Un câble sous-marin pour le désenclavement numérique de
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Un câble sous-marin pour le désenclavement numérique de
Un câble sous-marin pour le désenclavement numérique de l’archipel Initiative analysée (monographie) dans le cadre du projet IRIS; Rédigée par Emmanuel Vandamme publié le 13 septembre 2007 , mise à jour le 7 juin 2007 Description du projet : Afin de stimuler la concurrence et de développer l’ADSL, la région Guadeloupe a lancé en 2005 une DSP (Délégation de Service Public) pour l’installation et l’exploitation d’un câble sous-marin reliant la Guadeloupe à un nœud du réseau Internet. Ce câble permet de disposer d’une bande passante beaucoup plus importante, à un coût nettement plus bas. Le délégataire, Global caribbean network, intervient comme opérateur d’opérateur. Les premières offres grand public sont sorties en mai 2007. Type d’initiative : Infrastructure de télécommunication Territoire de projet : Antilles Porteur(s) du projet : Région Guadeloupe Date de lancement : mars 2005 Avancement (à la date de recueil) : Opérationnel Date de recueil de l’information : avril 2007 Thèmes, domaines d’action : Aménagement urbanisme habitat transport Niveau de territoire de projet : Régional Mots-clés "outils" : ADSL Départements : Guadeloupe (971) Régions : Guadeloupe Date de lancement du projet : 2006 1- Contexte et objectifs du projet 1.1 Contexte et origine du projet La situation insulaire de la Guadeloupe a longtemps rendu difficiles ses connexions avec les grands réseaux de télécommunication. Cette situation, et l’absence de concurrence avec France Telecom, a fortement pesé sur le tarif de gros, le prix du Mbps de bande passante s’établissant à 2000 € par mois jusqu’à fin 2006. Le tarif des services grand public restait par conséquence élevé, jusqu’à 2 ou 3 fois plus qu’en métropole pour des débits plafonnés à 512 Kbps. 1.2 Objectifs et enjeux Face à cette situation, la Région Guadeloupe a fait un constat de carence, et décidé d’une intervention publique. Suite à la procédure d’appel d’offre initiée par la Région Guadeloupe, la société Global caribbean network (GCN) et le Conseil régional de la Guadeloupe ont signé au mois de novembre 2004 un contrat de Délégation de Service (cf. article Wikipédia) pour la fourniture, la pose et l’exploitation du câble sous-marin reliant la Guadeloupe à Porto-Rico, ainsi que Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Une connexion supplémentaire à l’île de Ste Croix a permis d’étendre le périmètre de la Délégation de Service Public et de permettre ainsi une seconde sortie Internet outre celle de Porto Rico. L’enjeu pour la collectivité est de disposer de la bande passante la plus compétitive possible, pour favoriser le développement de services et usages de haut débit. 2- Description et organisation du projet 2.1 Les acteurs du projet La société Global caribbean network a été constituée fin 2004. GCN est une filiale à 100 % de la société Mediaserv, opérateur de télécommunications basé dans les 4 DOM Français et à Paris, proposant notamment des services voix et BLR (Boucle locale radio) aux entreprises. Mediaserv a également lancé des services de type DSL. Mediserv est une filiale du groupe Loret, conglomérat (distribution automobile, immobilier, télécommunications, chiffre d’affaires de 500 M€ en 2005) basé à Pointe-à-Pitre. 2.2 Les services proposés GCN intervient comme opérateur d’opérateur, notamment pour Outremer Telecom, XTS et France Telecom et sa maison mère Médiaserv. Certains opérateurs ont demandé des liaisons et d’autres uniquement du transit IP. GCN est ainsi en mesure d’offrir aux opérateurs locaux et internationaux des services à haut débit à un coût attractif. Un GIX est en projet, mais il n’est pas encore demandé par les opérateurs. Actuellement, le trafic (80 % France Telecom) est en direction de Paris, les opérateurs préfèrent donc sortir à Paris plutôt que de faire du peering. Depuis 25 mai, Mediaserv propose des offres combinées Internet et téléphonie : de 38,90 €/mois pour téléphoner localement en illimité soirs et week-end, à 60,90 €/mois pour téléphoner localement et en métropole de manière illimitée avec un débit de 512 Kbps. XTS déploie du Wimax dans le cadre d’une licence BLR (résidentiel et entreprise), ainsi que des services voix. Outremer Telecom prévoie du DSL en option 1 (dégroupage partiel) et travaille au triple play (ou quadruple play intégrant le mobile). GCN propose également de l’hébergement, aujourd’hui uniquement pour les opérateurs mais des clients directs sont intéressés. C’est un des produits au catalogue dont les prix de vente sont fixés dans le cadre de la DSP. 2.3 Les publics bénéficiaires Les services de GCN s’adressent aux opérateurs, qui eux offrent des services aux professionnels et particuliers. 2.4 La dimension financière le projet a été financé à hauteur de 66% par les fonds européens (FEDER) et par la Région Guadeloupe. Le budget d’investissement total est de 25,3 M€. le câble à lui seul représente entre 10 et 11 M€. 14 M€ ont été affectés à la logistique autour du câble (navire câblier, etc.). En terme de prix, le coût du transit payé par les opérateurs passera dès la mise en service du câble à 375 euros par Mbit de trafic IP au lieu de 1500 à 2000 euros actuellement. Ce coût restera supérieur à celui d’un grand pays de l’Europe mais placera la Guadeloupe dans le peloton de tête des pays caribéens aux côtés de Porto Rico. Le coût de l’IP ne représente cependant qu’une partie du coût de l’abonnement. En métropole les opérateurs profitent également d’un phénomène d’économie d’échelle que nous ne pourrons pas reproduire complètement dans nos régions. Néanmoins, le câble permettra une baisse sensible des abonnements. 3- La mise en oeuvre du projet 3.1 Les étapes de mise en oeuvre Le marché de DSP (Délégation de Service Public) a été lancé en 2004 et attribué à la société Global caribbean network en novembre 2004. Il porte sur 20 ans et comprend la fourniture, la pose et l’exploitation du câble. La date de démarrage de la DSP est le 5 mars 2005, la pose a débuté le 09 février 2006 et s’est achevé à la fin du mois de juin 2006. Le câble constitue un bien de retour pour la collectivité, dont il est la propriété entre la Guadeloupe et Porto Rico). 3.2 Les méthodes Une communication transocéanique peut être réalisée soit par satellite, soit par câble optique sous-marin. Les intérêts d’un câble optique par rapport à un satellite sont multiples. En effet, ce dernier à une durée de vie de 8 à 15 ans alors qu’un câble optique sous-marin sur une durée de 25 ans peut subir de nombreuses évolutions au niveau de ses stations terminales. Les coûts et les risques de lancement de satellite sont largement supérieurs à ceux de l’installation et l’exploitation d’un câble sous-marin. 3.3 Les moyens techniques Carte DR Global Caribbean Network / All rights reserved © Copyright 2006 Global Caribbean Network Le câble relie la Guadeloupe à Porto Rico ainsi que les îles de Saint Martin, Saint Barthélemy et Sainte Croix. sa pose a débuté le 9 février 2006 et s’est achevé à la fin du mois de juin 2006. Des extensions ont ensuite été réalisées (Martinique et Trinidad), portées par une filiale du groupe Loret. A chaque extrémité de segment de câble sous-marin se trouve une organisation infra structurelle permettant de relier le câble marin au réseau terrestre. Au niveau du point d’atterrissement (plage ou rivage…) le câble est enterré dans une chambre de réseau souterraine et branché au câble terrestre. Dans un périmètre de quelques centaines de mètres, se trouve la station terrestre où sont logés les équipements qui gèrent le réseau. C’est à partir de cette salle technique que sont connectés les opérateurs locaux de téléphonie et d’accès Internet. Porto Rico a été choisi comme le point d’atterrissement le plus approprié pour la connexion au réseau Internet mondial en raison de ses connexions directes avec l’Amérique du nord. La salle technique dans laquelle le câble GCN est connecté à Porto Rico héberge une dizaine d’autres câbles qui sont reliés aux Etats Unis. La liaison directe entre la Guadeloupe et Porto Rico impliquerait une longueur de plus de 600 km. Celle-ci nécessiterait l’utilisation de répéteurs tous les 50 km, équipements électroniques immergés qui renchérissent le coût de l’infrastructure. Les technologies actuelles permettent d’atteindre des distances maximales sans répéteurs de 430 km. Dans un souci économique, des segments de câble de longueur inférieure à 430 km sont prévus en plaçant un « point relais » à St Martin. Au total, GCN gère plus de 890 km de câble, avec 6 points d’atterrissement (Baillif, Baie-Mahault, Saint-Martin, St-Barthélemy, Ste Croix, Porto-Rico). La capacité est de plus de 1 Tbit/s, le câble dessert 4 800 000 abonnés Internet à 512 Kbit/s. Le cable de 8 paires de fibres (jusqu’à 80 Gbps par paire) ayant chacune un diamètre de cœur de 8 microns. Plusieurs types d’armatures protègent les fibres optiques tout au long des 890 km. Le diamètre extérieur du câble varie de 14 à 35 mm. Il a été fourni "clés en main" par ALCATEL submarine networks (ASN). 3.4 Les moyens humains L’équipe de GCN est composée de 8 personnes, et bénéficie d’un appui des équipes techniques de Mediaserv pour le NOC, le centre de supervision. La connectivité est sous-traitée. 3.5 La communication sur le projet Le projet a été largement relayé par le presse locale et l’internet. GNC ne s’adresse qu’à peu de clients (opérateurs). Ce sont ensuite les opérateurs qui cherchent à toucher les utilisateurs finaux. 4- Bilan et perspectives 4.1 Les éléments de bilan Le projet est trop récent, et porte sur un terme trop éloigné (20 ans) pour en tirer un bilan. 4.2 Appréciation du porteur de projet GCN prévoit des extensions vers la Guyane Française (dans le cadre d’un Partenariat public privé (cf. article Wikipédia avec INTERREG IIIb), et vers plusieurs îles des Antilles, telles que Haïti et la République. Le câble sera à terme doublé pour éviter tout risque de puture de connexion lié à des agressions externes telles que l’ancrage des bateaux, les filets dérivants ou le milieu environnant. 5- Critères d´évaluation Eléments généraux Si le projet ne représente pas une innovation technique, il a eu un impact significatif en terme de développement des usages, en abaissant significativement le prix des offres ADSL. Il s’agit d’un projet reproductible à d’autres territoires insulaires, particulièrement pérenne puisque son horizon économique est de 20 ans. L’extension possible en Guyane représente une forme de reproduction du projet. Contacts : Valéry Bijou Sites : www.globalcaribbean.net