Les systèmes de jeu - Le Sprint de Sherbrooke

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Les systèmes de jeu - Le Sprint de Sherbrooke
Quel système de
En ce début de saison, bon nombre
d'éducateurs hésitent encore entre le 4-4-2, le 4-3-3, le 3-5-2, etc ...
Pour y voir plus clair et vous aider à affiner votre jugement,
VESTIAIRES a demandé à Christian Gourcuff de décrypter de
façon schématique les principaux systèmes et leurs variantes.
Avec pour objectif de donner des pistes de réflexion, d'inciter à
l'analyse, de se forger sa propre opinion, et de faire son choix!
INTRODUCTION
1
"Garder ses convictions
sans se montrer rigide"
"Chaque entraîneur possède sa
propre conc ption du jeu. Il a
des conviction qu'il ne doit
pa renier. C'e t comme un
grand Chef qui a es recette . i
on lui demande de faire du
teak purée. il ne fera sans
doute pas mieux que le
autre . En revanche, 'il choi it
un plat original à l'intérieur
duquel il exprim ra a ensibilité, sa façon d voir, qui ont
le fru it de son vécu, de
n
expérience, il deviendra performant. À condition de ne pa
impo er une aveur coûte que
coûte, mai de tenir compte
1
des ob ervation ... En football,
n technicien doit
se montrer uffi amment souple, et non pa rigide, dans
l'application de e idées. A lui
de s'adapter au profil de ses
joueurs
n mettant au point
une organi arion qui p rmet
de tirer profit de leur point
forts. Pour un entraîneur, c'e t
la recherche de ette harrno-
c'e t pareil.
1
Échanger avec le joueur
On ne peut pa uccomber aux
desideratas de un et de . autres.
Je veux jouer ici, je veux jouer là ...
Ce qui compte avant tout, c'e t
d'avoir l'équipe la plu compétitive pos ible. Cela dit, il ne faut
pas être rigide, mais échanger
avec le joueur. À Lorient, Yann
]ouffre, que je menai à gauche,
préfère l'axe. Je lui ai expliqué
qu'en tant que gaucher, il devait
jouer du côté de on pied fort
pour élargir le jeu. Mai . il ne \'OUlait pa en démordre. Avant même
d'entrer sur le terrain. il broyait
du noir. Ln jour. je l'ai e sayé à
droite. Il a été intére sant. Il m'a
dit qu'il préférait toujours l'axe
mai qu'à droite c'était mieux qu'à
gauche ... Comme il rentrait ver
l'intérieur, il avait l'impre sion
d'être plu libre. J'ai donc renoncé
à l'utili cr à gauche même i au
fond de moi j'étai per uadé que
c'était
on meilleur po te. Au
moins, il rentrait sur le terrain dan
de meilleure di p sitions. Tout
ça pour d ir e qu'à partir d u
moment où l'on ne parvient pas à
convaincre
un joueur dan
l'échange. il ne faut pa impo er.
n joueur qui n'et pas épanoui
va voir es qualités décliner".
nie qui est passionnante. On
retrouve ici toute l'ambiguïté
entre le collectif et l'individu.
Par nature, le joueur est individuali te. C'e t son plaisir qu'il
va chercher. Et bien ce plai ir,
i! faut l'aider à le trouver à traver le collectif. D'où l'importance du sy tème de jeu, de
on organi arion, qui agira à la
foi
ur la compétitivité
de
l'équipe, mais aussi ur l'épanoui ement de joueurs qui
en ont le acteurs".
LE 4-4-2 ET SES
VARIANTES
"Rationnel, souple et
adaptable"
"En football, oit on choisi un
ystème qui prône la récupération collective du ballon (la
zone),
oit un principe qui
Christian Gourcuff
•
Jeu our votre équipe?
r po e d'abord ur le individualités, avec du marquage
individuel ou plutôt de l'individuel dan la zone. À partir du
moment où l'on 'oriente ver
un y tème collectif, le 4-4-2
m'apparaît comme le plus souple pour qu'on l'adapte. Il
favorise l'équilibre de l'équipe
t perm ( une tran ition très
rapide entre la phase défensive et offensive (voir conférence de Chri tian Gourcuff
dans e tiaire
°4, dlr).
C'est un y tème qui n'est pa
figé, ouvert à tous le profil .
On peut avoir des attaquants
rapides, de attaquants de soutien, de attaquant d'espace ...
C'e t à l'entraîneur en uite de
trouver la bonne coordination
et le bonne complémentarité entre le joueur".
"Le 4-2-3-1, l'adaptation
la plus courante"
" i l'on po
de un eul véri-
Pas besoin d'empiler les attaquants pour marquer
"Ajouter un attaquant pour marquer ou un défen eur pour préerver un core, ce n'e t pa raionner collectivement.
Pour marquer.Il faut que le bloc équipe soit
haut afin que la participation d'un
maximum de joueur
permette
d'être efficace dan la finition.
Avec une seule pointe mais un
bl c équipe très haut, on obtient
une présen e tout à fait ati faisante dans les 30 dernier mètre!
À l'inverse,
i n aligne troi artaquant dan un bloc très bas, la
pré ence sera qua i nulle. On ne
pourra
compter
que
ur des
contres, en partant de loin. Dan
le même regi tre, quand on joue à
Il contre 10, les gens ne cornprennent pa pourquoi on re te à
quatre derrière! Or, i on a une
conception collective du jeu, qui
repose
url'occupationdes
e pace' par le bloc équipe.
a ne
change rien! Le bloc peut très
bien jouer plu haut avec un pre ing plu haut".
table attaquant de pointe, le 4-2 e tran forme ouvent en
4-2-3-1 où le deu ième attaquant é olue dan une po ition plu reculée. Les deux
milieux excentrés, ux, jouent
un peu plu haut pour permettre une occupation rationnelle
de l'e pace. Et l'on a toujour
no deux milieux récupérateur . On est donc bien ici clan
une adaptation du -4-2, la
plu courante. La difficulté
avec ce ystème est cie con erver un bloc court dan la phas
offensive. Le 4-2-3-1 étire le
bloc dan a longueur, ce qui
peut 'avérer intéressant, mais
ce qui entrain au i b aucoup
moin de riche
e dan les
relation .Jouer à deux devant,
ce n'e t pa être plus offensif,
c'e t permettr davantag de
réativité entre deux joueurs
qui p uvent combin r t adapter leur déplacement l'un par
rapport à l'autre".
Bordelaise i on veut, avec un
milieu défen if, deux excentré qui jou nt as ez haut, et
un numéro dix, a pour dé agrément, à la perte de balle,
de libérer beaucoup d'e pace
au milieu. Il faut vraiment une
grande maîtrise collective pour
pouvoir appliquer efficacement une telle organi ation".
"Le 4-1-4-1, un système
très défensif'
"Le 4-4-2 en losange
requiert une grande
maîtrise collective"
"Le
-4-2 en losange
à la
"Le problème que l'on peut
rencontrer parfois avec le 4-42 traditionnel, c'est la gestion
Une équipe limitée doit être performante dans la récupération du ballon
"Théoriquement,
i on veut avoir
des ambition', on ne peut pas abandonner l'initiative à l'adver aire. Il
faut privilégier la ge rion cie la
pha e offen ive, la rnaîtri e du balIon, la circulation, le jeu placé....
Sans occulter l' ffica ité dan la
récupération, néce aire pour jouer
ensuite. Cene récupération du balIon devra être la grande priorité
d'une équipe aux moyen limités.
À Lorient, on a mi avant tout làé
dessu,
mai. ans renier notre
volonté de jouer. Quand on a récupéré la balle. on a cette volonté derrièrede trouver d relations dans la
con truction du jeu. i on balance
devant, on n'arrivera pa à grand-
chose. Et ce quel que oit le sy tèrne. Il n'y a d'ailleur
pa cie sy tème uniquement offensif ou défenif. On peut trè bien jouer en 4-3-3
de façon trè défen ive en fai ant
en orte cie bloquer le couloir !
de I'e pace entre le ligne . La
solution peut être de rajouter
un joueur devant la défense
qui gère le "vide" entre le
deux ligne,
ce qui oblige
cependant d'enlever un attaquant. On obtient donc le 4-14-1 qui re te à mon sen un
y tèrne trè défen if et téréotypé. Le joueur ont tendance,
oit à jouer comme
ur de
rails, soit à partir un peu dan
tau le sens .. .",
"Le 4-3-1-2, sécurisant
en termes d'occupation
d'espace"
"Avec un joueur devant la
défense et deux milieux excentrés qui jou nt plus ba que
dan un 4-4-2 traditionnel, on
01 tient le 4-3-1-2. Cette ligne
Un jeune doit
débuter sur un
côté
"Une équipe e t compo ée d'une
colonne vertébrale (gardien.
défen e centrale, milieux axiaux,
attaquant) qu'il faut changer le
moinspossible. i je décidede lancer un jeune, je l'ai plutôt le faire
jouer ur un côté, voire devant.
C'estmoins ri qué. Dansl'axe, le
re pan abilité, ont plus grandes.
Le erreur e payent au prix fort.
C'estau si pour a qu'on a du mal
au haut niveau à trouver des
joueurs de couloir. Il e entent
quelque peu dévalori és".
de troi , en termes d'occu parion d'espace, e tassez écurisarue. Le problème se situe
ici au niveau du pr sing ur
1 porteur. i le ballon part sur
le latéral adver e, qui va pre el' ? Ce t en fait à l'initiative
de joueur. Je ne di pa que
ça ne marche pas. implernent,
c'e i moins carré, moins cohérent sur le plan de la répartition de râ hes et de l'occupation du t rrain".
LE 4-3-3
"II se transforme le plus
souvent en 4-5-1"
"À parr Barcelone
qui utili e
pratiquement
un 4-3-3 traditionnel, peu d'équipe peuvent
se le permettre. Il faut dire que
ce système a pour défaillance
de libérer
des espaces au
milieu, un peu comme pour le
4-4-2 en losange.
À une
époque, le Pays-Bas de Cruyff
avaient accentué le problème
en plaçant deux attaquants
excentré tellement haut qu'ils
étaient toujours dos au but!
C'était du hand ... Le deux gaI'
ne fai aient que remi er. Or,
l'intérêt est quand même de
produire des actions vers le but
! Pendant cette période, les
Pays-ba n'ont rien gagné ... Ce
y tème po ait un trop gro
problème de transition
ntre
Des joueurs de débordement coûte
que coûte?
"Avant, je recherchais dans mon
des joueur' de couloir
capable de déborder. 'n profil
de plus en plu rare aujourd'hui.
Du coup, je meui
adapté.
Maintenant, cela ne me dérange
pas d'avoir un milieu qui ne
déborde pa mais qui fait preuve
de maîtrise technique, qui ren-
tre. lili r de profils différents,
c'est une riche se. Vous pouvez
très bien avoir un gar. qui
déborde à droite el un autre qui
lient le ballon a gauche, ce n'e t
pa' un problème. Ce n'e st pa'
parce qu'un joueur évolue ur
un côté qu'il doit nécessairement
déborder".
la phase offen ive et défensive.
En match, on a le ballon une
fois sur deux. Or, i on est en
danger à chaque fois qu'on le
perd ... Le 4-3-3 présente de
a antages, on va y venir, mais
au si de inconvénient
évidents. D'ailleurs,
on ne voit
pratiquement plus aujourd'hui
de 4-3-3 style Auxerre,
il y
quinze ou vingt ans. Le plus
auvent, il se transforme en 45-1. L s d ux attaquants qui
sont dans le couloirs évoluent
plus bas, et l'on évolue finalement avec une seule pointe".
spécifiques, en particulier des
joueurs de couloir, capables de
déborder
- de plu. en plus
rare d nos jours - et a ez
bridés finalement dan leurs
déplacement,
même
i à
Barcelone ça permute beaucoup ... L'attaquant axial, lui,
doit a surer une pré ence
constante devaru le but, ce qui
limite aussi son champ d'action. Il doit par ailleurs être
athlétique et savoir jouer en
remise.
C'est ce qui gêne
depuis quelque ternp l'épanoui
ement du petit Baky
Koné. Que ce soit à ice ou à
Marseille,
on ne le fait pas
jouer dans l'axe parce que ces
équipes évoluent à une eule
pointe. On le met sur le côté.
Or, à mon avi , ce n'est pas
favorable à e qualités ... Pour
en revenir aux caractéristiques
globales du 4-3-3, je dirais
cependant qu'il ne pré ente
pa que de inconvénients.
'1-"1-2
"II réclame d'avoir des
joueurs très spécifiques"
"Dan un vrai 4-3-3, il ya à
mon ens deux animation
:
oit on joue avec un ix et deux
milieux offensif,
oit l'inver e,
c'e t-à-dire deux milieux plutôt
défensif
et un numéro 10.
Toujour
et-il
que le 4-3-3
uppose d'avoir de profil trè
Christian Gourcuff
D'une façon théorique il permet tout de même d'utili er
toute la largeur au niveau de
la ligne d'attaque, donc une
plus grande occupation de l'espace, ce qui a pour conséquence d'étirer le bloc adver e.
C'e t donc plu facile d'avoir
du poid offensif. Ce qui n'e t
pa exclu dan le 4-4-2 mais
qui s'avère beaucoup plu fin
parce que cela ous-entend
l'implication
des milieux
excentré jusqu'à obtenir quaiment un 4-2-4 en pha e d'attaque. D'ailleurs, le 4-4-2 e t
une émanation
du 4-2-4
Hongroi de 1954. On a simplement
reculé les deux
joueur de côté pour obtenir
une occupation plus rationnelle de l'espace. Le 4-3-3 est
beaucoup plus trict, moins
ouple, adaptable et évolutif.
i un entraîneur part en début
de saison sur en 4-3-3, il sera
difficile voire périlleux par la
uite de changer de système.
Reste que le 4-3-3 peut correspondre véritablement aux qualités des joueurs que l'on a
dans on effectif, à leur profil.
i c'e t le cas, il demeure théoriquement intéres ant",
LES SYSTÈMES À 3
DÉFENSEURS
"Tactiquement très fin
sur le plan défensif'
"À troi derrière, on n'occupe
pas toute la largeur du terrain.
Or, quand le ballon e t ur le
côté droit par exemple, il ya
nécessité d'avoir une couverture côté gau he. D'ailleur ,
on sait que le problème ou
les uccès d'une équipe ont
ouve nt le fait du joueur qui se
trouve à l'opposé du ballon
plutôt que celui qui est à proximité du porteur. Il va, soit
entraîner un déséquilibre, soit
apporter une solution supplémentaire. Voilà pourquoi la
ligne de quatre au milieu
s'avère obligatoire pour occuper la largeur dans un système
à troi défen eur .Reste que le
rééquilibrage
défensif
demande une grande intelli-
Ne pas changer constamment
de système!
"Le a pects tactique repo ent
ur des auromati mes. Il doivent être ancrés pour être utili és
de façon
p o n t a né e . Cela
demande un certain travail à
l'entraînement. Or, ion change
régulièrement de y rème, cela
veut dire aussi qu'on va changer
ce mêmes automatismes.
On
dé tabili e l'équipe!
gence tactique de la part des
deux excentré ,dont le jeu era
un peu téréorypé, rectiligne,
et dont la fonction demande ici
un gros volume athlétique. Ils
doivent jouer ni trop haut ni
trop bas! 'il sont trop bas, on
e t à cinq derrière, ce qui arrive
fréquemment car les deux ont
tendance à trop décrocher par
crainte de lai ser de l'espace
derrière. Or, c'e t ca ta trophique car on perd de la présence au milieu où l'on n'est
plus que deux, entraînant un
déficit de cadrage du porteur
du ballon. S'ils sont trop haut,
on perd au si de la pré ence
au milieu pour la récupération
du ballon, et on ne peut pa
a surer de couverture sur les
côtés. Voilà pourquoi l'équilibre, dans un système à trois
défenseurs, e t difficile à trouver. Il faut une grande rnaîtri e",
"Du 3-4-3 au 3-4-1-2"
"À une époque, je me suis
beaucoup intéressé à l'Udinese
d'Alberto Zaccheroni 09951998, Ndlr) qui jouait en 3-4-3.
C'était intéressant.
Mais là
encore, l'équilibre me paraissait difficile à trouver. Je l'avai
donc adapté
en 3-4-1-2.
Certain vou parleront de 35-2. C'est-à-dire
qu'au lieu
d'avoir trois attaquants, j'avais
un numéro 10, dépositaire du
jeu, et deux attaquants. Dès la
perte de balle, on se transformait en 3-4-3 pour occuper l'espace et faire le pressing. Le 10
remontait, donc, et les deux
pointes prenaient la largeur.
On avait ainsi une ligne de
trois. Cette animation s'avérait
néanmoins contraignante, car
elle réclamait
de mettre
presque de suite l'adversaire
sous pression. Elle demandait
aussi d'avoir souvent la po ession du ballon et de le perdre
très haut afin de pouvoir appliquer immédiatement
cette
fameuse pre ion. L'intérêt
maintenant, c'est qu'en phase
offensive on restait toujours à
trois derrière. Les défenseurs
restaient des défenseurs, avec
un vrai profil de défen eurs
centraux. Quand on manque
de latéraux dans son effectif et
qu'on a trois bons "stoppeurs",
il est tentant d'utiliser un tel
système. C'est peut-être mieux
que de décaler un défenseur
central sur le côté. C'est d'ailleurs ce qui m'avait poussé à le
faire, d'autant que j'avais un
bon numéro 10 en la personne
de Stéphane Pédron. À noter
qu'en défen e, j'avai con ervé
un système de zone - plus complexe qu'avec le 4-4-2 - alors
que beaucoup d'équipes qui
évoluent à trois derrière sont
au marquage. Rapidement, je
suis revenu au 4-4-2 ...",