Robin des Bois TOUT EST À LIRE POUR AVOIR LES
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Robin des Bois TOUT EST À LIRE POUR AVOIR LES
Séquence : Des personnages mythiques, symboles de révoltes Séance : Robin des Bois TOUT EST À LIRE POUR AVOIR LES TEXTES EN TÊTE. APPRENEZ LA PROBLÉMATIQUE ET LES TEXTES EN ROUGE PAR CŒEUR!!! VOUS CONNAISSEZ BIEN LES TEXTES ET LES RÉPONSES EN BLEUS QUI SERONT VOS ARGUMENTS !!!!!!!!!!! UN DERNIER EFFORT ET VOUS ÊTES PRESQUE DIPLÔMÉS. Présentation de l’affiche Au moyen-âge, l’ISF s’appelait Robin : Robin des bois est un héros populaire dont on se réclame encore aujourd’hui. Symbole de justice, il incarne la revanche des opprimés. Pourtant, la question se complique assez vite lorsqu’on essaie de définir exactement la cause qu’il défend. Elle n’est pas beaucoup plus évidente lorsqu’on examine ceux qui se réclament de lui et de son mythe aujourd’hui. - Problématique : Pourquoi le mythe de Robin des bois est-il si perméable aux interprétations les plus diverses ? De quelle révolte le mythe de Robin est-il porteur ? Document 1 : Robin des Bois, restaurateur ou fiscaliste ? Les clients du métro parisien peuvent, depuis quelques temps, regarder des affiches publicitaires d’une chaîne de télévision annonçant le film Robin des Bois, qu’elle va bientôt diffuser. Sur l’affiche une main gantée, que l’on suppose être celle de Robin, attrape le cou d’un individu, qu’elle étrangle et qu’elle force à recracher des pièces d’or qu’il avait avalé. La légende de l’affiche est ainsi formulée : « Au Moyen-Âge, l’ISF s’appelait Robin. » Ainsi est resservi le vieux mythe qui fait de Robin des Bois le prince des voleurs, celui qui vole les riches pour donner aux pauvres. Image appréciée en France ou la lutte contre les inégalités, contre les riches, contre les entrepreneurs, est toujours très prisée. C’est le combat des gros contre les petits, et Robin est indubitablement du côté des petits. Mais cette figure de Robin des Bois a été largement détournée de l’originale. Certes les racines de la légende sont nombreuses, autant que les poèmes et les ballades anglaises qui évoquent ce héros littéraire, mais il n’est jamais fait mention de celui qui vole les riches pour donner aux pauvres, cela c’est une invention française. Que l’on se souvienne du film de 1973, réalisé par les studios Disney, ou de celui de 1991, avec Kevin Costner et Sean Connery ; ces deux-là sont plus conformes à la réalité. Robin est avant tout un seigneur, fidèle à son roi légitime, le roi Richard, dont le trône a été usurpé alors qu’il participait à la croisade. Chez Disney, c’est son frère Jean sans Terre, chez Kevin Reynolds, c’est le shérif de Nottingham, qui lui ont pris ses terres. Avant de combattre pour les pauvres, Robin combat pour son roi. Avant de dérober les riches, il dérobe les usurpateurs. Robin n’est pas un fiscaliste prélevant l’ISF, il est un monarchiste restaurant la légitimité. Il est compréhensible que cette image heurtant la sensibilité politique française ait été transformée en symbole marxiste. Tout au long de ses aventures, Robin travaille en sous main pour Richard, et s’il refuse de payer l’impôt c’est parce que cet État n’est pas légitime à ses yeux. Il est aussi celui qui combat l’oppression fiscale, les taxes multipliées et ajoutées qui pèsent sur les habitants de son pays, les appauvrissant pour enrichir l’État et les politiques qui vivent de ces impôts. Robin est donc aussi le héraut des libéraux et des contribuables ; une autre image qui n’est guère appréciée. Enfin, dans les versions du 19e siècle, Robin des Bois est présenté comme étant un seigneur saxon qui combat les Normands après la bataille d’Hastings de 1066. Il est alors celui qui refuse l’envahisseur et lutte pour la survie politique de son pays et le respect de sa culture. On voit comment l’image de Robin est transhistorique – Hastings est au 11e siècle, Richard Cœur de Lion au 12e –, polymorphe – combattant de l’indépendance saxonne, partisan royaliste, sans-culotte des forêts – et finalement assez malléable pour plaire à différents pays et à différentes cultures. Jean-Baptiste Noé Jean-Baptiste Noé, docteur en histoire économique, historien, est professeur au lycée Hautefeuille (www.lycee-hautefeuille.com), et auteur de plusieurs ouvrages. http://www.contrepoints.org/2011/05/20/25463-robin-des-bois-restaurateur-ou-fiscaliste Documents 1 Quel malentendu à propos de Robin des bois l’auteur soulève-t-il ? D’après JB Noé, Robin ne vole pas aux riches pour donner aux pauvres. 2. Quelles sont les différentes interprétations qu’on peut donner de Robin. En quoi contredisent-elles ou non notre appréciation contemporaine ? - C’est un légitimiste qui soutient son roi face à ceux qui lui ont volé le trône : il prive de ressources les usurpateurs. Il ne remet pas en cause le système, au contraire, il veut le restaurer. - Il combat les taxes : celui qui combat l’oppression fiscale, les taxes multipliées et ajoutées qui pèsent sur les habitants de son pays, les appauvrissant pour enrichir l’État et les politiques qui vivent de ces impôts.Dans cette lecture, l’impôt n’est pas solidaire, il ne sert qu’à enrichir les politiques. - C’est un héros national(iste) qui se bat pour le respect de sa culture. Ces interprétations montrent un Robin qui peut, soit protéger, soit combattre le système. Il semble être aussi à partir du XIX ème siècle un héros résistant à l’envahisseur. Document 2 Robin des bois Mythe ou réalité Robin des Bois, hors la loi au grand coeur ? Ame généreuse ? Protecteur des plus faibles ? Adversaire résolu du terrible sherrif de Nothingham ? Aujourd’hui, la cause paraît entendue. Le cinéma hollywoodien y est pour beaucoup. Les films consacrés aux aventures du sympathique brigand anglais et de ses compagnons évoquent souvent les mêmes clichés : de joyeux lurons, rieurs, courageux, inventifs et malins. Des soldats tournés en ridicule. Un roi cruel et calculateur mais toujours défait. Les scénaristes anglo-saxons ont repris à leur compte quelques vieilles ballades du XVI° sècle. Ces compositions littéraires héritées de troubadours bien inspirés s’appuient en général sur un aspect particulier de Robin : son prodigieux sens de la ruse, sa capacité à se jouer de l’ennemi, son inépuisable optimisme. Des récits plus antérieurs proposent pourtant un portrait du personnage autrement plus brutal. Un portrait où la cruauté l’emporte de loin. Un texte médiéval ne rapporte-t-il pas le geste sanglant du héros de Sherwood à l’issue d’un engagement armé ? (Il décapite en effet de son couteau Guy de Gisborne dont il plante la tête sanglante sur l’extrémité d’un pieux). Une violence de cette nature n’a rien pour surprendre si on la replace au coeur de son époque. Les comportements sociaux du XII° siècle sont souvent brutaux. Que l’on songe aux révoltes paysannes noyées dans le sang, aux rixes meurtrières survenues à l’occasion d’un différent ordinaire, aux exécutions capitales vécues comme autant de spectacles divertissants, aux assassinats de voyageurs égarés et l’on comprendra aisément que Robin est avant tout le produit de son temps. L’ère élisabethaine en offre ses propres interprétations. La parution, en 1601, d’une pièce, La chute et la mort de Robert, comte de Huntingdon (Traduction française) aborde Robin sous les traits d’un aristocrate en état de rébellion, à la recherche des titres et des terres dont le Prince Jean l’a privé (Le roi Richard Coeur de Lion combat en Orient). (…) Il n’est pas évident d’attribuer à Robin des Bois une position sociale certaine. Est-il simple hors-la loi vivant de la forêt dans laquelle il a trouvé refuge ? Paysan libre chassé de sa terre ? Serf en fuite ? Les spécialistes ont longuement parcouru les manuscrits médiévaux à la recherche de réponses. (…)Les conflits portent pour une part sur la maîtrise des espaces forestiers en Angleterre. Les souverains Plantagenêt ont confisqué à leur profit les ressources sylvestres du pays. « La loi de la Forêt », titre d’un édit très impopulaire du XIII° siècle, interdit tout usage collectif des domaines réservés à la chasse royale. Les peines encourues sont particulièrement sévères et aggravent les tensions. Les historiens admettent aujourd’hui que le monde paysan n’est pas forcément à l’origine des mouvements de colère. Certes, les communautés rurales vivent très mal les décisions du pouvoir (Les populations trouvaient dans la forêt de quoi se nourrir et se chauffer). Mais ce serait commettre une erreur que d’ignorer le rôle joué par la Gentry au cours des soulèvements. Dans les années 1210, une révolte des barons anglais ébranle l’autorité de Jean Sans Terre. La noblesse se rassemble autour d’un projet partagé : la défense de privilèges et des liberté que le pouvoir des Plantagenêts tend à réduire. Les affrontements militaires s’achèvent sur la défaite du monarque et l’octroi de « La Grande Charte » (1215). Les revendications des lignages aristocratiques ne sont d’ailleurs pas toujours d’ordre politique. Elles concernent aussi le contrôle et l’utilisation des forêts anglaises sur lesquelles la Couronne impose un monopole encombrant. (…) Le brigand de Sherwood apparaît bien davantage qu’on ne l’a longtemps supposé comme une référence dont la petite noblesse s’est approprié le sens. Car il s’érige en symbole des combats menés contre les représentants d’un Etat administratif encore incomplet mais néanmoins pesant. (…) Que retenir de Robin ? Le brigand de Sherwood n’a sans doute aucune existence historique (Même s’il n’est pas impossible que la légende évoque le souvenir de personnages bien réels). Néanmoins, son parcours à travers les siècles s’inscrit dans un contexte social précis et répond à une demande précise. Le Robin du XII° siècle (Volontiers cruel et sanglant) n’est pas le Robin du XVI° siècle (Un aristocrate généreux, injustement spolié, en rébellion pour retrouver ses biens). En revanche, ses luttes, ses combats rappelle combien les conflits du Moyen Age sont fréquents. Le sympathique Hors-La-Loi est d’abord un produit de son temps. Questions : Dans cet extrait, le caractère de Robin est-il immuable ? Comment cela s’explique-t-il ? Robin voit ses histoires adaptées en fonction des époques, il est plus ou moins violent, plus ou moins noble en fonction du public qui reçoit ses histoires. Pourquoi Robin est-il associé aux grands conflits du moyen-âge ? À l’époque, les conflits sont nombreux, ses qualités de héros « son prodigieux sens de la ruse, sa capacité à se jouer de l’ennemi, son inépuisable optimisme » ne contredisent aucune cause, il est un héros positif dans lequel chacun peut s’identifier : on sait que c’est un révolté, cela lui donne une grande malléabilité : il peut revendiquer le combat des vainqueurs ou rendre leur fierté aux perdants. « Le sympathique Hors-La-Loi est d’abord un produit de son temps ». Les qualités de Robin lui permettent de s’adapter aux problématiques de l’époque. Quels éléments ont permis à ce mythe de perdurer jusqu’à nos jours ? Document 3 Un héros saxon ? Après la Conquête, la société anglaise se trouve clivée, scindée en deux groupes hostiles, en deux faces antagonistes, Normands d'un c6té, qui imposent leur ordre, Saxons de l'autre, qui résistent comme ils peuvent au joug normand. L'une des expressions de ce clivage et de ce conflit consiste en « la superposition et l'affrontement de deux ensembles légendaires hétérogènes »: un ensemble normand d'une part, de caractère aristocratique et monarchique, centré sur le cycle arthurien et la matière de Bretagne ; un ensemble saxon d'autre part, de caractère mythologique et populaire, où l'on retrouve des croyances mythiques, (…) des « récits populaires du type Robin des Bois ». C'est donc dans un contexte tout à fait précis que se situent, dans la présentation qu'en donne Foucault, les récits relatifs à Robin Hood : il s'agirait de récits d'origine populaire, relatant les exploits d'un héros de race saxonne résistant à l'envahisseur normand, qui trouveraient en effet tout leur sens dans le cadre d'une conception de la Conquête comme inaugurant un clivage durable au sein de la société anglaise, conception elle-même réactivée au moment de la première révolution anglaise du XVIIè siècle. (…) Suivant en cela une tradition ancienne, mais lettrée, Augustin Thierry situe les exploits de Robin Hood dans les années 1190, l’époque du roi Richard I (Richard Cœur de Lion): « Vers le temps où le héros du baronnage anglonormand visita la forêt de Sherwood, dans cette même forêt vivait un homme qui était le héros des serfs, des pauvres et des petits,en un mot de la race anglo-saxonne. »: On remarque en outre que cette phrase elle seule contient deux autres traits essentiels: d'une part, la définition de Robin Hood comme redresseur de torts, protecteur des faibles et des humbles ; d'autre part, pour reprendre ici les termes mêmes de Foucault, qui constituent la meilleure glose possible de ce passage, le« codage » des « grandes oppositions sociales dans les formes historiques de la conquête et de la domination d'une race sur une autre, codage qui fait de Robin non seulement un bandit social, mais bien aussi et en même temps un héros purement saxon. Ces deux thèmes sont longuement développés par Thierry dans les pages qu'il consacre à Robin Hood, et même très logiquement entrecroisés, puisque les « pauvres » et les « petits » dont il est ici question ne sont autres que des Saxons expropriés. (…) Or il semble bien que les deux éléments de cette thèse soient pour le moins sujets à caution : (…) il ne semble pas que la figure de Robin Hood ait fait l'objet d'une utilisation explicite dans le cadre de la théorie du joug normand avant le XIXè siècle. Pierre Lurbe Le mythe de Robin des Bois Cités No. 2, Michel Foucault : de la guerre des races au biopouvoir (2000), pp. 71-81 Published by: Presses Universitaires de France Article Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40620634 Quelle conception Foucault et Augustin Thierry ont-ils de la légende de Robin des bois ? Pour Foucault et Thierry, il s’agit de résistance culturelle : les normands oppriment les saxons qu’ils ont envahi, Robin est alors leur champion. Cette interprétation de la légende est-elle valide ? La conclusion du texte indique que cette interprétation est fausse : le caractère saxon de Robin ne semble pas développé avant le XIXè siècle. Les deux auteurs se sont fondés au départ sur la lecture d’Ivanhoé héros imaginaire du roman de Walter Scott (1771-1832), qui fut publié en 1819. Robin des Bois y apparait comme héros secondaire. Les sources historiques du roman sont peu solides. Ainsi l'hostilité entre Saxons et Normands sous le règne de Richard Ier et à laquelle il fait allusion, n'est pas attestée par les documents d'époque. Leur analyse est biaisée au départ. En revanche, le contexte d’écriture d’Ivanhoé se situe dans une phase d’affirmation nationale de l’Angleterre, avec des héros fidèles au roi. Robin des bois aujourd’hui : Document 4 Un "Robin des bois" en Andalousie LE MONDE | 29.08.2012 Héros ou vandale ? Humaniste au grand coeur ou marxiste mégalomane ? Juan Manuel Sanchez Gordillo, maire depuis trente-trois ans de la petite commune de Marinaleda dans la province de Séville, en Andalousie, député au Parlement régional pour Izquierda Unida, la gauche unie (écolo-communistes, IU), et membre du Syndicat andalou des travailleurs (SAT), concentre au moins autant de critiques que de louanges sur sa personne. Connu pour avoir mené, dans les années 1980 et 1990, des campagnes d'expropriation visant à redistribuer la terre aux paysans ou pour avoir développé l'autoconstruction de logements sociaux loués 15 euros par mois, celui que la presse a vite surnommé le "Robin des bois andalou" est revenu sur le devant de la scène médiatique en août, après avoir conduit une opération symbolique du SAT dans deux supermarchés de la région. Le 7 août, à Arcos de la Frontera et à Ecija, des dizaines de personnes ont rempli une vingtaine de chariots de denrées de première nécessité avant de partir sans payer. Ils ont ensuite distribué le butin à différents services sociaux et aux habitants dans le besoin de La Corrala Utopia, à Séville, un ensemble de quatre immeubles vides squattés depuis trois mois par trente-six familles en situation de "danger social", selon les termes des "indignés" qui ont organisé l'occupation et leur relogement. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/29/un-robin-des-bois-enandalousie_1752766_3232.html Document 5 : Anonymous, Indignés, LulzSec... entre cyberguérilla et nouveaux « Robin des Bois » ? octobre 2012 par Emmanuelle Lamandé « Anonymous, Indignés, LulzSec… les mouvements de rébellion s’emparent aujourd’hui de la scène économique. Quelles sont les règles de ce nouvel « Art de la guerre » ? Qui sont ces nouveaux « Robin des Bois » qui n’hésitent pas à utiliser la Toile comme outil de revendication ? » Doit-on parler de cyberguérilla ? Quels sont les points communs et les différences avec les mouvements de rébellion connus de longue date ? Jean-Christophe Rufin*, Prix Goncourt et membre de l’Académie française, nous livre quelques éléments de réponse à l’occasion de la conférence plénière des Assises de la Sécurité. Internet consacre le principe du conflit asymétrique. Sur la Toile, un individu, voire un collectif isolé, peut attaquer efficacement les infrastructures informatiques ou la réputation d’une entreprise comme d’un État. On assiste ainsi peu à peu à une prolifération de groupes de petite taille ou de taille intermédiaire qui pratiquent ce type de « guerre ». Toutefois, l’existence de ces petits groupes violents n’est pas nouvelle. La période de la guerre froide a, par exemple, vu l’émergence de groupuscules de ce type, rappelle-t-il. Cependant, pendant cette période, ces groupes étaient bien connus des puissances en place. C’est d’ailleurs ce qui marque la grande différence avec ce que nous pouvons observer ces vingt dernières années : une autonomisation de ces groupes violents et armés. Les autorités ont aujourd’hui perdu la maîtrise et la connaissance de ces différents collectifs. (…) Concernant ce qui se passe plus près de chez nous, les mouvements de type Anonymous, Indignés, LulzSec…, ne sont pas très différents, pour lui, des années 1968 ou de ce qui fut à l’origine des mouvements humanitaires, comme par exemple la création de « Mouvement Sans Frontières ». Il s’agit ici de la revendication du citoyen contre l’état. « Sauf qu’à l’époque nous étions considérés comme des « gentils » et nos motivations étaient plutôt consensuelles », précise-t-il. Les Anonymous, etc., ont au fond cette même volonté de redresser les torts de l’état. Les individus auront toujours une certaine forme de sympathie pour les « Robin des Bois » qui se battent contre la dure loi de l’état. « La criminalité organisée c’est dangereux, la criminalité désorganisée c’est encore pire » Toutefois, ces groupes se distinguent aujourd’hui par leur aspect flottant et complètement désorganisé. Il est très difficile aujourd’hui de leur attribuer une quelconque stratégie, c’est d’ailleurs ce qui apparaît le plus inquiétant. « La criminalité organisée c’est dangereux, la criminalité désorganisée c’est encore pire », explique-t-il. Quelles sont, en réponse, les ripostes envisageables pour les entreprises ou les instances gouvernementales ? Pour tenter d’endiguer ce phénomène d’offensive numérique et venir à bout de ces menaces, la solution sera sans doute de raidir encore plus le fonctionnement du système. Une tâche qui ne sera d’autant pas simple que ces groupes sont complètement dispersés sur le territoire international… sans compter les risques d’une dérive sécuritaire. Ces mouvements de rébellion n’arriveront-ils pas au final à « montrer que nos régimes démocratiques sont en fait totalitaires », conclut-il. Jean-Christophe Rufin est à la fois médecin, humanitaire, essayiste politique, romancier, prix Goncourt et membre de l’Académie française. Il est aussi l’ancien viceprésident de Médecins sans frontières, ancien président d’Action contre la faim, diplomate, ancien ambassadeur de France en Gambie, et au Sénégal. Document 6 : Reportage de l’AFP : Robin Hood was right Dans ces trois documents, expliquez les références au mythe de Robin des bois. Rétablissement d’une certaine justice, remise en cause d’un système jugé corrompu ou illégitime : tous ces documents reprennent des éléments qui peuvent se rattacher à Robin des bois. Ce dernier incarne davantage l’idée de la révolte plutôt qu’une cause précise. Document 7 Analyse sociologique de Robin des Bois en tant que bandit Même s’il représente la justice et l’équité, notre héros est, à la base, un brigand mais il constitue plusieurs types particuliers de bandit : (…) - Robin des Bois ou le brigand au grand cœur Pour le public, Robin des Bois représente le brigand au grand cœur, analysé sociologiquement comme « le type de bandit le plus célèbre et le plus universellement populaire, celui qui revient le plus dans les ballades et les chansons, bien qu’en réalité il fut loin d’être le plus répandu » (…) Le brigand au grand cœur, champion et justicier du peuple, présente plusieurs caractéristiques : tout d’abord, il n’est pas au départ un criminel mais devient bandit suite à une injustice ou à une persécution des autorités. Il a aussi cette image de redresseur de torts : il représente la justice en volant les riches pour donner aux pauvres. Comme il a été victime d’abus, le brigand au grand cœur fera en sorte que le peuple ne devienne pas la nouvelle proie des autorités locales. Ceci dit, il n’est un malfaiteur violent que « par nécessité » : il ne tue qu’en cas de légitime défense. Il est aussi une personne à part entière de la communauté qui l’accepte, l’admire et l’aide. Pour cette raison, il opère, seul ou avec sa bande, sur le territoire de la communauté d’où il est souvent issu. Alors qu’il est théoriquement invisible (déguisement le rendant méconnaissable) et invulnérable (idée du peuple que son champion ne sera jamais vaincu), la mort de ce type de héros est toujours causée par une trahison étant donné qu’aucune personne de l’autorité n’arrive à l’attraper. Le brigand au grand cœur ne combat pas son roi, source de justice, qui pardonnera au bandit et le prendra à son service, mais seulement les oppresseurs locaux, les nobles dédaigneux du peuple et le clergé corrompu. Le nombre de cas, où cette description théorique du brigand au grand cœur rime avec l’existence historique de certains bandits, est très peu élevé (par exemple, le célèbre bandit historique Pancho villa). Avec cette description, nous remarquons que Robin, alias le brigand au grand cœur, n’est pas à vrai dire un révolutionnaire car son objectif est assez modeste : il veut simplement restaurer une véritable justice mais « il ne cherche pas à promouvoir une société fondée sur la liberté et l’égalité ». Mais, même si ce n’est pas un révolutionnaire au sens pur, Robin des Bois constitue pour Eric John Hobsbawn la forme la plus primitive de protestation sociale. - Robin des Bois ou le bandit social Dans une autre étude, Eric John Hobsbawn nous donne une nouvelle vision de Robin des Bois : il le considère comme un véritable révolté social. « Le banditisme est une forme primitive de protestation sociale organisée […] considérée comme telle dans beaucoup de sociétés par le peuple qui, de ce fait, protège le bandit en qui il voit souvent son champion, qu’il idéalise et dont il fait un mythe : Robin des Bois en Angleterre ». Le bandit social présente à peu près les mêmes caractéristiques que le bandit au grand cœur, sauf qu’il est plus impliqué « politiquement » dans sa lutte contre les puissants qui volent les pauvres. (…) Avant l’arrivée du bandit social, le peuple n’est pas conscient de sa force et de son rôle politique. Le bandit social, tout comme le brigand au grand cœur, n’est pas un pur révolutionnaire : il ne proteste pas contre la différence de classes sociales mais simplement contre l’énorme écart entre celles-ci. Il n’est pas là pour créer un monde où chacun est égal. Robin, en tant que bandit social selon Hobsbawn, a simplement pour but d’imposer des limites à l’oppression locale via des menaces d’anarchie, de vols et de meurtres. - Robin des Bois ou le terroriste communiste La vision « spéciale » de Robin des Bois par Eric John Hobsbawn sera un sujet de controverse entre les spécialistes mais ce spécialiste du banditisme a raison dans un sens : si un bandit-héros comme Robin des Bois apparaissait à notre époque, il serait considéré comme un véritable terroriste. En effet, le mythe de Robin fut popularisé par ses actions, à savoir l’assassinat, le vol et des actions de « guérilla » contre les autorités. Au cours du temps, la légende de Robin des Bois a pris de plus en plus un côté communiste pour certains : le fait de protéger le peuple et de vouloir se venger des puissants montre le désir de créer un nouvel ordre, idée de base de la politique communiste. Robin des Bois, véritable bandit historique ? Rémy Baudoin http://homepages.ulb.ac.be/~anengleb/recherches/robin_des_bois/baudoin.html#_Toc2932006 37 Le document 7 présente Robin comme l’incarnation de plusieurs types de bandits, Classez les Robin de chaque document dans une de ces catégories Conclusion : Si un personnage peut avoir des caractéristiques qui relèvent du mythe, ici Robin apparait en révolté astucieux, fin tireur à l’arc et invulnérable, il ne devient véritablement un mythe que s’il est investi d’un sens qui lui permette de s’incarner dans une conscience collective. Le mythe de Robin des bois est imprécis, et c’est peut-être une définition large de sa révolte qui le rend si adaptable et explique qu’il soit sans cesse revu en fonction des époques et des idéologies ou revendiqué.