Pôle emploi met les CV en ligne

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Pôle emploi met les CV en ligne
Le club de l’Économie
Samedi 27 Février 2016
www.laprovence.com
Pôle emploi met les CV en ligne
L’établissement recevait jeudi le Club de l’Economie de La Provence dans l’une de ses agences pilote "100% web".
C
’est dans l’une des agences pilotes du 100 % web à
Château-Gombert, que
Pôle emploi recevait hier le
Club de l’Économie de La Provence, pour un petit-déjeuner
consacré à "l’entreprise à
l’heure du numérique". Et pour
cause : l’établissement multiplie aujourd’hui les possibilités
pour les employeurs et les candidats à l’embauche de se rencontrer sur la toile.
"Depuis le 25 janvier en Paca
et sur tout le territoire national
d’ici fin mars, les demandeurs
peuvent s’inscrire et calculer
leurs droits sur internet, expliquait Thierry Lemerle, directeur régional. Une inscription
sur deux aujourd’hui débouche
sur une notification
d’allocation sans qu’on intervienne. On estime ainsi dégager
24 % de temps pour le consacrer
au suivi des demandeurs les
plus en difficulté."
Mais l’ère du numérique
n’est pas encore totalement ins-
72000
formations de plus
en Paca à mettre
en œuvre en 2016.
L'ANALYSE
Uninscritsur
deuxsans
allocation
326379
demandeurs d’emploi
de catégorie A en Paca
en janvier 2016.
Stéphanie Guarracino en pleine visioconférence avec l’un des 160 inscrits qu’elle suit en 100 % web.
tallée dans les esprits : si Pôle
emploi demande à l’ensemble
des 326 379 demandeurs de Paca de proposer leur CV en ligne,
seuls 56 % d’entre eux le font.
"C’est très variable d’une agence
à l’autre, cela dépend des métiers et des éléments sociologiques du territoire."
Alors pour conquérir la toile,
Pôle emploi n’hésite pas à
s’appuyer sur une foule de partenaires notamment via son emploi store qui compte
aujourd’hui plus de 150 services différents. "Tous les partenaires qui souhaitent mettre
une application sur l’emploi store sont les bienvenus."
Mais comment convaincre
les équipes, dont certaines sont
d’ailleurs uniquement dédiées
aux entretiens en ligne (lire
ci-contre) de surfer sur la vague
numérique, interrogeait Yannick Bourdarel, chargé de mis-
sion au Fongecif ? "Nous utilisons beaucoup de témoignages
internes", expliquait Anne Branchereau-Guidoni, responsable
du service communication.
"On recrute sur le volontariat. Il
y a un métier de base c’est celui
de conseiller à l’emploi, et différentes façons de l’exercer. Ce que
nous ne voulons pas, c’est que
les personnes fassent la même
chose pendant 15 ans", poursuivait Thierry Lemerle.
La région compte aussi 110 référents numériques et des volontaires du Service civique ont
été recrutés pour aider les demandeurs les plus réticents à se
familiariser avec les outils numériques car internet demeure
un moyen formidable de faire
"matcher" les quelque
500 000 offres en ligne, avec les
profils des candidats.
Valoriser
le big data
Thierry Lemerle a rappelé
hier que Pôle emploi favorisait la création de start-up
au cœur de l’établissement.
"Après un appel à projets
des conseillers sont sélectionnés et détachés pendant
6 mois dans un laboratoire
pour créer leur start-up",
soulignait le directeur régional. Parmi ces pépites "la
bonne boîte" permettra
d’analyser à la loupe, grâce
à de savants algorithmes,
les embauches régulières
des entreprises, pour anticiper celles-ci, mais aussi de
décrypter le taux de reclassement de chaque formation.
Marie-Cécile BÉRENGER
/ PHOTO M.-C.B.
Thierry Lemerle a balayé
quelques idées reçues hier, notamment sur l’indemnisation.
Rappelant que l’allocation
moyenne en France est de
1 100 ¤ mais qu’un demandeur
sur deux n’a pas d’allocation
et que parmi ceux qui en ont
une, la moitié travaille. "Nous
calculons la fiche de paie de
ces personnes" (68 650 en Paca, Ndlr) précisait le directeur
régional pour qui les règles
d’indemnisation ont des effets
concrets. Par exemple, "Le régime des intermittents du
spectacle concerne 1 milliard
d’euros et 400 000 adhérents
qui bénéficient de droits à partir de 570 heures travaillées".
2000 inscrits suivis 100% web
Équipée d’un casque et d’un micro, Stéphanie
Guarracino vient de débuter un entretien avec
un demandeur d’emploi qui est... chez lui. La
conseillère à l’emploi fait partie des "pionniers"
de cette technique, qu’elle pratique depuis deux
ans dans l’agence pilote de Château-Gombert.
La région compte quatre autres sites, rue Paradis
à Marseille, à Draguignan, à Grasse et Digne d’où
il est possible de mettre en œuvre le "100 % web".
Tous les entretiens se déroulent via une visioconférence, soit 2 000 personnes suivies ainsi en Paca. "Les gens sont moins stressés, ils n’ont pas eu à
se déplacer, parfois de loin, à attendre, ils sont
chez eux, détendus", relève Marjorie Garcia, spécialisée elle aussi dans ce type de suivi. "Je pense
aussi que l’entretien est beaucoup moins parasité
lors de la visioconférence ; on retranscrit ce que la
personne nous dit après, on reste concentré sur
l’écran", poursuit Stéphanie Guarracino.
La démarche, reconnaissent les équipes de Pôle emploi, s’adresse cependant à des personnes
déjà autonomes dans leur recherche, dont la si-
tuation ne nécessite pas de suivi intensif, ou particulier. "Dans un premier temps, quelques signes
nous indiquent que la personne peut être réceptive à ce genre de suivi ; mais ensuite, il faut vérifier
qu’elle soit bien équipée d’un PC ou d’une tablette", souligne la conseillère qui peut aussi organiser des recrutements en ligne, en faisant venir les
candidats à l’agence, d’où ils se mettent en relation avec l’employeur. "Nous envisageons même
des visioconférences entre employeurs et demandeurs depuis leur entreprise et leur domicile", précisent encore les agents qui suivent chacune en
moyenne 160 personnes de cette façon.
Sans contact physique avec leur agence, les
candidats ne sont pas pour autant isolés ; à chaque instant ils peuvent entrer en relation avec
l’équipe de permanence, chargée de répondre à
leurs questions par chat, dans les plages
d’ouverture de l’établissement. Ils peuvent aussi
être rappelés, pour des questions plus spécifiques relatives à leurs droits.
M.-C.B.
Le numérique vu par les partenaires du Club de l’économie
tettes tactiles à disposition. Nous allons d’ailleurs inaugurer l’une d’elles
dans quelques jours à Aubagne. La Cepac a aussi lancé un campus virtuel,
pour les nouveaux entrants au sein de
l’entreprise, qui leur permet de se former, de bénéficier d’un quizz
d’entraînement."
Paule Touitou directrice
communication externe Cepac.
/ PHOTO P.N.
Paule Touitou, communication Cepac : "On ne ferme pas nos agences, on
les transforme. Nous aurons 32 agences phares sur le territoire totalement
digitales où l’accueil peut être fait par
chacun des conseillers, avec des table-
CEPAC
Valérie Emmanuel, directrice
territoriale Bouches-du-Rhône
La Poste.
/ PHOTO P.N.
Valérie Emmanuel directrice territoriale Bouches-du-Rhône La Poste :
"Nous accompagnons nos clients dans
nos agences postales nous mettons notamment à disposition des tablettes
dans dix agences des Bouches-du-Rhône. Nous proposerons également
l’accès au wifi en libre-service. Enfin,
nous avons lancé à destination de nos
conseillers bancaires le dispositif Cap
relation trois points zéro, qui leur permettra de dégager du temps pour une
relation de proximité avec nos clients."
Bruno Huss, directeur général de
Mutuelle de France Plus : "Le développement du numérique me pose une
question ; ceux qui ont le plus besoin
d’accompagnement ne risquent-ils
pas de s’éloigner un peu plus de
l’accessibilité ? De plus, je constate
que plus on investit dans le numérique, plus on doit investir aussi dans
l’accompagnement vers le numérique."
Jean-Luc Le Clech, directeur régional Afpa : "L’Afpa est à 100 % dans le
e-learning ; la totalité de nos formations sont accessibles en e-learning.
Même si le public jeune est effectivement habitué aux smartphones, ceux
qui ne sont pas habiles sur le numérique ont vite fait d’apprendre ; en 8
jours on devient habile. Nous avons eu
également une belle surprise avec le
MOOC (Massive online open course)
sur les 101 techniques de base de la cui-
Jean-Luc Le Clech, directeur
régional Afpa.
/ PHOTO ARCHIVES L.P.
Bruno Huss, directeur général
de Mutuelle de France Plus.
/ PHOTO ARCHIVES L.P.
sine française que nous avons lancé ;
nous en sommes déjà à plus de
50 000 stagiaires inscrits gratuitement.
C’est ainsi le premier MOOC francophone !"
Recueilli par M.-C.B.
Le club de l’Économie
Samedi 27 Février 2016
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pour lutter contre le chômage
L’occasion de rappeler ce qu’a changé l’arrivée du numérique dans chaque secteur d’activités
Ils étaient
présents
◗ PÔLE EMPLOI
Thierry Lemerle (directeur
régional), Catherine Bédènes (directrice Stratégie Innovation et Affaires Internationales) ; Anne Branchereau-Guidoni (responsable
service communication).
◗ AMU
Jean-Philippe Agresti (vice-président aux partenariats avec le monde Socio-Eco) ; Laurence Bernard
(partenariat avec le monde
Socio-Eco).
◗ ÉCOLE CHARLES-PÉGUY
Isabelle Ambrosino (adjointe de direction, communication et relations extérieures).
◗ AFPA
Jean-Luc Le Clech (directeur Régional), Laurence
Fontaine (directrice Afpa
Transition) ; Fabrice Marion
(directeur communication).
◗ SOLIMUT MUTUELLE
Bruno Huss (délégué général).
◗ POINT P
Les membres du Club de l’Économie de La Provence ont été accueillis dans les locaux de Pôle emploi.
S
Les partenaires du club ont également évoqué les changements
occasionnés par l’arrivée du numérique dans leurs entreprises.
i Pôle emploi met le numérique à profit pour faciliter la mise en relation des
entreprises et des candidats à
l’embauche, les autres partenaires du Club de l’Économie ont
vu aussi leur activité bouleversée par les nouvelles technologies.
Laurent Miralles, responsable des relations presse de La
Poste, soulignait qu’"il ne faut
pas opposer le physique et le numérique qui nous permet de proposer de nouveaux services de
proximité à nos clients".
Anne Fouchard, en charge de
la communication externe à
l’Institut Paoli-Calmettes, indiquait quant à elle que "35 % des
recherches sur le site de l’IPC
émanent de smartphones. Désormais, les exigences des patients
sont les mêmes que dans
d’autres secteurs d’activités, ils
veulent être prévenus de leur
/ PHOTOS PATRICK NOSETTO
rendez-vous par SMS...
L’hôpital a longtemps résisté
mais aujourd’hui en cancérologie de plus en plus de traitements se font hors les murs".
Et internet a aussi révolutionné le travail des experts comptables, comme le soulignait Hervé Serekian commissaire aux
comptes représentant les professionnels du chiffre. "Pour les
chefs d’entreprise c’est un gain
de temps énorme ; ils n’ont plus
à se déplacer pour récupérer des
documents".
À l’école Charles-Peguy, qui
forme justement notamment
des experts-comptables,
l’arrivée des tablettes a permis
aux familles de suivre la progression et le comportement
des élèves, comme l’expliquait
Isabelle Ambrosino, adjointe
de direction, rappelant que
l’établissement fêtera en 2017
ses 100 ans, et a subi l’année
dernière un vaste plan de rénovation. Mais le numérique, en
particulier dans la formation et
le parcours professionnel, est-il
toujours un gage de progrès ?
Jean-Philippe Agresti, vice-président de l’Université
d’Aix-Marseille, s’interrogeait
sur la fracture entre ceux qui ne
maîtrisent pas les nouvelles
technologies, et ceux qui sont
aguerris. "Ne va-t-elle pas
s’agrandir ?" Jean Avier, expert
comptable, demandait quant à
lui s’il ne s’agissait pas de rattraper des lacunes accumulées durant le parcours scolaire, via
des formations numériques...
"La fracture existe déjà", soulignait Thierry Lemerle ; "200 000
jeunes sont accueillis en septembre à Pôle emploi. La plupart
n’ont pas de formation, ces nouveaux outils peuvent leur en
donner une."
Michel Katsuraki (responsable Grands Comptes), Bernard Marty (responsable régional Service et Efficacité
Energétique), Magali Humay-Gagliano.
◗ IPC
Anne Fouchard (directrice
communication).
◗ COMMISSAIRES AUX
COMPTES EXPERTS
COMPTABLES
Jean Avier (président de la
Compagnie des Experts
Comptables de Justice PACA), Hervé Serekian (commissaire aux comptes).
◗ GROUPE LA POSTE
Laurent Miralles (responsable relations Presse) , Valérie Emmanuel (directrice
commerciale).
◗ FONGECIF
Yannick Bourdarel (chargé
de missions).
◗ CEPAC
Paule Touitou (directrice
communication externe)
M.-C.B.
Un service public mobilisé pour relever les défis de l’emploi
De gauche à droite : Thierry Lemerle, directeur régional ; Jérôme Marchand-Arvier, directeur régional adjoint ; Didier Zielinski, directeur régional adjoint ; Catherine Le Brun-Choquet, directrice des ressources
humaines ; Catherine Bédènes, directrice stratégie, innovation et affaires internationales ; Nicolas Garnier, directeur territorial Bouches-du-Rhône ; Marc Zampolini, directeur territorial Vaucluse ; Richard Spinosa,
directeur territorial Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes.
Pôle emploi poursuit sa transformation pour faciliter le retour à l’emploi,
adapter ses services et améliorer la satisfaction de ses usagers. Depuis le début de l’année, les 63 agences de la région ont mis en place de nouvelles modalités d’accueil afin de renforcer le
temps consacré au suivi personnalisé
des demandeurs d’emploi. Que ce soit
sur rendez-vous en agence, ou par
mail, les demandeurs d’emploi peuvent échanger tout au long de leur parcours avec un conseiller référent qui
connaît leur dossier. Le premier entretien entre conseiller et demandeur
d’emploi est entièrement recentré sur
le diagnostic professionnel et intervient désormais deux fois plus vite grâce à la dématérialisation de
l’inscription et la demande
d’allocation. Les conseillers sont souvent les premiers interlocuteurs pour
identifier avec un demandeur
d’emploi la nécessité de se former en
vue d’adapter ses compétences au marché du travail local ou d’entamer une
reconversion. Grâce à la mise en place
du conseil en évolution professionnelle, ils accompagnent au mieux les demandeurs d’emploi dans la construc-
tion de leur projet et l’orientation vers
des formations qui conduisent à l'emploi. Les entrées en formation vers des
métiers d’avenir ou en pénurie de candidats devraient fortement croître cette année avec la mise en œuvre du plan
gouvernemental "1 000 000 formations".
La transformation est aussi digitale.
De nombreux outils et services numériques sont développés sur pole-emploi.fr et emploi-store.fr pour faciliter
et encourager les démarches qui peuvent être réalisées de manière autonomes. Simulateurs d’entretien, b.a.-ba,
moocs, jeux interactifs… Déjà 150 services web et mobiles organisés autour de
quatre centres d’intérêt sont proposés
sur l’emploi store pour dynamiser sa recherche d’emploi ou de formation.
Dans les agences, les demandeurs
d’emploi peuvent participer à des ateliers pour s’inscrire en ligne, utiliser Internet dans leur recherche d’emploi,
soigner leur e-reputation ou encore
créer leur CV et le rendre visible des recruteurs dans la banque de profils de
pole-emploi.fr. Savoir valoriser sa candidature compte plus encore sur un
marché du travail tendu. Les
conseillers investissent pleinement
leur mission dans ce domaine, en organisant sur les territoires, tout au long
de l’année, des rencontres entre employeurs et candidats (forums, job
dating…). Ils prospectent aussi régulièrement les entreprises locales pour
connaître leurs besoins et leur proposer de manière spontanée des candidatures de demandeurs d’emploi disponibles et motivés. Autant d’initiatives qui
ont permis en 2015 à plus de 316 000 demandeurs d’emploi de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur d’accéder au
marché du travail.