Rapport de stage - Marquis de Carrabas` Works

Transcription

Rapport de stage - Marquis de Carrabas` Works
Barrière Emmanuel
MST 1 MPE
Rapport de stage
Stage du 24 au 28 Février 2003
Crèche LA MAISON DE KIRIKOU à Angoulême
P.1
J’ai réalisé cette semaine de stage à la Maison de Kirikou à Angoulême, et après avoir vu de
qu’elle type de structure il s’agit, nous nous intéresserons aux activités effectuées par les enfants,
leurs résultats et leurs analyses.
La Maison de Kirikou :
La maison de Kirikou est une structure gérée par le service petite enfance de la mairie
d’Angoulême, elle compte deux service principaux : la halte-garderie et la crèche.
C’est dans ce dernier service que j’ai effectué mon stage.
La crèche est divisée en trois secteurs : les bébés, les moyens (12-24 mois), les grands (2430 mois). Et c’est avec ces deux derniers que je suis resté le plus souvent.
La crèche accueille habituellement 60 enfants âgés de 12 à 30 mois et une dizaine de bébés.
Mais pendant cette période de vacances, les effectifs étaient moindres. Les enfants sont
généralement inscrits à l’année et jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment propres pour entrer à la
maternelle.
L’étude :
J’ai décidé de mener mes observations sur des enfants âgés de 18, 24 et 30 mois, le but était
de voir s’il existait de grandes différences entre ces différents âges dans un premier temps au niveau
moteur avec une activité de course et au niveau intellectuel avec une activité de classification
•
Les activités :
L’activité motrice :
Pour la réalisation de cette activité j’ai été assisté par l’animatrice de puériculture.
Il s’agissait donc d’une épreuve de course. Les enfants devaient parcourir une distance d’une
huitaine de mètres dans un premier temps en courant normalement puis en courant en arrière, puis
en pas chassés et enfin en slalomant entre des obstacles (au nombre de 6 et matérialisés par des
briques en plastique).
Cette épreuve avait pour but de montrer si les enfants observés avaient acquis les stades de
course (ceci s’observe essentiellement par leur degré de réussite aux variantes de la course
élaborées) et si de réelles différences étaient observables entre les enfants du premier stade (18
mois) et ceux du deuxième (30 mois) et évalué également le stade auquel pouvait se trouver les
enfants à un âge intermédiaire (24 mois)
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L’activité intellectuelle :
Il s’agissait dans un premier temps pour les enfants de retrouver un intrus parmi les images
qui leur étaient présentées. Trois feuilles leur étaient proposée une où se trouvaient 9 dessins de
personnages humains plus un intrus d’ordre animalier, une autre feuille où se trouvaient 9 véhicules
et un intrus humain et enfin une feuilles où se trouvaient 9 personnages animaliers et un intrus
véhicule. (cf. annexe).
Malheureusement cette épreuve fut un échec, moins par le fait que les enfants de ces âges là
n’auraient pas de système de classification que par le fait qu’ils ne comprenaient pas ce qu’ils
devaient faire et, qu’il est également possible que le mode de l’épreuve (les feuilles avec les
dessins) n’ait pas été adapté à leur âge. Peut être un épreuve similaire avec des photos ou avec des
peluches ou figurines aurait plus faciles. A noter que ce type d’épreuve de recherche d’intrus sur
feuille fait, parait-il, parti des tests pour entrer au CP.
P.3
J’ai donc modifié l’épreuve en restant dans l’optique d’étudier leur façon de classer les
choses. La nouvelle épreuve consistait à prendre trois seaux et mettre des Kapla (jeux de
construction en bois) dans un, des Lego dans le second et des Clipo dans le troisième puis de
demander à l’enfant de mettre un Kapla, un Lego et un Clipo dans le seau qui semblait lui convenir.
•
Résultats et analyse :
Afin de préserver l’anonymat des enfants que j’ai observés, je leur ai donné des noms fictifs
tirés du Seigneur des anneaux de JRR Tolkien, et cela me facilitera la tâche dans le cas où j’aurai
besoin de me référer à l’une de leur performance pour expliquer mon propos.
L’activité motrice :
Il s’agissait donc pour les enfants de parcourir une petite distance de différentes façons.
L’épreuve se dérouler ainsi, on prenait un petit groupe d’enfants (5-6) et on les emmenait
dans l’atrium où, ils réalisent habituellement des activités de motricité, peuvent faire du vélo ou
utiliser une structure avec toboggan. Après les avoir regroupés au niveau du point de départ de
l’épreuve, je leur montrait ce qu’ils auraient à faire, puis nous le faisions tous ensemble ensuite il le
faisait un par un pour que je puisse noter leur performances.
Pour cette activité, j’ai, afin, d’évalué les enfants,
chronométré leurs différents passages et tenté de
compter le nombre de pas qu’ils faisaient à chaque
parcours. A noter que j’ai considéré que l’enfant faisait un pas
lorsque la jambe arrière passe devant la jambe qui était en avant. Ainsi, l’enfant
qui se trouve dans la position suivante : jambe gauche en arrière et jambe droite
devant, aura fait un pas lorsque la jambe gauche sera passée devant la droite.
Toutefois, malgré toutes les précautions que j’ai prises pour être le plus juste possible dans
mes évaluations, les résultats obtenus sont à relativiser.
Tout d’abord à cause du fait que certains enfants n’ont pas très bien assimilé les consignes
de l’exercice comme par exemple pour l’épreuve de slalom où ils oubliaient de contourner les
obstacles et préféraient courir droit devant eux.
D’autre part, il est particulièrement complexe de compter avec précision les pas qu’ils
effectuent tout en les encourageant à faire l’activité. Et il encore plus difficile (à moins de les
attacher! :-p) d’empêcher l’un des enfants de courir en même temps que son petit camarade qui est
noté et surtout de l’empêcher d’enlever les obstacles du slalom.
Ceci a donné les résultats suivants :
P.4
P.1
Temps en seconde
Course
0
5
10
15
20
25
Slalom
18 Mois
Arrière
Age
24 Mois
24 Mois
5,44
14,09
23,33
30 Mois
4,34
6,83
17,09
18 Mois
25
22
39
24 Mois
21
29
42
Course
0
10
20
30
40
50
30 Mois
16
20
33
Activité motrice (moyenne en pas)
30 Mois
Activité motrice (moyenne en seconde)
Course
Slalom
Arrière
Course
Slalom
Arrière
18 Mois
5,48
10,39
17,21
Activité motrice (moyenne en secondes)
Nombre de pas
Slalom
18 Mois
Age
Arrière
24 Mois
Activité m otrice (m oyenne en pas)
30 Mois
P.5
On peut alors remarquer dans l’ensemble la tendance générale à la baisse de toutes ces
valeurs. Et on peut par conséquent conclure qu’il existe un réelle différence entre les enfants
âgés de 18 mois étant au premier stade de modèle de la course et ceux âgés de 30 mois qui
eux se trouve dans le deuxième stade.
En effet, même si la différence est minime, on s’aperçoit tout de même d’un écart
d’une seconde et de 9 pas entre ces deux âges au niveau de la course. Mais là où de vraies
différences sont notables c’est aux niveaux des différentes variantes qu’ils ont dû effectuer.
On remarque par exemple sur l’épreuve de slalom un écart de près de 4 secondes et de
30 secondes sur l’épreuve très difficile qu’était celle de la marche arrière.
Il est alors bon de préciser que cette dernière variante constituée avec les pas chassés
de épreuves très difficiles qui ont très rapidement montré les limites des enfants. Je n’ai par
ailleurs pas noté les enfants sur l’épreuve de pas chassés car j’ai remarqué qu’ils avaient
tendance soit à faire une course sautée en gardant le buste vers l’avant et en tournant la tête
sur le coté, soit à marcher en essayant de mettre les jambes l’une devant l’autre tout en restant
de profil.
Rappelons également, que le pas chassé consiste à parcourir une distance en se
déplaçant tel un crabe c'
est-à-dire en se mettant face à un coté et en faisant des pas dits « de
cotés », avec un pied qui chasse l’autre.
D’autre part, même si j’ai noté les enfants sur l’épreuve de marche arrière, j’ai
néanmoins pu me rendre là encore compte de leurs limites. En effet, ils éprouvèrent
d’énormes difficultés à se déplacer sans regarder derrière eux et faisaient de petits pas peu
assurés et avaient tendance à ne pas aller bien droit.
Les comportements observés sur ces deux épreuves témoignent du fait que les enfants,
quelque soit leur âge, n’ont pas encore assimilé l’ensemble des modèles de déplacement.
Seul point obscur de ces résultats, les moyennes obtenues, mise à part celle pour la
course, par les 24 mois sont plus élevées que celles des 18 mois. Ceci peut avoir plusieurs
raisons comme par exemple les difficultés que j’ai eues à évaluer les enfants ayant entraîné
des erreurs de mesure, ou encore la présence parmi les 18 mois d’un enfant qui réalise des
performances proches de celles d’un 30 mois (cf. les résultats d’Elrond), voire même le fait
qu’il y a deux filles dans ce groupe alors qu’il n’y en avait qu’une chez les 18 mois (quoiqu’à
l’étude des résultats individuels, c’est toujours une fille qui réalise les meilleurs
performances).
Il m’est donc par conséquent difficile de déduire l’existence d’un stade intermédiaire
entre le premier et le deuxième stade de la course, même si ceci semble vrai pour l’épreuve de
course simple (cf. sur les graphiques, les courbes de course sont strictement décroissantes). La
possibilité que ces résultats soient erronés m’empêche d’autre part de conclure que les enfants
de 24 mois n’ont, par rapport à ceux de 18, pas acquis les modèles de déplacement.
P.6
L’activité intellectuelle :
Il s’agissait donc de mettre le bon jouet dans le bon sceau. Il y avait trois
sceaux avec trois types de jouet, l’enfant obtenait un point à chaque jouet
mis dans le bon sceau.
Voici les résultats obtenus :
Epreuve de classification
Moyenne des
résultats
18 mois
2,3
24 mois
2,7
30 mois
3
On remarque ici, que les enfants les plus âgés ont parfaitement réussi l’épreuve, tout
comme la quasi-totalité des enfants observés (78% d’entre eux pour être précis). Mais le plus
intéressant reste ici le fait que deux des trois enfants de 18 mois ont parfaitement réussi et que
le troisième, Legolas, n’a mis qu’un seul jouet dans un des sceaux correspondant (pour être
plus juste, il a mis tous les jouets dans le même sceau).
D’autre part, Eowyn a commis elle aussi une erreur, ce fut avec le premier jouet, mais
avec le deuxième jouet alors qu’elle allait le mettre dans un mauvais sceau, elle a arrêté son
geste pour, je pense, réfléchir, évaluer les possibilités et le mettre dans le bon sceau ; ceci n’a
prit qu’une fraction de seconde mais la rapidité de sa réflexion fut particulièrement
marquante.
A la lumière de ces quelques observations je peux supposer que les enfants possède un
modèle ou une stratégie de classification, toutefois cette épreuve fut je pense relativement trop
facile pour eux car ils sont généralement très sollicités pour le rangement des jouets et ils ont
une certaine habitude de ce genre de classement.
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•
Les jeux et jouets :
A partir de ce que j’ai pu observé lors de ces épreuves, je suis incapable de citer un jeu
ou un jouet existant dans le commerce particulièrement adapté ou non aux enfants.
Toutefois avec tout ce que j’ai pu observé lors de ce
stage de la manière dont les enfants jouent, je peux cité par
exemple le crocodile à bascule comme jouet particulièrement
inadapté. Il s’agit d’un jeu de plein air en plastique qui permet
à deux enfants de s’asseoir en face l’un de l’autre à chaque
extrémité du crocodile (et selon les versions, un troisième peut
se mettre au milieu) le but étant de se balancer.
Seul problème, les enfants ne sont pas toujours deux sur le crocodile, il arrive qu’ils se
retrouvent seuls et comme le crocodile n’est pas lesté aux extrémités, lorsque l’enfant seul
s’assoit à une extrémité et commence à se balancer, le crocodile se renverse.
L’enfant tombe, peut se blesser, voire même rester coincé en dessous. Ce genre
d’incident est particulièrement courant mais reste jusqu’à présent sans gravités grâce au
professionnalisme et à la vigilance de l’équipe encadrante.
A l’opposé de cet exemple, j’ai été particulièrement surpris par la facilité avec laquelle
les enfants faisaient du vélo. Pour être plus précis, la crèche possède deux types de vélos qui
sont quasi-semblables si ce n’est qu’un de ces vélos possède un système de pédalage central
contrairement à l’autre où le pédalage est au niveau de la roue avant.
Ce dernier système de pédalage est typique des jouets roulants pour enfants. Et le
système central, identique à celui des vélos adultes, est très rare sur des jouets.
Et ce qui m’a le plus frappé c’est que les enfants avaient pris conscience (même s’ils
ne le formuler pas ainsi), que ce système leur permettait de pédaler plus facilement et qu’avec
moins d’efforts ils allaient plus vite par rapport à un vélo avec un système avant. Cette prise
de conscience était telle que le vélo en question devenait objet de discorde.
P.8
Conclusion
Pour conclure, ce stage fut, pour ma part, particulièrement enrichissant, de part tout ce
que j’ai pu observé tant au niveau du développement moteur et intellectuel des enfants, que de
leur comportement, je dirais, social, la manière de se comporter entre eux et vis-à-vis des
adultes, d’affirmer leur personnalité, de leur aptitude à intégrer l’avis d’autrui et de prendre en
compte les différences des autres (notamment lorsque les grands et les moyens se retrouvent
ensemble dans l’atrium et que les grands adaptent leur jeux en fonction des plus petits) ; enfin,
je fut surpris de leur aptitude à jouer « avec rien », de leur faculté à ne pas se lasser et de leur
infatigabilité.
Je pense que cette expérience est essentielle pour une parfaite connaissance de la cible
sur laquelle nous nous spécialisons et qu’il serait réellement intéressant d’avoir au sein de nos
locaux un « laboratoire » pour observer des enfants, voir et analyser en détail comment ils
jouent, s’expriment, interagissent...
P.9