Autoroutes en Europe
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Autoroutes en Europe
Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 PORTRAIT D’ENTREPRISE En Espagne (5), Dragados génère 27% de sa valeur par ses concessions d'autoroute mais seulement 4,2% du chiffre Autoroutes en Europe (1) d'affaires ; 53% de la valeur de FCC provient des services ; 57% de celle d'Aciona a pour origine ses participations Dominique Lorrain dans Vodaphone et Airtel. Vinci associée à Eiffage est entrée à hauteur de Le secteur des autoroutes (1) en principe a d'autant plus de force que 17,2% dans les ASF à l'occasion d'une Europe vient d'une tradition publique dans un espace européen des flux ceux ouverture du capital pendant l'été 2002. par ses opérateurs et par un finance- qui gèrent les flottes de camions ne cor- Depuis, sa participation a été portée à ment principal par l'impôt ; cela se tra- respondent pas forcément aux pays qui 20% et la direction de la firme exprime duit concrètement par une quasi-gratui- offrent le plus grand linéaire utilisé. Donc clairement sa volonté de se développer té de circulation sur les réseaux des le péage est une technique qui permet dans l'exploitation. On peut penser que pays d'Europe du Nord, d'Allemagne et de rapprocher le paiement de l'usager ; l'orientation des firmes de construction d'Autriche (2). À l’inverse, la France et c'est ainsi que l'Allemagne traversée par vers une activité d'exploitation est les pays d'Europe du Sud - Italie, de nombreux flux a mis en place en durable. Elle représente une réponse Espagne, Portugal - ont eu recours 2004 son système Toll Collect qui s'ap- contre-cyclique à leur activité historique depuis longtemps au péage mais avec plique aux camions sur les autoroutes et (6). Elle s'explique aussi par une logique des opérateurs publics au départ en les routes. d'intégration industrielle. Dans Cofirou- France (3), en Italie, au Portugal et pour une partie du réseau en Espagne. Ce te, Vinci concession détient 65,34%, Le secteur se trouve donc pris dans Eiffage par sa filiale Fougerolle a 16,89% caractère public se manifeste aussi par le processus de libéralisation qui, depuis et Bouygues par sa filiale routière, Colas la forte dimension nationale de l'activité ; la fin des années 1980, a restructuré le 16,67%. chaque pays a développé son infra- secteur des services en réseaux et fait structure avec « son » ou « ses » opéra- évoluer les firmes. Des anciens opéra- Intervient aussi comme explication à teurs nationaux. Cette situation est rapi- teurs publics élaborent des stratégies ces changements la prise en compte dement en train de changer. Des gou- de croissance. On notera l'accord inter- des besoins et la mise à niveau des vernements ont décidé de privatiser venu entre opérateurs du sud : Auto- infrastructures routières dans une Euro- leurs opérateurs : Brisa au Portugal strade et Acesa, Acesa et Brisa. pe élargie : Réseau transeuropéen. L'Es- (1997-99), Autostrade en Italie (1999), L'échange de titres témoigne de leur pagne a annoncé un plan d'investisse- ASF en France (2002-05) et le proces- volonté d'examiner en commun un ment de 114 G€ pour la période sus se poursuit avec APRR et Sanef développement dans d'autres pays (4). 2000/06, soit 2,5 fois le montant investi (2004-05). L'Angleterre a introduit des Les deux leader espagnols, Acesa au cours de dix dernières années (7). partenariats de moyenne durée avec la (Caixa) et Aurea (Dragados) ont fusionné L'Italie met au point un programme de loi PFI de 1992. Plus durablement ce en 2002 pour former Abertis. Plusieurs modernisation : autoroutes, gares, aéro- mouvement de privatisation s'accom- firmes de construction se développent ports. L'Angleterre met la priorité sur les pagne d'une généralisation des péages dans l'exploitation-maintenance. Elles autoroutes et les chemins de fer. Les car c'est au fond la seule technique qui construisent largement leur avenir en ambitions sont les mêmes dans les pays permet de faire supporter les coûts des dehors de la construction. En Angleter- de l'Est où les projets d'autoroutes, de déplacements par les utilisateurs et non re, on mentionnera Amec-Spie, Balfour modernisation du rail et de privatisation par les contribuables nationaux. Ce Beatty, Carillion, John Laing, Costain. des aéroports sont nombreux. 58 Portrait d’entreprise Pour ces raisons rapidement résu- avec certitude, des résultats d'exploita- monopoles publics et territoriaux ; ils mées, le secteur autoroutier devient tion croissants (8) ? Problème d'arbitra- vont se diversifier, se développer à l'in- attractif pour des firmes déjà présentes ge entre court et long terme. Mais bien ternational, nouer des partenariats. dans les infrastructures. Comme le d'autres questions se posent. Nous Autant de comportements qui peuvent montre l'opération de privatisation des sommes étonnés de les voir absentes être facteurs de succès mais conduire Autoroutes du Sud de la France (ASF), du débat. aussi à des déboires s'ils ne sont pas des Autoroutes Paris Rhin Rhône bien maîtrisés ; les aventures internatio- (APRR) et de la Société des Autoroutes Une première série de questions nales de quelques firmes anglaises de du Nord Est de la France (Sanef), en concerne la stabilité des opérateurs. cours au moment où nous écrivons ce L'arrière-plan intellectuel des hauts texte, le nombre des firmes susceptibles fonctionnaires français qui préparent Même si le « modèle » Macquarie d'intervenir est potentiellement élevé. ces réformes est celle d'un monde n'est pas celui des fonds d'investisse- l'eau étant là pour le rappeler. Celles qui ont exprimé un intérêt corres- constant, qu'il s'agisse d'établisse- ments classiques, on peut s'interroger pondent à des opérateurs d'autoroute - ments publics, de sociétés nationalisées sur la durée de son engagement. Son français ou non -, à des firmes de ou des grandes firmes privées de ser- entrée dans les autoroutes est très construction, à des banques ou des vices urbains. La situation française se récente ; c'est une activité parmi fonds d'investissements ayant une stra- caractérise, en effet, par une formidable d'autres dans un groupe financier ; tégie dans les infrastructures. stabilité du paysage autour de quelques qu'en sera-t-il demain si ces investisse- ténors. Ceci a grandement facilité le ments suivi par les acteurs publics. Or, la lectu- promesses ? De même, les groupes Dans le texte qui suit nous présen- ne tiennent pas leurs tons les trois opérateurs d'autoroutes re que nous faisons des marchés libéra- espagnols ont été très nombreux à faire du Sud de l'Europe : Autostrade (Italie), lisés, quel que soit le secteur, quel que des offres. Ils viennent de connaître plus Abertis (Espagne), Brisa (Portugal) et la soit le pays (voir les portraits d'entrepri- de dix ans de croissance soutenue mais banque Australienne Macquarie. Dans se depuis 1999) est que la libéralisation malgré cette conjoncture exceptionnel- un prochain numéro nous poursuivrons a introduit un principe de mouvement. Il le, ils ne comptent pas parmi les plus avec de provient d'une transformation des exi- grands en Europe. ACS-Dragados pro- construction – ACS-Dragados, Ferro- gences des propriétaires et d'un nou- duit d'une fusion de 2002 pointe au 5e vial, FCC – et les allemands. Nous ter- veau regard des managers. Les privati- rang, FCC et Ferrovial sont autour du minerons ce dossier avec un troisième sations ont partout fait entrer au capital 11e rang, Acciona est plus petit. Tous « portrait » consacré au BTP anglais et à des fonds de pension, des fonds d'in- les observateurs s'interrogent sur les ses transformations depuis la mise en vestissements et des banques d'af- conséquences de l'atterrissage du sec- place de la loi PFI (1992). faires. Ces acteurs ont des exigences teur immobilier dans leur pays ; dans les groupes espagnols en retour sur capitaux investis ; ils com- ces conditions ne peut-on considérer Questions de régulation et parent et font des arbitrages ; cela veut que les autoroutes françaises et leurs d'économie industrielle dire qu'ils peuvent investir aujourd'hui cash flows réguliers arrivent à point pour Actuellement, les observateurs fran- dans un secteur et dans un pays et en lisser des résultats qui autrement se çais des trois privatisations en cours ont sortir demain ; l'histoire récente de la trouveraient malmenés ? uniquement abordé l'aspect financier distribution électrique en Angleterre en des choses : est-ce une bonne opéra- étant un exemple. Les libéralisations ont Ce secteur, comme d'autres ser- tion pour l'État – et pour les contri- aussi changé l'attitude des managers ; vices publics, était calme, dominé par la buables français – de vendre mainte- ils vont réfléchir à la manière de se déve- logique technique de l'exploitation et nant des firmes qui généreront demain, lopper alors qu'ils vivaient dans leurs par la logique politique de la détermina- 59 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 tion des tarifs. Il va se trouver profondé- pas à ces privatisations car sa vocation que le premier serait meilleur. Il serait ment bouleversé par l'irruption de la était industrielle et non pas financière. sans doute utile d'aller au bout de la logique des marchés financiers interna- Ce faisant, le groupe répondait, sans le réflexion tionaux et leur logique de rentabilité dire, à des textes publiés au même tages/inconvénients de l'intégration. Le immédiate : shareholders value et publi- moment par le ministère des Finances dossier des autoroutes y est une puis- cation de quarterly reports. Or, on peut précisant que les travaux autoroutiers sante invitation. penser que la continuité du service, que seraient plus que jamais organisés selon la maîtrise du temps long ont d'autant des procédures d'appels d'offre. Autre- Le premier avantage de l'intégration plus de chance de se trouver satisfaites ment dit, en entrant au capital de l'un ou est de réduire les coûts de transaction. que l'opérateur est stable. À l’inverse, l'autre opérateur, un groupe de BTP ne La grande firme par ses procédés on peut considérer que le changement serait pas assuré de faire travailler sa internes et ses mécanismes de sous- permanent des opérateurs ne facilite filiale spécialisée. On retrouve ainsi un traitance apporte un substitut au mar- pas les choses, ni le respect des enga- problème très ancien, déjà posé avec gements de long terme, ni la continuité les opérateurs de réseaux urbains, à qui des politiques industrielles. À la lumière il fut souvent reproché par la Cour des des nombreuses affaires – Waste Mana- Comptes d'intégrer les travaux et de gement, Enron (9), WorldCom et faire travailler leurs filiales dans le cadre quelques autres – qui ont marqué la fin d'une délégation de service public : du siècle, on ne peut exclure des déra- filiales d'ingénierie pour des stations, pages extrêmes : lorsque l'obligation de filiales de travaux sur le réseau. rentabilité (10) s'exprime au détriment de la logique technique des travaux de À ce jour, nous vivons en France sur maintenance et de grande réparation. une hypocrisie intellectuelle et une Ce sont des équilibres subtils. Pour confusion. D'un côté, le dogme est celui qu'ils soient respectés cela suppose de l'appel d'offre de travaux. Il repose d'autres grilles d'analyse pour les pou- sur l'implicite de la supériorité du mar- sur les avan- ché pour allouer les moyens humains et techniques. Cet argument classique des économistes institutionnels (Coase, 1937 ; Williamson, 1995) a d'autant plus de force qu'on se trouve dans un secteur où la programmation de l'entretien du réseau, où l'investissement de longue durée sont des facteurs essentiels de la qualité globale. Donc on peut soutenir que dans ce type d'industrie un opérateur stable et intégré va être capable de travailler sur le bon horizon et de s'organiser avec efficacité. Explorer cette voie, suppose d'admettre qu'il voirs publics. En un mot, on ne régule ché : la mise en compétition sur des pas des firmes privées internationales marchés concurrentiels serait la meilleu- comme un oligopole public dirigé par re manière d'atteindre une solution opti- des membres des grands corps. male. Mais ce dogme – et c'est là l'hy- points stratégiques suivis par la puis- pocrisie - se trouve constamment mis sance publique ; elle doit se concentrer Une deuxième grande série d'inter- en cause par le fait d'accepter l'existen- sur des indicateurs de résultat, de qua- rogations concerne des questions ce de grandes firmes. C'est un trait lité, etc., et non plus sur les moyens. d'économie industrielle qui tournent constant des politiques industrielles autour de l'intégration et de la recherche françaises que de reposer sur quelques Le risque de cette approche éten- d'efficacité. « champions » nationaux. De sorte que due à tout un secteur est qu'au bout la doctrine des hauts fonctionnaires en d'un moment, la puissance publique Partons d'un fait divers. Au cours du existe plusieurs combinatoires des facteurs productifs. Cela déplace aussi les charge des politiques publiques navigue dispose de très peu de connaissances mois d'Août 2005, lorsque ce dossier entre deux formats opposés : le marché sur la fonction de production des fut officiellement lancé, le groupe compétitif (qui a pour effet de limiter la firmes ; situation qui présente des Bouygues a rapidement fait savoir par taille des firmes) ou l'oligopole intégré. risques de capture. Une solution peut voie de presse (11) qu'il ne participerait On accepte le second tout en affirmant être de conserver un secteur témoin. 60 Portrait d’entreprise On peut résumer le problème com- raient offrir une alternative au réseau des mini-marchés qui pourraient aisé- me suit. Si la puissance publique priva- payant. Sans machiavélisme aucun, on ment se transformer en grandes sur- tise tout un secteur elle peut compenser peut penser que l'acteur qui aura la faces ; le foncier, les parkings et le trafic la perte d'information potentielle sur les connaissance du réseau et de ses sont déjà là. C'est quelque chose d'in- marchés et sur les fonctions de produc- nœuds stratégiques sera à même de téressant et de nouveau. Pendant long- tion par la mise en concurrence des tra- programmer les travaux en vue de fluidi- temps les autoroutes furent traitées vaux. Si elle conserve un secteur témoin fier et de guider les trafics au mieux de comme des tuyaux dans lesquels les (une firme reste publique et lui donne ses intérêts. Ce type de situation pose flux circulaient au plus vite – donc les des informations sur les fonctions de donc une question nouvelle en terme de consommations se faisaient à l'entrée et production) alors elle peut accepter la régulation. Les économistes se sont à la sortie, exception faite des achats de logique de l'oligopole intégré et faire du intéressés aux prix (beaucoup), à la carburant. Depuis quelques années benchmarking. qualité de service (un peu), nous voyons cette conception se transforme : argu- poindre un problème de suivi très fin de Il nous semble d'autant plus impor- la morphologie des réseaux et de leurs tant de clarifier ces choix que la privati- opérateurs. L'économie des réseaux a sation des autoroutes intervient au cette propriété particulière que le déve- moment où se met en œuvre la décen- loppement d'une firme peut passer par tralisation des routes au profit des le gain de parts de marchés (nouveaux départements. Les observateurs de ces clients, nouveaux services) et par la questions n'ont pas lié ces deux conquête de territoires. Sur le long réformes ; pourtant le parallèle est évi- terme, la possession d'un réseau qui dent et les implications très impor- innerve des territoires n'est pas sans tantes. On peut tenir pour acquis qu'un effets sur cette forme de la compétition. certain nombre de départements vont confier à des firmes privées le dévelop- La question de l'intégration par les pement et l'entretien du réseau routier ; opérateurs a été uniquement pensée à toutes les pièces du puzzle sont en partir des fonctions principales d'opéra- place. Une loi PPP a été promulguée ; teur de réseau, et des travaux de les références d'autres pays européens construction et d'entretien du réseau. - dont l'Angleterre - vont dans ce sens ; L'observation des firmes et de leurs les firmes sont prêtes à intervenir ; les intérêts fait ressortir une nouvelle forme ments de la sécurité, de la découverte des paysages. L'autoroute devient un réseau complet avec ses nœuds. Certains s'organisent comme des lieux de service et de consommation. Des distributeurs peuvent donc s'intéresser à ce type d'activité non pour sa composante principale mais pour ses services dérivés. Ce genre de comportement s'il se généralisait aurait des conséquences en termes d'aménagement du territoire ; ce qui va être consommé dans le réseau ne le sera pas à l'entrée ou à la sortie. Cela change aussi la régulation. On se retrouve dans des comportements assez semblables à ceux qui ont caractérisé certaines concessions à la fin du XIXe siècle. Des firmes sidérurgiques, ou élus locaux qui ont déjà beaucoup à d'intégration : le contrôle des nœuds de des électriciens s'intéressaient aux faire ne verront pas d'un mauvais œil la trafic (12). Que vient faire le groupe concessions de tramways pour écouler délégation d'une responsabilité nouvel- Benetton dans Autostrade et Autogrill ? leur production de sorte qu'ils s'impli- le. Il est donc possible que l'on se trou- Il ne s'agit pas d'un intérêt pour l'exploi- quèrent peu dans l'exploitation et bon ve dans quelques années dans des tation d'infrastructure ; en fait l'activité nombre de ces concessions périclitè- situations inédites, dans lesquelles nous autoroutière commande des nœuds de rent. Autrement dit, un problème de aurons une firme privée engagée dans réseaux dans lesquels il est possible suivi des firmes est de comprendre la l'exploitation d'une autoroute payante et d'avoir une activité de distribution de chaîne de la valeur et le moment où la la même firme ou ses filiales, détentrice produits grand public, de marque, acti- firme réalise son résultat. Selon ce de contrats de PPP sur des portions de vité principale de Benetton. Certaines moment, on peut penser qu'il faille routes nationales gratuites qui pour- aires de services sont déjà devenues adapter le schéma de régulation. 61 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 Il est une autre question d'intégra- pe une position centrale dans de nom- naires. De sorte que plus tard, lorsque tion, celle des externalités. En principe, breux flux intra-européens. De sorte que les le péage autoroutier intègre les coûts si la tarification n'incorpore pas les d'avoir les recettes correspondantes, d'investissement et de fonctionnement externalités négatives que génèrent les l'externalité se trouvera passée sur les problèmes surviendront, faute du réseau sur le long terme et il devrait flottes de camions étrangers, le coût se contribuables. Donc on se trouve avec incorporer certaines des externalités trouve reporté in fine sur les riverains et les choix suivants. Ne rien changer aux négatives : dommages aux riverains, les contribuables français et l'opération mécanismes actuels revient à faire une coût de certains accidents graves et on s'inscrit en subvention croisée invisible subvention déguisée aux transporteurs devrait ajouter les conséquences de la faite au bénéfice de ces flottes de trans- (pour partie étrangers) et à reporter les congestion. Ne pas le faire introduit une port. externalités négatives sur les riverains et distorsion dans la comparaison railroute. Ce sont des débats assez nou- les contribuables. Internaliser ces exterEn supposant que les péages incor- nalités dans les péages sans définir de veaux qui vont certainement prendre de porent bien tous les coûts, la partie liée règles d'usage des provisions revient à l'importance, et les économistes com- aux externalités négatives vient gonfler offrir une prime aux actionnaires et à mencent à chiffrer ces externalités qui les chiffres d'affaires ; elle devrait s'équi- reporter les problèmes. viennent s'ajouter au coût immédiat. Par librer par l'écriture de provisions de long exemple, on vient d'apprendre que le terme visant à couvrir des charges à Le fait de totalement privatiser un coût du gigantesque bouchon généré venir ; l'opération est neutre en termes secteur pose donc des problèmes nou- par l'intersection de l'autoroute de l'Est de résultats ; elle dégage du cash flow. veaux. Ils ne sont pas insurmontables à l'entrée de Paris (A4) et du second Si des règles d'usage de ces provisions mais faute d'en avoir la connaissance, la périphérique (A86) s'élevait à 280 M€ ne sont pas définies, la recette addition- puissance publique risque de conduire par an (13). L'Union Européenne tra- nelle « d'externalité » va se répercuter des opérations qui, en long terme, ne vaille à la mise au point d'une directive en hausse du résultat d'exploitation. En seront pas équilibrées entre les diffé- qui devrait définir les coûts de conges- cas de privatisation totale et dans l'hy- rentes parties prenantes (les stakehol- tion à incorporer dans le tarif. Cette pothèse d'actionnaires porteurs d'une ders) : les usagers, les actionnaires, les question des externalités est importante forte logique financière, le produit va se salariés et dirigeants, les firmes, la dans le cas présent car la France occu- trouver capté et distribué aux action- Nation. Autostrade Autostrade Milan Groupe privé qui résulte de la privatisation d'un actif de l'IRI à la fin de 1999 Actionnaires principaux Schema Ventotto 62% Schema Ventotto (Edizione Holding groupe Benetton 60%, Abertis 13%, Unicredito Italiano) Chiffre d'affaires 2004, 2,88 G€ (2,52 G€ en 2003 ; 2,23 G€ en 2001) Capitalisation en janvier 2004, 8,04 G€ Longueur du réseau, 3408 km (3120 km au moment de la privatisation). Autostrade est le premier opérateur bilité aux hausses tarifaires décidées par gin, and hardly any debt, Autostrade is autoroutier européen avec un réseau de le gouvernement. Globalement c'est a cash cow » (www.forbes.com/glo- 3410 kilomètres en exploitation, contre une société aux revenus confortables ; bal/2002). Parmi ses autres activités, il 2940 km pour ASF. En Italie, il exploite le commentaire publié par la revue amé- faut mentionner une prise de participa- environ 56% du réseau à péage (14) et ricaine Forbes est clair : « with (histori- tion de 32% dans la 4e licence de télé- cette activité génère environ 80% du cally flat) revenue in 2001 of 2 G$, a phonie cellulaire italienne, Blu, acquise à profit d'exploitation, c'est dire sa sensi- 42% operating margin, a 16% net mar- la fin de 1999. Deux années auparavant 62 Portrait d’entreprise Autostrade avait loué son réseau à fibre comme acteur économique direct, et la un autre véhicule, Newco28) (19). optique à Olivetti qui entrait dans le sec- fin de l'IRI comme véhicule des poli- L'opération rencontre un succès et se teur des télécommunications. Le grou- tiques publiques. En quelques années, dénoue à l'automne par la fusion entre pe a aussi exporté ses compétences cette plaque tournante de l'économie Newco28 et Autostrade. L'opérateur d'opérateur : à Birmingham pour lea M6 italienne aura cédé pour près de 52 G€ autoroutier est désormais détenu à 62% Toll associé à Macquarie, à Washington d'actifs, soit l'équivalent de 5,5% du par Schema Ventotto, holding où la D.C. pour l'autoroute à péage de 23 km PIB de 1999 (15). Parmi les cessions, famille Benetton a une participation de qui conduit à l'aéroport international mentionnons : plusieurs banques, des 60%. Il est donc solidement arrimé et à Dulles. Autre caractéristique de cette groupes sidérurgiques, des entreprises l'abri de tout risque d'OPA. La robus- firme, elle a développé depuis long- agroalimentaires, des firmes de distribu- tesse effective de ce montage dépendra temps des outils électroniques pour tion. Dans les infrastructures le mouve- à terme de facteurs politiques italiens - gérer son réseau et pour offrir des ser- ment est tout aussi considérable avec sur les tarifs et le programme d'investis- vices aux usagers. Son « télépass » en Telecom Italia, Enel, la société de res- sement (20)- et du comportement des Italie avec 45,2% des transactions en tauration Autogrill (1995), Autostrade autres actionnaires de Schema Ventot- fait le premier système de péage élec- (1999), Aéroport de Rome (après mai to. Considérant la dette induite par cette tronique en Europe et il continue à se 2000). opération, évaluée globalement à 6.45 développer. Cette compétence lui a per- G€ (21), et ses effets sur les résultats, mis de participer au développement du C'est dans ce cadre que le groupe télépéage poids lourds en Autriche pour familial Benetton, originaire de Vénétie le compte d'Asfina ; il était opérationnel et du secteur textile, s'est porté acqué- l'agence Moody dégrade le classement d'Autostrade à A2. en 2004. Cette technologie est rivale du reur en 1995 d'Autogrill, société de res- Cette politique de diversification système allemand, « Toll Collect ». Un tauration largement implantée sur le d'un groupe d'habillement plus connu instant en 2004, alors que la technolo- réseau autoroutier italien. Cette opéra- pour ses campagnes de publicités pour gie allemande tardait à entrer en service, tion « a servi de tremplin à une diversifi- des « marques » que pour la gestion les autorités allemandes ont brandi la cation » (16). En six ans le chiffre d'af- discrète d'infrastructures appelle plu- menace d'une entrée d'Autostrade. faires d'Autogrill est passé de 670 mil- sieurs commentaires : Cette exportation d'une compétence lions à 3,35 milliards d'euros (17). Puis sera sans doute dans les années à venir Benetton est devenu l'actionnaire de - La volonté de sortir du textile un vecteur du développement du grou- référence d'Autostrade lors du place- stricto sensu est une idée ancienne pe. ment de 1999 (18). On relèvera que le dans la politique Benetton. La société syndicat de contrôle d'Autostrade asso- créée en 1965 commence par une acti- Autostrade a été créée en 1956 par cie alors, au côté des Benetton, deux vité de bonneterie féminine en laine car- l'État italien pour développer la 1re auto- autres opérateurs autoroutiers : Acesa dée ; elle s'adapte à la demande, glisse route à péage du pays entre Milan et l'espagnol (filiale de la Caixa) et Brisa le vers la bonneterie générale et au milieu Naples (Autostrada del Sol). Ensuite groupe portugais qui vient aussi d'être des années 1970 ouvre ses premiers sous l'ombrelle du puissant holding privatisé. En 2002, les services repré- magasins de marque. À partir de 1982, public – I.R.I. – elle s'est trouvée au sentaient les 2/3 du chiffre d'affaires du Benetton se diversifie dans des sec- cœur de l'équipement autoroutier ita- groupe. teurs complémentaires : la chaussure lien. En 1986, l'IRI a introduit 13% du En janvier 2003, avec l'appui de la courante, la chaussure de sport ; les capital en bourse. La cession des 87% banque Mediobianca, le syndicat de lunettes, les montres, les parfums, le restants, en 1999, marque l'achève- contrôle lance une OPA sur le capital linge de maison. Cette politique aboutit ment du processus de retrait de l'État flottant (techniquement cela passe par en 1989 à la création d'une nouvelle 63 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 marque « United Colors of Benetton pour une firme qui vend des marques. d'une tutelle publique, comment le nou- (22) ». En 1984, Benetton s'engage Étant opérateur de réseau il contrôle les vel Autostrade va-t-il se comporter ? dans une activité financière en créant In nœuds de réseau. Et ces lieux peuvent Les dirigeants d'Edizione Holding affi- Factor S.A. avec deux autres banques. être gérés peu ou prou selon les mêmes chent leur volonté de se développer en « Le projet avoué est que dans techniques que les boutiques déjà pos- Europe. En 2001, la direction se disait quelques années le chiffre d'affaires… sédées ; cette diversification apporte prête à investir de 4 à 6 G€ d'ici à soit constitué pour part égale par la indiscutablement une économie d'en- 2005 : « Autostrade est intéressé à vente des produits de l'habillement et vergure et étend le portefeuille des construire les 2/3 des 3000 kilomètres par des activités financières » (Negri, op. points de vente. d'autoroutes manquant pour amener cité, p. 88). - Se posent tout de même des pro- l'Italie à la moyenne européenne » (27). - Les ventes de 1995 et de 1999 blèmes de régulation, sur la complé- L'endettement net du groupe se mon- offrent donc l'opportunité de poursuivre mentarité entre l'exploitation d'autorou- tait à 1,24 G€, en recul de 22% grâce à la diversification. Reste à comprendre le te et ces services. En 1999, l'autorité une gestion plus efficace, des gains sens de l'engagement. Au lendemain de antitrust semblent encore pouvoir être obtenus l'entrée des Benetton dans l'exploitation conflits d'intérêts potentiels entre l'ex- (28). Afin de financer un programme sur d'autoroute on pouvait s'interroger : ploitation du réseau et l'allocation des dix ans le groupe émet en mars 2004 un effet d'aubaine, ou véritable stratégie ? restaurants (Autogrill) avait donné son emprunt obligataire de 6,5 G€ (29). Aujourd'hui les choses sont plus claires. accord à la reprise d'Autostrade à la - Comme pour les autres groupes Le groupe affiche clairement une entrée condition que les services de restaura- présentés ici, le résultat des privatisa- à partir du service à la personne, ce qui tion sur son réseau soient cédés (25). tions françaises aura des conséquences le conduit à s'intéresser aux nœuds La question n'est toujours pas tranchée sur cette firme : ses engagements de d'échange : gares (23), aéroports (24), malgré de réguliers rappels (26). capitaux, ses alliances, son accès à de stations d'autoroute. Et cela fait sens italienne, considérant les - Désormais, libéré des contraintes nouveaux nœuds de réseaux. Abertis Abertis Madrid Groupe privé autoroutier qui résulte de la fusion en 2002-2003 de deux opérateurs : Acesa et Aurea Actionnaires (30) : La Caixa 24%, ACS 17,6%., Caixa d'Estalois de la Catalunya 5,7%, Sitreba 5,5%, flottant 47,2% Chiffre d'affaires 2004, 1,53 G€ (1G€ après fusion en 2002) Capitalisation automne 2005, 13,56 G€ (01-2004, 6,32 G€) Longueur du réseau, 1500 km (1245 km au moment de la fusion) Abertis résulte de la fusion, décidée exploiter les autoroutes de la région. À tières entre les firmes. Au début de l'an- en 2002 et effective en 2003, des deux la même époque, le groupe de née 2002, le premier opérateur autorou- premières sociétés d'autoroutes espa- construction Dragados remportait trois tier espagnol Acesa (Autopistas Conce- gnoles : Acesa et Aurea. L'une et l'autre concessions dans le sud du pays (32) sionaria Espana SA) était filiale de la trouvent leur origine dans le programme qu'il fusionnera en 2000 avec Aumar ; Caixa (31,7%), de deux autres banques autoroutier lancé, en 1967, par le gou- l'ensemble deviendra Aurea. vernement sous une forme privée espagnoles et de Suez (5,1%) (33) ; tandis que le deuxième, Aurea, était – PANE – programme qui fait suite aux Évoquons d'abord l'histoire de cette contrôlé à 36,3% par Dragados, pre- recommandations d'un rapport de la fusion car elle illustre le principe de mier groupe de construction du pays. Banque mondiale de 1962 (31). Acesa a mouvement mentionné en introduction Dragados avait une importante activité été créée en 1967, en Catalogne, pour et la vitesse de redéfinition des fron- d'exploitation d'infrastructures, dans les 64 Portrait d’entreprise autoroutes, les aéroports et les chemins En fait, le dénouement va être diffé- chiffre d'affaires 2004 de 1,53 G€. Il de fer et ne cachait pas sa volonté de se rent car l'équilibre global des forces se exploite donc environ la moitié du développer dans cette direction. Avec le modifie. La compétition pour le contrôle réseau payant (2900 km) et « son chiffre soutien de son actionnaire principal le d'Iberpistas opposait, en fait, par filiales d'affaire représente entre 70 et 80% du Banco Santander Central Hispano (34), interposées, la Caixa – la grande secteur » (Bel et Fageda, op. cité : 8). Dragados fusionne alors avec le premier banque de Catalogne - et le Banco Ces résultats s'expliquent aussi par l'in- constructeur néerlandais – HBG – et Santander (aussi appelé SCH) premier ternationalisation avec des participa- engage des négociations avec les actionnaire de Dragados avec 24%. tions minoritaires dans d'autres opéra- quatre familles qui contrôlent le troisiè- Des difficultés importantes en Amérique teurs européens - Autostrade, Brisa - et me opérateur autoroutier espagnol : Latine affaiblissent le SCH, l'obligent à des interventions sous différents types Iberpistas (35). Au milieu du mois de réaliser des actifs et son soutien à Dra- de contrats au Chili, en Argentine, en mars 2002 tout semble aller pour le gados faiblit. Il cède en avril une partici- Colombie, à Puerto-Rico et en Angleter- mieux. La fusion avec HBG n'attend pation de 23,5% au 4e groupe espagnol re. Est aussi à relever une politique d'in- de construction ACS (Actividades de tégration verticale avec des activités de Construccion & Servicios). Cette prise logistique et l'exploitation de parkings. plus que l'approbation des autorités européennes, tandis qu'un accord préliminaire est annoncé avec les actionnaires d'Iberpistas (36). Cette mécanique va s'enrayer en très peu de temps et déboucher sur un paysage totalement différent. Acesa, l'autre firme autoroutière, ne reste pas inerte face à une alliance qui met en cause sa place de n°1 et elle a de bonnes raisons de réagir car elle détient une participation d'environ 8% au capital d'Iberpistas, qui peut s'analyser comme l'expression d'une volonté de contrôle de Dragados par ACS modifie totalement le paysage. Premiè- Les péages représentent 85% du rement, le nouvel actionnaire impose chiffre d'affaires ; les trois quarts de dès juin 2002 une sortie de l'opération cette activité proviennent des quatre avec HBG pour réaliser une fusion ACS concessions espagnoles : Acesa, - Dragados (37). Deuxièmement, sur le Aumar, Iberpitas (A6), Aucat. Le reste front des autoroutes, la compétition va vient se transformer en une entente. Acesa et américaines : Argentine (CGO, 52 km), Aurea engagent une opération de fusion Chili (229 km) et Puerto-Rico. des concessions sud- au début de l'été 2002 (38) et forment le quatrième opérateur autoroutier en Europe après Autostrade, ASF et APRR. Leur accord prévoit l'intégration Les diversifications apportent 15% de l'activité. - Le groupe est actif dans les par- ultérieure d'Iberpistas : effective le kings par sa filiale Saba, 90 000 places de coopérer. Donc Acesa lance une 1er janvier 2004. En septembre 2003, il environ avec une présence dans plus de OPA non sollicitée de 775 M€ sur Iber- était question d'un apport des conces- 60 villes (40). Cette société originaire de pistas ; Aurea contre-attaque immédia- sions de Dragados (39) à Abertis. Cette Catalogne, apportée par Acesa, inter- tement par une offre de 18% supérieu- stratégie est confirmée en novembre vient aussi dans le reste de l'Espagne, re. On semble s'acheminer vers une par le président d'ACS et il a l'intention en Andorre, au Portugal, en Italie, au compétition tendue, à rebondissement, de l'appliquer à toutes les filiales. Maroc (Rabat) et au Chili. En France, la comme ce fut souvent le cas en Angle- firme a été candidate, fin 1997, à la terre dans des situations analogues. Abertis domine très largement le reprise de Scetauparc (CDC) qui finale- Pourtant, vers le 25 mars, Dragados secteur en Espagne (voir encadré). Si ment se fera au bénéfice d'un groupe annonce avoir obtenu un accord de on ajoute aux concessions directement belge. plus de la moitié des actionnaires possédées, des prises de participations - Le groupe a aussi une activité de d'Iberpistas pour son offre. L'opération dans plusieurs autres, le groupe exploi- logistique. Acesa Logistica intervient a-t-elle abouti ? te un réseau de 1500 km et réalise un dans la zone franche du port de Barce- 65 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 lone (105 000 m2 d'entrepôts, 23 000 m2 pour intégrer ses différentes filiales, pour dans les années 1980 et 1990, lorsque de bureaux). Dans les infrastructures de dégager des économies de gestion et les budgets publics le pouvaient et que télécommunications et de médias ; la offrir un service plus simple au client ; l'Union Européenne contribuait large- filiale Tradia loue des infrastructures l'électronique joue un rôle important ment. Cette période est révolue car l'en- pour le téléphone cellulaire, la radio et la dans cette politique. Une seconde voie trée de dix nouveaux pays va conduire à télévision. est celle du développement dans des une réaffectation des subventions. Enfin, Parmi les faits de l'année 2003 mentionnons : - L'amélioration des activités en Argentine (CGO, 52.5 km). activités directement complémentaires ici comme ailleurs il ne faut pas exclure comme les parkings ou la logistique. les effets d'aubaine, ils peuvent condui- Dans le cadre d'une politique de réseaux re un groupe comme Abertis à se diver- trans-européens cette activité va être sifier selon une logique conglomérale appelée à prendre de l'importance. Une dans des activités qui ont peu à voir - Un partenariat avec les ASF qui fait troisième voie, attendue, est celle de l'in- avec le cœur de métier. Cette hypothèse sens si on considère la continuité phy- ternationalisation. Le résultat de la priva- ne peut être exclue en prospective de sique des deux réseaux. tisation des autoroutes françaises va moyen terme car le capitalisme urbain - Le rachat à Auna de la société de être évidemment un facteur déterminant espagnol reste encore familial ; la conso- transmission d'infrastructures de TV et dans le futur du groupe. Mais quels que lidation des firmes est récente et le pay- de médias (Retevision Audiovisual) pour soient ces choix, il reste que le groupe sage est loin d'être stabilisé. Deux fac- 82 M€ plus 341 M€ de dette. va se positionner dans les pays de l'Est teurs vont peser sur le secteur ; quel - Un contrat remporté par Acesa où les efforts de mise à niveau sont sera le comportement des grandes Logistica pour construire et développer importants et rester en Amérique Latine. banques ? Elles ont joué dans les vingt la logistique du port de Séville (26 ha). Il est une quatrième voie de développe- dernières années un rôle essentiel dans Cette société participe à une société qui ment que le groupe va certainement la constitution des alliances et leur modi- doit développer la plate-forme multimo- parcourir : celle de la modernisation de fication. Comment se fera l'atterrissage dale de Avala (au nord entre Zaragoza et l'important d'autoroutes du secteur de la construction qui surper- Bilbao (41)). publiques ou de routes à quatre voies. forme depuis 1990 tous les marchés Comme l'expliquent fort bien Bel et européens ? Que va-t-il se passer Autrement dit, le développement Fageda (op. cité), leur gratuité entraîne lorsque le marché va ralentir ? Quelles en d'Albertis se fait dans plusieurs direc- une inégalité de traitement des usagers seront les conséquences par effet de réseau tions et on peut tenter d'esquisser un selon le trajet qu'ils font, et pose la ques- domino sur les groupes d'autoroutes qui futur de son développement. Première- tion du financement de la maintenance ; ont des liens multiples avec les firmes de ment, le groupe va continuer à travailler la solution « publique » a pu fonctionner construction ? Le paysage autoroutier espagnol. 2900 km à péage et 9500 km gratuits (dont des routes à 4 voies) Abertis, 1240 km. Résulte de la fusion entre Acesa, Aumar/Aurea et Iberpistas. Le groupe détient aussi des participations dans 4 concessions (274 km) et un tunnel (30 km) Itinere, 471 km. Ce groupe, contrôlé par Sacyr-Vallehermoso, a remporté en juin 2003 la privatisation de ENA et gagné d'un coup trois concessions et 410 km. Avasa, 294 km. Cet opérateur est contrôlé par Abertis et Sacyr-Vallehermoso. Europistas, 277 km environ et 45 km en contrat de service. Cette société se trouve en position d'actionnaire majoritaire de plusieurs sociétés d'autoroutes comme Autosol, Autopistas Madrid Sur. 66 Portrait d’entreprise Brisa Brisa Lisbonne Groupe privé qui s'est développé à partir du désengagement de l'État du secteur autoroutier Chiffre d'affaires 2004, 600 M€ (523 M€ en 2003 ; 477 M€ en 2001) Capitalisation janvier 2004, 3,23 G€ Actionnaires : de Mello 20,2% ; Abertis 10,1%, Pensoesgere 9,6%, Deutsche Bank 6,3%, flottant 43,5% Longueur du réseau 1106 km (au Portugal) Présent dans CCR (17,90%) qui exploite 1450 km de concessions au Brésil et en Amérique Latine Brisa, est à l'origine un opérateur péage électronique avec 1,6 million de EdP et GdP. Avec son réseau autorou- public d'autoroutes, créé en 1972, véhicules équipés d'un transpondeur » tier qui relie les principaux grands devenu privé à la suite du retrait de l'É- (www.tollroadnews.com, 2004.10.13). centres urbains, Brisa s'imposait tat entre 1997 et 1999 (42). Il a une Ce système a été étendu aux parkings comme un partenaire. Un accord a été position de monopole au Portugal de la société Emparque (40 000 places signé en février 2000, il associe aussi Telcel. jusque 2032, avec un réseau concessif de parkings). Brisa a aussi développé de 1106 km (après achèvement des tra- un service d'assistance et de contrôle vaux de construction). Par ailleurs, il a technique des véhicules. On observera Dans l'avenir, une recomposition du soumissionné pour quatre nouvelles que plusieurs ingénieristes américains, secteur pourrait résulter d'une révision concessions en shadow toll et attend comme Parsons, se sont positionnés de la politique du shadow toll annoncée les résultats pour une section de 102 vers 2001/02, sur ce marché du contrô- par le gouvernement Portugais en km. Donc son développement au Portu- le technique des véhicules et ont reçu octobre 2004. Les termes anglais « toll » gal n'est pas achevé même s'il occupe des licences de la part d'États, de com- ou français de « péage virtuel » utilisés une position dominante. Le Portugal a tés ou de villes. un réseau à péage de 1800 km (dont pour décrire ce mécanisme ne doivent - Participations dans d'autres socié- pas abuser ; il n'y a pas de péage. Le 1140 km d'autoroutes et le reste en tés d'autoroutes (minoritaires dans financement de l'investissement reste routes) et 950 km d'autoroutes gra- Autostrade) et plus conséquente au public, comme l'est celui de l'opérateur tuites, la plupart financée par Shadow Brésil, Companhia de Concessoes privé dont la rémunération dépend d'un Toll. Rodoviarias qui est le leader du secteur flux de trafic. C'est donc une formule, dans le sous-continent. Si on en croit différente du contrat de service, qui per- La politique menée jusqu'à présent les informations communiquées devant met d'introduire des firmes dans l'ex- a été celle du développement dans le des investisseurs fin octobre 2003, ploitation de réseau en leur évitant de cœur de métier (autoroutes et routes). Brisa envisage de céder plusieurs parti- supporter les risques liés à des investis- Cela se traduit par les décisions des cipations – ONI 17%, EdP 2% ; a sements très lourds. Mais cela suppose premières années après la privatisation : contrario elle conserve Abertis, CCR que des financements publics soient - Investissements importants au l'opérateur brésilien et Autostrade disponibles. Le Portugal, comme l'Es- Portugal pour achever le réseau, 200 (www.portugaloffer.com/brisa). On relè- pagne, a bénéficié de financements M€ en 2000 et 808 M€ en 2001 (43). vera que la participation dans ONI avait européens et se trouve pareillement - Développement de services com- d'abord un sens industriel. Cet opéra- touché par un déplacement des flux au plémentaires. Brisa a développé un sys- teur de réseaux de télécommunications profit des nouveaux adhérents, à l'Est. tème de télépéage (Via Verde) qui repré- a multiplié les accords avec des opéra- Donc l'équation budgétaire se pose. sente 58% des transactions. « Après teurs de réseaux pour avoir accès à Comme l'écrit le rédacteur d'une news- l'Italie c'est le plus grand utilisateur de leurs infrastructures ; ce fut le cas avec letter américaine « Like so many 'inno- 67 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 vatory finance' gimmicks shadow tolls Companhia de Concessoes comme l'accès aux réseaux politiques, don't establish any new revenue Rodoviarias. reste bien aux mains des grands action- stream, and therefore tend to be a Cette société, plus communément short-term expedient – as Portugal is appelée, CCR exploite un réseau de discovering ». (www.tollroadnews.com, 1450 km au Brésil, ce qui en fait le pre- 2004.10.13). Mais le problème reste mier opérateur du pays et de tout le Pour l'année 2002, la contribution entier car selon l'analyse de quelqu'un continent sud-américain. Ce réseau de CCR dans les comptes de Brisa a de Standard & Poors, sur les tronçons représente environ 15% des autoroutes en shadow toll, le trafic est réduit ; « they privatisées par le gouvernement et il don't have a great toll potential ». Or les génère 41% des recettes de péages investissements réalisés qu'il faudrait (CCR News Release, May 16, 2005). La amortir par le péage sont élevés. Selon firme a été formée en 1998 à l'initiative une étude de PriceWaterhouse, la de plusieurs grandes entreprises brési- concession IP5, qui relie à la frontière liennes de construction. Elle est intro- espagnole, et financée en 2001, tour- duite au nouveau marché (Bovespa) en phase du programme de privatisation nait autour de 1,5 G€. Autrement dit, le 2002. Comme le montre la décomposi- des autoroutes qui porte sur 11 000 système des autoroutes portugaises va tion du capital (44), Brisa n'est qu'un kilomètres. En 2005, CCR s'est renfor- sans doute connaître des transforma- actionnaire parmi d'autres avec 17,90% cée par l'acquisition de ViaOeste dans tions et ceci ne manquera pas d'affecter et intervient d'abord en apportant son l'État de Sao Paulo. Seule ombre au les firmes du secteur et Brisa en parti- savoir-faire d'opérateur ; mais on peut tableau, l'expropriation de sa filiale culier. penser que le pouvoir décisionnel, Rodonorte par l'État de Parana. naires Brésiliens : Andrade Gutierrez, Camargo Corrêa et Serveng Civilsan. été négative : conséquence du ralentissement économique après la crise en Argentine et des effets de change. Depuis, CCR a retrouvé le chemin de la croissance grâce à une hausse du trafic (+7% en 2004 (45)) et à la seconde Macquarie Macquarie Bank Sydney Banque d'investissement australienne En 2005, gestion de fonds pour 94 milliards de dollars australiens (46) (GA$) soit 58,3 G€ (47), dont 20 G€ dans 19 fonds d'infrastructures (48) (onze cotés en bourse et neuf non cotés) En 2003, gestion de fonds pour 57 GA$ dont 23 GA$ dans les infrastructures, l'immobilier et les fonds spécialisés (49) Capitalisation janvier 2004, 3,66 G€ Le groupe australien Macquarie est juge. En 1969, une « merchant bank » commence en mars. L'introduction en une banque d'affaires (investment bank) anglaise, Hill Samuel & Co Limited ouvre bourse se fera environ une décennie internationalisée qui a développé une une filiale en Australie. « Les opérations plus tard en juillet 1996. Ce parcours, activité dans les infrastructures à partir commencent en janvier 1970, à Sydney, comme d'autres « portraits d'entre- du marché australien (50) ; à cela vien- avec seulement trois personnes » prises » présentés dans cette rubrique, nent s'ajouter des activités de banque (www.macquarie.com.au/au/about). La nous invite une fois de plus à sortir de la commerciale et des services financiers dérégulation des marchés financiers en lecture stable et quasi institutionnelle « sélectionnés ». Cette banque est peu 1981 conduit à une transformation en que nous avons tendance à projeter sur connue en France parce qu'elle vient banque de « trading » sous le nom de les firmes d'infrastructures à partir de des antipodes, qu'elle est active plutôt Macquarie Bank. Les autorisations sont notre expérience européenne. Dans dans cette partie du monde mais aussi obtenues en février 1985 et cette nou- d'autres parties du monde où les règles parce qu'elle est très récente. Qu'on en velle activité – et ce nouveau destin – et les opportunités sont différentes, des 68 Portrait d’entreprise nouveaux acteurs émergent à grande intérêt de présenter pour mieux situer la les marchés des métaux, de l'énergie, vitesse. place des infrastructures dans tout l'en- des opérations de change. Le groupe a Annual développé une activité sur le commerce Macquarie Bank peut se présenter semble Review 2002 et 2005). Nous avons (Macquarie Bank, des produits agricoles en particulier le avant tout comme une entreprise de classé les différents segments en fonc- coton, aux États-Unis, en Australie et services financiers qui travaille à partir tion de leur contribution au profit de récemment au Brésil. des fonds apportés par d'autres l'exercice 2004/05 (51% par exemple acteurs. Donc plus le total en gestion pour Investment Banking). - Equity Markets Group, (9%) intervient sur l'émission de warrants et de est important et plus les revenus perçus - Investment Banking Group (51%). produits dérivés en Australie (25% du par la banque augmentent ; et tant que Cette activité dans laquelle se trouvent marché), à Hong Kong, au Japon, en chaque activité sous gestion affiche une les fonds d'infrastructures comprend Afrique du Sud et au Brésil. Le rachat en bonne rentabilité, les fonds affluent ; le elle-même plusieurs sous-parties : Mac- 2004 de l'activité de courtage de ING succès appelle le succès. Examinons quarie Capital (2%), Financial Products pour la zone Asie Pacifique renforce cette équation à deux moments. (4%), Macquarie Securities (7%) et Cor- considérablement cette branche. Une En 2002, les actifs (total assets) porate Finance (38%). Ce dernier seg- activité de hedge fund a été lancée en gérés se montent à 30,2 milliards de ment comprend d'abord et à l'origine 2005 sous deux unités (Newton, Equi- dollars australiens (51) soit 17G€. Pour une activité classique sur les marchés nox). gérer ces fonds la banque a perçu un d'actions (equity capital market, ECM), - Financial Services Group, (4%) il revenu de 1600 MA$ (total income) et a puis la gestion de fonds spécialisés s'agit d'une activité complémentaire à la enregistré des dépenses de 1245 MA$ dans les infrastructures est venue s'y banque de détail, ouverte depuis juin (total expenses), ce qui génère un reve- greffer. Depuis quelques années, avec la 2000 ; elle se développe en Australie, nu d'exploitation (profit before income libéralisation de divers secteurs, cette Nouvelle Zélande et Afrique du Sud. tax) de 355 MA$. activité explose. Les actifs en gestion - Funds Management Group (1%) En 2005, la progression est specta- ont doublé en un an de 13,5 à 27,1 GA$ offre un service de gestion en Australie ; culaire, puisque Macquarie gère un por- (exercice au 31-03-2005) grâce à la les fonds en gestion ont augmenté de tefeuille d'actifs de 91 milliards de dol- création de nouveaux fonds, chacun 14% pendant l'exercice 2001/02 pour lars australiens (56,5 G€) (52) soit trois étant dédié à un groupe de projets. s'établir à 25,5 GA$. La banque a aussi fois plus qu'en 2002. Pour cela, elle a - Banking et Property Group (22%). développé cette activité à l'étranger - reçu des revenus de 3655 MA$, contre La banque apporte un service de finan- Malaisie, Corée du Sud – où la progres- des dépenses de 2494 MA$, ce qui cement et de gestion sur le marché sion est très forte. Les fonds en gestion laisse un résultat d'exploitation de 1161 immobilier. En 2004, un rapprochement ont fortement progressé en 2004/05 MA$. Ce résultat représente 31,8% des avec un fonds américain de Principal pour s'établir à 42 GA$. revenus ; et une fois payé l'impôt et pas- (jusqu'à présent Lend Lease) lui permet sées en écriture diverses opérations, de sortir du marché australien et de se reste un profit distribuable aux action- développer de À la fin de 2005 Macquarie gérait 20 naires ordinaires de 823 MA$, soit bureaux. Depuis 2005, à la suite d'un fonds d'infrastructures, dont onze cotés 22,5% des revenus (Annual Review rapprochement, cette activité est portée pour un total d'actifs de 14,7 G€ et neuf 2005, p. 3). par Macquarie Goodman Group (8,6% non cotés pour 5,44 G€ (plaquette Macquarie) cotée en bourse avec une 2005). Parmi les plus importants on capitalisation de 5 GA$. compte : Les activités de Macquarie. dans l'immobilier La banque est structurée en plu- - Treasury and Commodities Group sieurs sous-parties qu'il n'est pas sans (13%) est en charge d'opérations sur Macquarie dans les infrastructures. - Macquarie Infrastructure Group (MIG, coté, 6,0 G€), 69 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 - Macquarie Airport (MAp, coté, 3,4 G€) qui vient épauler… - Macquarie Airport Group (MAG, non coté, 585 M€), - Macquarie Communications Infra (MCIF, coté, 1,5 G€) - Diversified Utilities & Energy Trust (DUET, coté, 720 M€) - Macquarie Infrastructure Company (MIC, coté, 628 M$), - Macquarie European Infrastructure Fund M6 Toll Il s'agit d'un tronçon de 27 miles, au nord de Birmingham, destiné à contourner un tronçon très embouteillé. Il est considéré comme le projet autoroutier privé en cours le plus important du pays. Une concession de 50 ans (jusqu'en 2054) a été attribuée au consortium Midland Expressway Ltd (MEL) formé par Macquarie Infrastructure Group (75%) et Autostrade (25%). Les deux partenaires l'ont emporté en septembre 2000 face à un consortium composé de Carillion, Alfred McAlpine, Balfour Beatty et Amec, soit l'establishment anglais du secteur. Le contrat de finance, design, build, operate & maintenance a été obtenu pour 485 M£. En novembre 2003, à quelques semaines de l'entrée en service, soit deux mois d'avance sur le calendrier prévisionnel, MEL était critiqué sur le niveau du péage, considéré comme trop élevé pour les poids lourds : 11 livres (58). (MEIF, non coté, 1,5 G€), filiale spécialisée qui exploite des auto- plus marquantes sont la Midland - Korean Road Infrastructure Fund routes, des aéroports et des parkings. Expressway en Angleterre (encadré), (KRIF, non coté, 996 M€). Le nouvel ensemble exploite 18 con- l'autoroute 407 au Canada, une auto- cessions autoroutières dans le monde. route près de San Diego pour 35 ans Ce partenariat prometteur s'achèvera (55). Au printemps 2002, Macquarie Le véritable tournant se situe vers 2001/02 avec quelques acquisitions en 2005 en raison de divergences Bank emprunte 1 GA$ sur les marchés importantes. Macquarie prend, en d'analyse sur la stratégie à suivre. (560 M€) sur lequel il est prévu d'affec- 2001, une participation significative dans l'autoroute 407 en Ontario présen- ter 69% au rachat de la part de SNC Cette activité, pour laquelle le grou- Lavalin dans l'autoroute 407 à Toronto tée comme the world's largest privati- pe est associé à l'exploitation en tant (56). La participation de MIG dans cette sed toll road ; ses partenaires sont alors qu'actionnaire, est complétée par une concession passe de 24.5% à 43% ; le SNC Lavalin (qui se retirera plus tard) et activité « classique » de service financier. reste est détenu par Cintra (Ferrovial Ferrovial ; le portage passe par MIG, Il participe à des montages financiers 60% et Macquarie 40%). En 2003, les structure cotée. Toujours en 2001, Mac- pour des projets d'infrastructures : actionnaires quarie prend une participation dans expressway en Corée, conseil de construction d'une voie nouvelle afin de l'aéroport de Bristol où Ferrovial détient Brambles (déchets), mise sur le marché conserver la fluidité du trafic (57). 50%. Trois autres aéroports suivront de Gasnet, émissions obligataires pour rapidement (53) : Sydney (2002), Birmin- Tenaga (Malaisie) et un constructeur de Au début de 2003, le groupe crée gham (2001) et Rome (2002). Cette route, etc. Par ces composantes, Mac- en Corée du Sud un fonds de 206,3 M$ investissent dans la activité est portée par MAG et par un quarie offre un profil complet, internatio- (247 GWon) : Korean Road Infrastructu- fonds introduit à la bourse de Sydney, nal, qui porte autant sur la partie finan- re Fund (non coté). Ce fonds va exploi- Macquarie Airport (MAp) qui prend une cement de projet, que sur des opéra- ter à Séoul et dans d'autres grandes participation de 36,7% dans MAG. En tions immobilières ou de l'exploitation villes quatre autoroutes, trois tunnels et 2002, le portefeuille en gestion est alors d'infrastructures. un pont avec des contrats de 20 ans ou de 6,67 G€ (11,8 GA$), il a presque plus (59). Le groupe obtient aussi un doublé. La coopération avec le groupe En 2002-03, l'engagement dans le tronçon autoroutier au Japon (Hakone espagnol est rapidement étendue. Avec secteur des infrastructures se confirme. Turnpike). En décembre 2004, les fonds un apport de 960 M€ (1,7 GA$ (54)) Le groupe gère des fonds qui financent sous gestion dans KRIF s'élevaient à Macquarie acquiert 40% de Cintra, la plus de 30 autoroutes à péage dont les 996 M€. En Australie il forme un parte- 70 Portrait d’entreprise nariat avec l'opérateur autoroutier partie des cinq consortia sélectionnés social précisé dans ses composantes Transurban Group en vue de répondre pour la privatisation de l'aéroport de géographiques et sectorielles et les aux appels d'offres dans le pays ; dans Budapest ; outre les offres de trois opé- actifs de base qui se constituent. Les cette association, la banque Macquarie rateurs d'aéroports européens, on trou- équipes de la Banque choisissent soi- aurait un droit de préemption pour les ve aussi Hochtief et parmi les candida- gneusement des actifs qui offrent des mandats de conseil financier. Macquarie tures écartées, celles d'Abertis et de retours sur investissements suffisants constitue aussi un fonds européen dont Ferrovial. Il soumissionne au même avec des risques limités. Dans un pre- la première opération majeure est le moment pour les aéroports de Mumbai mier temps, les actifs sont logés dans rachat de South East Water (une Statu- et Dehli ; dans cette opération les un fonds non coté développé par la tory Water Company jusqu'alors pro- consortia de Hochtief et Singapour se Banque et des investisseurs. Chaque priété de la Saur). Cette acquisition est sont retirés jugeant les conditions de la fonds est créé avec ses propres suivie par l'achat pour 45 M€ de l'entre- compétition peu satisfaisantes ; subsiste clauses, son objet, ses règles de renta- prise qui gère la liaison ferroviaire entre une entreprise de la famille Ambani bilité ; il est géré par une structure de Stockholm et son aéroport international associée à une firme turque. Au mois projet. Selon les règles internes, chaque (Arlanda) (60). d'Août, le groupe, associé à Eiffage fonds est indépendant des équipes de soumissionne pour le dossier des auto- Macquarie Bank pour éviter tout risque En 2004, Macquarie se positionne routes en France. En septembre, asso- d'interférence ; cette indépendance parmi les repreneurs d'actifs régionaux cié à un groupe chimique, il rachète le serait assurée par les règles dites de de National Grid qui possède et gère le groupe d'explosif norvégien Orica pour « chinese wall ». En principe, un fonds réseau de transport électrique en Angle- 1,7 G$ (lié au groupe Nobel). La vente qui se développe va être introduit en terre et au Pays de Galles. La grande est faite par le dernier propriétaire, un bourse. Le poids de Macquarie va se affaire de la fin de l'année est la reprise fonds d'investissement suédois, et trouver dilué mais cela ne devrait rien de l'aéroport international de Bruxelles, Macquarie deux changer à la gestion. « La vocation de privatisé. Le consortium dirigé par MAp autres fonds d'investissements améri- Macquarie est de gérer ses fonds quels reprend 70% (la part groupe était au cains : Bain et Apollo. Pendant l'été, il que soient les actionnaires et ce pour final de 52%). Le financement se fait en est fait annonce dans la presse écono- toute la durée du fonds… pour des actions (400 M$) et par un emprunt mique d'une offre de Macquarie pour la infrastructures elle est presque perpé- « innovant » qui génère 525 M$. Le reprise du London Stock Exchange, se tuelle ». groupe crée plusieurs fonds pour porter trouvant sous la pression de deux offres Cet engagement du groupe dans les ses nouveaux développements : Mac- l'une de l'opérateur de la bourse de infrastructures appelle plusieurs remarques : l'emporte devant quarie European Infrastructure Fund Frankfurt et l'autre d'une alliance des (non coté, total au 31 décembre 1,5 bourses de Paris, Amsterdam et 1. Il est clair que le développement G$), Diversified Utility & Energy Trusts, d'autres. Annonce de diversion ou de Macquarie dans les infrastructures fonds coté en Australie tourné vers le engagement réel ? est récent et que cette stratégie relève marché de l'énergie dans ce pays (total au 31 décembre 720 M$), Macquarie Infrastructure Company, fonds coté à New York tourné vers les pays indus- plus d'un positionnement démarqué par Le « modèle » Macquarie rapport à d'autres fonds que d'une et sa discussion compétence particulière dans ces sec- Pour les représentants du groupe, le teurs. Au sein de Macquarie Bank, les « modèle » Macquarie est différent des infrastructures constituent une activité fonds d'investissements qui recher- parmi d'autres au milieu d'un vaste L'année 2005 voit se multiplier les chent la plus-value et se retirent. Un ensemble dont la culture comme la sub- opérations. Pendant l'été Macquarie fait fonds Macquarie se définit par un objet stance reste financière. triels (total 628 M$). 71 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 2. Le déploiement dans les infra- valorise et la revend sur une durée de des analystes) est constituée d'actifs structures peut s'interpréter comme 18 mois à 5 ans, pour recommencer le fixes. Reste cependant un problème qui une manière d'exercer plus facilement scénario dans un autre secteur. Chaque est celui de la dynamique des besoins. un métier principal. Par exemple, on ensemble d'actifs est sécurisé dans un L'histoire des réseaux et des firmes peut lire ce commentaire à propos de fonds, piloté par des règles strictes dont nous montre que les groupes et les l'acquisition de Sydney Airports Corp. Macquarie reste le garant ultime même contrats qui ont duré sont ceux qui ont pour 5,59 GA$, qui passe par un finan- si le groupe venait à se désengager du su cement de 3,95 milliards de dollars aus- capital du fonds après qu'il ait été intro- demandes ; or souvent cette adaptation s'adapter à des nouvelles traliens en prêt principal et une couver- duit en bourse. C'est, nous semble-t-il, a nécessité de nouveaux financements. ture obligataire : « Macquarie assure le un point très intéressant du modèle Le modèle Macquarie d'aujourd'hui rôle du sponsor, du conseil financier, du Macquarie. Seul le temps permettra de nous semble fonctionner sur une vision conseil du groupe pour toute l'opéra- trancher. Mais dès à présent il est pos- de fonds sanctuarisés, bordés par des tion » (61). De même, peu de temps sible de pointer des zones d'ombre. contrats complets ; c'est très bien dans après sa reprise de South East Water, le un monde stable ; mais si le monde groupe a mobilisé ses compétences 4. Les courbes des fonds collectés devient turbulent, si pour rester il faut obligataires pour restructurer la dette et et du résultat net (Annual report 2005, s'adapter, alors la question de la capa- dégager ainsi un résultat positif ; il envi- p. 2) ont été exponentielles depuis cité à mobiliser de nouveaux capitaux sage d'appliquer les mêmes techniques 1996. Le succès appelant le succès, le se posera. Et si la rentabilité relative du aux réseaux de National Grid. Cette groupe a collecté toujours plus de secteur des infrastructures est en deçà stratégie correspond plus généralement fonds ; mais il l'a fait sur la base de la des attentes, alors le système se blo- à un positionnement des fonds d'inves- promesse de la reproduction de ses quera. tissements dans différents secteurs succès passés. La question qui se pose industriels. On pouvait lire il y a quelques est de savoir ce qui se passera lorsque 6. Avant le blocage, on peut penser mois un interview de Robert Merton qui, les fonds, pour des raisons qui peuvent au regard de l'expérience d'autres après l'effondrement du fonds LTCM, être multiples, ne tiendront pas leurs firmes confrontées au grippage de leur revient dans le métier avec un nouveau promesses. On peut penser que les modèle à cash, fondé sur des anticipa- fonds : « notre groupe utilise [des gestionnaires de fonds primaires qui tions à la hausse, (Vivendi sous Messier, sciences financières] qui ont été déve- allaient vers Macquarie feront des arbi- Enron vers 2000, Waste Management loppées au cours des 30 dernières trages au profit d'autres secteurs d'acti- vers 1995/96) que la première réaction années et des technologies finan- vité. Donc la machine à collecter du sera de pallier les difficultés par plus de cières… ces technologies ont déjà été cash se grippera. créativité financière. Elle peut s'exercer largement utilisées dans les marchés comme aujourd'hui pour « éviter les frot- financiers mais nous voulons les utiliser 5. Face à ce risque, à haute proba- tements fiscaux » avec l'usage des pour prendre appui en d'autres sec- bilité sur l'horizon de long terme des paradis fiscaux pour domicilier certains teurs » (FT May 5, 2005). infrastructures, les responsables de fonds (62). Elle peut aussi puiser dans la Macquarie objectent la stabilité de leur panoplie des instruments financiers tou- 3. En quoi cet apport qui tient plus à modèle. Le ralentissement des avoirs jours plus sophistiqués, internationaux la partie financière qu'à une connaissan- collectés ne devrait pas affecter chaque et peu lisibles (que sait-on de l'engage- ce de l'exploitation peut-il affecter la fonds, « chaque fonds est géré comme ment effectif des hedge funds ?). La durée des engagements ? Macquarie se une sicav ». Leur valeur ne peut tendre règle du « chinese wall » est une règle défend de fonctionner comme un fonds vers zéro car l'activité qui lui sert de qui ne repose que sur l'auto-limitation classique qui entre dans une firme, la support (le sous-jacent dans le langage des acteurs et ce principe vertueux 72 Portrait d’entreprise devient d'autant plus difficile à tenir que réseau qui ne se réduit pas au marché. les situations se tendent. En un mot, un Et ce sera certainement un défi pour la puissance publique que de réguler ce modèle équilibré au départ, mais trop 7. L'alliance en France d'anciens soumis aux exigences de retour sur opérateurs publics, de groupes de investissement dans un groupe qui est construction et d'un fonds comme lui-même financier (63), peut dans cer- Macquarie représente donc une confi- taines circonstances perdre son objet guration totalement nouvelle qui dépas- principal : gérer une infrastructure en se et de beaucoup un apport en capital. type d'acteur. Dominique Lorrain Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS), CNRS-EHESS [email protected] NOTES (1) Ce « portrait d'entreprise » se trouve fondé comme les précédents sur notre dispositif de veille. Nous avons soumis une première version à quelques-uns des protagonistes de cette histoire qui ont eu l'amabilité de réagir : opérateur d'autoroute, Macquarie. Je remercie ces personnes pour leurs précieux commentaires. Le texte qui suit n'engage que son auteur. (2) Les Autrichiens ont un système de télépéage, également récent, qui concerne les camions de plus de 12 tonnes et pour les autoroutes. (3) En France le réseau de Cofiroute (à l'ouest) privé dès le départ constitue une exception. Cette société regroupe les principaux groupes de construction et leurs filiales routières. Une autre autoroute, l'A4 vers l'est avait été également financée par un schéma privé mais le trafic n'étant pas là, les groupes privés se sont retirés et après de longues négociations, le réseau à été repris par les CDC et fusionné avec un autre réseau pour former l'actuelle Sanef. (4) En 2002, Autostrade détient 7.8% d'Acesa tandis que celle-ci a 3,85% de son homologue italien et 10% du portugais Brisa ; Brisa a 5.77% d'Acesa (5) Financial Times, August 22, 2001 (6) Lorrain, D. (2002), Capitalismes urbains : la montée des firmes d'infrastructures. Entreprises et Histoire, n°30, septembre, p. 18 suiv. (7) Rapport annuel Ferrovial 2001, p12. Financial Times, March 18, 2002 (8) Pour les prises de position, Le Monde 1er août 2005. C. Saint Étienne, Faut-il privatiser les autoroutes ? Le Monde 29 septembre 2005. (9) Sur Enron voir C. Defeuilley, (2001) « Portrait d'entreprise », Flux, n°46, Oct. Décembre, pp. 76-84. (2002) La faillite d'Enron, Entreprises et Histoire, n°30, septembre, pp. 88-99. Sur Waste Management, D. Lorrain, (2002) Portrait d'entreprise, Flux n°48/49, avril-septembre, pp. 116 suiv. (10) Le « modèle » Macquarie a ceci de particulier : une séparation entre les fonds où se trouvent les actifs sousjacents et la Banque. C'est cette dernière qui se trouve soumise à la pression des marchés. Ceci étant, comme le montre l'exemple de Suez en 2003/05, si la société mère joue un rôle d'amortisseur des pressions des marchés, elle ne peut tout absorber. Lorsque l'écart entre ce que génère une exploitation et les retours attendus devient trop important, elle ferme. On voit mal comment cette même logique ne s'appliquerait pas aux fonds spécialisés du modèle Macquarie (équivalent des exploitations de la firme de réseau). Sur Suez voir notre article. « La firme locale-globale, Lyonnaise des Eaux, 1980-2004 », Sociologie du Travail, n°3 2005, sur le point discuté, pp. 352-356. (11) Le Monde 30 juillet 2005. (12) Sur cette question des nœuds de réseaux, de leur organisation et des enjeux liés, voir de nombreux travaux conduits au Latts par F. Margail, A. Sander, P. Zembri. En particulier leurs articles reproduits dans « RIT dans le texte », 1992, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997. (13) Le Monde, 13 septembre 2005, p. 11. (14) Les autres sont Auto Tomi et SIAS (15) Les Échos, 29 mai 2001, p. 69. (16) Interview du président d'Edizione Holding, Les Échos 17-12-2001, p. 26. (17) Cette entreprise italienne s'est développée sur les autoroutes, les aéro- ports ; elle réalise 55% de son activité aux États-Unis grâce à la reprise de HMS Host ; en France, acquisition de Frantour à la SNCF. (18) Sur cette opération voir entre autres : Les Échos, 13/9/1999 ; 25/10 ; 29/11 ; 6/12. À l'époque Edizione Holding (groupe Benetton), avec 18%, commande un syndicat d'actionnaires – Schemaventotto - qui détient 30% du capital. Les autres associés du syndicat sont Acesa (3,85%), Brisa (0,15%), INA (assurance, 2%), Unicredito Italiano (2%), la fondation bancaire de Turin (4%). (19) Financial Times January 29, 2003. Les Échos 24 février 2003 (20) La décision concernant le programme d'investissements a été reportée plusieurs fois ; une première proposition portait sur 4.7 G€ (Reuters 10/03) (21) Les Échos 24 février 2003 (22) Sur tous ces points, voir Negri A. (1990), Benetton un exemple d'entreprise européenne (entreprise et territoire régional), Annales de la Recherche Urbaine, n°46, printemps pp. 87-94. (23) Ont affiché leur intérêt pour reprendre les 60% de l'État dans Grandi Stazioni, la société de gestion des gares italiennes, où Edizione Holding détient déjà 40% via Eurostazioni (Pirelli, Catalgirone et la SNCF). En décembre 2001, le groupe annonçait un programme de restructuration de douze grandes gares italiennes pour un total de 415 M€ (Les Échos 17 décembre 2001). (24) Si on en croit l'interview d'un dirigeant, le groupe est plus intéressé par les aéroports de taille moyenne (Florence, Bologne) que par les très grands, Les Échos du 17/12/2001. Le groupe est présent dans l'aéroport de Turin ; il a exprimé son intérêt pour la privatisation de l'aéroport de Rome 73 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 (25) Les Échos, 3 mars 2000. (26) « Les Benetton pourraient vendre l'entreprise de restauration Autogrill », Le Monde, 23 avril 2004. (27) Les Échos, 27 juin 2001, p10. (28) Autostrade est notée Aa2 par Moody et AA- par Standard & Poor's, soit une signature jugée très saine. (29) Financial Times May 13, 2004. (30) D'après, Reuters.com et Yahoo Profile, automne 2005 (31) Bel G. et Fageda X., (2005) « Is a mixed funding model for the highway network sustainable over time ? The Spanish case ». In Ragazzi et Rothengatter (eds.), Procurement and Financing of Motorways in Europe, Elsevier. (32) Trois concessions d'origine : Tarragona/Valencia/Alicante (225 et 149 km), Sevilla/Cadiz (94 km) (33) Les Échos, 26 mars 2002 (34) La Tribune, 8 février, 2002 (35) Outre des réseaux en Espagne, Iberpistas détient 25% de la compagnie d'autoroutes chilienne, Elqui. (36) Financial Times, March 18, March 26, 2002. Les Échos, 26 mars, 2002. (37) Les Échos, 12 juin 2002 (38) Cette opération est d'abord annoncée avec l'équilibre suivant : 21,1% la Caixa, 12,2% Dragados. Il changera avec l'intégration des concessions détenues directement par Dragados et celle d'Iberpistas. L'équilibre de 2005 est de 23,99% La Caixa et 17,58% ACS. (39) Avant la fusion, Aurea détenait une option pour acquérir 14 sections d'autoroutes construites par Dragados. Financial Times, March, 18, 2002. (40) Fiche Reuters.com, Octobre 2005 (41) Annual report 2002, p. 47 (42) On remarquera que la politique de privatisation des entreprises de services publics, suivie en Espagne (Électricité) et au Portugal (Électricité, autoroute) a été celle des petits pas. L'État s'est désengagé progressivement, ce qui a permis de changer les habitudes en 74 douceur et de renforcer les intérêts nationaux. (43) Annual report 2001, p. 10-13. (44) Structure du capital : Andrade Gutierrez 17,42%, Camargo Corrêa 17,90%, Brisa 17,90%, Serveng Civilsan 17,90%, flottant au nouveau marché 28,88%. http :/www.ccrnet.com.br/ccrweb/s obreaccr/index.cfm (45) Camargo Corrêa, Annual Report 2004, p. 65. (46) Financial Times, September 27, 2005. (47) Taux de change 1,61 A$ pour 1€, Financial Times, October 29-30, 2005. (48) Plaquette Macquarie « Présentation de MIG et des fonds gérés par Macquarie », octobre 2005. (49) Financial Times, September 25, 2003 (50) Parmi ses rivaux dans la zone pacifique, mentionnons AMP Henderson Airports Funds ; Henderson fait partie des grands promoteurs de Hong Kong au même titre que Cheung Kong, Sun Hung Kai et New World. Mentionnons l'autre grand groupe australien présent dans les infrastructures de transport : Transfield, tramways de Melbourne (avec Egis), autoroute à péage autour de Melbourne (30 km) avec Obayashi et Transroute. (51) Taux de change 1,77 A$ pour 1€, Financial Times, September 13, 2002. (52) Financial Times, July 7, 2005, à l'automne le total géré sera de 94 GA$ (53) Le groupe fait partie des trois consortia en lice pendant l'été 2001 pour la privatisation de Kingsford Smith à Sydney ; il l'emporte un an plus tard (avec 53,3%). En décembre 2001, il obtient l'aéroport de Birmingham. En juillet 2002, il acquiert son 4e aéroport en 18 mois en reprenant 44,7% de l'aéroport de Rome pour 480 M€. Le consortium italien Leonardo Holdings, formé de Falck et de Impregilo (Fiat) qui avait racheté cet actif à l'État, conserve 51%. (54) Chiffre donné dans le Annual Review, p. 12-13, différent des 816 M€ mentionnés du côté espagnol (Ferrovial, AR 2001). (55) Asian Wall Street Journal, Jan 7, 2003. (56) Cette autoroute de 108 km, privatisée en 1999, a un trafic de 260 000 véhicules par jour (Financial Times, March 21, 2002) (57) Canada Newswire, Dec 31, 2002. (58) Birmingham Post, Nov 19, 2003. The Guardian, May 7, 2003. (59) AWSJ, Jan 7, 2003, p. M3. Korea Herald, May 27, 2003. Également plaquette MIG, octobre 2005 (60) Financial Times, November 3, 2003. Le consortium d'origine qui se retire comprend NCC (2e groupe de construction Suédois), Vattenfall (1er électricien suédois), Alstom et Mowlen, Project Finance, March 2004 (61) Project Finance, sept. 2002. (62) Godefroy, T. et Lascoumes, P. (2004) Le capitalisme clandestin, La Découverte, Paris. Sur les Bermudes voir pp. 44, 94, 104. La note 15 du rapport financier 2002 fait mention de six fonds localisés aux Bermudes, c'est une optimisation compte tenu de la législation américaine sur les assurances. (63) À propos de l'approche à court terme caractéristique des marchés australiens on pouvait lire en 2002 : « its reliance on retails investors leaves it vulnerable to mum and dad market sentiment » et plus loin l'auteur précise en citant une analyse du Credit Suisse First Boston « Some US pension funds are able to position part of their investments portfolios for 30-year investments horizons while Autralia's institutional investors have the discipline of quaterly reporting on investment performance » (Fiona Haddock, « Why is open season on Macquarie ? », Asiamoney, sept. 2002.