Robin des Bois TOUT EST À LIRE POUR AVOIR LES

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Robin des Bois TOUT EST À LIRE POUR AVOIR LES
Séquence : Des personnages mythiques, symboles de révoltes
Séance : Robin des Bois
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Présentation de l’affiche Au moyen-âge, l’ISF s’appelait Robin :
Robin des bois est un héros populaire dont on se réclame encore aujourd’hui.
Symbole de justice, il incarne la revanche des opprimés. Pourtant, la question se
complique assez vite lorsqu’on essaie de définir exactement la cause qu’il défend.
Elle n’est pas beaucoup plus évidente lorsqu’on examine ceux qui se réclament de
lui et de son mythe aujourd’hui.
- Problématique : Pourquoi le mythe de Robin des bois est-il si perméable aux
interprétations les plus diverses ? De quelle révolte le mythe de Robin est-il
porteur ?
Document 1 : Robin des Bois, restaurateur ou fiscaliste ?
Les clients du métro parisien peuvent, depuis quelques temps, regarder des
affiches publicitaires d’une chaîne de télévision annonçant le film Robin des
Bois, qu’elle va bientôt diffuser. Sur l’affiche une main gantée, que l’on
suppose être celle de Robin, attrape le cou d’un individu, qu’elle étrangle et
qu’elle force à recracher des pièces d’or qu’il avait avalé. La légende de
l’affiche est ainsi formulée : « Au Moyen-Âge, l’ISF s’appelait Robin. »
Ainsi est resservi le vieux mythe qui fait de Robin des Bois le prince des
voleurs, celui qui vole les riches pour donner aux pauvres. Image appréciée
en France ou la lutte contre les inégalités, contre les riches, contre les
entrepreneurs, est toujours très prisée. C’est le combat des gros contre les
petits, et Robin est indubitablement du côté des petits.
Mais cette figure de Robin des Bois a été largement détournée de l’originale. Certes les
racines de la légende sont nombreuses, autant que les poèmes et les ballades anglaises qui
évoquent ce héros littéraire, mais il n’est jamais fait mention de celui qui vole les riches
pour donner aux pauvres, cela c’est une invention française. Que l’on se souvienne du film
de 1973, réalisé par les studios Disney, ou de celui de 1991, avec Kevin Costner et Sean
Connery ; ces deux-là sont plus conformes à la réalité.
Robin est avant tout un seigneur, fidèle à son roi légitime, le roi Richard, dont le trône a
été usurpé alors qu’il participait à la croisade. Chez Disney, c’est son frère Jean sans
Terre, chez Kevin Reynolds, c’est le shérif de Nottingham, qui lui ont pris ses terres.
Avant de combattre pour les pauvres, Robin combat pour son roi. Avant de dérober les
riches, il dérobe les usurpateurs. Robin n’est pas un fiscaliste prélevant l’ISF, il est un
monarchiste restaurant la légitimité. Il est compréhensible que cette image heurtant la
sensibilité politique française ait été transformée en symbole marxiste. Tout au long de ses
aventures, Robin travaille en sous main pour Richard, et s’il refuse de payer l’impôt c’est
parce que cet État n’est pas légitime à ses yeux. Il est aussi celui qui combat l’oppression
fiscale, les taxes multipliées et ajoutées qui pèsent sur les habitants de son pays, les
appauvrissant pour enrichir l’État et les politiques qui vivent de ces impôts. Robin est donc
aussi le héraut des libéraux et des contribuables ; une autre image qui n’est guère
appréciée.
Enfin, dans les versions du 19e siècle, Robin des Bois est présenté comme étant un seigneur
saxon qui combat les Normands après la bataille d’Hastings de 1066. Il est alors celui qui
refuse l’envahisseur et lutte pour la survie politique de son pays et le respect de sa culture.
On voit comment l’image de Robin est transhistorique – Hastings est au 11e siècle, Richard
Cœur de Lion au 12e –, polymorphe – combattant de l’indépendance saxonne, partisan
royaliste, sans-culotte des forêts – et finalement assez malléable pour plaire à différents
pays et à différentes cultures.
Jean-Baptiste Noé
Jean-Baptiste Noé, docteur en histoire économique, historien, est professeur au lycée
Hautefeuille (www.lycee-hautefeuille.com), et auteur de plusieurs ouvrages.
http://www.contrepoints.org/2011/05/20/25463-robin-des-bois-restaurateur-ou-fiscaliste
Documents 1
Quel malentendu à propos de Robin des bois l’auteur soulève-t-il ?
D’après JB Noé, Robin ne vole pas aux riches pour donner aux pauvres.
2. Quelles sont les différentes interprétations qu’on peut donner de Robin. En
quoi contredisent-elles ou non notre appréciation contemporaine ?
- C’est un légitimiste qui soutient son roi face à ceux qui lui ont volé le trône : il
prive de ressources les usurpateurs. Il ne remet pas en cause le système, au
contraire, il veut le restaurer.
- Il combat les taxes : celui qui combat l’oppression fiscale, les taxes
multipliées et ajoutées qui pèsent sur les habitants de son pays, les
appauvrissant pour enrichir l’État et les politiques qui vivent de ces
impôts.Dans cette lecture, l’impôt n’est pas solidaire, il ne sert qu’à enrichir
les politiques.
- C’est un héros national(iste) qui se bat pour le respect de sa culture.
Ces interprétations montrent un Robin qui peut, soit protéger, soit combattre le
système. Il semble être aussi à partir du XIX ème siècle un héros résistant à
l’envahisseur.
Document 2 Robin des bois Mythe ou réalité
Robin des Bois, hors la loi au grand coeur ? Ame généreuse ? Protecteur des
plus faibles ? Adversaire résolu du terrible sherrif de Nothingham ?
Aujourd’hui, la cause paraît entendue. Le cinéma hollywoodien y est pour
beaucoup. Les films consacrés aux aventures du sympathique brigand anglais
et de ses compagnons évoquent souvent les mêmes clichés : de joyeux
lurons, rieurs, courageux, inventifs et malins. Des soldats tournés en
ridicule. Un roi cruel et calculateur mais toujours défait.
Les scénaristes anglo-saxons ont repris à leur compte quelques vieilles
ballades du XVI° sècle. Ces compositions littéraires héritées de troubadours
bien inspirés s’appuient en général sur un aspect particulier de Robin : son
prodigieux sens de la ruse, sa capacité à se jouer de l’ennemi, son
inépuisable optimisme.
Des récits plus antérieurs proposent pourtant un portrait du personnage
autrement plus brutal. Un portrait où la cruauté l’emporte de loin. Un texte
médiéval ne rapporte-t-il pas le geste sanglant du héros de Sherwood à
l’issue d’un engagement armé ? (Il décapite en effet de son couteau Guy de
Gisborne dont il plante la tête sanglante sur l’extrémité d’un pieux). Une
violence de cette nature n’a rien pour surprendre si on la replace au coeur
de son époque. Les comportements sociaux du XII° siècle sont souvent
brutaux. Que l’on songe aux révoltes paysannes noyées dans le sang, aux
rixes meurtrières survenues à l’occasion d’un différent ordinaire, aux
exécutions capitales vécues comme autant de spectacles divertissants, aux
assassinats de voyageurs égarés et l’on comprendra aisément que Robin est
avant tout le produit de son temps.
L’ère élisabethaine en offre ses propres interprétations. La parution, en
1601, d’une pièce, La chute et la mort de Robert, comte de Huntingdon
(Traduction française) aborde Robin sous les traits d’un aristocrate en état
de rébellion, à la recherche des titres et des terres dont le Prince Jean l’a
privé (Le roi Richard Coeur de Lion combat en Orient). (…)
Il n’est pas évident d’attribuer à Robin des Bois une position sociale
certaine. Est-il simple hors-la loi vivant de la forêt dans laquelle il a trouvé
refuge ? Paysan libre chassé de sa terre ? Serf en fuite ? Les spécialistes
ont longuement parcouru les manuscrits médiévaux à la recherche de
réponses.
(…)Les conflits portent pour une part sur la maîtrise des espaces forestiers
en Angleterre. Les souverains Plantagenêt ont confisqué à leur profit les
ressources sylvestres du pays. « La loi de la Forêt », titre d’un édit très
impopulaire du XIII° siècle, interdit tout usage collectif des domaines
réservés à la chasse royale. Les peines encourues sont particulièrement
sévères et aggravent les tensions. Les historiens admettent aujourd’hui que
le monde paysan n’est pas forcément à l’origine des mouvements de colère.
Certes, les communautés rurales vivent très mal les décisions du pouvoir (Les
populations trouvaient dans la forêt de quoi se nourrir et se chauffer). Mais
ce serait commettre une erreur que d’ignorer le rôle joué par la Gentry au
cours des soulèvements.
Dans les années 1210, une révolte des barons anglais ébranle l’autorité de
Jean Sans Terre. La noblesse se rassemble autour d’un projet partagé : la
défense de privilèges et des liberté que le pouvoir des Plantagenêts tend à
réduire. Les affrontements militaires s’achèvent sur la défaite du monarque
et l’octroi de « La Grande Charte » (1215). Les revendications des lignages
aristocratiques ne sont d’ailleurs pas toujours d’ordre politique. Elles
concernent aussi le contrôle et l’utilisation des forêts anglaises sur lesquelles
la Couronne impose un monopole encombrant.
(…) Le brigand de Sherwood apparaît bien davantage qu’on ne l’a longtemps
supposé comme une référence dont la petite noblesse s’est approprié le sens.
Car il s’érige en symbole des combats menés contre les représentants d’un
Etat administratif encore incomplet mais néanmoins pesant.
(…)
Que retenir de Robin ? Le brigand de Sherwood n’a sans doute aucune
existence historique (Même s’il n’est pas impossible que la légende évoque le
souvenir de personnages bien réels). Néanmoins, son parcours à travers les
siècles s’inscrit dans un contexte social précis et répond à une demande
précise. Le Robin du XII° siècle (Volontiers cruel et sanglant) n’est pas le
Robin du XVI° siècle (Un aristocrate généreux, injustement spolié, en
rébellion pour retrouver ses biens). En revanche, ses luttes, ses combats
rappelle combien les conflits du Moyen Age sont fréquents. Le sympathique
Hors-La-Loi est d’abord un produit de son temps.
Questions :
Dans cet extrait, le caractère de Robin est-il immuable ? Comment cela
s’explique-t-il ?
Robin voit ses histoires adaptées en fonction des époques, il est plus ou moins
violent, plus ou moins noble en fonction du public qui reçoit ses histoires.
Pourquoi Robin est-il associé aux grands conflits du moyen-âge ?
À l’époque, les conflits sont nombreux, ses qualités de héros « son prodigieux
sens de la ruse, sa capacité à se jouer de l’ennemi, son inépuisable
optimisme » ne contredisent aucune cause, il est un héros positif dans lequel
chacun peut s’identifier : on sait que c’est un révolté, cela lui donne une grande
malléabilité : il peut revendiquer le combat des vainqueurs ou rendre leur fierté
aux perdants.
« Le sympathique Hors-La-Loi est d’abord un produit de son temps ». Les qualités
de Robin lui permettent de s’adapter aux problématiques de l’époque. Quels
éléments ont permis à ce mythe de perdurer jusqu’à nos jours ?
Document 3 Un héros saxon ?
Après la Conquête, la société anglaise se trouve clivée, scindée en deux
groupes hostiles, en deux faces antagonistes, Normands d'un c6té, qui
imposent leur ordre, Saxons de l'autre, qui résistent comme ils peuvent au
joug normand. L'une des expressions de ce clivage et de ce conflit consiste
en « la superposition et l'affrontement de deux ensembles légendaires
hétérogènes »: un ensemble normand d'une part, de caractère aristocratique
et monarchique, centré sur le cycle arthurien et la matière de Bretagne ; un
ensemble saxon d'autre part, de caractère mythologique et populaire, où
l'on retrouve des croyances mythiques, (…) des « récits populaires du type
Robin des Bois ». C'est donc dans un contexte tout à fait précis que se
situent, dans la présentation qu'en donne Foucault, les récits relatifs à
Robin Hood : il s'agirait de récits d'origine populaire, relatant les exploits
d'un héros de race saxonne résistant à l'envahisseur normand, qui
trouveraient en effet tout leur sens dans le cadre d'une conception de la
Conquête comme inaugurant un clivage durable au sein de la société anglaise,
conception elle-même réactivée au moment de la première révolution anglaise
du XVIIè siècle. (…)
Suivant en cela une tradition ancienne, mais lettrée, Augustin Thierry situe
les exploits de Robin Hood dans les années 1190, l’époque du roi Richard I
(Richard Cœur de Lion): « Vers le temps où le héros du baronnage anglonormand visita la forêt de Sherwood, dans cette même forêt vivait un
homme qui était le héros des serfs, des pauvres et des petits,en un mot de
la race anglo-saxonne. »: On remarque en outre que cette phrase elle seule
contient deux autres traits essentiels: d'une part, la définition de Robin
Hood comme redresseur de torts, protecteur des faibles et des humbles ;
d'autre part, pour reprendre ici les termes mêmes de Foucault, qui
constituent la meilleure glose possible de ce passage, le« codage » des «
grandes oppositions sociales dans les formes historiques de la conquête et de
la domination d'une race sur une autre, codage qui fait de Robin non
seulement un bandit social, mais bien aussi et en même temps un héros
purement saxon. Ces deux thèmes sont longuement développés par Thierry
dans les pages qu'il consacre à Robin Hood, et même très logiquement
entrecroisés, puisque les « pauvres » et les « petits » dont il est ici
question ne sont autres que des Saxons expropriés.
(…) Or il semble bien que les deux éléments de cette thèse soient pour le
moins sujets à caution : (…) il ne semble pas que la figure de Robin Hood ait
fait l'objet d'une utilisation explicite dans le cadre de la théorie du joug
normand avant le XIXè siècle.
Pierre Lurbe Le mythe de Robin des Bois
Cités
No. 2, Michel Foucault : de la guerre des races au biopouvoir (2000), pp.
71-81
Published by: Presses Universitaires de France
Article Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40620634
Quelle conception Foucault et Augustin Thierry ont-ils de la légende de Robin
des bois ?
Pour Foucault et Thierry, il s’agit de résistance culturelle : les normands
oppriment les saxons
qu’ils ont envahi, Robin est alors leur champion.
Cette interprétation de la légende est-elle valide ?
La conclusion du texte indique que cette interprétation est fausse : le caractère
saxon de Robin
ne semble pas développé avant le XIXè siècle. Les deux auteurs se sont fondés
au départ sur la
lecture d’Ivanhoé héros imaginaire du roman de Walter Scott (1771-1832), qui
fut publié en 1819.
Robin des Bois y apparait comme héros secondaire. Les sources historiques du
roman sont peu
solides. Ainsi l'hostilité entre Saxons et Normands sous le règne de Richard Ier
et à laquelle il
fait allusion, n'est pas attestée par les documents d'époque. Leur analyse est
biaisée au départ.
En revanche, le contexte d’écriture d’Ivanhoé se situe dans une phase
d’affirmation nationale de
l’Angleterre, avec des héros fidèles au roi.
Robin des bois aujourd’hui :
Document 4 Un "Robin des bois" en Andalousie
LE MONDE | 29.08.2012
Héros ou vandale ? Humaniste au grand coeur ou marxiste mégalomane ? Juan Manuel
Sanchez Gordillo, maire depuis trente-trois ans de la petite commune de Marinaleda dans la
province de Séville, en Andalousie, député au Parlement régional pour Izquierda Unida, la
gauche unie (écolo-communistes, IU), et membre du Syndicat andalou des travailleurs
(SAT), concentre au moins autant de critiques que de louanges sur sa personne.
Connu pour avoir mené, dans les années 1980 et 1990, des campagnes d'expropriation
visant à redistribuer la terre aux paysans ou pour avoir développé l'autoconstruction de
logements sociaux loués 15 euros par mois, celui que la presse a vite surnommé le "Robin des
bois andalou" est revenu sur le devant de la scène médiatique en août, après avoir conduit
une opération symbolique du SAT dans deux supermarchés de la région. Le 7 août, à Arcos
de la Frontera et à Ecija, des dizaines de personnes ont rempli une vingtaine de chariots de
denrées de première nécessité avant de partir sans payer. Ils ont ensuite distribué le butin à
différents services sociaux et aux habitants dans le besoin de La Corrala Utopia, à Séville,
un ensemble de quatre immeubles vides squattés depuis trois mois par trente-six familles en
situation de "danger social", selon les termes des "indignés" qui ont organisé l'occupation et
leur relogement.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/29/un-robin-des-bois-enandalousie_1752766_3232.html
Document 5 : Anonymous, Indignés, LulzSec... entre cyberguérilla et nouveaux « Robin des
Bois » ? octobre 2012 par Emmanuelle Lamandé
« Anonymous, Indignés, LulzSec… les mouvements de rébellion s’emparent
aujourd’hui de la scène économique. Quelles sont les règles de ce nouvel « Art de
la guerre » ? Qui sont ces nouveaux « Robin des Bois » qui n’hésitent pas à utiliser
la Toile comme outil de revendication ? » Doit-on parler de cyberguérilla ? Quels
sont les points communs et les différences avec les mouvements de rébellion
connus de longue date ? Jean-Christophe Rufin*, Prix Goncourt et membre de
l’Académie française, nous livre quelques éléments de réponse à l’occasion de la
conférence plénière des Assises de la Sécurité.
Internet consacre le principe du conflit asymétrique. Sur la Toile, un individu, voire un
collectif isolé, peut attaquer efficacement les infrastructures informatiques ou la
réputation d’une entreprise comme d’un État. On assiste ainsi peu à peu à une
prolifération de groupes de petite taille ou de taille intermédiaire qui pratiquent ce
type de « guerre ».
Toutefois, l’existence de ces petits groupes violents n’est pas nouvelle. La période de la
guerre froide a, par exemple, vu l’émergence de groupuscules de ce type, rappelle-t-il.
Cependant, pendant cette période, ces groupes étaient bien connus des puissances en
place. C’est d’ailleurs ce qui marque la grande différence avec ce que nous pouvons
observer ces vingt dernières années : une autonomisation de ces groupes violents et
armés. Les autorités ont aujourd’hui perdu la maîtrise et la connaissance de ces
différents collectifs.
(…)
Concernant ce qui se passe plus près de chez nous, les mouvements de type Anonymous,
Indignés, LulzSec…, ne sont pas très différents, pour lui, des années 1968 ou de ce qui
fut à l’origine des mouvements humanitaires, comme par exemple la création de
« Mouvement Sans Frontières ». Il s’agit ici de la revendication du citoyen contre
l’état. « Sauf qu’à l’époque nous étions considérés comme des « gentils » et nos
motivations étaient plutôt consensuelles », précise-t-il. Les Anonymous, etc., ont au
fond cette même volonté de redresser les torts de l’état. Les individus auront toujours
une certaine forme de sympathie pour les « Robin des Bois » qui se battent contre la
dure loi de l’état.
« La criminalité organisée c’est dangereux, la criminalité désorganisée c’est encore
pire »
Toutefois, ces groupes se distinguent aujourd’hui par leur aspect flottant et
complètement désorganisé. Il est très difficile aujourd’hui de leur attribuer une
quelconque stratégie, c’est d’ailleurs ce qui apparaît le plus inquiétant. « La criminalité
organisée c’est dangereux, la criminalité désorganisée c’est encore pire », explique-t-il.
Quelles sont, en réponse, les ripostes envisageables pour les entreprises ou les
instances gouvernementales ? Pour tenter d’endiguer ce phénomène d’offensive
numérique et venir à bout de ces menaces, la solution sera sans doute de raidir encore
plus le fonctionnement du système. Une tâche qui ne sera d’autant pas simple que ces
groupes sont complètement dispersés sur le territoire international… sans compter les
risques d’une dérive sécuritaire. Ces mouvements de rébellion n’arriveront-ils pas au
final à « montrer que nos régimes démocratiques sont en fait totalitaires », conclut-il.
Jean-Christophe Rufin est à la fois médecin, humanitaire, essayiste politique,
romancier, prix Goncourt et membre de l’Académie française. Il est aussi l’ancien viceprésident de Médecins sans frontières, ancien président d’Action contre la faim,
diplomate, ancien ambassadeur de France en Gambie, et au Sénégal.
Document 6 : Reportage de l’AFP : Robin Hood was right
Dans ces trois documents, expliquez les références au mythe de Robin des bois.
Rétablissement d’une certaine justice, remise en cause d’un système jugé corrompu ou
illégitime : tous ces documents reprennent des éléments qui peuvent se rattacher à
Robin des bois. Ce dernier incarne davantage l’idée de la révolte plutôt qu’une cause
précise.
Document 7 Analyse sociologique de Robin des Bois en tant que bandit
Même s’il représente la justice et l’équité, notre héros est, à la base, un brigand mais il
constitue plusieurs types particuliers de bandit : (…)
- Robin des Bois ou le brigand au grand cœur
Pour le public, Robin des Bois représente le brigand au grand cœur, analysé sociologiquement
comme « le type de bandit le plus célèbre et le plus universellement populaire, celui qui
revient le plus dans les ballades et les chansons, bien qu’en réalité il fut loin d’être le plus
répandu »
(…)
Le brigand au grand cœur, champion et justicier du peuple, présente plusieurs
caractéristiques : tout d’abord, il n’est pas au départ un criminel mais devient bandit suite à
une injustice ou à une persécution des autorités. Il a aussi cette image de redresseur de
torts : il représente la justice en volant les riches pour donner aux pauvres. Comme il a été
victime d’abus, le brigand au grand cœur fera en sorte que le peuple ne devienne pas la
nouvelle proie des autorités locales.
Ceci dit, il n’est un malfaiteur violent que « par nécessité » : il ne tue qu’en cas de légitime
défense. Il est aussi une personne à part entière de la communauté qui l’accepte, l’admire
et l’aide. Pour cette raison, il opère, seul ou avec sa bande, sur le territoire de la
communauté d’où il est souvent issu. Alors qu’il est théoriquement invisible (déguisement le
rendant méconnaissable) et invulnérable (idée du peuple que son champion ne sera jamais
vaincu), la mort de ce type de héros est toujours causée par une trahison étant donné
qu’aucune personne de l’autorité n’arrive à l’attraper.
Le brigand au grand cœur ne combat pas son roi, source de justice, qui pardonnera au
bandit et le prendra à son service, mais seulement les oppresseurs locaux, les nobles
dédaigneux du peuple et le clergé corrompu. Le nombre de cas, où cette description
théorique du brigand au grand cœur rime avec l’existence historique de certains bandits,
est très peu élevé (par exemple, le célèbre bandit historique Pancho villa).
Avec cette description, nous remarquons que Robin, alias le brigand au grand cœur, n’est
pas à vrai dire un révolutionnaire car son objectif est assez modeste : il veut simplement
restaurer une véritable justice mais « il ne cherche pas à promouvoir une société fondée sur
la liberté et l’égalité ». Mais, même si ce n’est pas un révolutionnaire au sens pur, Robin des
Bois constitue pour Eric John Hobsbawn la forme la plus primitive de protestation sociale.
- Robin des Bois ou le bandit social
Dans une autre étude, Eric John Hobsbawn nous donne une nouvelle vision de Robin des Bois :
il le considère comme un véritable révolté social. « Le banditisme est une forme primitive de
protestation sociale organisée […] considérée comme telle dans beaucoup de sociétés par le
peuple qui, de ce fait, protège le bandit en qui il voit souvent son champion, qu’il idéalise et
dont il fait un mythe : Robin des Bois en Angleterre ». Le bandit social présente à peu près
les mêmes caractéristiques que le bandit au grand cœur, sauf qu’il est plus impliqué
« politiquement » dans sa lutte contre les puissants qui volent les pauvres.
(…) Avant l’arrivée du bandit social, le peuple n’est pas conscient de sa force et de son
rôle politique.
Le bandit social, tout comme le brigand au grand cœur, n’est pas un pur révolutionnaire : il
ne proteste pas contre la différence de classes sociales mais simplement contre l’énorme
écart entre celles-ci. Il n’est pas là pour créer un monde où chacun est égal. Robin, en tant
que bandit social selon Hobsbawn, a simplement pour but d’imposer des limites à l’oppression
locale via des menaces d’anarchie, de vols et de meurtres.
- Robin des Bois ou le terroriste communiste
La vision « spéciale » de Robin des Bois par Eric John Hobsbawn sera un sujet de
controverse entre les spécialistes mais ce spécialiste du banditisme a raison dans un sens :
si un bandit-héros comme Robin des Bois apparaissait à notre époque, il serait considéré
comme un véritable terroriste.
En effet, le mythe de Robin fut popularisé par ses actions, à savoir l’assassinat, le vol et
des actions de « guérilla » contre les autorités. Au cours du temps, la légende de Robin des
Bois a pris de plus en plus un côté communiste pour certains : le fait de protéger le peuple
et de vouloir se venger des puissants montre le désir de créer un nouvel ordre, idée de
base de la politique communiste.
Robin des Bois, véritable bandit historique ? Rémy Baudoin
http://homepages.ulb.ac.be/~anengleb/recherches/robin_des_bois/baudoin.html#_Toc2932006
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Le document 7 présente Robin comme l’incarnation de plusieurs types de bandits, Classez les
Robin de chaque document dans une de ces catégories
Conclusion : Si un personnage peut avoir des caractéristiques qui relèvent du mythe, ici Robin
apparait en révolté astucieux, fin tireur à l’arc et invulnérable, il ne devient véritablement un
mythe que s’il est investi d’un sens qui lui permette de s’incarner dans une conscience collective.
Le mythe de Robin des bois est imprécis, et c’est peut-être une définition large de sa révolte qui
le rend si adaptable et explique qu’il soit sans cesse revu en fonction des époques et des
idéologies ou revendiqué.