Filière Gastronomie Le repas gastronomique des Français Édition
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Filière Gastronomie Le repas gastronomique des Français Édition
Le repas gastronomique des Français Une nouvelle opportunité de valorisation des territoires LANCEA Développement 18, rue Berthollet 75005 Paris tel 01 58 10 39 90 fax 01 42 17 03 64 [email protected] SARL au capital de 10 200€ RCS Paris TVA FR 93 420 374 068 APE 7022Z Sommaire Editorial ............................................................................................................................ 4 Introduction ..................................................................................................................... 5 Chapitre 1 : la « gastronomie », un secteur majeur du tourisme national ........................... 6 1/ Les « gastronomes », de bons clients ! ....................................................................... 7 2/ La cuisine et le fait maison, un véritable engouement en France et ailleurs .............. 10 2.1/ La déferlante médiatique autour de la cuisine ........................................................ 10 2.2/ Les Français retrouvent le goût de cuisiner ............................................................. 11 3/ La « gastronomie », une forte composante d’image et d’attractivité ........................ 13 4/ Des retombées très importantes pour les territoires ................................................ 15 4.1/ Des retombées économiques de premier plan ........................................................ 15 4.2/ Une filière fortement créatrice d’emplois ............................................................... 16 5/ De nombreuses activités composant le secteur de la « gastronomie »...................... 18 5.1/ La restauration : le premier segment à mobiliser .................................................... 18 5.2/ Les vins et les produits du terroir : les composantes de base ................................. 21 5.3/ Les routes « gastronomiques » : itinérance au sein des terroirs ............................. 25 5.4/ Les événements « gastronomiques » : des occasions de partage ........................... 27 5.5/ Les entreprises et les musées « gourmands » : des incitations à mieux comprendre les terroirs ........................................................................................................................... 29 5.6/ Les arts de la table : un secteur à part entière de la gastronomie .......................... 32 5.7/ Les cours de cuisine : une manière de rentrer dans l’intimité d’une destination ? 34 5.8/ Les animateurs des réseaux : des forces vives à mobiliser ...................................... 34 Chapitre 2 : le « repas gastronomique des Français », inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO .......................................................................... 38 1/ Une inscription récente pour une reconnaissance internationale ............................. 39 2/ Du « patrimoine culinaire » au « repas gastronomique des Français » ...................... 40 3/ Une reconnaissance honorifique qui engage… ......................................................... 41 3.1/ Renforcer la transmission par l'éducation ............................................................... 41 3.2/ Développer la documentation et la recherche ........................................................ 41 3.3/ Créer des outils et des équipements de sensibilisation et d'information ............... 42 3.4/ Contribuer au renforcement du dialogue interculturel ........................................... 42 4/ … et se doit d’éviter certains écueils ! ...................................................................... 43 4.1/ Considérer qu’il s’agit d’un patrimoine statique menacé ........................................ 43 4.2/ Cultiver l’arrogance quant à la suprématie de la « gastronomie » française .......... 43 4.3/ Opter pour un repli franco-français ......................................................................... 44 4.4/ Privilégier l’élitisme .................................................................................................. 44 5/ Mais qu’est-ce-que le « repas gastronomique des Français » ? ................................. 45 5.1/ Un moment festif de partage ................................................................................... 45 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 2 5.2/ Une structure de repas « traditionnelle »................................................................ 46 6/ Ce qu’il n’est pas ! ................................................................................................... 46 7/ Mais alors, quel bénéfice pour l’activité touristique ? .............................................. 47 7.1/ Une inscription sans finalité commerciale ............................................................... 47 7.2/ Une belle opportunité mais une mise en œuvre très encadrée .............................. 47 7.3/ Un levier pour la dynamisation de l’activité touristique des territoires .................. 49 Chapitre 3 : le repas gastronomique des Français, de nouveaux leviers pour valoriser les territoires ....................................................................................................................... 50 1/ Une mise en relation plus forte de l’habitant avec le visiteur ................................... 51 2/ Une nouvelle relation aux produits et aux savoir-faire ............................................. 55 3/ Repenser le développement des territoires ............................................................. 57 4/ Communiquer différemment auprès des clientèles .................................................. 60 5/ Revaloriser l’animation des territoires ..................................................................... 62 6/ Mieux exploiter les avantages du web 2.0 ............................................................... 65 7/ Promouvoir des routes touristiques virtuelles.......................................................... 67 Conclusions .................................................................................................................... 70 Fiche technique : construire un événementiel valorisant le « repas gastronomique des Français » ....................................................................................................................... 72 1/ Définir des objectifs précis....................................................................................... 72 2/ Mobiliser largement ................................................................................................ 73 3/ Les recettes du succès ............................................................................................. 74 4/ Elaborer le dossier de présentation de l’événement................................................. 75 5/ Mobiliser les partenaires potentiels ......................................................................... 76 6/ Parler de l’événement, parler du territoire ! ............................................................ 77 6.1/ La communication : avant, pendant et après .......................................................... 77 6.2/ De la communication de proximité avant tout… ..................................................... 78 6.3/ Du web événementiel en complément… ................................................................. 79 7/ Tirer parti du relais national de la Fête de la Gastronomie ....................................... 81 8/ Du virtuel au réel..................................................................................................... 82 8.1/ Organiser la montée en audience ............................................................................ 82 8.2/ Le calendrier possible d’une telle opération............................................................ 84 8.3/ Les enveloppes budgétaires à mobiliser .................................................................. 85 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 3 Editorial Notre plaisir de la table, qu’il s’agisse d’un repas partagé en famille ou entre amis, d’une bonne table régionale ou d’un repas prestigieux proposé par l’une de nos grandes toques, est une composante essentielle de l’art de vivre à la française, constitutif de notre image autant que de notre identité. Dans un contexte touristique de plus en plus mondialisé, de plus en plus concurrentiel, il importe que nos destinations touristiques se distinguent dans leur diversité en répondant au plus près à la demande d’authenticité et de partage d’une clientèle en quête de séjours spécifiques, riches de sens … et de sensations ! Si le lien entre gastronomie et tourisme n’est plus à faire, miser sur ce qu’il peut offrir en termes de transmission, de convivialité, de plaisir et de rituels partagés va contribuer à doter notre territoire d’un avantage concurrentiel propre, d’un espace d’intervention favorable à la création de ressources durables, permettant à chacun – touriste, habitant, professionnel d’innover autour de ce patrimoine vivant, en perpétuelle évolution. C’est ce que l’inscription par l’UNESCO du « repas gastronomique des Français » sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité vient conforter en offrant à tous les acteurs touristiques un formidable levier de valorisation de nos terroirs et de différenciation de nos offres. Atout France, en partenariat avec les cinq Comité Régionaux du Tourisme du Grand Est Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Lorraine – est heureux de vous présenter ce guide dédié aux destinations qui souhaitent promouvoir leur territoire au travers de leurs richesses gastronomiques. Bonne lecture ! Christian Mantéi, DG d’Atout France © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 4 Introduction La « gastronomie » représente un sujet « historique » des stratégies de développement et de valorisation touristiques. Les produits du terroir, les grands restaurants, les itinéraires gourmands… tous ces éléments constitutifs de la filière « gastronomique » sont utilisés depuis bien longtemps par les destinations touristiques françaises à des fins de promotion et de commercialisation des territoires. Dans ce guide, nous utiliserons le terme de « gastronomie » dans une acception très large, qui ne se limite ni à la dimension élitiste du terme, ni au seul champ de la restauration (il comprendra aussi les arts de la tables, événements…). Ce terme sera donc utilisé entre guillemets tout au long de ce guide. En 2010, le « repas gastronomique des Français » est inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette inscription consacre non pas la « gastronomie » française en tant que telle mais les valeurs de partage, d’échanges, de transmission… et de gourmandise qui apparaissent au cours de l’acte social qu’est le « repas gastronomique des Français ». En parallèle, les cinq Comités Régionaux du Tourisme adhérant à l’Association du Grand-Est1 ont décidé de lancer une réflexion commune, en partenariat avec Atout France, pour identifier les leviers permettant de mieux valoriser les richesses gastronomiques de leurs terroirs dans la promotion touristique de leurs destinations, notamment en s’inspirant du contenu de l’inscription du repas gastronomique à l’UNESCO. L’objectif de ce guide est donc triple : détailler les différentes composantes de la filière « gastronomie », afin d’en mesurer l’ampleur et d’en préparer la mobilisation ; cerner précisément ce que recouvre l’inscription sur la liste du patrimoine mondial immatériel, et décrire ses valeurs sous-jacentes afin d’éviter les erreurs d’interprétation possibles ; identifier les leviers permettant la valorisation de cette inscription sur le plan touristique et proposer des guides très opérationnels pour les territoires et les filières souhaitant se l’approprier. A l’aide de ces différents éléments, nous formons le vœu que chaque acteur du tourisme puisse s’appuyer sur l’acte social des Français le plus anodin mais également le plus 1 Comités Régionaux du Tourisme d’Alsace, de Bourgogne, de Champagne-Ardenne, de Franche-Comté et de Lorraine. Fil rouge de ce guide, de nombreux exemples de bonnes pratiques ou expériences particulières du Grand Est serviront d’illustration. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 5 emblématique qu’est le « repas gastronomique des Français » pour en faire un levier exceptionnel de promotion de nos territoires. Chapitre 1 : la « gastronomie », un secteur majeur du tourisme national © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 6 1/ Les « gastronomes », de bons clients ! Afin d’éclairer la réflexion des animateurs de territoire et des gestionnaires de destinations touristiques françaises, un traitement spécifique de la demande a été réalisé sur les clientèles touristiques déclarant un intérêt pour la « gastronomie » et le vin, à partir du Suivi de la Demande Touristique des Français (SDT – 2010). Ce focus permet d’identifier les différences sensibles existant entre les « amateurs de gastronomie et de vins » et l’ensemble des touristes, aussi bien en termes de caractéristiques socio-démographiques que de pratiques de séjours. Premier constat, les « gastronomes2 » sont, dans l’ensemble, plus âgés que les autres touristes : 55% d’entre eux ont plus de 50 ans contre 42% pour l'ensemble des touristes. Du même coup, les inactifs sont plus nombreux chez les « gastronomes » (39% contre 29%), du fait du poids des retraités. Ils représentent une catégorie de grands consommateurs. "Gastronomes" 15-24 ans 25-34 ans 35-49 ans 50-64 ans 65 ans et plus Total 6% 14% 25% 34% 21% 100% Ensemble des touristes 13% 19% 26% 26% 16% 100% Source : SDT 2010 Les « gastronomes » ont d’ailleurs un foyer plus restreint : seuls 33% d'entre eux vivent dans un foyer de 3 personnes ou plus, alors qu’ils sont 44% pour l’ensemble des touristes. En revanche, les foyers de deux personnes sont sur-représentés : 51.3% contre 37%. Deuxième constat : les « gastronomes » effectuent davantage de longs-séjours que l’ensemble des touristes : 52% contre 45%3. "Gastronomes" Courts séjours Longs séjours Total 48% 52% 100% Ensemble des touristes 54% 46% 100% Source : SDT 2010 Cette deuxième caractéristique constitue une raison supplémentaire de cibler ces clientèles particulières. Concernant le transport, la seule différence notable est la place de l'autocar, 2 3 Considérés ici comme les personnes déclarant un intérêt pour la gastronomie et le vin. Séjours de plus de 4 nuits. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 7 deux fois plus souvent cité par les amateurs de « gastronomie » – probablement du fait du poids des groupes de seniors au pouvoir d'achat intéressant. Troisième constat, le motif principal de séjour évoqué par les deux populations est sensiblement différent : seuls 25% des amateurs de « gastronomie » indiquent la visite à la famille comme motif principal du séjour, contre 44% pour l’ensemble des touristes. 51,3% 25,5% 12,7% Ensemble des touristes 35,8% 43,9% 10,4% 2,4% 1,5% 8,1% 100% 8,4% 100% "Gastronomes" Vacance tourisme, loisirs Visite à de la famille Visite à des amis Manifestation culturelle, festival, fête Autres motivations Total Source : SDT 2010 Enfin, quatrième constat : les « gastronomes » privilégient l’hébergement marchand au logement dans leur famille ou chez des amis. 57% d’entre eux choisissent l’hébergement marchand, contre 37% pour la population totale. Les « gastronomes » représentent donc une population à plus forte valeur ajoutée. Hébergement marchand Hébergement non marchand Total "Gastronomes" Ensemble des touristes 57% 37% 43% 63% 100% 100% Source : SDT 2010 On remarque en particulier que pour les séjours en hôtellerie, la différence s'accroît avec le nombre d'étoiles, les « gastronomes » séjournant 1.27 fois plus dans les hôtels classés 0 ou 1 étoile… et 1.96 fois plus dans les hôtels classés 4 étoiles. Enfin, les chambres d'hôtes sont trois fois plus fréquentées par les « gastronomes » que par l'ensemble des touristes. En synthèse, les « gastronomes » représentent une clientèle attractive pour les professionnels du tourisme, avec un pouvoir d’achat élevé, une tendance à consommer et ce toute l’année - et optant le plus souvent pour un hébergement marchand. Qui plus © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 8 est, leurs séjours sont plus longs que ceux des autres touristes : autant de raisons pour s’intéresser à ces clients particuliers ! Le Grand Est, un territoire chouchouté par les amateurs de « gastronomie » Proportionnellement, les amateurs de « gastronomie » et de vins fréquentent davantage les régions du Grand Est que l’ensemble des touristes, avec parfois d’importantes différences. L’Alsace passe ainsi de 1,4% des séjours effectués par l’ensemble des touristes à 4,5% pour les séjours effectués par les « gastronomes ». Jouer la carte « gastronomie et vin » est donc d’autant plus important pour ces territoires. Poids des séjours en France "Gastronomes" Alsace Bourgogne Champagne-Ardenne Franche-Comté Lorraine 4,5% 4,5% 2,4% 2,1% 2,6% Ensemble des touristes 1,4% 2,9% 1,7% 1,6% 2,4% Source : SDT 2010 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 9 2/ La cuisine et le fait maison, un véritable engouement en France et ailleurs La cuisine française présente des caractéristiques spécifiques. Outre ses qualités gastronomiques, elle se distingue par sa variété, son évolution rapide au cours des dernières décennies et la volonté des Français de respecter un certain nombre de coutumes alimentaires. En effet, même si les consommateurs modernes sont de plus en plus mobiles, qu'ils mangent à des heures et sur des lieux variés (gares, centres commerciaux, musées ...), les français restent attachés aux trois grandes prises alimentaires quotidiennes : chaque jour, à 12h30, 54% des français sont à table, le pic de fréquentation ne concerne que 17% des anglais à 13h104. Cet engouement pour la gastronomie est largement relayé par les médias généralistes ; jamais la cuisine française n’a été aussi populaire : les marchés de produits du terroir ou bio fleurissent de toutes parts, les chefs deviennent des personnalités médiatiques, les émissions de télévision dédiées obtiennent un large succès en terme d’audience. Livres, sites, blogs et forums culinaires se multiplient, répondant à une demande croissante, et positionnant ainsi la cuisine et la table comme un grand moment de convivialité et de plaisirs partagés. 2.1/ La déferlante médiatique autour de la cuisine En France et en Europe, grâce aux grands médias et en particulier la télévision, des chefs initient le grand public à la « gastronomie » : en réconciliant les Français et la cuisine, avec par exemple l’émission M.I.A.M - Mon Invitation A Manger - où des amateurs se confrontent à Cyril Lignac pour l’élaboration de leur recette préférée ; en sensibilisant au problème de la qualité nutritionnelle des cantines scolaires britanniques, par exemple à travers la série « Jamie's School Dinners », où le chef Jamie Oliver dénonce les déséquilibres alimentaires des jeunes Britanniques et leur apprend à apprécier fruits et légumes ; le programme a été diffusé dans une quarantaine de pays ; en donnant envie de partir en voyage à la découverte d'un pays, de son histoire et des habitudes alimentaires de ses populations (« Fourchette et Sac à Dos » – France 5 présentée par Julie Andrieu)… 4 Manger : français, européens et américains face à l'alimentation - Claude Fischer et Estelle Masson – 2007. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 10 L’impact médiatique d’émissions de type « télé-réalité » sur la cuisine a jeté un coup de projecteur massif sur l’art de cuisiner, devenu un véritable phénomène de société : chaque émission d’« Un diner presque parfait » rassemble en moyenne 2 millions de spectateurs ; « Masterchef » a captivé plus de 6 millions de personnes pour la finale en 2011 ; « Top Chef » en a rassemblé environ 4,3 millions. On ne compte plus les ouvrages, supports dédiés aux recettes, souvenirs de tables, bonnes adresses, circuits gourmands, titres et journaux spécialisés dans la gastronomie, sans parler des sites, des blogs, des forums… Tout y est traité : recettes, quotidien des grands chefs, vie des bistrots, terroirs, vins, gourmets…. 2.2/ Les Français retrouvent le goût de cuisiner Autre tendance durable liée à la cuisine : l’engouement pour le frais, le bio, le « fait maison » qui constitue une réaction aux excès du tout industriel, de la grande distribution, voire de la mondialisation, dans un contexte de crise aggravé. Cela n’empêche nullement le goût des cuisines exotiques, sous réserve qu’elles soient qualitatives et porteuses des mêmes attributs. Le culte du bien manger correspond aujourd’hui à une volonté de sauvegarder sa santé face aux maladies cardiovasculaires et dégénératives, quitte à être en contradiction avec la mise en garde diététique et le plaisir de la gourmandise. Le bien manger est, du reste, une posture que tout le monde peut s’offrir au quotidien, même si les enquêtes montrent que les catégories de population les plus fragilisées n’y ont pas encore suffisamment accès, alors que les catégories supérieures le plébiscitent. Aujourd’hui, pour les populations européennes, le domaine de la cuisine est porteur de valeurs pérennes tels que le plaisir, le bien-être, la santé, mais aussi la valorisation des patrimoines (le terroir, l’agriculture, les AOC… ), ainsi que la participation à la sauvegarde de l’environnement par la préférence des produits biologiques, des circuits courts et du commerce de proximité, sans oublier, les valeurs sociales de partage, entre amis autour de repas de famille, et de valeurs éducatives par la transmission à ses enfants…. Ce goût pour la « vraie cuisine » que l’on pratique chez soi se reporte aussi sur la consommation de l’offre de restauration traditionnelle. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 11 Une enquête conduite récemment pour le compte de l’association des Maîtres restaurateurs montrait que5 : la restauration à table se conjugue avec les notions de plaisir, bien-être et moments festifs pour 32% des répondants, suivi de la sortie en couple (17%). Les clients plus occasionnels (moins d’une sortie au restaurant par semaine), affirment que les vacances sont des périodes propices pour aller au restaurant (17%) ; si le prix reste le 1er critère de choix d’une offre de restauration (cité par 81% des répondants), l’assurance de produits frais et cuisinés sur place est retenue par 64% des répondants. Enfin, la qualité d’accueil et de service est citée par 53% des répondants ; enfin, il est attendu d’un label de qualité qu’il garantisse avant tout : o l’utilisation de produits frais, cuisinés sur place pour 83% des répondants, o le savoir-faire du cuisinier et de ses équipes (19%), o l’utilisation de produits locaux (15%), o l’affichage de l’origine des produits utilisés (14%). Plus qu’une déferlante médiatique ou un effet de mode, l’art de cuisiner est redevenu déterminant pour donner une place au plaisir, « au bien manger », au partage et à la convivialité. 5 Enquête Atout France / BVA / José-Pierre Cholvy – Novembre 2011. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 12 3/ La « gastronomie », une forte composante d’image et d’attractivité Non, l’image touristique de la France ne se réduit pas à son patrimoine naturel et architectural, aussi beau et prestigieux soit-il ! Oui, la « gastronomie » constitue aussi un puissant symbole de nos destinations et participe amplement à leur notoriété, pour les clientèles nationales et plus encore pour nos visiteurs internationaux ! Une enquête conduite dans les gares et les aéroports en 20106 montrait que, parmi les activités pratiquées lors d’un séjour touristique à Paris et en Ile-de-France, la « découverte de la gastronomie française » arrive en 4ème position derrière la visite de musée, la promenade, et le shopping. 35 % des touristes prenant l’avion ou le train ont ainsi déclaré avoir profité de leur séjour en Ile-de-France pour partir à la découverte des richesses culinaires françaises. Une autre enquête menée en 2010 auprès de la population française7 posait la question des principaux atouts touristiques de la France. La « gastronomie » arrive en tête, citée par 93% des répondants, devant la « beauté des paysages » (83%) et les « monuments historiques et musées » (85%). Elle arrive en première position pour toutes les catégories de population, hormis pour les cadres et les plus de 65 ans8. En revanche, au niveau des pratiques touristiques, la « gastronomie, faire de bons repas » n’arrive qu’en 7ème position. 6 Restauration et Tourisme à Paris – OTCP 2011. TNS Sofres – Juin 2010. 8 La même enquête montrait en revanche que la qualité de la restauration pouvait être améliorée, notamment en milieu urbain. 7 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 13 La « gastronomie » du Grand Est : un produit d’appel incontournable La notoriété et l’image des territoires du Grand Est reposent en partie sur leurs richesses « gastronomiques ». C’est ainsi qu’en Alsace, la « gastronomie », les vins et les visites de caves constituent des motifs de fréquentation de la région pour 34% des répondants, soit le deuxième point cité, derrière la visite de villes ou villages pittoresques9. Dans les faits, les visites de cave et l’achat de vin font partie des activités pratiquées par 32% des visiteurs (4ème point cité)10. En Champagne-Ardenne, 45,1% des clients choisissent la région pour sa gastronomie et ses vins : c’est la première motivation des visiteurs, devant la beauté des sites et des paysages. Durant leur séjour, 46% des touristes visitent des caves ou achètent du champagne11 ! En Franche-Comté, parmi les caractéristiques générales attribuées à la région, le premier point évoqué par les clientèles est « la gastronomie du terroir », avec 38% de citations12. En Bourgogne, la notoriété de la destination est encore plus fortement portée par la richesse de la « gastronomie », et surtout par la puissance du vin : 48% des touristes français associent la Bourgogne à des séjours liés au vin. Ce taux monte à 57% pour les clientèles britanniques13. Ainsi, même si la consommation réelle de « gastronomie » n’est pas forcément la première activité effectuée par les touristes en vacances, elle demeure un atout fort quant à l’image et l’attractivité de la France, ce qui mérite d’être davantage mis en avant. 9 Observatoire Régional du Tourisme d’Alsace - Enquête marketing des clientèles, 2007. Ibidem. 11 EMC 2007. 12 SOFRES / Observatoire Régional du Tourisme de Franche-Comté - Notoriété et image touristique de la Franche-Comté, 2004. 13 Euroeka Marketing & DGA Conseil / Bourgogne Tourisme - Enquête de notoriété et d’image, 2009. 10 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 14 4/ Des retombées très importantes pour les territoires 4.1/ Des retombées économiques de premier plan Les activités liées à la « gastronomie » génèrent des retombées économiques considérables comme en témoignent différents macro-indicateurs : en France, le chiffre d’affaires global du secteur de la restauration est estimé à 52 milliards d’euros14, dont 25 milliards d’euros pour la restauration traditionnelle ; par ailleurs, à elle seule, la filière viticole pèse près de 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009, dont 5 milliards d’euros à l’export, avec en tête les vins de Champagne (30% des exportations) ; la France est le premier producteur agricole européen15, avec un chiffre d’affaires de 67 milliards d’euros, soit 18% de la production de l’Union Européenne (2008). Elle est le 4ème exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, avec 47.2 milliards d’euros de ventes à l’international soit plus de 6% de part de marché (2009). C’est également le 4ème exportateur mondial de produits alimentaires transformés, avec 31.4 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’export pour les industries alimentaires (2009). o Rappelons que le total des exportations françaises est de 428 milliards d’euros en 201116. Une étude sur le poids économique du tourisme en Poitou-Charentes, réalisée en 2008, a démontré que le chiffre d’affaires du segment cafés-restaurants atteignait 1,3 milliards d’euros, dont environ 440 millions étaient imputables aux seuls touristes ; à comparer avec le chiffre d’affaires de l’hôtellerie régionale évalué à « seulement » 236 millions d’euros17. A cela, s’ajoute l’ensemble des autres activités liées à la « gastronomie » comme la vente de produits du terroir : autant dire qu’elle représente largement la première source touristique de retombées économiques à l’échelle régionale. Au niveau du touriste pris individuellement, il n’existe pas de données nationales précises. Celles-ci sont issues de sources très variées, parfois contradictoires, les mesures se basant sur des échantillons hétérogènes, la dépense des clients ou le chiffre d’affaires déclaré par les entreprises… avec tous les biais imaginables. 14 Soit l’équivalent du PIB de pays tels que la Lituanie ou la Slovénie. ANIA, Agreste, INSEE. 16 Les Echos. 17 Evolution et devenir du poids économique du tourisme en Poitou-Charentes – Région Poitou-Charentes, 2008. 15 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 15 Néanmoins, si l’on se base sur un certain nombre d’études de consommation menées localement, on constate par exemple que : le budget moyen de la clientèle « loisirs » à Paris (français et étrangers) est de 6.7 € pour le petit déjeuner, 14 € pour le déjeuner et 22.3 € pour le dîner, soit 43 € par jour. Quant à la clientèle « affaires » de la capitale, le budget correspondant monte à 57,2 € par jour18 ; environ un tiers des dépenses des touristes européens à Paris est destiné aux repas et à l’achat de produits alimentaires19 ; en région Provence-Alpes Côte d’Azur, 28% des dépenses des touristes sont consacrées à la restauration20. Cela montre bien que les dépenses des touristes en alimentation, majoritairement incompressibles, constituent une part importante du total de leurs dépenses durant leur séjour. Même si la fiabilité des chiffres concernant ce secteur est très relative, les dépenses liées à la « gastronomie » sous toutes ses formes sont cependant considérables. 4.2/ Une filière fortement créatrice d’emplois Dans le domaine du tourisme, 27,5 % des emplois salariés relèvent de la restauration, premier employeur de la filière ! En 2002, on comptait 212 604 cuisiniers et chefs cuisiniers, dont 61% dans le secteur de l’hôtellerie / restauration, représentant 17% des emplois de ce même secteur. La même année, on comptabilisait 258 493 serveurs de cafés et restaurants et 178 625 cadres de l’hôtellerie et de la restauration. En 2008, l’INSEE comptabilisait 544 857 salariés soit 442 000 Equivalent Temps Plein dans le seul secteur de la restauration (restauration / débits de boissons / traiteurs et autres services de restauration). En 2009-2010, la restauration a été le premier secteur économique en terme de création d’emplois, en France, avec 30 000 postes créés21. 18 CRT Paris-Ile-de-France – Enquête menée dans les gares et les aéroports – 2009. CRT Paris-Ile-de-France – Enquête menée dans les gares et les aéroports – 2009. 20 La consommation touristique régionale – Observatoire du tourisme de Provence-Alpes-Côte d’Azur – 2005. 21 www.larestaurationenmouvement.fr. 19 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 16 Autre chiffre, celui du large secteur de l’hôtellerie – café – restauration – vie nocturne, qui employait 800 000 personnes en 2008 (630 000 permanents et 170 000 saisonniers) soit 4% des actifs de France, ce qui en fait l’un des tous premiers secteurs économiques en termes d’emplois, même si sa saisonnalité est très forte22, avec environ 686 000 emplois en janvier contre 1 184 000 en août. A ces emplois directement liés à la consommation, il conviendrait d’ajouter ceux des autres secteurs liés à la « gastronomie » : produits du terroir, arts de la table, musées thématiques, manifestations « gastronomiques »…. Comme pour le chiffre d’affaires de la filière, le nombre d’emplois liés – directement ou indirectement - à la « gastronomie » est considérable et légitime donc une attention particulière de la part des gestionnaires de destination touristique. 22 Engendrant il est vrai une réelle précarité des emplois, un turn-over élevé et un manque de qualification et de formation. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 17 5/ De nombreuses activités composant le secteur de la « gastronomie » Le tourisme « gastronomique » met en jeu un grand nombre de secteurs très différents, participant chacun d’une manière ou d’une autre à l’image, la richesse et à l’attractivité de nos territoires. Chaque secteur possède une structuration propre (syndicats, interprofessions, labels de qualité…) et une organisation spécifique, favorisant parfois une stratégie de développement « verticale » : l’enjeu principal pour les gestionnaires de destination touristique réside dans la mise en réseau transversale de ces différentes activités, en vue d’une promotion globale de la « gastronomie » et par là, des territoires. 5.1/ La restauration : le premier segment à mobiliser La restauration en France pèse extrêmement lourd. Elle est présente partout et joue un rôle important en terme d’animation et de dynamique des territoires : on compte environ 136 700 restaurants23, dont 101 244 établissements de restauration traditionnelle24. Elle est très présente dans les espaces ruraux où elle participe grandement à l'aménagement du territoire, aux retombées économiques des destinations et au développement d'un tourisme vert. Nombre d’établissements selon la taille des unités urbaines au 1er Janvier 2008 Zone Rural Unités urbaines de moins de 5 000 habitants Unités urbaines de 5 000 à 9 999 Unités urbaines de 10 000 à 19 999 Unités urbaines de 20 000 à 49 999 Unités urbaines de 50 000 à 99 999 Unités urbaines de 100 000 à 199 999 Unités urbaines de 200 000 à 1 199 999 Agglomération de Paris Ensemble Restaurants traditionnels 20 722 5 678 5 764 6 216 6 709 7 148 5 529 22 310 21 168 101 244 INSEE répertoire des entreprises et des établissements SIRENE 2008 – France métropole Au regard de la valorisation touristique de ce segment de la filière « gastronomique », plusieurs problématiques se dégagent. 23 24 INSEE (code APE 5610A ). INSEE 2008. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 18 Il est très difficile de mesurer la part de la clientèle spécifiquement touristique dans la clientèle totale des restaurants. Tout dépend de l’établissement lui-même, de sa situation géographique, de son environnement immédiat, de la saison, du jour de la semaine… autant de facteurs influençant le poids de la clientèle touristique dans la restauration. Il est évident qu’un restaurant situé en centre ville à proximité d’un monument connu accueillera une clientèle touristique plus importante qu’un restaurant situé hors des zones d’attractivité. Dans tous les cas, on sait qu’une part des touristes, à la recherche d’authenticité, souhaite s’orienter vers des établissements ancrés dans les habitudes locales. Les enquêtes le confirment, la clientèle touristique fréquente abondamment des établissements de restauration qui sont loin de proposer une cuisine typique « de terroir ». o On peut songer à la restauration rapide, fréquentée par de nombreux touristes notamment en milieu urbain (question de coût, de temps, habitude de manger peu le midi …), et fort éloignée du « repas gastronomique des Français ». C’est ainsi que 45% de la clientèle touristique « loisirs » a déjeuné dans une sandwicherie / boulangerie et 22% dans un établissement de restauration rapide durant son séjour à Paris en 2011, à comparer au chiffre de 40% pour la restauration traditionnelle. Le poids des restaurants traditionnels se renforce néanmoins pour le dîner : 63% des touristes à Paris s'y sont rendus contre 16% en restauration rapide25. Les enquêtes auprès des clientèles touristiques, et notamment étrangères, montrent la grande diversité des modes de consommation alimentaire des visiteurs lors de leur séjour : restauration rapide26, repas préparés soi-même… et de temps à autre, restauration gastronomique ou typique. Pour orienter son choix, le consommateur pourra s’appuyer sur la présence de marques, labels et autres signes de qualité. De nombreux labels sont ainsi décernés aux professionnels de la restauration, récompensant une excellence « gastronomique » (étoiles du Guide Michelin, toques du Guide Gault Millau…), le respect d’une charte de qualité (qualité tourisme) ou l’obtention Critères qualité restauration Michelin - 3 étoiles Michelin - 2 étoiles Michelin - 1 étoile Gault-Millau - 5 toques Gault-Millau - 4 toques Restaurateurs de France Les maîtres restaurateurs Logis - Table distinguée En France 24 76 455 12 64 325 1 419 109 Source : sites internet de quelques labels 25 Restauration et Tourisme à Paris – OTCP 2011. Songeons aussi au fait que certaines clientèles étrangères souhaitent être rassurées et choisissent des préparations culinaires connues / internationales (restauration asiatique, fast-food…). 26 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 19 d’un titre officiel (Maître restaurateur27). Si des labels comme Maîtres Restaurateurs ne constituent pas encore des marques connues et signifiantes pour les clients, d’autres possèdent en revanche une notoriété nationale voire internationale (Michelin…), ou bien s’appuient sur une marque ombrelle connue par ailleurs par les clientèles (Logis), venant conforter la promotion et la réputation personnelle de l’établissement. La restauration dans le Grand Est : la reconnaissance d’un savoirfaire Avec 20% des restaurants français classés trois étoiles au Guide Michelin, près de 30% des établissements français labellisés Restaurateurs de France (en majeure partie en Bourgogne), des labels régionaux dynamiques (Tables Comtoises, Moselle Gourmande, Meurthe-et-Moselle gourmande)… le Grand Est joue la carte de la qualité et de l’excellence dans la restauration. Enfin, à l’image des régions du Grand Est, de nombreuses destinations touristiques proposent des labels régionaux répondant à un cahier des charges précis visant la plupart du temps à valoriser les spécificités culinaires locales. Activité première du secteur « gastronomique », tant en terme d’emplois que de retombées économiques, la restauration, dans sa diversité, permet de toucher à la fois les habitants et les clientèles purement touristiques. Pour les gestionnaires de destinations touristiques, l’enjeu réside dans la sensibilisation de ces Un label pour la choucroute fabriquée en Alsace ! professionnels à l’importance de Depuis plusieurs années les producteurs de choux à leur rôle en termes d’accueil - choucroute adhèrent à une démarche qualité « du champ à un touriste mal reçu et c’est l'assiette » pilotée par Alsace Qualité, et visant à garantir l’ensemble de la destination qui une choucroute irréprochable. Une choucroute ainsi en pâtit - , d’image et de certifiée est d’un bel aspect, d'une saveur agréable, son potentiel de découvertes : les salage est strictement contrôlé et sa fermentation naturelle goûts, les saveurs, les traditions maîtrisée. culinaires, mais aussi les savoirfaire, par le mobilier, la décoration, les arts de la table… 27 Le titre de Maître restaurateur résulte de l'une des applications du contrat de croissance signé en 2007 entre le gouvernement et les principales organsiations professionnelles de la restauration. Il vise à reconnaître les compétences des professionnels qualifiés qui réalisent une cuisine authentique faisant appel à des produits préparés sur place, majoritairement frais, et qui offrent des prestations de qualité en termes d'accueil, d'ambience et de service. Un rapport d'audit est établi par un organisme certificateur indépendant et agréé qui certifie le respect du cahier des charges. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 20 5.2/ Les vins et les produits du terroir : les composantes de base Ingrédients incontournables pour la réussite du secteur de la restauration, les produits du terroir et les vins participent de manière très puissante à l’attractivité et à la promotion de nos destinations. Diffusés dans le monde entier, ils constituent de formidables ambassadeurs de nos territoires et sont même parfois le vecteur principal de leur notoriété. Pensons par exemple aux vins de Champagne, dont l’appellation et certaines marques commerciales sont sûrement plus connues dans le monde que leur terroir d’origine ! « Destination Vignobles », la démarche qualité de l’oenotourisme initiée par la région Aquitaine Réseau associant professionnels du vin et professionnels du tourisme, l’objectif est d’offrir aux visiteurs une qualité d’accueil. Chaque adhérent de ce dispositif régional s’engage à proposer aux touristes un panel de services facilitant la visite des domaines viticoles et de bonnes conditions d’hébergement, de restauration : prix, conditions de Le vin et l’oenotourisme L’oenotourisme constitue une filière essentielle pour certaines régions, attirant une clientèle nombreuse, à forte composante internationale et à fort pouvoir d’achat. visites, langues pratiquées… gage de qualité et garantie d’un séjour réussi ! L’oenotourisme est un sujet à part entière maintes fois étudié. Nous renvoyons le lecteur à la publication d’Atout France dédiée à cette thématique spécifique et publiée en octobre 201028. De grands vins pour le Grand Est Les cinq régions du Grand Est, sans exception, possèdent leurs vignobles et leurs appellations, de taille modeste pour certains ou bien à la notoriété planétaire : les vins du Jura ou de Moselle, les crus alsaciens sans oublier, bien entendu le champagne et les vins de Bourgogne… le visiteur n’a que l’embarras du choix ! Nous rappellerons ici simplement quelques grands chiffres illustrant la place spécifique de l’oenotourisme dans le tourisme « gastronomique » hexagonal. La découverte du vin français au travers de la visite de caves, de l’hébergement en gîtes spécialisés (gîtes Bacchus…) et des routes du vin, attire chaque année près de 5 millions de touristes français et 2,5 millions de touristes étrangers. On estime par ailleurs la fréquentation des caves touristiques françaises à plus de 12 millions de visites29. 28 Tourisme et vin - Les clientèles françaises et internationales, les concurrents de la France – Atout France – 2010. 29 Ibidem. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 21 L’ouverture des domaines viticoles à la clientèle touristique existe de longue date et de nombreuses initiatives sont nées pour en assurer la qualification, la promotion et la commercialisation. Citons par exemple, le dispositif « De vignes en caves » en Bourgogne, ou « Destination Vignobles » en Aquitaine. « De vignes en caves », une charte qualité organisée par le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne 317 domaines ou maisons de négoce adhèrent à la charte d'accueil « De Vignes en Caves », créée il y a 20 ans par le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne. Par cette charte, les signataires s'engagent à réserver aux visiteurs un accueil authentique, chaleureux et personnalisé, à proposer gratuitement aux visiteurs la dégustation d’au moins un vin, à afficher la liste des tarifs, si la dégustation d’une large gamme est payante, à fournir des informations sur la Bourgogne et sur le domaine. Le secteur viti-vinicole est extrêmement bien structuré, notamment par la présence d’interprofessions dynamiques, s’appuyant sur des producteurs et négociants puissants, et dotées de solides moyens d’animation, de promotion et de commercialisation. En revanche, et dans de nombreux cas, l’articulation entre promotion viti-vinicole et promotion touristique se met difficilement en place parce que les objectifs portés par les têtes de réseaux respectives des deux secteurs sont assez différents. Au niveau national, le label « Vignobles et découvertes », lancé en 2009, cherche à stimuler les initiatives articulant tourisme et oenologie. Il récompense les destinations « à vocation touristique et viticole proposant une offre de produits touristiques multiples et complémentaires (hébergement, restauration, visite de cave et dégustation, musée, événement…) et permettant ainsi au client de faciliter l’organisation de son séjour et de l’orienter sur des prestations qualifiées et de qualité… »30. A l’échelle nationale, une bonne vingtaine de terroirs sont d’ores et déjà labellisés. Par exemple : Terre & Vins au Pays de Colmar (Alsace), Dijon Côte de Nuits (Bourgogne), Perpignan Méditerranée Rivesaltes (Roussillon), Chinon, Bourgueil, Azay (Val de Loire), AOC AOP D'Hermitage en SaintIGP (Indication Label (Appellation (Appellation Catégories géographique Joseph (Vallée du Rhône). d'origine d'origine Rouge protégée) contrôlée) protégée) Vins 2 908 2 903 510 Fromages 46 43 4 7 Eaux de vie 22 Fruits, légumes et céréales 20 17 24 38 Huiles et matières grasses 13 12 1 2 Viandes et abats frais 11 7 59 320 Autres boissons alcoolisées 7 1 2 2 Autres produits d'origine 2 2 3 17 animale Epices et moutardes 1 1 1 1 Poissons, 1 1 3 30 30 mollusques et Atout France. Produits à base de viande 6 45 Produits de boulangerie 2 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 6 Pâtes alimentaires 2 1 Sel 1 Source : INAO Les produits du terroir bénéficient eux aussi de critères de qualité. 22 Les AOC du Grand Est : des produits de caractère ! Forte d’un tiers des AOC viticoles de France, un tiers des AOC fromagères, la moitié des AOC de viandes… le Grand Est est décidément riche en produits du terroir de qualité ! Parmi eux, des « must » internationaux : aloxe-corton, mercurey, arbois, champagne, moselle, crémant d’Alsace, chaource, chavignol, comté, époisses, langres, morbier, munster, bœuf de Charolles, poulet de Bresse… Les Appellations d'Origine Contrôlée (AOC31) rattachées désormais aux Appellations d'Origine Protégée européennes (AOP32) - récompensent des produits dont l'authenticité et la typicité d’origine géographique sont garanties. Elles certifient leur qualité et leurs caractéristiques, leurs terroirs d'origine et le savoir-faire du producteur. La gestion de la labellisation des produits AOC est assurée par l'INAO (Institut National des Appellations d'Origine) dépendant du Ministère de l'Agriculture. La reconnaissance d'une AOC en France est une étape préalable à sa reconnaissance au niveau européen en tant qu'AOP. En cas de refus d'enregistrement en AOP, le produit perd le bénéfice de l'AOC. Du point de vue de la promotion touristique, les AOC sont des produits d’appel essentiels, répondant parfaitement à la demande actuelle des clientèles en recherche d’authenticité, de qualité et d’ancrage local. Les AOC, outre la récompense de la qualité d’un produit donné, sont un puissant facteur de ventes additionnelles Une AOC pour dynamiser un territoire pour les professionnels… Le fin gras du Mézenc est une AOC de viande bovine. Une et d’image pour leurs tradition du massif du Mézenc consistait à engraisser des territoires d’origine. Présents sur l’ensemble du territoire national, les AOC couvrent une large gamme de produits. Hormis les AOC, avec notamment les AOC viticoles - de loin les plus nombreuses au détriment peut-être de leur lisibilité pour le consommateur d’autres labels (Indication animaux avec le foin produit sur les prairies d'altitude composée d'une flore spécifique de montagne. Les bêtes étaient ensuite vendues sur les foires à la période de Pâques. Cette tradition a été remise au goût du jour par une démarche d'AOC entamée en 1994 qui a aboutie en 2006 plus de dix ans après son lancement. Cette démarche soutenue par une associatio d’élus visait à redynamiser le territoire du Mézenc à travers son agriculture. Aujourd'hui, ce sont près d’une centaine d’éleveurs d’Ardèche et de Haute-Loire qui produisent le fin gras du Mézenc et le distribuent auprès de bouchers et de restaurants du massif. Chaque année, le premier week end de juin, une grande fête est organisée pour marquer la fin de la saison Fin Gras. Cette fête rassemble des milliers de personnes dans un des petits villages de la zone de production du Fin Gras. 31 L'appellation d'origine constitue un signe d'identification de la qualité et de l'origine reconnu depuis 1905 en France, depuis 1958 sur le plan international (arrangement de Lisbonne sur la protection intellectuelle) et depuis 1992 au niveau européen (sous le vocable AOP). 32 AOP : désigne la dénomination d’un produit dont la production, la transformation et l’élaboration doivent avoir lieu dans une aire géographique déterminée avec un savoir-faire reconnu et constaté. Il s’agit de la déclinaison au niveau communautaire de l’AOC. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 23 Géographique Protégée33, Label Rouge34, Agriculture Biologique, Spécialité Traditionnelle Garantie35 …), eux aussi gérés par l’INAO, répondent à un cahier des charges précis portant sur les lieux ou méthodes de production. La connaissance qu’en a le grand-public, et qui plus est le touriste, est très variable selon les labels. Les produits du terroir, récompensés par une AOC ou non, représentent un tissu de richesses et de compétences disséminées sur l’ensemble des terroirs de l’Hexagone. A côté de la commercialisation de la filière viticole - extrêmement bien organisée et permettant une visibilité nationale et internationale – de nombreux produits sont distribués par des groupements aux moyens plus limités, qui leur permettent une visibilité essentiellement locale. Ces produits participent autant à la qualité de la vie des habitants qu’à l’image des destinations. Autant de raisons pour les valoriser davantage au sein des stratégies de promotion touristique. Les Sites Remarquables du Goût : labelliser le produit et son territoire Un Site Remarquable du Goût est un lieu de production alimentaire qui répond à quatre critères : - un produit de qualité qui se mange ou se boit, emblématique du territoire, bénéficiant d’une réelle notoriété et d’une histoire ; - un patrimoine exceptionnel sur le plan architectural et environnemental, lié à l’élaboration de ce produit ; - un accueil du grand-public permettant de faire connaître les liens entre le produit, le patrimoine et les hommes ; - une organisation des acteurs autour des quatre facettes du concept : agriculture / tourisme / culture / environnement. Début 2012, 61 sites étaient labellisés en France. Citons par exemple, Cancale et son huître, Flavignysur-Ozerain et son anis, Moissac et son chasselas, Epernay et son avenue de Champagne… L’originalité et la force de ce label provient du fait qu’il est l’un des rares à comporter une dimension touristique, clairement évoquée dans les critères d’obtention. Source : http://www.sitesremarquablesdugout.com 33 IGP : désigne des produits agricoles et des denrées alimentaires dont les caractéristiques sont étroitement liés à une zone géographique, dans laquelle se déroule au moins leur production, leur transformation ou leur élaboration. 34 Label Rouge : créé en 1960, il s'agit d'un label agricole officiel qui garantit une qualité supérieure à celle des produits courants, habituellement commercialisés, conforme à un cahier des charges et faisant l'objet d'un contrôle régulier. 35 STG: met en valeur la composition traditionnelle d'un produit ou son mode de production traditionnel. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 24 5.3/ Les routes « gastronomiques » : itinérance au sein des terroirs Directement lié aux produits du terroir et aux vins, le concept de route touristique s’est développé comme un outil de mise en valeur des territoires. Les routes du Comté, un exemple emblématique Elles sont animées par le Comité Interprofessionnel du Gruyère de Comté et bénéficient de la mobilisation des professionnels (105 sites sont inscrits) et de budgets de promotion importants. Le site internet (www.lesroutesducomte.com) participe efficacement à la promotion du produit et des itinéraires, en proposant une information complète sur le Comté, des idées séjours, des recettes de cuisine, une boutique en ligne, une carte interactive de bonne qualité… Les clients ne s’y trompent pas : ils sont plus de 215 000 à avoir été accueillis en 2010 (fermes découvertes, caves d’affinage, musées fromagers et fruitières). Né en France en 1953 avec la route des vins d’Alsace, le concept s’est largement diffusé et aujourd’hui, la plupart des régions françaises proposent aux habitants comme aux visiteurs une ou plusieurs routes touristiques dédiées à la « gastronomie », aux vins ou aux produits du terroir. L’avantage de ces itinéraires gourmands est de fédérer différents producteurs autour de la valorisation d’un produit d’exception, particulièrement lorsque les offres touristiques sont disséminées sur le territoire. Ces routes permettent d’étaler la fréquentation touristique dans l’espace et d’amener le visiteur à découvrir des lieux hors des « sentiers battus ». Certaines routes « gastronomiques » sont extrêmement bien structurées, avec une signalétique très efficace, soutenues par des moyens de promotion conséquents et apportant un réel service au client. La route des vins d’Alsace est peut-être l’exemple le plus abouti dans ce domaine, avec une signalétique locale bien présente et des professionnels remarquablement organisés… La route s'étend sur 170 kilomètres et relie 300 domaines viticoles. Mais au delà de la découverte des vins, il s'agit d'un concept global pour le visiteur, qui associe une gastronomie typique, des localités au cadre pittoresque, la visite de châteaux et de musées. Certains critères sont essentiels pour assurer la réussite d’une route ou d’un itinéraire touristique : la pertinence du ou des produit(s) que l’on souhaite mettre en valeur vis-à-vis du client : vins, fromages… la qualité de l’animation du réseau de professionnels, indispensable au dynamisme de l’itinéraire ; la puissance des moyens de promotion, nécessaires à une commercialisation efficace ; © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 25 la reconnaissance de l’intérêt de l’ouverture des entreprises par les professionnels et la maîtrise d’un accueil de qualité : le client doit avoir l'assurance d’être bien reçu par des passionnés engagés toute l'année ; le bon équilibre entre les retombées économiques pour chaque producteur et l’intérêt collectif de la route ; l’intégration dans les stratégies de promotion portées par les acteurs touristiques pour ne pas être « déconnecté » du territoire et des autres professionnels dont l’activité est complémentaire. On peut simplement regretter que certaines routes « gastronomiques » aient été créées malgré un intérêt « marketing » discutable, présentant par exemple : un produit extrêmement spécifique, à la notoriété très limitée et qui n’est pas à même de susciter un engouement suffisant de la part des clientèles pour justifier une excursion ou un séjour dédié à cette thématique ; un itinéraire ayant peu d’unité et de cohérence, rassemblant des professionnels très disparates sous le plus petit dénominateur commun, générant incompréhension et frustration chez les visiteurs ; un itinéraire touristique rassemblant un nombre trop restreint de professionnels, ne justifiant pas réellement son existence. On pense par exemple à une route ne rassemblant au final que… deux restaurateurs ! Les routes « gastronomiques » représentent des initiatives structurantes, en termes d’attractivité comme d’itinérance. Elles constituent un levier intéressant pour valoriser la « gastronomie » d’un territoire, sous condition de consacrer les moyens nécessaires à leur animation et mise en valeur. L’enjeu pour les gestionnaires de destination touristique est de maintenir la motivation sur le long terme par une mise en réseau renforcée avec les artisans de produits du terroir, les restaurateurs, les sites de visites dédiés… dans une logique de complémentarité des offres et des services. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 26 5.4/ Les événements « gastronomiques » : des occasions de partage Chauds les pruneaux ! Le Grand Pruneau Show d’Agen, construit autour du fruit emblématique de la ville, permet d’associer musiques actuelles et gastronomie. Lancé en 2005, cette manifestation devient un moment fort pour les acteurs du tissu économique local. Il a rassemblé 65 000 personnes en 2011, 10 tonnes de prunes et pruneaux ont été distribués ! Il accueille autant de visiteurs que d’habitants et est devenu un portedrapeau important pour l’image du territoire. www.grandpruneaushow.fr Les fêtes, foires, marchés, festivals consacrés à la « gastronomie » sont très nombreux et participent fortement à l’animation des territoires, et ce tout au long de l’année. Certains d’entre eux ont acquis une notoriété nationale voire internationale, que cela soit des évènements professionnels ou destinés au grand public comme les foires aux vins ou les salons thématiques. Le salon du chocolat, par exemple, inauguré en 1994 à Paris, accueille chaque année 140 000 visiteurs. Face à ce succès, le salon s’est décliné à Marseille en 2010 (27 000 visiteurs), à Lyon et à Lille l’année suivante (15 000 à 20 000 visiteurs) puis en 2012 à Bordeaux (19 000 visiteurs). Les fêtes « gastronomiques » locales prennent souvent appui sur des produits emblématiques du territoire - ayant fait ou non l’objet d’une labellisation - ou sur les techniques et traditions liées aux cycles de transformation des produits. Les habitants sont souvent acteurs de leur organisation et de leur médiatisation. La variété des thématiques des événements est extraordinaire. Ils peuvent être anciens. Par exemple, les « oursinades » de Carry-le-Rouet ont été lancées en 1960 autour d’une tradition de pêche artisanale des oursins selon des règles bien précises. A Bessières, en Haute-Garonne, les habitants ont remis à l’honneur en 1973 une vieille tradition datant de l’époque médiévale, l’omelette de Pâques : 4 000 personnes se réunissent chaque année au moment de Pâques pour partager cette omelette géante de 4 mètres de diamètre et voir casser les 15 000 œufs nécessaires à sa confection. Il se crée chaque année de nouveaux évènements. Par exemples, en 2009, la ville de Sarlat lance la fête de la truffe et du foie gras, en partenariat avec les maisons Rougié et Pebeyre, ainsi que le Groupement des Producteurs de Truffes du Périgord Noir. L’objectif est de permettre l’expression des jeunes talents tout en préservant les traditions attachées à ces © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 27 produits. Au cours du 3ème week-end de janvier, se succèdent dégustations, cours de cuisine, démonstrations, et un concours organisé pour les jeunes en bac ou BTS professionnel option cuisine. Autre exemple, l’office de tourisme et la ville de Colmar ont initié en 2011 un grand évènement printanier, « Colmar fête le printemps », en accord avec les traditions et coutumes de Pâques (décorations, lapin de pâques, biscuits traditionnels …). Deux marchés de saison sont organisés sur les places du cœur historique de la ville, animés par de nombreux spectacles et musiques de rue, fermes en ville, chasse aux œufs … Ces manifestations « gastronomiques » attirent un nombre extrêmement variable de participants, pendant que la fête du citron à Menton, très ancienne, accueille 230 000 visiteurs sur les 20 jours de l’évènement, la fête de l’asperge à Blaye, qui dure deux jours, en reçoit 12 000, et la fête du cassoulet à Castelnaudary créée en 1999 attire chaque année entre 30 000 et 50 000 personnes. Durant ces manifestations, les animations laissent la part belle à la « gastronomie » - marchés, démonstrations de savoir-faire, ateliers cuisine adultes et enfants, dégustations, réalisation de recettes en direct, concours de cuisine, défilés de confrérie, banquets géants - et s’accompagne aussi de beaucoup d’autres festivités au-delà du thème principal (animations musicales, spectacles de rue, théâtre …). Toutes ces manifestations cherchent à attirer une clientèle variée : les habitants : cible première de la plupart de ces manifestations ; ils sont souvent eux-mêmes les acteurs de l’organisation et de la médiatisation de ces événements (comités des fêtes, bénévoles, correspondants de la presse locale…) ; les clientèles de proximité et les visiteurs sur site, profitant de l’événement pour réaliser une excursion leur permettant de mieux découvrir le territoire ; les clientèles touristiques : attirées par les manifestations d’exception pouvant déclencher un séjour par elles-mêmes, comme par exemple la vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune ; la fréquentation des manifestations liées à la « gastronomie » s’inscrit toutefois le plus souvent dans le cadre d’un séjour réalisé à proximité. Pour la promotion touristique de la « gastronomie », l’enjeu est d’intégrer ces manifestations basées sur des valeurs identitaires et spécifiques dans le cadre d’une stratégie marketing de territoire lisible et attirante pour le touriste.Le grand foisonnement © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 28 d’évènements peut rendre leur accès finalement difficile pour le touriste. Pour le gestionnaire de destination touristique, l’enjeu est justement de favoriser la promotion en direction des différentes cibles aux attentes particulières. 5.5/ Les entreprises et les musées « gourmands » : des incitations à mieux comprendre les terroirs 36 Un très grand nombre d’entreprises industrielles et artisanales traitant de « gastronomie » , biscuiteries, fromageries, brasseries… sont ouvertes à la visite et organisent un accueil spécifique pour les touristes. La réussite de ce type de démarche tient notamment à : la capacité d’accueillir le touriste de manière satisfaisante : signalétique claire, horaires d’ouverture adaptés, parking, documents d’accueil, respeect des conditions de sécurité optimales, explications limpides, dégustations, boutique… la capacité de présenter « en direct » l’élaboration du produit et de faire vivre une expérience aux visiteurs, la dimension « spectaculaire » étant souvent le facteur déclenchant la visite ; et, au final, à l’intégration pleine de la dimension touristique dans l’organisation de l’entreprise pour ne pas considérer cette activité comme un mal nécessaire. L’entreprise Roquefort Société propose, dans son offre de visites, un circuit nocturne des caves suivie par un dîner à La Cave des Saveurs sous le signe du Roquefort et des traditions aveyronnaises. Quand le produit est intimement relié à son terroir ! www.roquefort-societe.com Ces sites de production sont souvent chargés d’histoire. Ils attirent une clientèle curieuse de découvrir des secrets de fabrication. Gratuits ou payants, notamment lorsqu’il y a dégustation, ils peuvent accueillir quelques milliers de personnes par an jusqu’à plus de 100 000. Les retombées économiques pour les sites sont indéniables (billets d’entrée, ventes au magasin, ventes différées, amélioration de l’image, croissance de la notoriété …) mais aussi pour les territoires. Songeons par exemple aux Maisons de Cognac, aux caves de Roquefort (la seule cave Roquefort Société emploie une quarantaine de personnes l’été pour accueillir les 250 000 visiteurs annuels), aux Maisons de Champagne, à la chocolaterie Antton à Espelette, ou même au Musée Haribo à Uzès (qui annonce 300 000 visiteurs par an). En parallèle, de nombreux musées thématiques, Installée à Livarot depuis 1910, la publics ou privés, présentent les techniques fromagerie Graindorge est restée d’élaboration d’une spécificité locale sans production une entreprise familiale. Elle est sur le site. Beaucoup de ces sites sont de petite taille ouverte à la visite depuis 2004. Le et accueillent fréquemment entre 3 000 et 25 000 visiteur découvre les ateliers fromagers à travers un couloir de galeries vitrées. Un système de Cf. La visite d’entreprises, ouvrir ses portes au public pour mieux valoriser son entreprise – Atout France visite audio guidée permet de Décembre 2011. comprendre les différentes étapes © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 29 de fabrication des fromages normands. La fromagerie offre même la possibilité de parrainer une vache ! 36 personnes chaque année. L’enjeu réside dans la présentation vivante des produits et dans le fait de ne pas « muséifier » la tradition culinaire. Certains sites innovent pour créer une attractivité toujours plus forte. Le musée du riz situé à Arles organise des dégustations salées le matin, sucrées l’après-midi. Il se déplace à l’occasion de la féria en animant un stand avec dégustations de riz, de galettes de riz et découverte de la méthode de blanchiment du grain. A Argol, en Bretagne, la maison du cidre restaure des vergers. Elle organise des soirées à thème avec diffusion de documentaires, contes, théâtre, soirées musicales… Le musée du gâteau basque à Sare dans les Pyrénées Atlantiques organise des visites-découvertes avec un guide pâtissier qui procède à des dégustations à toutes les étapes de fabrication. Aux côtés de l’itinéraire d’œnologie, la Winery à Arsac, créée en 2007, propose chaque année à ses 50 000 visiteurs par an, une large palette d’activités, spectacles nocturnes, apéritifs gourmands, exposition d’art contemporain et la découverte du « signe œnologique », c’est-à-dire le profil de consommation des visiteurs. Les musées thématiques et lieux de productions dédiés à la « gastronomie » et ouverts à la visite sont extrêmement nombreux et parfois très visités. Néanmoins, ils restent souvent isolés. Tout l’enjeu pour les gestionnaires des destinations est de renforcer leur mise en réseau et de créer des passerelles avec les autres segments de la filière. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 30 Les sites de visites « gastronomiques » du Grand Est : le champagne monte en tête Les entreprises du Grand Est dont l’activité est liée aux produits alimentaires et ouvertes à la visite totalisent en moyenne 1.25 millions de visites par an. 29 d’entre elles accueillent annuellement plus de 10 000 visiteurs. Ces sites se répartissent en deux catégories : les entreprises ouvertes à la visite et les musées découverte d’un produit. La première catégorie est de loin celle qui accueille le plus de visiteurs. Ils représentent la catégorie de sites payants la plus fréquentée après les sites incontournables du Grand Est (cathédrale de Reims, Mont Saint-Odile, Hospices de Beaune…) et les parcs de loisirs. Au sein des sites « gastronomiques », la prépondérance des Maisons de Champagne est sans appel. Néanmoins d’autres sites sortent leur épingle du jeu : on peut penser par exemple à la confiserie des Hautes-Vosges qui a su totalement intégrer la dimension touristique dans son activité : 58% du chiffre d’affaires de l’entreprise provient de la vente au magasin d’usine, pourtant situé en pleine zone rurale37. 37 Vosges Matin – 22 décembre 2011. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 31 5.6/ Les arts de la table : un secteur à part entière de la gastronomie Peut-être moins souvent reliés à l’univers Entreprises du patrimoine vivant France de la restauration par les acteurs du Arts de la table tourisme, les produits des arts de la table, Verrerie Cristallerie 13 qu’ils soient de facture modeste à diffusion Orfèvrerie 20 locale ou objets de luxe vendus dans le Coutellerie 23 monde entier, constituent pourtant une Equipements et accessoires de composante importante de la 17 cuisine « gastronomie » : cristallerie, verrerie, Porcelaine, faiencerie, poterie 51 coutellerie, linge de table… Tous Gastronomie concourent à la réussite d’un bon et beau repas. Gourmandises 11 Traiteur restauration 12 Ce segment a ses propres labels de qualité. Boissons et spiritueux 9 C’est ainsi que le label Entreprises du Source : Entreprise du Patrimoine Vivant Patrimoine Vivant, marque créée en 2005 par le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, vient récompenser les entreprises qui disposent d’un patrimoine économique spécifique issu de l’expérience manufacturière, et qui mettent en Le Grand Est, numéro un pour les arts de la table ! œuvre un savoir-faire rare reposant sur la maîtrise de techniques 60% des entreprises labellisées Entreprises du traditionnelles ou de haute technicité. Patrimoine Vivant pour le segment de la verrerie et Enfin, la production de l’entreprise doit de la cristallerie y sont situées, avec de très grands être rattachée à des produits et savoir- acteurs : Baccarat, Cristallerie de Montbronn, Cristallerie de Saint-Louis, Lalique, Maison Wurm, faire propres au territoire. Ce secteur est aussi organisé par de nombreux syndicats et fédérations professionnels, la confédération des Arts de la Table (CAT), le comité professionnel Francéclat, l’Union des industries d'articles pour la table, le ménage et activités connexes (UNITAM), la Fédération des Cristalleries Verreries à la Main et Mixtes (FCVMM), la Fédération Française de la Coutellerie. Cristallerie Royale de Champagne, De Buyer… ainsi que des dizaines d’artisans d’art fabriquant avec passion de beaux objets : céramistes, peintres sur porcelaine... Egalement berceau de la filature et plus particulièrement du linge de table haut de gamme depuis près de deux siècles, le Grand Est compte des marques aussi connues que Beauvillé, le Jacquard Français ou Garnier Thiébaut… Ce territoire peut s’enorgueillir d’avoir en son sein les fleurons français en la matière : quand la gastronomie rejoint le luxe et la magie ! Les arts de la table, qui intègrent aussi la décoration de table et l’art de recevoir, constituent une filière d’excellence aussi bien en termes de produits que de savoir-faire. On peut regretter néanmoins leur présence parfois timide dans les stratégies de promotion « gastronomique » des destinations touristiques, alors qu’ils sont porteurs d’une image identitaire des territoires, et sont un élément d’accompagnement des traditions culinaires. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 32 Si le touriste a aimé un plat local typique, il est tenté d’acquérir les éléments et les ustensiles qui en permettent la réalisation. L’enjeu pour les gestionnaires de destination est d’intégrer ce segment aux stratégies de promotion touristique, en les reliant aux autres activités dédiées à la « gastronomie ». L’extrême diversité des acteurs (de l’artisan indépendant aux entreprises internationales de luxe) permet de répondre aux attentes de cibles très différentes. La production française d’arts de la table en 2010 La vente de produits des arts de la table - vaisselle, verrerie, couverts, décoration de table, objets de cuisine - fabriqués par des entreprises françaises représente 2,6 milliards d’euros. Ce secteur emploie 18 300 personnes dans 620 établissements. Source : Ecostat, n°4 novembre 2011 – enquête annuelle de production INSEE Le grand prix des arts de la table Depuis 2007, le comité Francéclat et la Confédération des Arts de la Table organisent à Paris et dans plusieurs villes de province des concours de dressage de table, au cours de salons de la gastronomie ou de l’art de vivre. A partir d’un large choix de vaisselle, verres, couverts, objets décoratifs proposés par différentes marques, et dans un temps limité, les candidats, amateurs et professionnels, rivalisent de créativité pour dresser la plus belle table. www.grandprixdesartsdelatalbe.com © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 33 5.7/ Les cours de cuisine : une manière de rentrer dans l’intimité d’une destination ? Enfin, on assiste à une déferlante d’offres de loisirs basées sur la cuisine sous toutes ses formes. Ce marché est en pleine croissance et les formules se bousculent : week-ends organisés dans un grand hôtel ou en chambre d’hôtes, cours du dimanche après-midi avec courses et dégustation, formules express entre midi et deux, ou directement cours dans l’entreprise, ateliers de cuisines associés à des formules de bien-être, d’œnologie… Ainsi, la pionnière et célèbre adresse parisienne de cours de cuisine « l’Atelier des Chefs » s’implante dans les principales villes de France - Aix-en-Provence, Lyon, Dijon, Nantes, Rennes Strasbourg, Toulouse Bordeaux - en proposant quinze thématiques pour tous les niveaux et toutes les bourses (www.atelierdeschefs.com). Autre concept, « Le Chef Studio » à Strasbourg se veut être le lieu de rencontres de grands chefs et d'un public épicurien, ou simplement passionné de cuisine. Il se positionne comme un lieu privilégié d’achat de l’univers de la gastronomie. Différentes thématiques sont proposées chaque semaine comme « la cuisine du monde », « les grands classiques de la pâtisserie française » ou « douceurs d’autrefois » (www.chefstudio.fr). La cuisine étrangère n’est pas en reste : ainsi, à Paris, l’association « Chinois de FranceFrançais de Chine » propose des cours de cuisine chinoise tous les dimanches pour découvrir des spécialités du pays le plus peuplé de la planète dont la gastronomie est aussi un emblème. On peut aussi s’initier à la cuisine juive grâce à l’établissement Alef-Bet, un restaurant concept dédié à l’art culinaire juif : les plats traditionnels des fêtes, les plats des juifs du monde entier, les trucs et astuces de la cuisine (www.alef-bet.biz). Aujourd’hui, il est presque impossible de passer à côté des cours de cuisine tant ils sont à la mode. Ces rencontres culinaires misent sur une bonne ambiance, la décontraction où chacun apprend à son rythme, des prix accessibles à toutes les bourses… et la présence d’un Chef pouvant même être étoilé… Pour un gestionnaire de destination touristique, il s’agit de trouver les voies de qualification de ces nombreuses initiatives, souvent individuelles, et de rechercher les moyens de les rendre plus lisibles afin d’enrichir l’offre plus intime des territoires. 5.8/ Les animateurs des réseaux : des forces vives à mobiliser Nous avons vu que le secteur de la « gastronomie » est riche de multiples métiers et se caractérise par de nombreux réseaux de professionnels. A côté du segment de la restauration, on trouve des segments plus touristiques, sites de visite, fêtes « gastronomiques »… d’autres plus liés à l’agriculture comme les produits du terrioir, les AOC …, l’artisanat et l’entreprise (art de la table) et le commerce. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 34 Les animateurs de ces différents réseaux n’ont pas les mêmes attentes : quel lien entre une industrie agro-alimentaire positionnée sur des produits à destination d’une clientèle internationale et un gîte Bacchus ? L’un attendra des gestionnaires de destination un appui commercial complémentaire quand l’autre cherchera à accroître ses compétences en matière de marketing et de connaissance des attentes des clientèles ! Chaque filière composant le secteur de la « gastronomie » possède ses propres réseaux aux objectifs et moyens toujours spécifiques : à côté des grandes interprofessions viticoles,fromagères ou des arts de la table disposant de moyens de promotion puissants et donnant à leurs adhérents une visibilité nationale et internationale, des groupements locaux de restaurateurs ou d’artisans de produits du terroir se déploient avec leurs moyens propres. D’une manière ou d’une autre, chacun d’entre eux assure l’animation de leur réseau d’adhérents : de l’élaboration de critères de qualité propres à la profession à la promotion des ventes à l’international. Face à cet émiettement, le rôle des gestionnaires de destination touristique est extrêmement important. Les différentes filières ont en effet des approches verticales, et omettent souvent la dimension transversale. Elle est pourtant nécessaire lorsque l’on s’adresse à une clientèle touristique. Le gestionnaire de destination doit donc connaître l’ensemble de ces réseaux , favoriser les actions communes et travailler sur la cohérence et les partenariats – tout en respectant les intérêts de chacun – dans un objectif de mise en valeur sur le plan touristique. Des initiatives de mise en réseaux Citons par exemple : le réseau des tables-comtoises, véritable ambassadeur de la « gastronomie » franccomtoise avec 95 restaurants labellisés sur l’ensemble du territoire régional, crée à l’initiative du Comité de Promotion des Produits Régionaux de Franche-Comté. « Moselle gourmande » : 44 restaurants labellisés, proposant des mets régionaux (vins de Moselle…) et un accueil de qualité (service en allemand, accueil pour les enfants, documentation touristique…) ; par exemple, depuis 6 ans, le réseau promeut un menu spécial jeunes (18-35 ans) à prix abordable du 1er octobre 2011 au 31 mars 2012 : le menu comprend un repas complet avec un apéritif, un vin d'accompagnement à chaque plat, eau minérale et café. le réseau « De vignes en Caves » : initié et © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 35 animé par Bourgogne Tourisme, c’est un groupement de caves bourguignonnes s’attachant notamment à (bien) accueillir le touriste - 282 caves sont labellisées à ce jour ; o Ce réseau est notamment sollicité pour l’opération « De tables en caves » qui propose une opération de communication croisée entre restaurateurs et viticulteurs. les réseaux des produits régionaux : « La Lorraine, notre signature » (44 entreprises agro-alimentaires agréées, pour 600 produits), « Saveurs en Or » (189 entreprises et 660 produits du Nord-Pas de Calais), « Produit en Bretagne » (l’un des réseaux les plus connus, existant depuis 1995 et rassemblant environ 300 entreprises bretonnes, dont une grande partie appartient au secteur de l’agro-alimentaire ou de la « gastronomie » et bénéficiant d’important moyens de communication et d’une très forte notoriété38 : 97% en Bretagne, 49% en Ile-de-France)… Ces réseaux n’ont pas forcément d’objectifs spécifiquement touristiques, mais participent fortement à la notoriété des destinations. Leur action s’approche de celle des interprofessions viticoles (Interloire, BIVC, CIVB, CIVC…) ou fromagères (Comté, Roquefort39…)… s’adossant à de grands groupes industriels et disposant ainsi de moyens de promotion solides et efficaces. Chacun de ces organismes assure l’animation de son réseau et la promotion de ses produits : on pourrait toutefois regretter un aspect parfois cloisonné, qui empêche d’avoir une vision globale des acteurs de la « gastronomie », pouvant nuire à l’efficacité de la promotion générale de la destination. 38 Bretagne, départements limitrophes, Ile-de-France TMO juin 2010, janvier 2011 A noter que le site internet roquefort.fr est co-édité par l’Office de Tourisme et l’Interprofession du Roquefort. 39 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 36 Conclusion : la « gastronomie », un marketing complexe Nous l’avons vu dans ce premier chapitre, le caractère multi-filières de la « gastronomie » induit que son poids économique est souvent mal apprécié dans l’économie touristique de l’Hexagone. De nombreux acteurs pour de nombreuses activités, des clients variés (habitants, touristes…), des moyens de promotion et d’animation différents… Le potentiel touristique de ce grand secteur est souvent peu perçu par les différents acteurs impliqués. Pourtant, cette richesse et cette diversité représentent un formidable pouvoir d’attractivité de nos territoires, tant vis-à-vis de la clientèle nationale que de la clientèle internationale. Dès lors, le rôle des gestionnaires de destinations touristiques est irremplaçable pour donner de la cohérence à l’ensemble de ces initiatives et assurer une transversalité souvent absente. L’inscription par l’UNESCO du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité représente une formidable opportunité pour l’ensemble de la filière « gastronomique » de rassembler leurs forces pour engager des projets communs sur la base des valeurs défendues par l’inscription. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 37 Chapitre 2 : le « repas gastronomique des Français », inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 38 1/ Une inscription récente pour une reconnaissance internationale C’est en 2003 que la Conférence générale de l'UNESCO adopte la Convention pour la sauvegarde du « patrimoine culturel immatériel », ratifiée par la France en 2006. Le patrimoine culturel immatériel recouvre, selon l’article 2.1 de cette convention, des expressions culturelles aussi variées que « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que tous les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel ». Ce patrimoine est d’abord un patrimoine vivant et partagé, en constante évolution et transmis de génération en génération, constitutif du sentiment d’identité et d’appartenance des individus et des groupes à leur milieu et à leur histoire. Il promeut ainsi le respect des racines de chacun, de la diversité culturelle et de la créativité humaine. Le 16 novembre 2010, l’UNESCO reconnaissait le « repas gastronomique des Français » comme patrimoine immatériel de l’humanité, concrétisant ainsi un projet né en 2006 à l’initiative de l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation et porté par la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires. Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, précise en introduction aux textes fondamentaux de la Convention que celle-ci « n’a pas pour objectif principal de « protéger » mais de « sauvegarder » le patrimoine immatériel. Protéger le patrimoine immatériel supposerait qu’on élève des barrières autour des différentes expressions culturelles, qu’on les sépare de leur contexte et de leur histoire, qu’on en réduise la fonction ou la valeur sociale. Le sauvegarder suppose au contraire qu’on maintienne le caractère vivant, la valeur et la fonction de ses différents éléments ». Ainsi, l’UNESCO distingue trois listes établies en vertu de la Convention : la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ; la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ; le registre des meilleures pratiques de sauvegarde. C’est sur la seconde liste qu’est aujourd’hui inscrit le « repas gastronomique des Français ». Avec la cuisine mexicaine et la diète méditerranéenne, inscrites le même jour, c'est la première fois que des traditions culinaires sont enregistrées dans cette liste. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 39 2/ Du « patrimoine culinaire » au « repas gastronomique des Français » L’idée de cette inscription au patrimoine immatériel de l’humanité, défendue dès 2006 par l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (IEHCA), et soutenue par de nombreux professionnels du secteur, dont de grands chefs tels Paul Bocuse, Alain Ducasse, Pierre Troisgros, Marc Veyrat ou encore Michel Guérard, concernait initialement le « patrimoine culinaire » français, tant celui-ci est constitutif de notre culture. En 2008, afin de porter la candidature française, de mobiliser et coordonner l’ensemble des acteurs de ce projet, l’IEHCA proposa de créer la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires (MFPCA), présidée par Jean-Robert Pitte, géographe français, spécialiste du paysage et de la gastronomie. L’IEHCA, une agence de développement scientifique au service de la culture alimentaire Créé en 2001 par la direction de l'enseignement supérieur du ministère de l'éducation nationale en partenariat avec la région Centre, la vocation de l’IEHCA est de fédérer la recherche en sciences humaines et sociales concernant l'alimentation et d’assurer la visibilité de nos modes alimentaires et culinaires comme éléments de notre patrimoine et de notre culture. Ce réseau pluridisciplinaire et international de plus de 400 chercheurs historiens, sociologues, anthropologues...développe des liens étroits avec le secteur professionnel et les centres de formation. Mais parce que le concept de patrimoine immatériel s’inscrit dans une approche dynamique, et afin d’éviter tout risque de « muséification » des arts culinaires français, l’UNESCO a préféré l’expression de « repas gastronomique des Français », représentatif d’une pratique populaire, vivante, partagée, plutôt que celui de « patrimoine culinaire », terme restrictif, à la connotation statique ou élitiste car souvent associé à la « gastronomie » et aux « grandes toques », éloigné des valeurs défendues par l’UNESCO. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 40 3/ Une reconnaissance honorifique qui engage… L’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité suppose de la part de l’Etat qui en bénéficie des engagements auxquels il doit souscrire et traduire en actions sur le terrain. Les engagements concernant le « repas gastronomique des Français » se fondent sur les quatre valeurs que souhaite défendre l’UNESCO au travers de cette inscription. 3.1/ Renforcer la transmission par l'éducation L’attention portée à la transmission concerne prioritairement les jeunes générations, que l’Etat s’engage à sensibiliser par l’instauration d’ateliers de découverte, dans le cadre des mesures d'accompagnement éducatif mises en place dans les écoles, ou lors de la « Semaine du goût » par exemple. L’organisation de repas dans les écoles primaires et centres de loisirs, associant élèves, enseignants, personnels d'encadrement et parents, permettra de mettre en exergue la convivialité et le partage du goût. Ils s’attacheront à faciliter l'apprentissage des rites du « repas gastronomique » reconnu par l’UNESCO - choix des bons produits, recours à la variété des recettes, esthétisation de la table - et contribueront au renforcement des liens sociaux et familiaux. 3.2/ Développer la documentation et la recherche Il s’agit pour l’Etat de collecter et recenser l’ensemble des éléments que recouvre le « repas gastronomique des Français » : gestes et savoir-faire, célébrations festives, expressions orales (proverbes, chansons), représentations (littérature, images), objets et artéfacts. Ce fonds de documentation, réuni dans un centre de ressources dédié, doit favoriser la visibilité et la transmission de ces pratiques et rites auprès du plus grand nombre. Le projet de Cité de la Gastronomie, porté par Jean-Robert Pitte et la MFPCA - lequel prévoit entre autre un important pôle de documentation - répond à cet engagement ainsi qu’à celui de développer une structure de sensibilisation et d’information pour le grand public. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 41 3.3/ Créer des outils et des équipements de sensibilisation et d'information Encore à la recherche de son lieu d’implantation, la Cité de la gastronomie est appelée à devenir le principal équipement culturel pluridisciplinaire entièrement dédié aux cultures culinaires de France et du monde. Equipement culturel à dimension nationale et internationale, elle doit contribuer à sensibiliser le public à l'histoire, aux fonctions et valeurs du repas et de la « gastronomie » dans son ensemble, ainsi qu'à la vitalité de ses expérimentations en France et dans le monde. Au-delà de cette initiative de grande ampleur, il est également prévu d’étendre les « Journées européennes du patrimoine » à la valorisation du « repas gastronomique des Français » et plus largement aux éléments du patrimoine culturel immatériel. La Cité de la Gastronomie : un espace vivant d’échanges et d’information La Cité de la Gastronomie doit accueillir des activités pédagogiques, artistiques et documentaires, afin de développer la meilleure connaissance de la pratique culturelle et sociale du « repas gastronomique des Français », de ses rites, et plus largement des traditions des repas des communautés du monde. Lieu d’apprentissage, de dégustation, de découvertes, lle sera également un lieu de développement économique et touristique. 3.4/ Contribuer au renforcement du dialogue interculturel En accord avec le Centre National de la Recherche Scientifique, l'Université de Tours, siège de l’IEHCA, va accueillir une Unité Mixte de Recherche « Patrimoines et cultures alimentaires et gastronomiques » dont l'objectif sera notamment l'étude du « repas gastronomique des Français » et de son contexte. Plus largement, une chaire et un réseau UNESCO associant des universités du monde entier permettront de favoriser la coopération internationale sur l’étude des patrimoines et pratiques alimentaires. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 42 4/ … et se doit d’éviter certains écueils ! Dans un rapport préparatoire à la candidature française, la sénatrice Catherine Dumas, insistant sur le caractère vivant et dynamique de ce patrimoine en constante re-création, exprime clairement les principaux obstacles que peut rencontrer le projet d’inscription et audelà, les actions de terrain qui y seront associées. 4.1/ Considérer qu’il s’agit d’un patrimoine statique menacé Le concept de patrimoine immatériel s’inscrit dans une approche dynamique, puisqu’il renvoie aux notions de transmission, de processus permanent d’évolution, de production, de créativité et d’innovation. L’inscription du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité vise à mettre en valeur les expressions culturelles jugées les plus remarquables, non à protéger, en le « pétrifiant », un patrimoine susceptible de s’éteindre. 4.2/ Cultiver l’arrogance quant à la suprématie de la « gastronomie » française La reconnaissance accordée par l’UNESCO n’autorise en rien à prétendre que la cuisine française – d’ailleurs inscrite le même jour que la cuisine mexicaine – serait la meilleure au monde. Elle doit même permettre de s’inscrire dans une démarche fédératrice, considérant qu’il s’agit d’un héritage commun à tous les Français, comme en témoigne la récente étude du CREDOC (2009) dans laquelle 95,2% des Français reconnaissent la gastronomie comme un élément important du patrimoine national, constitutif de son identité et profondément ancré dans la culture. Il s’agit donc de démontrer le profond attachement des Français à ce patrimoine, à cette tradition du plaisir du « bien manger » et de la convivialité, voire de le renforcer alors que, dans le même temps, on sait que la France est aujourd’hui le deuxième mangeur de pizzas au monde après les Etats-Unis, et que le chaîne de restauration rapide McDonald’s est la première entreprise de restauration de l’Hexagone… © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 43 4.3/ Opter pour un repli franco-français Notre patrimoine culturel autant que nos pratiques et rituels, notamment culinaires et « gastronomiques », se sont nourris et se nourrissent encore d’influences étrangères qu’il serait dommage de passer sous silence, sauf à penser qu’une culture puisse se construire et évoluer en vase totalement clos. Que serait notre cuisine sans les produits du « Nouveau Monde » – tomates, maïs, café, piments, haricots, chocolat… et nos arts de la table sans l’apport de l’Italie du XVIème siècle avec sa fourchette à deux dents, son usage de l’assiette individuelle en faïence de Faenza et ses verres en cristal de Murano ? En matière de service et d’ordonnancement des plats, nos pratiques actuelles puisent leur source en Russie. Le service « à la russe » s’est imposé en France durant le XIXème siècle, d’abord chez les aristocrates, imitant en cela la manière de recevoir du prince Alexandre Kourakine, ambassadeur à Paris qui, le premier, intègre des valeurs d’égalité lors des repas en proposant un service à table, avec des plats présentés en séquence, tous les convives étant assis autour de la table. Ce processus d’imitation s’est élargi à la bourgeoisie puis généralisé à tous les milieux pour devenir, aujourd’hui, l’une des composantes du « repas gastronomique des Français », tel que l’a reconnu l’UNESCO. 4.4/ Privilégier l’élitisme La mission de l’UNESCO consiste à valoriser les cultures populaires et à favoriser le dialogue interculturel, et non pas de mettre en valeur des pratiques élitistes propres à un pays. Il ne s’agit donc pas uniquement de couronner l’élite de notre « gastronomie » française en glorifiant les seuls restaurateurs étoilés, mais bien de valoriser les pratiques populaires de nos terroirs, qui trouvent leur origine dans la cuisine familiale. Le « repas gastronomique des Français », une invention russe ! Avant le 19ème siècle, l’aristocratie française mangeait « à la française » : tous les plats étaient servis en même temps, desserts compris. Les convives, souvent debout, se servaient euxmêmes et lorsqu’ils étaient assis, ils n’avaient accès qu’aux plats les plus proches. Le service « à la russe » est devenu une tradition française généralisée par imitation de l’art de recevoir de l’ambassadeur russe à Paris, Alexandre Kourakine. Mais force est de constater, en France, la forte connotation élitiste du terme de « gastronomie », domaine qui bien souvent s’en réclame, qu’il s’agisse de certaines formations de prestige, de techniques et savoir-faire, de la suprématie de nos grandes toques, des pratiques et des règles d’organisation et de service des meilleurs établissements, de leurs codes vestimentaires ou de son association fréquente au monde du luxe. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 44 Catherine Dumas remarque d’ailleurs que ce terme, compte tenu de cette connotation « n’est sans doute pas le terme le plus approprié pour présenter le projet ». C’est cependant celui que l’UNESCO a retenu dans l’intitulé de l’inscription ! 5/ Mais qu’est-ce-que le « repas gastronomique des Français » ? 5.1/ Un moment festif de partage Le « repas gastronomique des Français » est une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès, retrouvailles familiales ou amicales... C’est avant tout un repas festif où l’art du « bien manger et du bien boire » s’invite à la table. Il privilégie la convivialité, « l’être bien ensemble », le partage du plaisir du goût, ainsi que la recherche d’une harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. Quel que soit le motif de cette réunion de convives, il va se différencier du repas quotidien en mobilisant une attention, des connaissances et des savoir-faire particuliers qui vont constituer les composantes immatérielles et symboliques du « repas gastronomique des Français » : anticiper le menu et s’approvisionner en produits de qualité, de préférence locaux et de saison ; choisir attentivement les mets dont les saveurs s’accordent bien ensemble, au sein d’un ensemble de recettes variées, dont la liste s’enrichit de génération en génération ; préparer ce repas ensemble, en famille ou entre amis, assurant la transmission des savoirs et savoir-faire ; respecter une structure de repas en référence aux traditions évolutives de la cuisine française et être attentif au mariage entre les mets et les vins ; dresser une belle table, en référence aux traditions familiales, régionales et culturelles ; accompagner le repas d’une gestuelle et d’expressions ritualisées, tels l’aération et la décantation du vin, la découpe à table des pièces de viande, fromages et pâtisseries, symbole de partage, ainsi que l’échange sur ce que l’on mange ou l’on boit, afin de signifier que l’on apprécie ce repas. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 45 5.2/ Une structure de repas « traditionnelle » Si le contenu du « repas gastronomique des Français » s’adapte aux circonstances, aux cultures régionales et familiales, aux pluralités sociales et aux moyens de chacun, comme aux convictions religieuses et philosophiques ou aux influences étrangères, il privilégie une structure précise en s’organisant autour : d’un apéritif ; d’une entrée ; d’un poisson et/ou d’une viande et ses légumes ; d’un ou plusieurs fromage (s) ; d’un dessert ; d’un digestif. Bien au-delà de ses composantes, le « repas gastronomique des Français » doit permettre d’exprimer la richesse, la créativité et la diversité de ce que nous considérons tous comme un élément fort de notre patrimoine culturel et la traduction vivante de notre art de vivre, largement apprécié tant au niveau national qu’international. 6/ Ce qu’il n’est pas ! Puisqu’il s’agit d’un patrimoine immatériel, la reconnaissance de l’UNESCO ne peut pas concerner les productions concrètes, tels que les produits agricoles et/ou alimentaires ou les réalisations culinaires, comme les spécialités régionales françaises ou étrangères, choucroute, cassoulet, couscous ou paella… En tant qu’héritage commun, il ne peut concerner non plus les seuls savoirs et savoir-faire des professionnels des métiers de bouche ou des cuisiniers, voire des amateurs éclairés, car si ceux-ci participent à la bonne réalisation du « repas gastronomique des Français », ils n’en représentent qu’une de ses composantes. Enfin, en tant que patrimoine de l’humanité, la reconnaissance de l’UNESCO est avant tout un titre honorifique pour le pays concerné et constitue un vecteur d’image pour le rayonnement de la France mais ne peut contenir, en soi, de finalité commerciale. Citons à ce propos Catherine Colonna, alors ambassadeur de la France auprès de l’UNESCO, s’exprimant sur la candidature française : "Etre classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité est une fierté, un honneur, mais il n'y a rien à gagner". © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 46 7/ Mais alors, quel bénéfice pour l’activité touristique ? 7.1/ Une inscription sans finalité commerciale Si cette inscription n’autorise aucune dérive mercantile, aucun détournement commercial, il est cependant précisé dans les directives opérationnelles des textes fondamentaux de la Convention de 2003 que « les activités commerciales qui peuvent émerger de certaines formes de patrimoine culturel immatériel et le commerce de biens culturels et de services liés au patrimoine culturel immatériel peuvent participer à l’amélioration du niveau de vie des communautés qui détiennent et pratiquent ce patrimoine, au renforcement de l’économie locale et à la cohésion sociale ». Ce qu’il est préférable d’éviter ! Il n’y a donc pas incompatibilité à générer directement ou indirectement des revenus en se rattachant à l’esprit de cette inscription pour développer une activité commerciale, dès lors que cette activité valorise l’importance et le rôle de ce patrimoine auprès du plus grand nombre, et qu’elle s’inscrit dans une démarche de tourisme durable, afin de n’altérer ni la nature, ni le sens, ni la finalité de ce patrimoine culturel immatériel pour la communauté concernée. 7.2/ Une belle opportunité mais une mise en œuvre très encadrée La reconnaissance du « repas gastronomique des Français » par l’UNESCO doit d’abord être considérée par l’ensemble des acteurs touristiques comme un formidable encouragement à faire vivre et partager un élément essentiel de notre culture, à tous les échelons du territoire, contribuant ainsi à la plus grande visibilité de ce patrimoine tout en renforçant le lien social et le dialogue interculturel. Cependant, si une activité touristique en lien avec le « repas gastronomique des Français » peut se référer à cette inscription, elle ne va pouvoir le faire qu’en respectant les critères définis et validés par l’UNESCO. De ce fait, une activité spécifique et commerciale comme un restaurant par exemple, ne peut prétendre apposer le logo de l’UNESCO à son menu, même s’il propose un repas respectant scrupuleusement les composantes du « repas gastronomique des Français ». © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 47 En revanche, ce même restaurateur, inscrit dans un projet plus large, porté par un acteur institutionnel ou une association, et véhiculant l’intégralité des valeurs défendues par l’UNESCO, pourra recevoir l’aval de la MFPCA après étude de son projet. Chargée d’assurer la veille et le suivi des mesures de sauvegarde dans l’esprit de la convention de 2003, la MFPCA évalue les « risques éventuels d'utilisation dévoyée de l'inscription sur la liste de l'UNESCO, tels que l'instrumentalisation ou la labellisation mercantile ». Si la MFPCA n’a pas vocation à délivrer une autorisation d’utilisation du « label » UNESCO, elle est en mesure d’accorder un agrément à toute initiative contribuant à valoriser le « repas gastronomique des Français » et sa transmission aux générations futures. Cet agrément peut inclure l’usage de l’emblème du « repas gastronomique des Français ». La MFPCA privilégie le portage d’un projet par une association ou une institution publique, éliminant d’emblée la vocation strictement mercantile de celui-ci. En souscrivant aux principes énoncés dans la charte d’engagement, les porteurs d’un projet s’engagent à promouvoir le « repas gastronomique des Français » ainsi que les valeurs défendues par l’UNESCO pour la sauvegarde de ce patrimoine immatériel. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 Un emblème créé par la MFPCA pour promouvoir le « repas gastronomique des Français » Il représente six personnages attablés, vus de haut autour de l’hexagone français. Les personnages et la table ronde illustrent les valeurs de convivialité et de partage, deux valeurs caractéristiques du « repas gastronomique des Français ». Dans sa réalisation bi-chromique, le graphisme évoque « le blé et le vin, le soleil et la terre ». 48 7.3/ Un levier pour la dynamisation de l’activité touristique des territoires L’annonce de l’inscription du « repas gastronomique des Français » sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité a réjoui l’ensemble des responsables politiques et représentants des fédérations professionnelles concernées, entretenant parfois quelques risques de confusion quant au sens et à l’esprit voulus par l’UNESCO. Bien sûr, tous reconnaissent l’impact de cette reconnaissance en termes d’image et de notoriété pour la France mais également, et plus prosaïquement, en termes de retombées économiques générées par des produits, plutôt que par des projets visant à promouvoir le « repas gastronomique des Français ». Ainsi Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et Bruno Lemaire, ministre de l’Agriculture affirmaient que cette inscription représentait un levier « pour valoriser les produits alimentaires et les savoir-faire culinaires, encourager le tourisme gastronomique sur nos territoires et développer la promotion du patrimoine alimentaire français à l'international ». Les filières viticole et agricole n’étaient pas en reste puisqu’Allan Sichel, président de la puissante Fédération des négociants de vins de Gironde considérait qu’il s’agissait « d’une excellente nouvelle n'influant pas tant sur les grands vins de Bordeaux qui ont déjà une reconnaissance internationale, que comme vecteur de démocratisation des vins de Gironde en général », tandis que Jean-Michel Lemétayer, alors président de la FNSEA, déclarait qu’il s’agissait « d’une formidable reconnaissance parce qu'il y a un lien très fort entre agriculture, produits de terroir et gastronomie ». Gardons à l’esprit que la priorité du « repas gastronomique des Français » est de jouer un rôle actif dans sa communauté, en renforçant la proximité et la transmission intergénérationnelle et qu’à ce titre, il peut représenter pour les professionnels du tourisme et des filières concernées un véritable facteur de dynamisation des territoires, en ce sens qu’il ouvre des horizons qui n’ont jamais été traités à ce jour en matière de promotion touristique. Qu’il s’agisse de mobilisation spécifique des acteurs de l’offre, ou d’approches originales de traitement de la demande, dans la perspective générale de montée en puissance des approches communautaires du marketing en ligne, la « mise en tourisme » du « repas gastronomique des Français » peut devenir un avantage concurrentiel majeur pour les destinations françaises, sans trahir les valeurs sur lesquelles il se fonde. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 49 Chapitre 3 : le repas gastronomique des Français, de nouveaux leviers pour valoriser les territoires © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 50 L’inscription par l’UNESCO du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité offre aux territoires de nouveaux leviers pour leur développement touristique. Elle constitue une formidable opportunité de : mise en relation plus forte de l’habitant avec le visiteur ; construction d’une nouvelle relation aux produits et aux savoir-faire ; repenser le développement des territoires ; communiquer différemment auprès des clientèles ; revaloriser l’animation des territoires ; mieux exploiter les avantages du web 2.0 ; promouvoir des routes touristiques virtuelles. 1/ Une mise en relation plus forte de l’habitant avec le visiteur Les nouvelles approches de la relation à construire dans le fil de l’inscription sont proches de la démarche du tourisme participatif. Comme son nom l’indique, cette forme de tourisme fait participer la population d'accueil aux activités touristiques et les touristes à la vie locale du territoire visité. C’est une nouvelle façon de repenser la relation entre visiteurs et résidents, de réinventer le sens de l'hospitalité. èmes Lors des 7 rencontres du e-tourisme institutionnel, en novembre 2011, un atelier consacré au bénévolat et au tourisme participatif a mis en exergue cette nouvelle tendance internationale. Qu’ils soient « greeters », faisant visiter gratuitement leur ville ou leur territoire aux touristes, ou « couchsurfers », hébergeant des touristes chez eux, ces initiatives individuelles, librement consenties de part et d’autre, promeuvent un tourisme différent, centré sur des valeurs de partage et sur le plaisir de la rencontre. Si, par définition, il ne peut exister de modèle unique intégrant la construction de liens sociaux dans une stratégie de développement touristique, l’exemple © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 Big Apple Greeter : l’habitant, source de richesse du territoire Aujourd’hui, New-York compte plus de 300 greeters qui accueillent chaque année plus de 7 000 visiteurs. Le mouvement s’est développé dans les 50 états des Etats-Unis et dans 124 pays, dont la France. Le réseau français concerne pour l’instant seulement dix-sept départements et métropoles. 51 des Greeters est sans doute le plus ancien, et celui dont les valeurs rejoignent le plus celles du « repas gastronomique des Français ». Créé en 1992 à New York par Lynn Brooks pour valoriser l’image de sa ville aux yeux des visiteurs, Big Apple Greeter est le premier réseau bénévole de découverte touristique d’une ville par ses habitants. Il se fonde sur des valeurs d’échange et de convivialité, amenant le visiteur à créer des liens privilégiés, et parfois durables, avec son hôte. L'idée est de faire découvrir la ville de manière originale, parfois insolite, toujours très personnelle, en partageant sa passion, ses centres d’intérêts ou son savoir. Essentiellement animé par des bénévoles, et soutenu par des donateurs de toutes origines, tous les services proposés par les Greeters sont gratuits. Le site des Greeters de Nantes Des initiatives de ce type se sont développées en France, de façon encore modeste puisque seuls huit départements et neuf villes proposent cette offre. Une nouvelle façon d’envisager un « autre tourisme » comme l’affirment les Greeters de Nantes, dans lequel la promotion du « repas gastronomique des Français » peut avoir toute sa place ! Initié par un sentiment identitaire, le tourisme participatif se développe aujourd’hui sur des territoires ruraux. Il correspond aussi à une tendance, où dans un monde totalement globalisé, l’ancrage local prend d’autant plus d’importance. De plus en plus de communautés affinitaires se développent grâce à ce mouvement de fond, amplifié par internet, auquel les organismes locaux de tourisme doivent s’intéresser. En France, on retrouve des greeters à Nantes, Marseille ou encore Paris, ainsi que sur des territoires plus ruraux comme le Tarn. Et cette nouvelle tendance commence à prendre du poids : par exemple, en Aquitaine, l’ensemble des membres du réseau CouchSurfing et Hospitality Club pèsent autant que la moitié de la capacité d’accueil du département du Lot-et-Garonne. www.voulezvousdiner.com Aujourd’hui, le domaine de la restauration et de la gastronomie sont touchés par des initiatives comparables basées sur un mouvement d’échange où l’identité gastronomique locale et les habitants sont au centre des concepts. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 52 Ainsi, un nouveau concept de table d’hôtes en ligne, lancé en février 2011, www.voulezvousdiner.com permet aux visiteurs étrangers - touristes, expatriés et touristes d’affaires - de découvrir l’art de vivre à la française, le temps d’un dîner chez l’habitant. Le concept repose sur une invitation à goûter la culture et la richesse d’un terroir à travers un repas typiquement français, préparé et cuisiné à base de produits frais. L’hôte choisit son menu et les spécialités qu’il souhaite faire découvrir à ses invités. Le site a pour vocation de faire découvrir la « French » expérience à tous ceux qui aiment rencontrer des cultures différentes autour d’un moment d’échange convivial, contribuant ainsi à valoriser le patrimoine « gastronomique » français. www.bienvenueamatable.com Dans un autre registre, les membres de l’association « Mange ta soupe » - créée à Carentan en 2008, au cœur de l’espace rural des marais du Cotentin - ont l’ambition d’œuvrer à l’amélioration des relations sociales et de certains comportements quotidiens, en conduisant des actions autour de l’univers de la soupe, particulièrement lors la Fête de la soupe, un temps fort de plusieurs jours au début de l’hiver. Autre initiative du même ordre, le réseau social de rencontres et partages culinaires « Bienvenue à ma table » repose sur le concept de mise en relation de ses membres pour des aventures culinaires, en créant des sorties autour d'une table ou d'un verre, que ce soit à l'autre bout du monde ou à côté de chez soi. Cette initiative fait suite à la démarche de « couchsurfing » autour du même esprit de partage. www.mangetasoupe.eu A l’image du modèle alimentaire français qui accorde une place prépondérante au plaisir, au bien manger, au partage et à la convivialité, l’association s’appuie sur la dimension collective et sociale du souper pour déplacer des frontières, tisser des liens, éveiller des réflexions. Comme lors de la composition d’une soupe, l’association ajoute les ingrédients les uns aux autres : convivialité, festivité, solidarité, responsabilité, découverte, épanouissement. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 53 Dernier exemple, le concept de Live My Food propose de mettre en relation des visiteurs qui cherchent à se restaurer chez l'habitant et des hôtes prêts à les recevoir pour leur faire des découvrir des spécialités locales ou des celles de leurs pays d'origines. Les hôtes sont libres de proposer leurs repas gratuitement ou de les facturer. Live My Food veut, en réalité, se servir de la cuisine et des plaisirs de la bouche pour tisser de nouveaux liens entre les internautes, à l'heure où l'on ose à peine adresser la parole à son voisin... Il est bien entendu possible de s'inscrire à la fois en tant que visiteur et hôte. La plupart des inscrits sur Live My Food ont d'ailleurs adopté ce double statut. Ces différentes initiatives de tourisme participatif, élargies à l’univers du repas, permettent d’intégrer le bénévolat et l’habitant au cœur de l’écosystème touristique. Pour tous les gestionnaires de destinations, il est important de recenser ces initiatives tout en laissant vivre et se développer ces communautés, et d’apprendre à les valoriser dans le cadre d’une nouvelle approche de la relation client. Inscrire une stratégie de développement touristique durable sous l’égide du « repas gastronomique des Français » revient à placer les relations humaines au cœur de dispositifs originaux de valorisation de la « gastronomie », en privilégiant le « savoir-être » au « savoirfaire » et la construction de liens sociaux à la seule promotion de produits ou techniques purement commerciaux. Développer la rencontre et l’échange entre habitants et avec les visiteurs, favoriser la transmission des savoir-faire du professionnel vers l’amateur, des amateurs entre eux, associer les différentes filières concernées par le « repas gastronomique des Français » – restaurateurs, producteurs d’arts de la table, artisans des produits du terroir, organismes de tourisme… - au-delà d’une démarche marchande, sont autant d’axes favorisant une autre approche de la promotion et de la gestion de la relation. Chacun devient alors source de richesse du territoire, contribuant à son attractivité, participant à la qualité et à l’accessibilité de l’offre, tout en tirant bénéfice des retombées d’une activité touristique renforcée. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 54 2/ Une nouvelle relation aux produits et aux savoir-faire La reconnaissance du repas gastronomique des Fraçais par l’UNESCO suscite différentes initiatives, dont le lancement d’un Festival des Cultures Culinaires du Monde, susceptible de préfigurer la Cité de la Gastronomie. Celle-ci devrait voir le jour dans cinq à sept ans à Tours, Lyon, Versailles, Rungis, ou au Village Christofle de Saint-Denis… Mais les modèles économiques de ces projets sont encore à imaginer. Leur concept devra reposer sur une approche de médiation et de mise en valeur, aussi bien des produits que des savoir-faire. Il s’agira d’expliquer les étapes de production et de transformation des produits, ainsi que les métiers et les pratiques des producteurs, le but recherché est de (re)découvrir le « vrai » goût des aliments. Les caractéristiques de ces projets peuvent inspirer les sites existants. Les territoires gagneraient à profiter de la reconnaissance de l’UNESCO pour inciter les opérateurs de sites à approcher la clientèle touristique et de loisirs sur les valeurs ayant présidées à l’inscription. La qualité des paysages, une agriculture typique et raisonnée, des exploitations à taille humaine, les politiques de diversification, les circuits courts, la qualité des aliments, les différentes possibilités d’exploitation... autant de valeurs de l’inspiration à mieux développer. On s’inspirera par exemple du mouvement « slow food » qui, selon les propres mots de ses fondateurs, vise à « donner la juste importance au plaisir lié du à la nourriture, en apprenant à profiter de la diversité des recettes et des saveurs, à reconnaître la variété des lieux de production et des auteurs, à respecter les rythmes des saisons et de la table », ou de sites dédiés à la gastronomie tels que Eataly, dont la qualité des produits vendus dans les magasins est garantie par l’association Slow Food. Eataly, « le temple du goût et de la gastronomie italienne » comme le revendique son créateur Oscar Farinetti, est un marché couvert composé de produits du terroir et de points de restauration thématiques. Il s’agit d’un concept de distribution de produits alimentaires tout à fait novateur. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 55 Associé à des ateliers d’apprentissage de la fabrication d’un produit, de stands de dégustation, d’informations sous forme de panneaux indiquant la provenance des aliments, le succès d’Eataly repose sur les fonctions ludiques, éducatives et didactiques. En Italie, le projet associe plus de 1 300 producteurs : agriculteurs, pêcheurs, bergers, viticulteurs, fromagers, boulangers ou pâtissiers… que le consommateur apprend à mieux connaître. Une partie des bénéfices est redistribué dans des actions d’éducation à l’alimentation, ou pour venir en aide aux producteurs locaux. Une agence propose, en partenariat avec Eataly et les producteurs, un choix d’itinéraires gourmands à prix variés : visites d’exploitations agricoles, séjours chez les porducteurs, repas-découverte, dégustations. 1er grand supermarché spécialisé dans les aliments de qualité où l’on peut acheter, manger et apprendre. Imaginé en 2007, Eataly, mine d’or de l’art culinaire italien, est installé dans l’ex-usine de la firme de Vermouth Carpano dans le quartier du Lingotto à Turin. La pédagogie fait partie du concept : apprendre sur les aliments, leur origine, les saisons, la production. Un contrat est signé avec chaque producteur dans un esprit de collaboration. Les producteurs s’engagent à participer à des sessions de dégustation, venir rencontrer les clients, parler des produits, participer à des animations vis-à-vis du public … © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 56 Une relation directe est créée entre le producteur, le consommateur et le distributeur. La philosophie et le modèle économique de Eataly reposent sur des principes de durabilité, de responsabilité et de partage. Il s’agit aussi de proposer des produits de qualité à des prix de ventes abordables. Aujourd’hui Eataly compte dix magasins : huit en Italie, un au Japon et un autre à New-York. 3/ Repenser le développement des territoires Un territoire est composé d’espaces, de paysages, de reliefs, de voies d’échanges et de circulations… Il sert alors de cadre de vie à ses habitants et à l’ensemble des producteurs, groupements, associations et entreprises qui y prospèrent. Il devient espace de loisirs lorsque ses habitants, leurs familles, leurs amis et les visiteurs de passage s’en emparent et partagent, au gré de leurs activités favorites ou à l’occasion de fêtes et d’animations locales, des moments de détente, de rencontre et de plaisirs partagés. Mais il ne devient destination touristique que lorsque sa dynamique de développement et son attractivité propre lui permettent de générer la rentabilité nécessaire à l’exploitation profitable des entreprises de visites, de loisirs et d’hébergements. L’inscription du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine mondial invite à considérer le territoire sous ces trois aspects de cadre de vie, cadre de loisirs et de séjours. Elle appelle les élus locaux, les organismes et syndicats professionnels, les associations, les offices de tourisme, et l’ensemble des structures de développement et de promotion territoriales, à revoir en profondeur les modalités de leurs partenariats. Le repas gastronomique des Français incite à goûter un territoire, tout un territoire, à s’enivrer de toutes ses saveurs en en goutant sans modération les meilleures recettes, et avec modération les meilleurs crus… C’est ainsi que l’on en tombe amoureux. C’est ainsi que l’on y fonde une famille, qu’on y travaille avec plaisir, qu’on y vient et qu’on y revient avec, chaque fois, cette émotion intacte de retourner… chez soi ! Comme l’énonce Jean Viard, le désir d’un lieu ne se divise pas ! La mise en résonance des différentes « couches » supportant le développement d’un cadre de vie, de loisirs et de séjours goûteux, et invitent à le savourer en profondeur – géographies, natures, produits, itinérances, équipements publics, activités associatives et professionnelles, activités et hébergements touristiques ou amicaux – impose aux acteurs d’un territoire : © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 57 d’apprendre à connaître, à considérer, et comprendre réellement les contraintes spécifiques de chaque « actionnaire » du territoire, comme ses apports potentiels à son développement durable ; de tisser les liens humains et professionnels nécessaires à la construction et au partage d’une vision stratégique de son développement social et économique ; d’inventer, ensemble, les initiatives qui valoriseront leurs complémentarités dans de nouvelles approches de mise en valeur de leurs savoir-faires ; de développer ces projets partagés, les cofinancer dans la valorisation de leurs apports mutuels, plus encore que par leurs investissements financiers ; de les organiser, pour les gérer en réseau, et les promouvoir largement, en jouant de la synergie de leurs équipes et de leurs ressources promotionnelles… Le repas gastronomique des Français s’inscrit naturellement dans la construction en réseau d’un tel cadre de vie, de loisirs et de séjours, dont il peut d’ailleurs constituer l’ossature et supporter un développement original. Le développement « gastronomique » des territoires propose aux gestionnaires de filières et de destinations une alternative au développement « touristique », en particulier au coeur des territoires ruraux et des terroirs en marge des destinations les plus fréquentées. Pour ce faire, il leur faut choisir de s’engager résolument dans une démarche collective innovante et difficile au regard de leurs pratiques habituelles, mais probablement proche des motivations individuelles qui animent chacun des décideurs, collaborateurs et volontaires de leurs structures et organisations. Ensemble, ils doivent : sensibiliser et mobiliser l’ensemble des acteurs sociaux, politiques, économiques et touristiques aux richesses des gôuts de leur territoire et à l’intérêt des valeurs du « repas gastronomique » dont ils détiennent la recette ; concocter cette recette entre-eux, en n’hésitant pas à inventer leur « nouvelle cuisine », et en privilégiant une approche transversale et non par métier ou compétence pour favoriser les mises en réseau - parfois iconoclastes - qui donneront tout le sel à leurs initiatives ; inventer les synergies : o où la vaisselle d’un propriétaire de table d’hôte servira de vitrine aux potiers du territoire… © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 58 o où le vigneron indiquera le meilleur restaurant qui y valorisera ses vins, et participera, demain, à l’éducation sanitaire des enfants en accueil à la ferme ou en séjour au gîte… o où les amoureux d’un hôtel ou d’une chambre d’hôte de charme se connaîtront dans les draps du filateur, dont le site internet deviendra - dès lors - leur fournisseur officiel de cadeaux de naissance pour leurs enfants et leurs petits-enfants… o où le patrimoine renaîtra du cri de joies de ces enfants, lorsqu’ils goûteront aux recettes d’un pique-nique inventé pour leur permettre de comprendre la magie du lieu par l’accompagnement de l’éveil de tous leurs sens… o où la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût enchantés libérerons la parole, des anciens aux plus jeunes, le temps d’un repas partagé entre habitants, visiteurs, professionnels et touristes. Les initiatives publiques sont positionnées à la racine de ces moments de partage exceptionnels, qui structurent durablement l’identité des lieux et celle des femmes et des hommes qui y vivent. Mais pas seulement les initiatives des institutions et organismes publics : celles de l’ensemble des publics illustrés au premier chapitre de ce guide, les producteurs du terroir, les restaurateurs, les associations et les entreprises à vocation sociale, environnementale, culturelle, économique et touristique, sans oublier… les habitants. Les partenaires des destinations françaises peuvent saisir l’occasion de cette inscription pour engager une réflexion collective sur la « gastronomie » et les valeurs portées par l’inscription, et ainsi tisser des liens et créer des passerelles entre des acteurs qui s’ignorent trop souvent pour réfléchir ensemble à ce qui fait la spécificité de leur territoire en termes de repas, d’usages, de décoration et de traditions. C’est l’occasion de lancer une démarche nouvelle de qualification en se basant sur les traditions locales du repas gastronomique et en favorisant les circuits courts. Pour autant, les acteurs et organismes publics portent une responsabilité particulière, de par leurs missions, et par les fonctions qu’ils exercent et les moyens d’intervention qu’ils mobilisent. Premiers responsables du développement des territoires, ils doivent apprendre a en organiser differemment l’animation avant, ensuite, d’en repenser en profonceur la promotion. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 59 4/ Communiquer différemment auprès des clientèles Les atouts classiques de la France sont reconnus : beauté, diversité des paysages, richesse du patrimoine culturel, « gastronomie » et grands chefs…. Ils sont le fondement de la réputation touristique de la France et un axe majeur de son positionnement, notamment vers les touristes n’ayant jamais visité notre pays. Cependant, d’autres destinations peuvent également s’en prévaloir, notamment l’Italie. Il est donc illusoire d’imaginer pouvoir éternellement mettre en avant de tels atouts surtout auprès des clientèles étangères connaissant déjà bien les destinations nationales. Allemands, Britanniques, Belges, Néerlandais, clientèles des bassins de proximité prioritaires de la France et grands consommateurs de courts-séjours, sont autant de touristes habitués de la destination. La communication touristique sur la « gastronomie » tend généralement à s’organiser de manière thématique et pragmatique : « où manger ? », « où boire un verre ? », « où trouver des produits locaux ? », « des cours de cuisine », « les recettes du chef », la liste des restaurants, des brasseries … avec parfois des déclinaisons « après 22h00 », « les enfants bienvenus », « en terrasse », « petits prix » …). Ces informations sont particulièrement utiles au visiteur qui souhaite organiser son séjour. La valorisation du « repas gastronomique des Français » et des valeurs – de partage, convivialité, pédagogie, transmission - sur lesquelles il s’appuie peut être un puissant levier à mobiliser au service d’une promotion touristique renouvellée vers ces marchés. L’art de vivre et la table française ayant des résonances très fortes dans l’imaginaire et les attentes collectives de la population touristique, cette valorisation sera d’autant plus percutante si elle se construit dans l’approche globale de mise en résonance d’un territoire évoquée au chapitre précédent. S’adresser de nouvelle manière auprès d’une clientèle d’habitués cherchant à approfondir sa connaissance des rituels et coutumes locales, communiquer sur les valeurs plus que sur les objets, donner une autre lecture du territoire gourmand, engager à découvrir cette facette particulière des traditions françaises, des usages, de la construction d’un menu, des manières de table. constitue une formidable opportunité pour construire dans le temps une image forte et différenciante Renforcant la visibilité et l’attractivité de la destination au regard de sa concurrence, elle affirmera un avantage compétitif partagé et unique autour du concept du « repas gastronomique » des Alsaciens, Bretons, Bourguignons, Francs-Comtois… Au final, s’appuyer sur l’inscription par l’UNESCO du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité, peut permettre un renouvellement de la © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 60 promotion vers les primo-visiteurs de la France comme vers ses marchés matures. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 61 5/ Revaloriser l’animation des territoires L’événementiel est l’un des leviers majeurs pour mettre en pratique les opportunités occasionnées par l’inscription du « repas gastronomique des Français ». S’il existe déjà nombre d’évènements liés à la « gastronomie » ou, plus généralement, à l’alimentaire, l’enjeu est plus de les adapter à l’esprit du « repas gastronomique des Français » que d’en créer pléthore d’autres. Ainsi, on pourrait s’orienter vers des thématiques évènementielles liées aux caractères spécifiques que prennent nos fêtes traditionnelles dans les terroirs, avec, par exemple : le repas de Noël pour les petits budgets, le repas de Noël traditionnel ou, au contraire, très chic ; la fabrication des chocolotas de Pâques, le partage du repas pasqual, ou la course aux œufs… Autant d’opportunités de se rendre en famille dans des lieux différents, selon ses goûts ou ses moyens, pour découvrir chacune des spécialités ou déambuler à la découverte de différents aspects d’un « repas gastronomique » fédérés par une thématique unique. On pourrait également adapter des évènements ou circuits de découverte aux pratiques alimentaires des Français et des touristes, avec des circuits végétariens, ou des circuits plus… « carnivores ». Ou encore, convier les habitants et les visiteurs dans une série de lieux différents pour se restaurer à chaque étape du parcours, avec un apéritif pris à la halle du marché, une entrée dégustée chez un traiteur, un plat du jour partagé avec un producteur ou le propriétaire d’une table d’hôte et un café gourmand aux champs… On s’inspirera également d’évènements multi-contenus, à l’image de l’exposition « Gourmandises » proposé par les Musées Gadagne de Lyon de Novembre 2011 à fin Avril 2012. Cette exposition avait pour but de mieux faire comprendre comment s’est construite l’image gastonomique de Lyoneautour d’un important programme composé de visites commentées, ateliers pédagogiques, projections de films, musique, balades urbaines… Mais, au-delà de cette exposition particulièrement en phase avec les valeurs du « repas gastronomique des Lyonnais », ses traditions et ses lieux cultes comme La Brasserie Georges, © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 62 Paul Bocuse, les Mères de Lyon, la cuisine lyonnaise des bouchons…, c’est toute la Capitale des Gaules qui s’est mise à l’heure de la gourmandise. la presqu’île lyonnaise et certains magasins ont créé des vitrines clins l’art de vivre et de déguster, d’hommages aux savoir-faire, aux lyonnaises et aux chefs étoilés ; grands d’œil à autant mères pâtissiers chocolatiers, boutiques de design, de cuisine et d’arts de la table, créateurs de luminaires, coiffeurs… ont proposé des créations personnelles autour de cette thématique. Vitrine d’un salon de lyonnais, Place Carnot www.leprogres.fr) coiffure (source Cette manifestation a également été l’occasion de repenser la médiation à l’égard des plus jeunes: ils étaient invités à ouvrir les tiroirs de grands garde-mangers pour découvrir des documents, à jouer à la dinette avec des mini-aliments, à mettre la table dans des bistrots et des grands restaurants à l'aide de couverts et d’assiettes aimantés, à jouer avec des plats, à reconnaitre les bruits de la cuisine ou les odeurs de produits employés en pâtisserie... Cet exemple d’évènement très complet est une démarche qu’il serait intéressant de dupliquer ou d’adapter à d’autres territoires et à leur culture « gastronomique » propre pour mettre en exergue une table vivante, créative, porteuse d’identité, d’art de vivre.. Il symbolise une volonté forte de médiation de toute la chaîne du repas, là où de nombreux événements se focalisent sur une dimension unique… D’autres initiatives construites autour des notions de convivialité, du partage désintéressé, de découverte, en bref autour des valeurs de l’inscription, peuvent être déclinées à travers des évènementiels « citoyens ». En proposant des repas gastronomiques servis à la campagne, dans des champs aux panoramas grandioses, une entreprise néerlandaise a convié une centaine de convives au grand air. Source: Buitengewoon in het land Cette nouvelle tablée s’inscrit dans la mouvance des espaces pop-up, ces lieux éphémères mobiles qui s’établissent là où le vent les porte, au grands vents pour l’exemple hollandais ! Le choix du site et les menus de cinq services sont planifiés en collaboration avec les producteurs régionaux, les propriétaires fonciers et les restaurateurs. Les abonnés du site Internet reçoivent un courriel leur annonçant la date et l’emplacement de la prochaine « table champêtre » ainsi que le nom du chef invité pour l’occasion. La saison débute en juin © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 63 et prend fin en septembre, qu’il fasse beau ou… moins beau. En cas de pluie, le repas est servi à l’abri dans une serre ou dans tout autre espace pop-up à proximité. C’est simple et convivial ! En France, à l’occasion de la première Fête de la Gastronomie, le Comité Régional du Tourisme de Bourgogne - qui a fait de la « gastronomie » le premier axe de sa stratégie marketing - a coordonné l’opération Fantastic Picnic. Un événement régional, associant dès la première année plus de vingt offices du tourisme et de nombreux partenaires – CDT, associations, restaurateurs, producteurs et entreprises – qui s’est décliné en une trentaine de manifestations locales autour des modèles bourguignons du pique-nique, associé à la découverte de différents lieux du territoire. Organisée sur un week-end, cette forte mobilisation autour de l’événement a permis de générer des retombées presse régionales importantes. Mais surtout, fort de ce succès, rendez-vous est déjà pris pour 201240 ! 40 Une fiche technique en annexe détaille les conditions de succès et de conduite d’une telle opération partagée par une région touristique toute entière ! © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 64 6/ Mieux exploiter les avantages du web 2.0 La valorisation du « repas gastronomique » d’une région ou d’un territoire doit s’appuyer fortement sur une dimension affinitaire, et en particulier sur ce qu’il est convenu d’appeler le web 2.0 : forums communautaires, blogs, pages Facebook, fils twitter, sites communautaires… En effet, l’ensemble des activités touchant à la « gastronomie » revêt un lien quasiment « charnel » et en tout cas très personnel. Qui n’a pas partagé avec ses amis les secrets de fabrication des recettes « de famille » ? Quel producteur du terroir n’essaie pas de transmettre sa passion pour les bons produits, issus d’un savoir-faire ancestral ? Comme le dit le fondateur et créateur de la revue Omnivore et organisateur de l’Omnivore World Tour, dans une interview du magazine en ligne INfluencia: « [la cuisine est devenue tendance] parce qu'elle est le dernier rempart contre la barbarie, la solitude, les ennuis. La cuisine c'est la vie, c'est l'amour, la famille et les amis. La cuisine fédère (oppose aussi). En temps de crise c'est un refuge, une façon de se retrouver, loin du stress, du travail. C'est devenu un objet télégénique mais elle porte en elle cette force vitale qui relie les hommes entre eux, les nourrit, et leur permet de vivre. Consciemment ou inconsciemment, les media le sentent, s'y intéressent et en font une tendance ». L’Islande se met à table… Surfant sur l’esprit de l’inscription sans même en être bénéficiaire, nos amis Islandais ont conçu une opération de promotion internationale en ligne, associant les habitants à la promotion et à l’accueil des visiteurs, et permettant de partager un repas après avoir découvert le territoire avec son hôte… Il semble même possible de déguster des pancakes fabriqués par la femme du président de la République, ou des sushis locaux aux côtés du maire de Reykjavik… A voir sur http://invitations.inspiredbyiceland .com La communication autour des valeurs et des produits du « repas gastronomique des Français » peut donc s’engager très efficacement au travers de la communication très personnelle, très impliquante et très ciblée des réseaux sociaux, y compris (et surtout) lorsque l’animateur de la communauté est un gestionnaire de destination. Cette approche communautaire, leur permet un très bon équilibre entre communication « personnelle » (one to one) et visibilité « de masse » (one to many) et ce, à des coûts plus réduits (même s’ils sont en croissance) que les anciens médias du marketing hors ligne ou les sites web traditionnels. La présence des destinations sur les réseaux sociaux nécessite néanmoins la mobilisation de compétences spécifiques et disponibles. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 65 Enfin, le web 2.0 revêt une dimension qui s’accorde tout à fait avec les valeurs prônées par l’UNESCO pour l’inscription du « repas gastronomique des Français », valeurs basées sur le partage, l’échange interpersonnel et la transmission aux jeunes générations. Néanmoins, la réussite d’une telle démarche nécessite de répondre à un certain nombre de conditions. En effet, le web 2.0 et la « gastronomie » ne font bon ménage et ne sont efficaces que lorsque : les contenus sont très professionnels : en matière de « gastronomie » plus encore que dans d’autres domaines, les contenus ne seront validés par les « aficionados » que s’ils sont totalement justes ; les contenus sont très spécialisés et différenciants : les contenus trop génériques des recettes de cuisine généralistes, par exemple - sont déjà présents sur une multitude de sites internet, s’appuyant sur des groupes de médias puissants41 ; l’approche communautaire d’un « repas gastronomique » donné devra en refléter son âme et celle de ses concepteurs ; les contenus sont très concrets : des contenus théoriques n’auront que peu d’impact sur une communauté spécialisée ; celle-ci recherche d’abord des approches personnelles et des expériences vécues, avec photos et vidéos à l’appui et la possibilité d’échanges ; les sites communautaires sont techniquement et ergonomiquement de qualité : comme en matière de cuisine, la moindre faute de goût ou une erreur d’ingrédient conduit au zapping immédiat vers une communauté en ligne plus performante ; des moyens sont mis en œuvre pour générer de l'audience : la génération spontanée d’audience n’existe pas. Il faut agir pour l’acquérir ! Outre les incidences budgétaires, il est nécessaire de mobiliser des moyens humains correspondants (community managers, web-marketers…) ; les dispositifs communautaires sont rattachés au projet « gastronomique » du territoire : associant habitants, associations, entreprises et visiteurs, ils participent ainsi à la création de véritables communautés agissantes, réunies autour de leur « repas gastronomique ». Dans le cadre spécifique d’un événement, une page dédiée réunissant des fans sur Facebook peut être positionnée à la racine d’une approche communautaire centrée sur le « repas gastronomique des Français ». 41 (marmiton.org, Benchmark Group, Aufeminin…pour reprendre l’exemple des recettes de cuisine. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 66 7/ Promouvoir des routes touristiques virtuelles Le plus souvent, les territoires « gastronomiques » font fi des limites de nos organisations territoriales. Ils deviennent dès lors difficiles à promouvoir, tant les stratégies de communication sont encore trop marquées par les limites administratives. A l’instar de ce que d’autres ont réalisé dans le monde réel, avec le succès que connaissent nombre de nos routes des vins ou des produits de terroir…, l’inscription du « repas gastronomique des Français » peut permettre de déployer de véritables routes du goût virtuelles. N’ayant pas vocation à concurrencer les routes physiques, qui se situent en complément de visite lorsqu’elles existent sur un territoire s’intéressant à la valorisation du « repas gastronomique », ces routes virtuelles peuvent permettre de réunir sur un site dédié à la « gastronomie » du territoire les contenus émanant des multiples opérateurs des différentes filières concernées. S’adressant aussi bien au grand public qu’aux prescripteurs, du tour opérating ou aux relais d’opinion de la presse, ces routes du goût virtuelles n’imposent pas la mise en place d’une coûteuse signalétique. Souples et rapides d’administration, elles peuvent être mises en place à moindre coût, pour évoluer ensuite vers des dispositifs en ligne plus construits, au fur et à mesure que leur audience grandira en quantité comme en qualité. Il conviendra bien sûr d’en définir les marchés cibles - en particulier pour déterminer les besoins de traduction - et de recenser la sélection des lieux, sites, activités, établissements en lien avec la thématique de la « gastronomie » dans chaque territoire pour permettre la définition et le choix de la typologie des itinéraires : routes virtuelles thématiques orientées « produit » : o le chocolat, les spécialités du terroir, les vins, les fromages, les savoir-faire … routes virtuelles thématiques orientées « client » partant de son profil et de ses attentes : o authenticité, partage, convivialité, bien être, naturalité, luxe …. ; o découverte, initié, premium, insolite, ludique… ; o segmentation par cibles (famille, couples…)… scénarisation des itinéraires sélectionnés : o définition des « tracés virtuels » ; o détermination des « formats de séjours » suggérés (1 jour, 2 jours…)… Les contenus qui alimenteront un tel dispositif sont de nature différente. On peut citer, à titre d’exemple : © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 67 les itinéraires virtuels : o contenu éditorial général de présentation des itinéraires ; o articles de présentation détaillée des itinéraires (CMS) ; o objets « à voir / à faire » liés aux itinéraires (BDD) ; o cartographie générale et détaillée ; les contenus chauds : o événements et animations liés (dont opération événementielle annuelle) ; o interview texte ou vidéo ; o lettre d'actualités ; les publications des internautes : o intégration des contenus produits par les internautes sur les différents dispositifs en ligne ; les contenus froids : o portraits, recettes, produits phares, viti-vini, arts de la table… ; un espace « presse » : o dossiers de presse thématiques ; o photothèque ; des liens : o site événementiel ; o pages Facebook ; o CRT / CDT / OT ; o interprofessions ; o produits du terroir, y compris vente en ligne ; o …/… Bien entendu, et en particulier pour les routes du goût virtuelles qui concernent plusieurs territoires administratifs, il conviendra de procéder au préalable à l’harmonisation des contenus émanant des bases de données des différents partenaires concernés, et à la traduction des textes dans les langues des marchés cibles. Une cartographie interactive, connectée aux bases territoriales correspondantes, pourra utilement être intégrée à un tel dispositif en ligne. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 d’information 68 Principes de la page d’accueil des routes virtuelles du goût © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 69 Conclusions La « gastronomie » est un secteur majeur pour le tourisme hexagonal : les clientèles intéressées par cette thématique possèdent un haut pouvoir d’achat, effectuent des séjours hors-saison, fréquentent davantage les hébergements marchands… et méritent donc d’être particulièrement ciblées ; les retombées économiques de la filière sont particulièrement élevées, que cela soit en termes de chiffre d’affaires ou d’emplois ; la « gastronomie » est une composante primordiale de l’image des destinations touristiques pour les clientèles françaises et encore plus pour les clientèles internationales ; l’ensemble des destinations touristiques peuvent revendiquer, à un titre ou à un autre, des richesses « gastronomiques », dans la diversité de leurs produits et de leurs acteurs. L’inscription du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO : consacre un fait social plus qu’un produit ou un savoir-faire, en valorisant le repas des Français dans sa dimension d’échanges, de convivialité et de transmission aux jeunes générations ; reconnaît implicitement la puissance de la filière « gastronomie » pour les territoires de l’Hexagone ; ne permet pas en revanche d’utilisation directement marchande, mais permet néanmoins, à travers la mission de la MFPCA, de mettre en avant les initiatives contribuant à valoriser le « repas gastronomique des Français » et sa transmission aux générations futures. Ainsi, les filières de la « gastronomie » méritent d’être valorisée différement au sein des territoires, et l’inscription du « repas gastronomique des Français » leur offre des leviers innovants. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 70 Pour les destinations qui souhaitent en profiter et mobiliser leurs habitants, leurs associations, leurs réseaux professionnels et leurs visiteurs autour de l’identité particulière de leur territoire, résumons les principaux leviers, où le « repas gastronomique des Français » constitue une formidable opportunité pour : associer les habitants à l’accueil des visiteurs en inscrivant leurs initiatives dans une tradition d’échanges et de partage ; développer une nouvelle approche de la relations aux produits, s’appuyant sur les tendances émergentes de la consommation et des circuits courts ; repenser en profondeur l’organisation et l’animation des différents réseaux participant de l’identité « gastronoique » des territoires ; affirmer un avantage compétitif différenciant et durable vers de nouveaux prospects, tout en renouvelant les stratégies de promotion vers les marchés matures de proximité ; dynamiser les territoires, en insufflant l’esprit de l’inscription à de multiples opérations événementielles ; partager les valeurs ainsi mises en visibilité au sein de communautés d’intérêt, motivées et agissantes ; favoriser l’envie et le déclenchement de séjours par le déploiement de routes du goût virtuelles, prémisses d’une itinérance gourmande au cœur des terroirs. En maîtrisant les leviers les mieux adaptés à leur contexte local, partant de la richesse des habitants pour leur rendre le plaisir des hôtes qu’ils auront accueillis, les différents réseaux mobilisés auront ainsi ancré en profondeur les valeurs qui fondent l’inscription de leur « repas gastronomique » au cœur d’une relation durable. A partir de l’expérience réussie par les partenaires du tourisme en Bourgogne, les annexes de ce guide détaillent le montage d’un projet d’évènement spécifique autour de l’inscription du « repas gastronomique des Français », et propose une feuille de route précise, susceptible d’être déployée par chacun. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 71 Fiche technique : construire un événementiel valorisant le « repas gastronomique des Français » Le contenu de cette fiche technique a été élaboré à partir d’une analyse détaillée de l’opération Fantastic Picnic, première manifestation régionale d’ampleur, élaborée en réseau par les partenaires du tourisme bourguignon, dans l’esprit de l’inscription du « repas gastronomique des Français » sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. 1/ Définir des objectifs précis Les objectifs d’une opération événementielle construite autour du « repas gastronomique des Français » concernent l’attractivité, la promotion, l’organisation et la production touristique et « gastronomique » de la destination. Une telle opération peut efficacement contribuer à : affirmer un avantage compétitif fortement différenciant par rapport à la concurrence puisque construit sur les valeurs propres du territoire, se traduisant par sa manière spécifique de construire, de partager et de valoriser le « repas gastronomique des Français » par ses forces vives ; créer une dynamique structurant la promotion thématique de la destination, et participer au renforcement de la qualité d’accueil sur le territoire au travers des différentes manifestations organisées dans le cadre de l’opération événementielle ; développer la mobilisation du grand public en organisant le partage et la transmission de la culture et des valeurs du « repas gastronomique des Français » au plus grand nombre, habitant, excursionniste ou touriste français ou étranger ; permettre aux professionnels du tourisme et de la « gastronomie » d’exprimer la complémentarité de leurs registres de compétences pour développer leur notoriété et leur image, et, incidemment, leur chiffre d’affaires ; enfin, renforcer le travail en réseau entre les acteurs institutionnels, leurs partenaires publics et les professionnels du secteur privé, tout en ouvrant de nouveaux champs de coopération impliquant les habitants et les visiteurs. Loin d’être anecdotique malgré sa thématique festive, l’organisation d’un événement de valorisation du « repas gastronomique des Français » peut donc constituer un véritable levier de l’attractivité et de la fréquentation des destinations touristiques. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 72 2/ Mobiliser largement Un événement s’appuyant sur la valorisation du « repas gastronomique des Français » peut mobiliser quatre cibles complémentaires : les habitants, qui sont souvent les acteurs de la réussite de telles manifestations, à travers la mobilisation des comités des fêtes ou des associations de bénévoles. o Pour une destination, intégrer les habitants à l’organisation permet de renforcer le lien social par la valorisation des savoir-faire locaux, de nouer des relations dépassant le strict cadre institutionnel, et de bénéficier d’un formidable relais de promotion auprès des familles et amis que les habitants ne manqueront pas d’inviter à l’opération, surtout s’ils sont associés à sa conception et à sa mise en œuvre. les excursionnistes, habitants des régions voisines ou touristes en séjour à proximité, qui peuvent se rendre sur le territoire à l’occasion de l’événement dédié au « repas gastronomique des Français ». o Pour une destination, une telle opération accroît la fréquentation du territoire, surtout si la manifestation est programmée en dehors de la haute saison touristique, et peut constituer l’occasion d’un premier contact avec le territoire, susceptible de se transformer en séjour ultérieur. les touristes intéressés par la « gastronomie » à la recherche d’une idée de séjour. o Pour une destination, un événement construit autour du « repas gastronomique des Français » est l’opportunité de déclencher une envie de séjour auprès de ces clientèles à forte valeur ajoutée, à condition toutefois que l’événement, comme la communication associée, soient suffisamment attractifs pour emporter leur décision. les professionnels privés et publics des différents réseaux et filières du tourisme et de la « gastronomie ». o Pour une destination, l’association de ces opérateurs publics privés ou associatifs, au montage de l’opération permet non seulement de valoriser leurs compétences, mais également de renforcer les partenariats et de développer les mises en réseau transversales que la promotion touristique recherche depuis de nombreuses années. Outre le renforcement de l’attractivité, une approche originale et performante de la promotion et l’incidence directe sur la fréquentation, l’organisation d’un événement de valorisation du « repas gastronomique des Français » constitue une formidable opportunité de mobilisation croisée des quatre cibles essentielles concernées par le développement touristique des territoires. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 73 3/ Les recettes du succès Pour concevoir et organiser un événement s’inscrivant dans l’esprit du « repas gastronomique des Français », il convient de respecter quelques principes essentiels : privilégier les approches non marchandes : un tel événement se doit d’être basé sur les valeurs de partage, de convivialité et de transmission fondant l’inscription, donc sur les relations humaines plus que les relations commerciales ; toutefois une contribution financière des participants à la manifestation peut s’accepter si elle ne constitue pas la condition exclusive de participation ; travailler la créativité : un tel événement peut prendre des formes très diverses, sur le plan culinaire - un pique-nique, un banquet, des dégustations ou des cours de cuisine… - , comme en matière de logistique, avec un lieu central ou une diversité de sites reliés entre eux ; autant d’opportunités pour favoriser l’itinérance et la découverte du territoire en libérant les envies ; valoriser les spécificités du territoire : chaque région, chaque terroir a construit au fil des siècles les composantes particulières qui ont forgées « SON repas gastronomique » ; l’événement devra donc impérativement s’appuyer sur l’ADN du territoire, qu’il s’agisse des recettes qui seront proposées aux participants ou, plus encore, de leur explication permettant la valorisation des savoir-faire particuliers qui font leur richesse unique ; favoriser les rencontres : la transmission est l’un des bénéfices recherchés au travers de l’inscription, il convient donc de l’organiser en concevant un programme qui favorise les échanges entre les différentes parties prenantes de la manifestation, mais également en impulsant un tempo qui laisse la place à la flânerie et aux découvertes et rencontres humaines inattendues ; choisir une période appropriée : à l’évidence, qu’il s’agisse de mobiliser les habitants ou les clientèles particulièrement motivées par la « gastronomie », la période de hors-saison s’impose pour l’organisation de ce type de manifestation qui, dès lors, contribuera également à l’étalement des flux de fréquentation dans le temps ; comme on le verra en conclusion, une période idéale peut être celle où, à l’échelle nationale, s’organise la Fête de la gastronomie ; inscrire l’opération dans la durée : comme l’inscription, qui consacre une culture séculaire, une telle manifestation ne prendra tout son sens que si elle est conçue dans une optique de long terme et non comme un « coup » opportuniste ; elle participera alors durablement à la construction et à la reconnaissance des valeurs du territoire résumées dans le partage de son « repas gastronomique ». © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 74 4/ Elaborer le dossier de présentation de l’événement A l’initiative du territoire et à l’attention de l’ensemble des parties prenantes qui se mobiliseront sur l’opération, les grands axes de la manifestation doivent être définis en amont. Ils porteront sur le thème proposé, suffisamment précis pour « colorer » la manifestation, mais suffisamment large pour ne pas brider les initiatives des partenaires qui s’associeront à l’organisation des événements. Afin de ne pas prêter à confusion, ils expliciteront les valeurs en phase avec l’inscription, qui devront être respectées par les différents partenaires. Enfin, ils pourront donner des idées du type de manifestations pouvant être organisées, pour susciter des initiatives de qualité auprès des partenaires publics et privés qui rejoindront le projet. Le dossier de présentation pourra prendre la forme d’un guide opérationnel, véritable cahier des charges fixant les droits et devoirs des différents partenaires. Ce cahier des charges pourra comprendre : le rappel des valeurs fondant le projet, traduites à l’échelle du territoire ; la présentation du thème proposé pour l’opération ; les idées d’événements déjà programmés ou qui pourraient être organisés ; les partenariats recherchés par l’organisateur ; les modalités permettant à un partenaire de s’associer à l’événement ; la présentation du plan de communication associé et des modalités de valorisation des différentes initiatives associées à l’opération ; un contact permettant de joindre la maîtrise d’ouvrage du projet. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 75 5/ Mobiliser les partenaires potentiels A l’échelle d’un territoire, de nombreux réseaux, de professionnels du tourisme et de la « gastronomie », d’opérateurs publics, associatifs ou d’habitants, sont susceptibles de se mobiliser autour d’un événement de valorisation du « repas gastronomique des Français ». Avant de passer à la phase opérationnelle, il convient donc de sensibiliser l’ensemble des têtes de réseau, afin de leur proposer de s’associer à la manifestation. Cette étape essentielle pour l’organisation à venir doit s’adapter à la spécificité du territoire. Elle concourt à fixer les termes des différents apports de chaque partenaire, en nature et / ou en valeur, et donc de calibrer le financement général de l’opération. Elle permet d’apprécier en amont l’ampleur que prendra la manifestation pour ses différents publics, et donc d’envisager sa logistique et de préparer sa communication. Emmanuelle Hervieu, chef de projet des Fantastic Picnics Pendant trois mois, Emmanuelle a piloté l’opération montée en Bourgogne. Chef d’orchestre coordonnant professionnels et bénévoles, elle définit son rôle comme celui d’une « animatrice, coordinatrice, communicante et gestionnaire, mais aussi parfois du « pompier de service » ou de la « maman » des uns ou des autres, tant le rôle de chef de projet sur ce type d’opération impose « une réactivité et une capacité à créer de l’empathie au sein d’un groupe souvent très… diversifié ». La mobilisation des partenaires peut se prolonger par la mise en place d’un comité de pilotage qui sera le lieu de la coordination stratégique de l’opération événementielle. Mettre en place une véritable équipe projet Si le pilotage stratégique d’une telle opération relève d’un comité réunissant les responsables des partenaires mobilisés, sa réussite opérationnelle ne peut s’envisager sans la mise en place d’une équipe dédiée, travaillant en réseau aux aspects pratiques liés à l’événement. L’équipe projet sera composée des représentants opérationnels des différentes structures et organismes associés à la manifestation. Elle aura en charge la préparation et le montage des événements, la coordination des intervenants et la mobilisation des bénévoles, l’organisation de la sécurité et de la logistique de la manifestation, et celle de la communication interne et externe qui, avant, pendant et après l’opération, s’appuiera sur les ressources propres et partagées des partenaires associés. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 76 Enfin, il lui reviendra de tirer le bilan de l’opération réalisée, au travers d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs, qui permettront d’améliorer, d’année en année, l’organisation de la manifestation et, corrélativement, la promotion de la destination. 6/ Parler de l’événement, parler du territoire ! 6.1/ La communication : avant, pendant et après 30 000 € de budget en Bourgogne Comme pour toute manifestation touristique, trois temps de communication sont à prévoir. Compte tenu de la nature particulière d’un événement centré sur le partage et l’échange, ils prennent en revanche une tonalité spécifique : avant l’événement, la communication sera autant tournée vers les participants potentiels extérieurs au territoire, pour les prévenir de la tenue prochaine de la manifestation, que vers les habitants et les opérateurs du territoire, à l’effet de les mobiliser à venir rejoindre les équipes d’organisation, en particulier bénévoles ; au moment de l’événement, la communication sur site(s) visera à guider les participants vers le(s) lieu(x) retenu(s) par les organisateurs ; compte tenu de l’impératif de partage, elle pourra également participer de l’information sur les caractéristiques spécifiques des « repas » qui auront été programmés ; Une affichette attractive, tirée à plusieurs milliers d’exemplaires, un dossier de presse et le renfort des dispositifs en ligne des partenaires ont suffit à la médiatisation de la première édition des Fantastic Picnics bourguignons… Rien à voir avec le budget d’une éphémère campagne de publicité ! à l’issue de la manifestation, outre les remerciements qu’il conviendra d’adresser à l’ensemble des partenaires mobilisés, la communication pourra venir prolonger la manifestation par la médiatisation des temps forts qui l’auront jalonnés, mais également dans l’optique de renforcer la communauté d’appartenance interne et externe au territoire qu’elle aura contribué à créer. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 77 Communiquer avant, pendant et après une telle manifestation participe non seulement de la notoriété de la destination, mais également de la construction de son image et de son ancrage dans l’humain, facteur clé de l’inscription du « repas gastronomique des Français ». 6.2/ De la communication de proximité avant tout… Compte tenu de la proximité géographique des cœurs de cibles que constituent les habitants du territoire, ceux des régions voisines et les touristes en séjour, les médias de proximité s’imposent naturellement pour communiquer sur une telle manifestation. L’affichage, la presse et les radios locales et régionales s’imposent dès lors comme les médias clés pour la promotion d’une telle opération. Au niveau de l’affichage, et en particulier pour les opérations qui mobiliseraient de nombreux partenaires bénéficiant de points de vente ou d’accueil des clientèles visées, une petite affichette de vitrine sera tout aussi efficace que la location d’un grand réseau urbain… sans en avoir le coût ! Une telle opération gagnera à associer les Offices de Tourisme du territoire. Point d’accueil naturel pour les clientèles de passage. Dès lors, ils pourront également retrouver auprès de leurs propres habitants ce rôle si particulier d’animation locale qui fait leur importance essentielle dans le paysage touristique institutionnel. Pour la presse, un dossier présentant les événements et valorisant les apports spécifiques de l’ensemble des partenaires associés au montage des opérations, et la conférence de presse correspondante, permettront de « lancer » la manifestation. A l’approche de la date retenue, des communiqués réguliers permettront de nourrir les rubriques « agendas » que proposent en général les médias locaux. De même, l’envoi du bilan de l’opération permettra de « prendre date » pour l’année prochaine. Si les relations presse traditionnelles sont incontournables pour un plan média axé sur l’événementiel, il convient désormais d’élargir l’approche par la prise en compte des nombreux blogs dont les auteurs sont passionnés par le thème de la « gastronomie ». Des contenus très personnels, une audience très ciblée et, pour les meilleurs, de vrais communautés d’audience en font des relais potentiels efficaces. Encore faudra-t-il les alimenter de façon spécifique, en prenant soin de relayer auprès d’eux les événements de la manifestation en rapport avec la thématique qui fait la passion de l’éditeur du blog, et de conserver à l’esprit que, plus encore que les journalistes de la presse traditionnelle, les bloggeurs ont des personnalités affirmées qu’il convient de prendre en compte. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 78 Quel que soit le plan média retenu, une attention particulière est à porter à la coordination de la communication sur l’événement, en particulier du fait du nombre de partenaires qui y seront associés. Ainsi, il a appartiendra à l’équipe projet de concevoir des supports qui pourront être personnalisés par chaque partenaire associé à l’opération, afin qu’il y trouve les moyens de valoriser ses propres initiatives, tout en participant de la construction d’un esprit et d’une image communs à l’ensemble de la manifestation. 6.3/ Du web événementiel en complément… Le potentiel événementiel de l’internet le positionne naturellement en complément des médias de proximité. Outre qu’il permet de toucher des clientèles plus lointaines, un site web événementiel dédié à l’opération organisée par les partenaires du territoire permettra d’en développer la fréquentation. Il pourra également apporter des services complémentaires aux visiteurs, comme aux organisateurs : Un dispositif événementiel sur le web actualisable en temps réel, c’est le support privilégié pour tenir à jour en temps réel un calendrier des manifestations qui intéressera le grand public à la recherche d’une © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 79 sortie à proximité ou pour un week-end, et pour favoriser l’accès des journalistes aux dossiers et communiqués de presse ; doté d’un back-office permettant de déposer des contributions, c’est l’outil idéal pour permettre aux partenaires de la manifestation de proposer le descriptif de leur projet, que les communicants de l’équipe dédiée pourront alors mettre en forme à l’attention du grand public. Les contenus qui alimenteront un tel dispositif sont de natures différentes. On peut citer, à titre d’exemple : la carte d'identité des événements (source organisateurs locaux) : o l’intitulé, le lieu, sa date, sa localisation… ; o la présentation des événements, leur programme détaillé, les éventuelles modalités d’inscription, les tarifs ou la mention de la gratuité… ; o la présentation des organisateurs et de leurs partenaires, et les moyens de contact proposés au grand public… l’actualité / les contenus chauds (source partenaires territoriaux et têtes de réseaux) : o les articles détaillés présentant les événements ; o des interviews d'organisateurs et de professionnels associés à la manifestations… ; o des reportages sur les événements de l’année N-1, et les supports multimédias de l'année N. les publications des internautes, par intégration des commentaires des participants aux différents événements ; un espace dédié aux « professionnels » (source organisateur de la manifestation) o le guide opérationnel du créateur de manifestation ; o le formulaire d'inscription en ligne d’une manifestation à l'événement ; o les fiches techniques des manifestations locales ; o l’annuaire des contacts et le qui fait quoi dans l’équipe d’organisation ; o le bilan des opérations… un espace presse ; des contenus froids (source partenaires territoriaux) : o les sites de visites et activités périphériques issus des bases de données régionales ; o des articles de fond sur la « gastronomie » les produits, les terroirs du territoire ; o la présentation d’initiatives et de portraits des acteurs de la « gastronomie » et des activités artisanales afférentes ; o des liens vers des dispositifs touristique en ligne connexes, les interprofessions… © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 80 Ainsi relié à l’écosystème web du territoire et au site de la Fête de la Gastronomie, le dispositif web événementiel dédié à l’opération deviendra un pôle complémentaire de captation d’une audience extrêmement qualifiée. 7/ Tirer parti du relais national de la Fête de la Gastronomie La Fête de la Gastronomie, organisée en cohérence avec les dispositions du plan national de l'alimentation, associe tous les ministères, notamment ceux de l'Education Nationale, de l'Agriculture, de la Solidarité et de la Cohésion sociale, des Collectivités territoriales, de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage, de l'Outre-mer, et du Commerce Extérieur. Elle est soutenue par de nombreuses fédérations et organisations professionnelles ainsi que par Atout France. Lancée à l'initiative de Frédéric Lefebvre, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, la Fête de la Gastronomie a pour ambition de devenir « une grande fête populaire célébrant le dynamisme, le savoir-faire et l'innovation « gastronomiques » français ». www.fete-gastronomie.fr A partir d’une thématique fédératrice – la Terre en 2011 – l’objectif est de rassembler chaque année, le premier jour de l’automne, le grand public et les professionnels du secteur autour des valeurs d’échange, de partage et de découverte des produits, des terroirs et des métiers qui touchent la « gastronomie ». L’édition 2011 a connu un réel succès, tant qualitatif que quantitatif, avec plus de 6 000 événements, dont 4 000 portés par des professionnels, et des retombées très positives en termes d’image et d’attractivité pour la France et sa « gastronomie », notamment auprès de la presse internationale. Toutes les initiatives ont la possibilité d’être référencées, qu’elles soient organisées par des professionnels, des institutionnels ou des opérateurs privés, par des associations ou par des particuliers, sur le site officiel de la Fête de la Gastronomie, quel que soit leur type et qu’elles concernent 10 ou 1 000 personnes. Prévue le 22 septembre en 2012, la Fête de la Gastronomie constitue donc une véritable opportunité d’élargir considérablement l’audience d’une manifestation locale qui se situerait à cette période. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 81 8/ Du virtuel au réel Au-delà de l’expérience bourguignonne, les réflexions menées avec les partenaires du Grand Est ont ouvert des perspectives à même de contribuer à renforcer la présence sur la toile des destinations françaises. 8.1/ Organiser la montée en audience Une destination qui prendrait la décision de construire des routes du goût virtuelles parallèlement au montage d’une opération événementielle construite autour de la valorisation de l’inscription du « repas gastronomique des Français » est susceptible d’organiser une montée en puissance progressive de son audience en ligne, telle qu’illustrée ci-dessous. La montée en puissance progressive des stratégies d’acquisition d’audience Combinant l’audience annuelle acquise lors de chaque événement à la montée en puissance progressive du dispositif web dédié aux routes du goût virtuelles, une telle opération peut conduire à la création d’une véritable communauté d’intérêt en ligne, dédiée aux spécificités des différentes facettes de la « gastronomie » du territoire ainsi valorisées. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 82 A noter que la sémantique utilisée pour le référencement naturel et payant centrée sur le « repas gastronomique des Français » mobilise un vocabulaire très différent de celui sur lequel travaillent habituellement les destinations touristiques. Elle se positionne dans un champ lexical beaucoup moins concurrentiel. Un rapide comparatif entre le prix d’achat du mot-clé « hôtel » et du mot-clé « recette » suffira à convaincre le webmarketer le moins aguerri : un autre facteur d’économie budgétaire qui, par l’achat de mots-clés moins chers, viendra gonfler l’audience des différents dispositifs en ligne de la destination, tout en facilitant son référencement à long terme sur des registres où elle est généralement absente. © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 83 8.2/ Le calendrier possible d’une telle opération Le calendrier présenté ci-dessous présente de manière réaliste le temps nécessaire à l’organisation complète des actions décrites plus haut. Il comprend à la fois la mise en place d’un événementiel dédié à la gastronomie et celle des premières routes virtuelles du goût. Les étapes les plus longues sont sans surprise celles dédiées à la constitution du groupe projet, à la production de contenus, au développement des plateformes technologiques et à l’animation des partenaires. Mois 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Etape 1 : cadrage du projet Mise en place du comité de pilotage et arbitrages stratégiques Désignation de l’équipe projet (événementiel + permanent) Réunion de briefing de l'équipe projet X Définition concept et thème événement (en lien avec événement national) Etape 2 : préparation de la première opération événementielle Rédaction du guide opérationnel à destination des organisateurs Réunions régionales de présentation de l'opération Recrutement des organisateurs Recherche de partenaires Animation et coordination régionales et inter régionale Bilan de la première édition et recadrage pour l'année n+1 Etape 3 : préparation de la plateforme technologique Rédaction du cahier des charges et choix de la procédure juridique Lancement de la consultation Sélection des prestataires Lancement de la page Facebook Pro temporaire Lancement de la page Facebook Grand public temporaire Développement, tests et recette liés au site événementiel Mise en ligne du site événementiel Développement, tests et recette complémentaires Mise en ligne du site des routes du goût Etape 4 : production éditoriale Élaboration calendrier annuel d’animation éditoriale Espace pro Carte d'identitité des événements Contenus chauds du dispositif événémentiel Intégration des contenus événementiels Alimentation web 2.0 Mise en ligne reportages et vidéos événements Sensibilisation des partenaires territoriaux et professionnels à l’apport de contenus Conception des itinéraires inter régionaux Contenus chauds du dispositif permanent Intégration des contenus permanents Déploiement plan de communication Diffusion des outils Suivi terrain Finalisation plan de communication Etape 5 : stratégie d'acquisition d'audience Définition des objectifs quantitatifs et qualificatifs, programmation budgétaire Contribution à la stratégie de référencement naturel Cahier des charges du plan d'acquition d'audience Consultation et choix du prestataire Optimisation du plan d'acquisition d'audience Etape 6 : communication hors ligne Sélection de l'agence de presse Rédaction dossier de presse Cahier des charges communication Choix du prestataire Réalisation des supports Etape 7 : évaluation et suivi concours ©Résultats Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 Bilan des événements Bilan du dispositif de promotion 84 8.3/ Les enveloppes budgétaires à mobiliser De la même manière que pour le planning, nous proposons un exemple de budget prévisionnel indicatif pour la mise en œuvre d’une action telle qu’elle est décrite au chapitre précédent. Ce budget estimatif permet de couvrir le coût de la mise en place opérationnelle d’un événementiel dédié à la gastronomie ainsi qu’un premier projet de routes virtuelles du goût, notamment sur son volet de promotion. Ce budget n’inclut pas les ressources humaines nécessaires à la mise en place de telles actions, ressources allouées notamment la mobilisation du réseau des partenaires et à son animation. Budget total € HT hors RH Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Opération événementielle Site web événementiel et plateforme 2.0 60 10 10 10 Acquisition d'audience en ligne 50 60 70 80 Soutien à la communication locale 80 70 60 50 Relations presse France 35 35 35 35 Total opération événementielle 225 175 175 175 Routes virtuelles du goût Sites web routes du goût 30 15 5 Version téléphones mobiles 20 20 20 Acquisition d'audience en ligne 100 150 200 Relations presse et publiques étrangers (TO…) 35 35 35 35 Total routes virtuelles du goût 35 185 220 260 Total général 260 360 395 435 © Lancéa Développement pour Atout France – Avril 2012 85