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[Texte] dossier : le sport, miroir de notre société ? [Texte] Philippe Delerm, La Tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives, Panama, 2007 You'll never walk alone Un frisson vous parcourt l'échine. Le kop1 d'Anfield2 s'est mis à chanter. C'est quelque part sur les rives de la Mersey, au nord de l'Angleterre. Les Reds de Liverpool ont davantage que des supporters: des milliers d'officiants pour une messe en l'honneur du dieu Football, qui sublime toutes les cheminées d'usine, et les mélancolies poisseuses du chômage. Les plus chanceux ou les plus débrouillards réussirent à faire le voyage d'Istanbul en mai 2005. Ils étaient assez fous pour y croire encore quand Liverpool s'est vu mener par Milan 3-0 en finale de la Ligue des champions. Ils avaient raison. Steven Gerrard leur a rendu l'espoir à la cinquante-quatrième. Le reste fut comme un rêve noyé dans une brume de bière. Les Reds ne pouvaient plus perdre aux tirs au but. «You'll never walk alone.» La symbolique de la chanson est d'autant plus prenante qu'on se demande toujours à qui elle s'adresse vraiment. Qui ne marchera jamais seul? Chacun des joueurs, sans doute. Mais peut-être aussi les supporters de Liverpool eux-mêmes, abandonnés par la beauté du monde, mais trouvant dans l'énergie de leur souffle vital la ferveur de croire en quelque chose. Et cela devient chant, et nous donne la chair de poule. Croire en Steven Gerrard? L'enfant du pays, arrivé au club à huit ans, couvé au collège de West Derby jusqu'à seize, porteur du brassard de captain, semble incarner la pure tradition des Reds. Mais à l'intersaison, on a dû se résigner à envisager l'incroyable. Gerrard a failli partir chez les Bleus, les milliardaires de Chelsea, l'ennemi absolu: un club bâti seulement sur l'argent. Combien a-t-il fallu de cet argent maudit pour que Steven finisse par décider de rester à Liverpool ? Le kop d'Anfield évite de se poser la question. Dans les clubs anglais, les spectateurs sont tout près du jeu, au ras de la pelouse. On croit aux joueurs pour croire un peu en soi. Quand ça va mal, on chante. « You'll never walk alone. » 1 2 Tribune des supporters Stade de Liverpool
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