ANTOINE SAINT·EXUPERY: - Petit Prince Collection

Transcription

ANTOINE SAINT·EXUPERY: - Petit Prince Collection
LEP
ES
www.leprogres.fr
ANTOINE
+
, DE
SAINT·EXUPERY:
1900·1944
Disparu au large
des côtes de Provence,
quelques mois
avant la fin de la guerre,
le Petit Prince
a trop vite
rejoint les étoiles !
=
Q
~
~
~
:z:
~
:z:
~
~
"'
~
..,,
0
~
=
Q
!Z
.§
::::
~
f
CM
N
, 1 1
• ~
SOMMAIRE
• Saint-Ex : l'homme qui tutoyait les étoiles
PAGE 3
• L'écrivain: une trajectoire impeccable
• Dessine moi un best-seller ...
• Bibliographie : un hommage à la page
PAGE 4
•
•
•
•
Le pilote : aux commandes
Son premier vol
L'inventeur
Une édition clandestine lyonnaise
PAGES
• So famille : Saint-Maurice, le château de l'enfance
• Consüelo, ou les épines de la rose
PAGE 6
• Les femmes, ses escales
• Fondation cherche château désespérément
• Première mission am Saint-Ex
• « J'étais mécanicien sur le P38 ... »
PAGES 7 ET 8
• Infographie
PAGE 9
•
•
•
•
Les manifestations du Centenaire :
Grandes émotions pour Petits princes
Envol vers le rêve
Dessine-moi une enveloppe ...
PAGE 10
• Gonflé Bejat!
• Saint-Exupéry et le Petit Prince contemplent la ville
• Guillaubey, artiste sculpteur, aime travailler le
marbre
PAGE 11
• Les manifestations du centenaire :
• ALyon et dans le Rhône
• ABourg-en-Bresse et dans l'Ain
PAGE12
• Lyon-Satolas devient Lyon-Saint-Exupéry
• Changer le nom d'un aéroport ? Pas si simple
• Bernard Challange :« L'aéroport va s'humaniser >>
PAGE 13
• L'aventure de l'Aéropostale
PAGE14
• Une ville nommée Saint-Exupéry
PAGE 15
• Ala recherche du poète disparu
PAGE 16
Ont participé à la réalisation de ce supplément :
• Jean-Philippe Mestre
·• Philippe Juste
• Gérard Chauvy
• Pierre Augros
•Marie-Jeanne Dufour
• Claude Goubier
• Laurence Seguin
• Jean-Paul Callamand
• Jean-Marc Durand
• Thierry Meissirel
• Luce de Rancourt
• Aline Duret
• Jean-Claude Pennec
• Pierre-Raphaël Dahon
• Laurent Thévenot
• Hubert Giuliani
• Richard Mouilloud
'-P
'
UI
1
ne vie commencée
Lyon avec le
siècle. Au 8 de la rue
Alphonse-Fochier;
un 29 juin 1900. An-
moigne sa correspondance.
« Vous êtes ce qu'il y a de
meilleur dans ma vie,,, lui écritil. Le meilleur mais pas le plus
passionné. La passion, il la
connaïlra avec Consuelo, sa fantasque épouse rencontrée à
Buenos Aires.
à
toine, héritier du
comte de Saint-Exupéry, inscrira ses
souvenirs d'enfance
des bords du Rhône
à ceux de I' Albarine, petite rivière du Bugey près du château de
Saint-Maurice-de-Rémens, où la
famille prenait ses quartiers à la
belle saison. Une grande bâtisse
du XVIII• siècle avec des grands
couloirs, des greniers, terrains
de jeux peuplés de rêves et de
cauchemars . Et surtout l'immense parc dominé par les
tilleuls, marronniers et sapins
centenaires . Ces lieux et paysages ont nourri l'imagination
du petit Antoine et fixé à jamais
un décor, un univers dont les
traces se retrouveront plus tard
dans tous ses livres. L'identité
de Saint-Ex, s'est forgée ici
dans ce petit village de l'Ain.
Dans une singulière correspondance avec Frédéric Dard qui
disait avant de mourir «nous
sommes tous les enfants de
notre enfance'" Saint-Exupéry
rappelait dans Pilote de guerre:
« Je suis de mon enfance comme d'un pays"· Une enfance
transcendée, magnifiée, dont il
gardera toute sa vie la nostalgie comme une petite musique
mélancoliqu e qui rythmera son
œuvre. Une enfance qui n'avait
rien d'idyllique. Orphelin de
père à quatre ans, il connaîtra
au Mans les austères pensionnats de jésuites. Mais aussi la
douceur affectueuse d'un environnement féminin composé
de ses sœurs, sa tante, l'im pressionnante comtesse de Tricaud, et surtout sa mère. Une
aristocrate un brin anticonformiste qui lui donnera le goût de
la musique et de la peinture. Il
ti sse ra avec elle des liens profonds de tendresse et de
complicité comme en té-
larmes, mensonges
el infidélités
Leur relation n'aura rien
d'un long fleuve tranquille toute
jalonnée de séparations,
larmes, mensonges et infidélités. Aujourd'hui, la belle Salvadorienne, que l'histoire avait
mise en pointillés, prend sa re-
Un flot éditorial et Lyon en fête.
Le centenaire de Saint-Exupéry crée
l'événement. On croit même avoir retrouvé
son avion cercueil a proximité de l'île
du Frioul et, miraculeusement, des mémoires
ressuscitent une Rose trop vite effacée.
S'il fait couler beaucoup d'encre, l'écrivain
le plus lu de la planète reste encore bien peu
connu et reconnu. Paradoxe Saint-Ex ...
Cinquante ans après sa disparition, celui qui
tutoyait les nuages, re poète-aviateur, le
mathématicien et l'homme
d'action échappe
aux classifications et
nourrit toujours sa légende.
L'occasion, en ce temps
de commémoration, de
revisiter sa vie et son œuvre.
vanche à la lumière de Mémoires miraculeusement redécouvertes. Mais elle restera à jamais celle qui inspira la rose du
Petit Prince. CAllP. fi riui Saint-Ex
écrivait dans ses dernières
lettres: « Consuelo, merci du
fond du cœur d'avoir fait tellement d'efforts pour rester ma
compagne "· Compagne. Muse.
Pas facile de partager la vie d'un
fou de I' Aéropostale, ce drôle
d'aristo, figure inclassabe, à la
fois homme d'action et écrivain,
humaniste mystique attiré par
les grands horizons. Les cieux
étaient sa vocation. Vocation
née à 12 ans du côté d'Ambérieu. Quand le jeune Antoine
prit le baptême de l'air dans un
monoplan W des frères Salvez.
Pourtant, Saint-Ex ne redécouvre l'avion que dix ans plus
tard à l'orméro . Entretemps, Io
comte mène la vie de dandy parisien. Avant de se lancer dans
la grande épopée de !'Aéropostale. En entrant en 1926 à la
compagnie Latécoère, à Toulouse, où il partagea la fraternité
des Henri Guillaumet, Didier
Daurat et Jean Mermoz. Des
sables du désert à la Cordillère
des Andes, Saint-Ex conjugue le
goût de l'action, l'amour du
risque et l'écriture. L'une se
nourissant de l'autre. Raids en
Afrique, en A&ie ou Amérique,
J
1
11
reportages, Saint- Exupéry reste
fidèle à sa mission : relier les
hommes par avion et faire partager au lecteur ce qu'il a vécu.
Eternel best·seller
Courrier sud, Vol de nuit Prix Fem i na en 1931 - et Terre
des hommes en 1939 - qui décroche le Prix du roman de
l'Académie française. Saint-Ex
devient un auteur à succès et le
restera. Ses œuvres sont toujours en tête des meilleures
ventes mondiales . N'en déplaise aux intellos bien-pensants qui l'ont classé comme un
«auteur illisible" juste bon aux
classes primaires.
Avec sa générosité, sa bravoure, son sens de l'honneur.
Saint-Ex reste insaisissable. Personnalité complexe aux multiples facettes, il fut avant tout
un homme libre. Attaqué par
Breton qui l'accusait de complaisance à l'égard de Vichy, le
père du Petit Prince en exil à
New York au début de la guerre,
et qui rejetait viscéralement le
nazisme, n'a pas voulu choisir
entre Pétain et De Gaulle. Une
indépendance d'esprit et d'action qu'on lui fit payer très. cher
après.
Parti en mi ssion le 31 juillet
1944 au-dessus de la Méditerranée, au.x commandes de son
Lightning P 38, il disparaît dans
les flots au large de la baie des
Anges. Suicide, accide nt mécanique ou chasse al lemande. Le
mystère entoure to ujours sa
mort et grandit sa légende.
MARIE-JEANNE DUFOUR
a.
w
.to/Ar
a:
~..
7C"
Cap Juby (Marko). Exposition
«Saint-Exupéry et son époque»,
Maison des écritures,
place Bellecour, Lyon 2'.
.ci
ëf
Le Sud de Saint-Ex (Montigne).
Œuvres originales, réalisées
spécialement pour le Centenaire
Saint-Ex, par les Peintres de I' Air,
choisis par I' Armée de I' Air
et nommés par arrêté ministériel.
(j)
(j)
w·
cr:
o..
ac.
u;
Personnalité complexe aÜx niuÎtfpies facettes, il fut avant tout un homme libre.
(
1 \
\T7
ri\
Page 4
, . . ,~ ~~wBIUi!BillW!illwm~
. ·.· ,.
)IFillJmmfülBfilfil!W'"""
... , .,
• ~+,w--,r pwwmm&w
--~---··- <f&;m~mrnËWf4f&?:ITY4ifa,
v~wmti?ëfët@W®&Wffdfü
ri~~
f}:,;_,,.,
9 hl t
f- -W#4 if7d'i(è'Lf&[email protected]
1900 / , 1944
L'œuvre : une traiectoire
â Arifoi
pour se tailler
une place dans le monde
artistique de•.: Annéès Folles
où, pouf!pnl,
la conurence''e1.t·rude.
impeccable
U
N AVIATE.UR _qui_ écrit'.
ou un ecriva1n qui
pilote ? Saint-Exu péry, même s'il se
revendique aviateur, a beaucoup moins de réussite au palonnier qu'au stylo.
Autant sa carrière aéronautique
est jalonnée de chutes, autant
sa carrière littéraire s'envole irrésistiblement vers les cimes.
Cinq livres lui suffisent pour se
tailler une place dans le monde
artistique des Années Folles où,
pourtant. la concurrence est
rude. Pour séduire les lecteurs
du monde entier et entrer dans
l'histoire de la littérature . Le
sixième, qu'il considère comme
son grand-œuvre, demeurera
inachevé : Citadelle, vaste réflexion au ton prophétique, ne
paraîtra qu'après sa mort. Courrier Sud (1928) pose la problématique romanesque qui dominera la vie comme l'œuvre de
St-Ex: l'amour impossible entre
un pilote et une femme. Le ton
est nouveau et la critique séduite. Vol de nuit(1931) est une hisgi toire d'hommes : Rivière, chef
~ impitoyable, et Fabien, perdu
~ dans la tourmente aux corn~ mandes d'un avion qui n'arrive-
ra jamais. Le livre reçoit le prix .
Fémina. Dans Terre de s
hommes (1939) plus de fiction :
c'est la vraie vie des hommes de
l'air, la mort qu'on brave, les
paysages, les éléments ... Grand
succès international et grand .
prix de l'Académie française.
« Humanisme de carlingue
et exitentialisme
de bistro »
La guerre l'oblige à s'exiler
aux USA. Il y publie Flight to Arras (1942 ), qui deviendra Pilote
de guerre. Dans son appareil,
St-Ex, envoyé dans une mission
sans doute inutile et probablement mortelle, considère la débâcle française et l'héroïsme
des combattants. Best -seller
aux USA, puis en France où tous
les partis y trouvent des raisons
d'espérer pour leur compte. Un
an plus tard, paraît le Petit Prin ce conte pour enfants illustré de
dessins de l'auteur, qui deviendra l'un des livres les plus lus de
tous les temps (voir ci-dessous).
C'est le succès de ce dernier,
et l'humanisme exigeant dont
l'écrivaîn se fait le défenseur,
qui sont à la base du malenten-
du et de la « décote » qui accableront St-Ex après la guerre.
L'existentialisme t riomphe, les
valeurs du pilote ne sont plus à
la mode, il est de bon ton d'en
sourire. P.H. Simon a beau rétorquer qu'« un humanisme de
carlingue vaut bien un existentialisme de bistro», St-Ex est catalogué par la critique universitaire comme un auteur de
deuxième Jolée. C'est pourquoi
le lecteur qui, aujourd'hui, tente
à nouveau l'aventure sera surpris par la qualité de l'écriture,
le style dépouillé, musclé, le ton
direct, aux antipodes du prêchiprêcha dont on l'avait prévenu. ·
Vrai styliste, St-Ex travaille in lassablement, infligeant à ses
amis de longues séances de lecture à toute heure du jour et de
la nuit. Certes, sa vision du
monde et de l'humanité est pessimiste. Mais son exigence spirituel le n'est ni résignée ni
plaintive. Elle est portée, au
contraire, par un vrai appétit de
la vie. Un hédonisme du devoir
qui se révèle beaucoup plus
proche de la sensibilité d'au jourd'hui que le militantisme
morose de ses détracteurs.
J.PH.M.
.,
Dessine-moi
un best-seller • • •
P
se dispute nt la gloire d'avoir
donné l'idée à Saint-Ex de
réaliser un conte illustré. Mais il
y a surtout le souvenir enchanté
d'une mère, d'une enfance, l'influence des contes d'Andersen
(qu'il relit avant de se lancer à
l'ouvrage). Il y a ce petit personnage ébouriffé déjà dessiné depuis des années, et qui prend sa
forme défi nitive. Il y a
ANTOJNE DE:
l'exil aux
USA, le re tour tumultueux
de
Consuelo,
l'amitié
);;<
plus
que
,_,..(<
tendre pour
de belles
américaines,
""
comme. Syl ~ _
via
Reinhardt - chez
qui il écrit
1a p 1u s
grande partie du livre,
et qu'il portraiture en
Renard. Et
l) _,ü. \..HV. i\0
même De nis de Rougemont, soupirant de
Consuelo, qui pose comme
modèle ...
LUSIEURS PERSONNES
millions de par le monde, traduits en plus de 150 langues,
dialectes et patois. On est loin
des 800 millions du Petit livre
rouge, mais Saint-Ex, lui, a tout
l'avenir devant lui. Qu'est-ce qui
explique le succès universel de
ce conte un peu long, destiné à
des enfants un peu grands, dont
la linéarité et la simplicité ne cachent pas un message limpide
de tolérance et de géSAI NT- EXU PÉ RY
nérosité ?
La fraîcheur
f5j
de
l'écriture et des
dessins, la
}?
force des
images, la
poésie des
.
.
evocatio_ns
et des dia 1 o g u e s
entre l'entant tombé
des étoiles
et l'aviateur
qui ne pense qu'à ré-
Je î>Rfi:t T
•
4~ ;i.q1_;:.1 ~ Ski. .:~ ''a.;:~~1
Fi~
el/·
Un chant d'amour
•
1 1
Pour un Français sur deux,
c'est le livre du siècle. C'est aussi un des grands best-sellers
mondiaux, derrière la Bible,
Mao, Staline et Barbara Cartland. Combien de Petit Prince?
L'éditeur maintient le secret,
mpis on évalue à , w~s de~ r:nillions le tir,ag~· en· ra n'c~, ~it-60
f
1
parer son
moteur? Sa
tend ress _e
désespérée,
le masque
souriant posé sur les angoisses
grimaçantes d'un homme qui se
sent en bout de course ? Le
chant d'amour désabusé du Pe.
.
.
.
t1~ Prmce-Sa1~t-Ex pour la capnc1eus~ et ~rag1l,e Rose-Consuelo,
u~e h1sto1re d amour tellement
triste et tellement gaie? Chacun
trouve à rêver, à sourire, à pieurer, dans un conte qui nous dit
que nous ne faisons que passer
sur cette terre, avant de repartir
dans une étoile
•. , , ,
, ,
,
•
.
i ,
~ ~
• J . PH.M.
l'ruMOSIN
Sl.MON~DE
SAlN'IADCUPEIW
ESSOTf lUSME
DU
PETIT .PRINCE
ty.
··~~)
<•q
Cinq enfants
tl1111s un pm-c
-"<df>...
ÉRIC
DESCHODT
Saint-Exupéry :
un hommage àIo page
Diii!llil
SAINT-EXUPÉRY
Paradoxe connu : les livres sur Saint-Ex
sont plus nombreux que les ouvrages
de !'écrivain lui même. A l'heure
du centenaire, l'édition s'est mobilisée.
sur
Saint-Exupéry est parue
che~ Gallimard _en 1949,
so_us la s1gn_ature d_e Pierre C~~­
vner. On sait depuis que dernere ce roturier patronyme se cachait la romancière Nelly de
Vogüé, romancière et amie intime de l'auteur du Petit Prince.
Le livre est depuis longtemps épuisé. Maii; le monde de
l'édition s'est largement rattrapé en publiant de nombreuses
biographies ou études au fil des
décennies. Ainsi, en 1954, le
journaliste Patrick Kessel publiait chez le même éditeur Une
vie de Saint-Exupéry, tout comme Marcel Migéo, chez Flammarion en 1958, René Tavernier
chez Belfond en 1967, ou Eric
Desch?dt chez Lattès en ~980.
. A 1 heure de _la com~el!lo~a­
t1on du cen!e~a1r_e de 1. ecnvam,
une vague ed1tonale deferle. On
retrouve ainsi le même Eric
Deschodt qui publie cette année chez Pygmalion (2.08 pages,
110 francs) un Saint-Exupéry vu
sous l'angle spirituel. « Sa vie
est toujours désespérée, mais
s'élèv_e touj<?urs au-d_essu~ de
ses desespoirs », explique 1 auteur. •
.
.
,
Meme themat1que .chez
Yves M onin ; q·uj évoqùe L'EsoL A PREMIÈRE BIOGRAPHIE
térisme du Petit Prince, (Paris,
Auto Edition, 1975, rééd. 2000.)
L'auteur s'interroge notamment
sur la signification des images
pour découvrir ce que signifie le
mythe du Petit Princè. « Puis-je
espérer d'autres vérités que
symboliques ! » dit le Petit Prince au pilote.
Chez Denoël, le chroniqueur
judiciaire François Gerber
s'intéresse à la vie intellectuelle
de Saint-Ex, des années trente à
l'engagement dans les forces
armées, et sa position anti-gaulliste.
Côté réédition, on redécou vre également, en ce moment,
le livre de la sœur de l'auteur,
Simone de Saint -Exupéry
Cinq enfants dans un parc (Gallimard 110 francs). Des souvenirs d'enfance tendres et une
collection inédite de photos familiales.
Autre ouvrage familiale, le
petite nièce de Saint-Exupéry,
Nathalie de Vallières, historienne de l'art de profession
propose un portrait de !'écri vain, mais aussi de l'aviateur,
évoquant notamment son rôle
dans le développement de !'aéropostale.
. Chez !'. éditeur )/iyi.ane Hamy.,
réédit ion de· l'excellerfü o ùvra·ge '
de Léon Werth. C'est« à Léon
Werth quand il était petit garçon» qu'est dédié le Petit Prince. Werth et Saint-Ex étaient
deux amis inséparables, SaintEx disait que son ami était sa
« morale». Ce livre n'en est pas
vraiment un, il est constitué de
notes, de photos, de courriers. Il
reste néanmoins un témoignage unique sur une amitié
unique. (Edition Viviane Hamy,
160 pages, 149 francs).
Le journaliste anglais Paul
Webst e r, correspondant en
Fra nce du Guardian, publie
deux ouvrages sur Saint-Ex. Le
premier Vie et mort du Petit
Prince est une biographie
fouillée, à l'anglaise. Le journaliste s'est également intéressé à
Madame Consuelo Saint-Exupéry La rose du Petit Prince (Editions du Félin) . Cette même
Consuelo de Saint-Exupéry qui
publie à titre posthume les Mémoires de la rose (Pion, 275
pages 118 francs).
T.M.
A lire aussi : Saint-Exupery, by
Curtis Cate (Grasset, 1994)
Les cinq visages de Saint-Exupéry, de Georges Pélissier (Flammarion)
Passion de Saint-Exupéry, d e
Jules Roy INRF/Gallimardl
Saint~Exup~ry,, .d_e ~~!:!~ ,Del.ange·
· ·
•
·
Ile Seuil)
' i ' '
t~j 1· H•~i1
11
Page 5
,.
il'
1
H1 '·1 \HH
,, ,
1
.
'
*
INT-EXUPERVi
1900/1944
Le Petit Prince
aux commandes
Une édition
clandestine
lyonnaise
Son premier
vol
A douze ans,
Antoine de Saint-Exupéry
s'envole pour la première
fois. On est en juillet 1912
à Ambérieu. A l'arrière
d'un monoplan W piloté
par Gabriel Salvez,
Antoine réalise enfin
un vieux rêve d'enfant.
« Tu ne peux pas
imaginer,
c'est formidable»,
dira-t-il encore
trois ans
plus tard.
Un pilote inclassable, Saint-Ex ...
Du rêve à l'aventure, de la terre des hommes
au chevalier du ciel. ..
S
Sous l'occupation,
parut à Lyon une édition
clandestine
de Pilote de guerre ..•
à la fin de 1942,
L
sort à Paris la première
édition française du dernier
ORSQUE,
ouvrage de Sé)int-Exupéry,
on est en droit de se demander comment ce texte a franchi le cap de la censure. Comment pouvait-on autoriser un
auteur qui écrivait:« Je combattrai quiconque prétendra
asservir à un individu - comme à une masse d 'individus la liberté de l'homme» ...
Dans son livre Un Allemand à Paris, Gerhard HelIer, responsable du groupe
littérature de la Propaganda
Abteilung, affirme« que c'est
lui qui a accordé l'autorisation et que cela lui a été reproché par ses supérieurs »
( 1) . Toujours est-il que les critiques louangeuses durent
bientôt s'effacer devant de
féroces articles, agités par le
monde de la collaboration.
Les autorités allemandes emboîtèrent le pas. Dès le début
de février 1943, Pilote de
guerre est retiré de la vente.
Un tirage clandestin
C'est l'occasion pour une
coopérative de production,
une société typographique
ouvrière dont les ateliers
fonctionnent à Lyon depuis
1882, de faire un tirage clandestin du livre. L'imprimerie
nouvelle lyonnaise et son
personnel participaient « de
cet esprit spécia l à Lyon qui
avait fait de cette ville la capitale de la Résistance». C'est
son patron, Joanny Bottinelli,
qui, en décembre 1943, donne à reproduire au linotypiste
Alphonse Chassagnard les
différents cahiers de l'exemplaire de Pilote de guerre.
« Cette édition, tirée à un millier d'exemplaires, fut diffusée « en douce " par la Chaîne, une œuvre d'entraide et
de solidarité.
L'histoire de cette édition
clandestine n'a pas souvent
été évoquée. Pourtant, .à la Libération, un certain Frédéric
Dard, dans un hebdomadaire
littéraire et artistique intitulé
Dimanche, devait rendre
compte de cette publication
sous le manteau du livre de
Saint-Exupéry: « Son livre,
se présente seul, sans être
flanqué d'une marque d'édition, d'un nom d'imprimeur,
d'un numéro de censure et
d'un prix de catalogue. Ce
n'est pas une marchandise,
c'est un chef-d'œuvre et les
chefs-d'œuvre sont toujours
nus. Echappant à l'embrigadement du commerce, il
nous est transmis un peu
comme les Chansons de geste du Moyen Age : il a traversé une nuit moins hermétique, mais bien plus
dangereuse que celle de l'inconnu . Remercions les
hommes courageux grâce
auxquels il survécut à l'interdiction qui le frappait» (2 ).
.
GÉRARD CHAUVY
(1) Pascal Fouché: L'Edition
française sous !'Occupation,
Paris, 1987.
(2) Fernand Rude : Editions
clandestines, revue Icare
.saint-Exupéry,.:tome v,/ 1978.
tt:Jt;(~ ') ~1
'
IL FAUT un commence me nt à tout,
peut-être doit-on
remonter jusqu'à
cet épisode symbo1iq ue? A Saint-Maurice-de-Rémens, lorsqu'enfant, il rêvait de
prendre son envol (voir cicontrel .
La vie a ses exigences auxquelles Saint-Exupéry se. p li e
assez mal. Admissible à l'Ecole
navale· en 1919, auditeur libre
aux Beaux-Arts, à Paris, il est finalement incorporé à l'heure du
service militaire, au 2• Régiment
d ' aviation de Strasbourg, en
avril 1921. Le 18 juin, il effectue
son premier vol en double commande, sur un Farman ! Il est lâché, seul, le 9 juillet sur un Sopwitch. A la fin de l'année, il
obtient son brevet de pilote militaire, mais c'est tout autre chose que recherche Saint-Ex.
Affecté au Maroc, il découvre un autre univers : « Le
désert vu d'avion doit être sublime ... ». De retour en métropole
en 1922, l'élève-pilote à Istres, le
sous-lieutenant de réserve, ne
connaissent aucune mesure. Au
Bourget, après de folles acrobaties sur« un avion pourri», il
s'écrase : premier flirt avec la
mort. Il sort heureusement du
coma. L'armée le renvoie, en
juin 1923, à une vie civile où rien
ne l'attire. Le salut vient d'un engagement, en octobre 1926, à la
compagnie Latécoère à Tou louse. Il s'envole de là pour retrouver le Maroc. L'aventure de !'Aéropostale, créée en 1927, va
commencer pour lui.
D'un continent l'autre ...
Un autre continent l'attend.
En octobre 1929, le voici en Argentine. «Je n'ai jamais autant
volé», dira-t-il. Au moins de
quoi écrire un succès littéraire,
Vol de nuit. Malgré son poste
de directeur de l'Aéroposta, il
part à la recherche de son ami
Guillaumet, perdu dans les
Andes ... En 1931, il revient, sur
Laté 26, ,faire la ligne Casablanca-Port-Etienne. En février 1932,
Saint-Exupéry se retrouve sur
un hydravion entre Marseille et
Alger. En vérité, I' Aéropostale
n'existe plus, liquidée l'année
précédente. Il est désormais ...
pilote d'essai chez Latécoère. En
décembre 1933, à bord d'un
prototype d'hydravion, à SaintRaphaël, une faute de pilotage
le fait plonger dans la baie : la
mort le frôle encore. Il accepte
ensuite un contrat avec Air
France où il s'occupe de la propagande. Côté pilote, en juillet
1934, il est contraint, à la suite
d'une panne, d'atterrir en catastrophe dans l'embou chure du
Mékong au cours d'une mission
sur Saïgon. Il part ensuite pour
une série de conférences en Médite rra née. Tout heureux
d'avoir acheté, malgré ses
dettes, un Caudron Simoun, il
échoue dans sa tentative de record entre Paris et Saïgon. Il
s'écrase, avec le mécanicien
Prévot, dans le désert de Libye, le 30 décembre 1935.
Pour subsister, le pilote s'efface devant !'écrivain
et surtout le journaliste:
Saint-Ex est en URSS. Plongé dans la guerre d'Espagne, il donne des
papiers pour l'lntrw
tran ou Paris-Soir. • Jir~-·
ERR IN ES OU
Ce la ne lui coupe
Gabriel Salpas les ailes : il travez?
Lequel
ce pour «Air-France
de ces deux pilotes
la route Casablancaa donné au jeune AnTombouctou-Bamako
toine de Saint-Exupéry
et le 15 février 1938, son
son baptême de l'air?
envol
de
New-York
marque le départ d'un raid
Plusieurs avis et une carte
vers la Terre de Feu. Dès
postale signée par Antoine de
le 16, au Guatemala, son
Saint-Exupéry (photo ci-contre)
avion s'écrase au décollaconfirmerait la seconde version.
ge. Un coma de cinq jours,
Mais son premier vol a bien eu
avec de graves blessures
lieu à Ambérieu (Ain) en juillet
qui lui laissent des traces ...
1912.
La guerre qui éclate le
ramène en France. Bien
De.drôles
que recalé à la visite médicale, Antoine est affecté à la
de machines
3• escadrille du groupe de
Antoine, jeune adolescent,
reconnaissance « Il 33 »,
n'hésite pas à pédaler à toute
basé en Champagne; Sur
volée sur les chemins poussiéBloch 274, le 29 mars 1940,
reux qui, du château de Saints'accomplit sa première
mission de pilote de guerre.
Maurice le mènent à Béllièvre,
Sa sortie dans la fournaise
le champ d'aviation d' Ambéd'Arras, le 23 mai, lui vaut la
rieu. Gamin, il a promis à Biche,
Croix de Guerre. La défaite se
sa sœur aînée, qu'il l'emmèneconfirme, hélas. Le capitaine
rait « faire des promenades auSaint-Exupéry, la veille de
dessus
de
!'Armistice,
Saint-Maurice
sur un quadriet
moteur Far«·
d'Ambérieu »
man, quitte
Perpignan
dans un aéro,..,____-·
.• . ttb '
pour Alger.
plane de sa faIl renoue
brication.
1
,v.
(
.• •
pleinement
A
Ambéavec l'aviarieu,
Antoine
tion en 1943.
(M.'"
...,u <•'-; ,(c>W ,.._.
v-' fYll>
épie et admire
Il redevient 1 ,~ni
ces hommes
pilote
de
\
qui plongent le ·
guerre et reprend
ses
nez dans des
missions de
mécaniques de
reconnaisplus en plus
sance, sur un
puissantes.
Lockheed
Abritées sous
p 38 Lightles hangars;
ning.
Fin
leurs drôles de
1943. Saintmachines prenEx totalise
On peut lire sur cette carte postale où est présenté Gabriel Suivez
nent un air de
6 300 heures
de ~ol, mais
avec son monoplan W, moteur 70 chevaux :
plus en plus fuon le cloue au
selé. Celle des
« Pour Thenoz qui a été baptisé sur le même appareil que moi.
so l jusqu'en
deux frères SalBien amicalement. Antoine de Saint-Exupéry».
mai. Le 6 juin
vez, Pierre et
1944,ilestau- .
Gabriel Wrotorisé à repartir. Le 31 juillet, il Sources : Société lyonnaise d'hisen est à sa dixième mission de toire de l'aviation et de Documen- blewsky, est une des dernières
guerre lorsqu'il quitte la base de tation aéronautique ISLHADA), nées. Exposée au salon de la loMaison des sociétés, Square comotion aérienne en 1911, elle
Bor~o, en Corse, pour survoler
la région Grenoble-Ambérieu- Grimma, Bron. ICARE, revue de intéresse les Allemands, dit-on.
Annecy. A ce jour, personne ne l'aviation française, numéros spé- Antoine, lui, regarde. Il veut vosait vraiment ce qui est arrivé au ciaux Sai11t-Exupéry. Michel Ri- ler. Et envie les premiers élèves
Lightning P 38 F 5 B Nu - chelmy : Antoine de Saint-Exupé- de Mouthier et Lacrouze, les
méro 223 et à son pilote ... ry. Lugd 1994 (A paraître en juin : deux responsables de la nouvelAntoine de Saint-Exupéry. Ed.
GÉRARD CHAUVY Lyonnaises d'art et d'histoire).
le école de pilotage.
Un jour, il ose. Il ose dire à
Thenoz, mécanicien: « Monsieur, maman m'autorise maintenant à prendre le baptême de
l'air».
visibilité ou encore « le premier
pas une formation technique
Hissé à l'arrière du monomesureur de distance au
très importante et c'est peutplan biplace, Antoine est prêt.
être une des raisons qui l'ont
monde» dont l'armée garda le
La grande hélice en bois - 2,63m
aidé à inventer. En effet, son
secret jusqu'en 1947, sont
·_très vite entraîne le moteur de
quelques-unes des innovations
esprit, libre de toutes les
proposées par I'« inventeur»
habitudes de pensée
70 chevaux.
qu'encourage parfois une
Saint-Exupéry, autre aspect
Antoine fera un tour, peutformation académique, pouvait rarement évoqué de son
être deux à 200 mètres au-desinépuisable personnalité.
se forger des idées
sus de la piste. « Si vous aviez
(1) Gérard Trocme: Saint-Ex
entièrement originales ( 1).
vu le petit quand il est descen« Dispositif pour atterrissage
inventeur. Revue /CARE sur
du», témoigne Georges Thid'avions» (le premier),
Saint-Exupéry. Tome 3, 1975méthodes d'atterrissage sans
' ( ba_yt, .!< , il, étaitra}(q_nn.ant I'. , , .,
'-l~-1 t i-·~V·J.:t t..J') 1C11'•f·d,·I• < ~v\
V
b"" 1 w ~ ~· ~
c,.,r;,:
'~ " w.<•"" Q,.,..-- ' r~ ,.~
~~·Lai•
.,..r~,
11;.J
Saint-Exupéry aviateur .. . et inventeur!
0
N LE SAVAIT DISTRAIT, au
moins autant qu'un
certain Ampère.
Insomniaque, travaillant
souvent dans le désordre et
sans horaires.
Mais on ignore souvent que, de
1934 à 1940, Saint-Exupéry ne
déposa pas moins de quatorze
brevets d'invention,
enregistrés à son nom à
l'Institut ."i!'ional de la
. propriété"industrielle. Il n'avait
tiit:.> :,if J'~ -.~i,';.:<C"·-'·-<c1 1
r p r"".J. ~);:/ 1 1
?ri, ·
( 1 \
l'-.;
Ô,.. ..
fi
s.
AINT-EX. ~
\l':%.~™
._,..~
*·1y
t
.• 1. f ~
Page 6
""""""""t''~~w-
1900/1 944
Saint·Maurice, le château de l'enfance
«Je ne suis pas sûr d'avoir vécu depuis mon enfance».
Les souvenirs de la vie passée au château de Saint-Maurice-de-Rémens,
dans lAin, sont si doux qu'ils n'ont jamais quitté Antoine de Saint-Exupéry.
«D'où suis-je? Je suis de mon enfance. Je suis de mon enfance comme d'un pays».
ES ENFANTS posent autour de la charrette en
bois. Les voici tous les _
cinq dans l'objectif. A
gauche, François, c'est
le plus beau. On l'appelle le
« gros père». Ses yeux sont
doux, noirs et profonds. Les
dentelles, en collerette, lui vont
bien . A sa gauche, Gabrielle. Assise sur la charrette, elle est visiblement la reine du jeu. Dès que
la photo sera prise, son frère
Antoine et sa sœur Simone soulèveront de nouveau les bras de
la carrio l e pour un petit tour
dans le parc. Peut"être iront-il s
trop vite, c'est encore plus drôl e. Antoine a un petit air espiègle avec ses boucles blondes
qui lui descendent sur les yeux,
et Simone, paraît bi_en décidée à
s'amuser. Un peu en retrait, Didi
la grande, regarde, méfiante. On
dirait qu'elle surveille ses quatre
frères et sœurs.
Antoine de Saint-Exupéry
gardait-il cette photo avec lui ?
Celle-là, une autre? Qu'importe.
Saint-Maurice est partout. Dans
son œuvre, dans ses souvenirs.
La grande maison de SaintMaurice-de-Rémens, dans l'Ain,
a construit son enfance. Une enfance trop souvent frappée par
un cruel destin mais toujours
consolée dans les bras de Marie, la mère.
Le château est imposant. On
y accède par une grand portail
clair, toujours fermé à clef. La
grande allée conduit à la terrasse. Cyprien, surnommé par
les enfants «crapaud zizi», est
impeccable dans sa livrée. Il accueil le les ·invités avec beau coup de déférence. «Tante » de
Tricaud, propriétaire des lieux,
les attend au salon, tout en tri potant des dominos. Quand Marie est devenue veuve avec cinq
enfa nts en bas âge, elle lui a
L
François, Gabrielle,
Antoine, Simone et Didi...
Les enfants roi dÛ château
de Saint-Maurice-de-Remens.
S.41NT-M4.VRlC~ DE
à manger. Le grenier reste cependant le lieu favori. Franço is
s'y réfugie souvent pour écouter
la musique des mouches. Simone, elle, cherche un trésor. Peutêtre le trouvera-t-elle au-dessus
des poutres? Antoine, lui, veut
qu'on l'écoute. Il a plein d'histoires à raconter et de poèmes à
déclamer. A six ans, déjà il en
écrit. La nuit, il n'hésite pas à
descendre réveiller sa mère
pour qu'elle soit la première à
les entendre.
Plus tard, échoué dans le désert, Antoine de Saint-Exupéry
écrit toujours. « Le merveilleux
d'une maison n'est point qu'elle
vous abrite, ou vous réchauffe,
ni qu'on en possède les murs.
Mais bien qu'elle ait lentement
déposé en nous, ces provisions
de douceur» . Il pense à Moisi.
Chargée du linge de maison à
Saint-Maurice, enfant, il aimait
la faire enrager. A son retour, il
lui racontera des histoires de rebelles. Il l'imagine faire son
signe de croix. « Miséricorde !
C'est pas possible ! Et vous avez
souvent des pannes ? "·
RE.\.tliNS f Aiu)
Le château est imposant. On y accède par une grand portail clair,
toujours fermé à clef. La grande allée conduit à la terrasse •••
proposé de prendre les deux
filles aînées dans son appartement de Lyon, voisin de celui de
Marie.
Ils sont des enfants rois
Saint-Maurice n'est pas loin.
Henri, le cocher, est toujours
prêt à venir chercher la famille à
la gare d'Ambérieu-en-Bugey.
Les enfants sont, à chaque fois,
très excités. A Saint-Maurice, ils
sont des enfants rois. Le parc
est leur royaume. Dans les
arbres, ils construisent des cabanes. « Tonio »y cache les
plans de ses dernières trou-
vailles. Ils les montrera au curé
François de Montessuy. Il est
l'homme de la maison, toujours
à la disposition des enfants. Un
jour, Antoine poussera la plai santerie jusqu'à lui faire manger
un corbeau rôti. ..
On s'amuse. Quand le ciel
devient menaçant, les enfants
courent dans tous les sens; le
jeu consiste à braver le mauvais
temps. L'enfant le plus valeureux sera nommé « chevalier
Aklin ». Et sera tout trempé ... Il
faut alors vite se réfugier dans la
maison. La pièce la plus chaleureuse est, curieusement, la sa lle
LAURENCE SEGUIN
Consuelo,
ou les épines de Io rose
ange ou démon ? Il y eut beaucoup de fem m es dans l'univers de SaintEx upéry, ma is il n'y eut qu 'un e épouse.
Une épouse à la hauteur de la légende du pilote
écrivain , b ien que la légende ne l'ait pas épargnée. Dès le début, il y eut les pour et les contre.
Contre: la fami ll e q ui voyait dans le mari age avec
cette étrangère une mésalliance. Et une première
génération des biographes qui stigmatisent une
évaporée, capricieuse et infid èle. Pour : les biographes de la génération su ivante (comme Pa ul
Webster, qui vient de dédier un livre à la Rose du
Petit Prince ). Ils dépeignent une jeune femme fantasque, exubérante, très im ag in ative, mais sincèreme nt éprise et beaucoup moins volage que son
épo ux.
C
ONSUELO,
L'excitation de l'esprit
et l'exaltation des sens ...
Il est vrai q ue le couple Saint-Exupéry n'était
pas un co upl e tranquille. Alternant disputes fu rieuses et réconciliations passionnées, vivant le
plus souvent séparés, chacun demandait à l'autre
ce qu'il ne pouvait lui donner. Mais ce n'était pas
un couple ord ina ire - plutôt l' affrontement passionné de deux gra nds enfants qui ne voulaient
surtout pas vieillir. Consue lo Sunci n a mis beaucoup de talent a être et à rester un personnage romanesque. Née dans un petit coi n du petit Sa lvador, à l'ombre d'un vol can, elle est déjà deux fois
veuve q uand elle rencontre St-Ex, à Buenos Aires
où il est directeur technique de !' aéroposta le. A
19 ans, el le a épousé, aux USA, un officier mexi cain qui meurt rapidement dans des circonstances mystérieuses. Puis , après un e aventu re
avec !'écrivain et politicien mexicain Vasco nce los,
.
) '.:' ·-~
·l"'~ ;~1\· ) ~,
1
J. ~
,1
1"'
elle devient la femme du plus parisien des Guatémaltèques, !'écriv ain Gomez Carri llo. Elle a 25
ans, il en a 57, une longu e carrière de séducteur
bisexuel et la réputation d'un grand écrivain. Di vorcé de la star du cabaret Raquel Meller, soupçon né d ' avoir fait «tomber» Mata-Hari, il est à
son tour fasciné par la sensualité de Cons uelo,
mais aussi son imaginaire fécond, son inte lligen ce bril lante et sa conversation irrésistible. Précocement usé par les excès, il laisse bientôt une veu ve et une fortune à laquelle Consue lo n'hésitera
pas à renoncer pour épouser un nouvel écrivain,
moins consacré mai s plus prometteur. Ell e à 29
ans, en avoue dix de moins, il craque imm éd iatement pour sa beauté fine et délicate, ses yeux ardents, sa folle ga i eté et ses histoires à rêver
éveillé.
St-Ex att enda it une épouse traditionnelle,
Consue lo ne vit que dans l'excitation de l'esprit et
l'exa ltation des sens. Artiste, fo ll eme nt, ingénum ent et irrés istibl ement, ell e s' efforce parfois de
se fa ire ménagère. St-Ex veut bien l'adorer, pourvu qu ' ell e lui laisse mener sa vie en solo, accumuler les maîtresses, vivre aup rès de Nelly de
Vogüé, sa grande rivale - tout en refusant de divorcer. Quand Consuelo le demande, il répond
par des lettres enflammées , peup l ées de
reproches amers et d'images superbes ou délirantes de poésie. Mais la plus grande, la plus sage
aussi de ces lettres d' amour, c'est Le Petit Prince:
si le petit Prince est St. Ex lui-même, la Rose dont
il est épris, capricieuse m ais incomparable, n'est
autre que Consue lo.
• ·• • Suite de l'article·en page 7
~ c ·r,
n ;
'' ~ r r ":'"•
+ ~ • :4 }.
~ ~~· ·1
:+
~ ~
Fondation
cherche château-désespérément
~
· - ·.:1~ •· · ·
,' k .
~ . ·
· -· •:)
~
• , l
il
'
'
)-
Page 7
Une fondation Saint-Exupéry dans le château
de la famille à Saint-Maurice-de-Rémens.
Elémentaire mon cher Watson ...
Oui mais cette évidence ne s'impose pas
au propriétaire du lieu qui préfère une école
hôtelière à un musée pour le Petit Prince.
1900/1944
Première mission
avec Saint·Ex
RÉDÉRIC o' AGAY, petit- neveu de l'auteur et président de !'Espace Saint-Exupéry rêvait d'une fondation Saint-Exupéry au
château de Saint- Maurice. Il en rêve toujours. Et le marathon
pour y parvenir est semé d'obstacles. Le plus important étant
l'incompréhension des propriétaires du château qui ne voient
pas l'avenir de ce lieu prestigieux, relèvant du Patrimoine de
l'Humanité, avec les mêmes couleurs que les responsables de la
Fondation.
F
Le 3 avril 1923, Albert Naillet effectue son premier vol
de reconnaissance avec le lieutenant Saint Exupéry :
«Un garçon qu'on avait envie d'avoir comme copain ... !»
Duels iudiciaires
Malgré les tentatives de dialogues, jusqu'ici plutôt dialogues
de sourds, les héritiers de Saint-Ex, alliés à la petit commune de
l'Ain, ont dû faire appel à la justice. En effet, depuis plusieurs années, la maison familiale de Saint-Ex est l'enjeu et l'objet de
duels judicaires où s'affrontent sans fleuret moucheté, !'Espace
Saint-Exupéry, qui voudrait ouvrir un musée au centre de diverses animations autour de la mémoire de l'aviateur-écrivain,
et la Ville de Lyon liée à l'ALATFA (Association pour le logement
et l'accueil des travailleurs et familles de l'Ain) dont le vice-président n'est autre que Charles Millon. Une ALATFA qui voudrait
ouvrir une école hôtelière en concédant, certes, un petit musée
Saint-Ex, façon musée de patronage !
Les héritiers de Saint Ex viennent de gagner une première
manche, grâce aux décisions du tribuna l administratif. « Cette
décison du tribunal nous rassure, mais on reste encore très réservé», souligne Patricia Lewin de l'Espace Saint-Exupéry. Frédéric d'Agay peaufine le projet de la Fondation qui va prochainement obtenir, par décret du Consei l d'Etat, le statut de
Fondation d'utilité publique. 3 millions de francs ont été collectés sur les 5 exigés pour toute fondation.
Plusieurs villes de France sont prêtes à accueillir cet espace.
Même le Japon, où il y a un grand musée Saint-Ex, à Hakoné,
s'est mis sur les rangs. On peut simp lement espérer que le Petit
Prince ne sera pas obligé de s'exiler loin de Lyon et de la région.
M-J. D
« Il s'est mis à piquer à mort avant de redresser soudainement.
Je me suis retrouvé par terre, ma carte s'est envolée et ma fierté en a pris un coup ... ».
bel homme,
volait sur un vieux Voisin, la
il en imposait mais c'était cage à poule comme on disait, il
un garçon qu'on avait en- a failli se tuer. La carburation
vie d'avoir comme copain. Et . était difficile à régler sur cet
puis il aimait bien discuter avec avion ... // a piqué du nez soudainous, il s'intéressait à ce que nement, mais le choc a été limité. Je me souviens il a lancé
nous disions ...».
Pour Albert Naillet, 98 ans, comme ça : Je suis défiguré ! »
Saint Exupéry est l'auteur du
Première mission
Petit Prince, un aviateur hors
pair, mais surtout celui avec le« Saint-Exupéry était très
quel il a effectué son premier soucieux de son allure. Il volait
vol le 3 avril 1923. Souvenir platoujours avec une écharpe beinant pour cet industriel à la re- ge ... On sentait qu-e c'était un
traite qui débuta comme méca- monsieur; mais pas un bournicien et finit par racheter une
reau comme d'autres pilotes de
entreprise sous.traitante dans guerre. Quand il parlait, on
l'aviation.
l'écoutait. Ce n'était pas encore
«J'ai fait ma première mis- l'homme illustre qu'il est devesion avec lui. Je faisais mon ser- nu ensuite. C'est à /'Aéropostale
vice militaire au 34• du Bourget.
qu'il est devenu célèbre. Et puis
J'étais navigateur; on disait ob- il n'avait pas encore publié son
servateur à l'époque. Saint-Ex œuvre ».
venait de Syrie. Quand il faisait
Mais revenons à ce 3 avril
mauvais temps et qu'un avion 1923. Albert a tout juste 21 ans.
volait, pas la peine de se rensei- « Le lieutenant Saint-Exupéry,
gner: c'était Saint-Ex. Il sortait on /'appelait déjà Saint-Ex, avait
par tous les temps. Un jour qu'il l'habitude d'emmener des
«
z
<(
:::;
::>
(3
f<-'
a:
w
::>
aJ
I
Les héritiers de Sàint-Ex ont gagné la première manche
de leur bataille juridique.
• • • Suite de l'article
de la page 6
Trois fois veuve, elle aura
encore de nombreux amis
(dont l'architecte Zehrfuss et le
philosophe de Rougemont),
mènera une carrière discrète
de sculpteur et de peintre, et
parlera beaucoup du plus
grand homme de son in croyable vie.
J.PH.M.
Les femmes,
ses escales
P
OUR SAINT-EXUPÉRY, il y a
incompatibilité entre
l'existence d'un pilote et la vie
de couple. Pour Antoine, il reste la permanence de la présence maternelle.
Cela ne laisse que peu de
place pour une tranquille carrière de mari. Mais beaucoup
pour des aventures, des passions, des embrasements et
des déceptions, ce qu'Alain
Vircondelet qualifie de « donjuanisme pathétique». D'autant que le premier amour, la
première fiancée en tout cas,
Louise de Vilmorin, mène en
bateau le je1,me aviateur avant
de faire défection au dernier
moment. De plus en plus écartée de l'œuvre, quelle place
reste-t-il à 'la femme ? Repos
du pilote, dans la camaraderie
des pionniers de l'aviation, qui
s'« éclatent» aux escales
dans les bras de filles peu farouches.
Idéal pratique d'une beauté toujours disponible mais jamais envahissante, d'une ménagère compréhensive qui
panse et soigne le héros couturé de cicatrices, mais qui lui
fiche la paix quand il veut rêver, écrire ou profiter des succès que sa prestance, sa gloire
littéraire et son image héroïque ne manquent pas de lui
attirer.
Idéal romantique d'une
femme belle, intelligente, ardente, qui le surprend ef
l'amuse - qui justifie les déclarations ardentes et les phrases
sublimes qu'il trace sur le papier. Il ne faut pas oublier que
son activité professionnelle
consistait à transporter des
lettres.
Il y eut donc Consuelo, qui
correspondait tellement à
l'image romantique et si peu à
l'image ménagère, qu'il peut
dominer et protéger. Il y eut
aussi Nelly de Vogüé, active
aristocrate qui « manage » sa
carrière littéraire, avec qui il
constitue un second couple,
parallèle à l'officiel. Consuelo
fait l'enfant, Nelly materne,
analyse Paul Webster. Et Antoine ne se sent vraiment luimême qu'au milieu des
étoiles ...
J.PH.M.
1
L ÉTAIT GRAND,
jeunes avec lui. Pour justifier
notre capacité de navigateur,
nous devions guider le pilote
jusqu'à un point précis à photographier. J'ai eu la chance d'effectuer ma première épreuve
avec lui. C'était sur un Bréguet
14. J'étais debout dans la tourelle de mitrail/euse ... le repérage
s'est bien passé. Et puis tout
d'un coup, au lieu de rentrer directement il m'a dit: on passe
par Chantilly; il voulait voir
quelque chose, je ne sa is pas
quoi... Et au moment où nous
volions au-dessus du champ de
course, il s'est mis à piquer à
mort avant de redresser soudainement. Je me suis retrouvé par
terre, ma carte s'est envolée et
ma fierté en a pris un coup ... ».
«C'éta it une personnalité
vraiment remarquable. Je
conserve un très grand respect
pour cet homme».
PROPOS RECUEILLIS
PAR JEAN-MARC DURAND
«J'étais mécanicien sur le P38. • • ))
Emile Blondeau a croisé le pilote et témoigne
de ses brèves rencontres avec Saint-Ex.
IERRE COLOMB ET EMILE Blo~.­
DEAU s'étaient connus sur
les bancs de l'école à
Guelma, en Algérie. Ils se sont
retrouvés quelques années plus
tard, à Blida, dans la cour d'une
caserne où les engagés volontaires dans l'Armée de Libération étaient regroupés pour effectuer leurs classes. Pierre
Colomb, formé au pilotage, a été
affecté sur un bombârdier, un de
ces« cercueils volants» comme
les surnommaient les aviateurs,
tant les pertes étaient nombreuses.
Pierre Colomb, qui dut se
poser en catastrophe à
plusieurs reprises, reconnaît
avoir échappé par miracle, à la
mort.
Em ile Blondeau n'a pas été
retenu comme pilote, en raison
d'une vue déficiente, il s'est re- _
trouvée mécanicien. « J'étais le
plus jeune de toute l'escadrille.
Soldat de deuxième classe, af-
P
fecté sur un P38, sous les ordres
d'un adjudant-chef.
Il n'aimait pas
qu'on le salue
Contrairement à ce que l'on
nous montre dans la plupart des
films, les pilotes n'avaient pas
d'avions qui leur étaient spécialement réservés : il y avait plus
de pilotes que d'appareils.
Notre escadrille formait le détachement français au sein de 3 rd
Photo Group American, commandé par le colonel Eliott Roosevelt, fils du président des
USA. Chaque avion était confié
à à un groupe de trois mécaniciens moteur. C'était notre
avion. Comme chaque pilote,
Saint-Ex, comme nous l'appelions, volait à tour de rôle. Il n'aimait pas jou er « les sacs de
sab le », comme on disait dans
le jargon de l'escadrille. Ce n'est
qu'ap mois de mai 44 que SaintEx a pris ses fonctions de pilote
de reconnaissance sur Lockeed
P38. ».
« Il ne nous faisait aucune
remarque et consignait tour sur
le carnet de bord. J'avais; tout
d'abord pris cela pour de la froideur. Je me suis vite aperçu que
Saint-Ex portait en lui, une certaine timidité, et qu'il n'avait pas
du tout l'esprit militaire. Nous,
personnel au sol, ne le voyions
que lors des missions.
Témoignage
Emile Blondeau a appris
quelques années plus tard que
le commandant Saint-Exupéry
était écrivain. Après avoir connu
le pilote il a découvert l'auteur
du Petit Prince et de Terre des
Hommes. Pierre Colomb et Emile Blandeau se retrouveront à
Bourg lors du baptême de l'aérodrome de Bourg, « Bourg-enBresse-Terre des hommes», samedi 1" juillet.
J-P.C.
LJ_}
"'
Fondation
cherche ~êhâteau-désèspérément
·~·i.··~
~·,.'
~
1.,-f~}
Page 7
SES COMPAGNONS
Une fondation Saint-Exupéry dans le château
de la famille à Saint-Maurice-de-Rémens.
Elémentaire mon cher Watson ...
Oui mais cette évidence ne s'impose pas
au propriétaire du lieu qui préfère une école
hôtelière à un musée pour le Petit Prince.
Première mission
avec Saint·Ex
RÉDÉRIC o'AGAY, petit- neveu de l'auteur et président de !'Espace Saint-Exupéry rêvait d'une fondation Saint-Exupéry au
château de Saint- Maurice. Il en rêve toujours. Et le marathon
pour y parvenir est semé d' obstacles. Le plus important étant
l'incompréhension des propriétaires du château qui ne voient
pas l'avenir de ce lieu prestigieux, re lèvant du Patrimoine de
l' Humanité, avec les mêmes couleurs que les responsables de la
Fondation.
F
Le 3 avril 1923, Albert Naillet effectue son premier vol
de reconnaissance avec le lieutenant Saint Exupéry :
«Un garçon qu'on avait envie d'avoir comme copain ... !»
Duels iudiciaires ·
Malgré les tentatives de dialogues, jusqu'ici plutôt dialogues
de sourds, les héritiers de Saint-Ex, alliés à la petit commune de
l'Ain, ont dû faire appel à la justice. En effet, depuis plusieurs années, la maison familiale de Saint-Ex est l'enjeu et l'objet de
duels judicaires où s'affrontent sans fleuret moucheté, l'Espace
Saint-Exupéry, qui voudrait ouvrir un musée au centre de diverses animations autour de la mémoire de l'aviateur-écrivain ,
et la Ville de Lyon liée à l'ALATFA (Association pour le logement
et l'accueil des travailleurs et familles de l'Ain) dont le vice-président n'est autre que Charles Millon. Une ALATFA qui voudrait
ouvrir une éco le hôtelière en concédant, certes, un petit musée
Saint-Ex, façon musée de patronage !
Les héritiers de Saint Ex viennent de gagner une première
manche, grâce aux décisions du tribunal administratif. «Cette
décison du tribuna l nous rassure, mais on reste encore très réservé» , souligne Patricia Lewin de l' Espace Saint-Exupéry. Frédéric d' Agay peaufine le proj et de la Fondation qu i va prochainement obtenir, par décret du Conseil d'Etat, le statut de
Fondation d'utilité publique. 3 millions de francs ont été collectés sur les 5 exigés pour toute fondation.
Plu sieurs villes de France sont prêtes à accueillir cet espace.
Même le Japon, où il y a un grand musée Saint-Ex, à Hakoné,
s'est mis sur les rangs. On peut simpl ement espérer que le Petit
Prince ne sera pas obligé de s' exiler loin de Lyon et de la région.
M-J. D
rn
0
a:
Cl
::J
<(
w
a:
a:
w
il:
« Il s'est mis à piquer à mort avant de redresser soudainement.
Je me suis retrouvé par terre, ma carte s'est envolée et ma fierté en a pris un coup ... ».
bel homme,
volait sur un vieux Voisin, l a
il en imposait mais c'était cage à poule comme on disait, il
un garçon qu'on avait en- a failli se tuer. La carburation
vie d'avoir comme copain. Et . était difficile à régler sur cet
puis il aimait bien discuter avec avion .. . // a piqué du nez soudainous, il s'intéressait à ce que nement, mais le choc a été limité. Je me souviens il a lanc é
nous disions ... ».
Pour Albert Naillet, 98 ans, comme ça : Je suis défiguré ! »
Saint Exupéry est l'auteur du
Première mission
Petit Prince, un aviateur hors
pair, mais surtout celui avec le« Sa int-Exupéry était très
quel il a effectué son premier soucieux de son allure. Il volait
vol le 3 avril 1923. So uvenir pla- toujours avec une écharpe beinant pour cet industriel à la re- ge ... On sentait qu-e c'était un
traite qui débuta comme méca- monsieur; mais pas un bournicien et finit par racheter une
reau comme d'autres pilotes de
entreprise sous.traitante dans guerre. Quand il parlait, on
l'aviation.
·
/'écoutait. Ce n'était pas encore
«J'ai fait ma première mis- l'homme illustre qu'il est devesion avec lui. Je faisais mon ser- nu ensuite. C'est à /'Aéropostale
vice militaire au 34• du Bourget.
qu'il est devenu célèbre. Et puis
J'étais navigateur; on disait ob- il n'avait pas encore publié son
se rvateur à l'époque. Saint-Ex œuvre ».
venait de Syrie. Quand il faisait
Mais revenons à ce 3 avril
mauvais temps et qu'un avion 1923. A lbert a tout juste 21 ans.
volait, pas la peine de se rensei- « Le lieutenant Saint-Exupéry,
gner: c'était Saint-Ex. Il sortait on l'appelait déjà Saint-Ex, avait
par tous les temps. Un jour qu'il l'habitude d'emmener des
«
z
<(
:::;
::J
a
trw
aJ
::J
I
Les héritiers de Saint-Ex ont gagné la première manche
de leur bataille juridique.
• • • Suite de l'article
de la page 6
Trois fois veuve, elle aura
encore de nombreux amis
(dont l'architecte Zehrfuss et le
philosophe de Rougemont),
mènera une carrière discrète
de sculpteur et de peintre, et
parlera beaucoup du plus
grand homme de son incroyable vie.
J.PH.M.
Les femmes,
ses escales
P
OUR SAINT-EXUPÉRY, il y a
incompatibilité
entre
l'existence d'un pilote et la vie
de couple. Pour Antoine, il reste la permanence de la présence maternelle.
Cela ne laisse que peu de
place pour une tranquille carrière de mari. Mais beaucoup
pour des aventures, des passions, des embrasements et
des déceptions, ce qu'Alain
Vircondelet qualifie de « donjuanisme pathétique». D'autant que le premier amour, la
première fiancée en tout cas,
Louise de Vilmorin, mène en
bateau le je1,me aviateur avant
de faire défection au dernier
moment. De plus en plus écartée de l'œuvre, quelle place
reste-t-il à ·la femme ? Repos
du pilote, dans la camaraderie
des pionniers de l'aviation, qui
s'« éclatent» aux escales
dans les bras de filles peu farouches.
Idéal pratique d'une beauté toujours disponible mais jamais envahissante, d'une ménagère compréhensive qui
panse et soigne le héros couturé de cicatrices, mais qui lui
fiche la paix quand il veut rêver, écrire ou profiter des succès que sa prestance, sa gloire
littéraire et son image héroïque ne manquent pas de lui
attirer.
Idéal romantique d'une
femme belle, intelligente, ardente, qui le surprend ef
l'amuse - qui justifie les déclarations ardentes et les phrases
sublimes qu'il trace sur le papier. Il ne faut pas oub lier que
so n activité professionnel le
consistait à transporter des
lettres.
Il y eut donc Consuelo, qui
correspondait tellement à
l'image romantique et si peu à
l'image ménagère, qu'il peut
dominer et protéger. Il y eut
aussi Nelly de Vogüé, active
aristocrate qui « manage » sa
carrière littéraire, avec qui il
constitue un second couple,
parallèle à l'officiel. Consuelo
fait l'enfant, Nelly materne,
analyse Paul Webster. Et Antoine ne se sent vraiment luimême qu'au milieu des
étoiles ...
J.PH.M.
1
L ÉTAIT GRAND,
j eunes avec IÙi. Pour justifier
notre capacité de navigateur,
nous devions guider le pilote
jusqu'à un point précis à_photographier. J'ai eu la chance d'effectuer ma première épreuve
avec lui. C'était sur un Bréguet
14. J'étais debout dans la tourelle de mitrail/euse ... le repérage
s'est bien passé. Et puis tout
d'un coup, au lieu de rentrer directement il m'a dit: on passe
par Chantilly; il voulait voir
quelque chose, je ne sa is pas
quoi ... Et au moment où nous
volions au-dessus du champ de
course, il s'est mis à piquer à
mort avant de redresser soudainement. Je me suis retrouvé par
terre, ma carte s'est envolée et
ma fierté en a pris un coup ... ».
«C'était une personnalité
vraiment remarquable. Je
conserve un très grand respect
pour cet homme».
PROPOS RECUEILLIS
PAR JEAN-MARC DURAND
«J'étais mécanicien sur le P38. • • })
Emile Blondeau a croisé le pilote et témoigne
de ses brèves rencontres avec Saint-Ex.
IERRE COLOMB ET EMILE BLO~,­
DEAU s'étaient connus sur
les bancs de l'école à
Guelma, en A lgérie. Ils se sont
retrouvés quelques années plus
tard, à Blida, dans la cour d'une
caserne où les engagés volontaires dans l'Armée de Libération étaient regroupés pour effectuer leurs classes. Pierre
Colomb, formé au pilotage, a été
affecté sur un bombârdier, un de
ces « cercueils volants» comme
les surnommaient les aviateurs,
tant les pertes étaient nom breuses.
Pierre Colomb, qui dut se
poser en catastrophe à
plusieurs reprises, reconnaît
avoir échappé par miracle, à la
mort.
Emile Blandeau n'a pas été
retenu comme pilote, en raison
d'une vue déficiente, i l s'est re- _
trouvée mécanicien. « J'étais le
plus jeune de toute l'escadrille.
Soldat de deuxième classe, af-
P
fecté sur un P38, sous les ordres
d'un adjudant-chef.
Il n'aimait pas
qu'on le salue
Contrairement à ce que l'on
nous montre dans la plupart des
films, les pilotes n'avaient pas
d'avions qui leur étaient spécialement réservés : il y avait plus
de pilotes que d'appareils.
Notre escadrille formait le détachement français au sein de 3 'd
Photo Group American, commandé par le colonel Eliott Roose velt, fils du président des
USA. Chaque avion était confié
à à 4n groupe de trois mécaniciens moteur. C'était notre
avion. Comme chaque pilote,
Saint-Ex, comme nous l'appelions, volait à tour de rôle. Il n'aimait pas jou er « les sacs de
sab le », comme on disait dans
le jargon de l'escadrille. Ce n'est
qu'ap_mois de mai 44 que SaintEx a pris ses fonctions de pilote
de reconnaissance sur Lockeed
P38. » .
« Il ne nous faisait aucune
remarque et consignait tour sur
le carnet de bord. J'avais, tout
d'abord pris cela pour de la froideur. Je me suis vite aperçu que
Saint-Ex portait en lui, une certaine timidité, et qu'il n'avait pas
du tout l'esprit militaire. Nous,
personnel au sol, ne le voyions
que lors des missions.
Témoignage
Emi le Blandeau a appris
quelques années plus tard que
le commandant Sa int-Exupéry
était écrivain. Après avoir connu
le pilote il a découvert l'auteur
du Petit Prince et de Terre des
Hommes. Pierre Colomb et Emile Blandeau se retrouveront à
Bourg lors du baptême de l'aérodrome de Bourg, « Bourg-enBresse-Terre des hommes», sam_edi 1"' juillet.
J-P.C.
(
1 \
+
\
!--1 _
··-·· A
Écrivain, philosophe, aviateur, pilote de guerre, aventurier de f'Aéœpostale, inventeur, Antoine de Saint-Exupéry a eu une vie courte mais
particulièrement remplie. Trop diront certains de s~s détracteurs.
'• · '"on regarde son parcours avec le recul, on constate que sa trace est forte.
Ses livres continuent de se vendre de par le monde. Des centaise
-"ements, essentiellement d'enseignement, portent aujourd'hui son nom
Et, le 29 juin, jour du centième anniversaire de sa r1
'roport de la métropole lyonnaise qui va changer de nom.
8 rue du Peyrat à Lyon2°, c'est à 9h15 le 29 juin 1900,
qu'Antoine, Jean-Baptiste, Marie, Roger de Saint-Exupéry""
') voit le jour. Sa mère, Andrée née Boyer de Fonscolombe·
assumera toute seule la charge familiale au décès de son
""·
époux Jean en 1904 .
./
\
/ Antoine de Saint-Exupéry fera une petite partie de sa
1.1, J
LJ/ scolarité primaire à Lyon puis dans la région, après tin--~
- =
(I;.
court passage par le Collège Mongré à Villefranche-surSaône. Sa famille partage alors son temps entre Lyon, l'Ain dons
la propriété de St-Maurice-de-Rémens, Le Mans et Saint -Raphaël QÙ fa
famille de sa mère possède une maison.
.,, -
'f
f
4 •
' """-
(~
Ses talents d'écrivain ? Ils perceront dès son plus jeune âge ! À 14 ans, i1
remporte le prix de la Meilleure composition française de I'anné&, .. à
)S[Sainte-Croix-du-Mans pour !'Histoire d'un chapeau .
Son premier roman, Manon Danseuse, il l'écrira en 1925.
Sa passion pour l'avion ? Elle date de sa tendre enfance! À 11 ans,
le menuisier de Saint-Maurice-de-Rémens construit un cadre que le jeune
Antoine installe sur sa bicyclette et sur lequel il étire un vieux drap. Ld t
l'engin ne veut pas pour autant s'élever.
J:,.V7Pourtant, fin juillet 1912, il réussira à partir sur un Berthoud-W avec,
comme pilote Gabriel Wroblewski-Salvez, à partir d'une pisté tral!:
Ambérieu-en-Bugey. Cela faisait des semaines qu'il venait réguUèrrem
vélo sur ce petit terrain d'aviation pour regarder les avions, et parler·
les pilotes et les mécaniciens.
En 1930, Benjamin Crémieux le présente à Consuelo Suncin de
Sandoval, veuve de I'écrivain argentin Enrique Gemez Carrillo
qui deviendra sa femme quelques mois plus tard.
Un an plus tard, il vend la maison de l'Ain à la ville de Lyon.
Éclèctique, I' écrivain-aviateur s'intéresse également au matériel :
il dépose le premier brevet d'une longue série concernant, cette
fois, un dispositif pour atterrissage. En 1933, il met fin à sa
carrière de pilote d'essai après un accident où il a failli périr
noyé. En 1935, il acquiert un Caudron Simoun pour tenter le
record Paris-Saïgon. Il aura un accident dans le désert avant
d'atteindre l'Egypte.
Il publie chez Gallimard en 1939 Terres des hommes, livre qui
obtient le Grand Prix du roman de l'Académie française, puis
est désigné par un jury américain comme « le livre de l'année ».
Le 7 septembre 1939, il est mobilisé à Toulouse avec le grade
de capitaine. Il est affecté en tant qu'instructeur au
- .,... 11 /33 .
En mars 1941, il effectuera ses premières
~ ,.
\ missions, avant d'être démobilisé en juillet.
"-""'~"\ ~I va s'installer aux Etats-Unis.
.â:"' '-. ,
S- j
Il profitera de ce répit pour écrire et publier
f en 1942 Pilote de guerre, ouvrage interdit par
Vichy, puis Lettre à un otage et enfin Le Petit
-_,...- - --....,.-·--..-.-- ---
-~--
---- --
- - - ~ - ..,,,. - - - - - - - -
· - · ·- r - - · · - v - · - - · - ·
-- ::-"" --'i.3 · ._. - · - - - ·r~ · ~·_,. -..
:;;.,..:;:.x- rt=•
les pilotes et les mécaniciens.
Baccalauréat à 17 ans, admissible à l'École navale où il échoue à l'ora
entre comme auditeur aux Beaux Arts, en section architecture. Mais ili>'!1'~st
'
• ,
,k11~
pas tres motive.
..,
Il profitera de son intégration sous les drapeaux en 1921, au 2e RAC de
Strasbourg en 1921 pour effectuer son premier vol en
double commande sur un Farman.
•..,-·7
Il est victime d'un premier accident
,:,.··'
r.1
~
*'-y d'avion au Bourget en janvier
Jl"l 1923.
Il sera promu
lieutenant en 1926,
~
Il entrera comme
pilote intérimaire
à la Compagnie
aérienne
française.
Mais faire passer
des baptêmes de
l'air ne le satisfait
pas pleinement.
Il réussit à entrer chez Latecoère. C'est l'aube de son aventure dans
I' Aéropostale.
Il assumera les courriers Toulouse-Casablanca et Casablanca-Dakar avec
comme, cc-équipiers, Mermoz, Guillaumet, Riguelle, Reine ...
Il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur au titre de l'aéronautique
civile en 1930, pour les services rendus à Cap Juby au Maroc. Il
participera quelques semaines plus tard au sauvetage de Guillaumet dans
la Cordillère des Andes.
En mai 1943, alors que Le Petit Prince est publié à New-York,
Antoine de Saint-Exupéry revient en Afrique avec sa lettre
d'embarquement. Il suit un stage d'entraînement; mais,
rapidement, il sera mis en réserve de commandement car jugé
trop âgé pour piloter.
C'est par chance qu'il peut reprendre à nouveau le manche au
sein du groupe 2/33. Il s'envole de Sorgho en Corse le 31 juillet
1944 à bord d'un Lightning P38 pour une ultime mission de
reconnaissance au dessus de la région Rhône-Alpes, Grenoble,
Ambérieu, Annecy dont il ne reviendra jamais.
Sur P38 Lightning, il part de Borgo -en Corse pour un vol de
reconnaissance au dessus de GrenobleJAmbérieu/Annecy le 31 _
juillet 1944. Le 7 septe,_mbre cJ~98 une go~r;m€lffe portant s~n
nom es~ retr<:?_uvée,.Jlâns 'ùne c:tifanque proche dè~Marseille (dvec
une radlô:ét ùh1;,ulon de P38, mais des tél1]ofris djs~nt I'aypir
vu tomber 200- kms plus.,,,/oin vers Biot ou Amîbes ou même
"'' "'"":>•<"- ...,..__. ~ ......;»
.
Monaco:·'""~-y,w"'·"',,;,""'
En 1929, il publie Courrier Sud, puis deux ans plus tard Vol de nuit,
ouvrage qui lui vaudra le prix Fémina. Après quelques préfaces pour des
ouvrages d'amis, Antoine de Saint-Exupéry aura une forte production
orientée reportage pour différents magazines et journaux.
V
\~t:Jeuvre
..--·'
..,,
.
·• .
!_nfographie : P,• Villard
+
CM ·
Page 11
1900/1944
Saint-Exupéry et le Petit Prince
contemplent Io ville
OUR RÉALISER le monument
fait de marbre et de bronze, l'artiste lyonnaise
Guillaubey est allée en Italie.
« Cela fait vingt ans que j'y vais
régulièrement, confie-t-elle, surtout lorsqu'il s'agit de travailler
une œuvre de cette taille là».
Er igé à la mémoire de SaintEx upéry, place Bellecour, l'ensemble composé d'un pilier et
d'une sculpture est imposant ; il
s'élève effectivement à 5m 50
tandis que les personnages dépassent un mètre trente.
P
· Une sorte de défi
C'est au mois de décembre
dernier que Christiane Guillaubey entame les premiers coups
de marteau.
Retenue à l'issue d'un appel
à concours organisé au cours de
l'année dernière et auquel
avaient répondu 26 artistes, l'artiste peintre-sculpteur se lance
alors dans l'aventure ... Le Petit
Prince, Vol de Nuit, appris au lycée n'étant plus que de vagues
souvenirs, elle relit tout Saint-Ex. L'occasion de
redécouvrir l'homme, le pilote, !'écrivain aussi.
C'est que l'enjeu est important. Il est en effet relativement rare aujourd'hui, note l'artiste, de concevoir un monument à la mémoire d'un grand
homme.
Eriger une sculpture sur la place la
plus prestigieuse de Lyon constitue également une sorte de« défi» _;« le site
est immense et il faut que notre travail
tienne». Pour cela, l'artiste a choisi de
montrer au public les images les plus
fortes ou plus exactement les plus
connues.
Assis en haut d'un imposant pilier enta il lé pour rappeler l a montagne des
Andes, dans un marbre venu tout droit de
Toscane, Sa int Ex upéry est représenté; les
mains dans les poches d'un manteau en cuir,
en tenue d'aviateur, parce que« c'est l'image la
plus connue de lui ».
Derrière l'auteur de Terre des Hommes, se
tient debout, le Petit Prince et sa main gauche, que
l'on devine tendrement posée sur l'épaule du pilote. Les deux personnages regardent ensemble
dans la même direction ; désormais, « ils contemplent la ville» . L'œuvre qui a nécessité 480 kilos
de bronze et 15 tonnes de marbre repose sur un
socle sur lequel est représentée la dernière page
du Petit Prince. Installé dans la partie ouest de la
place Bellecour, le monument sera dévoilé au public le jeudi 29 juin en fin de journée.
Le Comité Saint-Exupéry qui a financé ce projet dont le coût est estimé à 600 000 francs, remettra alors la nouvelle sculpture à la ville de Lyon.
Gonflé
Béiot 1
d; ~r/'
Passionné
de montgolfière,
de fraternité
et amateur de défi :
Franck Béjat
s'est investi
à fond
dans l'organisation
du centenaire
de Saint-Ex.
.({é
::=~
~
-~ t;?
/,
~
.~ ~
«J
;,j;
~
y'
-
- -- ..
: -/-:=:
. ' <' c-::::----.;:'---''
.-~ITT@~:m&~~~:~~:.4
.-- <
E M'ENNUYAIS». Quand Franck Béjat dit cela, il a tout dit. Cet homme aime la passion, les défis, les
montées d'adrénaline. Autant de bonheurs qu'il a connus en devenant un
commerçant prospère. Mais une fois venue la réussite, que faire ?
Franck Béjat n'est pas le genre a s'asseoir sur ses lauriers . S'asseoir tout
court est déjà pour lui un exercice difficile. « Il a la bougeotte», explique un
membre du comité Saint-Ex. Son goût
du défi, des risques maîtrisés, l'a conduit
à devenir un spécialiste de !'aérostation.
Du jardin de sa ferme, à Chatillon-surChalarone, les voisins ont l'habitude de
voir s'envoler les montgolfières.
A.D.
Jusqu'au bout des choses
Saint-Exupéry
est représenté
par Guillaubey
les mains
dans les poches
d'un manteau en cuir,
en tenue
d'aviateur •••
Derrière l'auteur
de Terre
des hommes
Le goût du ciel n'est pourtant pas le
dénominateur qui l'a poussé sur les
traces de Saint-Ex. C'est plutôt une histoire d'amitié. Son copain Bruno Fa'uritte
a grandi dans le château de Saint-Ex, à
Sa int-Georges-de- Remens. Son papa en
était le jardinier. Franck Béjat a aussi fréquenté les lieux, lors de délicieuses
colonies de vacances . « Un jour,
Bruno est venu pour me demander de faire quelque chose pour
que le château devienne un musée Sa int-Ex. Comme je m'étais
attaché au personnage de /'écrivain-aviateur, j e m e s uis lancé
dans ce dossier. On n ous a
beaucoup promis de choses,
mais bon. Je n'ai-pas désespéré,
mais comme il y a une actualité
judiciaire, laisso ns fa ire ... »
Franck Béjat n' a pas abandonné l'auteur du Petit Prin ce
pour autant. Il y a deux ans, le commerçant a vendu son affaire: magasins à
Lyon, à Annecy .. . «Je me suis consacré
à plein temps à la préparation du centenaire de Saint-Exupéry. C'était un challenge. Je me suis dit: il faut qu'après cet
événement, il n'y ait plus un Lyonnais
qui ignore que Saint- Ex est né il y a cent
ans place Bellecour... »
Son épais carnet d'adresses, son
contact naturel et son opiniâtreté ont
soulevé les montagnes. « Je ne suis pas
cultivé, instruit ou particulièrement
brillant. Mais je suis têtu, je vais jusqu'au
bout des choses. Je crois que mes engagements me transcendent. C'est pour
cela que j'ai besoin de belles causes»,
affirme le deus ex-machina du centenaire.
Beaucoup, à Lyon, ont connu Franck
Béjat lors des Fêtes sans Frontières. Son
amitié avec Francisque Collomb lui avait
ouvert les portes du parc de la Tête d'Or.
Il a en a fait une série de neuf rassem blements populaires, autour de la cause
de Handicap International.
« On a accueilli 800 000 personnes
au Parc, sans le moindre dégât. Ce ne
sont que de beaux souvenirs, d'amitié et
de rires» se souvient l'amateur de Zeppelin .
A l'heure qu'il est, le centenaire est
en passe de prendre son envol. L'essent iel est fait. « Après je vais souffler un
peu. On en est à quinze heures par jour,
là. C'est beaucoup. Mes quatre enfants
ne veulent plus entendre parler de Sa intEx, ils sont saturé s. Ils attendent fin
juin ... »
THIERRY MEISSIREL
Guillaubey, artiste sculpteur,
aime travailler le marbre
G
UILLAUBEY -
c'est son
nom d'artiste est à la fois
sculpteur et
peintre.
Lyonnaise d'origine,
elle vient d'aménager
un atelier dans le
quartier de SaintPaul. Connue dans la
région pour avoir
notamment réalisé une
fontaine à la mémoire
de Napoléon Bullukian à
Vénissieux et un bas-relief
tout près de l'ENS, allée
d'Italie à Gerland, elle
aime sculpter le marbre ;
« Cela suppose un rapport
très physique, dit-elle,
presque comme une
lutte amoureuse.
.• J'aime beaucoup
~Î travailler le noir et le
1
,..
•
"
1
,
,...
:
o
~1
blanc dans la sculpture.
Mais lorsque le désir de
couleur me vient, je prend
mes pinceaux ». Dans son
travail, Christiane
Guillaubey parle toujours
de la femme ou de la
condition de la femme au
XXI' siècle. Il ne s'agit
jamais « d'une
représentation», note
l'artiste, mais d'une
-« évocation ». En
répondant au concours
pour ériger un monument
à la mémoire de SaintExupéry, le sculpteur a
choisi de réfléchir sur un
tout autre thème. « Ce qui
m'a le plus marqué dans
ses ouvrages, c'est
lorsqu'il parle de l'amitié.
C'est un sentiment qui
compte beaucoup chez les
pilotes, pourtant souven~
f\' r
.f
\ :\
-
)
seuls dans leur avion.
Cette solidarité me touche
beaucoup». Quand
Christiane Guillaubey
commence a réaliser son
modèle en terre, elle
installe presque
naturellement les
personnages au sommet
du pilier.« Saint-Exupéry,
il fallait que je le mette en
haut ; il était bien que
dans ses avions, quand il
était haut. Toute sa vie, il
avait chercher à voler».
La sculpture indique-t-elle,
je l'ai montée en Italie.
J'attends de la voir place
BellecoUr; c'est autre
chose, car c'est à la
dernière minute qu'on se
dit, c'est bon, les
proportions sont justes.
r
,1 .J t
~· "-'
.J\
A.D.
t;.;'J ' J.~ ~
( 1\
1
,-.
~
..
.
..
--
~
'
SAINT-EXUPÉRY
Page12
1900/1944
les fêtes du centenaire:
•
un programme copieux
C
'
EST LE 17 JUIN que les festivités ont
été ouvertes à l'occasion du centenaire de la naissance de Saint-Ex.
Elles se poursuivront et s'amplifieront à
Lyon dès aujourd'hui et surtout
demain:
- 22 h 30, projection sur écran géant du
document de l'INA Visages de Saint-Exupéry d' Ange Casta
- 24 heures, Envol de nuit de la montgolfière du Petit Prince avec cinq
autres montgolfières
29 JUIN:
• Aéroport LyonSaint-Exupéry
- Arrivée du rallye aérien Vol
de Nuit BastiaHyèrès-Lyon à
l'aéroport
Lyon-SaintExupéry.
- 11 heures,
inauguration du
nouveau nom
officiel Aéroport
Lyon Saint-Exupéry.
- Passage de la Pa,.._t rouille de France, du
Mirage 2000 piloté par le
capitaine Hervé de SaintExupéry, et du Bréguet XIV.
• Place Bellecour
- Passages de la Patrouille de
France
- Fresque géante des élèves des établissements scolaires Saint-Exupéry
de toute la France
- Résultats du concours pédagogique
Gallimard Jeunesse la Poste
- Résultats du concours 100 Petits
7'Princes
- Remise des prix aux enfants
- Cérémonie officielle devant la maison natale d'Antoine de Saint-Exupéry
- Envol de colombes
- 19 heures, inauguration du monument
Saint-Exupéry place Bellecour, accompagnée par la musique de l'armée de l'air
- Concert, interprétation de la chanson Le
Petit Prince par 500 petits chanteurs d'Europe sous la direction de Jean-François
Duchamp
Le soir, concert de cloches de toutes les
églises du Grand-Lyon
- 21 h 30, concert de la Musique de l'air
30 JUIN:
•
Cathédrale
Saint-Jean
20h 30
- Concert avec
500 petits
chanteurs .
d'Europe
•
Expositions aéronautiques
- Avions anciens
et actuels, 15
avions du P 38 des
Ailes
anciennes
d'Alsace, au Prototype 01 du Rafale marine
de Dassault
•Armée de l'air
- Base aérienne 942 de Lyon
Mont-Verdun
- Base aérienne 278 d' Ambérieu-en-Bugey
- Planeur époque Saint-Exupéry
- Planeur moderne
- Rétrospective photo de la fabrication
du 1860 Bréguet XIV par Michelin
- Rétrospective photo de l'histoire du
pneu d'aviation du Bréguet XIV à la
navette spatiale
.l!%,J.~~.tdtt1i'!ik'.dt, Yiâ!t~~-b.leo.-wouâllbttScrinlb"(
u;mif"'-!~~;:.;1*.~Jt.~6..,th.-MletilyWe~ l aw:.Mt.
lh-oi!if,'11("...tÔ .~l:\ 1iO!lf#k,
{) .h<.<lf.lcidP~ ltl!>.'.,ifMoo:Ui!;i•~rtntf,:~~. u~
ct~lf;i:l.<p.ffy
vc..i;,,,.,.,
retransmettant en direct
la plupart des manifestations célébrant le centenaire de la naîssance de
Saint-Exupéry, le mercredi
29 juin.
@N..i.,j,l'AJ,
.}r;::.J:~f.?'(-:l,ll.;i~.
fi~·
lOJPtfü(~lt',OH~._
V '""I"'~
~~~« 1@~11h$.k~è.et~t1U~riçô'I~
(~tfl ~rn~ l'Ord-~11~ ùb~ dtTJJr,
fHif'it~lt{9P..,4'W.®i.~Etl~tdtm-1d'~ {d1''(~dt ~U.~ •
n~ 1 itt;~MMgoftn~h~!ill1i"olt''~kSO~~"r;r-4d1lfmîOOl.
©~
@-
@ 1Up6/dt9"'M
La Saône
Une grand meeting-exposition
à Bourg ~
•Autres
- Concours international des Amis de la reliure d'art
- Exposition des 100 plus belles reliures
des œuvres de Saint-Exupéry
- Exposition de la De Soto cabriolet 1937
d'Antoine de Saint-Exupéry
- Exposition philatélique organisée par la
Poste
- Vente de livres du 24 au 29 juin
- Librairie Saint-Ex 2000, vente des œuvres
d'Antoine de Saint-Exupéry et de souvenirs.
• 12h00: « La vie d'ici »
émission en direct de LyonSatolas
• 12h10: « 12/13 » le
journal régional en direct
de Lyon-Satolas diffusé
pour l'occasion sur les huit
départements de la Région
Rhône-Alpes
hpl'llf~d'~(~:l:$àr: 1t! l'J.î~~1U:~.
h~ d"t:Yè.{'11:':'.kùtt ll<iJik mb.
0
Participation
d'une cinquantaine
d'appareils
et de la Patrouille de
France, dimanche 2 juillet.
de Bourg-Cey,AÉRODROME
L
zériat aurait dû s'appeler
Bourg-Saint Exupéry, mais Sa-
ci
ci
tolas a eu, en toute logique, la préférence ce que les Burgiens ont admis, sans difficulté. Ils ont cependant voulu rappeler les attaches de Saint-Ex avec le département de l'Ain et le 1" juillet l'aérodrome de Bourg-Ceyzériat sera baptisé
«Bourg-en-Bresse, Terre des Hommes».
•Samedi 1•• juillet: toute la journée, baptêmes de l'air sur avions Robin DR 400,
DR 220, sur hélicoptères et sur planeurs; à 18 heures, cérémonie officielle du baptême.
•Dimanche 2 juillet: de 10 à 18 heures, un spectacle ininterrompu est programmé sur l'aérodrome avec une présentation en vol d'avions d'armes (Mirage
F1, Mirage 2000) et la participation de Catherine Maunoury, championne du monde de voltige. Des avions anciens comme l'AD 4 Skyraider, le P 51 Mustang, le Yak
11, etc., décriront, tour à tour, leurs arabesques dans le ciel de Bresse. Des avions
de voltige, des hélicoptères participeront également à ce grand ballet aérien, mais
la vedette de ce meeting sera incontestablement la Patrouille de France qui se produira dans l'après-midi.
France 3en direct ...
RANCE RHÔNE-ALPES/F
AUVERGNE accompagnera l'événement en
fol!tif!'>ltl-d~~ti;.;i kloc:<.:ll'IM!ilt$~tlf~f~.
Û' ilvion1œKÎoMs
il) ~..
• 18H56: Edition spéciale
du journal du Grand-Lyon
consacrée à Saint-Exupéry
• 19H07: Journal régional en direct de la place
Bellecour à l'occasion de
l'inauguration de la statue
de Saint-Exupéry
les partenaires des manifestations du centenaire
~•iWA -~ --~
c 0 N s E 1L
+++
•
-
~~
tfml _ _ \ _
GENERAL
w
LYON
DU RHONE
2'000
L'AVENIR À BRAS OUVERTS
VILLE DE LYON
.....)\.. Aéro(!orts
,~d~.-~Y.Jl!J
}ifdZGtti !Z, 'i
ARMÉE DE L'AIR
FRANCE
fi
•
•1a. · I O, f...(,
t
i
\
1 ~; \ '
n
t.1
JE r
ur
A N
(à,·,,
't9".~:
;.;\-1 il 'f:·\.-- Hf'•,
J !•
·"!i) .<1· H 11, f
~ : 1 -'·
,,
t"
f.
~;
r
tJ
r\ D /\
T OINE
7
~r
1 f) N
DE
AIR FRANCE
.: ~ ~~.::"_~Ler. :1:~
...
..I" ..
'
~ ••
~•'"Il/
. ,,r. •. . ~;
· -...j .. ;
.j:; . .-,,_.,
~.
"" .J:Jr"
.,...
,:
~ '~·-
c
.·
Page 13
Lyon·Satolas
devient Lyon/ Saint·Exupéry
0
::;)
Après Lyon-Bron et Lyon-Satolas, l'aéroport lyonnais de référence
s'appellera donc« Lyon/Saint-Exupéry» à compter du 29 juin.
Ce faisant, disparaît la vieille règle qui oblige les aéroports
à associer les noms de la ville centre et de la commune d'accueil.
:s
_J
5
0
:::;;
0
a:
~
ü
ëë
L
d'un aéroport
ne se fait surtout pas au hasard : selon une règle bien
précise toujours en vigueur, une
plate-forme aéroportuaire doit
prendre le nom de la ville centre
qu'elle dessert associé à celui de
la commune sur laauelle elle est
in'stallée.
·
·
· ·
Grâce à cela, quelques communes de moindre taille ont bénéficié d'une publicité ou d'un renom inattendu et inespéré : Orly,
Marignane, Blagnac, Mérignac,
pour ne citer qu'elles, communes
hôtes des aéroports de Paris, Marseille, Toulouse et Bordeaux sont
ainsi aujourd'hui connues de
tous, l'usager réduisant souvent
le nom de l'aéroport au dernier
terme: « Taxi, à Marignane SVP».
Lyon n'a pas échappé à cette
règle, même si l'aéroport a déménagé en 1975. Il s'est d'abord appelé Lyon-Bron, puisque installé
originellement sur le territoire de
cette communl': de l'Est lyonnais.
Lorsqu'en 1975, s'ouvrit l'aéroport actuel à 25 kilomètres à l'est
de Lyon, il prit tout naturellement
le nom d'une des communes sur
A DÉNOMINATION
Bernard Chaffange :
«raéroport
va s'humaniser »
Pour le directeur des aéroports de Lyon,
le changement de dénomination
n'a pas qu'un aspect« marketing».
« Il y a des valeurs exupériennes
qui sont celles de la solidarité et du travail
en équipe », souligne Bernard Chaffange,
président du Comité Sai!1t-Ex 2 000.
ous au1 ~TES l'un des
principaux auteurs de
cette initiative, qu'attendez-vous précisément du
changement de nom de
l'aéroport 7
•J'en attends trois choses :
il s'agit de se souvenir d'un
très grand Lyonnais à qui sa
LU
ville n'a jusqu'à présent pas
tii::;)
rendu l'hommage qu'il méri..,
LU
te. D'un autre point de vue,
a.
a.
plus « marketing » si on peut
:J
dire, s'appeler Lyon-Saint:;:
Bernard
Chaffange.
a.
Exupéry est infiniment plus
fort que de s'appeler Lyon- Raphaël-Lyon qui se posera
Satolas. Enfin, même si cela sur l'aéroport le 29, suivront
peut faire sourire, il y a des
la décoratic>n de la Tour du
valeurs« exupériennes »qui
sont celles de la solidarité, Crédit Lyonnais et la décodu travail en équipe, de la ration spécifique de l'aéroconvivialité, de lien entre les port. Sur le site de l'aéroport
hommes et qu'on retrouve même, à la sortie du parking
en aéronautique. Et si on
PO il y aura un espace Saintnous a reproché d'être un Exupéry; la famille nous
aéroport trop froid, j'espère offre un portrait plus grand
qu'ainsi l'aéroport va s'hu - que nature, réplique de la
maniser.
.photo de 1931 prise en ArQuel investissement
représente un tel change- gentine par Guillaumet.
Comment se présente
ment de dénomination 7
•Aux environs de 3,5 mil- la manifestation du
lions de francs l'ensemble, 29 juin 7
sur le budget 2 000 de l'aéro- • Elle se présente bien,
port. Il faudra y ajouter la re- presque trop bien. To:.it le
mise à jour de la signalisa- monde voudrait être là. Je
tion routière qui est en effet reçois tous les jours des deà notre charge et que j'éva- mandes d'invitation.
Le changement de
lue à 3,5 millions aussi.
Comment un tel chan- nom de l'aéroport n'aura
gement est-il reçu chez vraiment lieu que ce jour
les principaux acteurs du là 7
monde aérien, les compa- • Nous pourrions déjà utiliser ce nom, mais nous avons
gnies, les équipages ... 7
•Nous avons de bons re- convenu avec I' Aviation civitours. Saint-Exupéry faisait le -que nous ne commencepartie du monde de l'avia- rions à parler de Lyon-Sainttion. Même si, vous le savez, E>_<up~_ry que le 29 juin.
Ce clia-ngement de
il y a eu quelques opposants,
que nous avons reçus et nom ne risque-t-il pas
écoutés respectueusement, d'occulter les autres évéje suis surpris de l'impact nements passés ou à vepositif que ce changement nir qui concernent l'aéroport 7
peut avoir.
Où en est-on aujour- • L'année 2 000 aura quand
d'hui des diverses festivi- même été l'année du lancetés entourant ce change- ment de la ligne Lyon-NewYork. Pour le reste, nous atment de nom 7
•Un
certain
nombre tendrons la rentrée pour
présenter avec Guy Malher
d'opérations de communica- le schéma directeur de l'aétion ont déjà été réalisées : roport qui prolonge l'APPM
l'opération 100 000 cartes et qui permettra de détermipour le Petit Prince, le ner des phases successives
chèque remis à Paul Baudry de trafic, lesquelles condi comme l'aérogare décorée tionneront la programma avec des dessins d'enfants tion de nos investissements.
des écoles riveraine·s du
PROPOS RECUE1LLIS
Rhône èt•de la' J!lroche lis.ère.
:outre• le r'a id Bastià <Saint- . PAR JEAN-CLAUDE PENNEC
V
r,,
'
laquelle il développait son emprise : Satolas. Trois syllabes courtes
qui se mariaient efficacement à
celle de Lyon.
Lyon-Satolas: cela fait donc 25
ans que ça dure.
Df! Ma.rse.!lle·Marignane
a Marselllit·Proven'e
Les temps changent. Désormais de plus en plus d'aéroports,
pas seulement en France, souhaitent échapper à un système
viei llot qui ne se justifie plus et qui
a donc souvent pour conséquence
de voir disparaître le nom de la ville de référence: ainsi Londres
s'efface devant Heathrow ou
Stansted, Paris devant Or-ly ou
Roissy etc. Parallèlement, les
villes ou les gestionnaires de ces
aéroports tentent de plus en plus
de transformer ce qui n'était pendant longtemps que des platesformes d'embarquement ou de
débarquement en des vitrinesportes d'entrée au rôle « marketing » fondamental, reflet et résu mé de la région qu'ils desservent.
D'où ces mutations d'appellations
survenues ces dernières années
et qui se font toujours aux dépens
du ·nom de la commune d'accueil.
Ainsi Marseil le-Marignane est devenu Marseille-Provence, plus
évocateur pour un passager en
provenance d'un autre pays.
Lyon aura suivi une autre
«
CCOle
»,
qui COnSÎStG â donnGr .â
l'aéroport le nom d'une célébrité
locale. Si le procédé est encore rarissime en France (RoissyCharles-de-Gaulle), il commence
en revanche à se répandre
ailleurs. Outre Kennedy donné à
l'aéroport le plus important de
New-York, les Américains ont
donné le nom de George Bush à
l'aéroport d'Houston et celui de
John Wayne à celui de l'obscur
Orange County. Reste évidemment à savoir comment l'usager
«s'appropriera» par la suite la
nouvelle appellation. Dans le cas
de Roissy, on notera que même
les usagers étrangers raccourci e
sent le nom de l'aéroport parisien
à Roissy-C-D-G, voire à C-D-G tout
court.
JEAN-CLAUDE PENNEC
Changer le nom d'un aéroport ?
Pas si simple
·
En matière
de dénomination,
« il faut faire court,
efficace »,
souligne Olivier Roy,
directeur de Création
chez Carré Noir,
société de design global,
notamment spécialisée
dans les « stratégies
et créations de noms ».
En la matière,
« les noms de personnes
sont souvent plus exposés
que les noms de lieux »
souligne-t-il. Interview.
UE PENSE un professionnel
du « nom » et du changement de nom de la nouvel1e dénomination de l'aéroport
lyonnais ? Olivier Roy qui anime
le département de création et de
stratégie de noms de· Carré Noir,
une société de design global qui
emploie 150 personnes à travers
le monde répond :
Q
Que pensez-vous de ce
changement de nom 7
• De nombreux aéroports ont décidé d'associer un nom de lieu à
un nom célèbre comme RoissyCharles-de-Gaulle New-York-Kennet:l.y, ou Rome-Da Vinci. Mais il
~fà1.lt• se méfier. Quand un nom est
trop long, le public fait des apocopes : ainsi le Parc des Princes
est devenu« le Parc». Dans le cas
de Roissy on constate que
« Charles-de- Gaulle » tend à disparaître. Il faut faire court, efficace : même les étrangers disent
Roissy. A mon sens, il est illusoire
de vouloir dicter aux gens l'emploi qu'ils vont faire d'un nom.
Pour « Lyon / Saint-Exupéry»,
c'est à mon sens d'autant moins
gagné qu'il n'apparaît pas d'objection fondamentale à utiliser le
nom de Satolas.
Vous méfiez-vous de l'utilisation de noms de personnages dans de tels « baptêmes» 7
•J'ai la conviction que les lieux
sont moins exposés que les gens.
Bruay-en-Artois, dont le nom est
lié à une célèbre affaire, est l'une
des rares communes à avoir changé de nom (pour Bruay-la-Bussière). A l'inverse, « Kennedy » est
un nom très promotionnel. Mais
rien ne nous dit que ce nom gardera la mêr1:ie force quand les archives du FBI ou de la CIA s'ouvriront. D'un point de vue
stratégique, je pense qu'il vaut
mieux aller vers le toponyme que
vers le patronyme.
Au sujet du choix de
« Saint-Exupéry », quel est
votre sentiment 7
•Il reste une figure emblématique; l'auteur, !'écrivain, l'aviateur et surtout le Petit Prince qui
fait oublier l'homme qui part à
New-York ou qui tombe en avion.
Mais lorsqu'on change de nom, il
y a généralement une raison très
précise. Ainsi lorsque la Générale
des Eaux est devenue Vivendi,
Jean-Marie Messier a~âit un-e"rai'-
a:
ci
Olivier Roy : « Il est illusoire
de vouloir dicter aux gens l'emploi
qu'ils vont faire d'un nom».
son précise. Le changement de .
nom est lié à une catastrophe
qu'on veut faire oublier, ou bien il
s'agit d'une question de lisibilité
internationale. Ici, sauf peut-être
cet aspect, il n'y a aucune raison
logique, pragmatique, pour enlever le nom de Satolas.
Une fois ceci posé, quels
conseils donneriez-vous, ici, à
l'aéroport lyonnais 7
• « Saint-Ex » est un nom qui est
bien, qui claque bien. Il faut aller
tout de suite à « Lyon-Saint-Exu.péry », il faut aller vite en sachant
qu'il n'y a pas de « place » pour
tout le monde. Il y a toujours une
hiérarchie qui fait que l'un des
termes finit toujours par l'emporter. Il est même possible ici qu'un
jour le nom même de « Lyon »
disparaisse. Regardons encore ce
qui se passe à Roissy. La nécessaire différenciation des aérogares de cet aéroport fait qu'on
parle de plus en plus de «'Roissy
1 » et de « Roissy 2 » et de rien
d'autre. De même Rome : malgré
la personnalité incontestée de
Léonard de Vinci, l13·s ·usagers
continuent de parler de .Fiutn icino.
( 1 \
\. i )
•' .
i
ffi
Page 14
1900/1944
l'aventure de I'Aéropostale
Après la conquête de l'air, d'autres aventures deviennent possible.
Celle de I' Aérospostale mobilise de nouveaux pionniers ...
1914-1918
confirme que l'aviation de paix
sera en partie commercia le. Des
raids aériens prouvent que l'on
peut franchir désormais de
grandes distances, relier des continents,
établir des trajets de ville à ville. En février 1919, le premier service de transport aérien est ouvert sur la ligne ParisLondres par Lucien Boussetrot. Certains
ont des ambitions précises. Le constructeur d'avions, Pierre-Georges Latécoère,
est de ceux-là. Né en 1883 à Bagnèrec;de-Bigorre, cet industriel séduit par
ravlatlOn a construit pendant la guerre
des appareils Salmson pour l'armée.
Mais son rêve, désormais, est de créer
des lignes reliant la France au Maroc et
au Sénéga l, à une époque où la France
possédait des plateformes en Afrique.
Les premières tentatives datent de 1919,
avec le même genre d'appareils, des bi-
L
A FIN DE LA GUERRE DE
plans qui se transforment en porteurs de
courrier, sur la liaison Toulouse-RabatCasablanca. En fait, ça passe ou ça casse.
A la tête de ces pilotes qui ont pour nom
Vanier, Lécrivain, Lassalle, Enderlin, un
nommé Didier Daurat: « Un homme
trapu, les cheveux noirs, plantés bas
encadrant un visage fermé au regard
d'acier. Il respire l'obstination, la fermeté
bourrue. C'est lui qui dirigera la Ligne,
qui insufflera aùx pilotes une sorte
de mystique de l'impossible, formera
les nouveaux et remplacera les défaillants .._» l 1J_
Presque chaque année, les parcours
s'allongent. Ainsi, on pousse jusqu'à
Dakar, dans des conditions d'insécurité
qui ne sont pas seulement dû à la fiabilité des appareils. De n9mbreux atterrissages forcés à la suite de panne valent
aux pilotes de subir les pillards du
désert. Des demandes de rançons sont
parfois formulées. Des
aventures au sens plein du
mot, que vit une nouvelle·
recrue de Daurat: Jean
Mermoz. Né en 1901 à Aubenton, breveté pilote en
1919, cet homme aussi séduisant qu'intrépide vit les
épreuves de ces «facteurs
de
l'air»
avant
de
connaître d'autres succès
aériens qui feront sa gloire.
En mai 1926, avec son
Limousine Salmson 2A2 (source aéro-musée de Bron).
.Oquipior, il o~t f~it nrison-
nier par les Maures et reste
captif plus d'une semaine.
Parfois cela se termine tragiquement, comme pour
les pilotes Pintado, Erable
et Gourp ...
cr'
ci
Cf)
Des marques de gloire ~
iE
,
.
.
Latecoere 32 (source aero-musee de Bron).
En 1926, un petit nouveau débarque : « Je venais d'entrer
comme jeune pilote de ligne à la société
Latécoère qui assura, avant /'Aéroposta le, puis Air France, la liaison ToulouseDakar. Là j'apprenais le métier». Dans
Terre des Hommes, Antoine de SaintExupéry, expose ainsi son arrivée dans
l'équipe où une rencontre le marque particulièrement, celle d'Henri Guillaumet:
« Il répandait la confiance comme une
lampe répand la lumière, ce camarade
qui devait plus tard battre le record des
traversées postales de la Cordillères des
Andes et de celles de l'Atlantique sud... »
Car les objectifs se sont élargis .
D'abord, la Compagnie générale d'entreprises aéronautiques, fondée en 1921 devient, en février 1927, la Compagnie générale aérospatiale. Latécoère s'est
associé avec un homme d'affaires, Marcel Bouilloux-Lafont, qui a l'avantage de
posséder en Amérique du Sud des ressources et des appuis solides. Cela permet d'envisager la création de nouvelles
liaisons, « de Buenos-Aires à la Patagonie et à Santiago du Chili» . Au nord,
elles atteignaient le Brési l, les Guyanes,
le Venezuela, s'infl éch issa ient vers la Bolivie et .le Pérou. Les meilleurs éléments
de la compagnie, écrit Robert de La
Croix, quittèrent l'Afrique pour l'Amérique du Sud : Négrin, Guillaumet, Reine
Vanier et Jean Mermoz, nommé inspecteur, poste qu'il n'a accepté qu'à la
condition expresse de continuer à vo ler ... ».
Pour Saint-Exupéry, après avoir vécu
de multiples péripéties dans le désert et
être resté un an et demi au cap Juby,
c'est une nomination · comme directeur
de l'Aéroposta Argentina qui l'attend en
1929 ... Mermoz, après avoir franchi les
Andes en dépit d'un terrible accident sur
un Laté-28, réalise en mai 1930 la première liaison aé-rienne Dakar-Amérique
du Sud. Guillaumet vit à son tour un cauchemardesque survo l des Andes avec
son Potez 25 qui s'abîm e dans la Laguna
Diamante, à 4 000 mètres d'altitude. Il
s'en sortira comme par miracle. L'Aérospostale est à vrai dire, une fabrique à exploits. Les affiches de I' Aérospostale
sont autant de marques de gloire des
ailes françaises. Hélas, les déboires financier de Bouilloux-Lafont, principal actionnaire, le retrait des subventions de
l'Etat, provoquant sa mise en liquidation
judiciaire en mars 1931. Daurat est évincé. Un regroupement de compagnies entraîne, en 1933, la création d'Air France.
Guil laumet , Mermoz, Saint-Exupéry,
eux, poursuivront, jusqu'au bout leur extraordinaire destin de pilote ...
GÉRARD CHAUVY
(1) L'Aéropostale par Robert de La Croix.
Historia juin 1985, n° 462.
:t
Jusqu'à sa liquidation en 1931, I' Aéropostale est une fabrique à exploits.
Depuis 1933, le compagnie, devenue Air France, continue sa mission
'Cl'ac~emine111ent du cqurrier. ~ • , · .
' , '· 1 • ' • • 1 • :· ., • • •• • ., i.' ·~ ,··: \ L' •·
,
-
....
'
~\Il-~
"
-~• \li -...-J
'.~ ~
\ ', •.
~f-4~ . ·;._ .,,,~ _•.l': \· .~.!;_. ll' t . i.\..' .. , .~ ~ . t ,. ,,,.-tt. . ll _~,)!"~~
- ,!...;-
-4 -
- ·----
Une ville nouvelle nommée
«Saint-Exupéry»
Près de 5 000 personnes travaillent aujourd'hui
sur le site de l'aéroport né il y a 25 ans au milieu des champs.
r-
~
~
!!!
~
~
~
w
::2
~
L'activité nocturne de l'aéroport se partage entre la maintenance avion
(la filiale de Brit'Air, Lyon Maintenance), le tri postal (20 personnes)
et l'activité frêt.
13 %des emplois au fret
•Surface construite :
180 000 m' (dont 44 000 m' côté
cargo)
•Nombre d'entreprises: 200
COMMERCES ET SERVICES :
-Un hôtel Sofitel
-Un hôtel Climat de France
- 5 bars et restaurants
•••
•
••'
•••
••
••
• Boutiques :
- 5 boutiques duty-free
- 4 boutiques en zone publique
- 1 pharmacie
• Location de voitures :
- 6 loueurs
•Centre d'affaires: 11 salles
de réunions.
• Services divers :
- 4 salons passagers
•Parkings:
7 200 places
l
~~
•
•
~
~
!
~
'
•
.,.... "$.; J, \ .
; ."".; / . . : •. '.*'.W·?''r.'. -.:_>0::
. ' ~:lm~~l;.!i;,,:/fffkiJ"
< >
CI:
•
ci
• - - - - ·- - .... - . -·.· - . ·- - - -· - .. -·.. - ..
fflUMEft
.
OVF
~
NOMBRE
D'EMPLOIS : 4 600 ( à
mars 2 000)
-dont 45 % dans les
compagnies
aériennes, 14 % en administrations, 13 %
au fret, 16 % dans les
commerces et services, 10 % à la CCI
de Lyon
SA FAÇON, Lyon Satolas est peu à peu
devenue urie com'
.'
mune a part ent1ere. Vieille de 25 ans
(l' aéroport supplanta Bron en
1975), elle emploie en effet désormais près de 4 500 personnes dont la présence est directement ou indirectement liée
aux 5,5 millions de passagers
qui i:isisse11t par !'aéroport. En
raison de la hausse du trafic, qui
conditionne l'ensemb le des développements de la p lateforme,
le nombre d'emp lois grimpe
chaque année de 400 emplois.
Moyennant quoi « on do i t tutoyer les 5 000 emplois», souligne Jean-Roger Revel lin, le directeur du développement
économique de l'aéroport, qui
se répartissent entre les 200 entreprises présentes sur le site.·
Sur le plan des emplois directs,
relève-t-on d'ailleurs dans le
rapport d'activités 1 999 de l'aéroport, « une comparaison établie entre Lyon-Satolas et les
cinq premiers employeurs industriels de la région RhôneAlpes fait apparaître /'aéroport
comme un véritable vivier d'emplois ».
Ces entreprises et les métiers qu'elles suscitent donnent
à la plate-forme aéroportuaire
qui s'étend sur 2 000 hectares
une atmosphère à nulle autre
pareil l e: agents des compagnies aériennes, personnels administratifs de la CCI, de la police de l'air, de !'Aviation civile ou
des Douanes côtoient les salariés des commerces, des bars et
restaurants, des hôtels ou des
A
loueurs de voitures. On y ajoutera la Commission départementale d'agricu lture du Rhône,
le Centre régionai d'expérimentation, l'Institut technique céréale et fourrage ou le Centre de rétention administrative. Mais
aussi l'activité no~turne de l'aéroport qui se partage entre la
maintenance avion (ainsi la filiale de Brit' Air, Lyon Maintenance), le tri postal (20 personnes)
ou l'activité fret. Il fatJt, enfin,
ajouter à cela enfin les stationservice, pharmacie, poste, bureau de change, agence de
voyage, mais aussi quelques
cheminots présents dans la gare
TGV ..
2,4 milliards
d'investissements
Aujourd'hui, cette ville ne
cesse de grandir au point que
l'aéroport peut donner l'impression
d'être
en
travaux
constants . Il est vrai que la
Chambre de commerce et d'industrie a programmé 2,4 milliards de francs d~investisse ­
ments entre 1 997 et 2 005 sur
l'aéroport. L'idée est évidemment d'agrandir l'aéroport au
fur et à mesure des besoins,
c'est-à-dire du trafic, en privilégiant les extensions de bâtiments à l'est avant de se développer un jour vers l'ouest sur
les terres cultivées. Sur les 2 000
hectares dont dispose l'aéroport, 900 sont en effet constitués de réserve foncière .
A l'évidence, la ville de
« Saint-Exupéry» doit s'attendre à de nouveaux développements dans les années qui
viennent: l'aéroport réfléchit
déjà à l'implantation d'un troisième hôtel qui s'ajouterait au
Sofitel et au Climat installé tout
près. Le renforcement des dessertes TGV comme du trafic aérien passager ne peut qu'accélérer l a réa l isation de ces
extensions.
JEAN-CLAUDE PENNEC
15 000
salariés?
une règle observée sur
la..plupart des aéroports,
un trafic d'un million de
passagers génère peu ou prou
un millier d'emplois. LyonSatolas qui resta souvent endeça de ce ratio rattrape
aujourd'hui son retard : en
1999 il a accueilli 5,5 millions
de passagers pendant que le
nombre de salariés travaillant
quotidiennement sur l'aéroport
est passé à 4 500 (soit un ratio
de 805 emplois directs par
. million de passagers).
Selon un tel schéma, et à la
condition que le trafic aérien
continue son expansion, un
jour viendra où l'aéroport
accueillera un trafic de
8 millions, puis de 15 millions
de passagers. Ce qui revient à
dire que le nombre de
personnes qui seront
employées sur le site passera
d'abord à 8000 puis à 15000.
S
ELON
J
L'aéroport de Lyon
apparaît comme
un véritable vivier
d'emplois dans la région.
b
z
w
>
w
I
ff-
z
~
~
{ 1\
\.1 j
l
..
T
r"
{;'!\.il-;~~
~ . \ <:<) "
i '~~~ -ui.f.: ) ·
. \
l'
fi;. .. ... ~-.·-.. -~
r.··-.. .,;,,,~·····
nt
. J
HECl ~TfW
)·~
f~1l1\ HlttM)~ N:·~ .. L~-. ,,__-- ·-··t:jJJ
!
.Lil'~mrr
-
•
:
•, ...
, .. 1.
• .
.
1. ,
~
1
.
.
à,. ·, .
! 10 ts
1
U\ 1~1·:·r
,-, '"f ltH
,
... 4 . I f'fft ·
V-.
•• ~ P:; ;:...i:v; L1n11t-r n c ·~ d~hn'«
41
.,
,.
1
!Il4\~t.Si "-~--t..,~J(:J
·~ -~/i·f~;.•..T11~.
·
... $..• -· -- '" IJ'··::ft.!,•.l ·
.J;.~..
..k l - 4.: f .
-.---::.:mv:·.1-
.!.
c
.
,!,"; n:>111•tt.i1ii· fnuini1«1:i,
n•' . f~ .. .~ . 1..J:~N~z--:· ·-·-,··..-·-·1· _,... "...•
'.'. ~. ~&.M:X$.-•.~.6?.RP -- ·
'l· 1"·~
· - i-r-; (.J!rr~'.(/ "'
. ,... . ..
.' _.,••' " 1~t_;t n ~.......1~'11.·~;v
n11 --~·
UA'.t::.'-i.frJ~-·r-4:!.--
~-·
::-:=- !!! · -·- -
.
-
----
:a J
1~M1' 1.rns ocrn : p1;;~.
· ·~ ~ .""""" ... ......._._
tr:1..:.li~r1u': .fP4-tt..,;~?- ~~ l:-'<.1H:~~
1lèfllt1·1r·n11•nl __-:::;a.;.;J.~..!S.'...--.---~.... _
Ï?
..
n,t.:ft~
.
~7-~··-~ · -
tl;~lllt>fo.
·-•.
~-
:>(l~t
11fo ll(•rliû.
-
l\ I' .\l'Rt'..'l'ig •f
!I
~>:--.
~--É__::..:i~-, •
..
,
_ ~
SlüNA'J,'llf\1'}
t,'J~l l'I.(}'fl!tltl
•Io.
'
llniil~•tt ~"c:i11.f1, .~ ... l'1m lwp1'Î~•
·--1 - .
1}•~Jl.•l'h'tHN1l __ .,...,_I'#.~;;!)'.~"
ÎO:'~fJ'"i! SOU !t ,If.. tt • \~l f?~"';J 4Î
•fif1if'ripH011 •ln Pf"'>b)11w l ,~·
1~ '
.,; 119 1:m11m~mlc11w
tluih- d ';1,'.- ri •1Wk
li. t!»
~
'·· ·.
..
·~
!I
f
. . . . . .. _ ,.._,.
.
...;>
. ,.
·1
,. ~
ll.lrlwt
11'1
,t< .
\fini>l.'.ir" tk r /\fr
~
l
._ _..,..,,
in
N#,
~'it1~!1r.ipti1111
r,fii r»!(it 1- "
•'l. Pnfr~èr i\too~it·ur; ~foil••fJli'
wnli1;.mml lr. p~iii~m n•~L •
i•I JU!Ji1r l!!S ml'tt.tiùn•· iontili•li.
·1
e
'
u poete 1sparu
.
\Jusqu'à sa fin terrestre,'Saint-Exupéry aura entretenu ce style anticonformiste
qui collait au pilote et à l'écrivain. Sa mystérieuse disparition ajoute
à cette dimension du personnage...
le donne connaissance du messaplus profondé- ge d'un pilote signalant qu'un
ment possible, « avion de reconnaissance
écrivit-il dans sa
allié»(« Aufklaer »)avait été
dernière lettre. abattu (« Abschuss ») et enSi je suis de~ cendu, je ne re- voyé en flammes dans les eaux
gretterai rien. La termitière fu- (« Brennend uberSee »)par un
ture m'épouvante . Et je hais avion allemand qui avait alors
/eurs vertus de robots. Moi, continué sa propre mission de
j'étaisfaitpourêtrejardinier».
reconnaissance qui était de
Que de commentaires ces photographier Ajaccio. Mais
derniers mots n'ont-ils pas ali- après examen, il apparut que ce
mentés? Jusqu'à l'hypoth èse message concernant probabledu suicide ! Que sait-on exacte- ment la perte d'un autre appament de cette journée du reil de reconnaissance allié, pi31jui llet1944? D'après un rap- loté par !'Américain Eugène
port officiel américain, le Light- Meredith, dans la journée du 30
ning 223 a décollé du terrain de et non du 31 juillet (1).
Poretta à 8 h 45 pour une mis.
sion de reconnaissance à l'est
Sur mer
de Lyon . Midi trente . L'inquiéOU sur terre?
tude grandit à la base. Pas de
Nouvell.e piste avec celle de
nouvelle de l'avion de Sa int-Ex. ce chasseur de la Luftwaffe, un
14 h 30: la limite fata le de son Focke-Wu lf FW 190 D9 piloté
autonomie en vol est atteinte. par l'aspirant Haichele. Abattu
11 n'y a dès lors plus d'espoir. lui-même peu après, ce dernier
Oue s'est-il passé ? Les re- en patrouille double avec le ser-·
cherches vont demeurer gent Hogel aurait surpris, ce 31
vaines, assorties d'une foule juillet, le P 38 de Saint-Ex pour
d'hy pothèses: abattu par l'en- l'envoyer par le fond. Là enconemi, victime d'une panne re, les documents exhumés ne ·
d'oxygène comme l'ont été par- sont pas convaincants. Il reste
fois les Lightning ou d'un autre l'examen du lieu supposé de la
incident mécanique, quand on chute de l'avion. Des témoine parle pas inconsidérément gnages sur le crash d'un bimode sabotage!
teur orientent les recherches
En 1948, le témoignage dans le golfe de Gien.
d'un ex- membre du quartier
On reste troublé par la dé- g~r,iéral de la Luftwaffe en Mé· ç0uverte, à. cei endro'it; dans les
•d 1t~ Frî.ln'l!e-;·H E!'r ftfàll rr~o'l"fh\~'Ellllltéè-s, 6tt,"'t Nn;i-piol'TQl:!tlr :-U'Tltl ((
,
1 ·1
11•..,..
1·
J
E FAIS LA GUERRE
-
sacoche contenant une carte sait de Bastia-Borgo au secteur
militaire, du courrier, un jeu a lpin où il aurait très bien pu
d'échecs (un jeu apprécié de s'écraser. Dans tous les cas, les
preuves nous manquent.
!'écrivain) et un journal corse.
Est-ce bien là l'essentiel, en
Mais ces pièces auraient à leur
tour disparu ! Des années plus fin de compte ? Il nous reste,
tard, beaucoup de bruit est fait quelle que soit
autour d'une tombe du cime- sa fin sur terre,
tière de Carqueiranne, qui Saint-Exupéry.
contient les restes d'un corps Oui a écrit
lignes,
non identifié repêché au début ces
dans Terres
de septembre 1944.
Des traces plus concrètes ... des hommes,
vont faire surface. La fameuse à propos de la
gourmette au nom de Saint- disparition de
Exupéry, remontée en 1998 par Jean Mermoz :
un pêcheur dans ses filets « à « La destinée a
quelques milles des calanques prononcé son
de Marseille», relance les re- jugement et
cherches. Tout récemment, des contre ce jugement, il n'est
épaves ou des morceaux de fuplus d'appel:
se l age ont été localisés. A
une main de
proximité de l'île du Frioul ,
fer a gouverné
c'est cette fois-ci un train d'atun équipage
terrissage gauche et un turbo
vers l'amerrissuper-chargeur qui sont repésage sans grarés par un autre plongeur. Ils
vité ou l'écraappartiendraient à un Lightning
sement. Mais
P 38. Même constat avec une le verdict n'est
autre découverte, non loin du pas signifié à
phaFe de Cassidaigne, au sud ceux qui attende Cassis, d'une queue d'avion,
dent» .. .
à 40 mètres de fond, à moins
d'un mille nautique du lieu où a
GÉRARD
été récupérée la gourmette.
CHAUVY
Toutes ces pistes restent à
confirmer,
d'autant
que (1) Curtis
d'autres versions de la dispari- Cate:
' tian de ·saint-Exu.péry sont dé- ,.. Saint-Exupéry,
1"rTdues-:-' sa--mtssiun -te- e:ondtti · · tGra~set.
le lightning P 38 que pilotait SaintExupéry a-t-il été abattu par la chasse
allemande ou bien a-t-il été victime
d'incidents mécaniques ?
Savoir. ..
de la
gourmette, la Comex avait
lancé un ambitieux programm e
de recherche, avec pour
objectif non-officiellem ent
avoué de retrouver l'épave du
P38. Mais sans autorisation
.officielle, et surtout avec
l'opposition de la famille, elle
dut s'arrêter. Le mythe reste
ainsi plus beau. Mais ils restent
nombreux ceux qui veulent
aller au fond des choses et des
océans. Il faudra peut être
attendre la fin des festivités du
centenaire ...ou le jour de
l'anniversaire de la mort du
Petit Prince, un certain
31 juillet...
A
LA DÉCOUVERTE
\
en
en
w
a:
o.
,..
. ""
~
!
(;
·~ ~~
en \ ... -.,-. 1
'
C'
~
-"- - -·<I· _ _