ANTOINE SAINT·EXUPERY: - Petit Prince Collection
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ANTOINE SAINT·EXUPERY: - Petit Prince Collection
LEP ES www.leprogres.fr ANTOINE + , DE SAINT·EXUPERY: 1900·1944 Disparu au large des côtes de Provence, quelques mois avant la fin de la guerre, le Petit Prince a trop vite rejoint les étoiles ! = Q ~ ~ ~ :z: ~ :z: ~ ~ "' ~ ..,, 0 ~ = Q !Z .§ :::: ~ f CM N , 1 1 • ~ SOMMAIRE • Saint-Ex : l'homme qui tutoyait les étoiles PAGE 3 • L'écrivain: une trajectoire impeccable • Dessine moi un best-seller ... • Bibliographie : un hommage à la page PAGE 4 • • • • Le pilote : aux commandes Son premier vol L'inventeur Une édition clandestine lyonnaise PAGES • So famille : Saint-Maurice, le château de l'enfance • Consüelo, ou les épines de la rose PAGE 6 • Les femmes, ses escales • Fondation cherche château désespérément • Première mission am Saint-Ex • « J'étais mécanicien sur le P38 ... » PAGES 7 ET 8 • Infographie PAGE 9 • • • • Les manifestations du Centenaire : Grandes émotions pour Petits princes Envol vers le rêve Dessine-moi une enveloppe ... PAGE 10 • Gonflé Bejat! • Saint-Exupéry et le Petit Prince contemplent la ville • Guillaubey, artiste sculpteur, aime travailler le marbre PAGE 11 • Les manifestations du centenaire : • ALyon et dans le Rhône • ABourg-en-Bresse et dans l'Ain PAGE12 • Lyon-Satolas devient Lyon-Saint-Exupéry • Changer le nom d'un aéroport ? Pas si simple • Bernard Challange :« L'aéroport va s'humaniser >> PAGE 13 • L'aventure de l'Aéropostale PAGE14 • Une ville nommée Saint-Exupéry PAGE 15 • Ala recherche du poète disparu PAGE 16 Ont participé à la réalisation de ce supplément : • Jean-Philippe Mestre ·• Philippe Juste • Gérard Chauvy • Pierre Augros •Marie-Jeanne Dufour • Claude Goubier • Laurence Seguin • Jean-Paul Callamand • Jean-Marc Durand • Thierry Meissirel • Luce de Rancourt • Aline Duret • Jean-Claude Pennec • Pierre-Raphaël Dahon • Laurent Thévenot • Hubert Giuliani • Richard Mouilloud '-P ' UI 1 ne vie commencée Lyon avec le siècle. Au 8 de la rue Alphonse-Fochier; un 29 juin 1900. An- moigne sa correspondance. « Vous êtes ce qu'il y a de meilleur dans ma vie,,, lui écritil. Le meilleur mais pas le plus passionné. La passion, il la connaïlra avec Consuelo, sa fantasque épouse rencontrée à Buenos Aires. à toine, héritier du comte de Saint-Exupéry, inscrira ses souvenirs d'enfance des bords du Rhône à ceux de I' Albarine, petite rivière du Bugey près du château de Saint-Maurice-de-Rémens, où la famille prenait ses quartiers à la belle saison. Une grande bâtisse du XVIII• siècle avec des grands couloirs, des greniers, terrains de jeux peuplés de rêves et de cauchemars . Et surtout l'immense parc dominé par les tilleuls, marronniers et sapins centenaires . Ces lieux et paysages ont nourri l'imagination du petit Antoine et fixé à jamais un décor, un univers dont les traces se retrouveront plus tard dans tous ses livres. L'identité de Saint-Ex, s'est forgée ici dans ce petit village de l'Ain. Dans une singulière correspondance avec Frédéric Dard qui disait avant de mourir «nous sommes tous les enfants de notre enfance'" Saint-Exupéry rappelait dans Pilote de guerre: « Je suis de mon enfance comme d'un pays"· Une enfance transcendée, magnifiée, dont il gardera toute sa vie la nostalgie comme une petite musique mélancoliqu e qui rythmera son œuvre. Une enfance qui n'avait rien d'idyllique. Orphelin de père à quatre ans, il connaîtra au Mans les austères pensionnats de jésuites. Mais aussi la douceur affectueuse d'un environnement féminin composé de ses sœurs, sa tante, l'im pressionnante comtesse de Tricaud, et surtout sa mère. Une aristocrate un brin anticonformiste qui lui donnera le goût de la musique et de la peinture. Il ti sse ra avec elle des liens profonds de tendresse et de complicité comme en té- larmes, mensonges el infidélités Leur relation n'aura rien d'un long fleuve tranquille toute jalonnée de séparations, larmes, mensonges et infidélités. Aujourd'hui, la belle Salvadorienne, que l'histoire avait mise en pointillés, prend sa re- Un flot éditorial et Lyon en fête. Le centenaire de Saint-Exupéry crée l'événement. On croit même avoir retrouvé son avion cercueil a proximité de l'île du Frioul et, miraculeusement, des mémoires ressuscitent une Rose trop vite effacée. S'il fait couler beaucoup d'encre, l'écrivain le plus lu de la planète reste encore bien peu connu et reconnu. Paradoxe Saint-Ex ... Cinquante ans après sa disparition, celui qui tutoyait les nuages, re poète-aviateur, le mathématicien et l'homme d'action échappe aux classifications et nourrit toujours sa légende. L'occasion, en ce temps de commémoration, de revisiter sa vie et son œuvre. vanche à la lumière de Mémoires miraculeusement redécouvertes. Mais elle restera à jamais celle qui inspira la rose du Petit Prince. CAllP. fi riui Saint-Ex écrivait dans ses dernières lettres: « Consuelo, merci du fond du cœur d'avoir fait tellement d'efforts pour rester ma compagne "· Compagne. Muse. Pas facile de partager la vie d'un fou de I' Aéropostale, ce drôle d'aristo, figure inclassabe, à la fois homme d'action et écrivain, humaniste mystique attiré par les grands horizons. Les cieux étaient sa vocation. Vocation née à 12 ans du côté d'Ambérieu. Quand le jeune Antoine prit le baptême de l'air dans un monoplan W des frères Salvez. Pourtant, Saint-Ex ne redécouvre l'avion que dix ans plus tard à l'orméro . Entretemps, Io comte mène la vie de dandy parisien. Avant de se lancer dans la grande épopée de !'Aéropostale. En entrant en 1926 à la compagnie Latécoère, à Toulouse, où il partagea la fraternité des Henri Guillaumet, Didier Daurat et Jean Mermoz. Des sables du désert à la Cordillère des Andes, Saint-Ex conjugue le goût de l'action, l'amour du risque et l'écriture. L'une se nourissant de l'autre. Raids en Afrique, en A&ie ou Amérique, J 1 11 reportages, Saint- Exupéry reste fidèle à sa mission : relier les hommes par avion et faire partager au lecteur ce qu'il a vécu. Eternel best·seller Courrier sud, Vol de nuit Prix Fem i na en 1931 - et Terre des hommes en 1939 - qui décroche le Prix du roman de l'Académie française. Saint-Ex devient un auteur à succès et le restera. Ses œuvres sont toujours en tête des meilleures ventes mondiales . N'en déplaise aux intellos bien-pensants qui l'ont classé comme un «auteur illisible" juste bon aux classes primaires. Avec sa générosité, sa bravoure, son sens de l'honneur. Saint-Ex reste insaisissable. Personnalité complexe aux multiples facettes, il fut avant tout un homme libre. Attaqué par Breton qui l'accusait de complaisance à l'égard de Vichy, le père du Petit Prince en exil à New York au début de la guerre, et qui rejetait viscéralement le nazisme, n'a pas voulu choisir entre Pétain et De Gaulle. Une indépendance d'esprit et d'action qu'on lui fit payer très. cher après. Parti en mi ssion le 31 juillet 1944 au-dessus de la Méditerranée, au.x commandes de son Lightning P 38, il disparaît dans les flots au large de la baie des Anges. Suicide, accide nt mécanique ou chasse al lemande. Le mystère entoure to ujours sa mort et grandit sa légende. MARIE-JEANNE DUFOUR a. w .to/Ar a: ~.. 7C" Cap Juby (Marko). Exposition «Saint-Exupéry et son époque», Maison des écritures, place Bellecour, Lyon 2'. .ci ëf Le Sud de Saint-Ex (Montigne). Œuvres originales, réalisées spécialement pour le Centenaire Saint-Ex, par les Peintres de I' Air, choisis par I' Armée de I' Air et nommés par arrêté ministériel. (j) (j) w· cr: o.. ac. u; Personnalité complexe aÜx niuÎtfpies facettes, il fut avant tout un homme libre. ( 1 \ \T7 ri\ Page 4 , . . ,~ ~~wBIUi!BillW!illwm~ . ·.· ,. )IFillJmmfülBfilfil!W'""" ... , ., • ~+,w--,r pwwmm&w --~---··- <f&;m~mrnËWf4f&?:ITY4ifa, v~wmti?ëfët@W®&Wffdfü ri~~ f}:,;_,,., 9 hl t f- -W#4 if7d'i(è'Lf&[email protected] 1900 / , 1944 L'œuvre : une traiectoire â Arifoi pour se tailler une place dans le monde artistique de•.: Annéès Folles où, pouf!pnl, la conurence''e1.t·rude. impeccable U N AVIATE.UR _qui_ écrit'. ou un ecriva1n qui pilote ? Saint-Exu péry, même s'il se revendique aviateur, a beaucoup moins de réussite au palonnier qu'au stylo. Autant sa carrière aéronautique est jalonnée de chutes, autant sa carrière littéraire s'envole irrésistiblement vers les cimes. Cinq livres lui suffisent pour se tailler une place dans le monde artistique des Années Folles où, pourtant. la concurrence est rude. Pour séduire les lecteurs du monde entier et entrer dans l'histoire de la littérature . Le sixième, qu'il considère comme son grand-œuvre, demeurera inachevé : Citadelle, vaste réflexion au ton prophétique, ne paraîtra qu'après sa mort. Courrier Sud (1928) pose la problématique romanesque qui dominera la vie comme l'œuvre de St-Ex: l'amour impossible entre un pilote et une femme. Le ton est nouveau et la critique séduite. Vol de nuit(1931) est une hisgi toire d'hommes : Rivière, chef ~ impitoyable, et Fabien, perdu ~ dans la tourmente aux corn~ mandes d'un avion qui n'arrive- ra jamais. Le livre reçoit le prix . Fémina. Dans Terre de s hommes (1939) plus de fiction : c'est la vraie vie des hommes de l'air, la mort qu'on brave, les paysages, les éléments ... Grand succès international et grand . prix de l'Académie française. « Humanisme de carlingue et exitentialisme de bistro » La guerre l'oblige à s'exiler aux USA. Il y publie Flight to Arras (1942 ), qui deviendra Pilote de guerre. Dans son appareil, St-Ex, envoyé dans une mission sans doute inutile et probablement mortelle, considère la débâcle française et l'héroïsme des combattants. Best -seller aux USA, puis en France où tous les partis y trouvent des raisons d'espérer pour leur compte. Un an plus tard, paraît le Petit Prin ce conte pour enfants illustré de dessins de l'auteur, qui deviendra l'un des livres les plus lus de tous les temps (voir ci-dessous). C'est le succès de ce dernier, et l'humanisme exigeant dont l'écrivaîn se fait le défenseur, qui sont à la base du malenten- du et de la « décote » qui accableront St-Ex après la guerre. L'existentialisme t riomphe, les valeurs du pilote ne sont plus à la mode, il est de bon ton d'en sourire. P.H. Simon a beau rétorquer qu'« un humanisme de carlingue vaut bien un existentialisme de bistro», St-Ex est catalogué par la critique universitaire comme un auteur de deuxième Jolée. C'est pourquoi le lecteur qui, aujourd'hui, tente à nouveau l'aventure sera surpris par la qualité de l'écriture, le style dépouillé, musclé, le ton direct, aux antipodes du prêchiprêcha dont on l'avait prévenu. · Vrai styliste, St-Ex travaille in lassablement, infligeant à ses amis de longues séances de lecture à toute heure du jour et de la nuit. Certes, sa vision du monde et de l'humanité est pessimiste. Mais son exigence spirituel le n'est ni résignée ni plaintive. Elle est portée, au contraire, par un vrai appétit de la vie. Un hédonisme du devoir qui se révèle beaucoup plus proche de la sensibilité d'au jourd'hui que le militantisme morose de ses détracteurs. J.PH.M. ., Dessine-moi un best-seller • • • P se dispute nt la gloire d'avoir donné l'idée à Saint-Ex de réaliser un conte illustré. Mais il y a surtout le souvenir enchanté d'une mère, d'une enfance, l'influence des contes d'Andersen (qu'il relit avant de se lancer à l'ouvrage). Il y a ce petit personnage ébouriffé déjà dessiné depuis des années, et qui prend sa forme défi nitive. Il y a ANTOJNE DE: l'exil aux USA, le re tour tumultueux de Consuelo, l'amitié );;< plus que ,_,..(< tendre pour de belles américaines, "" comme. Syl ~ _ via Reinhardt - chez qui il écrit 1a p 1u s grande partie du livre, et qu'il portraiture en Renard. Et l) _,ü. \..HV. i\0 même De nis de Rougemont, soupirant de Consuelo, qui pose comme modèle ... LUSIEURS PERSONNES millions de par le monde, traduits en plus de 150 langues, dialectes et patois. On est loin des 800 millions du Petit livre rouge, mais Saint-Ex, lui, a tout l'avenir devant lui. Qu'est-ce qui explique le succès universel de ce conte un peu long, destiné à des enfants un peu grands, dont la linéarité et la simplicité ne cachent pas un message limpide de tolérance et de géSAI NT- EXU PÉ RY nérosité ? La fraîcheur f5j de l'écriture et des dessins, la }? force des images, la poésie des . . evocatio_ns et des dia 1 o g u e s entre l'entant tombé des étoiles et l'aviateur qui ne pense qu'à ré- Je î>Rfi:t T • 4~ ;i.q1_;:.1 ~ Ski. .:~ ''a.;:~~1 Fi~ el/· Un chant d'amour • 1 1 Pour un Français sur deux, c'est le livre du siècle. C'est aussi un des grands best-sellers mondiaux, derrière la Bible, Mao, Staline et Barbara Cartland. Combien de Petit Prince? L'éditeur maintient le secret, mpis on évalue à , w~s de~ r:nillions le tir,ag~· en· ra n'c~, ~it-60 f 1 parer son moteur? Sa tend ress _e désespérée, le masque souriant posé sur les angoisses grimaçantes d'un homme qui se sent en bout de course ? Le chant d'amour désabusé du Pe. . . . t1~ Prmce-Sa1~t-Ex pour la capnc1eus~ et ~rag1l,e Rose-Consuelo, u~e h1sto1re d amour tellement triste et tellement gaie? Chacun trouve à rêver, à sourire, à pieurer, dans un conte qui nous dit que nous ne faisons que passer sur cette terre, avant de repartir dans une étoile •. , , , , , , • . i , ~ ~ • J . PH.M. l'ruMOSIN Sl.MON~DE SAlN'IADCUPEIW ESSOTf lUSME DU PETIT .PRINCE ty. ··~~) <•q Cinq enfants tl1111s un pm-c -"<df>... ÉRIC DESCHODT Saint-Exupéry : un hommage àIo page Diii!llil SAINT-EXUPÉRY Paradoxe connu : les livres sur Saint-Ex sont plus nombreux que les ouvrages de !'écrivain lui même. A l'heure du centenaire, l'édition s'est mobilisée. sur Saint-Exupéry est parue che~ Gallimard _en 1949, so_us la s1gn_ature d_e Pierre C~~ vner. On sait depuis que dernere ce roturier patronyme se cachait la romancière Nelly de Vogüé, romancière et amie intime de l'auteur du Petit Prince. Le livre est depuis longtemps épuisé. Maii; le monde de l'édition s'est largement rattrapé en publiant de nombreuses biographies ou études au fil des décennies. Ainsi, en 1954, le journaliste Patrick Kessel publiait chez le même éditeur Une vie de Saint-Exupéry, tout comme Marcel Migéo, chez Flammarion en 1958, René Tavernier chez Belfond en 1967, ou Eric Desch?dt chez Lattès en ~980. . A 1 heure de _la com~el!lo~a t1on du cen!e~a1r_e de 1. ecnvam, une vague ed1tonale deferle. On retrouve ainsi le même Eric Deschodt qui publie cette année chez Pygmalion (2.08 pages, 110 francs) un Saint-Exupéry vu sous l'angle spirituel. « Sa vie est toujours désespérée, mais s'élèv_e touj<?urs au-d_essu~ de ses desespoirs », explique 1 auteur. • . . , Meme themat1que .chez Yves M onin ; q·uj évoqùe L'EsoL A PREMIÈRE BIOGRAPHIE térisme du Petit Prince, (Paris, Auto Edition, 1975, rééd. 2000.) L'auteur s'interroge notamment sur la signification des images pour découvrir ce que signifie le mythe du Petit Princè. « Puis-je espérer d'autres vérités que symboliques ! » dit le Petit Prince au pilote. Chez Denoël, le chroniqueur judiciaire François Gerber s'intéresse à la vie intellectuelle de Saint-Ex, des années trente à l'engagement dans les forces armées, et sa position anti-gaulliste. Côté réédition, on redécou vre également, en ce moment, le livre de la sœur de l'auteur, Simone de Saint -Exupéry Cinq enfants dans un parc (Gallimard 110 francs). Des souvenirs d'enfance tendres et une collection inédite de photos familiales. Autre ouvrage familiale, le petite nièce de Saint-Exupéry, Nathalie de Vallières, historienne de l'art de profession propose un portrait de !'écri vain, mais aussi de l'aviateur, évoquant notamment son rôle dans le développement de !'aéropostale. . Chez !'. éditeur )/iyi.ane Hamy., réédit ion de· l'excellerfü o ùvra·ge ' de Léon Werth. C'est« à Léon Werth quand il était petit garçon» qu'est dédié le Petit Prince. Werth et Saint-Ex étaient deux amis inséparables, SaintEx disait que son ami était sa « morale». Ce livre n'en est pas vraiment un, il est constitué de notes, de photos, de courriers. Il reste néanmoins un témoignage unique sur une amitié unique. (Edition Viviane Hamy, 160 pages, 149 francs). Le journaliste anglais Paul Webst e r, correspondant en Fra nce du Guardian, publie deux ouvrages sur Saint-Ex. Le premier Vie et mort du Petit Prince est une biographie fouillée, à l'anglaise. Le journaliste s'est également intéressé à Madame Consuelo Saint-Exupéry La rose du Petit Prince (Editions du Félin) . Cette même Consuelo de Saint-Exupéry qui publie à titre posthume les Mémoires de la rose (Pion, 275 pages 118 francs). T.M. A lire aussi : Saint-Exupery, by Curtis Cate (Grasset, 1994) Les cinq visages de Saint-Exupéry, de Georges Pélissier (Flammarion) Passion de Saint-Exupéry, d e Jules Roy INRF/Gallimardl Saint~Exup~ry,, .d_e ~~!:!~ ,Del.ange· · · • · Ile Seuil) ' i ' ' t~j 1· H•~i1 11 Page 5 ,. il' 1 H1 '·1 \HH ,, , 1 . ' * INT-EXUPERVi 1900/1944 Le Petit Prince aux commandes Une édition clandestine lyonnaise Son premier vol A douze ans, Antoine de Saint-Exupéry s'envole pour la première fois. On est en juillet 1912 à Ambérieu. A l'arrière d'un monoplan W piloté par Gabriel Salvez, Antoine réalise enfin un vieux rêve d'enfant. « Tu ne peux pas imaginer, c'est formidable», dira-t-il encore trois ans plus tard. Un pilote inclassable, Saint-Ex ... Du rêve à l'aventure, de la terre des hommes au chevalier du ciel. .. S Sous l'occupation, parut à Lyon une édition clandestine de Pilote de guerre ..• à la fin de 1942, L sort à Paris la première édition française du dernier ORSQUE, ouvrage de Sé)int-Exupéry, on est en droit de se demander comment ce texte a franchi le cap de la censure. Comment pouvait-on autoriser un auteur qui écrivait:« Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu - comme à une masse d 'individus la liberté de l'homme» ... Dans son livre Un Allemand à Paris, Gerhard HelIer, responsable du groupe littérature de la Propaganda Abteilung, affirme« que c'est lui qui a accordé l'autorisation et que cela lui a été reproché par ses supérieurs » ( 1) . Toujours est-il que les critiques louangeuses durent bientôt s'effacer devant de féroces articles, agités par le monde de la collaboration. Les autorités allemandes emboîtèrent le pas. Dès le début de février 1943, Pilote de guerre est retiré de la vente. Un tirage clandestin C'est l'occasion pour une coopérative de production, une société typographique ouvrière dont les ateliers fonctionnent à Lyon depuis 1882, de faire un tirage clandestin du livre. L'imprimerie nouvelle lyonnaise et son personnel participaient « de cet esprit spécia l à Lyon qui avait fait de cette ville la capitale de la Résistance». C'est son patron, Joanny Bottinelli, qui, en décembre 1943, donne à reproduire au linotypiste Alphonse Chassagnard les différents cahiers de l'exemplaire de Pilote de guerre. « Cette édition, tirée à un millier d'exemplaires, fut diffusée « en douce " par la Chaîne, une œuvre d'entraide et de solidarité. L'histoire de cette édition clandestine n'a pas souvent été évoquée. Pourtant, .à la Libération, un certain Frédéric Dard, dans un hebdomadaire littéraire et artistique intitulé Dimanche, devait rendre compte de cette publication sous le manteau du livre de Saint-Exupéry: « Son livre, se présente seul, sans être flanqué d'une marque d'édition, d'un nom d'imprimeur, d'un numéro de censure et d'un prix de catalogue. Ce n'est pas une marchandise, c'est un chef-d'œuvre et les chefs-d'œuvre sont toujours nus. Echappant à l'embrigadement du commerce, il nous est transmis un peu comme les Chansons de geste du Moyen Age : il a traversé une nuit moins hermétique, mais bien plus dangereuse que celle de l'inconnu . Remercions les hommes courageux grâce auxquels il survécut à l'interdiction qui le frappait» (2 ). . GÉRARD CHAUVY (1) Pascal Fouché: L'Edition française sous !'Occupation, Paris, 1987. (2) Fernand Rude : Editions clandestines, revue Icare .saint-Exupéry,.:tome v,/ 1978. tt:Jt;(~ ') ~1 ' IL FAUT un commence me nt à tout, peut-être doit-on remonter jusqu'à cet épisode symbo1iq ue? A Saint-Maurice-de-Rémens, lorsqu'enfant, il rêvait de prendre son envol (voir cicontrel . La vie a ses exigences auxquelles Saint-Exupéry se. p li e assez mal. Admissible à l'Ecole navale· en 1919, auditeur libre aux Beaux-Arts, à Paris, il est finalement incorporé à l'heure du service militaire, au 2• Régiment d ' aviation de Strasbourg, en avril 1921. Le 18 juin, il effectue son premier vol en double commande, sur un Farman ! Il est lâché, seul, le 9 juillet sur un Sopwitch. A la fin de l'année, il obtient son brevet de pilote militaire, mais c'est tout autre chose que recherche Saint-Ex. Affecté au Maroc, il découvre un autre univers : « Le désert vu d'avion doit être sublime ... ». De retour en métropole en 1922, l'élève-pilote à Istres, le sous-lieutenant de réserve, ne connaissent aucune mesure. Au Bourget, après de folles acrobaties sur« un avion pourri», il s'écrase : premier flirt avec la mort. Il sort heureusement du coma. L'armée le renvoie, en juin 1923, à une vie civile où rien ne l'attire. Le salut vient d'un engagement, en octobre 1926, à la compagnie Latécoère à Tou louse. Il s'envole de là pour retrouver le Maroc. L'aventure de !'Aéropostale, créée en 1927, va commencer pour lui. D'un continent l'autre ... Un autre continent l'attend. En octobre 1929, le voici en Argentine. «Je n'ai jamais autant volé», dira-t-il. Au moins de quoi écrire un succès littéraire, Vol de nuit. Malgré son poste de directeur de l'Aéroposta, il part à la recherche de son ami Guillaumet, perdu dans les Andes ... En 1931, il revient, sur Laté 26, ,faire la ligne Casablanca-Port-Etienne. En février 1932, Saint-Exupéry se retrouve sur un hydravion entre Marseille et Alger. En vérité, I' Aéropostale n'existe plus, liquidée l'année précédente. Il est désormais ... pilote d'essai chez Latécoère. En décembre 1933, à bord d'un prototype d'hydravion, à SaintRaphaël, une faute de pilotage le fait plonger dans la baie : la mort le frôle encore. Il accepte ensuite un contrat avec Air France où il s'occupe de la propagande. Côté pilote, en juillet 1934, il est contraint, à la suite d'une panne, d'atterrir en catastrophe dans l'embou chure du Mékong au cours d'une mission sur Saïgon. Il part ensuite pour une série de conférences en Médite rra née. Tout heureux d'avoir acheté, malgré ses dettes, un Caudron Simoun, il échoue dans sa tentative de record entre Paris et Saïgon. Il s'écrase, avec le mécanicien Prévot, dans le désert de Libye, le 30 décembre 1935. Pour subsister, le pilote s'efface devant !'écrivain et surtout le journaliste: Saint-Ex est en URSS. Plongé dans la guerre d'Espagne, il donne des papiers pour l'lntrw tran ou Paris-Soir. • Jir~-· ERR IN ES OU Ce la ne lui coupe Gabriel Salpas les ailes : il travez? Lequel ce pour «Air-France de ces deux pilotes la route Casablancaa donné au jeune AnTombouctou-Bamako toine de Saint-Exupéry et le 15 février 1938, son son baptême de l'air? envol de New-York marque le départ d'un raid Plusieurs avis et une carte vers la Terre de Feu. Dès postale signée par Antoine de le 16, au Guatemala, son Saint-Exupéry (photo ci-contre) avion s'écrase au décollaconfirmerait la seconde version. ge. Un coma de cinq jours, Mais son premier vol a bien eu avec de graves blessures lieu à Ambérieu (Ain) en juillet qui lui laissent des traces ... 1912. La guerre qui éclate le ramène en France. Bien De.drôles que recalé à la visite médicale, Antoine est affecté à la de machines 3• escadrille du groupe de Antoine, jeune adolescent, reconnaissance « Il 33 », n'hésite pas à pédaler à toute basé en Champagne; Sur volée sur les chemins poussiéBloch 274, le 29 mars 1940, reux qui, du château de Saints'accomplit sa première mission de pilote de guerre. Maurice le mènent à Béllièvre, Sa sortie dans la fournaise le champ d'aviation d' Ambéd'Arras, le 23 mai, lui vaut la rieu. Gamin, il a promis à Biche, Croix de Guerre. La défaite se sa sœur aînée, qu'il l'emmèneconfirme, hélas. Le capitaine rait « faire des promenades auSaint-Exupéry, la veille de dessus de !'Armistice, Saint-Maurice sur un quadriet moteur Far«· d'Ambérieu » man, quitte Perpignan dans un aéro,..,____-· .• . ttb ' pour Alger. plane de sa faIl renoue brication. 1 ,v. ( .• • pleinement A Ambéavec l'aviarieu, Antoine tion en 1943. (M.'" ...,u <•'-; ,(c>W ,.._. v-' fYll> épie et admire Il redevient 1 ,~ni ces hommes pilote de \ qui plongent le · guerre et reprend ses nez dans des missions de mécaniques de reconnaisplus en plus sance, sur un puissantes. Lockheed Abritées sous p 38 Lightles hangars; ning. Fin leurs drôles de 1943. Saintmachines prenEx totalise On peut lire sur cette carte postale où est présenté Gabriel Suivez nent un air de 6 300 heures de ~ol, mais avec son monoplan W, moteur 70 chevaux : plus en plus fuon le cloue au selé. Celle des « Pour Thenoz qui a été baptisé sur le même appareil que moi. so l jusqu'en deux frères SalBien amicalement. Antoine de Saint-Exupéry». mai. Le 6 juin vez, Pierre et 1944,ilestau- . Gabriel Wrotorisé à repartir. Le 31 juillet, il Sources : Société lyonnaise d'hisen est à sa dixième mission de toire de l'aviation et de Documen- blewsky, est une des dernières guerre lorsqu'il quitte la base de tation aéronautique ISLHADA), nées. Exposée au salon de la loMaison des sociétés, Square comotion aérienne en 1911, elle Bor~o, en Corse, pour survoler la région Grenoble-Ambérieu- Grimma, Bron. ICARE, revue de intéresse les Allemands, dit-on. Annecy. A ce jour, personne ne l'aviation française, numéros spé- Antoine, lui, regarde. Il veut vosait vraiment ce qui est arrivé au ciaux Sai11t-Exupéry. Michel Ri- ler. Et envie les premiers élèves Lightning P 38 F 5 B Nu - chelmy : Antoine de Saint-Exupé- de Mouthier et Lacrouze, les méro 223 et à son pilote ... ry. Lugd 1994 (A paraître en juin : deux responsables de la nouvelAntoine de Saint-Exupéry. Ed. GÉRARD CHAUVY Lyonnaises d'art et d'histoire). le école de pilotage. Un jour, il ose. Il ose dire à Thenoz, mécanicien: « Monsieur, maman m'autorise maintenant à prendre le baptême de l'air». visibilité ou encore « le premier pas une formation technique Hissé à l'arrière du monomesureur de distance au très importante et c'est peutplan biplace, Antoine est prêt. être une des raisons qui l'ont monde» dont l'armée garda le La grande hélice en bois - 2,63m aidé à inventer. En effet, son secret jusqu'en 1947, sont ·_très vite entraîne le moteur de quelques-unes des innovations esprit, libre de toutes les proposées par I'« inventeur» habitudes de pensée 70 chevaux. qu'encourage parfois une Saint-Exupéry, autre aspect Antoine fera un tour, peutformation académique, pouvait rarement évoqué de son être deux à 200 mètres au-desinépuisable personnalité. se forger des idées sus de la piste. « Si vous aviez (1) Gérard Trocme: Saint-Ex entièrement originales ( 1). vu le petit quand il est descen« Dispositif pour atterrissage inventeur. Revue /CARE sur du», témoigne Georges Thid'avions» (le premier), Saint-Exupéry. Tome 3, 1975méthodes d'atterrissage sans ' ( ba_yt, .!< , il, étaitra}(q_nn.ant I'. , , ., '-l~-1 t i-·~V·J.:t t..J') 1C11'•f·d,·I• < ~v\ V b"" 1 w ~ ~· ~ c,.,r;,: '~ " w.<•"" Q,.,..-- ' r~ ,.~ ~~·Lai• .,..r~, 11;.J Saint-Exupéry aviateur .. . et inventeur! 0 N LE SAVAIT DISTRAIT, au moins autant qu'un certain Ampère. Insomniaque, travaillant souvent dans le désordre et sans horaires. Mais on ignore souvent que, de 1934 à 1940, Saint-Exupéry ne déposa pas moins de quatorze brevets d'invention, enregistrés à son nom à l'Institut ."i!'ional de la . propriété"industrielle. Il n'avait tiit:.> :,if J'~ -.~i,';.:<C"·-'·-<c1 1 r p r"".J. ~);:/ 1 1 ?ri, · ( 1 \ l'-.; Ô,.. .. fi s. AINT-EX. ~ \l':%.~™ ._,..~ *·1y t .• 1. f ~ Page 6 """"""""t''~~w- 1900/1 944 Saint·Maurice, le château de l'enfance «Je ne suis pas sûr d'avoir vécu depuis mon enfance». Les souvenirs de la vie passée au château de Saint-Maurice-de-Rémens, dans lAin, sont si doux qu'ils n'ont jamais quitté Antoine de Saint-Exupéry. «D'où suis-je? Je suis de mon enfance. Je suis de mon enfance comme d'un pays». ES ENFANTS posent autour de la charrette en bois. Les voici tous les _ cinq dans l'objectif. A gauche, François, c'est le plus beau. On l'appelle le « gros père». Ses yeux sont doux, noirs et profonds. Les dentelles, en collerette, lui vont bien . A sa gauche, Gabrielle. Assise sur la charrette, elle est visiblement la reine du jeu. Dès que la photo sera prise, son frère Antoine et sa sœur Simone soulèveront de nouveau les bras de la carrio l e pour un petit tour dans le parc. Peut"être iront-il s trop vite, c'est encore plus drôl e. Antoine a un petit air espiègle avec ses boucles blondes qui lui descendent sur les yeux, et Simone, paraît bi_en décidée à s'amuser. Un peu en retrait, Didi la grande, regarde, méfiante. On dirait qu'elle surveille ses quatre frères et sœurs. Antoine de Saint-Exupéry gardait-il cette photo avec lui ? Celle-là, une autre? Qu'importe. Saint-Maurice est partout. Dans son œuvre, dans ses souvenirs. La grande maison de SaintMaurice-de-Rémens, dans l'Ain, a construit son enfance. Une enfance trop souvent frappée par un cruel destin mais toujours consolée dans les bras de Marie, la mère. Le château est imposant. On y accède par une grand portail clair, toujours fermé à clef. La grande allée conduit à la terrasse. Cyprien, surnommé par les enfants «crapaud zizi», est impeccable dans sa livrée. Il accueil le les ·invités avec beau coup de déférence. «Tante » de Tricaud, propriétaire des lieux, les attend au salon, tout en tri potant des dominos. Quand Marie est devenue veuve avec cinq enfa nts en bas âge, elle lui a L François, Gabrielle, Antoine, Simone et Didi... Les enfants roi dÛ château de Saint-Maurice-de-Remens. S.41NT-M4.VRlC~ DE à manger. Le grenier reste cependant le lieu favori. Franço is s'y réfugie souvent pour écouter la musique des mouches. Simone, elle, cherche un trésor. Peutêtre le trouvera-t-elle au-dessus des poutres? Antoine, lui, veut qu'on l'écoute. Il a plein d'histoires à raconter et de poèmes à déclamer. A six ans, déjà il en écrit. La nuit, il n'hésite pas à descendre réveiller sa mère pour qu'elle soit la première à les entendre. Plus tard, échoué dans le désert, Antoine de Saint-Exupéry écrit toujours. « Le merveilleux d'une maison n'est point qu'elle vous abrite, ou vous réchauffe, ni qu'on en possède les murs. Mais bien qu'elle ait lentement déposé en nous, ces provisions de douceur» . Il pense à Moisi. Chargée du linge de maison à Saint-Maurice, enfant, il aimait la faire enrager. A son retour, il lui racontera des histoires de rebelles. Il l'imagine faire son signe de croix. « Miséricorde ! C'est pas possible ! Et vous avez souvent des pannes ? "· RE.\.tliNS f Aiu) Le château est imposant. On y accède par une grand portail clair, toujours fermé à clef. La grande allée conduit à la terrasse ••• proposé de prendre les deux filles aînées dans son appartement de Lyon, voisin de celui de Marie. Ils sont des enfants rois Saint-Maurice n'est pas loin. Henri, le cocher, est toujours prêt à venir chercher la famille à la gare d'Ambérieu-en-Bugey. Les enfants sont, à chaque fois, très excités. A Saint-Maurice, ils sont des enfants rois. Le parc est leur royaume. Dans les arbres, ils construisent des cabanes. « Tonio »y cache les plans de ses dernières trou- vailles. Ils les montrera au curé François de Montessuy. Il est l'homme de la maison, toujours à la disposition des enfants. Un jour, Antoine poussera la plai santerie jusqu'à lui faire manger un corbeau rôti. .. On s'amuse. Quand le ciel devient menaçant, les enfants courent dans tous les sens; le jeu consiste à braver le mauvais temps. L'enfant le plus valeureux sera nommé « chevalier Aklin ». Et sera tout trempé ... Il faut alors vite se réfugier dans la maison. La pièce la plus chaleureuse est, curieusement, la sa lle LAURENCE SEGUIN Consuelo, ou les épines de Io rose ange ou démon ? Il y eut beaucoup de fem m es dans l'univers de SaintEx upéry, ma is il n'y eut qu 'un e épouse. Une épouse à la hauteur de la légende du pilote écrivain , b ien que la légende ne l'ait pas épargnée. Dès le début, il y eut les pour et les contre. Contre: la fami ll e q ui voyait dans le mari age avec cette étrangère une mésalliance. Et une première génération des biographes qui stigmatisent une évaporée, capricieuse et infid èle. Pour : les biographes de la génération su ivante (comme Pa ul Webster, qui vient de dédier un livre à la Rose du Petit Prince ). Ils dépeignent une jeune femme fantasque, exubérante, très im ag in ative, mais sincèreme nt éprise et beaucoup moins volage que son épo ux. C ONSUELO, L'excitation de l'esprit et l'exaltation des sens ... Il est vrai q ue le couple Saint-Exupéry n'était pas un co upl e tranquille. Alternant disputes fu rieuses et réconciliations passionnées, vivant le plus souvent séparés, chacun demandait à l'autre ce qu'il ne pouvait lui donner. Mais ce n'était pas un couple ord ina ire - plutôt l' affrontement passionné de deux gra nds enfants qui ne voulaient surtout pas vieillir. Consue lo Sunci n a mis beaucoup de talent a être et à rester un personnage romanesque. Née dans un petit coi n du petit Sa lvador, à l'ombre d'un vol can, elle est déjà deux fois veuve q uand elle rencontre St-Ex, à Buenos Aires où il est directeur technique de !' aéroposta le. A 19 ans, el le a épousé, aux USA, un officier mexi cain qui meurt rapidement dans des circonstances mystérieuses. Puis , après un e aventu re avec !'écrivain et politicien mexicain Vasco nce los, . ) '.:' ·-~ ·l"'~ ;~1\· ) ~, 1 J. ~ ,1 1"' elle devient la femme du plus parisien des Guatémaltèques, !'écriv ain Gomez Carri llo. Elle a 25 ans, il en a 57, une longu e carrière de séducteur bisexuel et la réputation d'un grand écrivain. Di vorcé de la star du cabaret Raquel Meller, soupçon né d ' avoir fait «tomber» Mata-Hari, il est à son tour fasciné par la sensualité de Cons uelo, mais aussi son imaginaire fécond, son inte lligen ce bril lante et sa conversation irrésistible. Précocement usé par les excès, il laisse bientôt une veu ve et une fortune à laquelle Consue lo n'hésitera pas à renoncer pour épouser un nouvel écrivain, moins consacré mai s plus prometteur. Ell e à 29 ans, en avoue dix de moins, il craque imm éd iatement pour sa beauté fine et délicate, ses yeux ardents, sa folle ga i eté et ses histoires à rêver éveillé. St-Ex att enda it une épouse traditionnelle, Consue lo ne vit que dans l'excitation de l'esprit et l'exa ltation des sens. Artiste, fo ll eme nt, ingénum ent et irrés istibl ement, ell e s' efforce parfois de se fa ire ménagère. St-Ex veut bien l'adorer, pourvu qu ' ell e lui laisse mener sa vie en solo, accumuler les maîtresses, vivre aup rès de Nelly de Vogüé, sa grande rivale - tout en refusant de divorcer. Quand Consuelo le demande, il répond par des lettres enflammées , peup l ées de reproches amers et d'images superbes ou délirantes de poésie. Mais la plus grande, la plus sage aussi de ces lettres d' amour, c'est Le Petit Prince: si le petit Prince est St. Ex lui-même, la Rose dont il est épris, capricieuse m ais incomparable, n'est autre que Consue lo. • ·• • Suite de l'article·en page 7 ~ c ·r, n ; '' ~ r r ":'"• + ~ • :4 }. ~ ~~· ·1 :+ ~ ~ Fondation cherche château-désespérément ~ · - ·.:1~ •· · · ,' k . ~ . · · -· •:) ~ • , l il ' ' )- Page 7 Une fondation Saint-Exupéry dans le château de la famille à Saint-Maurice-de-Rémens. Elémentaire mon cher Watson ... Oui mais cette évidence ne s'impose pas au propriétaire du lieu qui préfère une école hôtelière à un musée pour le Petit Prince. 1900/1944 Première mission avec Saint·Ex RÉDÉRIC o' AGAY, petit- neveu de l'auteur et président de !'Espace Saint-Exupéry rêvait d'une fondation Saint-Exupéry au château de Saint- Maurice. Il en rêve toujours. Et le marathon pour y parvenir est semé d'obstacles. Le plus important étant l'incompréhension des propriétaires du château qui ne voient pas l'avenir de ce lieu prestigieux, relèvant du Patrimoine de l'Humanité, avec les mêmes couleurs que les responsables de la Fondation. F Le 3 avril 1923, Albert Naillet effectue son premier vol de reconnaissance avec le lieutenant Saint Exupéry : «Un garçon qu'on avait envie d'avoir comme copain ... !» Duels iudiciaires Malgré les tentatives de dialogues, jusqu'ici plutôt dialogues de sourds, les héritiers de Saint-Ex, alliés à la petit commune de l'Ain, ont dû faire appel à la justice. En effet, depuis plusieurs années, la maison familiale de Saint-Ex est l'enjeu et l'objet de duels judicaires où s'affrontent sans fleuret moucheté, !'Espace Saint-Exupéry, qui voudrait ouvrir un musée au centre de diverses animations autour de la mémoire de l'aviateur-écrivain, et la Ville de Lyon liée à l'ALATFA (Association pour le logement et l'accueil des travailleurs et familles de l'Ain) dont le vice-président n'est autre que Charles Millon. Une ALATFA qui voudrait ouvrir une école hôtelière en concédant, certes, un petit musée Saint-Ex, façon musée de patronage ! Les héritiers de Saint Ex viennent de gagner une première manche, grâce aux décisions du tribuna l administratif. « Cette décison du tribunal nous rassure, mais on reste encore très réservé», souligne Patricia Lewin de l'Espace Saint-Exupéry. Frédéric d'Agay peaufine le projet de la Fondation qui va prochainement obtenir, par décret du Consei l d'Etat, le statut de Fondation d'utilité publique. 3 millions de francs ont été collectés sur les 5 exigés pour toute fondation. Plusieurs villes de France sont prêtes à accueillir cet espace. Même le Japon, où il y a un grand musée Saint-Ex, à Hakoné, s'est mis sur les rangs. On peut simp lement espérer que le Petit Prince ne sera pas obligé de s'exiler loin de Lyon et de la région. M-J. D « Il s'est mis à piquer à mort avant de redresser soudainement. Je me suis retrouvé par terre, ma carte s'est envolée et ma fierté en a pris un coup ... ». bel homme, volait sur un vieux Voisin, la il en imposait mais c'était cage à poule comme on disait, il un garçon qu'on avait en- a failli se tuer. La carburation vie d'avoir comme copain. Et . était difficile à régler sur cet puis il aimait bien discuter avec avion ... // a piqué du nez soudainous, il s'intéressait à ce que nement, mais le choc a été limité. Je me souviens il a lancé nous disions ...». Pour Albert Naillet, 98 ans, comme ça : Je suis défiguré ! » Saint Exupéry est l'auteur du Première mission Petit Prince, un aviateur hors pair, mais surtout celui avec le« Saint-Exupéry était très quel il a effectué son premier soucieux de son allure. Il volait vol le 3 avril 1923. Souvenir platoujours avec une écharpe beinant pour cet industriel à la re- ge ... On sentait qu-e c'était un traite qui débuta comme méca- monsieur; mais pas un bournicien et finit par racheter une reau comme d'autres pilotes de entreprise sous.traitante dans guerre. Quand il parlait, on l'aviation. l'écoutait. Ce n'était pas encore «J'ai fait ma première mis- l'homme illustre qu'il est devesion avec lui. Je faisais mon ser- nu ensuite. C'est à /'Aéropostale vice militaire au 34• du Bourget. qu'il est devenu célèbre. Et puis J'étais navigateur; on disait ob- il n'avait pas encore publié son servateur à l'époque. Saint-Ex œuvre ». venait de Syrie. Quand il faisait Mais revenons à ce 3 avril mauvais temps et qu'un avion 1923. Albert a tout juste 21 ans. volait, pas la peine de se rensei- « Le lieutenant Saint-Exupéry, gner: c'était Saint-Ex. Il sortait on /'appelait déjà Saint-Ex, avait par tous les temps. Un jour qu'il l'habitude d'emmener des « z <( :::; ::> (3 f<-' a: w ::> aJ I Les héritiers de Sàint-Ex ont gagné la première manche de leur bataille juridique. • • • Suite de l'article de la page 6 Trois fois veuve, elle aura encore de nombreux amis (dont l'architecte Zehrfuss et le philosophe de Rougemont), mènera une carrière discrète de sculpteur et de peintre, et parlera beaucoup du plus grand homme de son in croyable vie. J.PH.M. Les femmes, ses escales P OUR SAINT-EXUPÉRY, il y a incompatibilité entre l'existence d'un pilote et la vie de couple. Pour Antoine, il reste la permanence de la présence maternelle. Cela ne laisse que peu de place pour une tranquille carrière de mari. Mais beaucoup pour des aventures, des passions, des embrasements et des déceptions, ce qu'Alain Vircondelet qualifie de « donjuanisme pathétique». D'autant que le premier amour, la première fiancée en tout cas, Louise de Vilmorin, mène en bateau le je1,me aviateur avant de faire défection au dernier moment. De plus en plus écartée de l'œuvre, quelle place reste-t-il à 'la femme ? Repos du pilote, dans la camaraderie des pionniers de l'aviation, qui s'« éclatent» aux escales dans les bras de filles peu farouches. Idéal pratique d'une beauté toujours disponible mais jamais envahissante, d'une ménagère compréhensive qui panse et soigne le héros couturé de cicatrices, mais qui lui fiche la paix quand il veut rêver, écrire ou profiter des succès que sa prestance, sa gloire littéraire et son image héroïque ne manquent pas de lui attirer. Idéal romantique d'une femme belle, intelligente, ardente, qui le surprend ef l'amuse - qui justifie les déclarations ardentes et les phrases sublimes qu'il trace sur le papier. Il ne faut pas oublier que son activité professionnelle consistait à transporter des lettres. Il y eut donc Consuelo, qui correspondait tellement à l'image romantique et si peu à l'image ménagère, qu'il peut dominer et protéger. Il y eut aussi Nelly de Vogüé, active aristocrate qui « manage » sa carrière littéraire, avec qui il constitue un second couple, parallèle à l'officiel. Consuelo fait l'enfant, Nelly materne, analyse Paul Webster. Et Antoine ne se sent vraiment luimême qu'au milieu des étoiles ... J.PH.M. 1 L ÉTAIT GRAND, jeunes avec lui. Pour justifier notre capacité de navigateur, nous devions guider le pilote jusqu'à un point précis à photographier. J'ai eu la chance d'effectuer ma première épreuve avec lui. C'était sur un Bréguet 14. J'étais debout dans la tourelle de mitrail/euse ... le repérage s'est bien passé. Et puis tout d'un coup, au lieu de rentrer directement il m'a dit: on passe par Chantilly; il voulait voir quelque chose, je ne sa is pas quoi... Et au moment où nous volions au-dessus du champ de course, il s'est mis à piquer à mort avant de redresser soudainement. Je me suis retrouvé par terre, ma carte s'est envolée et ma fierté en a pris un coup ... ». «C'éta it une personnalité vraiment remarquable. Je conserve un très grand respect pour cet homme». PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MARC DURAND «J'étais mécanicien sur le P38. • • )) Emile Blondeau a croisé le pilote et témoigne de ses brèves rencontres avec Saint-Ex. IERRE COLOMB ET EMILE Blo~. DEAU s'étaient connus sur les bancs de l'école à Guelma, en Algérie. Ils se sont retrouvés quelques années plus tard, à Blida, dans la cour d'une caserne où les engagés volontaires dans l'Armée de Libération étaient regroupés pour effectuer leurs classes. Pierre Colomb, formé au pilotage, a été affecté sur un bombârdier, un de ces« cercueils volants» comme les surnommaient les aviateurs, tant les pertes étaient nombreuses. Pierre Colomb, qui dut se poser en catastrophe à plusieurs reprises, reconnaît avoir échappé par miracle, à la mort. Em ile Blondeau n'a pas été retenu comme pilote, en raison d'une vue déficiente, il s'est re- _ trouvée mécanicien. « J'étais le plus jeune de toute l'escadrille. Soldat de deuxième classe, af- P fecté sur un P38, sous les ordres d'un adjudant-chef. Il n'aimait pas qu'on le salue Contrairement à ce que l'on nous montre dans la plupart des films, les pilotes n'avaient pas d'avions qui leur étaient spécialement réservés : il y avait plus de pilotes que d'appareils. Notre escadrille formait le détachement français au sein de 3 rd Photo Group American, commandé par le colonel Eliott Roosevelt, fils du président des USA. Chaque avion était confié à à un groupe de trois mécaniciens moteur. C'était notre avion. Comme chaque pilote, Saint-Ex, comme nous l'appelions, volait à tour de rôle. Il n'aimait pas jou er « les sacs de sab le », comme on disait dans le jargon de l'escadrille. Ce n'est qu'ap mois de mai 44 que SaintEx a pris ses fonctions de pilote de reconnaissance sur Lockeed P38. ». « Il ne nous faisait aucune remarque et consignait tour sur le carnet de bord. J'avais; tout d'abord pris cela pour de la froideur. Je me suis vite aperçu que Saint-Ex portait en lui, une certaine timidité, et qu'il n'avait pas du tout l'esprit militaire. Nous, personnel au sol, ne le voyions que lors des missions. Témoignage Emile Blondeau a appris quelques années plus tard que le commandant Saint-Exupéry était écrivain. Après avoir connu le pilote il a découvert l'auteur du Petit Prince et de Terre des Hommes. Pierre Colomb et Emile Blandeau se retrouveront à Bourg lors du baptême de l'aérodrome de Bourg, « Bourg-enBresse-Terre des hommes», samedi 1" juillet. J-P.C. LJ_} "' Fondation cherche ~êhâteau-désèspérément ·~·i.··~ ~·,.' ~ 1.,-f~} Page 7 SES COMPAGNONS Une fondation Saint-Exupéry dans le château de la famille à Saint-Maurice-de-Rémens. Elémentaire mon cher Watson ... Oui mais cette évidence ne s'impose pas au propriétaire du lieu qui préfère une école hôtelière à un musée pour le Petit Prince. Première mission avec Saint·Ex RÉDÉRIC o'AGAY, petit- neveu de l'auteur et président de !'Espace Saint-Exupéry rêvait d'une fondation Saint-Exupéry au château de Saint- Maurice. Il en rêve toujours. Et le marathon pour y parvenir est semé d' obstacles. Le plus important étant l'incompréhension des propriétaires du château qui ne voient pas l'avenir de ce lieu prestigieux, re lèvant du Patrimoine de l' Humanité, avec les mêmes couleurs que les responsables de la Fondation. F Le 3 avril 1923, Albert Naillet effectue son premier vol de reconnaissance avec le lieutenant Saint Exupéry : «Un garçon qu'on avait envie d'avoir comme copain ... !» Duels iudiciaires · Malgré les tentatives de dialogues, jusqu'ici plutôt dialogues de sourds, les héritiers de Saint-Ex, alliés à la petit commune de l'Ain, ont dû faire appel à la justice. En effet, depuis plusieurs années, la maison familiale de Saint-Ex est l'enjeu et l'objet de duels judicaires où s'affrontent sans fleuret moucheté, l'Espace Saint-Exupéry, qui voudrait ouvrir un musée au centre de diverses animations autour de la mémoire de l'aviateur-écrivain , et la Ville de Lyon liée à l'ALATFA (Association pour le logement et l'accueil des travailleurs et familles de l'Ain) dont le vice-président n'est autre que Charles Millon. Une ALATFA qui voudrait ouvrir une éco le hôtelière en concédant, certes, un petit musée Saint-Ex, façon musée de patronage ! Les héritiers de Saint Ex viennent de gagner une première manche, grâce aux décisions du tribunal administratif. «Cette décison du tribuna l nous rassure, mais on reste encore très réservé» , souligne Patricia Lewin de l' Espace Saint-Exupéry. Frédéric d' Agay peaufine le proj et de la Fondation qu i va prochainement obtenir, par décret du Conseil d'Etat, le statut de Fondation d'utilité publique. 3 millions de francs ont été collectés sur les 5 exigés pour toute fondation. Plu sieurs villes de France sont prêtes à accueillir cet espace. Même le Japon, où il y a un grand musée Saint-Ex, à Hakoné, s'est mis sur les rangs. On peut simpl ement espérer que le Petit Prince ne sera pas obligé de s' exiler loin de Lyon et de la région. M-J. D rn 0 a: Cl ::J <( w a: a: w il: « Il s'est mis à piquer à mort avant de redresser soudainement. Je me suis retrouvé par terre, ma carte s'est envolée et ma fierté en a pris un coup ... ». bel homme, volait sur un vieux Voisin, l a il en imposait mais c'était cage à poule comme on disait, il un garçon qu'on avait en- a failli se tuer. La carburation vie d'avoir comme copain. Et . était difficile à régler sur cet puis il aimait bien discuter avec avion .. . // a piqué du nez soudainous, il s'intéressait à ce que nement, mais le choc a été limité. Je me souviens il a lanc é nous disions ... ». Pour Albert Naillet, 98 ans, comme ça : Je suis défiguré ! » Saint Exupéry est l'auteur du Première mission Petit Prince, un aviateur hors pair, mais surtout celui avec le« Sa int-Exupéry était très quel il a effectué son premier soucieux de son allure. Il volait vol le 3 avril 1923. So uvenir pla- toujours avec une écharpe beinant pour cet industriel à la re- ge ... On sentait qu-e c'était un traite qui débuta comme méca- monsieur; mais pas un bournicien et finit par racheter une reau comme d'autres pilotes de entreprise sous.traitante dans guerre. Quand il parlait, on l'aviation. · /'écoutait. Ce n'était pas encore «J'ai fait ma première mis- l'homme illustre qu'il est devesion avec lui. Je faisais mon ser- nu ensuite. C'est à /'Aéropostale vice militaire au 34• du Bourget. qu'il est devenu célèbre. Et puis J'étais navigateur; on disait ob- il n'avait pas encore publié son se rvateur à l'époque. Saint-Ex œuvre ». venait de Syrie. Quand il faisait Mais revenons à ce 3 avril mauvais temps et qu'un avion 1923. A lbert a tout juste 21 ans. volait, pas la peine de se rensei- « Le lieutenant Saint-Exupéry, gner: c'était Saint-Ex. Il sortait on l'appelait déjà Saint-Ex, avait par tous les temps. Un jour qu'il l'habitude d'emmener des « z <( :::; ::J a trw aJ ::J I Les héritiers de Saint-Ex ont gagné la première manche de leur bataille juridique. • • • Suite de l'article de la page 6 Trois fois veuve, elle aura encore de nombreux amis (dont l'architecte Zehrfuss et le philosophe de Rougemont), mènera une carrière discrète de sculpteur et de peintre, et parlera beaucoup du plus grand homme de son incroyable vie. J.PH.M. Les femmes, ses escales P OUR SAINT-EXUPÉRY, il y a incompatibilité entre l'existence d'un pilote et la vie de couple. Pour Antoine, il reste la permanence de la présence maternelle. Cela ne laisse que peu de place pour une tranquille carrière de mari. Mais beaucoup pour des aventures, des passions, des embrasements et des déceptions, ce qu'Alain Vircondelet qualifie de « donjuanisme pathétique». D'autant que le premier amour, la première fiancée en tout cas, Louise de Vilmorin, mène en bateau le je1,me aviateur avant de faire défection au dernier moment. De plus en plus écartée de l'œuvre, quelle place reste-t-il à ·la femme ? Repos du pilote, dans la camaraderie des pionniers de l'aviation, qui s'« éclatent» aux escales dans les bras de filles peu farouches. Idéal pratique d'une beauté toujours disponible mais jamais envahissante, d'une ménagère compréhensive qui panse et soigne le héros couturé de cicatrices, mais qui lui fiche la paix quand il veut rêver, écrire ou profiter des succès que sa prestance, sa gloire littéraire et son image héroïque ne manquent pas de lui attirer. Idéal romantique d'une femme belle, intelligente, ardente, qui le surprend ef l'amuse - qui justifie les déclarations ardentes et les phrases sublimes qu'il trace sur le papier. Il ne faut pas oub lier que so n activité professionnel le consistait à transporter des lettres. Il y eut donc Consuelo, qui correspondait tellement à l'image romantique et si peu à l'image ménagère, qu'il peut dominer et protéger. Il y eut aussi Nelly de Vogüé, active aristocrate qui « manage » sa carrière littéraire, avec qui il constitue un second couple, parallèle à l'officiel. Consuelo fait l'enfant, Nelly materne, analyse Paul Webster. Et Antoine ne se sent vraiment luimême qu'au milieu des étoiles ... J.PH.M. 1 L ÉTAIT GRAND, j eunes avec IÙi. Pour justifier notre capacité de navigateur, nous devions guider le pilote jusqu'à un point précis à_photographier. J'ai eu la chance d'effectuer ma première épreuve avec lui. C'était sur un Bréguet 14. J'étais debout dans la tourelle de mitrail/euse ... le repérage s'est bien passé. Et puis tout d'un coup, au lieu de rentrer directement il m'a dit: on passe par Chantilly; il voulait voir quelque chose, je ne sa is pas quoi ... Et au moment où nous volions au-dessus du champ de course, il s'est mis à piquer à mort avant de redresser soudainement. Je me suis retrouvé par terre, ma carte s'est envolée et ma fierté en a pris un coup ... ». «C'était une personnalité vraiment remarquable. Je conserve un très grand respect pour cet homme». PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MARC DURAND «J'étais mécanicien sur le P38. • • }) Emile Blondeau a croisé le pilote et témoigne de ses brèves rencontres avec Saint-Ex. IERRE COLOMB ET EMILE BLO~, DEAU s'étaient connus sur les bancs de l'école à Guelma, en A lgérie. Ils se sont retrouvés quelques années plus tard, à Blida, dans la cour d'une caserne où les engagés volontaires dans l'Armée de Libération étaient regroupés pour effectuer leurs classes. Pierre Colomb, formé au pilotage, a été affecté sur un bombârdier, un de ces « cercueils volants» comme les surnommaient les aviateurs, tant les pertes étaient nom breuses. Pierre Colomb, qui dut se poser en catastrophe à plusieurs reprises, reconnaît avoir échappé par miracle, à la mort. Emile Blandeau n'a pas été retenu comme pilote, en raison d'une vue déficiente, i l s'est re- _ trouvée mécanicien. « J'étais le plus jeune de toute l'escadrille. Soldat de deuxième classe, af- P fecté sur un P38, sous les ordres d'un adjudant-chef. Il n'aimait pas qu'on le salue Contrairement à ce que l'on nous montre dans la plupart des films, les pilotes n'avaient pas d'avions qui leur étaient spécialement réservés : il y avait plus de pilotes que d'appareils. Notre escadrille formait le détachement français au sein de 3 'd Photo Group American, commandé par le colonel Eliott Roose velt, fils du président des USA. Chaque avion était confié à à 4n groupe de trois mécaniciens moteur. C'était notre avion. Comme chaque pilote, Saint-Ex, comme nous l'appelions, volait à tour de rôle. Il n'aimait pas jou er « les sacs de sab le », comme on disait dans le jargon de l'escadrille. Ce n'est qu'ap_mois de mai 44 que SaintEx a pris ses fonctions de pilote de reconnaissance sur Lockeed P38. » . « Il ne nous faisait aucune remarque et consignait tour sur le carnet de bord. J'avais, tout d'abord pris cela pour de la froideur. Je me suis vite aperçu que Saint-Ex portait en lui, une certaine timidité, et qu'il n'avait pas du tout l'esprit militaire. Nous, personnel au sol, ne le voyions que lors des missions. Témoignage Emi le Blandeau a appris quelques années plus tard que le commandant Sa int-Exupéry était écrivain. Après avoir connu le pilote il a découvert l'auteur du Petit Prince et de Terre des Hommes. Pierre Colomb et Emile Blandeau se retrouveront à Bourg lors du baptême de l'aérodrome de Bourg, « Bourg-enBresse-Terre des hommes», sam_edi 1"' juillet. J-P.C. ( 1 \ + \ !--1 _ ··-·· A Écrivain, philosophe, aviateur, pilote de guerre, aventurier de f'Aéœpostale, inventeur, Antoine de Saint-Exupéry a eu une vie courte mais particulièrement remplie. Trop diront certains de s~s détracteurs. '• · '"on regarde son parcours avec le recul, on constate que sa trace est forte. Ses livres continuent de se vendre de par le monde. Des centaise -"ements, essentiellement d'enseignement, portent aujourd'hui son nom Et, le 29 juin, jour du centième anniversaire de sa r1 'roport de la métropole lyonnaise qui va changer de nom. 8 rue du Peyrat à Lyon2°, c'est à 9h15 le 29 juin 1900, qu'Antoine, Jean-Baptiste, Marie, Roger de Saint-Exupéry"" ') voit le jour. Sa mère, Andrée née Boyer de Fonscolombe· assumera toute seule la charge familiale au décès de son ""· époux Jean en 1904 . ./ \ / Antoine de Saint-Exupéry fera une petite partie de sa 1.1, J LJ/ scolarité primaire à Lyon puis dans la région, après tin--~ - = (I;. court passage par le Collège Mongré à Villefranche-surSaône. Sa famille partage alors son temps entre Lyon, l'Ain dons la propriété de St-Maurice-de-Rémens, Le Mans et Saint -Raphaël QÙ fa famille de sa mère possède une maison. .,, - 'f f 4 • ' """- (~ Ses talents d'écrivain ? Ils perceront dès son plus jeune âge ! À 14 ans, i1 remporte le prix de la Meilleure composition française de I'anné&, .. à )S[Sainte-Croix-du-Mans pour !'Histoire d'un chapeau . Son premier roman, Manon Danseuse, il l'écrira en 1925. Sa passion pour l'avion ? Elle date de sa tendre enfance! À 11 ans, le menuisier de Saint-Maurice-de-Rémens construit un cadre que le jeune Antoine installe sur sa bicyclette et sur lequel il étire un vieux drap. Ld t l'engin ne veut pas pour autant s'élever. J:,.V7Pourtant, fin juillet 1912, il réussira à partir sur un Berthoud-W avec, comme pilote Gabriel Wroblewski-Salvez, à partir d'une pisté tral!: Ambérieu-en-Bugey. Cela faisait des semaines qu'il venait réguUèrrem vélo sur ce petit terrain d'aviation pour regarder les avions, et parler· les pilotes et les mécaniciens. En 1930, Benjamin Crémieux le présente à Consuelo Suncin de Sandoval, veuve de I'écrivain argentin Enrique Gemez Carrillo qui deviendra sa femme quelques mois plus tard. Un an plus tard, il vend la maison de l'Ain à la ville de Lyon. Éclèctique, I' écrivain-aviateur s'intéresse également au matériel : il dépose le premier brevet d'une longue série concernant, cette fois, un dispositif pour atterrissage. En 1933, il met fin à sa carrière de pilote d'essai après un accident où il a failli périr noyé. En 1935, il acquiert un Caudron Simoun pour tenter le record Paris-Saïgon. Il aura un accident dans le désert avant d'atteindre l'Egypte. Il publie chez Gallimard en 1939 Terres des hommes, livre qui obtient le Grand Prix du roman de l'Académie française, puis est désigné par un jury américain comme « le livre de l'année ». Le 7 septembre 1939, il est mobilisé à Toulouse avec le grade de capitaine. Il est affecté en tant qu'instructeur au - .,... 11 /33 . En mars 1941, il effectuera ses premières ~ ,. \ missions, avant d'être démobilisé en juillet. "-""'~"\ ~I va s'installer aux Etats-Unis. .â:"' '-. , S- j Il profitera de ce répit pour écrire et publier f en 1942 Pilote de guerre, ouvrage interdit par Vichy, puis Lettre à un otage et enfin Le Petit -_,...- - --....,.-·--..-.-- --- -~-- ---- -- - - - ~ - ..,,,. - - - - - - - - · - · ·- r - - · · - v - · - - · - · -- ::-"" --'i.3 · ._. - · - - - ·r~ · ~·_,. -.. :;;.,..:;:.x- rt=• les pilotes et les mécaniciens. Baccalauréat à 17 ans, admissible à l'École navale où il échoue à l'ora entre comme auditeur aux Beaux Arts, en section architecture. Mais ili>'!1'~st ' • , ,k11~ pas tres motive. .., Il profitera de son intégration sous les drapeaux en 1921, au 2e RAC de Strasbourg en 1921 pour effectuer son premier vol en double commande sur un Farman. •..,-·7 Il est victime d'un premier accident ,:,.··' r.1 ~ *'-y d'avion au Bourget en janvier Jl"l 1923. Il sera promu lieutenant en 1926, ~ Il entrera comme pilote intérimaire à la Compagnie aérienne française. Mais faire passer des baptêmes de l'air ne le satisfait pas pleinement. Il réussit à entrer chez Latecoère. C'est l'aube de son aventure dans I' Aéropostale. Il assumera les courriers Toulouse-Casablanca et Casablanca-Dakar avec comme, cc-équipiers, Mermoz, Guillaumet, Riguelle, Reine ... Il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur au titre de l'aéronautique civile en 1930, pour les services rendus à Cap Juby au Maroc. Il participera quelques semaines plus tard au sauvetage de Guillaumet dans la Cordillère des Andes. En mai 1943, alors que Le Petit Prince est publié à New-York, Antoine de Saint-Exupéry revient en Afrique avec sa lettre d'embarquement. Il suit un stage d'entraînement; mais, rapidement, il sera mis en réserve de commandement car jugé trop âgé pour piloter. C'est par chance qu'il peut reprendre à nouveau le manche au sein du groupe 2/33. Il s'envole de Sorgho en Corse le 31 juillet 1944 à bord d'un Lightning P38 pour une ultime mission de reconnaissance au dessus de la région Rhône-Alpes, Grenoble, Ambérieu, Annecy dont il ne reviendra jamais. Sur P38 Lightning, il part de Borgo -en Corse pour un vol de reconnaissance au dessus de GrenobleJAmbérieu/Annecy le 31 _ juillet 1944. Le 7 septe,_mbre cJ~98 une go~r;m€lffe portant s~n nom es~ retr<:?_uvée,.Jlâns 'ùne c:tifanque proche dè~Marseille (dvec une radlô:ét ùh1;,ulon de P38, mais des tél1]ofris djs~nt I'aypir vu tomber 200- kms plus.,,,/oin vers Biot ou Amîbes ou même "'' "'"":>•<"- ...,..__. ~ ......;» . Monaco:·'""~-y,w"'·"',,;,""' En 1929, il publie Courrier Sud, puis deux ans plus tard Vol de nuit, ouvrage qui lui vaudra le prix Fémina. Après quelques préfaces pour des ouvrages d'amis, Antoine de Saint-Exupéry aura une forte production orientée reportage pour différents magazines et journaux. V \~t:Jeuvre ..--·' ..,, . ·• . !_nfographie : P,• Villard + CM · Page 11 1900/1944 Saint-Exupéry et le Petit Prince contemplent Io ville OUR RÉALISER le monument fait de marbre et de bronze, l'artiste lyonnaise Guillaubey est allée en Italie. « Cela fait vingt ans que j'y vais régulièrement, confie-t-elle, surtout lorsqu'il s'agit de travailler une œuvre de cette taille là». Er igé à la mémoire de SaintEx upéry, place Bellecour, l'ensemble composé d'un pilier et d'une sculpture est imposant ; il s'élève effectivement à 5m 50 tandis que les personnages dépassent un mètre trente. P · Une sorte de défi C'est au mois de décembre dernier que Christiane Guillaubey entame les premiers coups de marteau. Retenue à l'issue d'un appel à concours organisé au cours de l'année dernière et auquel avaient répondu 26 artistes, l'artiste peintre-sculpteur se lance alors dans l'aventure ... Le Petit Prince, Vol de Nuit, appris au lycée n'étant plus que de vagues souvenirs, elle relit tout Saint-Ex. L'occasion de redécouvrir l'homme, le pilote, !'écrivain aussi. C'est que l'enjeu est important. Il est en effet relativement rare aujourd'hui, note l'artiste, de concevoir un monument à la mémoire d'un grand homme. Eriger une sculpture sur la place la plus prestigieuse de Lyon constitue également une sorte de« défi» _;« le site est immense et il faut que notre travail tienne». Pour cela, l'artiste a choisi de montrer au public les images les plus fortes ou plus exactement les plus connues. Assis en haut d'un imposant pilier enta il lé pour rappeler l a montagne des Andes, dans un marbre venu tout droit de Toscane, Sa int Ex upéry est représenté; les mains dans les poches d'un manteau en cuir, en tenue d'aviateur, parce que« c'est l'image la plus connue de lui ». Derrière l'auteur de Terre des Hommes, se tient debout, le Petit Prince et sa main gauche, que l'on devine tendrement posée sur l'épaule du pilote. Les deux personnages regardent ensemble dans la même direction ; désormais, « ils contemplent la ville» . L'œuvre qui a nécessité 480 kilos de bronze et 15 tonnes de marbre repose sur un socle sur lequel est représentée la dernière page du Petit Prince. Installé dans la partie ouest de la place Bellecour, le monument sera dévoilé au public le jeudi 29 juin en fin de journée. Le Comité Saint-Exupéry qui a financé ce projet dont le coût est estimé à 600 000 francs, remettra alors la nouvelle sculpture à la ville de Lyon. Gonflé Béiot 1 d; ~r/' Passionné de montgolfière, de fraternité et amateur de défi : Franck Béjat s'est investi à fond dans l'organisation du centenaire de Saint-Ex. .({é ::=~ ~ -~ t;? /, ~ .~ ~ «J ;,j; ~ y' - - -- .. : -/-:=: . ' <' c-::::----.;:'---'' .-~ITT@~:m&~~~:~~:.4 .-- < E M'ENNUYAIS». Quand Franck Béjat dit cela, il a tout dit. Cet homme aime la passion, les défis, les montées d'adrénaline. Autant de bonheurs qu'il a connus en devenant un commerçant prospère. Mais une fois venue la réussite, que faire ? Franck Béjat n'est pas le genre a s'asseoir sur ses lauriers . S'asseoir tout court est déjà pour lui un exercice difficile. « Il a la bougeotte», explique un membre du comité Saint-Ex. Son goût du défi, des risques maîtrisés, l'a conduit à devenir un spécialiste de !'aérostation. Du jardin de sa ferme, à Chatillon-surChalarone, les voisins ont l'habitude de voir s'envoler les montgolfières. A.D. Jusqu'au bout des choses Saint-Exupéry est représenté par Guillaubey les mains dans les poches d'un manteau en cuir, en tenue d'aviateur ••• Derrière l'auteur de Terre des hommes Le goût du ciel n'est pourtant pas le dénominateur qui l'a poussé sur les traces de Saint-Ex. C'est plutôt une histoire d'amitié. Son copain Bruno Fa'uritte a grandi dans le château de Saint-Ex, à Sa int-Georges-de- Remens. Son papa en était le jardinier. Franck Béjat a aussi fréquenté les lieux, lors de délicieuses colonies de vacances . « Un jour, Bruno est venu pour me demander de faire quelque chose pour que le château devienne un musée Sa int-Ex. Comme je m'étais attaché au personnage de /'écrivain-aviateur, j e m e s uis lancé dans ce dossier. On n ous a beaucoup promis de choses, mais bon. Je n'ai-pas désespéré, mais comme il y a une actualité judiciaire, laisso ns fa ire ... » Franck Béjat n' a pas abandonné l'auteur du Petit Prin ce pour autant. Il y a deux ans, le commerçant a vendu son affaire: magasins à Lyon, à Annecy .. . «Je me suis consacré à plein temps à la préparation du centenaire de Saint-Exupéry. C'était un challenge. Je me suis dit: il faut qu'après cet événement, il n'y ait plus un Lyonnais qui ignore que Saint- Ex est né il y a cent ans place Bellecour... » Son épais carnet d'adresses, son contact naturel et son opiniâtreté ont soulevé les montagnes. « Je ne suis pas cultivé, instruit ou particulièrement brillant. Mais je suis têtu, je vais jusqu'au bout des choses. Je crois que mes engagements me transcendent. C'est pour cela que j'ai besoin de belles causes», affirme le deus ex-machina du centenaire. Beaucoup, à Lyon, ont connu Franck Béjat lors des Fêtes sans Frontières. Son amitié avec Francisque Collomb lui avait ouvert les portes du parc de la Tête d'Or. Il a en a fait une série de neuf rassem blements populaires, autour de la cause de Handicap International. « On a accueilli 800 000 personnes au Parc, sans le moindre dégât. Ce ne sont que de beaux souvenirs, d'amitié et de rires» se souvient l'amateur de Zeppelin . A l'heure qu'il est, le centenaire est en passe de prendre son envol. L'essent iel est fait. « Après je vais souffler un peu. On en est à quinze heures par jour, là. C'est beaucoup. Mes quatre enfants ne veulent plus entendre parler de Sa intEx, ils sont saturé s. Ils attendent fin juin ... » THIERRY MEISSIREL Guillaubey, artiste sculpteur, aime travailler le marbre G UILLAUBEY - c'est son nom d'artiste est à la fois sculpteur et peintre. Lyonnaise d'origine, elle vient d'aménager un atelier dans le quartier de SaintPaul. Connue dans la région pour avoir notamment réalisé une fontaine à la mémoire de Napoléon Bullukian à Vénissieux et un bas-relief tout près de l'ENS, allée d'Italie à Gerland, elle aime sculpter le marbre ; « Cela suppose un rapport très physique, dit-elle, presque comme une lutte amoureuse. .• J'aime beaucoup ~Î travailler le noir et le 1 ,.. • " 1 , ,... : o ~1 blanc dans la sculpture. Mais lorsque le désir de couleur me vient, je prend mes pinceaux ». Dans son travail, Christiane Guillaubey parle toujours de la femme ou de la condition de la femme au XXI' siècle. Il ne s'agit jamais « d'une représentation», note l'artiste, mais d'une -« évocation ». En répondant au concours pour ériger un monument à la mémoire de SaintExupéry, le sculpteur a choisi de réfléchir sur un tout autre thème. « Ce qui m'a le plus marqué dans ses ouvrages, c'est lorsqu'il parle de l'amitié. C'est un sentiment qui compte beaucoup chez les pilotes, pourtant souven~ f\' r .f \ :\ - ) seuls dans leur avion. Cette solidarité me touche beaucoup». Quand Christiane Guillaubey commence a réaliser son modèle en terre, elle installe presque naturellement les personnages au sommet du pilier.« Saint-Exupéry, il fallait que je le mette en haut ; il était bien que dans ses avions, quand il était haut. Toute sa vie, il avait chercher à voler». La sculpture indique-t-elle, je l'ai montée en Italie. J'attends de la voir place BellecoUr; c'est autre chose, car c'est à la dernière minute qu'on se dit, c'est bon, les proportions sont justes. r ,1 .J t ~· "-' .J\ A.D. t;.;'J ' J.~ ~ ( 1\ 1 ,-. ~ .. . .. -- ~ ' SAINT-EXUPÉRY Page12 1900/1944 les fêtes du centenaire: • un programme copieux C ' EST LE 17 JUIN que les festivités ont été ouvertes à l'occasion du centenaire de la naissance de Saint-Ex. Elles se poursuivront et s'amplifieront à Lyon dès aujourd'hui et surtout demain: - 22 h 30, projection sur écran géant du document de l'INA Visages de Saint-Exupéry d' Ange Casta - 24 heures, Envol de nuit de la montgolfière du Petit Prince avec cinq autres montgolfières 29 JUIN: • Aéroport LyonSaint-Exupéry - Arrivée du rallye aérien Vol de Nuit BastiaHyèrès-Lyon à l'aéroport Lyon-SaintExupéry. - 11 heures, inauguration du nouveau nom officiel Aéroport Lyon Saint-Exupéry. - Passage de la Pa,.._t rouille de France, du Mirage 2000 piloté par le capitaine Hervé de SaintExupéry, et du Bréguet XIV. • Place Bellecour - Passages de la Patrouille de France - Fresque géante des élèves des établissements scolaires Saint-Exupéry de toute la France - Résultats du concours pédagogique Gallimard Jeunesse la Poste - Résultats du concours 100 Petits 7'Princes - Remise des prix aux enfants - Cérémonie officielle devant la maison natale d'Antoine de Saint-Exupéry - Envol de colombes - 19 heures, inauguration du monument Saint-Exupéry place Bellecour, accompagnée par la musique de l'armée de l'air - Concert, interprétation de la chanson Le Petit Prince par 500 petits chanteurs d'Europe sous la direction de Jean-François Duchamp Le soir, concert de cloches de toutes les églises du Grand-Lyon - 21 h 30, concert de la Musique de l'air 30 JUIN: • Cathédrale Saint-Jean 20h 30 - Concert avec 500 petits chanteurs . d'Europe • Expositions aéronautiques - Avions anciens et actuels, 15 avions du P 38 des Ailes anciennes d'Alsace, au Prototype 01 du Rafale marine de Dassault •Armée de l'air - Base aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun - Base aérienne 278 d' Ambérieu-en-Bugey - Planeur époque Saint-Exupéry - Planeur moderne - Rétrospective photo de la fabrication du 1860 Bréguet XIV par Michelin - Rétrospective photo de l'histoire du pneu d'aviation du Bréguet XIV à la navette spatiale .l!%,J.~~.tdtt1i'!ik'.dt, Yiâ!t~~-b.leo.-wouâllbttScrinlb"( u;mif"'-!~~;:.;1*.~Jt.~6..,th.-MletilyWe~ l aw:.Mt. lh-oi!if,'11("...tÔ .~l:\ 1iO!lf#k, {) .h<.<lf.lcidP~ ltl!>.'.,ifMoo:Ui!;i•~rtntf,:~~. u~ ct~lf;i:l.<p.ffy vc..i;,,,.,., retransmettant en direct la plupart des manifestations célébrant le centenaire de la naîssance de Saint-Exupéry, le mercredi 29 juin. @N..i.,j,l'AJ, .}r;::.J:~f.?'(-:l,ll.;i~. fi~· lOJPtfü(~lt',OH~._ V '""I"'~ ~~~« 1@~11h$.k~è.et~t1U~riçô'I~ (~tfl ~rn~ l'Ord-~11~ ùb~ dtTJJr, fHif'it~lt{9P..,4'W.®i.~Etl~tdtm-1d'~ {d1''(~dt ~U.~ • n~ 1 itt;~MMgoftn~h~!ill1i"olt''~kSO~~"r;r-4d1lfmîOOl. ©~ @- @ 1Up6/dt9"'M La Saône Une grand meeting-exposition à Bourg ~ •Autres - Concours international des Amis de la reliure d'art - Exposition des 100 plus belles reliures des œuvres de Saint-Exupéry - Exposition de la De Soto cabriolet 1937 d'Antoine de Saint-Exupéry - Exposition philatélique organisée par la Poste - Vente de livres du 24 au 29 juin - Librairie Saint-Ex 2000, vente des œuvres d'Antoine de Saint-Exupéry et de souvenirs. • 12h00: « La vie d'ici » émission en direct de LyonSatolas • 12h10: « 12/13 » le journal régional en direct de Lyon-Satolas diffusé pour l'occasion sur les huit départements de la Région Rhône-Alpes hpl'llf~d'~(~:l:$àr: 1t! l'J.î~~1U:~. h~ d"t:Yè.{'11:':'.kùtt ll<iJik mb. 0 Participation d'une cinquantaine d'appareils et de la Patrouille de France, dimanche 2 juillet. de Bourg-Cey,AÉRODROME L zériat aurait dû s'appeler Bourg-Saint Exupéry, mais Sa- ci ci tolas a eu, en toute logique, la préférence ce que les Burgiens ont admis, sans difficulté. Ils ont cependant voulu rappeler les attaches de Saint-Ex avec le département de l'Ain et le 1" juillet l'aérodrome de Bourg-Ceyzériat sera baptisé «Bourg-en-Bresse, Terre des Hommes». •Samedi 1•• juillet: toute la journée, baptêmes de l'air sur avions Robin DR 400, DR 220, sur hélicoptères et sur planeurs; à 18 heures, cérémonie officielle du baptême. •Dimanche 2 juillet: de 10 à 18 heures, un spectacle ininterrompu est programmé sur l'aérodrome avec une présentation en vol d'avions d'armes (Mirage F1, Mirage 2000) et la participation de Catherine Maunoury, championne du monde de voltige. Des avions anciens comme l'AD 4 Skyraider, le P 51 Mustang, le Yak 11, etc., décriront, tour à tour, leurs arabesques dans le ciel de Bresse. Des avions de voltige, des hélicoptères participeront également à ce grand ballet aérien, mais la vedette de ce meeting sera incontestablement la Patrouille de France qui se produira dans l'après-midi. France 3en direct ... RANCE RHÔNE-ALPES/F AUVERGNE accompagnera l'événement en fol!tif!'>ltl-d~~ti;.;i kloc:<.:ll'IM!ilt$~tlf~f~. Û' ilvion1œKÎoMs il) ~.. • 18H56: Edition spéciale du journal du Grand-Lyon consacrée à Saint-Exupéry • 19H07: Journal régional en direct de la place Bellecour à l'occasion de l'inauguration de la statue de Saint-Exupéry les partenaires des manifestations du centenaire ~•iWA -~ --~ c 0 N s E 1L +++ • - ~~ tfml _ _ \ _ GENERAL w LYON DU RHONE 2'000 L'AVENIR À BRAS OUVERTS VILLE DE LYON .....)\.. Aéro(!orts ,~d~.-~Y.Jl!J }ifdZGtti !Z, 'i ARMÉE DE L'AIR FRANCE fi • •1a. · I O, f...(, t i \ 1 ~; \ ' n t.1 JE r ur A N (à,·,, 't9".~: ;.;\-1 il 'f:·\.-- Hf'•, J !• ·"!i) .<1· H 11, f ~ : 1 -'· ,, t" f. ~; r tJ r\ D /\ T OINE 7 ~r 1 f) N DE AIR FRANCE .: ~ ~~.::"_~Ler. :1:~ ... ..I" .. ' ~ •• ~•'"Il/ . ,,r. •. . ~; · -...j .. ; .j:; . .-,,_., ~. "" .J:Jr" .,... ,: ~ '~·- c .· Page 13 Lyon·Satolas devient Lyon/ Saint·Exupéry 0 ::;) Après Lyon-Bron et Lyon-Satolas, l'aéroport lyonnais de référence s'appellera donc« Lyon/Saint-Exupéry» à compter du 29 juin. Ce faisant, disparaît la vieille règle qui oblige les aéroports à associer les noms de la ville centre et de la commune d'accueil. :s _J 5 0 :::;; 0 a: ~ ü ëë L d'un aéroport ne se fait surtout pas au hasard : selon une règle bien précise toujours en vigueur, une plate-forme aéroportuaire doit prendre le nom de la ville centre qu'elle dessert associé à celui de la commune sur laauelle elle est in'stallée. · · · · Grâce à cela, quelques communes de moindre taille ont bénéficié d'une publicité ou d'un renom inattendu et inespéré : Orly, Marignane, Blagnac, Mérignac, pour ne citer qu'elles, communes hôtes des aéroports de Paris, Marseille, Toulouse et Bordeaux sont ainsi aujourd'hui connues de tous, l'usager réduisant souvent le nom de l'aéroport au dernier terme: « Taxi, à Marignane SVP». Lyon n'a pas échappé à cette règle, même si l'aéroport a déménagé en 1975. Il s'est d'abord appelé Lyon-Bron, puisque installé originellement sur le territoire de cette communl': de l'Est lyonnais. Lorsqu'en 1975, s'ouvrit l'aéroport actuel à 25 kilomètres à l'est de Lyon, il prit tout naturellement le nom d'une des communes sur A DÉNOMINATION Bernard Chaffange : «raéroport va s'humaniser » Pour le directeur des aéroports de Lyon, le changement de dénomination n'a pas qu'un aspect« marketing». « Il y a des valeurs exupériennes qui sont celles de la solidarité et du travail en équipe », souligne Bernard Chaffange, président du Comité Sai!1t-Ex 2 000. ous au1 ~TES l'un des principaux auteurs de cette initiative, qu'attendez-vous précisément du changement de nom de l'aéroport 7 •J'en attends trois choses : il s'agit de se souvenir d'un très grand Lyonnais à qui sa LU ville n'a jusqu'à présent pas tii::;) rendu l'hommage qu'il méri.., LU te. D'un autre point de vue, a. a. plus « marketing » si on peut :J dire, s'appeler Lyon-Saint:;: Bernard Chaffange. a. Exupéry est infiniment plus fort que de s'appeler Lyon- Raphaël-Lyon qui se posera Satolas. Enfin, même si cela sur l'aéroport le 29, suivront peut faire sourire, il y a des la décoratic>n de la Tour du valeurs« exupériennes »qui sont celles de la solidarité, Crédit Lyonnais et la décodu travail en équipe, de la ration spécifique de l'aéroconvivialité, de lien entre les port. Sur le site de l'aéroport hommes et qu'on retrouve même, à la sortie du parking en aéronautique. Et si on PO il y aura un espace Saintnous a reproché d'être un Exupéry; la famille nous aéroport trop froid, j'espère offre un portrait plus grand qu'ainsi l'aéroport va s'hu - que nature, réplique de la maniser. .photo de 1931 prise en ArQuel investissement représente un tel change- gentine par Guillaumet. Comment se présente ment de dénomination 7 •Aux environs de 3,5 mil- la manifestation du lions de francs l'ensemble, 29 juin 7 sur le budget 2 000 de l'aéro- • Elle se présente bien, port. Il faudra y ajouter la re- presque trop bien. To:.it le mise à jour de la signalisa- monde voudrait être là. Je tion routière qui est en effet reçois tous les jours des deà notre charge et que j'éva- mandes d'invitation. Le changement de lue à 3,5 millions aussi. Comment un tel chan- nom de l'aéroport n'aura gement est-il reçu chez vraiment lieu que ce jour les principaux acteurs du là 7 monde aérien, les compa- • Nous pourrions déjà utiliser ce nom, mais nous avons gnies, les équipages ... 7 •Nous avons de bons re- convenu avec I' Aviation civitours. Saint-Exupéry faisait le -que nous ne commencepartie du monde de l'avia- rions à parler de Lyon-Sainttion. Même si, vous le savez, E>_<up~_ry que le 29 juin. Ce clia-ngement de il y a eu quelques opposants, que nous avons reçus et nom ne risque-t-il pas écoutés respectueusement, d'occulter les autres évéje suis surpris de l'impact nements passés ou à vepositif que ce changement nir qui concernent l'aéroport 7 peut avoir. Où en est-on aujour- • L'année 2 000 aura quand d'hui des diverses festivi- même été l'année du lancetés entourant ce change- ment de la ligne Lyon-NewYork. Pour le reste, nous atment de nom 7 •Un certain nombre tendrons la rentrée pour présenter avec Guy Malher d'opérations de communica- le schéma directeur de l'aétion ont déjà été réalisées : roport qui prolonge l'APPM l'opération 100 000 cartes et qui permettra de détermipour le Petit Prince, le ner des phases successives chèque remis à Paul Baudry de trafic, lesquelles condi comme l'aérogare décorée tionneront la programma avec des dessins d'enfants tion de nos investissements. des écoles riveraine·s du PROPOS RECUE1LLIS Rhône èt•de la' J!lroche lis.ère. :outre• le r'a id Bastià <Saint- . PAR JEAN-CLAUDE PENNEC V r,, ' laquelle il développait son emprise : Satolas. Trois syllabes courtes qui se mariaient efficacement à celle de Lyon. Lyon-Satolas: cela fait donc 25 ans que ça dure. Df! Ma.rse.!lle·Marignane a Marselllit·Proven'e Les temps changent. Désormais de plus en plus d'aéroports, pas seulement en France, souhaitent échapper à un système viei llot qui ne se justifie plus et qui a donc souvent pour conséquence de voir disparaître le nom de la ville de référence: ainsi Londres s'efface devant Heathrow ou Stansted, Paris devant Or-ly ou Roissy etc. Parallèlement, les villes ou les gestionnaires de ces aéroports tentent de plus en plus de transformer ce qui n'était pendant longtemps que des platesformes d'embarquement ou de débarquement en des vitrinesportes d'entrée au rôle « marketing » fondamental, reflet et résu mé de la région qu'ils desservent. D'où ces mutations d'appellations survenues ces dernières années et qui se font toujours aux dépens du ·nom de la commune d'accueil. Ainsi Marseil le-Marignane est devenu Marseille-Provence, plus évocateur pour un passager en provenance d'un autre pays. Lyon aura suivi une autre « CCOle », qui COnSÎStG â donnGr .â l'aéroport le nom d'une célébrité locale. Si le procédé est encore rarissime en France (RoissyCharles-de-Gaulle), il commence en revanche à se répandre ailleurs. Outre Kennedy donné à l'aéroport le plus important de New-York, les Américains ont donné le nom de George Bush à l'aéroport d'Houston et celui de John Wayne à celui de l'obscur Orange County. Reste évidemment à savoir comment l'usager «s'appropriera» par la suite la nouvelle appellation. Dans le cas de Roissy, on notera que même les usagers étrangers raccourci e sent le nom de l'aéroport parisien à Roissy-C-D-G, voire à C-D-G tout court. JEAN-CLAUDE PENNEC Changer le nom d'un aéroport ? Pas si simple · En matière de dénomination, « il faut faire court, efficace », souligne Olivier Roy, directeur de Création chez Carré Noir, société de design global, notamment spécialisée dans les « stratégies et créations de noms ». En la matière, « les noms de personnes sont souvent plus exposés que les noms de lieux » souligne-t-il. Interview. UE PENSE un professionnel du « nom » et du changement de nom de la nouvel1e dénomination de l'aéroport lyonnais ? Olivier Roy qui anime le département de création et de stratégie de noms de· Carré Noir, une société de design global qui emploie 150 personnes à travers le monde répond : Q Que pensez-vous de ce changement de nom 7 • De nombreux aéroports ont décidé d'associer un nom de lieu à un nom célèbre comme RoissyCharles-de-Gaulle New-York-Kennet:l.y, ou Rome-Da Vinci. Mais il ~fà1.lt• se méfier. Quand un nom est trop long, le public fait des apocopes : ainsi le Parc des Princes est devenu« le Parc». Dans le cas de Roissy on constate que « Charles-de- Gaulle » tend à disparaître. Il faut faire court, efficace : même les étrangers disent Roissy. A mon sens, il est illusoire de vouloir dicter aux gens l'emploi qu'ils vont faire d'un nom. Pour « Lyon / Saint-Exupéry», c'est à mon sens d'autant moins gagné qu'il n'apparaît pas d'objection fondamentale à utiliser le nom de Satolas. Vous méfiez-vous de l'utilisation de noms de personnages dans de tels « baptêmes» 7 •J'ai la conviction que les lieux sont moins exposés que les gens. Bruay-en-Artois, dont le nom est lié à une célèbre affaire, est l'une des rares communes à avoir changé de nom (pour Bruay-la-Bussière). A l'inverse, « Kennedy » est un nom très promotionnel. Mais rien ne nous dit que ce nom gardera la mêr1:ie force quand les archives du FBI ou de la CIA s'ouvriront. D'un point de vue stratégique, je pense qu'il vaut mieux aller vers le toponyme que vers le patronyme. Au sujet du choix de « Saint-Exupéry », quel est votre sentiment 7 •Il reste une figure emblématique; l'auteur, !'écrivain, l'aviateur et surtout le Petit Prince qui fait oublier l'homme qui part à New-York ou qui tombe en avion. Mais lorsqu'on change de nom, il y a généralement une raison très précise. Ainsi lorsque la Générale des Eaux est devenue Vivendi, Jean-Marie Messier a~âit un-e"rai'- a: ci Olivier Roy : « Il est illusoire de vouloir dicter aux gens l'emploi qu'ils vont faire d'un nom». son précise. Le changement de . nom est lié à une catastrophe qu'on veut faire oublier, ou bien il s'agit d'une question de lisibilité internationale. Ici, sauf peut-être cet aspect, il n'y a aucune raison logique, pragmatique, pour enlever le nom de Satolas. Une fois ceci posé, quels conseils donneriez-vous, ici, à l'aéroport lyonnais 7 • « Saint-Ex » est un nom qui est bien, qui claque bien. Il faut aller tout de suite à « Lyon-Saint-Exu.péry », il faut aller vite en sachant qu'il n'y a pas de « place » pour tout le monde. Il y a toujours une hiérarchie qui fait que l'un des termes finit toujours par l'emporter. Il est même possible ici qu'un jour le nom même de « Lyon » disparaisse. Regardons encore ce qui se passe à Roissy. La nécessaire différenciation des aérogares de cet aéroport fait qu'on parle de plus en plus de «'Roissy 1 » et de « Roissy 2 » et de rien d'autre. De même Rome : malgré la personnalité incontestée de Léonard de Vinci, l13·s ·usagers continuent de parler de .Fiutn icino. ( 1 \ \. i ) •' . i ffi Page 14 1900/1944 l'aventure de I'Aéropostale Après la conquête de l'air, d'autres aventures deviennent possible. Celle de I' Aérospostale mobilise de nouveaux pionniers ... 1914-1918 confirme que l'aviation de paix sera en partie commercia le. Des raids aériens prouvent que l'on peut franchir désormais de grandes distances, relier des continents, établir des trajets de ville à ville. En février 1919, le premier service de transport aérien est ouvert sur la ligne ParisLondres par Lucien Boussetrot. Certains ont des ambitions précises. Le constructeur d'avions, Pierre-Georges Latécoère, est de ceux-là. Né en 1883 à Bagnèrec;de-Bigorre, cet industriel séduit par ravlatlOn a construit pendant la guerre des appareils Salmson pour l'armée. Mais son rêve, désormais, est de créer des lignes reliant la France au Maroc et au Sénéga l, à une époque où la France possédait des plateformes en Afrique. Les premières tentatives datent de 1919, avec le même genre d'appareils, des bi- L A FIN DE LA GUERRE DE plans qui se transforment en porteurs de courrier, sur la liaison Toulouse-RabatCasablanca. En fait, ça passe ou ça casse. A la tête de ces pilotes qui ont pour nom Vanier, Lécrivain, Lassalle, Enderlin, un nommé Didier Daurat: « Un homme trapu, les cheveux noirs, plantés bas encadrant un visage fermé au regard d'acier. Il respire l'obstination, la fermeté bourrue. C'est lui qui dirigera la Ligne, qui insufflera aùx pilotes une sorte de mystique de l'impossible, formera les nouveaux et remplacera les défaillants .._» l 1J_ Presque chaque année, les parcours s'allongent. Ainsi, on pousse jusqu'à Dakar, dans des conditions d'insécurité qui ne sont pas seulement dû à la fiabilité des appareils. De n9mbreux atterrissages forcés à la suite de panne valent aux pilotes de subir les pillards du désert. Des demandes de rançons sont parfois formulées. Des aventures au sens plein du mot, que vit une nouvelle· recrue de Daurat: Jean Mermoz. Né en 1901 à Aubenton, breveté pilote en 1919, cet homme aussi séduisant qu'intrépide vit les épreuves de ces «facteurs de l'air» avant de connaître d'autres succès aériens qui feront sa gloire. En mai 1926, avec son Limousine Salmson 2A2 (source aéro-musée de Bron). .Oquipior, il o~t f~it nrison- nier par les Maures et reste captif plus d'une semaine. Parfois cela se termine tragiquement, comme pour les pilotes Pintado, Erable et Gourp ... cr' ci Cf) Des marques de gloire ~ iE , . . Latecoere 32 (source aero-musee de Bron). En 1926, un petit nouveau débarque : « Je venais d'entrer comme jeune pilote de ligne à la société Latécoère qui assura, avant /'Aéroposta le, puis Air France, la liaison ToulouseDakar. Là j'apprenais le métier». Dans Terre des Hommes, Antoine de SaintExupéry, expose ainsi son arrivée dans l'équipe où une rencontre le marque particulièrement, celle d'Henri Guillaumet: « Il répandait la confiance comme une lampe répand la lumière, ce camarade qui devait plus tard battre le record des traversées postales de la Cordillères des Andes et de celles de l'Atlantique sud... » Car les objectifs se sont élargis . D'abord, la Compagnie générale d'entreprises aéronautiques, fondée en 1921 devient, en février 1927, la Compagnie générale aérospatiale. Latécoère s'est associé avec un homme d'affaires, Marcel Bouilloux-Lafont, qui a l'avantage de posséder en Amérique du Sud des ressources et des appuis solides. Cela permet d'envisager la création de nouvelles liaisons, « de Buenos-Aires à la Patagonie et à Santiago du Chili» . Au nord, elles atteignaient le Brési l, les Guyanes, le Venezuela, s'infl éch issa ient vers la Bolivie et .le Pérou. Les meilleurs éléments de la compagnie, écrit Robert de La Croix, quittèrent l'Afrique pour l'Amérique du Sud : Négrin, Guillaumet, Reine Vanier et Jean Mermoz, nommé inspecteur, poste qu'il n'a accepté qu'à la condition expresse de continuer à vo ler ... ». Pour Saint-Exupéry, après avoir vécu de multiples péripéties dans le désert et être resté un an et demi au cap Juby, c'est une nomination · comme directeur de l'Aéroposta Argentina qui l'attend en 1929 ... Mermoz, après avoir franchi les Andes en dépit d'un terrible accident sur un Laté-28, réalise en mai 1930 la première liaison aé-rienne Dakar-Amérique du Sud. Guillaumet vit à son tour un cauchemardesque survo l des Andes avec son Potez 25 qui s'abîm e dans la Laguna Diamante, à 4 000 mètres d'altitude. Il s'en sortira comme par miracle. L'Aérospostale est à vrai dire, une fabrique à exploits. Les affiches de I' Aérospostale sont autant de marques de gloire des ailes françaises. Hélas, les déboires financier de Bouilloux-Lafont, principal actionnaire, le retrait des subventions de l'Etat, provoquant sa mise en liquidation judiciaire en mars 1931. Daurat est évincé. Un regroupement de compagnies entraîne, en 1933, la création d'Air France. Guil laumet , Mermoz, Saint-Exupéry, eux, poursuivront, jusqu'au bout leur extraordinaire destin de pilote ... GÉRARD CHAUVY (1) L'Aéropostale par Robert de La Croix. Historia juin 1985, n° 462. :t Jusqu'à sa liquidation en 1931, I' Aéropostale est une fabrique à exploits. Depuis 1933, le compagnie, devenue Air France, continue sa mission 'Cl'ac~emine111ent du cqurrier. ~ • , · . ' , '· 1 • ' • • 1 • :· ., • • •• • ., i.' ·~ ,··: \ L' •· , - .... ' ~\Il-~ " -~• \li -...-J '.~ ~ \ ', •. ~f-4~ . ·;._ .,,,~ _•.l': \· .~.!;_. ll' t . i.\..' .. , .~ ~ . t ,. ,,,.-tt. . ll _~,)!"~~ - ,!...;- -4 - - ·---- Une ville nouvelle nommée «Saint-Exupéry» Près de 5 000 personnes travaillent aujourd'hui sur le site de l'aéroport né il y a 25 ans au milieu des champs. r- ~ ~ !!! ~ ~ ~ w ::2 ~ L'activité nocturne de l'aéroport se partage entre la maintenance avion (la filiale de Brit'Air, Lyon Maintenance), le tri postal (20 personnes) et l'activité frêt. 13 %des emplois au fret •Surface construite : 180 000 m' (dont 44 000 m' côté cargo) •Nombre d'entreprises: 200 COMMERCES ET SERVICES : -Un hôtel Sofitel -Un hôtel Climat de France - 5 bars et restaurants ••• • ••' ••• •• •• • Boutiques : - 5 boutiques duty-free - 4 boutiques en zone publique - 1 pharmacie • Location de voitures : - 6 loueurs •Centre d'affaires: 11 salles de réunions. • Services divers : - 4 salons passagers •Parkings: 7 200 places l ~~ • • ~ ~ ! ~ ' • .,.... "$.; J, \ . ; ."".; / . . : •. '.*'.W·?''r.'. -.:_>0:: . ' ~:lm~~l;.!i;,,:/fffkiJ" < > CI: • ci • - - - - ·- - .... - . -·.· - . ·- - - -· - .. -·.. - .. fflUMEft . OVF ~ NOMBRE D'EMPLOIS : 4 600 ( à mars 2 000) -dont 45 % dans les compagnies aériennes, 14 % en administrations, 13 % au fret, 16 % dans les commerces et services, 10 % à la CCI de Lyon SA FAÇON, Lyon Satolas est peu à peu devenue urie com' .' mune a part ent1ere. Vieille de 25 ans (l' aéroport supplanta Bron en 1975), elle emploie en effet désormais près de 4 500 personnes dont la présence est directement ou indirectement liée aux 5,5 millions de passagers qui i:isisse11t par !'aéroport. En raison de la hausse du trafic, qui conditionne l'ensemb le des développements de la p lateforme, le nombre d'emp lois grimpe chaque année de 400 emplois. Moyennant quoi « on do i t tutoyer les 5 000 emplois», souligne Jean-Roger Revel lin, le directeur du développement économique de l'aéroport, qui se répartissent entre les 200 entreprises présentes sur le site.· Sur le plan des emplois directs, relève-t-on d'ailleurs dans le rapport d'activités 1 999 de l'aéroport, « une comparaison établie entre Lyon-Satolas et les cinq premiers employeurs industriels de la région RhôneAlpes fait apparaître /'aéroport comme un véritable vivier d'emplois ». Ces entreprises et les métiers qu'elles suscitent donnent à la plate-forme aéroportuaire qui s'étend sur 2 000 hectares une atmosphère à nulle autre pareil l e: agents des compagnies aériennes, personnels administratifs de la CCI, de la police de l'air, de !'Aviation civile ou des Douanes côtoient les salariés des commerces, des bars et restaurants, des hôtels ou des A loueurs de voitures. On y ajoutera la Commission départementale d'agricu lture du Rhône, le Centre régionai d'expérimentation, l'Institut technique céréale et fourrage ou le Centre de rétention administrative. Mais aussi l'activité no~turne de l'aéroport qui se partage entre la maintenance avion (ainsi la filiale de Brit' Air, Lyon Maintenance), le tri postal (20 personnes) ou l'activité fret. Il fatJt, enfin, ajouter à cela enfin les stationservice, pharmacie, poste, bureau de change, agence de voyage, mais aussi quelques cheminots présents dans la gare TGV .. 2,4 milliards d'investissements Aujourd'hui, cette ville ne cesse de grandir au point que l'aéroport peut donner l'impression d'être en travaux constants . Il est vrai que la Chambre de commerce et d'industrie a programmé 2,4 milliards de francs d~investisse ments entre 1 997 et 2 005 sur l'aéroport. L'idée est évidemment d'agrandir l'aéroport au fur et à mesure des besoins, c'est-à-dire du trafic, en privilégiant les extensions de bâtiments à l'est avant de se développer un jour vers l'ouest sur les terres cultivées. Sur les 2 000 hectares dont dispose l'aéroport, 900 sont en effet constitués de réserve foncière . A l'évidence, la ville de « Saint-Exupéry» doit s'attendre à de nouveaux développements dans les années qui viennent: l'aéroport réfléchit déjà à l'implantation d'un troisième hôtel qui s'ajouterait au Sofitel et au Climat installé tout près. Le renforcement des dessertes TGV comme du trafic aérien passager ne peut qu'accélérer l a réa l isation de ces extensions. JEAN-CLAUDE PENNEC 15 000 salariés? une règle observée sur la..plupart des aéroports, un trafic d'un million de passagers génère peu ou prou un millier d'emplois. LyonSatolas qui resta souvent endeça de ce ratio rattrape aujourd'hui son retard : en 1999 il a accueilli 5,5 millions de passagers pendant que le nombre de salariés travaillant quotidiennement sur l'aéroport est passé à 4 500 (soit un ratio de 805 emplois directs par . million de passagers). Selon un tel schéma, et à la condition que le trafic aérien continue son expansion, un jour viendra où l'aéroport accueillera un trafic de 8 millions, puis de 15 millions de passagers. Ce qui revient à dire que le nombre de personnes qui seront employées sur le site passera d'abord à 8000 puis à 15000. S ELON J L'aéroport de Lyon apparaît comme un véritable vivier d'emplois dans la région. b z w > w I ff- z ~ ~ { 1\ \.1 j l .. T r" {;'!\.il-;~~ ~ . \ <:<) " i '~~~ -ui.f.: ) · . \ l' fi;. .. ... ~-.·-.. -~ r.··-.. .,;,,,~····· nt . J HECl ~TfW )·~ f~1l1\ HlttM)~ N:·~ .. L~-. ,,__-- ·-··t:jJJ ! .Lil'~mrr - • : •, ... , .. 1. • . . 1. , ~ 1 . . à,. ·, . ! 10 ts 1 U\ 1~1·:·r ,-, '"f ltH , ... 4 . I f'fft · V-. •• ~ P:; ;:...i:v; L1n11t-r n c ·~ d~hn'« 41 ., ,. 1 !Il4\~t.Si "-~--t..,~J(:J ·~ -~/i·f~;.•..T11~. · ... $..• -· -- '" IJ'··::ft.!,•.l · .J;.~.. ..k l - 4.: f . -.---::.:mv:·.1- .!. c . ,!,"; n:>111•tt.i1ii· fnuini1«1:i, n•' . f~ .. .~ . 1..J:~N~z--:· ·-·-,··..-·-·1· _,... "...• '.'. ~. ~&.M:X$.-•.~.6?.RP -- · 'l· 1"·~ · - i-r-; (.J!rr~'.(/ "' . ,... . .. .' _.,••' " 1~t_;t n ~.......1~'11.·~;v n11 --~· UA'.t::.'-i.frJ~-·r-4:!.-- ~-· ::-:=- !!! · -·- - . - ---- :a J 1~M1' 1.rns ocrn : p1;;~. · ·~ ~ .""""" ... ......._._ tr:1..:.li~r1u': .fP4-tt..,;~?- ~~ l:-'<.1H:~~ 1lèfllt1·1r·n11•nl __-:::;a.;.;J.~..!S.'...--.---~.... _ Ï? .. n,t.:ft~ . ~7-~··-~ · - tl;~lllt>fo. ·-•. ~- :>(l~t 11fo ll(•rliû. - l\ I' .\l'Rt'..'l'ig •f !I ~>:--. ~--É__::..:i~-, • .. , _ ~ SlüNA'J,'llf\1'} t,'J~l l'I.(}'fl!tltl •Io. ' llniil~•tt ~"c:i11.f1, .~ ... l'1m lwp1'Î~• ·--1 - . 1}•~Jl.•l'h'tHN1l __ .,...,_I'#.~;;!)'.~" ÎO:'~fJ'"i! SOU !t ,If.. tt • \~l f?~"';J 4Î •fif1if'ripH011 •ln Pf"'>b)11w l ,~· 1~ ' .,; 119 1:m11m~mlc11w tluih- d ';1,'.- ri •1Wk li. t!» ~ '·· ·. .. ·~ !I f . . . . . .. _ ,.._,. . ...;> . ,. ·1 ,. ~ ll.lrlwt 11'1 ,t< . \fini>l.'.ir" tk r /\fr ~ l ._ _..,..,, in N#, ~'it1~!1r.ipti1111 r,fii r»!(it 1- " •'l. Pnfr~èr i\too~it·ur; ~foil••fJli' wnli1;.mml lr. p~iii~m n•~L • i•I JU!Ji1r l!!S ml'tt.tiùn•· iontili•li. ·1 e ' u poete 1sparu . \Jusqu'à sa fin terrestre,'Saint-Exupéry aura entretenu ce style anticonformiste qui collait au pilote et à l'écrivain. Sa mystérieuse disparition ajoute à cette dimension du personnage... le donne connaissance du messaplus profondé- ge d'un pilote signalant qu'un ment possible, « avion de reconnaissance écrivit-il dans sa allié»(« Aufklaer »)avait été dernière lettre. abattu (« Abschuss ») et enSi je suis de~ cendu, je ne re- voyé en flammes dans les eaux gretterai rien. La termitière fu- (« Brennend uberSee »)par un ture m'épouvante . Et je hais avion allemand qui avait alors /eurs vertus de robots. Moi, continué sa propre mission de j'étaisfaitpourêtrejardinier». reconnaissance qui était de Que de commentaires ces photographier Ajaccio. Mais derniers mots n'ont-ils pas ali- après examen, il apparut que ce mentés? Jusqu'à l'hypoth èse message concernant probabledu suicide ! Que sait-on exacte- ment la perte d'un autre appament de cette journée du reil de reconnaissance allié, pi31jui llet1944? D'après un rap- loté par !'Américain Eugène port officiel américain, le Light- Meredith, dans la journée du 30 ning 223 a décollé du terrain de et non du 31 juillet (1). Poretta à 8 h 45 pour une mis. sion de reconnaissance à l'est Sur mer de Lyon . Midi trente . L'inquiéOU sur terre? tude grandit à la base. Pas de Nouvell.e piste avec celle de nouvelle de l'avion de Sa int-Ex. ce chasseur de la Luftwaffe, un 14 h 30: la limite fata le de son Focke-Wu lf FW 190 D9 piloté autonomie en vol est atteinte. par l'aspirant Haichele. Abattu 11 n'y a dès lors plus d'espoir. lui-même peu après, ce dernier Oue s'est-il passé ? Les re- en patrouille double avec le ser-· cherches vont demeurer gent Hogel aurait surpris, ce 31 vaines, assorties d'une foule juillet, le P 38 de Saint-Ex pour d'hy pothèses: abattu par l'en- l'envoyer par le fond. Là enconemi, victime d'une panne re, les documents exhumés ne · d'oxygène comme l'ont été par- sont pas convaincants. Il reste fois les Lightning ou d'un autre l'examen du lieu supposé de la incident mécanique, quand on chute de l'avion. Des témoine parle pas inconsidérément gnages sur le crash d'un bimode sabotage! teur orientent les recherches En 1948, le témoignage dans le golfe de Gien. d'un ex- membre du quartier On reste troublé par la dé- g~r,iéral de la Luftwaffe en Mé· ç0uverte, à. cei endro'it; dans les •d 1t~ Frî.ln'l!e-;·H E!'r ftfàll rr~o'l"fh\~'Ellllltéè-s, 6tt,"'t Nn;i-piol'TQl:!tlr :-U'Tltl (( , 1 ·1 11•..,.. 1· J E FAIS LA GUERRE - sacoche contenant une carte sait de Bastia-Borgo au secteur militaire, du courrier, un jeu a lpin où il aurait très bien pu d'échecs (un jeu apprécié de s'écraser. Dans tous les cas, les preuves nous manquent. !'écrivain) et un journal corse. Est-ce bien là l'essentiel, en Mais ces pièces auraient à leur tour disparu ! Des années plus fin de compte ? Il nous reste, tard, beaucoup de bruit est fait quelle que soit autour d'une tombe du cime- sa fin sur terre, tière de Carqueiranne, qui Saint-Exupéry. contient les restes d'un corps Oui a écrit lignes, non identifié repêché au début ces dans Terres de septembre 1944. Des traces plus concrètes ... des hommes, vont faire surface. La fameuse à propos de la gourmette au nom de Saint- disparition de Exupéry, remontée en 1998 par Jean Mermoz : un pêcheur dans ses filets « à « La destinée a quelques milles des calanques prononcé son de Marseille», relance les re- jugement et cherches. Tout récemment, des contre ce jugement, il n'est épaves ou des morceaux de fuplus d'appel: se l age ont été localisés. A une main de proximité de l'île du Frioul , fer a gouverné c'est cette fois-ci un train d'atun équipage terrissage gauche et un turbo vers l'amerrissuper-chargeur qui sont repésage sans grarés par un autre plongeur. Ils vité ou l'écraappartiendraient à un Lightning sement. Mais P 38. Même constat avec une le verdict n'est autre découverte, non loin du pas signifié à phaFe de Cassidaigne, au sud ceux qui attende Cassis, d'une queue d'avion, dent» .. . à 40 mètres de fond, à moins d'un mille nautique du lieu où a GÉRARD été récupérée la gourmette. CHAUVY Toutes ces pistes restent à confirmer, d'autant que (1) Curtis d'autres versions de la dispari- Cate: ' tian de ·saint-Exu.péry sont dé- ,.. Saint-Exupéry, 1"rTdues-:-' sa--mtssiun -te- e:ondtti · · tGra~set. le lightning P 38 que pilotait SaintExupéry a-t-il été abattu par la chasse allemande ou bien a-t-il été victime d'incidents mécaniques ? Savoir. .. de la gourmette, la Comex avait lancé un ambitieux programm e de recherche, avec pour objectif non-officiellem ent avoué de retrouver l'épave du P38. Mais sans autorisation .officielle, et surtout avec l'opposition de la famille, elle dut s'arrêter. Le mythe reste ainsi plus beau. Mais ils restent nombreux ceux qui veulent aller au fond des choses et des océans. Il faudra peut être attendre la fin des festivités du centenaire ...ou le jour de l'anniversaire de la mort du Petit Prince, un certain 31 juillet... A LA DÉCOUVERTE \ en en w a: o. ,.. . "" ~ ! (; ·~ ~~ en \ ... -.,-. 1 ' C' ~ -"- - -·<I· _ _