre 250 000 à 400 000 . Moins que la plus chère des Ferrari…