Modélisation du comportement impactant d`un ensemble câble
Transcription
Modélisation du comportement impactant d`un ensemble câble
Numéro d’Ordre : 2008-39 Année 2008 THÈSE présentée pour obtenir le titre de Docteur de l’École Centrale de Lyon Spécialité Mécanique École doctorale de mécanique de Lyon (UCBL/INSA/ECL) par Nicholas LEIB Modélisation du comportement impactant d’un ensemble câble-gaine dans le domaine fréquentiel Application aux commandes à câbles Soutenue le 15 Décembre 2008, devant le jury d’examen P. Argoul P. Cartraud R. Dufour S. Nacivet L. Saillard F. Thouverez Chargé de Rercherche (HDR), ENPC/LAMI Professeur du GéM, Ecole Centrale de Nantes Professeur du LDMS, Insa de Lyon Ingénieur de Recherche, PSA Peugeot-Citroën Ingénieur de Recherche, PSA Peugeot-Citroën Professeur du LTDS, Ecole Centrale de Lyon Rapporteur Rapporteur Président du Jury Examinateur Examinateur Directeur de thèse i ii iii iv v Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage. Le lion et le rat. Jean de La Fontaine. vi Résumé Dans cette thèse nous étudions le comportement vibratoire des commandes à câbles d’une boîte de vitesses automobile. La présence de jeux, qui assurent le montage et le fonctionnement de ces commandes, créent des vibro-impacts qui ont des répercussions acoustiques, appelées grésillement, négatives pour le conducteur. L’objectif de cette thèse, réalisée en collaboration avec PSA Peugeot-Citroën, est de comprendre l’origine du grésillement, et de prédire son apparition dans les différentes configurations véhicules. Dans un premier temps, nous traiterons les diverses méthodes qui existent pour résoudre le problème non-linéaire dans le domaine fréquentiel. Nous proposerons une démarche pour établir la réponse en fréquence sur la plage de fonctionnement du moteur, et une approche pour estimer le contenu spectral hautes fréquences à la suite d’un calcul par balance harmonique. Ces méthodes sont appliquées sur un modèle vibro-impactant simplifié. Dans un second temps, nous présenterons les divers essais qui ont permis de déterminer l’origine vibratoire du grésillement, d’identifier les caractéristiques matériaux nécessaires et d’établir une référence pour valider un modèle. Ensuite, un modèle éléments finis et les résultats de corrélation sont présentés. Nous proposons alors un critère qui permet d’établir rapidement si le système va grésiller ou non. Ce critère est enfin utilisé pour comparer le niveau de grésillement sur plusieurs configurations véhicules. Mots-clés : commandes de boîte de vitesses, grésillement, méthodes non-linéaires, analyse de stabilité, vibro-impacts vii viii Abstract In this thesis we study the dynamic behavior of a vehicle’s gearshift cables. To ensure proper assembly and functioning of the pieces, there are clearances in the system. The latter cause a vibro-impacting phenomenon, called tizzing, that can bother the driver. The aim of this work, done in collaboration with PSA Peugeot-Citroën, is to understand the sources of cable tizzing, and predict its presence in different configurations. The first part is devoted to presenting the different methods used to solve a nonlinear problem in the frequency domain. A method to determine the frequency response on a car motor’s bandwidth is presented and an approach to estimate the high frequency content after a harmonic balance is proposed. These methods are applied on a simple vibro-impacting system. The next part presents the different experiments that were conducted to determine the source of cable tizzing and identify the physical characteristics of the cable and its protective housing. A experimental testbench served as a reference to validate a finite element model. Then, the model is presented and the correlation results are shown. A criterion is proposed and helps establish whether or not, the system is going to tizz. Finally, the latter is used to compare the tizzing level on different vehicle configurations. Keywords : gearshift cables, tizzing nonlinear methods, stability analysis, vibro-impacts ix x Remerciements En premier lieu, je tiens à remercier le Professeur Louis Jezequel de m’avoir proposé ce travail de recherche au sein du laboratoire D2S en collaboration avec PSA Peugeot-Citroën. J’adresse aussi mes remerciements, avec une mention spéciale, au Professeur Fabrice Thouverez, mon directeur de thèse, qui a suivi de près et a su orienter ce travail dans les moments difficiles. Je remercie aussi Laurent Beaune et Samuel Nacivet de m’avoir fait confiance pour entreprendre ce projet. Une mention spéciale pour Samuel qui a toujours une montagne d’idées et qui a su se montrer patient pour répondre à mes nombreuses questions. Je remercie également Amandine Toussaint pour l’intérêt qu’elle a porté au projet et d’avoir toujours voulu partager les résultats avec ses collègues. Je remercie aussi Laurent Saillard pour l’intérêt qu’il a porté et les nombreux retours d’expériences qu’il a pu me fournir. Je tiens également à remercier Wilfried Raguenet et Valérie Aubois de m’avoir permis de réaliser des essais à PSA. Une mention spéciale à Grégory Autin, Lionel Vaslot et Stéphane Lanotte qui n’ont pas compté leurs heures pour me faire découvrir les méandres des mesures expérimentales. Merci à Olivier Rieu avec qui nous avons partagé nos découvertes. J’adresse un grand merci à Stéphane Lemahieu et Bernard Jeanpierre qui m’ont aidé à préparer et mener les différentes campagnes d’essais à Lyon. Merci également à Emmanuelle Sarrouy et Denis Laxalde avec qui nous avons pu débattre, de manière plus ou moins constructive, de nos difficultés dans la modélisation non-linéaire. Je tiens aussi à remercier mes collègues de PSA de s’être intéressés aux matrices jacobiennes et d’avoir rendu ces trois années très agréables. Enfin, je remercie Anne qui m’a soutenu et avec qui j’ai pu partager, les petites réussites. xi xii Table des matières Résumé vii Abstract ix Remerciements xi Table des matières xiii Introduction 1 1 Formulation d’un problème de contact en éléments finis 7 1.1 Equations locales : formulation forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1.2 Formulation variationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 1.2.1 Principe des travaux virtuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 1.2.2 Egalité variationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 1.2.3 Inégalité variationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1.3 Discrétisation en éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1.4 Création de la matrice d’amortissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 1.4.1 L’amortissement proportionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 1.4.2 Amortissement de Rayleigh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 1.4.3 Amortissement de Caughey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 1.4.4 Amortissement de Rayleigh généralisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 1.4.5 Amortissement structural hystérétique . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 2 Les méthodes de la dynamique non-linéaire 23 2.1 Introduction : la dynamique d’un système non-linéaire . . . . . . . . . . . . . 23 xiii TABLE DES MATIÈRES xiv 2.2 Résolution de systèmes d’équations non-linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . 30 2.2.1 Méthode du gradient ou de plus profonde descente . . . . . . . . . . . 31 2.2.2 Méthode du gradient conjugué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 2.2.3 Méthode de Newton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 2.2.4 Méthodes de Levenberg-Marquardt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 2.2.5 Approximations numériques des dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . 33 2.2.6 Méthode de Gauss-Newton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 2.2.7 Méthode de Newton-Raphson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 2.2.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 2.3 Méthodes temporelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 2.3.1 Les intégrateurs temporels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 2.3.2 Méthodes de tirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 2.3.3 Méthode de tirs multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 2.3.4 Méthode des différences finies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 2.3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 2.4 Méthodes fréquentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 2.4.1 La méthode de la balance harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 2.4.2 Réduction du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 2.4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 2.5 Techniques de suivie de solutions périodiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 2.5.1 Continuation séquentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 2.5.2 Continuation par paramétrisation de la longueur d’arc . . . . . . . . 61 2.5.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 2.6 Etude de la stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 2.6.1 Quelques définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 2.6.2 Théorie de Floquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 2.6.3 Bifurcations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 2.6.4 Calcul pratique de la matrice monodrôme . . . . . . . . . . . . . . . 69 3 Résolution pratique d’un problème avec contact 81 3.1 Méthodes temporelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 3.1.1 Les multiplicateurs de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 3.1.2 Les méthodes de pénalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 TABLE DES MATIÈRES 3.1.3 xv Les Lagrangiens augmentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 3.2 Les méthodes fréquentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 3.2.1 Les méthodes de pénalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 3.2.2 Les Lagrangiens augmentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 3.2.3 Les Lagrangiens dynamiques : DLFT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 3.3 Récupération des hautes fréquences en balance harmonique . . . . . . . . . . 88 3.4 Application sur un modèle vibro-impactant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 3.4.1 Le modèle simplifié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 3.4.2 Le comportement dynamique global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 3.4.3 Une compréhension plus fine du comportement dynamique . . . . . . 102 3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 4 Corrélation essais/calculs 4.1 Description générale d’une commande de boîte de vitesses 107 . . . . . . . . . . 108 4.1.1 Implémentation dans le véhicule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 4.1.2 Structure du câble de passage ou de sélection . . . . . . . . . . . . . 108 4.2 L’origine vibratoire du grésillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 4.3 Caractérisation des filtrations côté boîte de vitesses . . . . . . . . . . . . . . 114 4.4 Caractérisation du câble interne et de la gaine . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 4.4.1 Caractérisation du câble interne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 4.4.2 Caractérisation de la gaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 4.4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 4.5 Corrélation essais/calculs sur la commande droite . . . . . . . . . . . . . . . 128 4.5.1 Réponses stationnaires expérimentales de la commande . . . . . . . . 128 4.5.2 Le modèle éléments finis de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 4.5.3 Intégration temporelle directe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 4.5.4 La balance harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 4.5.5 Critère de grésillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 4.5.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 4.6 Etude sur le système en configuration véhicule . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 4.6.1 Modèle éléments finis en configuration véhicule . . . . . . . . . . . . . 147 4.6.2 Câble plus raide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 4.6.3 Modification d’une condition aux limites sur le câble . . . . . . . . . 150 TABLE DES MATIÈRES xvi 4.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 Conclusion et perspectives 153 Bibliographie 155 Table des figures 165 Liste des tableaux 171 Annexe A 173 Introduction Avec les efforts continus qui sont réalisés par l’industrie automobile pour isoler au maximum l’habitacle de la voiture des bruits du moteur, de roulement, et aérodynamique, des bruits secondaires commencent à faire leur apparition. En effet, les jeux présents dans les montages de véhicule sont potentiellement sources de vibrations qui peuvent avoir de multiples conséquences acoustiques. Ce travail de thèse se concentre plus particulièrement sur le bruit de "grésillement" qui provient de la commande manuelle de boîte de vitesses. Ces commandes, prévues pour encore une vingtaine d’années, se verront remplacées par des commandes purement électriques. Comme illustré dans la figure 1 une commande manuelle de vitesses est composée de deux câbles - une pour la sélection et l’autre pour le passage de la vitesse - qui sont reliés à la boîte de vitesses et au boîtier de commande situé dans l’habitacle de la voiture. Le passe tablier, qui comme son nom l’indique permet de traverser le tablier, assure une certaine isolation acoustique entre le compartiment moteur et l’habitacle de la voiture. Fig. 1: Une commande manuelle de boîte de vitesses Les constations expérimentales effectuées durant ces dernières années ont permis de dégager quelques règles associées à l’apparition du grésillement : 1 TABLE DES MATIÈRES 2 – il apparaît essentiellement sur les moteurs diesel car les excitations moteurs sont plus importantes que sur les moteurs essence – il apparaît généralement dans les hauts régimes stationnaires de fonctionnement du moteur – il apparaît plus rapidement lorsque la commande est usée – une simple pression sur le pommeau de la commande fait disparaître le phénomène Un premier banc d’essai (fig. 2) de caractérisation réalisé par les services d’essais acoustiques et vibration (EAVM) de PSA Peugeot Citroën a permis d’identifier plus clairement le comportement vibratoire de la commande qui est à l’origine de la nuisance acoustique. La Fig. 2: Banc d’essai utilisé au centre technique de La Garenne Colombes commande est montée sur un marbre dans sa configuration véhicule, une extrémité est fixée sur un pot vibrant et le boîtier est encastré sur le marbre. Le pot vibrant simule une montée en régime du moteur et des mesures accélérométriques sont réalisées le long des câbles de la commande. La figure 3 compare deux mesures prises pour un régime moteur de 4500 tr.min−1 soit une excitation harmonique au banc d’essai de 150 Hz (un tour du moteur est équivalent à deux tours de l’axe primaire). La figure 3a relève la mesure accélérométrique du système sans grésillement obtenue en appliquant une pression sur le pommeau de vitesses. A l’excitation sinusoïdale du pot vibrant, la réponse vibratoire est purement sinusoïdale avec la même fréquence. Dans la figure 3b on voit la réponse vibratoire de la commande lorsqu’aucune pression n’est appliquée sur le pommeau de vitesses. Cette fois, à la réponse sinusoïdale sans grésillement on superpose un signal périodique haute fréquence. C’est ce comportement vibratoire qui va différencier une commande grésillante d’une commande non grésillante. 3 100 100 50 50 Amplitude (m.s−2) Amplitude (m.s−2) TABLE DES MATIÈRES 0 −50 −100 −150 0.7 0 −50 −100 0.71 0.72 0.73 Temps (s) (a) Sans grésillement 0.74 0.75 −150 0.7 0.71 0.72 0.73 Temps (s) 0.74 0.75 (b) Avec grésillement Fig. 3: Réponses accélérométriques sur le banc d’essai pour une excitation de 150 Hz Ce phénomène est connu depuis le début des années 2000 et pour y remédier divers solutions sont utilisées : capotage acoustique, ressort en pied de levier, ajout de graisse, etc... Malheureusement ces solutions d’urgence sont coûteuses surtout lorsqu’elles sont appliquées en grande série, et ne sont pas réutilisables car imaginées pour une configuration particulière. L’idée de cette thèse est donc née dans ce contexte industriel. Les objectifs industriels sont évidents, il s’agit d’éliminer le bruit de grésillement pour améliorer la sensation perçue par le client. Economiquement, cela revient à éviter l’application de solutions "pansements" qui sont coûteuses. Plus en amont, lors de la conception, les ingénieurs ont besoin d’un outil numérique qui permet de prévoir le comportement vibroacoustique de la commande et de tester virtuellement différentes solutions avant que celle-ci soit montée sur un véhicule. Les systèmes vibro-impactants sont le sujet de nombreuses études en raison du comportement non-linéaire qu’ils exhibent. Ces études se concentrent sur des systèmes à un ou deux degrés de liberté et déterminent très précisément le comportement vibratoire autour d’un mode propre. Ils identifient les zones de réponses périodiques, quasi-périodiques et chaotiques. Ils décrivent les transitions vers le chaos. Quelques exemples se trouvent dans les articles de Shaw et Holmes [1, 2], de Padmanabhan et Singh [3], Bapat [4], Wagg et Bishop [5], Vielsack [6], Luo et Xie [7]. Ces travaux servent de base à de nombreux articles sur des applications qui se rapprochent plus de notre problématique. Ainsi Fang et Wickert [8] étudient de manière expérimentale l’impact d’une poutre contre un composant rigide. Ils démontrent qu’un tel système exhibe 4 TABLE DES MATIÈRES les mêmes types de comportements dynamiques complexes que les systèmes masses-ressorts dont on a parlé précédemment. Numériquement, ils effectuent un recalage avec un oscillateur masse-ressort et gèrent le contact avec une loi de restitution. Ils s’aperçoivent toutefois, que ce modèle n’est pas assez complexe pour reproduire fidèlement l’ensemble des réponses mesurées expérimentalement. Van de Vorst et al. [9] cherchent les réponses périodiques et stationnaires d’un tel système et confirment la nécessité de retenir plusieurs modes afin de reproduire fidèlement le comportement dynamique. Wang et Kim [10, 11] s’intéressent, quant à eux, aux réponses transitoires d’un tel système. Une telle étude requiert de retenir encore plus de modes pour représenter fidèlement les efforts de contact. Yin et Wang [12, 13] étudient la réponse transitoire dynamique de deux tubes concentriques. Sous l’effet d’une pression interne les deux tubes peuvent rentrer en contact. Ils confirment les conclusions précédentes et montrent que le mode de résonance du système couplé se situe entre le mode du tube extérieur et le mode des deux tubes considérés comme collés. La dynamique est très complexe et les routes menant vers le chaos très diverses. Wagg et Bishop [14] et Knudsen et Massih [15] présentent des études comparables. D’autres applications mènent à de telles études. Ainsi, Azeez et Vakakis [16] ou Von Groll et Ewins [17] étudient les réponses dynamiques d’un rotor qui rentre en contact avec ses roulements à billes. Yigit et Christoforou [18] et Trindade et Sampaio [19] étudient l’impact entre une colonne de forage et les parois. Ervin et Wickert [20] et Vielsack [6] repèrent des délaminations dans des poutres multi-couches en observant les spectres des réponses temporelles. Enfin, Potthast et al. [21] dimensionnent une perceuse à percussion à l’aide d’un modèle vibro-impactant simplifié. Au niveau scientifique, cette thèse va donc se baser sur ces travaux. Les aspects expérimentaux et numériques vont être abordés. D’un point de vue expérimental, il s’agit d’isoler et de mieux comprendre l’origine vibratoire du phénomène de grésillement. Il s’agit aussi d’estimer des paramètres matériaux et d’établir une référence pour effectuer une corrélation entre les essais et les calculs. D’un point de vue numérique, il s’agit de proposer une modélisation reproduisant le comportement dynamique du système. Dans nos travaux, nous essaierons de modéliser des impacts répétés à différents endroits sur le câble et gaine. Dans les articles précédents, il n’y a généralement qu’un seul point de contact. Nous devrons aussi estimer l’amplitude des hautes fréquences, car c’est un moyen pour faire la différence entre une commande qui grésille et une commande qui ne grésille pas. De plus, il s’agit d’étudier le comportement dynamique de la commande sur toute la plage de fréquence [0 − 200] Hz, i.e. autour de plusieurs modes, et non seulement autour d’un mode. Enfin, le coût numérique de tous les calculs restera une préoccupation centrale. Ce mémoire s’articule de la manière suivante. Nous commencerons par présenter la mise en équation du problème continu mettant en jeu deux corps flexibles. Nous en dériverons les formulations variationnelles afin de permettre la discrétisation en éléments finis. La commande comportant beaucoup de matière visco-élastique nous présenterons différentes TABLE DES MATIÈRES 5 façons de construire une matrice d’amortissement simple. Ce premier chapitre aboutit sur les équations matricielles. Tous les problèmes de contact étant non linéaires, nous présenterons dans le deuxième chapitre les outils indispensables à la résolution des équations matricielles déterminées précédemment. Les algorithmes d’optimisation locale constituent la base de l’analyse non linéaire. L’intégration temporelle, les méthodes de tir et de balance harmonique permettent de déterminer les solutions stationnaires d’un système soumis à une excitation harmonique. Enfin, nous présenterons les notions de stabilité d’orbites périodiques et les moyens de trouver les points de bifurcations. Le troisième chapitre apportera plus de précisions quant à la gestion pratique du contact dans les domaines temporel et fréquentiel. Nous appliquerons toutes les méthodes décrites précédemment afin de proposer une méthodologie pour réaliser l’analyse du comportement dynamique de la commande de boîte de vitesses. Dans ce chapitre sera proposé une approche simple pour récupérer les hautes fréquences après une balance harmonique. Enfin, nous reviendrons plus spécifiquement à l’étude de la commande de boîte de vitesses dans le chapitre quatre. A travers des essais nous chercherons à comprendre l’origine vibratoire du grésillement. Une fois établie, nous effectuons une série d’essais de caractérisation pour obtenir les paramètres physiques des différentes pièces de la commande afin de créer une modélisation de référence. Ce modèle éléments finis de référence sera comparé avec des essais. Pour finir, grâce aux méthodologies présentées dans le chapitre 3, nous testerons numériquement différentes solutions technologiques pour réduire le grésillement dans une commande de boîte de vitesses, approche qui sera réutilisée dans le futur par PSA Peugeot Citroën. 6 TABLE DES MATIÈRES Chapitre 1 Formulation d’un problème de contact en éléments finis Dans ce chapitre, l’objectif est d’obtenir les équations matricielles relatives à un problème impliquant deux corps élastiques en petits déplacements qui sont potentiellement en contact avec frottement. Autrement dit, nous nous plaçons dans une formulation linéaire en ce qui concerne les deux corps avec une interface non-linéaire. La loi de Coulomb est choisie pour modéliser le frottement et la loi de contact unilatéral est utilisée pour la direction normale. A partir de ces hypothèses nous formulons les équations locales, ou formulation dite forte, pour ensuite déduire la formulation variationnelle utile pour la discrétisation en éléments finis. Nous verrons que la formulation variationnelle d’un problème avec contact et frottement est mathématiquement équivalent à résoudre un problème d’optimisation sous contraintes. Par cette démarche on obtient aisément les matrices de raideur et de masse du système, c’est pourquoi dans la dernière partie nous présenterons les méthodes généralement utilisées pour intégrer de l’amortissement global dans la structure. 1.1 Equations locales : formulation forte Considérons deux solides déformables A et B comme dans la figure 1.1. Les deux corps sont représentés respectivement par les domaines ΩA et ΩB de R3 , de frontières ΓA et ΓB . Soit nA et nB les normales extérieures en chaque point de ces frontières. Elles sont divisées en trois parties distinctes pour chacun des deux corps : B A B – ΓA S et ΓS sur lesquelles sont appliquées les charges surfaciques fS et fS B – ΓA U et ΓU sur lesquelles sont appliquées des déplacements imposés – ΓC , frontière commune aux deux corps qui subit les efforts de contact fC Chaque corps subit des efforts volumiques supplémentaires notés fVA et fVB . Le problème posé par la mécanique des milieux continus consiste à déterminer les champs de déplacements 7 8CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS Fig. 1.1: Problème de contact entre deux corps uA et uB et les tenseurs de contraintes σ A et σ B satisfaisants à l’équation d’équilibre div σ h + fVh = ρh üh (1.1) uh = uh0 sur ΓhU (1.2) où l’exposant h se réfère indifféremment au corps A ou B, et ρ la densité volumique. A cette équation d’équilibre local s’ajoute les équations suivantes h h σ n = fSh sur ΓhS (1.3) où la première équation représente les conditions aux limites associées aux déplacements imposés sur les frontières ΓhU , et la deuxième équation représente les efforts mécaniques appliqués sur les frontières ΓhS . A ces équations il faut ajouter les conditions de contact normal et tangentiel entre les deux corps, repérées respectivement avec les indices N et T . Le vecteur représentant les efforts de contact peut être décomposé suivant ses composantes normale et tangentielle h h fch = σN n + σTh pour h = A, B (1.4) 1.1. EQUATIONS LOCALES : FORMULATION FORTE 9 h où σN est un scalaire et σTh un vecteur. Les conditions de contact normal s’expriment g(u) = uA nA + uB nB ≤ 0 A B σN = σN = σN ≤ 0 σN g(u) = 0 (1.5) (1.6) (1.7) La première équation définie la distance entre les deux corps sur la frontière ΓC , la deuxième équation est vraie en vertu du principe de l’action et de la réaction, et enfin la troisième équation résume la condition de contact normal : si g(u) est différent de 0 alors la pression de contact σN est forcément nulle, et si g(u) est nulle alors σN peut prendre une valeur finie. Les efforts de contact tangentiels, liés au frottement entre les deux corps, s’expriment par Φ = kσT k − µ |σN | ≤ 0 B u̇A = ξ T − u̇T (1.8) ∂ Φ ∂σT ξ ≥ 0 ξΦ = 0 (1.9) (1.10) (1.11) L’équation 1.8 n’est autre que la loi de frottement de Coulomb où µ ≥ 0 est le coefficient de frottement. Les équations 1.9 et 1.10 obligent la direction de glissement a être opposée à la direction des forces de frottement. L’équation 1.11 n’autorise le glissement que lorsque la loi de Coulomb est vérifiée, i.e. Φ = 0. Si kσT k ≤ µ |σN | alors les deux corps adhèrent B et u̇A T − u̇T = 0. ξ est nul s’il n’y a pas glissement, ou positif lorsqu’il y a glissement. Sa valeur dépend de la fonction Φ [22]. L’ensemble de ces équations de contraintes normales et tangentielles sont généralement définies comme les conditions de Kuhn-Tucker. La figure 1.2 illustre graphiquement ces conditions. Fig. 1.2: (a) Loi de contact unilatéral (b) Loi de frottement de Coulomb 10CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS 1.2 Formulation variationnelle La résolution directe des équations locales est une tâche ardue pour un bon nombre de problèmes. On leur préfère les formulations faibles qui découlent du principe d’Hamilton ou du principe des puissances virtuelles. De nombreux livres de physique et de mathématique [23, 24] traitent en détail ces formulations puisqu’elles sont à l’origine de la méthode des éléments finis, c’est pourquoi nous ne chercherons pas à rentrer dans les détails. Toutefois, retenons que la formulation variationnelle présente de multiples avantages : elle offre une manière relativement simple et générique pour construire le système d’équations d’un problème car elle est basée sur un calcul énergétique. Seules, ces possibilités n’auraient peut-être pas permis l’explosion de la méthode aux éléments finis, mais le développement simultané des ordinateurs a offert le cadre idéal pour implémenter et tester ces méthodes dans un grand nombre de domaines et sur des applications variées. 1.2.1 Principe des travaux virtuels Le principe des travaux virtuels stipule que pour tout déplacement virtuel, infinitésimal et compatible avec les conditions aux limites imposées sur un corps, le travail virtuel des efforts internes est égal au travail virtuel des efforts extérieurs. Pour chaque corps A et B nous pouvons donc écrire le bilan des travaux virtuels à partir de l’équation 1.1. Définissons les espaces V (Ωh ) = v h , v h = U h sur ΓhU (1.12) et K = v = (v A , v B ) ∈ V (ΩA ) × V (ΩB ), g(v) ≤ 0 sur ΓC (1.13) K est l’espace des déplacements admissibles (qui respectent les conditions aux limites sur ΓhU et les conditions de contact sur ΓC ) pour chaque corps A et B. On remarquera que l’on ne précise pas l’ensemble dans lequel sont pris les déplacements. Le cadre fonctionnel couramment employé par les mathématiciens utilise les espaces de Sobolev [24]. Dans la suite, nous omettrons l’exposant h relié au corps A et B par souci de clarté. Soit v ∈ K un champ de déplacements admissibles alors l’application du principe des travaux virtuels donne Z Z Z ρü · vdΩ = fV · vdΩ + div (σ) · vdΩ (1.14) Ω Ω Ω En intégrant par parties le dernier terme de droite avec l’application de la formule de Green, on aboutit à la forme connue du principe des travaux virtuels Z Z Z Z σ · grad (v) dΩ + ρü · vdΩ = fV · vdΩ + fS · vdΓ (1.15) Ω Ω Ω ΓS La dernière intégrale peut se décomposer selon les frontières sur lesquelles on a des déplacements imposés (ΓU ), des efforts imposés (ΓS ) et des efforts de contact normaux et 1.2. FORMULATION VARIATIONNELLE tangentiels (ΓC ) Z Z fS · vdΓ = Γ ΓU fU · vdΓ + Z ΓC σN n · vN dΓ + 11 Z ΓC σT · vT dΓ + Z ΓS fS · vdΓ (1.16) Pour les deux corps élastiques, on peut reformuler le problème sous la forme habituellement retrouvée dans la littérature [24, 25, 26] ∀v ∈ K (ρü, v) + a(u, v) = L(v) + hfU , vi + hfCN , vi + hfCT , vi (1.17) où (ρü, v) représente le travail des efforts d’inertie, a(u, v) le travail des efforts internes, L(v) le travail des efforts extérieurs, hfU , vi le travail des efforts nécessaires pour imposer B les déplacements sur ΓA U et ΓU , et hfCT , vi le travail des efforts de frottement. Détaillons le travail des efforts de contact normaux Z XZ h h h hfCN , vi = σN n · vN dΓ = σN (u)g(v)dΓ (1.18) A,B ΓC ΓC On remarque alors que si v = u alors la condition de contrainte normale 1.5 est respectée et hfCN , ui = 0. 1.2.2 Egalité variationnelle En reprenant l’équation 1.17, le problème peut être formuler de la façon suivante Trouver u ∈ K tel que (1.19) ∀ v ∈ K (ρü, v − u) + a(u, v − u) = L(v − u) + hfCN , v − ui + hfCT , v − ui Le terme lié aux déplacements imposés disparaît car B sur ΓA U × ΓU u = v = U ⇒ hfU , v − ui = 0 (1.20) Cette égalité sur les variations du déplacement est la forme généralement utilisée dans les grands codes éléments finis pour résoudre les problèmes de contact avec ou sans frottement. Comme la surface réelle de contact ΓC et les efforts de contact sont inconnus, une méthode incrémentale de type Newton est nécessaire pour obtenir la solution (voir 2.2). En effet si g(u) = 0 alors on impose la contrainte supplémentaire sur les déplacements v A nA + v B nB ≤ 0 (1.21) La résolution de ce problème s’incrit dans un cadre mathématique plus large qui est l’optimisation sous contrainte. Nous développerons ce point dans le chapitre 3 consacré à la résolution pratique d’un problème avec contact. 12CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS 1.2.3 Inégalité variationnelle En reprenant l’égalité variationnelle 1.19 et en suivant la démarche de Duvaut et Lions [27] on peut montrer que ce problème est équivalent à Trouver u ∈ K tel que (1.22) ∀ v ∈ K (ρü, v − u) + a(u, v − u) + j(u, v) − j(u, u) ≥ L(v − u) + hfCN , v − ui où j(u, v) = Z ΓC On peut alors remarquer que µ |σN (u)| vTA − vTB dΓ hfCN , v − ui = Z ΓC σN (u)g(v)dΓ ≥ 0 (1.23) d’après 1.5 et 1.6. En réinjectant cette équation dans l’inégalité 1.22, on obtient la forme réduite (ρü, v − u) + a(u, v − u) + j(u, v) − j(u, u) ≥ L(v − u) (1.24) Cette inégalité variationnelle est similaire à celle exposée par Oden et Kikuchi [28] ou Simo et Laursen [22]. La résolution de ces problèmes semble délicate et est plus difficile à implémenter dans les codes éléments finis. Une revue détaillée de ces méthodes peut se trouver dans l’article de Mijar et Arora [29]. Dans la suite, nous nous concentrerons sur la résolution de l’égalité variationnelle 1.19. 1.3 Discrétisation en éléments finis Dans ce paragraphe, nous allons établir brièvement les matrices de raideur et de masse des deux corps A et B élastiques dans le cadre de petits déplacements à partir de la formulation variationnelle 1.19. Les conditions de contact seront traitées ultérieurement. Dans toute analyse par éléments finis, les corps A et B sont représentés sous la forme d’un assemblage d’éléments connectés par des noeuds qui se trouvent sur les bords ou à l’intérieur de chaque élément. La figure 1.3 présente un découpage possible du domaine Ω. Les déplacements en chaque point de l’élément, mesurés dans un système local de coordonnées, sont fonctions des déplacements aux noeuds de l’élément. Pour l’élément m occupant le domaine Ωm et de frontière Γm on écrit ˆ δum (x, y, z) = H m (x, y, z)δu (1.25) ˆ un vecteur conteoù δu est le déplacement, H m représente la matrice d’interpolation et δu nant les déplacements ui , vi , wi dans les trois directions à tous les noeuds du domaine Ω. 1.3. DISCRÉTISATION EN ÉLÉMENTS FINIS 13 Les déplacements au sein d’un élément ne dépendent que des déplacements aux noeuds de cet élément. L’hypothèse de déformation infinitésimale faite sur les déplacements dans Fig. 1.3: Discrétisation spatiale en éléments finis avec des quadrangles à 4 noeuds l’équation 1.25 permet d’évaluer directement les déformations dans l’élément puisqu’elles dépendent uniquement des déplacements. En différenciant les colonnes de H m on obtient la relation ˆ ǫm = B m δu (1.26) où B m est la matrice des gradients des fonctions de forme H m . En prenant une loi de comportement élastique nous pouvons écrire une relation entre les efforts dans l’élément m et ses déformations σ m = C m ǫm (1.27) L’équation 1.15 peut alors s’écrire comme un assemblage des travaux virtuels liés à tous les éléments finis qui constituent le domaine complet Ω. A l’aide des équations 1.25, 1.26 et 1.27 on obtient " " # XZ XZ t t m,T m m m m,t m m δu H m,t fVm dΩm B C B + ρ H H dΩ δu = δu m Ωm m + XZ m Γm Ωm H m,t fSm dΓm # (1.28) ˆ = U, on en déduit la forme matricielle suivante En posant δu MÜ + KU = FV + FS (1.29) La matrice M est la matrice de masse, K la matrice de raideur, FV le vecteur des forces volumiques et FS le vecteur des forces surfaciques. Le vecteur Ü est le vecteur des accélérations nodales. Un tel assemblage est très intéressant d’un point de vue numérique car il permet de réutiliser les matrices élémentaires qui sont déterminées une fois pour toute 14CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS pour chaque type d’élément fini qui existe. Ceci est vrai lorsque l’on traite des problèmes linéaires, en non-linéaire ces matrices doivent être réassemblées à chaque itération de l’algorithme de résolution. Dans l’ensemble des systèmes dynamiques, une partie de l’énergie est dissipée lors de vibrations. L’amortissement est généralement pris en compte dans les lois de comportement des matériaux. Mais lorsque l’on souhaite intégrer la dissipation simplement on crée une matrice d’amortissement global comme nous allons le voir dans le prochain paragraphe. 1.4 Création de la matrice d’amortissement Tous les systèmes dynamiques dissipent de l’énergie lors de vibrations. Dans un câble tressé, les fils individuels frottent les uns contre les autres. Dans un système avec des liaisons en caoutchouc, la dissipation est un comportement intrinsèque au matériau. Le cisaillement dans un fluide va lui aussi crée une dissipation. De manière générale, le frottement crée de la dissipation dans un système mécanique, que ce soit entre les structures, ou à des échelles plus fines. Comme l’amortissement peut provenir de multiples sources, nous nous intéresserons aux méthodes qui permettent d’intégrer l’effet global de tous les mécanismes de dissipation. Dans ce cas, on suppose que l’amortissement est idéalement réparti sur toute la structure. Ces approches sont communément regroupées sous l’appellation d’amortissement proportionnel. En pratique on procède de la manière suivante : une fois les fonctions de réponses en fréquence mesurées et les taux d’amortissement identifiés, il s’agit de créer une matrice d’amortissement global qui reproduise l’évolution des taux d’amortissements mesurés. Pour illustrer cette démarche et présenter les différentes méthodes basons nous sur l’exemple utilisé par Adhikari [30]. La figure 1.4 présente le système. L’oscillateur est composé de N = 30 Fig. 1.4: Oscillateur linéaire composé de 30 éléments masse-ressort éléments masse-ressort avec les caractéristiques suivantes m = 1 kg et k = 3.95 · 105 N.m−1 . Les matrices de masse M et de raideur K se déterminent simplement. Des amortisseurs sont définis entre la 8ème et 23ème masse. La matrice d’amortissement C se détermine aussi 1.4. CRÉATION DE LA MATRICE D’AMORTISSEMENT 15 simplement que la matrice de raideur. L’amortissement n’étant pas réparti de manière uniforme, on simule un cas réel où l’amortissement n’est pas proportionnel. L’objectif est de créer une matrice d’amortissement simplifiée qui confère au système les mêmes propriétés d’amortissement que la matrice d’amortissement réelle. Notre système a donc l’équation matricielle suivante M · Ü + C · U̇ + K · U = 0 (1.30) Commme M, K, et C sont connues, la théorie des modes complexes nous permet de connaître exactement tous les taux d’amortissements modaux par des relations analogues aux quotients de Rayleigh ψ̄rT Kψr ψ̄rT Mψr ψ̄rT Cψr = ψ̄rT Mψr ωr2 = 2ωr ζr où ωr est une pulsation propre, ζr le taux d’amortissement associé, et ψr les vecteurs propres modaux (voir Ewins [31] pour plus de détails). Nous nous baserons sur les dix premiers modes propres pour créer une matrice d’amortissement global. 1.4.1 L’amortissement proportionnel L’amortissement proportionnel a été utilisé à l’origine car il permet de conserver le découplage entre les équations du mouvement projetées sur la base modale réelle (voir [31, 32]). La méthode la plus directe consiste à écrire C = MΦ · (2ΩΞ) · ΦT M (1.31) où M est la matrice de masse, Φ la matrice des vecteurs propres, Ω une matrice diagonale avec les pulsations propres, et Ξ une matrice diagonale avec les taux d’amortissements. Cette méthode permet de prendre en compte facilement une variation quelconque du taux d’amortissement avec la fréquence. Toutefois il subsiste un problème de dimensions dans l’équation 1.31 car la matrice de masse est souvent de plus grande taille que ΩΞ qui dépend du nombre de modes qui ont été identifiés expérimentalement. Deux solutions s’offrent à nous : soit nous choisissons un taux d’amortissement pour les modes non-identifiés, soit nous calculons une pseudo-inverse comme il a été proposé par Adhikari [33]. Dans ce cas nous ne retenons que les vecteurs propres de la base modale Φ qui correspondent aux modes identifiés dans une matrice Φ̂. T −1 −1 T T T T C = Φ̂ Φ̂ Φ̂ · [2ΩΞ] · Φ̂ Φ̂ (1.32) Φ̂ 16CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS Ces résultats sont récapitulés dans la figure 1.5. Nous comparons les résultats des deux méthodes d’identification avec les taux d’amortissement réels des 30 premiers modes. Dans la première approche nous avons supposé un taux d’amortissement constant de 0.03 sur les modes 11 à 30. Quelque soit la méthode, on voit que les 10 premiers modes sont correctement estimés par la matrice C. Par contre, au delà du 10ème mode, la matrice d’amortissement ne représente plus correctement l’évolution des taux d’amortissement réels. Dans un cas le taux d’amortissement est constant et égal à 0.03 et lorsque nous utilisons la pseudo inverse, les taux d’amortissement sont nuls. 0.07 Taux d’amortissement modal ζ 0.06 0.05 0.04 0.03 0.02 0.01 0 −0.01 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. 1.5: Taux d’amortissement modaux pour 30 modes, (o) réels, (·) identifiés avec taux constant sur les modes 11 à 30, (×) identifiés en utilisant une pseudo inverse En somme, l’identification d’une matrice d’amortissement C à partir des taux d’amortissement modaux permet un recalage parfait avec les taux réels mesurés, quelque soit leur évolution. Pour les taux d’amortissement non mesurés, le plus simple consiste à choisir arbitrairement un taux d’amortissement constant. Cette approche semble pratique. Toutefois lorsque les modèles commencent à devenir importants, les manipulations matricielles peuvent devenir fastidieuses. 1.4.2 Amortissement de Rayleigh Parmi toutes les approches présentées ici, l’amortissement de Rayleigh est certainement la plus utilisée et la plus simple en mettre en oeuvre. La matrice d’amortissement C est alors 1.4. CRÉATION DE LA MATRICE D’AMORTISSEMENT 17 définie comme une combinaison linéaire des matrices de masse et de raideur C = αM + βK (1.33) Les coefficients α et β sont les coefficients de Rayleigh et ne sont pas connu a priori. Ils doivent être déterminés expérimentalement. Le taux d’amortissement ζr du mode r est alors lié aux coefficients α et β par la relation 1 α ζr = + βωr (1.34) 2 ωr Taux d’amortissement ζ où ωr est la pulsation propre du mode r. Cette relation définit l’évolution du taux d’amortissement en fonction de la fréquence et est représentée dans la figure 1.6. Nous voyons 0 0 Frequency (Hz) Fig. 1.6: Evolution du taux d’amortissement modal en fonction de la fréquence pour un amortissement de Rayleigh : (- -) amortissement proportionnel à la raideur (··) amortissement proportionnel à la masse (·) amortissement de Rayleigh clairement l’influence des deux coefficients : α correpond à un amortissement proportionnel à la masse et β à un amortissement proportionnel à la raideur. Le comportement dans les basses fréquences correspond à l’asymptote de ζr lorsque ωr → 0. A l’inverse le comportement en hautes fréquences suit l’asymptote de ζr lorsque ωr → ∞. Ces remarques sont essentielles car, contrairement à l’approche précédente, l’amortissement de Rayleigh ne permettra pas de définir une matrice d’amortissement C qui reproduise exactement les taux d’amortissement modaux mesurés. Toutefois, il est possible de s’appuyer sur les données expérimentales pour déterminer les 18CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS valeurs α et β les plus pertinentes. Par exemple, à partir des pulsations ω1 et ω2 , et des taux d’amortissement ζ1 et ζ2 identifiés expérimentalement on peut écrire le système suivant α β 2 · = 2 ω1 − ω22 −ω22 ω1 ω12 ω2 ω1 −ω2 ζ1 · ζ2 (1.35) Toutefois, en pratique on identifie souvent plus que deux modes. Dans ce cas deux approches s’offrent à nous. Soit nous définissons des coefficients de Rayleigh qui varient en fonction de la plage de fréquence dans laquelle on excite le système, soit nous pouvons déterminer les coefficients qui minimisent l’erreur entre les taux mesurés et les taux calculés sur toute la plage de fréquence. Pour notre oscillateur sur lequel nous avons mesuré 10 modes, cette dernière approche reviendrait à résoudre le problème α β =2 h −1 T i ΩT Ω Ω ζ (1.36) où et ω1 −1 ω2 −1 .. . ω1 ω2 .. . −1 ω10 ω10 (1.37) ζ = [ζ1 ζ2 . . . ζ10 ]T (1.38) Ω= La figure 1.7 présente les résultats obtenus sur notre exemple. La résolution du système fournit α = −0.0750 s et β = 4.9 · 10−5 s−1 . Nous voyons que l’amortissement de Rayleigh fournit une bonne approximation de l’amortissement dans notre système, même pour les taux d’amortissement modaux que nous n’avons pas mesurés. 1.4.3 Amortissement de Caughey Suivant les travaux de Rayleigh, Caughey [34] expose une généralisation des coefficients de Rayleigh qui conserve la propriété d’orthogonalité de la base modale. La matrice d’amortissement peut être exprimée comme suit " # X j C=M αj M−1 K (1.39) j Les coefficients de Rayleigh correspondent aux deux premiers termes de cette série. Gérardin et Rixen [32] expliquent comment déterminer de manière systèmatique les coefficients αj . La méthode est similaire à celle utilisée pour déterminer les coefficients de Rayleigh. Dans 1.4. CRÉATION DE LA MATRICE D’AMORTISSEMENT 19 0.07 Taux d’amortissement modal ζ 0.06 0.05 0.04 0.03 0.02 0.01 0 −0.01 −0.02 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. 1.7: Taux d’amortissement modaux (o) réels, (·) amortissement de Rayleigh notre cas, nous avons identifié N = 10 modes, le système à résoudre est (1.40) Wα = ζ où W= 1 2 ω1−1 ω2−1 .. . ω1 ω2 .. . −1 ωN ωN ω13 · · · ω12N −3 ω23 · · · ω22N −3 .. .. . . 2N −3 3 ωN · · · ωN , α = α1 α2 .. . αN , et ζ = ζ1 ζ2 .. . ζN Ici, il n’est pas possible de présenter les courbes des réponses, car nous avons eu des problèmes de conditionnement numérique de la matrice W, difficulté déjà soulevée par Gérardin et Rixen [32]. 1.4.4 Amortissement de Rayleigh généralisé Adhikari [30] propose encore une extension. Les équations du mouvement resteront découplées si la matrice d’amortissement C s’exprime de la manière suivante C = M · f M−1 K (1.41) où f est une fonction analytique continue aux voisinages des valeurs propres de M−1 K. Cette approche lui permet d’identifier des fonctions d’amortissement types qui pourraient être intrinsèques à différentes structures. D’après l’évolution des taux d’amortissement en 20CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS fonction de la pulsation propre, Adhikari [30] propose la fonction f suivante (1.42) f = a1 ω + a2 sin(a3 ω) Une minimisation aux moindres carrées permet de déterminer les coefficients a1 , a2 , et a3 a1 = 0.0245 × 10−3 , a2 = −0.5622 × 10−3 et a3 = 9.0 (1.43) La matrice d’amortissement prend alors la forme √ √ C = 2a1 K + 2a2 M M−1 Ksin(a3 M−1 K) (1.44) La figure 1.8 présente les résultats de corrélation avec les données réelles. Nous voyons que 0.07 Taux d’amortissement modal ζ 0.06 0.05 0.04 0.03 0.02 0.01 0 0 20 40 60 80 100 120 Fréquence (Hz) 140 160 180 200 Fig. 1.8: Taux d’amortissement modaux (o) réels, (·) amortissement de Rayleigh généralisé cette forme d’amortissement proportionnel permet une meilleure corrélation que l’amortissement de Rayleigh. En effet, le taux d’amortissement modal simulé suit les variations du taux d’amortissement réel, selon la fonction f . La corrélation pourrait être encore améliorée en choisissant une fonction f plus compliquée. Comme dans l’amortissement de Rayleigh, le taux d’amortissement des modes 11 à 30 est bien représenté puisque l’amortissement réel suit une évolution plutôt continu et proportionnel au premier terme 2a1 K. L’inconvénient de cette méthode est la lourdeur des calculs numériques. 1.4.5 Amortissement structural hystérétique Jusqu’à maintenant nous n’avons introduit que des matrices d’amortissement visqueux. Mais l’amortissement hystérétique est aussi souvent employé dans les calculs éléments finis. 1.5. CONCLUSION 21 La forme générale de l’équation du mouvement devient alors MÜ + (K + iC) U = 0 (1.45) Sans forme particulière, la matrice d’amortissement C couple les équations du mouvement projetées sur la base modale. Comme précédemment en prenant une matrice proportionnelle à la raideur on obtient MÜ + K (1 + iη) U = 0 (1.46) où η est le scalaire contenant la partie de l’énergie qui est dissipée dans le mouvement (le facteur de perte). Toutefois, Crandall [35] et Inaudi [36] soulignent le caractère non causal de telles forces d’amortissement. L’utilisation d’un tel modèle dans le domaine temporel est en conséquence impossible. Par contre, lorsque l’on se place dans le domaine fréquentiel en posant U = ueiωt (1.47) où ω est la pulsation d’excitation on obtient − ω 2 Mu + K (1 + iη) u = 0 (1.48) La partie imaginaire de la raideur a maintenant une signification plus claire : l’amortissement est proportionnel au déplacement et en phase avec la vitesse d’un mouvement harmonique. Ce modèle s’emploie donc dans le domaine fréquentiel et souvent avec des assemblages de sous-structures [37, 38]. Les matrices d’amortissement visqueux et hystérétique ne sont évidemment pas les seules façons de prendre en compte la dissipation dans des modèles éléments finis. Souvent, la dissipation est introduite directement au travers des lois de comportements (modèles viscoélastiques de Maxwell, Zener ou Kelvin-Voigt). 1.5 Conclusion Ce chapitre a été l’occasion pour nous de présenter les outils nécessaires pour mettre en forme un problème de contact avec frottement entre deux corps élastiques. Après avoir établi l’équation d’équilibre locale d’une structure continue, nous sommes passés à la formulation variationnelle pour permettre la discrétisation en éléments finis. Nous avons distingué d’une part les efforts linéaires élastiques dans la structure, et d’autre part les efforts non-linéaires qui peuvent provenir de contact ou de frottement entre deux corps. L’amortissement pouvant provenir de nombreuses sources, nous avons présenté les méthodes les plus courantes et les plus simples à mettre en oeuvre numériquement pour prendre en compte la totalité des effets dissipatifs dans une structure. L’équation du mouvement que nous allons chercher 22CHAPITRE 1. FORMULATION D’UN PROBLÈME DE CONTACT EN ÉLÉMENTS FINIS à résoudre dans la suite est donc MÜ + CU̇ + KU = Fext + Fnl (1.49) où Fext représente les forces d’excitations extérieures et Fnl les forces non-linéaires de contact et de frottement qui seront développées plus en détail dans le chapitre 3. Chapitre 2 Les méthodes de la dynamique non-linéaire Dans ce chapitre nous allons développer un certain nombre d’outils qui sont nécessaires à l’étude d’un problème dynamique non-linéaire. Les algorithmes itératifs de type Newton constituent la base de toute résolution non-linéaire. La détermination des comportements stationnaires peut se faire dans le domaine temporel par des intégrations temporelles (ou méthodes de tir) ou dans le domaine fréquentiel par des méthodes du type balance harmonique. En dynamique non-linéaire, la stabilité des réponses stationnaires est un problème essentiel, nous présenterons donc les outils nécessaires à l’étude de la stabilité. Toutefois avant de faire le tour de ces outils, nous présenterons les différents types de comportements dynamiques non-linéaires, en insistant sur les différences avec le comportement linéaire. Seydel définit dans son article [39] les enjeux des calculs non-linéaires. 2.1 Introduction : la dynamique d’un système non-linéaire Avant de présenter les différents outils qui permettent de calculer les régimes stationnaires des systèmes non-linéaires dynamiques, nous allons présenter les différents comportements auxquels on peut s’attendre. Un système dynamique peut avoir quatre types de comportements asymptotiques – – – – la la la la réponse réponse réponse réponse converge converge converge converge vers vers vers vers un un un un point fixe régime périodique régime quasi-périodique régime chaotique Les deux premiers existent dans les systèmes linéaires et non-linéaires, et les deux autres sont spécifiques aux systèmes non-linéaires. 23 24 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Prenons l’exemple d’un oscillateur à deux degrés de liberté, illustré par la figure 2.1 Cet Fig. 2.1: Un oscillateur vibro-impactant à deux degrés de liberté oscillateur vibro-impactant est fréquemment utilisé dans les articles ([40, 3, 2, 1, 41]), d’une part pour sa simplicité, et d’autre part pour la complexité des réponses qu’il exhibe. Il peut avoir tous les types de réponses qui existent dans un système non-linéaire. Son équation matricielle adimensionnelle est de la forme sin(ωt) y1 1 −1 ÿ1 1 0 (2.1) = + 0 y2 −1 1 + µk ÿ2 0 µm où r r m2 m1 m1 k2 µm = , µk = , ω = Ω , t=T , b = δk1 m1 k1 k1 k1 (2.2) Le contact est géré par une simple loi de restitution. Au moment de l’impact t0 de la masse m1 , la vitesse ẋ1 est inversée dans un rapport r par rapport à la vitesse d’arrivée − ẋ1 (t+ 0 ) = −r ẋ1 (t0 ) (2.3) Si la distance δ est très grande devant le déplacement de la masse m1 , aucun impact n’a lieu et on se trouve en présence d’un oscillateur linéaire dont on connaît bien les caractéristiques. Lorsqu’aucune force d’excitation n’est appliquée, deux types de comportements asymptotiques existent : ou le système est amorti et la réponse dynamique tend vers le point d’équilibre statique (apériodiquement ou pseudo périodiquement), ou alors le système n’est pas amorti et oscille infiniment. La réponse temporelle et le diagramme de phase du système amorti se retrouvent dans la figure 2.2. Nous retrouvons la décroissance exponentielle de la réponse vers la position d’équilibre. Cet aspect se retrouve aussi dans le diagramme de phase où en partant de la condition initiale (1,0), on converge vers le point d’équilibre (0,0). Lorsqu’une force d’excitation sinusoïdale de pulsation ω = 2π/T est appliquée sur la masse m1 , le système linéaire est en régime forcé et on retrouve les graphes de la figure 2.3. La réponse temporelle est périodique de même période T que l’excitation. Le diagramme de phase est un cercle fermé, et sur le spectre de la réponse, nous ne retrouvons qu’une seule raie qui correspond à la fréquence d’excitation. Nous en profitons pour introduire la section de Poincaré. C’est une représentation stroboscopique du diagramme de phase. Elle est calculée en prenant un point du diagramme de phase toutes les périodes de l’excitation. Ainsi 2.1. INTRODUCTION : LA DYNAMIQUE D’UN SYSTÈME NON-LINÉAIRE 1 0.8 0.8 0.6 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 Vitesse Déplacement 25 0 0 −0.2 −0.2 −0.4 −0.4 −0.6 −0.6 −0.8 −0.8 −1 0 50 100 Temps 150 200 −1 −1 −0.5 0 Déplacement 0.5 1 Fig. 2.2: Comportement dynamique de l’oscillateur libre amorti dans ce cas nous retrouvons logiquement un seul point. Ces deux types d’attracteurs existent aussi sur des systèmes non-linéaires. Mais l’attracteur périodique peut prendre des formes plus compliquées. Typiquement, une excitation de période T peut engendrer des réponses périodiques de périodes autres que T . La figure 2.4 illustre la réponse de l’oscillateur avec la pulsation ω = 0.76. Plusieurs raies sont visibles dans le spectre. La première raie correspond à la période 3T . Cette fois, le spectre contient plus qu’une seule composante harmonique, contrairement au spectre du système linéaire. Le diagramme de phase contient plusieurs boucles et la section de Poincaré présente maintenant 3 points. Outre la possibilité de posséder des réponses périodiques avec une période différente de celle de l’excitation, les systèmes non-linéaires peuvent aussi exhiber des attracteurs quasipériodiques ou chaotiques. La figure 2.5 présente le comportement dynamique lorsque la réponse forcée est attirée vers un attracteur quasi-périodique (ω = 0.74). La réponse temporelle ne fournit pas beaucoup d’informations sur le comportement du système à part que celui-ci est borné. Par contre le spectre fournit plus d’informations, le mouvement est régi par plusieurs harmoniques fondamentales qui ne sont plus multiples les unes des autres. Un mouvement est quasi-périodique lorsqu’il possède au moins deux fréquences incommensurables. C’est pour cette raison que la réponse temporelle paraît peu régulière. La section de Poincaré d’un tel mouvement est une courbe fermée. Le mouvement chaotique est le comportement dynamique le plus compliqué. Il ne présente a priori aucun ordre comme en témoignent les réponses temporelles et les diagrammes de phase de la figure 2.6. Le spectre de la réponse est plus large bande que précédemment. De nombreuses fréquences supplémentaires se sont rajoutées autour des pics. Ce type d’attrac- CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE 26 0.4 0.2 Vitesse Déplacement 0.5 0 0 −0.2 −0.5 4300 4350 4400 Temps −0.4 −0.5 0 Déplacement 0.5 1 0.2 Vitesse Autospectre 0.25 0.15 0.1 0 −1 0.05 0 0 1 Pulsation 2 −2 −3 −2 −1 0 Déplacement 1 Fig. 2.3: Comportement dynamique de l’oscillateur vibro-impactactant pour ω = 0.73 1 2 0.5 1 Vitesse Déplacement 2.1. INTRODUCTION : LA DYNAMIQUE D’UN SYSTÈME NON-LINÉAIRE 0 −0.5 0 −1 −1 4300 −2 −1 4350 4400 Temps 0.25 −0.5 0 0.5 Déplacement 1 2 0.2 Vitesse Autospectre 27 0.15 0.1 1 0 −1 0.05 −2 0 0 1 Pulsation 2 −2 −1 0 Déplacement 1 Fig. 2.4: Comportement 3T périodique de l’oscillateur vibro-impactant pour ω = 0.76 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE 1 1 0.5 0.5 Vitesse Déplacement 28 0 −0.5 −0.5 −1 4300 −1 −1 4350 4400 Temps 0.25 −0.5 0 0.5 Déplacement 1 0 Déplacement 0.5 1 0.2 Vitesse Autospectre 0 0.15 0.1 0.5 0 0.05 0 0 1 Pulsation 2 −0.5 −0.5 Fig. 2.5: Comportement quasi-périodique de l’oscillateur vibro-impactant pour ω = 0.74 2.1. INTRODUCTION : LA DYNAMIQUE D’UN SYSTÈME NON-LINÉAIRE 29 1 2 0.5 1 Vitesse Déplacement teur est souvent qualifié d’étrange : malgré cet apparent désordre, la réponse est bornée et la section de Poincaré se limite à une zone précise de l’espace. 0 −0.5 0 −1 −1 4300 −2 −1 4350 4400 Temps −0.5 0 0.5 Déplacement 1 0.15 0.1 Vitesse Autospectre 1 0.05 0.5 0 −0.5 0 0 1 Pulsation 2 −0.8 −0.6 −0.4 −0.2 Déplacement 0 Fig. 2.6: Comportement chaotique de l’oscillateur vibro-impactant pour ω = 0.7519 Comme nous venons de le voir, un système non-linéaire simple possède de nombreux comportements dynamiques très différents les uns des autres. On peut imaginer que ces mêmes types de comportement pourront avoir lieu sur la commande de boîte de vitesses que nous désirons modéliser. Pour réaliser une étude pertinente sur notre commande, il s’agit dans un premier temps de comprendre les outils numériques qui vont nous servir. Nous commencerons par présenter les méthodes pour résoudre des systèmes d’équations non-linéaires. Ces méthodes constituent la base de toute étude non-linéaire. Nous verrons ensuite les méthodes pour calculer les régimes stationnaires et déterminer leur stabilité. Nous verrons enfin, comment toutes ces méthodes se combinent sur une application. 30 2.2 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Résolution de systèmes d’équations non-linéaires Quelque soit la formulation d’un problème non-linéaire, nous aurons souvent besoin de résoudre un système d’équations non-linéaires. Dans un calcul statique, le caractère nonlinéaire de la matrice de raideur aboutit directement à un tel système. Dans un calcul dynamique temporel, à chaque pas de temps nous devons résoudre un tel système. Enfin, dans un calcul fréquentiel, nous obtenons un système d’équations algébriques non-linéaires. Une approche pour comprendre les méthodes de résolution de ces systèmes est de se placer dans un cadre mathématique plus général : l’optimisation de fonctions objectives. C’est l’approche que nous prenons ici, car les méthodes de résolution de systèmes dérivent directement de ces méthodes. Un problème d’optimisation se pose de la manière suivante Soit Cherchons F : Rn 7−→ R (2.4) x ∈ Rn tel que F (x) soit minimal Il faut noter que la résolution d’un système d’équations non-linéaires est un cas particulier de ce problème. En effet, le système ci-dessous Soit Cherchons fi : Rn 7−→ R avec i ∈ [1, . . . , m] x ∈ Rn tel que fi (x) = 0 (2.5) peut se résoudre comme le problème initial (2.4) en posant F (x) = m X fi (x)2 (2.6) i=1 Nous nous intéresserons donc à chercher le minimum local (ou le maximum en prenant −F ) de fonctions non linéaires. Ensuite nous exposerons les méthodes de résolution des systèmes d’équations qui dérivent directement de ces méthodes d’optimisation et tirent profit de la structure particulière de la fonction objective F associée. Différents types de méthodes existent : soit elles se limitent à l’utilisation de l’information sur F , soit elles profitent aussi de l’information sur les dérivées successives de F . Les premières sont utiles pour la minimisation de fonctions fortement non-linéaires ou qui possèdent de nombreuses discontinuités. Heureusement la physique que nous traitons assure une certaine régularité (au moins C0 ) de ces fonctions. Nous omettrons aussi la présentation de méthodes d’optimisation globale, qui reste un vaste sujet de recherche aujourd’hui en mathématiques [42]. L’ensemble des méthodes d’optimisation locale est basé sur un principe simple : descendre la pente vers le minimum tel un skieur sur une piste. Une vue d’ensemble d’un algorithme d’optimisation est présentée dans la figure (2.7). Il faut insister sur le fait qu’il faut connaître une bonne approximation initiale de la solution, au risque de ne pas trouver la solution. De plus, la nature non-linéaire du problème oblige d’adopter un schéma itératif de résolution. 2.2. RÉSOLUTION DE SYSTÈMES D’ÉQUATIONS NON-LINÉAIRES 31 Fig. 2.7: Vue d’ensemble d’un algorithme d’optimisation locale Pour la suite, une direction de descente sk à l’itération k est définie telle que (2.7) F (xk+1 ) < F (xk ) 2.2.1 Méthode du gradient ou de plus profonde descente La méthode du gradient est la plus simple des méthodes de descente. La direction de descente sk est simplement prise comme l’opposé du gradient de la fonction F ∂F ∂F ∂F sk = −∇F = − ... ∂x1 ∂x2 ∂xn T (2.8) Il reste encore à déterminer la longueur de notre pas de descente. Pour cela, la méthode immédiate consiste à chercher le minimum de F le long de la direction sk en résolvant ∂F (xk + αk sk ) =0 ∂αk C’est ce qu’on appelle un "line search" [42]. Il s’avère dans la pratique que la résolution de cette équation est trop longue. Souvent on se contente d’une approximation de αk . Comme on peut le remarquer, cette méthode est simple à implémenter. Mais on se rend bien compte que plus on approche le minimum, plus la convergence va être ralentie car le gradient de F tend vers 0. CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE 32 2.2.2 Méthode du gradient conjugué Cette méthode tient son succès de la résolution des systèmes d’équations linéaires. En effet, grâce à sa faible complexité, elle s’applique facilement sur des problèmes de grande dimension. On améliore la direction de recherche utilisée dans la méthode du gradient. Entre deux itérations, les directions de recherche ne sont plus orthogonales entre elles, mais chaque nouvelle direction de recherche va être "conjuguée" avec les précédentes. Ainsi, dans l’algorithme précédent, on écrit sk+1 = −∇F (xk+1 ) + βk sk où βk = [∇F (xk+1 ) − ∇F (xk )]T ∇F (xk+1) ∇F (xk )T ∇F (xk ) (2.9) βk est donné en fonction de la formule de Polak-Ribière qui semble être, d’après l’expérience, la plus efficace (en comparaison avec la formule de Fletcher-Reeves) [43]. Ces méthodes de descente, quoique faciles à implémenter, sont moins utilisées en pratique car leur vitesse de convergence est assez lente. On leur préfère les méthodes de Newton, qui tirent profit d’une information supplémentaire : la dérivée seconde de la fonction objective F , la matrice Hessienne H ∂2F ∂2F ∂2F ··· ∂x2 ∂x1 ∂x2 ∂x1 ∂xn 1 2 ∂2F ∂ F · · · · · · ∂x ∂x ∂x22 (2.10) H(x) = 2 1 .. .. .. . . . . . . 2 2 2 ∂ F ∂ F ∂ F ··· ∂xn ∂x1 ∂xn ∂x2 ∂x2n 2.2.3 Méthode de Newton Cette méthode est basée sur le développement de Taylor à l’ordre deux de la fonction objective F autour de la solution xk obtenue à l’itération k 1 F (xk + δ) = F (xk ) + ∇T F (xk )δ + δ T H(xk )δ + . . . 2 (2.11) En posant δ = x − xk , l’objectif va être de minimiser ce développement quadratique ce qui amène à chercher δk tel que H(xk )δk = −∇F (xk ) (2.12) Lorsque l’approximation quadratique (2.11) est valide, i.e. dans un voisinage de la solution x, la matrice Hessienne H est définie positive et le système linéaire précédent a une unique solution1 . La solution suivante est alors donnée par : xk+1 = xk + δk . L’information 1 Ce système linéaire peut se résoudre par une méthode adaptée aux systèmes linéaires, Gauss-Seidel, Crout, Cholesky,etc... [43] 2.2. RÉSOLUTION DE SYSTÈMES D’ÉQUATIONS NON-LINÉAIRES 33 supplémentaire fournie par la matrice Hessienne assure une convergence quadratique vers la solution. Malheureusement, il n’est pas garanti que δk soit une direction de descente, et dans ce cas l’algorithme aura du mal à converger. Pour régler ce problème on peut, comme dans les méthodes de gradient, chercher la longueur du pas à faire dans la direction δk pour assurer une décroissance de la fonction F entre les itérations k + 1 et k. 2.2.4 Méthodes de Levenberg-Marquardt Dans les méthodes de gradient, nous avons vu que −∇F (xk ) était forcément une direction de descente, ce qui n’est pas toujours le cas pour δk dans une méthode de Newton. Un moyen direct pour s’assurer que δk est une direction de descente est de combiner les directions de descente de Newton et du gradient. On va alors chercher une direction de descente sk qui vérifie (H(xk ) + λk I) sk = −∇F (xk ) (2.13) Où I est la matrice identité et λk un scalaire déterminé à chaque itération en fonction de la progression de F (xk ). Si F (xk+1 ) < F (xk ), sk est une direction de descente et on peut diminuer λ pour profiter des renseignements sur H(xk ) (on s’approche d’une direction de descente de Newton). Au contraire si F (xk+1 ) > F (xk ), sk n’est pas une direction de descente et on augmente λ pour tendre vers une méthode de plus profonde descente. Cette méthode offre un algorithme très robuste pour les problèmes de minimisation locale : loin de la solution, on profite de la robustesse des méthodes de gradient, et plus on s’approche, plus on va converger vite grâce à la méthode de Newton. Nous avons jusqu’ici exposé le principe générale des méthodes d’optimisations mais à ce stade elles nécessitent encore la connaissance analytique du gradient et de la matrice Hessienne de F . Or ceci n’est pas toujours possible dans le cas de fonctions compliquées ou présentant de nombreux paramètres. 2.2.5 Approximations numériques des dérivées Les méthodes précédentes s’appliquent facilement si la matrice Hessienne est connue analytiquement. Malheureusement, son calcul "à la main" peut être difficile et très lourd, voire impensable si on travaille avec de nombreux paramètres. On s’aperçoit dans la pratique qu’une approximation bien choisie de la matrice s’avère suffisante pour trouver la solution désirée. Trois approches sont alors possibles. Calcul par différences finies La matrice Hessienne est approchée par différences finies centrées ou différences finies avant. Cette dernière est souvent préférée car elle est moins gourmande en temps de calcul et donne 34 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE une précision suffisante ∂F (x + hj ej ) ∂F (x) − ∂xi ∂xi Hij (x) = hj (2.14) où ej est la base canonique de Rn (j ∈ [1, n]). Calcul par interpolation polynomiale Cette méthode consiste à approcher la fonction F par des polynômes autour de la solution xk . On en déduit alors aisément le gradient et la matrice Hessienne de F . Cette approche est a priori plus robuste que les approximations générées par la relation 2.14. Toutefois, dans ces deux méthodes, le temps de calcul augmente rapidement avec la dimension du problème. On leur préfère en général les méthodes quasi-Newtoniennes. L’approche quasi-Newtonienne ou à métrique variable Ces méthodes construisent une approximation définie positive B(xk ) de la matrice Hessienne H(xk ) au fur et à mesure des itérations en utilisant les informations obtenues sur le gradient de la fonction F . La direction de descente dépend à chaque itération de cette matrice Hessienne approximée, et suffit pour aboutir finalement à la solution cherchée. La direction de descente sera simplement donnée par B(xk )sk = −∇F (xk ) Lorsqu’aucune approximation initiale existe, la matrice identité I est souvent utilisée comme première approximation de la matrice Hessienne. L’idée consiste à mettre à jour la matrice B(xk ) à chaque itération. Si nous posons dk = xk+1 − xk et φk = ∇F (xk+1 ) − ∇F (xk ) alors un calcul intégral nous permet d’écrire Z 1 H(xk + γdk )dγ · dk = φk (2.15) 0 Le terme entre crochet représente la matrice Hessienne moyenne sur le segment [xk , xk + dk ]. En imposant la condition quasi-Newtonienne Bk+1 dk = φk , la matrice Bk+1 correspond à la matrice Hessienne moyenne définie par la relation 2.15. Même si une multitude de formules de mises à jour existent [42], on retiendra la plus courante (et qui semble être la plus efficace) Bk+1 T Bk dk (Bk dk )T φk φk T = Bk − + + η d B d vk vk T k k k T T dk Bk dk φk d k 2.2. RÉSOLUTION DE SYSTÈMES D’ÉQUATIONS NON-LINÉAIRES avec vk = 35 Bk dk φk − T T φk dk dk Bk dk Si on choisit η = 0, on fait l’approximation de Broyden-Fletcher-Goldfarb-Shanno (BFGS) qui est certainement celle la plus largement utilisée et la plus robuste. Outre celle-ci, en prenant η = 1 on obtient la première méthode de mise à jour quasi-Newtonienne écrite par David-Fletcher et Powell (DFP). Ces méthodes d’approximation de la matrice Hessienne sont très attractives, car pour un coût numérique quasiment identique aux méthodes de descente 2 , on passe d’une convergence linéaire à une convergence quadratique en garantissant que B(xk ) soit définie positive. 2.2.6 Méthode de Gauss-Newton Dans les paragraphes précédents, nous avons vu quelles étaient les principales méthodes utilisées pour minimiser une fonction objective. Nous allons maintenant voir comment résoudre les systèmes d’équations et nous verrons que les méthodes de résolution sont très similaires aux méthodes précédentes. Considérons le système d’équations (2.5) non nécessairement carré. En réécrivant le problème sous la forme d’un problème aux moindres carrées (2.6), on pourrait directement appliquer les méthodes d’optimisation vues dans la section précédente pour résoudre ce problème. Toutefois, grâce à la structure particulière de la fonction F , on peut éviter le calcul de la matrice Hessienne et la convergence peut être améliorée. En effet, on peut réécrire les dérivées ∇F (x) et H(x) de F par rapport à x et ∇F (x) = ∇ f T (x)f (x) = 2 ∂f1 (x) ∂x1 ∂f1 (x) ∂x2 .. . ∂f1 (x) ∂xn ∂f2 (x) ··· ∂x1 ∂f2 (x) ··· ∂x2 .. .. . . ∂f2 (x) ··· ∂xn ∂fm (x) ∂x1 ··· f (x) = 2J T f (x) .. . ∂fm (x) ∂xn m X fi (x)∇2 fi (x) H(x) = ∇2 f T (x)f (x) = 2J T J + 2 (2.16) i=1 On notera que J n’est autre que la matrice jacobienne de la fonction vectorielle f (x). Comme F (x) est minimisée au sens des moindres carrées, les composantes fi seront souvent négligeables dans le deuxième terme de (2.16). L’approximation de Gauss-Newton consiste 2 La seule opération en plus à chaque itération est la remise à jour de la matrice Hessienne approximée 36 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE donc à écrire que H(x) ≈ 2J T J Par analogie avec la méthode de Newton 2.12, on détermine la direction de descente en résolvant T J(xk ) J(xk ) sk = −J(xk )T f (xk ) L’application de cette méthode se fait exactement comme la méthode de Newton. Finalement, on tire profit de la structure de moindres carrées pour obtenir une relation plus directe entre les dérivées premières et deuxièmes de F alors qu’il faudrait plusieurs itérations dans une méthode quasi-Newtonienne pour avoir une bonne approximation de H. On peut ainsi espérer une convergence plus rapide vers la solution. Comme dans une méthode de Newton, lorsque l’on se trouve loin de la solution on ne peut pas garantir que le deuxième terme de (2.16) soit négligeable, sk n’est donc pas forcément une direction de descente. Pour résoudre ce problème, différentes solutions sont envisageables. Fletcher et Xu [42] proposent un critère simple qui permet à l’algorithme de choisir entre une direction de descente de Gauss-Newton ou une direction associée à une approximation BFGS de la matrice Hessienne. F (xk ) − F (xk+1) ≥ τ F (xk ) avec τ ∈ [0, 1] Si le deuxième terme de (2.16) n’est pas négligeable, l’approximation de Gauss-Newton est fausse et cette inégalité n’est pas vérifiée, on fait donc un pas quasi Newtonien. Au contraire, si l’approximation de Gauss-Newton est vérifiée, la convergence quadratique implique F (xk+1) < F (xk ) et l’inégalité est vérifiée. On effectue un pas de Gauss-Newton. Plutôt que d’utiliser un critère d’échange entre deux méthodes, on peut aussi réutiliser l’approche imaginée par Levenberg et Marquardt. Powell [44] propose une méthode hybride entre les directions de Gauss-Newton et de plus profonde descente. A cela, il restreint la longueur de chaque pas à un domaine où il peut assurer que l’approximation de GaussNewton est correcte [45]. 2.2.7 Méthode de Newton-Raphson La méthode de Newton Raphson s’applique dans le cas particulier où l’on a autant d’équations que d’inconnues. C’est l’application de Gauss-Newton à ce cas particulier. La direction de descente devient J(xk )sk = −f (xk ) 2.2. RÉSOLUTION DE SYSTÈMES D’ÉQUATIONS NON-LINÉAIRES 2.2.8 37 Conclusion Aujourd’hui tous les grands codes de calculs scientifiques utilisent ces méthodes d’optimisation pour minimiser un problème aux moindres carrées ou résoudre un système d’équations non-linéaires. Matlab [45] implémente plusieurs méthodes, par défaut f solve utilise la méthode hybride présentée par Powell. Abaqus [46] utilise une méthode quasi-Newtonienne (BFGS) pour la remise à jour de la matrice Hessienne. Moyennant une adaptation en C++, nous avons décidé d’utiliser la librairie Fortran Minpack, développé par Garbow [47], dont le code informatique est libre de droits. Elle implémente la méthode hybride de Powell qui semble être avec celle de Fletcher-Xu, une des plus polyvalentes. 38 2.3 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Méthodes temporelles L’intégration temporelle représente l’approche la plus directe pour résoudre un système d’équations différentielles provenant d’une formulation aux éléments finis. Comme très peu d’équations différentielles se résolvent de manière analytique, il est nécessaire de recourir à des méthodes numériques. Leur principe réside en la construction progressive de la solution à des pas de temps successifs. La popularité de ces méthodes découle de leur capacité à traiter tout type de problèmes. Leur application à une étude du comportement dynamique d’une structure soumise à une excitation périodique s’effectue naturellement, en commençant l’intégration à partir d’une condition initiale quelconque et en la poursuivant jusqu’à ce que le régime permanent soit atteint. Cependant, le temps de calcul nécessaire pour s’affranchir du régime transitoire peut s’avérer prohibitif, surtout pour des structures faiblement amorties. Dans notre contexte d’une excitation harmonique de période T , les réponses stationnaires auxquelles on peut s’attendre sont de trois types : nT -périodiques (n étant un entier non nul), quasi-périodiques ou chaotiques. Lorsque la réponse est quasi-périodique ou chaotique, seule une intégration temporelle directe permet de la calculer. Par contre, dans le contexte assez fréquent d’une réponse nT -périodique, il est généralement plus judicieux de recourir à des méthodes plus rapides comme les méthodes de tir ou comme nous le verrons dans la prochaine section, les méthodes fréquentielles. Ces méthodes sont intéressantes dans la mesure où l’on ne souhaite rien connaître de la phase transitoire. 2.3.1 Les intégrateurs temporels La fin du chapitre précédent a permis d’établir l’équation dynamique du mouvement que nous désirons résoudre. Il s’agit d’une équation différentielle ordinaire d’ordre deux, provenant de la discrétisation spatiale en éléments finis des équations aux dérivées partielles établies à partir des équations fondamentales de la mécaniques des milieux continus. Pour se rattacher à un cadre mathématique plus formel, ces équations différentielles ordinaires sont traitées sous la forme d’équations d’ordre 1. En effet, quelque soit l’ordre d’une équation, on peut toujours se ramener à une équation d’ordre 1, moyennant une augmentation de l’espace des solutions. On peut réécrire l’équation du mouvement 1.49 sous la forme ! ! 0 0 I U U̇ + (2.17) = · U̇ M−1 · (Fext + Fnl ) Ü −M−1 K M−1 C 2.3. MÉTHODES TEMPORELLES 39 Ce problème aux conditions initiales est l’équivalent du problème de Cauchy qui se pose en ces termes Soit f : [t0 , t0 + T ] × Rn 7−→ Rn ẏ(t) = f (t, y(t)) avec y(t0) = y0 (2.18) On désire connaître l’évolution de la solution y entre t0 et t0 +T . Pour ce faire, on va chercher une solution approchée sur le segment [t0 , t0 +T ] discrétisé. Soit hn la progression temporelle telle que hn = tn+1 − tn et yn la solution approchée de y à t = tn . Nous avons choisi ici le temps comme variable de discrétisation mais ces méthodes s’appliquent identiquement pour toute autre variable. Par exemple, ces méthodes de résolution d’équations différentielles ordinaires sont aussi utilisées dans les techniques de continuation (voir 2.5). Généralités Les méthodes se classent en deux grandes catégories : les méthodes explicites où yn+1 dépend uniquement des solutions calculées aux pas précédents, et les méthodes implicites où yn+1 dépend des solutions calculées aux pas précédents et de la solution au temps tn+1 . En conséquence, une fois la discrétisation faite, une méthode explicite fournit directement la solution à yn+1 alors qu’une méthode implicite nécessite encore la résolution d’un système d’équations de la forme yn+1 = yn + φ(tn , yn , yn+1, hn ) (2.19) où φ dépend de la méthode utilisée. Il faut noter que ce système d’équations peut être linéaire ou non-linéaire, au quel cas il faut recourir à une stratégie itérative de type Newton pour résoudre le problème. Les méthodes explicites ont une complexité plus faible, et s’adaptent facilement aux systèmes non-linéaires. En contrepartie, elles sont conditionnellement stables (condition de Courant pour une méthode de différences finies centrées voir [43, 32]). Cette condition de stabilité oblige souvent à prendre un pas de temps très petit. Ces méthodes sont généralement utilisées pour des problèmes de dynamiques rapides et de propagations d’ondes, un exemple typique dans l’industrie automobile est le calcul de crash. Quant aux méthodes implicites, elles sont inconditionnellement stables lorsque le système est linéaire. Et le choix d’un pas de temps plus grand peut compenser la plus grande complexité par rapport à une méthode explicite. Toutefois, une telle condition ne tient plus lors de l’étude d’un système non-linéaire. Dans une méthode explicite, le choix d’un mauvais pas de temps conduit inévitablement à une divergence de la solution et l’utilisateur s’en apercevra très vite. Malheureusement, avec une méthode implicite, la solution peut rester bornée et s’avérer fausse. 40 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Une troisième voie hybride peut encore se trouver dans les méthodes dites de prédictioncorrection. Dans un premier temps, elles estiment la solution approchée à tn+1 par une formule explicite, et la corrigent ensuite par des itérations par une formule implicite. Cette approche permet de réduire le temps de calcul associé à la résolution de l’équation 2.19 par rapport à une formulation implicite pure. Méthodes numériques à un pas L’objectif de toutes les méthodes de résolution d’ODE est d’extrapoler la valeur approchée yn+1 à tn+1 à partir des valeurs connues aux pas de temps précédents. Pour les méthodes à un pas, on intègre l’équation différentielle et on utilise des formules d’intégration numérique pour le second membre. Z tn+1 tn ẏdt = y(tn+1) − y(tn ) = Z tn+1 f (t, y(t))dt (2.20) tn En intégrant le terme de droite avec une méthode des rectangles, on obtient le schéma d’Euler explicite : yn+1 − yn = hn f (tn , yn ) Et avec une méthode des rectangles en utilisant le point d’arrivée, on obtient le schéma d’Euler implicite : yn+1 − yn = hn f (tn+1 , yn+1) Ces méthodes d’Euler sont peu utilisées en raison de leur imprécision. Toutefois, dans une méthode de prédiction-correction, la formule d’Euler explicite peut servir pour prédire la réponse au pas de temps suivant. Sinon, avec une méthode des trapèzes, on obtient le schéma implicite de Crank-Nicolson : yn+1 − yn = hn (f (tn , yn ) + f (tn+1 , yn+1 )) 2 Les méthodes d’intégrations sont très nombreuses et il faut se reporter à des livres spécialisées pour en saisir les différentes subtilités [48, 43, 49]. Toutefois, nous exposons ici le déroulement de l’algorithme explicite à un pas le plus célèbre : la méthode de Runge-Kutta. Pour améliorer la précision des méthodes, il faut travailler sur la méthode d’intégration numérique qui est utilisée dans l’équation 2.20. Avec la formule d’intégration de Simpson, on obtient une méthode largement répandue pour sa facilité d’implémentation et pour sa précision qui est d’ordre 4 en hn . C’est la formule de Runge-Kutta d’ordre 4. Soit y0 donné 2.3. MÉTHODES TEMPORELLES 41 alors à chaque pas d’intégration, on réalise les calculs suivants k1 = f (xn , yn ) 1 1 k2 = f (xn + hn , yn + k1 ) 2 2 1 1 k3 = f (xn + hn , yn + k2 ) 2 2 k4 = f (xn + hn , yn + k3 ) hn yn+1 = yn + · (k1 + 2k2 + 2k3 + k4 ) 6 A chaque itération, cette méthode demande quatre évaluations de la fonction f . Il faut noter qu’il est possible d’améliorer la précision de la méthode en améliorant l’intégration numérique. Il existe des tableaux qui référencient tous les coefficients à utiliser en fonction de la précision désirée. En contrepartie, le temps de calcul s’allonge. Contrôle du pas Pour améliorer l’efficacité de ces méthodes, on utilise généralement des méthodes d’incrémentation automatique du pas de temps. Nous ne les exposerons pas ici, mais leur principe de base repose sur l’évaluation de l’erreur commise à chaque pas de temps. Les formules de Dormand et Prince [50] opèrent sur les méthodes de Runge-Kutta et celles de Hibbitt and Karlsson ([46]) sur les méthodes d’ordre deux que nous verrons dans la suite 2.3.1. Ces deux techniques sont respectivement utilisées par défaut dans Matlab (ode45) et dans Abaqus Standard. En fonction de cette erreur, on s’autorisera d’augmenter ou de réduire le pas de temps suivant. Ainsi, à l’approche d’une discontinuité, comme un fort gradient de déplacement, le pas de temps va être automatiquement réduit afin de conserver la même précision. Lorsque la discontinuité devient trop forte, ce contrôle peut même servir de test d’arrêt de l’algorithme d’intégration. Ces méthodes de contrôle s’utilisent surtout avec des intégrations numériques à un pas. Avec des schémas à pas multiples, la modification du pas de temps à chaque incrément complique considérablement l’évaluation de la solution au pas de temps suivant. Méthodes à pas multiples Ces méthodes sont basées essentiellement sur le développement en série de Taylor de la solution. On remplace ensuite les dérivées successives par des formules de différences finies à droite ou à gauche. Ainsi les formules d’Adams-Bashforth sont des méthodes explicites, où l’ordre de la méthode est déterminé par le nombre de termes conservés dans le dévelop- 42 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE pement. A l’ordre 2, on garde les trois premiers termes yn+1 h2n = yn + hn ẏn + ÿn + O(h3n ) 2! (2.21) A l’aide de la relation 2.18 en remplaçant dfn /dt par les différences à gauche, on obtient la relation explicite hn (2.22) yn+1 = yn + (3fn − fn−1 ) + O(h3n ) 2 Les formules de Adams-Moulton s’obtiennent de la même manière, sauf que l’on réalise un développement en série de Taylor à gauche et on remplace les dérivées successives par des différences à gauche. Ces méthodes sont des méthodes implicites. yn = y(tn+1 − h) = yn+1 − hn ẏn+1 + h2n ÿn+1 + O(h3n ) 2! (2.23) L’avantage de ces méthodes sur celles de Runge-Kutta est qu’elles ne nécessitent qu’une seule évaluation de la fonction f à chaque pas de temps. En contrepartie, on remarque alors qu’il y a un problème pour l’initialisation de la procédure car f−1 n’existe pas. Pour initialiser la procédure il faudra donc faire la (ou les) première(s) itérations avec une méthode de type Runge-Kutta. Ceci fait partie des gros inconvénients des méthodes à pas multiples. Leur implémentation est plus délicate et longue. Méthodes de Prédiction-Correction Ces méthodes bénéficient des avantages des méthodes d’intégration explicites et implicites. Elles profitent de la précision et de la stabilité des méthodes implicites tout en diminuant les contraintes liées aux temps de calcul souvent élevé. En effet, l’utilisation d’une prédiction avec une méthode explicite va fournir une meilleure estimation initiale de la solution du système d’équations non-linéaires 2.19. La procédure de résolution itérative sera d’autant plus rapide. Toutefois, comme dans les méthodes à pas multiples l’implémentation est un peu plus lourde puisqu’il faut coupler une méthode explicite, implicite, et une résolution de systèmes d’équations non-linéaires. Ci-dessous (figure 2.8) nous prenons le cas très simple d’un prédicteur d’Euler explicite et d’un correcteur Euler implicite pour expliquer les différentes étapes qui existent dans un tel algorithme. Cette approche s’appliquerait exactement de la même manière avec des prédicteurs ou correcteurs d’ordres plus élevés. Résolution d’équations différentielles du deuxième ordre Même si les équations différentielles d’ordre deux peuvent se mettre sous forme de système d’équations différentielles d’ordre un, il existe des méthodes qui permettent de résoudre directement les équations d’ordre deux. Elles ont l’avantage d’être faciles à implémenter, et 2.3. MÉTHODES TEMPORELLES Fig. 2.8: Un algorithme de prédiction-correction 43 44 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE présentent une meilleure précision que les méthodes d’ordre un à coût numérique équivalent. Evidemment comme les équations du mouvement 1.49 issues de la mécanique sont d’ordre 2, la plupart des grands codes éléments finis implémentent des variations de la méthode de Newmark ou des différences centrées. D’autres intégrateurs d’ordre deux sont la θ méthode de Wilson, Houbolt, Bossak, Park, etc... Le problème d’ordre deux se présente sous la forme Soit f : [t0 , t0 + T ] × Rn 7−→ Rn ÿ(t) = f (t, y(t), ẏ(t)) avec y(t0 ) = y0 et ẏ(t0 ) = ẏ0 (2.24) Méthode de Newmark Cette méthode est certainement la plus couramment implémentée dans les grands codes de calculs par éléments finis (Abaqus/Standard, Nastran). Elle est inconditionnellement stable pour des analyses linéaires, et sa stabilité devient conditionnelle dans les analyses non linéaires. Elle consiste à relier les accélérations, les vitesses et les déplacements aux instants tn+1 et tn par des intégrations numériques 1 yn+1 = yn + hn ẏn + h2n ( − β)ÿn + h2n β ÿn+1 2 ẏn+1 = ẏn + (1 − γ)hn ÿn + γhn ÿn+1 (2.25) où γ et β dépendent de la formule d’intégration numérique choisie. La méthode la plus couramment utilisée est celle de l’accélération moyenne où β = 0.25 et γ = 0.5. L’étape suivante consiste alors à résoudre l’équation du mouvement à l’instant tn+1 ÿn+1 = f (tn+1 , yn+1, ẏn+1 ) (2.26) Il est possible à partir des équations 2.25 d’exprimer l’équation 2.26 entièrement en fonction de yn+1 et yn . On en déduit que la méthode de Newmark est une méthode implicite. Lorsque le système est linéaire, l’implémentation peut être très efficace [24] et c’est ce qui a fait le succès de la méthode. Lorsque le système est non-linéaire, la méthode est implémentée comme une prédiction-correction. Hughes propose à chaque pas de temps une prédiction de yn+1 et de ẏn+1 en prenant les accélérations ÿn+1 nulles. L’équation du mouvement 2.26 est alors un système d’équations non-linéaires à résoudre avec une procédure itérative de Newton. Il existe de nombreuses extensions pour améliorer cette méthode. La plus élégante est sans 2.3. MÉTHODES TEMPORELLES 45 doute celle de Hilbert Hughes et Taylor [32] qui introduisent de l’amortissement numérique dans la solution par l’intermédiaire d’un facteur α compris entre 0 et 1/3. Il faut alors résoudre ÿn+1 = (1 − α) · f (tn+1 , yn+1, ẏn+1) + α · f (tn , yn , ẏn ) (2.27) Cette approche permet notamment d’amortir rapidement les oscillations hautes fréquences (et ainsi d’obtenir plus rapidement la solution finale). Toutefois, si le système est faiblement amorti, l’introduction de cette dissipation artificielle peut nuire à la précision de la solution finale. Méthode des différences centrées En prenant β = 0 et γ = 0.5 dans les équations 2.25, on trouve alors un schéma aux différences finies qui constitue la base de tous les grands codes de dynamiques rapides (Abaqus/Explicit, LS-Dyna, Nastran, PamCrash, Radioss). On obtient yn+1 = yn + hn ẏn + ẏn+1 = ẏn + h2n ÿn 2 (2.28) hn (ÿn + ÿn+1) 2 La démarche est maintenant différente. Au lieu d’utiliser l’équation du mouvement 2.24 au temps tn+1 , on va l’utiliser au temps tn ÿn = f (tn , yn , ẏn ) (2.29) En substituant 2.28 dans cette dernière on obtient yn+1 h2n = yn + hn ẏn + f (tn , yn , ẏn ) 2 (2.30) On voit alors clairement la formulation explicite de la méthode. La solution à tn+1 s’obtient uniquement à partir de la solution au pas de temps précédent. En pratique toutefois, cette méthode ne s’implémente pas directement de cette manière. On préfère réécrire les équations 2.28 de manière à utiliser les vitesses au temps tn +hn /2. Une telle approche permet d’éviter le calcul de h2n qui peut induire des erreurs numériques en raison de sa petitesse. Appliquée à l’équation du mouvement issus des éléments finis, cette méthode présente une complexité exceptionnellement faible si la matrice de masse est diagonale [46]. Conclusion Dans cette dernière partie, nous nous sommes attachés à présenter les différents méthodes qui existent pour intégrer les équations du mouvement. La variable indépendante est le temps, cependant elles peuvent très bien être appliquées pour toutes les équations différentielles ordinaires. Notamment, nous verrons dans les techniques de continuation l’utilisation 46 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE d’un paramètre quelconque du système comme variable de discrétisation. Les grands codes éléments finis implémentent généralement les méthodes d’ordre 2 que sont les algorithmes de Newmark et des différences centrées. Mais dans de nombreux articles, dès que l’on travaille sur des modèles avec quelques degrés de liberté, les auteurs se tournent vers des techniques d’intégration plus précises développées sur des systèmes d’ordre 1. Le choix du pas de temps est la difficulté principale dans une intégration temporelle. Lorsque le problème est linéaire, un schéma implicite est inconditionnellement stable et un schéma explicite est stable pourvu que le pas de temps soit inférieur à la plus petite période présente dans la réponse. En non-linéaire, ce raisonnement ne s’applique malheureusement plus. De plus, dans le cas d’un schéma implicite, un pas de temps trop grand ne conduit pas forcément à une divergence de la solution. Une approche basique pour résoudre ce problème serait de réaliser une deuxième intégration avec un pas de temps plus faible pour voir si on converge vers la même réponse. Mais on peut aussi effectuer un bilan énergétique entre deux pas de temps. Si sur un système non-linéaire conservatif l’énergie totale n’est pas constante, le pas de temps ou le schéma d’intégration choisi n’est pas adapté car il introduit trop d’amortissement numérique artificiel. Ces méthodes permettent d’obtenir les réponses transitoires des équations du mouvement. Utilisées pour déterminer les réponses stationnaires, elles peuvent s’avérer très coûteuses en temps de calcul. Mais ce sont les seuls outils qui permettent de calculer une réponse stationnaire chaotique, caractéristique des systèmes dynamiques non-linéaires. Toutefois lorsque nous sommes en mesure d’émettre des hypothèses quant à la nature de la solution finale, on peut profiter d’autres outils qui réduisent considérablement le temps de calcul. Généralement lorsque l’excitation est périodique, on est en droit de supposer que la réponse convergera vers un régime stationnaire périodique. Les deux prochaines sections présentent différentes approches dans le domaine temporel et dans le domaine fréquentiel pour résoudre ce problème. 2.3. MÉTHODES TEMPORELLES 2.3.2 47 Méthodes de tirs La méthode la plus directe pour déterminer une solution périodique d’un système dynamique est de choisir une condition initiale quelconque et d’intégrer grâce à une des méthodes exposées précédemment. Elle permet de déterminer aisément toutes les réponses qu’un système non-linéaire peut exhiber. Même si cette approche est clairement la plus générale et la plus facile à implémenter elle présente au moins un inconvénient majeur : l’obtention du régime stationnaire peut s’avérer très longue pour des systèmes faiblement amortis. Dans la suite, nous nous attachons donc à présenter des méthodes qui permettent de déterminer directement une solution périodique. Pour ce faire, il faut émettre une hypothèse concernant la périodicité de la réponse, ici nous la prendrons égale à T . Précisons que cette période n’a aucun lien avec la fréquence d’excitation, puisque ces méthodes peuvent s’appliquer sur des systèmes auto-excités. Quelques exemples d’applications de cette méthode se trouvent dans les articles de Sundararajan et Noah [51] (calcul de la réponse dynamique de rotor) ainsi que Peeters et al. [52] (calcul de modes non-linéaires). Cette méthode est définie par les mathématiciens comme un problème de conditions aux limites (boundary value problem), par opposition au problème de Cauchy qui est un problème de conditions initiales (initial value problem). Il se pose en ces termes Soit f : [t0 , t0 + T ] × Rn 7−→ Rn Cherchons ẏ(t) = f (t, y(t)) (2.31) où y(t0 ) = y(t0 + T ) = y0 Ces méthodes vont être basées sur les méthodes d’intégrations temporelles. En effet, en choisissant une condition initiale y0 , on va intégrer jusqu’à t0 + T et regarder la valeur de la solution. Si la condition initiale a été choisie sur la trajectoire périodique, la solution à t0 + T sera égale à la condition initiale, sinon il va falloir corriger la condition initiale pour se rapprocher de la trajectoire périodique. Ce problème est équivalent à chercher les zéros de la fonction vectorielle H(y0 ) = y(t0 + T, t0 , y0 ) − y0 (2.32) La résolution de ce système d’équations non-linéaires va se faire avec une procédure itérative (0) de Newton-Raphson. A partir d’une condition initiale y0 on va chercher la correction à appliquer à chaque itération k afin d’aboutir à la solution finale y(t) à une tolérance près. Cette démarche est illustrée dans la figure 2.9 pour un problème à deux dimensions. L’algorithme de Newton demande de connaître l’expression de la jacobienne de H à chaque itération ∂H ∂y = (t0 + T, t0 , y0 ) − I (2.33) ∂y0 ∂y0 Où I est la matrice identité. La différentiation du premier terme du second membre par 48 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Fig. 2.9: Schéma itératif de la méthode de tir rapport au temps donne ∂ ∂t ∂y ∂y0 ∂ = ∂y0 ∂y ∂t = ∂f ∂f ∂y = ∂y0 ∂y ∂y0 ∂y vérifie l’équation différentielle ordinaire ∂y0 ∂f ∂y ∂y ∂ (t, t0 , y0 ) = (t, y(t, t0, y0 )) (t, t0 , y0) ∂t ∂y0 ∂y ∂y0 (2.34) Et on remarque alors que avec les conditions initiales ∂y (t0 , t0 , y0 ) = I ∂y0 (2.35) (2.36) car y(t0 , t0 , y0) = y0 . Ainsi la matrice ∂y/∂y0 à l’instant t0 + T peut se déduire de l’intégration de l’équation différentielle 2.35 avec les conditions initiales 2.36. Une autre approche consisterait à calculer la jacobienne par différences finies : ce qui revient à intégrer l’équation du mouvement à partir de la condition initiale y0 perturbée selon toutes les directions. Quoiqu’il en soit, le calcul de la matrice jacobienne demande de réaliser n intégrations d’un système différentiel à n dimensions. On s’aperçoit très vite que le temps de calcul devient excessif lorsque le nombre de degrés de liberté augmente. Pour réduire le temps de calcul, il est possible d’utiliser des procédés de mise à jour de la matrice jacobienne avec des méthodes quasi-Newtonniennes (voir section 2.2) cependant ils en dégradent la qualité. Ceci ne serait a priori pas un problème si l’obtention de la solution périodique était notre 2.3. MÉTHODES TEMPORELLES 49 seul objectif. En effet, contrairement à une intégration temporelle directe qui ne fournit que des solutions stables, une méthode de tir est en mesure de déterminer les solutions périodiques instables. Il faut donc pouvoir étudier la stabilité de la solution périodique trouvée. Pour ce faire, une connaissance précise de la matrice ∂y/∂y0 est nécessaire [53] car la stabilité dépend de ses valeurs propres comme nous le verrons dans la section 2.6. 2.3.3 Méthode de tirs multiples Cette méthode est une extension directe de la méthode précédente à la différence près que la période T est découpée en M sous intervalles [ti , ti+1 ] avec tM = t0 + T . Le principe est identique : l’équation du mouvement est intégrée sur chaque intervalle à partir d’un ensemble de conditions initiales y(ti). Ce processus est illustré dans la figure 2.10. Il faut Fig. 2.10: Schéma d’une méthode de tirs multiples évidemment assurer la continuité de la solution entre deux intervalles de temps : l’état final de l’intégration sur l’intervalle [ti , ti+1 ] doit correspondre à l’état initial sur l’intervalle [ti+1 , ti+2 ]. Cela est équivalent à chercher les zéros de la fonction H suivante H1 (y0 , y1) .. . H(Y ) = Hi (yi−1 , yi ) .. . HM (yM −1, y0 ) = y(t1 , t0 , y0 ) − y0 .. . y(ti , ti−1 , yi−1 ) − yi−1 .. . y(t0 + T, tM −1 , yM −1) − y0 (2.37) t où Y = y0t y1t · · · yM −1 . Comme précédemment la résolution de H(Y ) = 0 se fait avec une méthode de Newton-Raphson qui nécessite encore une fois la connaissance de la matrice 50 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE jacobienne dont la formule est donnée ci-dessous ∂H1 0 ··· ∂y0 −I ∂H2 0 −I ··· ∂y1 ∂H .. .. .. (Y ) = . . . ∂Y ∂HM −1 0 0 ··· ∂yM −2 −I 0 ··· 0 0 0 .. . −I ∂HM ∂yM −1 (2.38) Les blocs diagonaux de cette matrice sont alors évalués par une des deux méthodes présentées dans le paragraphe précédent. Ce découpage de la période permet d’améliorer la convergence de la méthode [53]. Cela est en partie liée aux erreurs d’amplitude et de périodicité introduite par l’intégrateur temporel. Un autre avantage considérable de cette méthode est la possibilité de calculer les blocs diagonaux indépendamment les uns des autres, ce qui rend cette méthode facilement implémentable dans une architecture de calculs parallèles. En revanche, même s’il faut moins d’itérations dans la procédure de Newton-Raphson, la taille du système à résoudre passe de n à n × M, ce qui peut s’avérer problématique si l’on travaille avec de nombreux degrés de liberté. (0) Il faut bien voir que la réussite de ces méthodes de tirs dépend du point de départ y0 . Plus cette estimation initiale est proche de la solution finale, plus la convergence sera rapide. Par contre lorsque l’on se situe loin de la solution, il se peut que l’algorithme ne converge pas. Afin de pallier cette difficulté on couple en général ces méthodes de tirs avec des méthodes de continuation, où les premiers pas sont "faciles" à déterminer. 2.3.4 Méthode des différences finies Cette méthode est une alternative à la méthode de tir [54]. Son principe est simple, il s’agit de s’appuyer sur un schéma d’intégration et d’y introduire la contrainte de périodicité. La période [0, T ] est tout d’abord découpée en M intervalles réguliers [ti , ti−1 ] = ∆t. L’objectif est alors de trouver une valeur approchée yi de la solution exacte y(ti ) au temps ti grâce aux différences finies. En utilisant une différence finie centrée pour approximer la dérivée dy/dt au temps ti+∆t/2 et une approximation de la fonction f par une règle trapezoïdale, on obtient les équations 1 (ti+1 − ti ) [f (ti+1 , yi+1) + f (ti , yi )] 2 avec i ∈ [0, M − 1] yi+1 − yi = Associées à la condition de périodicité yM = y0 , on a un système d’équations algébriques 2.4. MÉTHODES FRÉQUENTIELLES 51 non-linéaires qui va se résoudre avec une méthode de Newton. Il faut noter que pour obtenir une précision acceptable, la période T doit être discrétisée finement. Ce qui engendre rapidement des systèmes de grande taille (n×M). C’est pourquoi c’est une méthode assez peu utilisée en dynamique. Toutefois, elle peut déterminer plus facilement un cycle limite très instable qu’une méthode de tir car elle est moins sensible aux conditions initiales [54]. 2.3.5 Conclusion Selon notre besoin, les méthodes temporelles peuvent déterminer les solutions périodiques ou stationnaires. L’intégration temporelle permet de calculer tous les types de comportements non-linéaires avec des temps de calcul qui peuvent être longs. Les méthodes de tir utilisent à bon escient l’hypothèse de périodicité de la réponse mais ne sont pas capables de prévoir des régimes chaotiques ou quasi-périodiques. Les méthodes présentées dans la suite tirent aussi profit de l’hypothèse de périodicité de la solution finale, mais opèrent dans le domaine fréquentiel au lieu du domaine temporel. 2.4 Méthodes fréquentielles Tout comme une méthode de tirs ou de différences finies, les méthodes fréquentielles ont pour objectif de déterminer directement la réponse stationnaire et périodique d’une équation différentielle ordinaire sans passer par le calcul de la réponse transitoire. Lorsque le système est entièrement linéaire une excitation harmonique de période T va engendrer une réponse harmonique de même période. Dans la théorie linéaire une équation du mouvement libre de la forme ẍ + 2ξ ẋ + ω02x = f0 cos(ωt) (2.39) possède une solution de la forme x(t) = acos(ωt) + bsin(ωt) (2.40) où a et b dépendent de l’amplitude de l’excitation f0 , du taux d’amortissement ξ, et de la pulsation propre ω0 . Malheureusement, lorsque le système présente des non-linéarités, la solution n’est pas aussi immédiate car la réponse ne se décompose pas sur une seule harmonique. Les non-linéarités peuvent venir exciter d’autres harmoniques. Toutefois, il n’est pas absurde de supposer, sous certaines conditions, que la réponse de notre système sera quand même périodique (et pas forcément de même période que l’excitation) et qu’il sera possible de la décomposer en série de Fourier. Cette approche correspond à la méthode dite de la balance harmonique. Dans la suite nous allons la présenter sous ces différentes variantes. 52 2.4.1 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE La méthode de la balance harmonique Initialement présentée comme un outil analytique par Cesari [55] dans les années 60, cette méthode est de loin la plus efficace pour déterminer les réponses stationnaires d’une équation différentielle à condition que l’on puisse supposer que la solution possède une harmonique dominante. Toutefois si la réponse requiert plus d’harmoniques, cette approche se revèle inexacte. Dans les années 80, Lau [56, 57] développe l’incremental harmonic balance method et Ferri [58] la Galerkin/Newton method (GNR) qui permettent de prendre en compte plus d’harmoniques. Ferri [59] montrera que les deux méthodes sont équivalentes et diffèrent uniquement dans l’ordre dans lequel sont appliquées les procédures de Galerkin et de Newton/Raphson. Dans ces méthodes, il faut encore réaliser beaucoup de développements analytiques mais toute la résolution se fait de manière numérique. Les études paramétriques deviennent alors moins lourdes à réaliser. Toutefois, le travail analytique est encore long et peut induire facilement en erreur (Ferri [60]). Ling [61] et Cameron [62], en se basant sur les travaux de Urabe [63], apportent la solution à ce problème en proposant une méthode qui ne requiert plus aucun calcul analytique : the alternating time/frequency method (AFT). Dans ce cas les efforts non-linéaires sont calculés dans le domaine temporel, puis grâce à une transformée de Fourier sont déterminés dans le domaine fréquentiel. Mise en équation du problème fréquentiel L’hypothèse principale dans une balance harmonique consiste à supposer que la réponse d’un système non-linéaire à une excitation périodique est périodique. Evidemment ce n’est pas toujours le cas, même pour un oscillateur très simple des oscillations chaotiques peuvent apparaître, comme nous l’avons vu dans l’introduction de ce chapitre. L’étape qui suit est commune à toutes les variantes de la balance harmonique que nous allons présenter. La solution en déplacement U de l’équation du mouvement matriciel 1.49 étant supposée périodique, elle peut être décomposée en série de Fourier : U(t) = Uc0 + ∞ X k k Uck cos(2π f t) + Usk sin(2π f t) n n k=1 (2.41) Uck est le vecteur des coefficients de Fourier associés au cosinus et Usk au sinus, f est la fréquence d’excitation et n est un entier qui permet de prendre en compte un rapport entier entre la fréquence fondamentale de l’excitation et celle de la réponse (en d’autres termes, il permet de déterminer des solutions qui ont une période n fois plus grande que l’excitation). En substituant (2.41) dans l’équation (1.49) on obtient le résidu suivant dans le domaine 2.4. MÉTHODES FRÉQUENTIELLES 53 temporel ∞ X k 2 k k c s (K − (2π f ) · M) · Uk + 2π f C · Uk · cos(2π f t) R(t) = K · U0 + n n n k=1 ∞ X k 2 k k s c (K − (2π f ) · M) · Uk − 2π f C · Uk · sin(2π f t) − Fnl − Fext + n n n k=1 Pour déterminer les coefficients de Fourier, nous allons appliquer une méthode de résidus pondérés bien connue dans le domaine de calcul par éléments finis [64]. Il s’agit de projeter la solution exacte sur une base complète (ce que nous venons de faire) et de minimiser la projection du résidu sur une autre (ou la même) base complète. Dans la balance harmonique, on utilise naturellement la même base de Fourier et une telle procédure est dite de Galerkin. C’est pourquoi certains auteurs se réfèrent à la méthode Galerkin-Newton-Raphson [61, 63, 59]. La projection du résidu sur la base de Fourier amène à n/f k R · cos(2π f t) = 0 où k ∈ [0, ∞[ n 0 Z n/f k R · sin(2π f t) = 0 où k ∈ [1, ∞[ n 0 Z En pratique, il n’est pas possible de résoudre cet ensemble infini d’équations, c’est pourquoi on ne retient généralement que les Nh premières harmoniques. Grâce aux propriétés d’orthogonalités des fonctions trigonométriques et en regroupant les termes correspondants à chaque harmonique on obtient le système d’équations suivant Λ · Ũ = F̃nl + F̃ext où Λ = K 0 ··· 0 0 λ1 · · · 0 .. .. . . .. . . . . 0 0 · · · λ Nh (2.42) k ∈ [1, Nh ] k 2 k 2π f · C K − (2π n f ) · M n et λk = k k 2 −2π f · C K − (2π f ) · M n n Ũ, F̃nl et F̃ext sont respectivement les Nh premiers coefficients de Fourier du déplacement, 54 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE des efforts non-linéaires et de l’excitation extérieure Ũ = U0 Uc1 Us1 Uc2 · · · UcNh UsNh Fext,0 Fcext,1 Fsext,1 Fcext,2 · · · Fcext,Nh Fsext,Nh = Fnl,0 Fcnl,1 Fsnl,1 Fcnl,2 · · · Fcnl,Nh Fsnl,Nh F̃ext = F̃nl (2.43) Ici, nous avons vu comment transformer l’équation différentielle 1.49 du mouvement dans le domaine temporel en un système d’équations algébriques dans le domaine fréquentiel 2.42. En somme, nous cherchons à équilibrer les coefficients de Fourier du déplacement Ũ, c’est pourquoi l’ensemble de ces méthodes prend le nom générique de balance harmonique. Les variations dans les méthodes présentées dans la suite se résument aux différentes manières d’évaluer les coefficients de Fourier F̃nl des efforts non-linéaires et de résoudre le système d’équations non-linéaires 2.42 qui en découle. L’approche analytique L’approche la plus directe [55] consiste à calculer directement les coefficients de Fourier des efforts non-linéaires, sachant que généralement, on a leur expression explicite dans le domaine temporel en fonction du déplacement et de la vitesse Fnl (t) = Fnl U(t), U̇(t) (2.44) En reprenant la notation des équations (2.43), on peut écrire Fnl,0 Fcnl,k Fsnl,k Z f n/f = Fnl (t) dt n 0 Z k 2f n/f Fnl (t) cos 2π f t dt = n 0 n Z n/f 2f k = Fnl (t) sin 2π f t dt n 0 n avec k ∈ [1, Nh ] (2.45) Une fois ces coefficients de Fourier déterminés, on connaît tous les termes qui interviennent dans l’équation (2.42). Elle donne alors une relation entre l’amplitude de chaque harmonique k et la fréquence d’excitation f . Cette approche s’avère très précise et de nombreuses simplifications peuvent y être apportées lorsque la fonction non-linéaire est paire, impaire, ou linéaire par morceaux [65], etc... Toutefois, on voit bien que cette méthode peut s’avérer très fastidieuse car la résolution analytique n’est pas toujours évidente (et possible). De plus elle n’est pas spécialement adaptée aux études paramétriques car il faut reprendre tous les calculs si l’on veut modifier la forme de la non-linéarité ou le nombre d’harmoniques Nh [66]. 2.4. MÉTHODES FRÉQUENTIELLES 55 La balance harmonique incrémentale (IHB) ou la méthode de Galerkin Newton Raphson (GNR) Ces méthodes ont été développées pour réduire une partie du travail analytique à réaliser dans le cas précédent. Elles sont équivalentes [59] et apportent deux contributions à la résolution de l’équation (2.42). Premièrement, cette dernière n’est plus résolue de manière analytique mais numériquement avec un algorithme itératif de Newton (voir chapitre sur la résolution de systèmes d’équations non-linéaires 2.2). Deuxièmement, les intégrales, similaires à (2.45), sont évaluées numériquement. Cette méthode, grâce à la résolution entièrement numérique, permet retenir aisément plusieurs harmoniques dans le développement de Fourier. De ce fait, elle offre la possibilité de travailler sur des non-linéarités fortes qui nécessitent un développement sur plusieurs harmoniques et facilite les études paramétriques. Elle se révèle très efficace lorsque la nonlinéarité a une forme particulière [67]. Toutefois, elle possède encore quelques inconvénients : – les développements analytiques sont fastidieux (dans une moindre mesure), – les développements sont spécifiques à chaque type de non-linéarité, – les temps de calcul ne sont pas systématiquement plus courts qu’une intégration temporelle directe Alternating Frequency Time ou Fast Galerkin (FG) Pour pallier ces lacunes, Ling [61] et Cameron [62] dérivent l’IHB pour en faire une méthode généralisable à tout type de non-linéarité ne nécessitant aucun développement analytique. L’idée consiste à faciliter le calcul des coefficients de Fourier des efforts non-linéaires. Comme on connaît l’expression de ces efforts non-linéaires dans le domaine temporel, on pourrait les évaluer dans ce domaine et ensuite utiliser une transformée de Fourier discrète comme outil de conversion dans le domaine fréquentiel. Urabe [63] semble être le premier à se servir de cette stratégie. L’implémentation la plus efficace utilise les avantages de la transformée de Fourier rapide (FFT) développée par Cooley et Tukey [68] en 1965. Du coup, lors de la résolution du systèmes d’équations non-linéaires (2.42), on effectue les étapes suivantes à chaque itération F F T −1 FFT Ũ −→ U −→ Fnl = Fnl U(t), U̇(t) −→ F̃nl Dans cette formulation générale, la balance harmonique permet d’étudier tout type de non-linéarité sans devoir effectuer des développements analytiques. Elle ne restreint pas le choix du solveur à un Newton-Raphson et permet de réaliser très efficacement des études paramétriques. Une technique similaire est utilisée en mécanique des fluides [69, 66]. 56 2.4.2 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Réduction du système Si le modèle donnant l’équation (1.49) a N degrés de liberté dans le domaine temporel, il est facile de voir que le système matriciel (2.42) dans le domaine fréquentiel va être d’ordre N(2Nh + 1). Le temps de résolution va dépendre directement de cet ordre. Il peut s’avérer utile de condenser le système comme on le ferait avec une condensation de Craig et Bampton. Dans le domaine fréquentiel, une réduction exacte est possible à condition que les non-linéarités soient localisées (interfaces, liaisons). L’ordre du système fréquentiel va dépendre alors du nombre de degrés de liberté non-linéaire, ce qui peut représenter un gain considérable dans certains cas. Condensation sur les degrés de liberté non-linéaires Von Groll et Ewins [17] semblent être les premiers à proposer cette méthode de réduction. Il s’agit dans un premier temps de réorganiser les degrés de liberté de l’équation (2.42) selon les degrés de liberté non-linéaires (nl) et linéaires (ln) Λnl,nl Λnl,ln Λln,nl Λln,ln · Ũnl Ũln ! = F̃nl 0̃ ! + F̃ext,nl F̃ext,ln ! (2.46) Ce qui aboutit au système réduit suivant Λred · Ũnl = F̃ext,red + F̃nl (2.47) où Λred = Λnl,nl − Λnl,nl · Λ−1 ln,ln · Λln,nl F̃ext,red = F̃ext,nl − Λnl,nl · Λ−1 ln,ln · F̃ext,ln Si le modèle a Nnl degrés de liberté non-linéaires, la taille du système (2.47) à résoudre passe à Nnl (2Nh + 1). Une fois que ce dernier est résolu, il est facile de remonter aux déplacements linéaires par la relation F̃ − Λ Ũ (2.48) Ũln = Λ−1 · ln ln,nl nl ln,ln Cette réduction se révèle très efficace. Toutefois si la dimension de Λln,ln devient grande (au delà de 1000) il est nécessaire d’avoir un algorithme d’inversion de matrices qui soit optimisé pour l’architecture de l’ordinateur (par exemple en utilisant la librairie ATLAS associé à LAPACK). Pour des problèmes de très grande taille, c’est l’étape la plus consommatrice en temps de calcul. 2.4. MÉTHODES FRÉQUENTIELLES 57 Condensation sur les degrés de liberté relatifs Dans le cas de non-linéarités locales, la loi de comportement peut en général s’exprimer en fonction du déplacement relatif des deux corps (ce qui est courant dans le cas de nonlinéarités de contact ou de frottement). La figure 2.11 illustre ce propos. Fig. 2.11: L’effort non-linéaire en fonction du déplacement relatif Si aucune autre source de non-linéarité affecte les degrés de liberté, la condensation du paragraphe précédent peut être appliquée. Nacivet [70] propose alors de profiter de la forme particulière de l’effort non-linéaire pour pousser la réduction plus loin. En réorganisant les degrés de liberté selon les corps 1 et 2, nous avons ! ! ! 1,1 1 1 1 F̃ F̃ Λred Λ1,2 Ũ ext,red nl nl red (2.49) + = · 2,2 2 2 2 Λ2,1 Λ F̃ F̃ Ũ ext,red nl nl red red En posant le déplacement relatif ŨR = Ũ1nl − Ũ2nl (2.50) et en remarquant qu’en vertu du principe de l’action et de la réaction F̃1nl = −F̃2nl , nous obtenons l’équation réduite ΛR · ŨR = F̃ext,R + F̃1nl (2.51) avec ΛR = −1 Λ1,1 red F̃ext,R = ΛR · h + −1 Λ2,2 red Λ2,2 red −1 − −1 Λ1,2 red − Λ1,2 red −1 − −1 Λ2,1 red −1 i −1 2,1 −1 1 F̃2ext,red − Λ2,2 F̃ − Λ ext,red red red Une fois que l’équation (2.51) est résolue, F̃1nl est connue, F̃2nl l’est également. Par inversion du système (2.49) (qui est linéaire cette fois), on peut déterminer directement Ũ1nl et Ũ2nl . Ces réductions successives permettent de réduire un système initial de dimension N(2Nh +1) à Nnl /2(2Nh + 1). 58 2.4.3 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Conclusion Ces méthodes de balance harmonique dans le domaine fréquentiel permettent de tirer profit de l’hypothèse de périodicité de la solution finale. Nous verrons dans la suite du travail que l’obtention de la solution périodique est beaucoup plus rapide que par une intégration temporelle. Nous avons implémenté la méthode de balance harmonique avec la procédure AFT pour évaluer les forces non-linéaires. C’est cette méthode qui semble la plus souple et qui permet de faire varier facilement le nombre d’harmoniques retenu ainsi que les types de non-linéarités. De plus, afin de limiter la taille des systèmes à résoudre par une méthode de type Newton, nous utilisons les deux méthodes de condensation présentées précédemment. 2.5. TECHNIQUES DE SUIVIE DE SOLUTIONS PÉRIODIQUES 2.5 59 Techniques de suivie de solutions périodiques Dans les sections précédentes, nous avons présenté différentes méthodes qui permettent de calculer la réponse périodique d’un système dynamique. Le succès de ces méthodes dépend fortement du point de départ utilisé dans l’algorithme de Newton pour résoudre le système d’équations non-linéaires. Dans la suite, nous allons donc présenter quelques méthodes, qui se regroupent sous l’appellation techniques de continuation (path-following methods) et qui permettent d’améliorer l’estimation initiale de la réponse. Leur principe est simple : en partant d’un endroit où l’obtention de la solution est facile (par exemple d’un endroit où la réponse est linéaire), on va avancer par petits pas vers une zone où l’obtention de la solution est plus compliquée. Et tout cela en fonction d’un paramètre de contrôle choisi par l’opérateur. Il peut s’agir d’une amplitude, d’une fréquence d’excitation ou d’un taux d’amortissement, etc... Une telle méthode est naturellement bien adaptée aux études paramétriques et tout particulièrement à l’obtention des diagrammes de bifurcation du système étudié. Que l’on utilise des méthodes temporelles ou fréquentielles pour déterminer la réponse périodique d’un système, nous avons vu que le problème se résumait à chercher les zéros d’une fonction H qui dépend des variables y du problème. Soit λ un paramètre quelconque du système que nous prenons comme variable de contrôle. H dépend implicitement de λ et la recherche de la solution périodique peut alors s’écrire sous la forme H(y, λ) = 0 (2.52) L’objectif d’une méthode de continuation est de tracer la suite de points (yk , λk ) déterminants la solution trouvée au pas k. Cette démarche s’apparente à celle utilisée lors de la résolution des équations différentielles ordinaires (voir section 2.3). En effet, il est possible de faire l’analogie entre le problème aux conditions initiales 2.18 et 2.52. En écrivant la différentielle de 2.52 on obtient dH = ∂H ∂H dy + dλ = 0 ∂y ∂λ (2.53) ce qui permet d’écrire l’équation différentielle ordinaire d’ordre 1, similaire au problème 2.18 −1 ∂H ∂H dy =− (y, λ) (2.54) (y, λ) · dλ ∂y ∂λ Dans les techniques présentées ci-dessous, on a recours à des méthodes d’intégration basées sur une approche par prédiction-correction. Au pas k, on estime dans un premier temps une solution (ŷk , λ̂k ) de l’équation 2.52 à l’aide des solutions calculées aux pas précédents. Les prédicteurs sont nombreux et reprennent ceux utilisés dans l’intégration numérique. On peut employer une prédiction sécante, tangente, polynomiale, ou d’Adams-Bashforth, etc... Ensuite on corrige cette estimation avec un correcteur, généralement un algorithme 60 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE de Newton (voir section 2.2), pour trouver la solution (yk , λk ). 2.5.1 Continuation séquentielle C’est la technique de continuation la plus simple et la plus directe à implémenter. A chaque pas de l’algorithme, on cherche une solution yk de 2.52 pour un paramètre de contrôle λk donné et fixe. Pour assurer la continuation d’un pas à l’autre, l’estimation est en général la solution yk−1 trouvée au pas précédent d’où (ŷk , λ̂k ) = (yk−1 , λk ) (2.55) Ce couple est alors utilisé comme point de départ de l’algorithme de Newton qui permettra de résoudre l’équation 2.52. La figure 2.12 représente graphiquement cette démarche pour deux pas de continuation. Nous voyons que pour la recherche de la solution au pas k tout se Fig. 2.12: Continuation séquentielle (–) solution exacte (· · · ) prédiction (- -) correction passe bien car il existe une solution yk pour λk = λk+1 . Au voisinage du point de retournement (comportement habituel dans un système non-linéaire), aucune solution n’est trouvée au pas k + 1. Pourtant la solution prédite (yk , λk+1) n’est pas très loin de la solution exacte. Le problème vient du fait que l’on cherche yk+1 à λk+1 fixé. Cette méthode s’utilise couramment sur les systèmes linéaires mais peut présenter des insuffisances sur des systèmes non-linéaires. L’approche suivante comble cette lacune en considérant que le paramètre de contrôle est une inconnue supplémentaire. 2.5. TECHNIQUES DE SUIVIE DE SOLUTIONS PÉRIODIQUES 2.5.2 61 Continuation par paramétrisation de la longueur d’arc Ces méthodes considèrent que λ est une inconnue au moment de la résolution de 2.52. Pour assurer la fermeture du problème, il faut rajouter une équation de contrainte supplémentaire. L’idée consiste à paramétrer la courbe de réponse par son abscisse curviligne s, et non plus par le paramètre de contrôle. Comme on ne peut pas connaître l’abscisse curviligne de la courbe de réponse réelle, elle est approximée par la longueur de la ligne brisée définie par l’ensemble des couples (yk , λk ). La longueur d’arc se calcul ainsi à chaque pas k sk = sk−1 + ∆sk pour k ≥ 0 où ∆sk est une variable d’entrée à chaque pas. Elle détermine la longueur du pas sur l’arc à chaque itération. L’initialisation se fait naturellement en posant s0 = 0. Continuation arclength Dans une continuation arclength, on va chercher une solution qui se trouve à l’intersection entre la courbe de réponse exacte et une hypersphère de rayon ∆s centrée autour du point (yk−1, λk−1 ) trouvé au pas précédent. On va chercher à résoudre le système augmenté suivant ( H(yk , λk ) = 0 kyk − yk−1k2 + (λk − λk−1 )2 − ∆s2k = 0 (2.56) La figure 2.13 illustre la progression de l’algorithme avec l’utilisation d’un prédicteur sécant. C’est une prédiction extrêmement simple. Elle consiste à écrire ŷk λ̂k yk−1 − yk−2 ∆sk−1 λk−1 − λk−2 = λk−1 + ∆sk−1 = yk−1 + La figure 2.13 illustre la démarche de prédiction correction au voisinage d’un point de retournement. Cette fois, comme le paramètre de contrôle est une inconnue, l’algorithme peut trouver une solution après un point de retournement. Continuation pseudo-arclength Une autre possibilité consiste à rechercher la solution à l’intersection de la courbe de réponse et d’un hyperplan orthogonal à la tangente de la courbe au point (yk , λk ) et situé à une distance ∆s de ce dernier. L’équation de la tangente s’obtient en écrivant que la différentielle de H par rapport à s est nulle sur un point de la courbe de réponse (car H est nulle), soit ∂H ∂H ∂H λ̇ = 0 = ẏ + ∂s ∂y ∂λ (2.57) 62 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Fig. 2.13: Continuation arclength avec une prédiction sécante (–) solution exacte (· · · ) prédiction (- -) correction où ẏ et λ̇ sont les dérivées par rapport à s. En normalisant les composantes du vecteur directeur de la tangente kẏk2 + λ̇2 = 1 (2.58) on peut écrire le système augmenté à résoudre ( H(yk , λk ) = 0 t ẏk−1 (yk − yk−1 ) + λ̇k−1 (λk − λk−1 ) − ∆sk =0 (2.59) La deuxième équation de 2.59 définie l’hyperplan qui est orthogonal à la tangente unitaire au point (yk−1, λk−1 ). Cette équation découle de la linéarisation de l’équation de l’hypersphère définie en 2.56. ∆s représente la distance à laquelle on place l’hyperplan par rapport à la solution (yk−1, λk−1). En conséquence, la nouvelle solution (yk , λk ) ne se trouvera pas à une distance ∆s de l’ancienne comme dans une continuation arclength. La procédure est illustrée dans la figure 2.14 avec une prédiction tangente. Cette prédiction vient naturellement avec une continuation pseudo-arclength car le vecteur directeur de la tangente doit être calculé pour imposer la contrainte dans 2.59. Mais a priori, rien n’empêche l’utilisation d’un autre prédicteur à condition que le point prédit soit dans l’hyperplan. Si pour la continuation arclength on est sûr de pouvoir trouver une intersection entre la courbe de réponse et l’hypersphère, ce n’est pas toujours le cas dans la continuation pseudoarclength. Avec une tangente proche de l’horizontale sur la figure 2.14, le plan orthogonal à la tangente ne coupe pas la courbe solution. Dans ce cas, on rencontrerait certainement des problèmes de convergence puisque la prédiction serait loin de la solution exacte. Ces problèmes peuvent toutefois être limités en prenant un ∆sk suffisamment petit. 2.5. TECHNIQUES DE SUIVIE DE SOLUTIONS PÉRIODIQUES 63 Fig. 2.14: Continuation pseudo-arclength avec une prédiction tangente (–) solution exacte (· · · ) prédiction (- -) correction Quelques précisions concernant le prédicteur tangent Le prédicteur tangent consiste à prendre le point (ŷk , λ̂k ) dans la direction de la tangente à la courbe de réponse au point (yk−1, λk−1). Pratiquement, cette étape va se dérouler ainsi. En utilisant les équations 2.57 et 2.58, et en remplaçant les dérivées avec des différences finies on obtient les relations suivantes entre la solution prédite au pas k et la solution connue au pas k − 1 ∂H ∂H ∆λk = 0 ∆yk + ∂y |k−1 ∂λ |k−1 (2.60) 2 k∆yk k2 + ∆λ2 = ∆sk k où ∂H/∂y |k−1 et ∂H/∂λ|k−1 sont les dérivées partielles à la solution (yk−1 , λk−1). La première équation de 2.60 donne la direction et la seconde la distance de la prédiction. Comme on a aussi ∆yk = ŷk − yk−1 et ∆λk = λ̂k − λk−1 , la résolution conduit au couple (ŷk , λ̂k ) suivant ∆s v λ̂ = λ + ∆λ = λ ± k k−1 k k−1 2 u !−1 u u ∂H ∂H +1 t · ∂y ∂λ |k−1 |k−1 (2.61) ! −1 ∂H ∂H · (λ̂k − λk−1 ) · ŷk = yk−1 + ∆yk = yk−1 − ∂y |k−1 ∂λ |k−1 Naturellement, ce couple vérifie l’équation de paramétrisation des continuations de type arclength et pseudo-arclength. Toutefois, on remarque qu’il reste une incertitude sur le signe de ∆λk . Le choix s’effectue afin de préserver le même sens de parcours sur la courbe de réponse. Pour cela, on recquiert que le produit scalaire entre les vecteurs tangents aux 64 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE points (yk−1 , λk−1) et (yk , λk ) soit positif [51]. On commence donc par choisir arbitrairement le signe positif pour ∆λk . Si après résolution on ne vérifie pas l’inégalité t ∆yk−1 · ∆yk + ∆λk−1 · ∆λk > 0 (2.62) on recalcule la solution avec −∆λk . Cette procédure évite de fournir une estimation qui se trouve vers une partie de la courbe déjà calculée et évite de revenir en arrière. Toutefois il existe un autre inconvénient à ce prédicteur : il ne peut s’utiliser tel quel au voisinage d’un point de retournement. En effet, la jacobienne ∂H/∂y est singulière à un point de retournement. Il est donc impossible d’obtenir les incréments à partir de 2.61. En réalité il y a peu de chance de tomber exactement sur ce point, mais à son voisinage la jacobienne peut être mal conditionnée, engendrant des problèmes purement numériques. Pour traiter ce cas particulier, le moyen le plus simple consiste à remplacer l’équation de normalisation de 2.60 avec une autre (voir [71, 52]). Lors de la mise en oeuvre de ces méthodes de continuation, il existe des techniques supplémentaires de gestion du pas et de mise à l’échelle qui sont importantes pour rendre l’algorithme plus efficace et plus robuste. Afin de ne pas alourdir cette partie, ces aspects pratiques sont traités dans l’annexe A. 2.5.3 Conclusion Dans cette section, nous avons présenté différentes techniques de continuation qui permettent de suivre une solution en fonction d’un paramètre donné. Dans les calculs statiques, elles permettent de déterminer les solutions des systèmes après le flambement d’une structure, et en dynamique elles permettent de tracer les courbes de réponses en fréquence non-linéaires. Dans nos travaux, nous avons implémenté la méthode de continuation arclength, car elle évite tous les problèmes numériques liés à l’utilisation de la prédiction tangente. 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 2.6 65 Etude de la stabilité Dans les sections précédentes de ce chapitre, nous avons vu des méthodes permettant de déterminer la réponse périodique d’une équation différentielle ordinaire, et plus spécifiquement de l’équation du mouvement. Vis-à-vis de la stabilité de la solution, ces méthodes ne sont pas toutes équivalentes. En partant d’une condition initiale donnée, une intégration temporelle directe va traverser une phase transitoire avant de se stabiliser sur une solution périodique si elle existe. En conséquence, une intégration temporelle directe ne fournira que des solutions stables ou divergentes. Par contre, les formulations associées à la méthode de tirs, de différences finies ou de balance harmonique offrent la possibilité de déterminer les solutions périodiques instables du système. Il devient alors nécessaire de se doter d’outils qui nous permettent de déterminer la nature de la solution périodique calculée, c’est-à-dire stable ou instable. Nous fournirons dans ce paragraphe quelques définitions de la stabilité et nous présenterons les outils pratiques qui permettent le calcul de la stabilité dans le domaine temporel et fréquentiel. 2.6.1 Quelques définitions Il existe de nombreuses définitions de la stabilité d’une solution y du problème de Cauchy 2.18 ou du problème de conditions aux limites 2.31. Voici les définitions les plus courantes. 1. Stabilité au sens de Lagrange Une solution est stable au sens de Lagrange si elle est bornée ∃ M > 0 tel que ∀ t ky(t)k2 ≤ M Cette définition est très générale car elle englobe toutes les réponses bornées d’un système dynamique. 2. Stabilité au sens de Lyapunov Une solution est stable au sens de Lyapunov si ∀ ǫ > 0, ∃ δ > 0 / ∀ z kz(t0 ) − y(t0 )k < δ ⇒ ∀ t > t0 kz(t) − y(t)k < ǫ où z est une autre solution dont les conditions initiales sont proches de y. Si de plus on a limt→∞ kz(t) − y(t)k = 0 alors la stabilité est qualifiée d’asymptotique. Cependant, cette définition est trop restrictive pour l’étude de la stabilité des systèmes dynamiques. En effet, en partant de deux conditions initiales très proches, cette définition impose que les réponses restent proches l’une de l’autre pour tout temps t. Or, comme il est courant dans des systèmes non-linéaires, la période des oscillations peut être fonction des conditions initiales. Dans ce cas, on pourra toujours trouver CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE 66 un temps t pour lequel les deux solutions ne seront pas proches, même si l’amplitude des oscillations sont très proches. 3. Stabilité au sens de Poincaré Une solution est stable au sens de Poincaré si ∀ ǫ > 0, ∃ δ > 0 et τ > t0 / ∀ z kz(τ ) − y(t0 )k < δ ⇒ ∃ t1 > t0 et t2 > t0 / kz(t1 ) − y(t2 )k < ǫ Cette définition élargit la définition précédente, elle présente la notion de stabilité orbitale. On examine comment la trajectoire (ou cycle limite) d’une autre solution reste proche de la trajectoire étudiée. Si, de plus, la trajectoire de l’autre solution tend vers la trajectoire étudiée alors la solution y est qualifiée d’asymptotiquement stable. C’est cette dernière définition de stabilité asymptotique qui va nous intéresser pour l’étude de la stabilité locale des solutions périodiques. Le théorème de Hartman-Grobman [72, 73] fournit ensuite le cadre mathématique formel qui permet d’établir l’équivalence entre la stabilité du système non-linéaire et la stabilité du système linéarisé autour d’une solution périodique. 2.6.2 Théorie de Floquet La théorie de Floquet est celle qui est communément utilisée pour étudier la stabilité des solutions périodiques d’un système dynamique. Elle a été développée à l’origine pour déterminer la stabilité de systèmes linéaires à coefficients périodiques (voir [74]). Pour nous ramener à ce cadre formel il suffit de linéariser l’équation différentielle 2.18 autour d’une solution ye de période T . Soit δy une perturbation alors y(t) = ye (t) + δy (2.63) En remplaçant cette équation dans 2.18 et en développant à l’ordre 1 la fonction f , on obtient ˙ = f (ye , t) + ∂f δy + O kδyk2 ẏe (t) + δy (2.64) ∂y |ye Mais comme ye est solution du problème 2.18 on obtient ˙ ≈ Jf (ye , t)δy δy (2.65) où Jf (ye , t) est la jacobienne de la fonction f à la solution ye . Etant donné que ye est T -périodique, il en est de même pour Jf . Cependant, T n’est pas forcément la période minimale de cette matrice. Par exemple, si f contient des non-linéarités impaires, la jacobienne sera de période T /2. L’équation 2.65 s’intègre donc parfaitement dans le cadre de la 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 67 théorie de Floquet. D’après la théorie des équations différentielles linéaires, l’ensemble des solutions d’un système d’ordre n peut être engendré par n vecteurs libres. Soit δY une matrice ayant dans chaque colonne un de ces vecteurs. Toute solution s’exprime alors à partir de cette matrice fondamentale. Dans notre cas, Jf est périodique, donc toute base de la solution au temps t0 est aussi base de la solution au temps t0 + T . Ainsi, la base de l’ensemble des solutions au temps t0 + T est une combinaison linéaire de la base à l’instant t0 δY (t0 + T ) = Φ · δY (t0 ) (2.66) On s’aperçoit alors que l’évolution de la solution après m périodes va être étroitement liée à la matrice Φ qui s’appelle la matrice monodrôme δY (t0 + mT ) = Φm · δY (t0 ) (2.67) Les valeurs propres λi de cette matrice Φ sont les multiplicateurs de Floquet. Si elles sont distinctes, il est possible de la diagonaliser dans C Φ = P · D · P −1 (2.68) où D est la matrice diagonale contenant les valeurs propres λi , et P la matrice orthogonale de changement de base. Les vecteurs zi de la nouvelle base Z = δY · P ainsi formée sont solutions de 2.65. On peut alors écrire 2.66 sous une forme plus simple Z(t0 + T ) = D · Z(t0 ) soit zi (t0 + T ) = λi z(t0 ) (2.69) ce qui implique après m périodes zi (t0 + mT ) = λm i zi (t0 ) (2.70) On en conclut sans difficulté que chaque valeur propre λi fournit une mesure locale de la divergence de la solution ye (t) selon les directions des vecteurs propres. Si m → ∞ zi (t) → 0 zi (t) → ∞ si si |λi | < 1 |λi | > 1 En conclusion, lorsque toutes les valeurs propres sont dans le cercle unité, la solution ye est asymptotiquement stable. Lorsque une seule valeur propre est en dehors du cercle unité la solution est instable, et la direction d’instabilité est donnée par le vecteur propre associé. 68 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Lorsqu’un multiplicateur se trouve sur le cercle unité (|λi | = 1) la situation n’est plus aussi claire, et aucune conclusion quant à la stabilité ne peut être avancée : une analyse nonlinéaire de la stabilité est nécessaire (utilisation d’un développement de Taylor d’ordre 2 de f ). Ces cas correspondent à la transition entre un état stable et instable. Pour λi = 1, la solution particulière zi est T périodique. Pour λi = −1 la solution sera 2T périodique. Lorsque λi n’est pas réel, il existe une seconde valeur propre qui lui est conjuguée car la matrice monodrôme Φ est réelle. La combinaison des deux solutions particulières associées zi et z̄i donne une solution quasi-périodique. La première pulsation est de 2π/T et la seconde Im(λi ) ω = 2πarctan (2.71) Re(λi ) Si λi est une racine kième de l’unité, la solution est kT périodique et on retrouve les cas T et 2T périodiques qui correspondent aux racines simple et double de l’unité. La théorie de Floquet permet donc de calculer la stabilité locale d’une solution périodique à travers le calcul des valeurs propres de la matrice monodrôme. En fonction de ces valeurs propres, on peut déterminer vers quel type de réponses une solution instable va diverger. C’est ce que nous allons voir par la suite. 2.6.3 Bifurcations Une bifurcation correspond à un changement qualitatif du comportement du système (tel que le nombre ou le type de solutions) au cours de l’évolution d’un ou plusieurs paramètres dont dépend le système. Ainsi dans l’introduction de ce chapitre 2.1, nous avons vu l’évolution de la réponse stationnaire de l’oscillateur vibro-impactant en fonction de la pulsation d’excitation. Plusieurs bifurcations ont eu lieu entre la réponse périodique à ω = 0.73 et la réponse quasi-périodique à ω = 0.76. Précisons qu’une bifurcation locale est une modification du comportement du système au voisinage de la solution précédente. Tout autre changement qualitatif sera désigné par le terme bifurcation globale. Les bifurcations peuvent être classées en bifurcations continues ou discontinues. Une bifurcation continue est réversible sous une variation inverse des paramètres de contrôle. Une bifurcation discontinue est appelée aussi catastrophique car souvent elle modifie complètement l’amplitude de la solution. Les différentes bifurcations peuvent s’enchaîner et se composer d’une infinité de manières. De nombreux ouvrages [75] et articles [76, 77, 78, 7, 4, 79, 80] traitent exhaustivement d’un type de bifurcation en particulier, c’est pourquoi nous n’irons pas plus loin dans le classement. La théorie de Floquet permet de fournir l’information essentielle. Lorsqu’un paramètre du système évolue, une solution périodique initialement stable peut devenir instable. Cette bifurcation se produit lorsque le plus grand des multiplicateurs de Floquet atteint le cercle 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 69 unité. A ce point, plusieurs phénomènes peuvent se produire : le multiplicateur peut quitter le cercle unité de trois manières. Si le multiplicateur sort par +1, c’est une bifurcation du type cyclic fold. Si le multiplicateur sort par -1, c’est un dédoublement de période. Et enfin, si deux multiplicateurs complexes conjugués sortent du cercle unité, c’est une bifurcation secondaire de Hopf (ou de Neimark). La figure 2.15 illustre ces trois transitions. Fig. 2.15: Les principaux types de bifurcation en fonction de l’évolution des multiplicateurs de Floquet Retenons que les bifurcations de type cyclic fold et de dédoublement de période mènent vers une solution périodique par contre, une bifurcation secondaire de Hopf provoque en général un régime quasi-périodique. 2.6.4 Calcul pratique de la matrice monodrôme La théorie de Floquet fournit un cadre mathématique rigoureux pour déterminer la stabilité d’une solution périodique. Elle se ramène à étudier les valeurs propres de la matrice monodrôme. La partie réelle de celle-ci fournit l’enveloppe exponentielle de la solution de l’équation différentielle 2.65. Plusieurs stratégies, dépendantes de la méthode de résolution, sont alors possibles pour l’évaluation de la matrice monodrôme. Le calcul direct Nous avons dit dans la section 2.6.2 que l’ensemble des solutions de l’équation 2.66 aux temps multiples de t0 pouvait être donné par une base de vecteurs libres. Cette remarque permet de donner directement une méthode pour calculer la matrice monodrôme : la matrice identité I d’ordre n est une matrice fondamentale car elle représente une base libre. En intégrant une à une chaque colonne entre les instants t0 et t0 + T , on obtiendra une matrice 70 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE fondamentale au temps t0 + T , i.e. δY (t0 + T ) = ΦI (2.72) La matrice fondamentale résultante n’est autre que la matrice monodrôme. Le calcul des valeurs propres de cette matrice déterminera la stabilité de la solution ye . Le calcul de cette matrice est assez long, puisqu’il faut réaliser un total de n intégrations. Si nous travaillons sur une équation du mouvement classique avec N équations, il faut mettre cette équation sous la forme d’une équation d’état d’ordre n = 2N. Pour des systèmes de grandes tailles, de telles intégrations ne sont guère envisageables à l’heure actuelle. Procédure de Friedmann En pratique, il est courant d’approximer la matrice monodrôme en utilisant la procédure de Friedmann [81]. Celle-ci est basée sur les travaux de Hsu [82] et consiste à découper la période en un nombre fini M d’intervalles [tk , tk+1 ] sur lesquels la matrice jacobienne de H est supposée constante et égale à une valeur moyenne. Par exemple, on peut prendre Jf,k = Jf (yk , tk ) (2.73) Ainsi sur chaque intervalle l’équation 2.65 devient une équation différentielle à coefficients constants qui est intégrable analytiquement pour obtenir δyk+1 = exp (Jf,k · (tk+1 − tk )) · δyk (2.74) Les intégrations successives sur tous les intervalles conduisent à l’approximation suivante de la matrice monodrôme M Y exp (Jf,k · (tk−1 − tk )) (2.75) Φ≈ k=1 Cette formulation n’est toutefois pas pratique en calcul numérique. Il convient mieux d’approcher chaque exponentielle matricielle par un développement en série entière, on se limite alors à une troncature aux P premiers termes ! M P Y X (Jf,k · (tk−1 − tk ))j Φ≈ I+ (2.76) j! j=1 k=1 Les choix de M et P dépendent des applications et différents tests sont souvent nécessaires pour trouver un bon compromis entre précision et temps de calcul [83]. Des simplifications peuvent alléger le calcul de cette matrice. Si la matrice jacobienne Jf est de période T /2 alors que le mouvement est de période T , en intégrant sur une demi-période on obtient une matrice monodrôme Φ̃ qui est reliée à la matrice monodrôme réelle par la relation Φ = Φ̃2 (en vertu de la relation 2.67). Le temps de calcul se trouve ainsi divisé par deux. 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 71 Etude de la stabilité après une méthode de tir L’étude de stabilité sur une solution périodique déterminée par une méthode de tir 2.3.2 est facile car aucun calcul supplémentaire n’est nécessaire. En effet, la matrice monodrôme n’est autre que le terme ∂y/∂y0 évalué autour de la solution ye . Etude de la stabilité après une balance harmonique Alors que la stabilité s’étudie naturellement après une méthode de tir, ce n’est pas aussi direct après une méthode fréquentielle comme la balance harmonique 2.4. En effet, la solution obtenue est constituée des harmoniques du mouvement qui sont indépendantes du temps. Or la théorie de Floquet étudie l’évolution d’une perturbation dans le domaine temporel. L’approche la plus évidente consiste alors à réaliser une transformée inverse de Fourier sur la solution fréquentielle pour obtenir la réponse périodique dans le domaine temporel. On peut ensuite calculer par intégrations successives la matrice monodrôme et déterminer ses valeurs propres. En partant de l’équation du mouvement 1.49, le système linéarisé d’ordre 1 à résoudre est le suivant (2.77) Ẏ = A · Y où Y = (ǫ ǫ̇) T et A = 0 M−1 · −K + I ∂Fnl ∂U |U0 −M−1 · C U0 est la solution périodique, et ǫ la perturbation. On remarque que A est une matrice à coefficients constants, sauf pour le terme ∂Fnl /∂U|U0 qui est la jacobienne des efforts non-linéaires. La démarche suivie est résumée dans le graphique 2.16. Il faut toutefois remarquer que la solution périodique Ũ0 calculée par balance harmonique est une approximation de la solution réelle. Si la balance harmonique ne contient pas assez d’harmoniques, la jacobienne ∂Fnl /∂U|U0 ne sera pas assez précise. Or, la matrice monodrôme dépend directement de cette jacobienne. Etude de la stabilité dans le domaine fréquentiel Nous venons de voir que pour se raccrocher à la théorie de Floquet, il est nécessaire de repasser dans le domaine temporel après une balance harmonique. Pour éviter cet aller-retour entre le domaine temporel et fréquentiel, certains auteurs ont essayé de déterminer directe- 72 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Fig. 2.16: Démarche pour étudier la stabilité d’une solution périodique obtenue par balance harmonique 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 73 ment la stabilité d’une solution harmonique à partir de la réponse fréquentielle. Ainsi, Groll et Ewins [17] proposent une adaptation dans le domaine fréquentiel de la méthode de Hill qui s’utilise normalement dans le domaine temporel (voir [75]). Supposons que nous avons déterminé par balance harmonique une solution périodique Ũ0 de l’équation dans le domaine fréquentiel et imposons une perturbation à cette solution ǫ(t) = eαt s(t) k=∞ X k k c c s où s(t) = s0 + sk cos 2π f t + sk sin 2π f t n n k=1 (2.78) (2.79) Remarquons que la perturbation est aussi supposée décomposable en série de Fourier. En remplaçant U = U0 + ǫ(t) dans l’équation du mouvement et en réalisant une balance harmonique, on obtient h i (2.80) Λ · Ũ0 + Λ + αΛ̂ + α2 M̂ Ũ0 eαt = F̃nl Ũ0 + S̃eαt + F̃ext où S̃ est le vecteur des coefficients de Fourier de s(t). L’expression de Λ est connue par l’équation 2.42 et M̂ = diag(M, · · · , M) (2.81) et avec Λ̂ = C Λ̂1 .. . Λ̂k .. . Λ̂k C 2kωM Λ̂k = −2kωM C αt donne Un développement limité au premier ordre de F̃nl Ũ0 + S̃e ∂ F̃ nl F̃nl Ũ0 + S̃eαt ≈ F̃nl Ũ0 + · eαt S̃ ∂ Ũ |Ũ0 (2.82) (2.83) (2.84) Ce qui conduit au problème aux valeurs propres suivant, compte tenu de l’équation 2.42 " # ∂ F̃ nl Λ + αΛ̂ + α2 M̂ − · S̃ = 0̃ (2.85) ∂ Ũ |Ũ0 Après résolution de ce problème aux valeurs propres complexes, le signe de la partie réelle 74 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE va déterminer la stabilité de la solution périodique. En effet, si la partie réelle est négative, alors la perturbation va avoir une amplitude décroissante ce qui implique la stabilité de la solution Ũ0 . Lorsque la partie réelle est positive alors la perturbation va avoir une amplitude croissante et la solution Ũ0 est instable. La jacobienne ∂ F̃nl /∂ Ũ|Ũ0 n’est plus la même que dans la théorie de Floquet. En effet, dans Floquet, c’était la jacobienne des efforts non-linéaires exprimés dans le domaine temporel. Ici, elle est exprimée dans le domaine fréquentiel. Ceci est essentiel car après l’algorithme de Newton, nous disposons de la jacobienne du résidu dans le domaine fréquentiel. Elle est égale à ∂ ∂ R̃ F̃ext − ΛŨ − F̃nl = ∂ Ũ kŨ0 ∂ Ũ kŨ0 (2.86) Or F̃ext ne dépend pas du déplacement d’où ∂ R̃ ∂ F̃nl = Λ− ∂ Ũ kŨ0 ∂ Ũ |Ũ0 (2.87) On peut directement réutiliser la jacobienne calculée lors de la procédure de Newton pour évaluer 2.85. Cette approche a été appliquée avec succès dans certains cas [17], par contre dans d’autres cas, elle présente des difficultés de convergence liées à la forme supposée de la perturbation ǫ(t). La méthode des échelles multiples Il existe une autre possibilité pour étudier la stabilité d’une solution périodique directement dans le domaine fréquentiel. Elle est tirée de Nayfeh et Mook [75] et est applicable lorsque la non-linéarité n’est a priori pas trop forte. Elle consiste à ramener l’étude de la stabilité d’une solution périodique à l’étude de la stabilité d’un point d’équilibre dans l’espace de Fourier. Supposons que les coefficients de Fourier de la solution périodique U0 varient de façon lente dans le temps par rapport à la période de la solution. Soit η l’échelle de temps lente et τ l’échelle de temps rapide. Ainsi on a U(t) = U(τ, η) = ac0 (η) + k=N Xh k=1 ack (η) · cos (ωτ ) + bsk (η) · sin (ωτ ) (2.88) L’échelle de temps lente est associée aux variations des coefficients de Fourier induites par l’application d’une perturbation. Comme nous ajoutons une inconnue supplémentaire il faut aussi une équation complémentaire. D’après Nayfeh et Mook [75], on peut se donner la vitesse avec l’expression k=N Xh ∂U = U̇(t) = −kωack (η) · sin (ωτ ) + kωbsk (η) · cos (ωτ ) ∂t k=1 (2.89) 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 75 Cependant, en dérivant l’équation 2.88 on a ∂U ∂U ∂U (t) = (t) + (t) ∂t ∂η ∂τ k=N Xh āck (η) · cos (ωτ ) + b̄sk (η) · sin (ωτ ) = āc0 (η) + (2.90) k=1 k=N Xh + k=1 −kωack (η) · sin (ωτ ) + kωbsk (η) · cos (ωτ ) (2.91) où ā et b̄ représente une dérivée par rapport à l’échelle de temps η. En comparant cette expression avec 2.89 on voit que āc0 (η) + k=N Xh k=1 āck (η) · cos (ωτ ) + b̄sk (η) · sin (ωτ ) = 0 (2.92) Compte tenu de cette égalité, l’accélération se calcule aisément et donne ∂2U = ∂t2 + k=N Xh k=1 k=N Xh k=1 −kωāck (η) · sin (ωτ ) + kω b̄sk (η) · cos (ωτ ) −(kω)2 ack (η) · cos (ωτ ) − (kω)2bsk (η) · sin (ωτ ) (2.93) Si maintenant on réinjecte ces expressions des déplacements, vitesses et accélérations dans l’équation du mouvement et que l’on réalise une balance harmonique, il vient ¯ = F̃ + F̃ Λ · Ũ + B · Ũ ext nl (2.94) ¯ sont les vecteurs des coefficients de Fourier et ceux de leurs dérivées par rapport où Ũ et Ũ à l’échelle de temps lente η. La matrice Λ est toujours la même que précédemment et avec 0 B= Ψk = Ψ1 .. . Ψk .. . Ψk 0 2kωM −2kωM 0 (2.95) (2.96) Une solution périodique de l’équation 2.94 doit vérifier ¯ =0 Ũ (2.97) 76 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Dans l’espace de Fourier, une solution périodique est un point d’équilibre de l’équation suivante ¯ = F̃ − Λ · Ũ + F̃ = 0 Ũ (2.98) ext nl Le problème d’étude de la stabilité de la solution périodique va donc passer par l’étude de la stabilité d’un point d’équilibre. Soit une perturbation ǫ, on injecte Ũ = Ũ0 + ǫ̃ dans l’équation 2.94 et on obtient (2.99) Λ · Ũ0 + ǫ̃ + B · ǫ̃ = F̃ext + F̃nl Ũ0 + ǫ̃ Avec un développement limité au premier ordre autour de la solution périodique, comme en 2.84, on a ∂ F̃nl Λ · ǫ̃ + B · ǫ̃ − .ǫ̃ = 0̃ (2.100) ∂ Ũ |Ũ0 En posant la dépendance temporelle de ǫ sous la forme ǫ = ǫeαη , on a le problème aux valeurs propres suivant # " ∂ F̃nl .ǫ = 0̃ (2.101) Λ + αB − ∂ Ũ |Ũ0 Comme dans la méthode précédente, les valeurs propres de ce problème vont nous permettre de déterminer la stabilité de la solution Ũ0 : si elles ont toutes une partie réelle négative alors la solution est stable, si une valeur propre a une partie réelle positive alors la solution est instable. Cette méthode présente un avantage par rapport à la précédente car le problème aux valeurs propres généralisées est d’ordre 1 et non plus d’ordre 2. Dans le domaine fréquentiel elle a été utilisée par Laxalde [84] et Gouskov [85]. Application sur un oscillateur de Duffing Appliquons les trois méthodes d’étude de stabilité précédemment décrites sur un oscillateur bien connu et maîtrisé : l’oscillateur de Duffing. Son équation du mouvement canonique est dx d2 x + 2ξω0 + ω02 kx + βx3 = fext 2 dt dt (2.102) La non-linéarité cubique correspond a une non-linéarité géométrique. Sur une poutre en grand débattement par exemple, cette non-linéarité correspond à la raideur supplémentaire ajoutée par la tension de surface. Nous prenons les valeurs suivantes pour les paramètres du modèle ξ = 0.06, ω0 = 1, fext = f0 cos(ωt) (2.103) f0 , ω, et β varieront au cours de l’étude. Nous allons envisager plusieurs cas où l’influence de la force non-linéaire est sans cesse grandissante. Pour calculer les courbes de réponses, nous avons utilisé une continuation arclength avec une prédiction sécante autour de la pulsation de résonance ω0 = 1. A chaque pas la solution périodique est calculée avec une balance 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ 77 harmonique AFT et la stabilité est évaluée des trois manières présentées précédemment : avec les multiplicateurs de Floquet, par la méthode de Hill et par la méthode des échelles multiples. Une intégration temporelle sert de référence. Nous retenons 25 harmoniques dans la balance harmonique pour limiter les erreurs de troncature. Dans le premier cas, nous avons choisi f0 = 0.5, et β = 0.1. La figure 2.17 compare les courbes de réponses obtenues par balance harmonique et l’intégration temporelle. La corrélation parfaite des courbes montre que les 25 harmoniques sont suffisantes. Ensuite, nous comparons les zones de stabilité calculées par les trois méthodes. Nous voyons qu’elles sont identiques. Dans ce cas, le raidissement de la courbe de réponse est relativement faible et la résonance surharmonique est très faible. Les flèches sur la courbe 2.17(d) montrent le saut en amplitude de réponse au passage de la bifurcation de type "cyclic fold" lorsque l’on effectue un balayage montant ou descendant. 7 7 (a) 6 min 5 max −x 4 3 1 1 6 0.4 0.6 0.8 1 Pulsation 1.2 1.4 0 1.6 0.4 0.6 0.8 1 Pulsation 1.2 1.4 1.6 0.6 0.8 1 Pulsation 1.2 1.4 1.6 7 (c) 6 min 5 max −x 4 x 3 (d) 5 4 3 x min 4 2 7 −x 5 2 0 max (b) x 3 x max −x min 6 2 2 1 1 0 0.4 0.6 0.8 1 Pulsation 1.2 1.4 1.6 0.4 Fig. 2.17: Réponses en fréquence de l’oscillateur de Duffing pour f0 = 0.5 et β = 0.1 (a) Hill (b) Echelles Multiples (c) Floquet (d) Intégration temporelle (•) Stable (·) Instable Dans le deuxième cas, nous considérons la même force d’excitation mais une non-linéarité plus forte avec β = 1. La figure 2.18 illustre les résultats. Le pic de résonance est décalé plus vers la droite que dans la figure 2.17 en raison de l’augmentation de β qui entraîne un raidissement. Nous avons toujours une bonne corrélation entre l’intégration temporelle et CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE 78 la balance harmonique. Une résonance superharmonique commence à apparaître à gauche du pic de résonance principal. Nous n’avons pas cherché à capturer les résonances sous harmoniques. Les études de stabilité menées avec les méthodes de Floquet 2.18(c) et des échelles multiples sont identiques 2.18(b). Par contre nous constatons une nette dégradation des zones de stabilité calculée avec la méthode de Hill 2.18(a). Ceci est certainement lié à la forme, supposée harmonique, de la perturbation (voir eq. 2.78). 4 (a) −x min 3 1 0 3 2 1 0.5 1 1.5 Pulsation 0 2 4 (c) −x min 3 x max 2 0.5 1 1.5 Pulsation 2 1 1.5 Pulsation 2 (d) 3 2 x −x min 4 max (b) x max 2 x max −x min 4 1 0 1 0.5 1 1.5 Pulsation 2 0 0.5 Fig. 2.18: Réponses en fréquence de l’oscillateur de Duffing pour f0 = 0.5 et β = 1 (a) Hill (b) Echelles Multiples (c) Floquet (d) Intégration temporelle (•) Stable (·) Instable La figure 2.19 illustre les courbes de réponses fréquentielles et l’intégration temporelle calculée pour f0 = 5 et β = 3. Les résonances surharmoniques sont bien plus nombreuses cette fois et il y en a certaines qui ne sont pas capturées par la balance harmonique. Et ce parce que la valeur moyenne du déplacement n’est plus nulle. Toutefois, il est possible de les capturer en recommençant une balance harmonique avec un point initial mieux adapté (avec une valeur moyenne non nulle par exemple). Dans ce cas, l’hypothèse de variation lente des coefficients de Fourier ne tient plus puisque l’on commence à voir apparaître des écarts entre les zones de stabilité calculées par les échelles multiples 2.19(a) et Floquet 2.19(b). 2.6. ETUDE DE LA STABILITÉ xmax − xmin 10 79 (a) 8 6 4 2 0 xmax − xmin 10 1 2 3 4 Pulsation 5 6 7 8 1 2 3 4 Pulsation 5 6 7 8 1 2 3 4 Pulsation 5 6 7 8 (b) 8 6 4 2 0 xmax − xmin 10 (c) 8 6 4 2 0 Fig. 2.19: Réponses en fréquence de l’oscillateur de Duffing pour f0 = 5 et β = 3 (a) Echelles Multiples (b) Floquet (c) Intégration temporelle (·) Stable (+) Instable 80 CHAPITRE 2. LES MÉTHODES DE LA DYNAMIQUE NON-LINÉAIRE Conclusion Dans cette partie, nous avons exposé trois approches différentes pour déterminer la stabilité d’une solution périodique. La théorie de Floquet fournit un cadre mathématique rigoureux : après une linéarisation de l’équation différentielle autour de la solution périodique on regarde l’évolution d’une perturbation. Toutefois, après une balance harmonique, il faut repasser dans le domaine temporel pour réaliser l’étude de stabilité et le calcul de la matrice monodrôme peut s’avérer long lorsque le nombre de degrés de liberté augmente. Les méthodes de Hill et des échelles multiples permettent au contraire d’effectuer l’étude de stabilité dans le domaine fréquentiel. Par contre, en traitant le cas simple de l’oscillateur de Duffing nous avons vu que pour des non-linéarités plus fortes ces méthodes pouvaient ne pas être très robustes. La justification de la méthode de Hill est effectuée dans le domaine temporel mais la transposition directe dans le domaine fréquentiel semble poser quelques difficultés. Quant à la méthode des échelles multiples, elle reste juste tant que les non-linéarités sont faibles. En effet, l’hypothèse de l’échelle lente associée aux coefficients de Fourier n’est justifiée que dans ce cadre particulier [75]. Toutefois, sa mise en application est très simple, et le calcul de stabilité est beaucoup plus rapide qu’avec les multiplicateurs de Floquet. Et ce, même lorsque le nombre d’harmoniques utilisé dans l’étude de stabilité augmente. Toutefois, si la dimension du problème aux valeurs propres devient très grande alors la résolution du problème nécessite un solveur sparse et une mise en forme particulière, car les matrices de 2.94 et 2.85 ne sont pas symétriques. Dans la suite des travaux, nous utiliserons toujours la théorie de Floquet qui, en plus de sa précision, présente un autre avantage non négligeable : non seulement elle permet de déterminer la stabilité des solutions, mais elle permet également de prédire la nature des bifurcations que rencontre le système. Chapitre 3 Résolution pratique d’un problème avec contact Nous avons vu dans le chapitre 1 comment passer des équations continues d’un problème de contact avec frottement entre deux corps aux équations matricielles de la formulation par éléments finis. Dans ce chapitre, nous allons voir comment le contact et frottement sont gérés de manière pratique dans les équations du mouvement. Les problèmes de contact et de frottement rentrent dans la cadre mathématique d’optimisation sous contraintes et trois approches sont généralement adoptées pour la résolution : les multiplicateurs de Lagrange, les Lagrangiens augmentés et la méthode de pénalité. Dans ce chapitre nous allons voir, dans un premier temps, comment ces méthodes sont appliquées dans le domaine temporel. Nous verrons ensuite comment elles peuvent être adaptées dans le domaine fréquentiel. 3.1 Méthodes temporelles La résolution d’égalités variationnelles sous contraintes s’inscrit dans un cadre mathématique plus large : l’optimisation sous contrainte. En se référant au livre de Fletcher [42], trois méthodes principales sont utilisées : les multiplicateurs de Lagrange, les méthodes de pénalité et les méthodes de Lagrangiens augmentés. Nous avons vu que la forme discrétisée de l’équation du mouvement est MÜ + CU̇ + KU − Fnl = Fext (3.1) On note dans cette équation que les termes Fnl et U sont des inconnues. Ils doivent vérifier les contraintes liées au contact et à la loi de frottement de Coulomb. La discrétisation de l’espace en éléments finis permet de définir une matrice A qui crée un lien entre les différents degrés de liberté de l’élément de contact k. Ainsi la contrainte de non pénétration s’exprime sous forme matricielle, pour chaque élément k ∀ k (AU − G0 )k ≤ 0 81 (3.2) 82 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT A est la matrice des contraintes de contact et dépend de la discrétisation des surfaces de contact et du type d’élément de contact. G0 est la matrice des séparations initiales entre les noeuds. Dans notre étude nous nous limitons à des éléments de contact noeud à noeud car nos maillages sont compatibles aux interfaces et on reste en petits déplacements. La matrice A ne varie donc pas dans le temps. Par contre, il n’y a pas forcément d’efforts de contact là où on a défini un élément de contact. En effet, si les noeuds de l’élément k sont séparés, il n’y a aucune raison d’appliquer un effort dessus. De la même manière, la prise en compte des efforts tangentiels s’effectue uniquement s’il y a un effort normal entre les noeuds en contact. Dans cette partie sur la gestion temporelle du contact, nous omettons les termes liés à l’inertie et l’amortissement sans perte de généralité. En effet, une fois l’équation du mouvement discrétisée suivant un schéma d’intégration temporelle, les équations non-linéaires à résoudre sont de la même forme que les équations discrétisées d’un problème statique non-linéaire [86, 64]. 3.1.1 Les multiplicateurs de Lagrange Le problème que l’on cherche à résoudre au temps d’intégration tn est de la forme suivante T KU + A λ = Fext (3.3) AU = G0 pour les ddls bloqués Loi de Coulomb pour les ddls glissants Les conditions appliquées sur le système ne sont autres que les conditions de Kuhn Tucker exprimées dans l’équation 1.8. On voit que les multiplicateurs de Lagrange λ sont exactement les opposés des forces de contact normal et tangentiel. Ces méthodes sont présentées par Chen et Tsaï [87] pour résoudre des problèmes de contact en 2D. Wosle et Pfeiffer [88] les utilisent aussi pour un système de plusieurs corps rigides liés par des contraintes unilatérales de frottement. Chaudhary et Bathe [86] appliquent cette méthode aux problèmes 3D avec des corps déformables. Abaqus [46] utilise cette même approche, dans laquelle est définie une méthode spécifique pour gérer les changements d’état des éléments de contact : – Lorsqu’un impact entre les deux noeuds est détecté, on arrête l’intégration temporelle en cours. – De nouvelles conditions initiales qui prennent en compte les sauts des vitesses et d’accélérations au moment de l’impact sont déterminées à l’aide d’une équation de choc (conservation de la quantité de mouvement) en supposant que le choc est entièrement plastique. – L’intégration temporelle est alors poursuivie avec les nouvelles conditions initiales en utilisant des multiplicateurs de Lagrange pour imposer les contraintes de contact. Si ces multiplicateurs deviennent négatifs, alors le contact est rompu et la contrainte est retirée. 3.1. MÉTHODES TEMPORELLES 83 L’hypothèse d’impact plastique est importante pour deux raisons : elle permet d’intégrer les effets de dissipation locale des zones de contact, et elle permet de faciliter la convergence numérique. La résolution par multiplicateurs de Lagrange permet de déterminer les solutions exactes de problèmes contraints (tant qu’ils respectent les critères de convexité [42]). Toutefois les multiplicateurs ajoutent des inconnues supplémentaires au problème, et la taille du système à résoudre augmente. 3.1.2 Les méthodes de pénalité L’objectif de ces méthodes est de remplacer le problème contraint initial par un problème non contraint [42]. L’avantage de ces méthodes est de supprimer les inconnues supplémentaires introduites à travers les multiplicateurs de Lagrange. Dorénavant, la contrainte est prise en compte de manière indirecte : elle est intégrée dans l’équation du mouvement à travers l’utilisation d’un coefficient de pénalité ǫ. Dans un cas sans frottement, l’équation que l’on cherche à résoudre devient à l’instant tn ( KU − Fnl = Fext Fnl = ǫN · (AU − G0 ) (3.4) Dans ce cas, on suppose que les forces non-linéaires sont proportionnelles à l’interpénétration des noeuds en contact. Le cas avec frottement est présenté très clairement dans les articles de Simo et Laursen [22, 89] et reprend les méthodes de prédiction-correction utilisées en plasticité [90]. Si ǫN → ∞ alors on s’aperçoit que le terme AU − G0 associé à la contrainte de contact 3.4 doit tendre vers 0 pour que l’effort non-linéaire reste borné. Physiquement, on peut comparer le coefficient de pénalité ǫN à un ressort qui empêcherait les noeuds de pénétrer. Contrairement aux multiplicateurs de Lagrange, cette méthode permet uniquement d’appliquer la contrainte approximativement. De plus, un coefficient de pénalité très élevé provoque souvent des problèmes de conditionnement numérique [22, 42]. Par contre, l’implémentation d’une telle méthode est très simple. Les méthodes de barrière [42] et des contraintes croisées [91] sont des variantes de cette méthode de pénalité. 3.1.3 Les Lagrangiens augmentés Pour compenser les lacunes des deux méthodes précédentes, Powell et Hestenes [92, 22] introduisent la méthode des lagrangiens augmentés. C’est une formulation hybride entre les multiplicateurs de Lagrange et la méthode de pénalité. En effet, à l’instant tn il s’agit de résoudre ( KUj + AT λj = Fext (3.5) λj = λj−1 + ǫN · (AUj − G0 ) 84 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT où j est une étape de résolution du système d’équations non-linéaires. Le principe consiste à résoudre successivement l’équation du mouvement avec un coefficient ǫN faible afin d’éviter les problèmes de conditionnement. A la fin de chaque résolution, la valeur de λ est augmentée de ǫN · (AUj − G0 ). Ainsi, si suffisamment d’itérations sont réalisées, il est possible de converger vers la valeur du multiplicateur de Lagrange solution de l’équation 3.3. Le critère d’arrêt est défini sur l’interpénétration des deux corps. L’initialisation de la méthode suppose que λ−1 = 0, ce qui implique que la première résolution est directement une méthode de pénalité. Le cas complet avec frottement est traité clairement dans l’article de Simo et Laursen [22] ou d’Alart et Curnier [93]. Tous les codes éléments finis implémentent ces trois méthodes de résolution. Lorsqu’une solution précise est requise il vaut mieux travailler avec les multiplicateurs de Lagrange ou les Lagrangiens augmentés. Ils donnent généralement les mêmes résultats avec des temps de calcul comparables. Une première approche avec une méthode de pénalité peut toutefois donner une très bonne solution approchée avec des temps de calcul nettement inférieurs. Si les modèles commencent à devenir importants alors la méthode de pénalité est la seule envisageable. Les codes de calculs explicites adoptent généralement cette approche. Toutefois, si l’amortissement structurel est faible, il faut faire attention au "chattering", rebonds incontrôlables des deux corps rentrant en contact, qui peut empêcher les algorithmes de résolution de converger correctement [46]. Voyons maintenant comment nous pouvons prendre en compte le contact dans le domaine fréquentiel. 3.2 Les méthodes fréquentielles Nous avons vu dans le chapitre 2 2.4, comment il était possible de transposer le problème temporel dans le domaine fréquentiel. Et, nous venons de voir comment il était possible de résoudre un problème contraint dans le domaine temporel. On aimerait pouvoir appliquer directement ces méthodes dans le domaine fréquentiel. Malheureusement les contraintes issues du contact et frottement s’appliquent sur le déplacement réel, cela n’a pas de sens d’appliquer les mêmes contraintes sur les coefficients de Fourier du déplacement. Cependant, nous allons voir comment l’AFT fournit un moyen d’appliquer des contraintes sur le déplacement à travers l’application de forces non-linéaires Fnl bien choisies. Dans la balance harmonique, nous cherchons à résoudre l’équation suivante par une procédure de Newton R(Ũ) = Λ · Ũ − F̃ext − F̃nl = 0 (3.6) Rappelons que dans la procédure AFT, on effectue la démarche suivante à chaque itération de la résolution du système d’équations non-linéaires 2.42 F F T −1 FFT Ũ −→ U −→ Fnl = Fnl U(t), U̇(t) −→ F̃nl 3.2. LES MÉTHODES FRÉQUENTIELLES 85 Cette démarche permet d’obtenir le déplacement dans le domaine temporel sur Nf points d’une période (où Nf représente le nombre de points utilisés pour la transformée de Fourier rapide). Ne pourrait-on donc pas appliquer les méthodes précédentes sur cette partie temporelle du déplacement ? Dans la suite, l’exposant n correspond au pas de temps tn avec n ∈ [1, Nf ] ⇒ tn ∈ [0, T ] (3.7) où T est la période du mouvement. 3.2.1 Les méthodes de pénalité Nous commençons par cette approche car c’est certainement la plus utilisée dans les procédures AFT. Comme dans le domaine temporel, nous allons supposer que la force de contact est proportionnelle à l’interpénétration des deux corps en contact. Ainsi pour chaque n ∈ [1, Nf ] nous allons écrire Fnnl,N = ( 0 ǫN (AUn − G0 ) si AUn − G0 < 0 si AUn − G0 ≥ 0 (3.8) On détermine ainsi facilement la force de contact normal sur une période. Le frottement va être traité par une méthode de prédiction-correction. Ainsi, s’il existe un contact normal au temps n, on va supposer bloqué l’état des noeuds dans la direction tangentielle. La force de contact prédite est alors n−1 n−1 n Fn,pre nl,T = Fnl,T + ǫT (AUT − AUT ) (3.9) et ensuite on vérifie que cet effort vérifie les lois de Coulomb. S’il ne les vérifie pas, on le corrige n,pre < µ Fn si Fn,pre Fnl,T nl,N nl,T n Fn,pre n n,pre Fnnl,T = (3.10) nl,T µ Fnl,N n,pre si Fnl,T ≥ µ Fnl,N F nl,T Dans l’équation 3.9, on remarque que l’effort nécessaire pour faire coller les deux noeuds est proportionnel à la différence des déplacements relatifs entre deux pas de temps. On comprend alors comment cette prédiction-correction fonctionne : si l’incrément de déplacement relatif est très grand, l’effort prédit sera grand et on ne respectera pas les conditions de Coulomb de non frottement ; au contraire, si l’incrément de déplacement est faible, on les respectera. Encore une fois, cette démarche est similaire à celles utilisées pour traiter la plasticité dans les codes éléments finis [90]. Par cette approche très simple, on peut déterminer l’expression des forces non-linéaires Fnl sur une période du mouvement. Dans les articles sur la balance harmonique [17, 62, 67, 94], on ne présente pas la méthode de la sorte. On préfère dire que l’on définit une loi de contact régularisée ou adoucie car ces 86 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT lois permettent de prendre en compte les raideurs et les aspérités des surfaces de contact ou alors les effets de raideurs dus à une discrétisation grossière de la surface de contact. Grâce à cette régularisation, la convergence numérique est facilitée. La loi de contact normal peut être encore régularisée à l’aide de la fonction exponentielle suivante, où h représente l’interpénétration des deux noeuds 0 si h ≤ −c n 0 (3.11) Fnl,N = h h fN +1 exp +1 −1 si h > −c exp(1) − 1 c c De la même manière, des lois de comportement de type Bouc-Wen [95] ou de Jenkins [96] peuvent également être adaptées au cas du frottement. 3.2.2 Les Lagrangiens augmentés Nous proposons ici une adaptation de la méthode des Lagrangiens augmentés à la méthode de balance harmonique. Nous ne développerons que le cas du contact normal. Le cas du frottement se traite de la même manière. Contrairement à la méthode de pénalité, nous n’allons pas chercher à résoudre 3.6 en une fois. Nous allons effectuer plusieurs résolutions avec des efforts de contact non-linéaires qui sont augmentés entre chaque résolution. Soit j l’exposant représentant la j-ième résolution non-linéaire, l’effort de contact non-linéaire au temps tn s’ecrit alors Fn,j nl,N = ( n,j−1 Fnl,N n,j Fn,j−1 − G0 ) nl,N + ǫN (AU si AUn,j − G0 < 0 si AUn,j − G0 ≥ 0 (3.12) Pour initialiser la procédure, on pose Fn,0 nl,N = 0 ∀ n. Cette méthode permet de résoudre en plusieurs passes une équation du mouvement 3.6 qui serait "trop" non-linéaire pour être résolue directement par une méthode de pénalité. Comme dans le cas temporel, si suffisamment d’incréments sont réalisés, on peut atteindre la valeur des multiplicateurs de Lagrange. Le critère d’arrêt assure que l’interpénétration des deux corps pendant le contact est inférieure à une valeur tolérance choisie. L’estimation initiale à la résolution j est prise comme étant la solution finale trouvée à j − 1. Cette approche permet de garantir une certaine indépendance du résultat vis-à-vis du coefficient ǫN . 3.2.3 Les Lagrangiens dynamiques : DLFT L’utilisation des multiplicateurs de Lagrange dans le domaine fréquentiel n’a pas encore d’implémentation. Dans le domaine temporel, les multiplicateurs de Lagrange imposent des contraintes d’égalités entre le déplacement de certains degrés de liberté et le déplacement obtenu va donc respecter ces équations. Dans le domaine fréquentiel, il est moins évident 3.2. LES MÉTHODES FRÉQUENTIELLES 87 d’imposer des contraintes d’égalité sur les coefficients de Fourier du déplacement. Comme dans les méthodes de pénalité ou de Lagrangiens augmentés, on peut agir sur le déplacement indirectement par l’application d’un effort non-linéaire bien choisi. Dans cette optique, Nacivet et al. [70] propose une méthode qui permet d’imposer exactement les équations de contrainte et permet de s’affranchir du choix des paramètres de régularisation de la loi de contact : les Lagrangiens dynamiques. Soit le terme h in Ln = F F T −1 (F̃ext − Λ · Ũ) ∀ n ∈ [1, nfft] (3.13) Ce terme donne l’équilibre des forces de la partie linéaire du modèle au cours d’une période. Il s’obtient de la même manière que le déplacement dans la procédure AFT. Maintenant il s’agit de réaliser une procédure de prédiction-correction comme dans la méthode de pénalité. Toutefois les efforts non-linéaires vont être définis autrement, on les choisit pour qu’ils vérifient directement les équations d’équilibre. Pour le contact normal, on écrit n n Fn,pre nl,N = LN + ǫN (AU − G0 ) (3.14) Ensuite, deux cas se présentent : si Fn,pre nl,N < 0 alors l’effort normal est une tension et les n,pre deux noeuds se séparent ; si Fnl,N ≥ 0 alors les deux noeuds sont en contact et on pose Fnnl,N = Fn,pre nl,N . Dans ce cas, il peut exister des forces de frottement. En supposant l’état collé des noeuds de contact, la force prédite s’écrit n n−1 n n−1 Fn,pre nl,T = LT + Fnl,T + ǫT (AUT − AUT ) (3.15) On vérifie ensuite que cette force vérifie les lois de Coulomb. Si elle ne les vérifie pas, on corrige n,pre < µ Fn si Fn,pre Fnl,T nl,N nl,T n Fn,pre n,pre n Fnnl,T = (3.16) nl,T µ Fnl,N n,pre si Fnl,T ≥ µ Fnl,N F nl,T On voit que les étapes de correction sont exactement les mêmes que dans la méthode de pénalité. La subtilité de la méthode réside dans le fait que les forces non-linéaires n’ont pas exactement les mêmes expressions que dans la méthode de pénalité, elles intègrent un terme supplémentaire qui prend en compte le mouvement des deux corps. Si ces méthodes de prédiction-correction étaient bien connues dans le domaine temporel, Nacivet et al. [70] furent les premiers à généraliser ces approches au 3D dans le domaine fréquentiel. Cette méthode a été décrite différemment par Nacivet [97] et Charleux [26] et possède aussi une autre implémentation pour le frottement dans lequel la pénalisation est faite sur la vitesse relative au lieu du déplacement relatif. L’avantage non négligeable de la DLFT est que, contrairement à la méthode de pénalité, la solution obtenue semble présenter peu de sensibilité à la valeur des coefficients de pénalisation ǫN et ǫT et permet d’obtenir les résultats en des temps de calcul plus courts. Cette méthode a été appliquée avec succès 88 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT sur des problématiques de frottement en pied d’aube avec pas ou peu de séparation entre les corps. Malheureusement, lors de vibro-impacts, nous avons rencontré des problèmes de convergence de la méthode (en raison de la nature fortement non-linéaire de la contrainte de contact normal). C’est pourquoi dans la suite nous nous attachons à utiliser les méthodes de pénalité ou de Lagrangiens augmentés qui permettent d’obtenir des mêmes résultats que les multiplicateurs de Lagrange utilisés dans le domaine temporel (voir 4.5.4). 3.3 Récupération des hautes fréquences en balance harmonique Nous avons vu que la caractérisation du grésillement se fait essentiellement par l’apparition de hautes fréquences sur les relevés accélérométriques. En effet, les vibro-impacts entre câble et gaine créent des excitations large bande qui s’appliquent sur tout le système. Lors de l’intégration temporelle d’un modèle vibro-impactant, ces hautes fréquences vont être naturellement excitées et vont se propager à travers le modèle éléments finis si on n’a pas fait de réduction modale. Par contre, lors d’une balance harmonique on ne retient généralement que les premières harmoniques du déplacement. On restreint immédiatement l’ensemble des fréquences qui peuvent apparaître dans la réponse finale. Nous avons cherché une méthode pour déterminer les hautes fréquences après une balance harmonique. Prenons l’exemple du modèle vibro-impactant de la figure 3.1 où chaque corps possède 13 masses et 14 ressorts. Fig. 3.1: Modèle vibro-impactant avec contact unilatéral Nous avons pris les données suivantes : pour le corps 1, tous les ressorts sont de raideur 70000 N.m−1 et les masses de 0.02 kg, et pour le corps 2 tous les ressorts sont de raideur 100000 N.m− 1 et les masses de 0.009 kg. Seul le ressort entre les masses 19 et 20 est pris plus raide avec une valeur de 500000 N.m−1 , l’intérêt étant de créer un mode haute fréquence dissocié des autres modes. Ces choix permettent de répartir les modes des deux corps entre 65 et 1768 Hz. L’élément de contact unilatéral est placé entre les masses 7 et 20. Le jeu autorisé entre les deux masses est de 0.1 mm. Nous prenons un taux d’amortissement de 0.02 3.3. RÉCUPÉRATION DES HAUTES FRÉQUENCES EN BALANCE HARMONIQUE89 sur chaque mode, la matrice d’amortissement C est ensuite reconstruite comme expliqué dans le premier chapitre. Nous appliquons une excitation sinusoïdale sur les masses 13 et 26 comme indiqué sur la figure. Dans la suite, la masse 19 est utilisé comme point d’observation. Voici le problème auquel nous sommes confrontés à 64 Hz. Si nous retenons 3 harmoniques dans la balance harmonique, nous couvrons les fréquences jusqu’à 3 ∗ 64 = 192 Hz. Or le système ayant des modes jusqu’à 1768 Hz nous aimerions pouvoir connaître l’amplitude des harmoniques au-delà de 192 Hz de l’accélération. La figure 3.2 illustre le problème. Les courbes en pointillés sont calculées avec une balance harmonique avec 3 harmoniques et la courbe en trait plein par une intégration temporelle à l’aide d’une méthode de Runge-Kutta. Les contraintes de contact sont imposées par une méthode de pénalité avec un coefficient de pénalité égal à 1000000 N.m−1 . Comme nous le voyons le déplacement (3.2(a)) est bien représenté avec uniquement 3 harmoniques malgré un léger déphasage et une différence de niveau sur l’effort d’impact (3.2(b)). Ce dernier est quasiment un dirac et va donc provoquer une excitation sur une large plage de fréquence. En effet, l’accélération (3.2(c)) obtenue par intégration temporelle présente bien des hautes fréquences. Dans le spectre (3.2(d)), on voit bien ressortir le mode qui est à 1768 Hz. Toutefois, l’accélération issue de la balance harmonique ne présente pas ce comportement vibratoire. On remarque toutefois que les amplitudes des 3 premiers harmoniques corrèlent bien avec les amplitudes de la réponse de référence. Nous proposons ici une méthode pour récupérer ces hautes fréquences après la balance harmonique. Une fois la balance harmonique réalisée, les efforts de contact non-linéaires ne sont plus des inconnues, et nous avons une bonne estimation de la réponse sur une période du mouvement. Pourquoi ne pas réutiliser cette information dans une nouvelle intégration temporelle où seuls, le déplacement, la vitesse et l’accélération seraient les inconnues ? La démarche adoptée est la suivante 1. Calcul du déplacement Ũ et des efforts non-linéaires F̃nl dans le domaine fréquentiel par balance harmonique. 2. Détermination des efforts non-linéaires Fnl en temporel sur une période pour chaque élément de contact à partir de F̃nl . 3. Détermination des déplacements U0 et vitesses U̇0 dans le domaine temporel au début de la période à partir de Ũ. 4. Intégration temporelle de l’équation du mouvement sur une période avec les conditions initiales U0 et U̇0 . M · Ü + C · U̇ + K · U = Fext + Fnl (3.17) Cette intégration est une intégration entièrement linéaire puisqu’il n’est plus néces- 90 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT −6 8 x 10 6 0.6 4 Effort de contact (N) Déplacement (m) 2 0 −2 −4 −6 0.5 0.4 0.3 0.2 −8 (b) (a) 0.1 −10 −12 0 0.005 0.01 0 0.015 0 0.005 Temps (s) 0.01 0.015 Temps (s) 60 1 10 40 0 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) 10 20 0 −20 −40 −60 −2 10 −3 10 −4 (c) 0 −1 10 (d) 10 0.005 0.01 Temps (s) 0.015 0 500 1000 1500 Fréquence (Hz) 2000 2500 Fig. 3.2: Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique (- -) avec 3 harmoniques sur une période à 64 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération 3.3. RÉCUPÉRATION DES HAUTES FRÉQUENCES EN BALANCE HARMONIQUE91 saire d’utiliser une méthode de pénalité pour imposer les contraintes de contact, les efforts de contact sont connus sur une période par Fnl . 5. Récupération des déplacements U, vitesses U̇ et accélérations Ü sur une période qui contiennent les hautes fréquences du modèle complet. L’étape 2 s’effectue en réalisant une transformée de Fourier inverse sur F̃nl . L’étape 3 s’effectue en faisant une transformée de Fourier inverse sur Ũ et en prenant le premier terme de la période. Dans cette procédure, l’effort de contact est traité comme une force d’excitation extérieure entièrement connue. La figure 3.3 présente les résultats. L’effort de contact (3.3(b)) sur une période ne change pas puisqu’on l’a pris égal à l’effort de contact calculé par la balance harmonique. Par contre sur le déplacement et l’accélération, on voit clairement l’apparition de plus hautes fréquences induites par le choc, qui ne pouvaient pas être prises en compte par la balance harmonique. De plus, alors que la balance harmonique ne contient les fréquences que jusqu’à 192 Hz, les résultats nous permettent ici d’estimer très correctement l’amplitude des modes au-delà de 192 Hz (3.3(d)). Cette méthode dispose des mêmes limites que la balance harmonique. La figure 3.4 présente les résultats de l’application de cette méthode à 65 Hz avec 3 harmoniques pour le calcul de la réponse fréquentielle. On se rapproche du premier mode propre du système. La dynamique devient plus riche. Trois harmoniques suffisent pour représenter correctement le déplacement (3.4(a)) mais ne suffisent plus pour représenter fidèlement les efforts de contact (3.4(b)). En conséquence, les amplitudes en accélération estimées pour les hautes fréquences par la méthode de réinjection ne sont plus aussi bonnes (3.4(c) et (d)) que dans le cas précédent. Toutefois, les estimations sont meilleures qu’avec la balance harmonique seule (3.4(d)). L’observation des efforts de contact permet de mieux comprendre (3.4(b)). L’intégration temporelle donne trois impacts successifs pendant une période, alors que la balance harmonique ne calcule qu’un seul impact. Comme la procédure de réinjection est linéaire, l’injection d’un d’une impulsion au cours d’une période ne fournira pas le même spectre que l’injection de trois impulsions successifs. Pour améliorer l’estimation des hautes fréquences il faut améliorer l’estimation de l’effort de contact entre les deux corps au cours d’une période. En retenant 10 harmoniques (autrement dit jusqu’à 10 ∗ 65 = 650 Hz) dans la balance harmonique, l’estimation des hautes fréquences est meilleure comme on peut le voir dans la figure 3.5(d). Le déplacement, ainsi que l’accélération sont mieux approchés (3.5(a) et (c)). Même si l’effort de contact est mieux estimé (3.5(b)), on voit que l’effort réel est composé de trois impulsions alors que l’effort calculé par la balance harmonique n’est constitué que de deux impulsions. Dans ce cas, on ne peut espérer représenter exactement la réponse hautes fréquences du système. Toutefois, on en fournit une bonne estimation. Comme nous venons de voir, cette procédure de réinjection permet d’obtenir la réponse 92 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT −6 8 x 10 6 0.6 4 Effort de contact (N) Déplacement (m) 2 0 −2 −4 −6 0.5 0.4 0.3 0.2 −8 (b) (a) 0.1 −10 −12 0 0.005 0.01 0 0.015 0 0.005 Temps (s) 0.01 0.015 Temps (s) 60 1 10 40 0 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) 10 20 0 −20 −40 −60 −2 10 −3 10 −4 (c) 0 −1 10 (d) 10 0.005 0.01 Temps (s) 0.015 0 500 1000 1500 Fréquence (Hz) 2000 2500 Fig. 3.3: Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique avec 3 harmoniques sur une période après (· · · ) la réinjection à 64 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération 3.3. RÉCUPÉRATION DES HAUTES FRÉQUENCES EN BALANCE HARMONIQUE93 −5 1.5 x 10 2 1.8 1 1.6 Effort de contact (N) Déplacement (m) 0.5 0 −0.5 −1 1.4 1.2 1 0.8 0.6 −1.5 0.4 −2 −2.5 (a) 0 (b) 0.2 0.005 0.01 0 0.015 0 0.005 0.01 0.015 Temps (s) 2 150 10 100 10 50 10 1 −2 Accélération (m.s ) 0 −2 Accélération (m.s ) Temps (s) 0 −50 −100 −2 10 −3 10 −4 −150 −200 −1 10 10 (c) 0 0.005 0.01 Temps (s) 0.015 (d) 0 500 1000 1500 2000 Fréquence (Hz) 2500 3000 Fig. 3.4: Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique avec 3 harmoniques sur une période avant (- - ) et après (· · · ) la réinjection à 65 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération 94 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT −5 1.5 x 10 2 1.8 1 1.6 Effort de contact (N) Déplacement (m) 0.5 0 −0.5 −1 1.4 1.2 1 0.8 0.6 0.4 −1.5 −2 (a) 0 (b) 0.2 0.005 0.01 0 0.015 0 0.005 0.01 0.015 Temps (s) 2 150 10 100 10 50 10 1 0 −2 Accélération (m.s ) Accélération (m.s−2) Temps (s) 0 −50 −100 −2 10 −3 10 −4 −150 −200 −1 10 0 (d) 10 (c) 0.005 0.01 Temps (s) 0.015 0 500 1000 1500 2000 Fréquence (Hz) 2500 3000 Fig. 3.5: Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique avec 10 harmoniques sur une période avant (- - ) et après (· · · ) la réinjection à 65 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération 3.3. RÉCUPÉRATION DES HAUTES FRÉQUENCES EN BALANCE HARMONIQUE95 hautes fréquences d’un système après une balance harmonique dans laquelle nous n’avons calculé que la réponse basse fréquence. Nous émettons cependant l’hypothèse que les réponses hautes fréquences et basses fréquences étaient découplées, mais les hautes fréquences ont certainement une influence sur la réponse basses fréquences. On pourrait alors imaginer de prendre en compte ces hautes fréquences directement dans le calcul de la balance harmonique, et par une procédure itérative récupérer une meilleure estimation des basses fréquences également... 96 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT 3.4 Application sur un modèle vibro-impactant Dans les paragraphes précédents, nous avons présenté toutes les méthodes qui peuvent nous être nécessaires pour déterminer le comportement vibro-impactant d’un système comme l’ensemble câble-gaine qui constitue la commande d’une boîte de vitesses manuelles. De nombreux articles combinent et utilisent ces méthodes sur différentes applications : Narayanan et Sekar [98] étudient le roulement de deux billes à l’aide d’une balance harmonique, d’une continuation arclength et des multiplicateurs de Floquet ; Sundararajan et Noah [51] étudient la stabilité d’un rotor avec une condensation modale, une méthode de tir, et des multiplicateurs de Floquet ; Kim et al. [99] étudient un embrayage avec une balance harmonique couplée avec une méthode de Hill ; Ferreira et Serpa [100] utilisent une balance harmonique analytique et une continuation arclength ; et Lesaffre et al. [101] utilisent une méthode énergétique pour l’étude de stabilité d’un rotor. Nous désirons maintenant avoir une approche qui puisse être applicable sur notre système. Pour cela, nous allons travailler sur un système simplifié qui permettra de tester et mettre en oeuvre de nombreux outils de l’analyse non-linéaire [102]. 3.4.1 Le modèle simplifié Ici, nous allons travailler sur un modèle analogue au précédent. Il est illustré dans la figure 3.6. Nous avons choisi de conserver un faible nombre de degrés de liberté afin que les calculs ne soient pas trop lourds numériquement, tout en prenant soin d’avoir une densité modale comparable au système câble gaine entre 0 et 200 Hz. Fig. 3.6: Modèle vibro-impactant simplifié Le système à les caractéristiques suivantes : les masses du corps 1 valent tous 0.1 kg et les raideurs 50000 N.m−1 ; les masses du corps 2 valent 0.07 kg et les raideurs 70000 N.m−1 . 3.4. APPLICATION SUR UN MODÈLE VIBRO-IMPACTANT 97 L’obtention des matrices de masses et de raideurs est directe. Une résolution du système aux valeurs propres associé donne les fréquences de résonance suivantes (tableau 3.1) pour les corps 1 et 2. Nous prenons arbitrairement un taux d’amortissement modal de 0.05. La Mode Mode Mode Mode Mode Mode Mode 1 2 3 4 5 6 7 Corps 1 Corps 2 44 62 86 122 125 177 159 225 187 265 208 294 221 312 Tab. 3.1: Modes propres des corps 1 et 2 (Hz) matrice d’amortissement en coordonnées physiques C est reconstruite comme expliqué dans la partie 1.4. L’excitation est sinusoïdale et est appliquée sur les masses 7 et 14 avec une amplitude de 2.5 N. 3.4.2 Le comportement dynamique global Dans une première approche, nous désirons déterminer rapidement le comportement global de la structure sur la plage de fréquence [35 − 200] Hz. Cette plage de fréquence est typiquement celle considérée dans l’industrie automobile dès lors que l’on doit traiter des excitations moteurs. Contrairement à l’ensemble des articles qui se focalisent sur le comportement autour d’un mode de résonance, nous allons donc essayer de donner une vue d’ensemble du comportement vibratoire. Pour ce faire nous allons combiner une méthode de continuation séquentielle dans laquelle, à chaque pas de fréquence, on va réaliser une balance harmonique et une étude de stabilité grâce aux multiplicateurs de Floquet. A chaque fréquence, nous réalisons la procédure du graphique 2.16. Notre choix s’est orienté sur les multiplicateurs de Floquet car nous avons vu en 2.6.4 que c’était la plus précise quelque soit le type de non-linéarité que l’on traite. Nous retenons 30 harmoniques dans la balance harmonique, ce qui couvre largement tous les modes présents dans le modèle même pour une excitation de 35 Hz. Encore une fois les conditions de contact sont imposées par une méthode de pénalité (ǫ = 700000 N.m−1 ) et on autorise 0.01 mm de jeu entre les masses 4 et 11 avant qu’ils n’entrent en contact. On suppose que la période de la réponse a la même période que l’excitation, i.e. dans l’équation 2.41 on prend n = 1. Les résultats sont systématiquement comparés avec une intégration temporelle pour en assurer la validité. La figure 3.7a compare les résultats obtenus par la montée en régime dans le domaine fréquentiel et temporel. On voit que les amplitudes des réponses calculées sont identiques entre 98 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT 35 et 153 Hz et entre 198 et 205 Hz. Par contre, elles sont considérablement différentes entre 153 et 198 Hz. Grâce à la figure 3.7b nous pouvons commencer à interpréter ces résultats. Cette figure présente les résultats de stabilité de la réponse calculée par la balance harmonique. Deux états sont possibles après l’étude de stabilité : soit certains multiplicateurs de Floquet sont en dehors du cercle unité et la réponse est instable, soit les multiplicateurs de Floquet sont tous dans le cercle unité et la réponse T périodique est stable. Nous observons donc qu’il y a 4 zones où la réponse périodique calculée est instable, entre 49 et 53 Hz, autour de 65 Hz, autour de 101 Hz, et entre 153 et 198 Hz. Ceci explique déjà partiellement pourquoi les résultats de la balance harmonique et de l’intégration temporelle sont différents. En effet, la réponse calculée par la balance harmonique est instable sur ces zones, alors que l’intégration temporelle va naturellement diverger pour atteindre une solution stable si elle existe. Nous pouvons obtenir plus de détails concernant ces zones instables en observant les multiplicateurs de Floquet calculés après la balance harmonique. Les résultats sont confrontés aux sections de Poincaré obtenues à partir de l’intégration temporelle. Les figures 3.8 et 3.9 montrent l’évolution de la stabilité entre 49 et 53 Hz. A 49 Hz, on arrive sur un point de bifurcation qui est un dédoublement de période : un multiplicateur de Floquet quitte le cercle unité par -1 (fig. 3.8a). La section de Poincaré (fig. 3.8b) présente bien 2 points, ce qui confirme le dédoublement. A 51.3 Hz, les multiplicateurs de Floquet quittent le cercle unité en tant que valeurs complexes conjuguées, la réponse devient donc quasi-périodique, ce qui est confirmé par la section de Poincaré. C’est une courbe fermée dans l’espace des phases, ce qui est caractéristique des réponses quasi-périodiques. A 53 Hz, la solution T périodique redevient stable. A 65 Hz, le système présente un comportement identique à celui observé pour 51.3 Hz. Deux multiplicateurs de Floquet complexes et conjugués quittent le cercle unité. La réponse est alors quasi périodique. A 101 Hz, il y a une nouvelle bifurcation de dédoublement de période. Nous n’avons pas jugé nécessaire d’illustrer ces deux derniers cas. A 153 Hz, on a un nouveau dédoublement de période, en témoigne le multiplicateur de Floquet qui sort du cercle unité par -1. Cette fois par contre, il reste à l’extérieur du cercle unité jusqu’à 198 Hz. Les figures 3.10 et 3.11 montrent les multiplicateurs de Floquet qui rentrent et qui sortent du cercle unité. On note une légère différence dans les fréquences de bifurcation obtenues par la balance harmonique (fig. 3.10a, 3.11a) et par l’intégration temporelle (fig. 3.10b, 3.11b). Le retour dans le cercle unité des multiplicateurs de Lagrange ne s’effectue pas tout à fait à la même fréquence que le passage au point fixe pour la section de Poincaré. Cette différence provient certainement des erreurs de troncature dues à la balance harmonique. Nous avons vu dans cette partie qu’il était possible d’obtenir rapidement une vue d’ensemble 3.4. APPLICATION SUR UN MODÈLE VIBRO-IMPACTANT 99 −5 16 x 10 Déplacement crête à crête (m) 14 12 10 8 6 4 2 40 60 80 100 120 140 Fréquence (Hz) 160 180 200 (a) L’amplitude crête à crête en fonction de la fréquence calculée par balance harmonique (–) et par intégration temporelle (o) 1 0 40 60 80 100 120 140 Fréquence (Hz) 160 180 200 (b) Résultats de stabilité de la solution T périodique calculée avec la balance harmonique (1) stable (0) instable Fig. 3.7: Vue d’ensemble du comportement dynamique du modèle simplifié 100 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT 1 0.025 0.8 0.6 0.02 Vitesse (m.s−1) Partie imaginaire 0.4 0.2 0 −0.2 0.015 0.01 −0.4 −0.6 0.005 −0.8 −1 −1.5 −1 −0.5 0 Partie réelle 0.5 0 −1 1 −0.5 (a) Multiplicateurs de Floquet 0 0.5 Déplacement (m) 1 1.5 2 −5 x 10 (b) Section de Poincaré Fig. 3.8: Illustration du dédoublement de période à 49 Hz −3 x 10 10 1 8 Vitesse (m.s−1) Partie imaginaire 0.5 0 6 4 −0.5 2 −1 0 −1.5 −1 −0.5 0 Partie réelle 0.5 1 (a) Multiplicateurs de Floquet 1.5 −3.6 −3.4 −3.2 −3 −2.8 Déplacement (m) −2.6 (b) Section de Poincaré Fig. 3.9: Illustration de la bifurcation secondaire de Hopf à 51.3 Hz −2.4 −5 x 10 3.4. APPLICATION SUR UN MODÈLE VIBRO-IMPACTANT f = 152.9 Hz 1 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 f = 152 Hz f = 153.1 Hz 0.02 Vitesse (m.s−1) Partie imaginaire f = 152 Hz 1 101 0.02 0 0 −0.02 −0.02 −0.04 −0.04 −1 −1 0 Partie réelle f = 152.95 Hz 1 −1 0 −1 0 1 2 Déplacement (m) x 10−5 f = 153.15 Hz 1 f = 155 Hz 1 1 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 0 1 2 −5 x 10 f = 155 Hz 0.02 0.02 0 0 −0.02 −0.02 −0.04 −1 −1 −0.04 −1 −1 0 1 −1 0 −2 1 0 2 −2 0 −5 (a) Evolution des multiplicateurs de Floquet 2 4 −5 x 10 x 10 (b) Evolution des sections de Poincaré Fig. 3.10: Illustration du dédoublement de période à 153 Hz f = 198.7 Hz 1 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 f = 198 Hz Vitesse (m.s−1) Partie imaginaire f = 198 Hz 1 −1 −1 0 Partie réelle f = 198.75 Hz 1 1 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 0 0.02 0 0 −0.02 −0.02 1 −1 0 0.04 0.02 0 f = 200 Hz 1 −1 0.04 −0.04 −1 1 0 1 0.5 1 Déplacement (m) x 10−4 f = 198.95 Hz 0.02 0 −0.02 −0.02 1 −4 1 f = 200 Hz 0 0.5 0.5 −4 0.04 0 0 x 10 0.02 x 10 (a) Evolution des multiplicateurs de Floquet −0.04 0.04 −0.04 −1 f = 198.9 Hz −0.04 0 0.5 1 −4 x 10 (b) Evolution des sections de Poincaré Fig. 3.11: Illustration du passage d’une réponse 2T périodique à une réponse T périodique autour de 200 Hz 102 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT sur le comportement vibratoire non-linéaire d’un modèle vibro-impactant. Les zones d’instabilités ont été rapidement isolées et des dédoublements de période ainsi que des bifurcations secondaires de Hopf ont été identifiées. L’approche par balance harmonique s’est révélée en moyenne 10 fois plus rapide que l’intégration temporelle à chaque pas de fréquence. Comme l’amplitude de réponse est correctement représentée jusqu’à 153 Hz, nous allons nous focaliser plus précisement sur l’obtention de la réponse entre 153 Hz et 198 Hz par la balance harmonique. 3.4.3 Une compréhension plus fine du comportement dynamique Dans le paragraphe précédent, nous avons supposé que la réponse du système était de même période que l’excitation. De ce fait nous avons posé n = 1 dans l’équation 2.41. L’étude de stabilité nous a montré que cette réponse périodique était instable entre 153 et 198 Hz et qu’au point de bifurcation, la solution T périodique instable donnait lieu à une solution 2T périodique. Il nous faut donc adapter la balance harmonique pour calculer la solution 2T périodique en posant n = 2. Ce choix force le rapport entre la fréquence d’excitation et la fréquence de réponse à 2. Si théoriquement cette approche est simple, la résolution ne se passe pas aussi simplement en pratique. En effet, même si nous cherchons une solution d’une période 2T , l’algorithme de résolution va généralement nous donner la réponse T périodique instable calculée précédemment. Pour trouver le bassin d’attraction, on pourrait tester de nombreuses conditions initiales jusqu’à en trouver une qui converge vers la solution 2T périodique. Nous proposons ici une autre méthode plus robuste pour trouver un point sur la nouvelle branche de solution. En fait, la matrice de monodromie calculée lors de l’étude de stabilité offre une information supplémentaire qu’il ne faut pas négliger : le vecteur propre v0 associé à la valeur propre qui sort du cercle unité donne la direction locale de divergence de l’équation 2.77. Ainsi si nous ajoutons cette perturbation à la solution T périodique instable, on devrait rapidement atteindre le cycle limite bifurqué (2T périodique). Ci-dessous nous résumons la procédure avec une perturbation de 5% dans la direction locale de divergence v0 . 1. Détection du point de bifurcation de la solution T périodique 2. Identification du vecteur propre v0 donnant la direction locale de divergence associé à la valeur propre sortant du cercle unité 3. Intégration temporelle sur quelques périodes de l’équation 1.49 avec les conditions kU0 k initiales U0 + 0.05 v0 kv0 k 4. Récupération de la valeur des 30 premières harmoniques à utiliser dans une balance 3.4. APPLICATION SUR UN MODÈLE VIBRO-IMPACTANT 103 harmonique pour obtenir un point sur la nouvelle branche La figure 3.12 illustre le résultat de l’application de cette approche. Dans la figure 3.12(a) nous utilisons comme conditions initiales la solution T périodique instable calculée après la balance harmonique. La solution 2T périodique est atteinte après 2000 périodes d’intégration. Dans la figure 3.12(b) nous utilisons les conditions initiales augmentés par la démarche précédente. On remarque alors que la réponse 2T périodique est atteinte après seulement 80 périodes d’intégration. Les sous figures (c) et (d) présentent respectivement la solution T périodique instable et la solution 2T périodique stable. −5 Déplacement (m) 4 −5 (a) x 10 4 2 2 0 0 −2 −2 −4 0 5 −5 4 10 Temps (s) 15 −4 0.5 4 2 2 0 0 −2 −2 −4 0 1 2 3 4 x 10 −4 14 (c) 0.55 −5 (b) x 10 x 10 0.6 (d) 14.05 14.1 Fig. 3.12: Comparaison des vitesses de bifurcation en fonction des conditions initiales après le dédoublement de période à 153 Hz Maintenant qu’un point sur la branche 2T périodique a été déterminé, nous utilisons ce point comme solution initiale dans une méthode de continuation arclength 2.5.2 associée à une balance harmonique. Comme précédemment, nous effectuons une étude de stabilité à chaque 104 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT pas. La continuation arclength va nous permettre de suivre les points de retournement de la solution 2T périodique. La figure 3.13 présente la réponse en fréquence globale de notre modèle entre 153 et 198 Hz. Nous voyons qu’elle est plus compliquée que ce que nous avions prévu par une continuation séquentielle. En partant du point de bifurcation à 153 Hz, nous −5 x 10 13 stable 2T 12 11 Amplitude crête à crête (m) 10 9 Point de retournement : snap back and snap through 8 7 stable T stable 2T 6 instable 2T 5 instable T stable T 4 Point de bifurcation : dédoublement de période 140 150 160 170 Fréquence (Hz) 180 190 200 Fig. 3.13: Réponse en fréquence détaillée du modèle simplifié entre 135 et 205 Hz, suivie de la solution 2T périodique calculée par la balance harmonique (–) réponse stable (· · · ) réponse instable (o) intégration temporelle suivons la solution 2T périodique. Un premier point de retournement se présente à 155.6 Hz où la solution devient instable jusqu’à un nouveau point de retournement à 140 Hz. La branche suivante est stable de nouveau jusqu’à une série de points de retournement où la solution devient successivement instable, stable, instable et enfin de nouveau stable jusqu’à 198 Hz. La solution 2T périodique redevient T périodique à 198 Hz à travers un double point de retournement (snap back and snap through). Le suivi de cette branche 2T périodique nous a permis d’isoler toute une partie de la branche (entre 140 et 156 Hz) que nous n’avions pas identifié par la continuation séquentielle. Les intégrations temporelles confirment bien la présence de ces solutions. 3.5. CONCLUSION 3.5 105 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons présenté les méthodes pratiques pour prendre en compte le contact et le frottement dans les études temporelles et fréquentielles. Les méthodes de pénalité et de Lagrangiens augmentés se sont avérées être les plus efficaces pour la résolution de notre problème de vibro-impact. Leur mise en place est simple autant dans une intégration temporelle que dans le domaine fréquentiel et ne demande pas de prendre en compte des inconnues supplémentaires, contrairement à une approche avec des multiplicateurs de Lagrange. En tronquant la série de Fourier, on empêche les modes hautes fréquences d’apparaître. De ce fait, la balance harmonique limite forcément le contenu fréquentiel de la réponse dans l’étude d’un système. L’effet est similaire à la troncature modale. Cependant, lors de problèmes vibro-impactant, les impacts excitent généralement une large bande de fréquences, et lorsque le couplage avec les basses fréquences est faible nous avons proposé une méthode pour récupérer l’amplitude de ces hautes fréquences par une procédure de réinjection. Enfin, nous avons proposé une méthodologie qui permet de déterminer le comportement vibratoire d’une structure sur une large plage de fréquence. Dans une première étape, nous combinons une continuation séquentielle avec une balance harmonique et une étude de stabilité. Nous obtenons rapidement une vue d’ensemble des zones d’instabilités de la structure. Une continuation arclength permet alors de déterminer plus précisement l’évolution des réponses dans les zones instables. Il faut remarquer ici que cette approche a pu se faire avec une balance harmonique car la solution reste entièrement périodique. Toutefois si les bifurcations donnent naissance à des régimes quasi périodiques ou chaotiques, le suivi des solutions devient difficile voire impossible. En effet, il est possible de calculer des solutions quasi-périodiques avec la balance harmonique, mais la difficulté d’implémentation et la longueur des calculs ne justifie pas forcément l’utilisation de ces méthodes [57]. Quant aux solutions chaotiques, il est impossible de les calculer par balance harmonique, la seule solution reste l’intégration temporelle. Dans la suite, nous désirons appliquer ces méthodologies sur une commande de boîte de vitesses et ainsi établir son comportement vibratoire sur la plage de fréquence entre 35 et 200 Hz. Cela constitue la dernière partie de cette thèse. 106 CHAPITRE 3. RÉSOLUTION PRATIQUE D’UN PROBLÈME AVEC CONTACT Chapitre 4 Corrélation essais/calculs Les commandes manuelles de boîte de vitesses n’étant pas fabriquées par PSA, il est nécessaire de spécifier des cahiers de charges pour les fournisseurs. Ces documents ne fournissent pas une description détaillée des pièces, mais spécifient un ensemble de prestations que doit respecter la commande finie. Le fournisseur est ensuite libre de réaliser la commande comme il le désire. Afin que le fournisseur tienne compte du grésillement dans la conception de la commande, il a été nécessaire de créer une procédure d’essais, reproductible par le fournisseur, qui permette de déterminer si la commande va grésiller lorsqu’elle est montée en véhicule. PSA a donc était contraint de réaliser un certain nombre d’essais qui ont permis d’établir une procédure objective pour qualifier le comportement acoustique d’une commande. Elle est alors intégrée dans le cahier des charges, et le fournisseur doit avoir testé, au préalable, ses commandes avant de les livrer. Lors de ces essais un certain nombre de points ont été soulevés, comme nous l’avons déjà dit dans l’introduction générale de la thèse : le grésillement est sensible à la fréquence d’excitation et l’application d’une pression sur le pommeau de vitesses fait disparaître systématiquement le grésillement. Initialement, nous espérions pouvoir réexploiter directement ces essais pour valider notre modélisation numérique. Cependant, la configuration utilisée et la complexité du montage ne permettait pas d’isoler spécifiquement le phénomène de grésillement. Cette partie est donc consacrée aux expérimentations que nous avons menées séparément de ces essais de spécification. Leur objectif est double : d’une part il s’agit de mieux comprendre l’origine vibratoire du grésillement et d’autre part de réaliser des essais qui vont permettre de valider une modélisation numérique. Nous présenterons donc le modèle éléments finis et nous comparerons les solutions stationnaires obtenues par intégration temporelle et par balance harmonique avec les essais. Enfin nous proposerons des critères qui peuvent être intégrés dans un outil de conception pour déterminer si oui ou non un ensemble câble-gaine grésille. 107 108 4.1 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS Description générale d’une commande de boîte de vitesses Avant d’aborder plus spécifiquement le phénomène non-linéaire qu’est le grésillement, nous allons décrire brièvement l’implémentation de la commande dans le véhicule et les spécificités de chaque pièce du montage. 4.1.1 Implémentation dans le véhicule La commande de boîte de vitesses permet au conducteur, à travers le pommeau dans l’habitacle de la voiture, de contrôler les commandes internes de la boîte de vitesses. Si aujourd’hui on tend de plus en plus vers l’utilisation de boîtes de vitesses manuelles pilotées ou de boîtes de vitesses automatiques, il n’est pas encore prévu de supprimer les commandes manuelles à câbles telles que nous les étudions. Leur utilisation dans le futur est aussi assurée par le développement des voitures à bas coût. La commande manuelle est constituée de deux câbles. L’un permet la sélection d’une vitesse et l’autre le passage de la vitesse choisie. Chacun de ces câbles est à son tour constitué d’un câble interne et d’une gaine externe. Le câble interne est fixé d’un côte au levier de passage et de l’autre côté à la boîte de vitesses. La gaine est aussi fixée sur le boîter et la boîte de vitesses. C’est le câble interne qui assure la transmission des efforts entre le levier et la commande interne de la boîte de vitesses. Comme tout câble, il est rigide en traction mais ne résiste pas à la compression. C’est la gaine qui vient assurer le maintient du câble lors de la compression. Un tel montage a été crée pour remplacer les systèmes à barres qui ne permettaient pas de découpler suffisamment le groupe moto-propulseur de l’habitacle de la voiture. La figure 4.1 présente l’implémentation d’une commande manuelle de la Peugeot 307 sous le capot moteur. Une isolation acoustique entre le compartiment moteur et passagers est réalisée à l’aide du passe-tablier. Regardons maintenant plus spécifiquement la composition du câble de sélection ou de passage. 4.1.2 Structure du câble de passage ou de sélection Les câbles de passage et de sélection sont faits de la même manière et leurs constituants de base sont les mêmes : embouts, câble interne et gaine externe. Une photographie de ces câbles avant montage en véhicule est présentée dans la figure 4.2. Nous voyons que le câble interne est serti aux deux extrémités par des embouts de câbles qui sont guidés par les tubes guides et fixés sur le levier et la boîte de vitesses par des rotules. Ces tubes guides permettent d’améliorer l’agrément de passage de vitesses en rigidifiant les extrémités de la commande. La gaine se termine par deux arrêts de gaine qui sont clipsés dans le boîtier d’un côté et sur la boîte de vitesses de l’autre. Les embouts ne sont pas identiques : côté 4.1. DESCRIPTION GÉNÉRALE D’UNE COMMANDE DE BOÎTE DE VITESSES 109 Fig. 4.1: Installation d’une commande manuelle sous le capot boîte de vitesses ils contiennent du jeu et sont filtrés (à l’aide de caoutchouc), alors que côté boîtier, il n’y a aucune filtration qui isole la commande des vibrations. Outre ce montage constitué de nombreuses pièces, les structures du câble interne et de la gaine sont aussi compliquées. Ils sont composés de fils de fer tressés et en cela ressemblent aux haubans utilisés sur les ponts en génie civil. La photographie 4.3 montre le câble dans sa gaine. Les embouts de câble et arrêts de gaine ont été retirés (voir fig. 4.2). La figure 4.4 montre la section des deux éléments. Le câble est composé d’un fil central avec deux couches de fils torsadés en sens inverse. La dernière couche est une bande métallique plate enroulé autour des 19 fils centraux. Cette couche externe est en contact avec la première couche interne de la gaine : un tube en plastique souple. Cette couche est recouverte d’une bande enroulée, de fils de fers torsadés et enfin d’une couche de matériau viscoélastique qui sert de protection. Nous voyons à travers ces différentes images la complexité de la structure d’une commande à câbles. Non seulement la structure est complexe, mais il y a aussi divers matériaux : du métal, du caoutchouc et du plastique. Il va sans dire que pour réaliser un modèle non linéaire de taille acceptable pour une résolution de la réponse dynamique du système, il faudra poser de fortes hypothèses. Mais avant cela, nous allons présenter les premiers essais qui ont permis de nous assurer que le grésillement provenait bien du battement entre le câble et la gaine. 110 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS Fig. 4.2: Câble de passage et de sélection avant montage dans véhicule Fig. 4.3: Câble interne et gaine dénudés Fig. 4.4: Section du câble interne et de la gaine 4.2. L’ORIGINE VIBRATOIRE DU GRÉSILLEMENT 4.2 111 L’origine vibratoire du grésillement Au début de la thèse nous avions encore des doutes concernant la source du phénomène vibratoire présentée : est-ce le battement du câble dans la gaine, ou est-ce les embouts présentant du jeu dans leur fixation qui viennent impacter périodiquement les rotules sur lesquels ils sont attachés. Une première étude, se basant sur la deuxième hypothèse, avait été menée mais elle n’avait pas aboutie [103], d’une part car on ne disposait pas de mesures expérimentales, et d’autre part car le modèle adapté paraissait trop simple. Grâce aux essais menés par PSA sur véhicule et sur le banc final, les ingénieurs étaient persuadés que le problème venait du battement entre le câble et la gaine. Notre première série d’essais a donc consisté à vérifier sur un montage plus simple comment apparaissait le phénomène. Pour cela nous avons utilisé le montage de la figure 4.5. Le câble est placé en position courbe pour imiter la configuration véhicule. Afin de retirer toute possibilité de battement dans les embouts de câble, ils ne sont attachés ni du côté boîte de vitesses, ni du côté boîtier. Les arrêts de gaine sont, quant à eux, clipsés sur des pièces d’adaptation côté boîte de vitesses et côté boîtier. Côté boîte de vitesses la pièce d’adaptation est directement fixée sur un pot vibrant qui est contrôlé en accélération. La niveau vibratoire est mesuré sur la gaine côté boîtier par un autre accéléromètre. Fig. 4.5: Montage expérimental Les relevés accélérométriques ne laissent plus de doute quant à l’origine du grésillement. On voit clairement qu’en fonction du niveau d’excitation le grésillement apparaît ou disparaît, et ce, sans que les embouts de câbles soient attachés sur les rotules. La figure 4.6 illustre ce phénomène. Pour l’excitation la plus faible 4.6(a) l’impact entre le câble et la gaine est quasiment inexistant : la réponse sur la gaine est sinusoïdale. En augmentant légèrement l’excitation 4.6(b) on commence à voir apparaître un signal plus haute fréquence superposé CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 112 à la sinusoïde de base. Le niveau de ce signal haute fréquence augmente avec le niveau de l’excitation (4.6(c) et (d)). 2 1 0 −1 −2 0 2 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) (a) 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0 −1 0 1 0 −1 0 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 2 (c) 1 −2 (b) −2 0.04 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) 2 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 (d) 1 0 −1 −2 0 Fig. 4.6: Accélération sur la gaine pour différents niveaux d’excitations (a) 0.9 m.s−2 (b) 1.1 m.s−2 (c) 1.3 m.s−2 (d) 1.6 m.s−2 D’autres considérations nous font clairement accepter l’hypothèse du battement câble gaine. Lorsque l’on applique une tension sur les deux côtés du câble, le grésillement disparaît complètement. L’apparition du grésillement est de plus très sensible au positionnement du câble dans la gaine. En effet si on déplace l’embout de câble entre les deux positions illustrées dans la figure 4.7, on passe d’une situation où il y a grésillement à une situation où il n’y en a plus (figure 4.8). Les conditions aux limites sur le câble semblent jouer un rôle important. Finalement, l’observation la moins facile à transcrire dans un rapport concerne le bruit émis par le câble. Lorsque le niveau de l’excitation devient suffisamment fort, on entend clairement un bruit de grésillement. En promenant l’oreille le long de la gaine, on distingue clairement les zones où apparaît le battement câble-gaine. 4.2. L’ORIGINE VIBRATOIRE DU GRÉSILLEMENT 113 2 2 1.5 1.5 1 1 −2 Accélération (m.s ) Accélération (m.s−2) Fig. 4.7: Deux positions différentes de l’embout de câble côté boîte de vitesses 0.5 0 −0.5 0.5 0 −0.5 −1 −1 −1.5 −1.5 −2 0 0.01 0.02 0.03 0.04 Temps (s) 0.05 0.06 −2 0 0.01 0.02 0.03 0.04 Temps (s) 0.05 0.06 Fig. 4.8: Accélération pour une excitation de 1.4 m.s−2 à 120 Hz pour différentes positions du câble 114 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS Ces essais nous ont donc permis de mieux comprendre l’origine vibratoire du grésillement et son cheminement (fig. 4.9) vers le passager du véhicule. Les excitations moteurs provoquent le battement du câble et de la gaine. Ces impacts provoquent un premier rayonnement acoustique, mais qui est surtout restreint au compartiment moteur car l’habitacle est isolé par le passe tablier. Ces impacts créent aussi des vibrations hautes fréquences qui se propagent le long du câble et de la gaine. Elles sont transmises au boîtier à travers les arrêts de gaine et les embouts de câble. Le boîtier est en plastique et présente de nombreuses surfaces planes qui peuvent rayonner à leur tour dans l’habitacle de la voiture. Fig. 4.9: Schéma de propagation des vibrations jusqu’à l’habitacle passager Maintenant que nous avons isolé le phénomène physique, nous pouvons envisager de réaliser des essais pour déterminer les paramètres matériaux des différentes pièces en vue d’une modélisation par éléments finis. Dans la suite nous allons donc présenter les essais réalisés sur les embouts de câble, arrêts de gaine, câble interne et gaine. 4.3 Caractérisation des filtrations côté boîte de vitesses Nous présentons ici quelques résultats des essais que nous avons effectués sur les arrêts de gaine et les embouts de câble filtrés. Ce sont des structures composées de plastiques, métal et caoutchouc. Pendant un temps nous avons soupçonné ces pièces d’être responsables du grésillement à cause de la présence de jeu, mais les essais précédents ont permis de déterminer que le grésillement apparaissait sans l’influence des embouts. Toutefois, il n’est pas impossible que les embouts contribuent au grésillement. Les essais qui suivent nous fournissent des courbes de réponses hystérétiques qui donnent les caractéristiques statiques des 4.3. CARACTÉRISATION DES FILTRATIONS CÔTÉ BOÎTE DE VITESSES 115 différents embouts. Toutefois dans la modélisation finale présentée dans le paragraphe 4.6 nous n’intégrons pas encore ces pièces, c’est pourquoi nous ne présentons que succinctement les résultats. Pour plus de détails il faut se référer au rapport ([104]). Les essais ont été menés exclusivement sur les embouts de câble et arrêts de gaine côté boîte de vitesses. Ces pièces ont été conçues pour fournir un découplage basse fréquence entre le moteur et la commande. On s’attend donc à trouver une zone de rigidité très faible qui assurera ce découplage. Pour réaliser ces essais, le vérin "1000 Hz" sur le centre technique de La Garenne Colombes a été utilisé. C’est un instrument qui offre un moyen rapide pour réaliser des caractérisations statiques et dynamiques. Il est utilisé généralement pour caractériser les cales de suspension du groupe moto-propulseur. Pratiquement, il peut gérer des excitations jusqu’à 800 Hz (au-delà, les modes de résonance de la structure commencent à apparaître), des efforts allant de ±7000 N, et des déplacements de plusieurs millimètres. Fig. 4.10: Verin 1000 Hz utilisé pour la caractérisation des pièces filtrantes Ici, nous présentons uniquement la caractérisation statique de l’embout de câble. Le montage de l’embout et le résultat de la caractérisation sont montrés dans la figure 4.11 et 4.12. Le vérin applique un effort compris entre -500 N et +500 N. Autour d’un déplacement nul, nous observons la présence de jeu dans l’embout de câble qui vient assurer le découplage à basse fréquence du câble et de la boîte de vitesse. En effet entre -0.5 mm et 0.5 mm, CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 116 il n’y a pratiquement pas de rigidité. Ces données sont conformes à celles données par le fournisseur. Des études dynamiques permettent d’établir que dans la plage d’excitations du moteur (jusqu’à 200 Hz), la rigidité dynamique ne dépend pas de la fréquence. Par contre elle dépend fortement de la précharge initiale (ce qui paraît normal au vue de la courbe de chargement statique). Fig. 4.11: Montage pour caractériser la raideur d’un embout de câble filtré 500 400 300 Effort (N) 200 100 0 −100 −200 −300 −400 −500 −2.5 −2 −1.5 −1 −0.5 0 0.5 Déplacement (mm) 1 1.5 2 2.5 Fig. 4.12: Courbe de réponse statique de l’embout de câble filtré 4.4. CARACTÉRISATION DU CÂBLE INTERNE ET DE LA GAINE 4.4 117 Caractérisation du câble interne et de la gaine Dans ce qui suit, l’objectif pour nous est de déterminer des paramètres matériaux du câble et de la gaine qui permettront de modéliser ces deux corps avec des poutres d’Euler-Bernoulli. Nous avons souhaité simplifier au maximum la modélisation de ces corps en vue de réaliser l’étude de leur comportement dynamique. En effet, nous désirons nous consacrer aux nonlinéarités de contact. Les rapports entre la longueur et le diamètre du câble et de la gaine permettent d’envisager sans hésiter une telle modélisation Lgaine Lcable ≈ 260 et ≈ 80 2Rcable 2Rgaine (4.1) La dynamique des câbles et structures composites est un domaine actif de la recherche qui trouve de nombreuses applications dans le génie civil. Afin d’avoir quelques notions concernant la dynamique des câbles tressés, nous résumons les résultats qui vont nous servir dans l’interprétation de certains résultats. Deux approches sont généralement considérées dans les travaux : soit on cherche à connaître le comportement dynamique global du câble sous l’effet d’excitations externes ; soit on crée un modèle local pour déterminer les efforts internes et ensuite remonter au comportement global. Dans le premier cas, on utilise la théorie des câbles dont l’hypothèse principale est de ne considérer aucun moment de flexion dans la structure. On réalise des études modales en se basant en général sur le critère d’Irvine [105]. Il quantifie le rapport entre l’élasticité en traction du câble et la non-linéarité géométrique dûe aux grands déplacements. Cette non-linéarité provoque alors des couplages entre les modes du câble qui peuvent aboutir à des comportements quasi-périodiques et chaotiques [106, 107]. Chamberland propose différentes méthodes de contrôle actif pour limiter les débattements [108]. Avec l’allongement des câbles et le grossissement de la section, il n’est pas toujours correct de négliger le moment de flexion, dans ce cas on rajoute des termes de flexion dans la théorie [109]. Lorsque le câble est soumis à une forte précontrainte, on préfère utiliser la théorie linéaire des poutres pour identifier les propriétés des câbles [110, 111], mais une approche non-linéaire s’avère plus juste [112]. Lorsque l’on cherche à connaître les efforts internes des câbles et entre les fils de fers torsadés on peut se reporter aux travaux de Costello [113]. Une étude bibliographique étendue est présenté par Ghoreishi [114]. Dans de telles structures les efforts de traction, torsion et flexion sont couplés. A partir de ces travaux, Nawrocki et Labrosse [115] développent un modèle éléments finis dans lequel ils étudient les différents mouvements interfilaires. Même s’ils ne considèrent pas le frottement entre les fils, ils montrent que lors de la flexion, les fils glissent entre eux. Les modes de flexion du câble sont alors compris entre les deux cas extrêmes : pas de glissement entre les fils et glissement total. Cette non-linéarité de frottement est une des caractéristiques les plus importantes dans la dynamique des câbles torsadés car CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 118 elle induit de forts taux d’amortissement. Ainsi Sauter [116, 96] présente sa thèse sur la modélisation des amortisseurs de Stockbridge utilisés pour limiter le débattement causé par le vent sur les lignes électriques. Gerges et Vickery [117] étudient aussi l’amortissement présent dans les ressorts composés de câbles enroulés. Ils en déduisent que l’amortissement augmente avec le niveau d’excitation. Cet amortissement est aussi utilisé dans le milieu aérospatial pour limiter le mouvement des structures déployables [118]. Nous retenons de ces études que les effets non-linéaires dominants sont causés par les grands déplacements, et par le frottement entre les fils de fers. Dans notre cas nous ne intéressons pas aux grands déplacements puisqu’une fois la commande en place les débattements sont de faible amplitude autour de la position d’équilibre statique. Mais dans la suite, nous allons voir que le frottement interfilaire va avoir un rôle primordial dans la modélisation du câble et de la gaine. Afin d’alléger les calculs nous allons travailler de la même manière que Otrin [38] et Zhu [119] : nous allons considérer que les câbles sont des poutres d’Euler Bernoulli qui ont des propriétés de raideur et amortissement variables en fonction de la fréquence et l’amplitude de l’excitation. 4.4.1 Caractérisation du câble interne Le câble est une structure de fils de fer comme nous l’avons vu dans l’introduction de cette partie. Sa structure tressée lui confère une bonne rigidité en traction. De nombreux articles traitent du comportement axial de tels câbles car lorsqu’ils sont utilisés comme haubans de pont ils travaillent en traction. Par contre, il a été difficile de trouver des articles qui déterminent des modules de flexion de câbles non soumis à une précontrainte. Comme nous désirons modéliser le câble par une poutre d’Euler-Bernoulli, nous identifierons les modes propres entre 0 et 200 Hz dans un premier temps et nous déterminerons ensuite des paramètres matériaux qui permettront de recaler les modes propres mesurés et calculés par la théorie d’Euler-Bernoulli ([32]). Essais au marteau de choc Nous avons utilisé le montage de la figure 4.13. En raison de la souplesse et légèreté du câble il était plus facile de réaliser ces essais en conservant les fixations utilisées sur véhicule. Ceci permet aussi de nous rapprocher de la configuration réelle. Avec un marteau de choc nous venons taper sur la pièce de fixation (et non sur le câble directement) et nous relevons la fonction de réponse en fréquence sur le câble par un accéléromètre. Ces essais ont permis de rapidement localiser les modes propres dans le plan du câble. La figure 4.14 présente la réponse en fréquence du câble pour une configuration où la tension appliquée est faible. 4.4. CARACTÉRISATION DU CÂBLE INTERNE ET DE LA GAINE Fig. 4.13: Montage expérimental Fig. 4.14: Réponse en fréquence du câble 119 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 120 Recalage Les propriétés géométriques de la pièce ont été mesurées et la densité a été déterminée par pesée. Une minimisation par moindres carrés sur le module d’Young a permis de recaler les fréquences propres de la poutre d’Euler-Bernoulli avec les fréquences propres expérimentales. Le tableau 4.1 présente les résultats de ce recalage. L’erreur maximale commise sur une valeur propre des 6 premiers modes propres est inférieure à 10%. Les propriétés matériaux et géométriques recalées sont les suivantes : E = 4.1010 N.m−1 , L = 0.85 m, r = 0.001625 m, et ρ = 7700 kg.m−3 . Dans le calcul de la densité, nous avons retiré les embouts et la longueur du câble est la longueur prise entre les deux sertissages des embouts. Fréquences propres mesurées Fréquences propres calculées Mode 1 8 9 Mode 2 Mode 3 Mode 4 Mode 5 23 45 85 111 25 49 81 121 Mode 6 170 170 Tab. 4.1: Comparaison des fréquences propres expérimentales et numériques [Hz] La valeur du module d’Young trouvé par ce recalage est du même ordre de grandeur que celui trouvé par Otrin et Boltezar dans leur article [38]. Leur câble possède presque les mêmes propriétés géométriques : seule la longueur change. Dans leur article, ils ne s’intéressent qu’au câble (et non à tout l’assemblage de la commande) et mènent des essais supplémentaires pour déterminer un module d’Young et des coefficients de Rayleigh qui varient en fonction de la fréquence. Cette démarche est une voie d’amélioration envisageable. Leur article nous fournit donc un ordre de grandeur des coefficients de Rayleigh à adopter pour modéliser l’amortissement du câble, nous retenons α = 10 et β = 0.00002. 4.4.2 Caractérisation de la gaine Initialement, nous avons voulu utiliser la même approche pour tester la gaine. Malheureusement l’utilisation d’un marteau de choc avec la gaine n’a pas été efficace. Le comportement de cette dernière est fortement amorti et les courbes de réponses en fréquence étaient difficilement exploitables. Il a donc fallu utiliser un pot vibrant pour injecter plus d’énergie dans le système. Comme lors des essais sur le câble nous avons choisi de conserver les arrêts de gaine côté boîtier et côté boîte de vitesses pour se rapprocher de la situation réelle. Essais Le montage expérimental est présenté sur la photographie 4.15. La gaine est fixée au pot vibrant à l’aide d’une pièce d’adaptation et nous avons placé des accéléromètres sur la gaine proche du boîtier et sur le pot vibrant. Ce dernier va servir à contrôler l’excitation du support. 4.4. CARACTÉRISATION DU CÂBLE INTERNE ET DE LA GAINE 121 Fig. 4.15: Montage expérimental Par rapport aux essais au marteau de choc, le pot vibrant permet de se placer dans des conditions plus proches de la réalité. En effet, tout comme le moteur, le pot vibrant va imposer une accélération harmonique sur la gaine et va nous permettre de connaître le comportement dynamique de cette dernière sur toute une plage de fréquence entre 0 et 200 Hz. La figure 4.16 présente l’amplitude de la première harmonique de la gaine pour des balayages à niveau d’excitation constant. La fréquence varie lentement entre 20 et 200 Hz et l’amplitude de l’accélération d’entrée est maintenue constante au cours d’un balayage. Elle varie entre 0.5 m.s−2 et 8 m.s−2 . Nous n’avons pas pu tracer systématiquement les courbes sur toute la plage de fréquence en raison des limitations du pot vibrant. Entre 20 et 200 Hz, nous relevons immédiatement trois modes propres. Même s’il n’est pas visible ici, un quatrième existe à plus basse fréquence (autour de 15 Hz). Comme souvent dans les systèmes possédant des non-linéarités de frottement, les pics de résonance se décalent vers la gauche du spectre lorsque l’excitation augmente : plus l’excitation est forte, plus les frottements sont libérés et plus le système s’assouplit. La déformation des courbes de réponse pour les niveaux d’excitations plus faible vient confirmer cette hypothèse ([70, 31]). Par contre, nous ne pouvons savoir si ce frottement a lieu entre les fils de fer torsadés, entre les différentes couches de la gaine ou est intrinsèque au comportement du caoutchouc dans l’arrêt de gaine côté boîte de vitesses. En effet ce décalage vers la gauche dans le spectre pourrait aussi être attribué à l’effet Payne [95] : plus l’excitation harmonique sur un caoutchouc augmente plus la rigidité dynamique diminue. Elle atteint un seuil minimum avant de remonter. La réalité est certainement une combinaison des deux effets. Il faudrait approfondir les essais pour faire une distinction. Quoiqu’il en soit, cet inconnu CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 122 9 8 Accélération (m.s−2) 7 Excitation augmente 6 5 4 3 2 1 0 50 100 150 Fréquence (Hz) 200 250 Fig. 4.16: Réponses en fréquence de la gaine pour des excitations entre 0.5 m.s−2 et 8 m.s−2 4.4. CARACTÉRISATION DU CÂBLE INTERNE ET DE LA GAINE 123 ne nous empêche pas de choisir une modélisation qui intègre ces différents phénomènes. Recalage Nous allons utiliser une approche qui est analogue à celle présentée par Otrin et Boltezar [38] ou Zhu et Meguid [119]. Afin de prendre en compte les effets non-linéaires dans une modélisation simple, nous allons utiliser un module d’Young et des coefficients d’amortissement variables en fonction du niveau d’excitation. Le module d’Young est identifié de la même manière que pour le câble : on minimise l’écart entre les valeurs propres expérimentales et numériques pour une modélisation Euler-Bernoulli de la gaine. Les résultats de ce premier travail sont résumés dans le tableau 4.2. Il compare les fréquences propres expérimentales et recalées des modes 3 et 4 pour différents niveaux d’excitation ainsi que le module d’Young associé. L’erreur maximale commise sur les fréquences propres est de 10%. Les effets non-linéaires d’assouplissement de la gaine se retrouvent dans le fait que le module d’Young diminue avec l’augmentation du niveau d’excitation. Excitation (m s−2 ) 0.5 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0 f3,exp 119 113 107 103 102 101 f3,cal 125 122 117 111 109 106 f4,exp 218 213 207 195 192 185 f4,cal 214 208 202 190 187 181 E (1010 N m−1 ) 1.419 1.337 1.233 1.118 1.087 1.022 Tab. 4.2: Modules d’Young recalés de la gaine en fonction du niveau d’excitation Pour que l’identification soit complète, il reste à déterminer les taux d’amortissement modaux. Pour cela nous employons la méthode du pic qui est entièrement détaillée dans [31]. Cette approche suppose que tous les modes sont distincts. Du coup, chaque pic peut être considéré comme associé à un unique mode et il existe une relation simple pour obtenir le taux d’amortissement du mode i ∆fi ξi = (4.2) 2fi où ξ est le taux d’amortissement, ∆f l’écart de fréquence à mi-hauteur, et f la fréquence propre. Ces valeurs sont relevées sur les courbes de la figure 4.16. Des coefficients de Rayleigh sont déduits de ces taux d’amortissement par la relation 1.34 et servent de point de départ pour une procédure itérative dans laquelle on modifie ces coefficients de Rayleigh afin de recaler le maximum d’amplitude des modes 3 et 4. Le tableau 4.3 récapitule les coefficients de Rayleigh obtenus par cette procédure itérative. Le sens physique de ces coefficients étant assez difficile à interpréter, nous avons aussi présenté les taux d’amortissement modaux associés. On voit que le taux d’amortissement d’un mode augmente avec le niveau d’excitation. Les autres paramètres géométriques ont été mesurés et la densité obtenue par 124 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS pesée : L = 0.68 m, r = 0.00414578 m, ρ = 5000 kg.m−3 . Le rayon r a été pris pour avoir la même section que la gaine (dans notre modèle nous considérons une poutre pleine alors qu’en réalité c’est un tube). Excitation (m s−2 ) 0.5 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0 α (s−1 ) β (10−5 s) 90 0.05 97 0.95 83 3.1 75 5.0 95 4.0 113 3.0 ξ3 5.7 6.7 6.8 7.1 8.3 9.4 ξ4 3.4 4.3 5.3 6.1 6.4 6.7 Tab. 4.3: Coefficients de Rayleigh et taux d’amortissement modaux de la gaine en fonction du niveau d’excitation Afin de calculer les courbes de réponses en fréquence nécessaires au recalage des taux d’amortissement, nous utilisons une approche dans le domaine fréquentiel. En créant un modèle éléments finis de la gaine, on écrit l’équation du mouvement MÜ + CU̇ + KU = Fext eiωt (4.3) où M, C, K sont respectivement les matrices de masse, d’amortissement de Rayleigh et de raideur. Fext est l’amplitude de l’excitation harmonique appliquée sur le système et U le déplacement. On peut chercher directement la solution stationnaire de cette équation sous la forme U(t) = Ũeiωt (4.4) où Ũ correspond aux déplacements harmoniques et ω à la pulsation d’excitation. En remplaçant cette solution dans l’équation du mouvement 4.3 on obtient 2 −ω M + iωC + K · Ũ = Fext (4.5) Grâce à cette relation il est très facile d’imiter le balayage fréquentiel effectué lors des essais en modifiant la fréquence d’excitation. La figure 4.17 compare les réponses en fréquence expérimentales et calculées pour différents niveaux d’excitation à l’aide des modules d’Young et coefficients de Rayleigh recalés. Nous voyons que la démarche adoptée permet de faire évoluer les courbes de réponses calculées de la même manière que les courbes expérimentales en ce qui concerne les modes 3 et 4. Nous avons porté plus d’attention sur le recalage de ces modes car leurs fréquences correspondent à la zone plus critique pour le grésillement. En conséquence, les amplitudes du deuxième mode ne sont pas correctement recalées. Le recalage des coefficients de Rayleigh a été effectué pour les modes 3 et 4, ce qui impose un amortissement très fort sur le deuxième mode, qui n’est correct que pour une excitation de 2 m.s−2 (fig. 4.17c). On voit aussi les 4.4. CARACTÉRISATION DU CÂBLE INTERNE ET DE LA GAINE 125 autres limites de notre modélisation : les courbes calculées n’ont pas la même forme que les courbes expérimentales car nous n’intégrons pas de frottement dans notre modèle. De plus, comme lors de l’identification du câble, un recalage exact des fréquences propres n’est pas possible car le module d’Young estimé n’intègre pas son évolution en fonction de la fréquence. CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 126 0.8 0.6 0.4 0.2 3 50 100 150 200 Fréquence (Hz) (c) 2 1.5 1 0.5 Accélération (m.s−2) 50 1.5 1 0.5 0 250 2.5 0 (b) Accélération (m.s−2) 0 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) 1 100 150 200 Fréquence (Hz) 4 4 5 1 0 (e) 50 100 150 200 Fréquence (Hz) 250 250 100 150 200 Fréquence (Hz) 250 100 150 200 Fréquence (Hz) 250 (d) 1 6 2 100 150 200 Fréquence (Hz) 2 5 3 50 3 0 250 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) 2 (a) 50 4 3 2 1 0 (f) 50 Fig. 4.17: Réponses en fréquence expérimentales (–) et simulés (· · · ) pour différents niveaux d’excitations (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 3 m.s−2 (e) 4 m.s−2 (f) 5 m.s−2 4.4. CARACTÉRISATION DU CÂBLE INTERNE ET DE LA GAINE 4.4.3 127 Conclusion Les essais présentés dans cette partie nous ont permis de comprendre la nature du grésillement et d’établir son cheminement du moteur vers l’oreille du passager. Initialement, les données matériaux n’étaient pas connues. Ces essais avaient donc aussi pour objectif de déterminer des ordres de grandeurs du module d’Young et des coefficients de Rayleigh afin de pouvoir réaliser un modèle éléments finis de la commande complète. La décision de modéliser ces éléments par des poutres d’Euler-Bernoulli était portée par le besoin de se concentrer sur les vibro-impacts. Une telle approche permet de limiter les temps d’intégrations nécessaires pour représenter le grésillement (qui sont longs malgré tout, comme nous le verrons dans la partie suivante). Rappelons les principales hypothèses que nous avons posées 1. la modélisation du câble et de la gaine reste en deux dimensions. La torsion des fils de fer peut provoquer des modes hors plan avec une excitation plan. Nous négligeons cet aspect vu que l’excitation est faible. 2. on ne considère pas les embouts de câble. Comme nous l’avons vu dans la partie 4.2, le grésillement peut apparaître sans que les embouts de câble soient fixés sur leurs rotules. 3. les effets d’assouplissement et d’amortissement de l’arrêt de gaine filtré sont pris en compte à travers le module d’Young et les coefficients de Rayleigh de la gaine. Ce choix s’avère correct pour les modes 3 et 4. Pour les modes 1 et 2, il faudrait intégrer un modèle plus précis de l’amortissement. Toutefois, le grésillement apparaît généralement au-delà de 90 Hz, il n’a donc pas été jugé nécessaire d’approfondir cet aspect pour le moment. 4. pour un niveau d’excitation donné, nous avons négligé la variation du module d’Young en fonction de la fréquence. Ceci empêche de recaler exactement les fréquences propres des poutres Euler-Bernoulli avec les fréquences propres expérimentales. Les paramètres matériaux que nous avons identifiés dans cette partie vont nous permettre de créer un modèle éléments finis et de réaliser la corrélation avec des essais de référence. Nous allons voir cette démarche dans la prochaine partie. 128 4.5 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS Corrélation essais/calculs sur la commande droite Dans les paragraphes précédents, nous nous sommes attachés à présenter les essais de caractérisation des embouts, du câble et de la gaine. Maintenant que nous avons les données matériaux nécessaires pour chaque pièce prise séparément, nous pouvons envisager de faire une corrélation entre les essais et les calculs sur le système complet. Toutefois, la commande complète utilisée dans les essais à PSA est trop compliquée pour la modélisation. Du coup, nous préférons avoir un montage plus simple. Après avoir présenté le montage expérimentale de la commande droite et les résultats d’essais, nous présenterons le modèle éléments finis utilisé pour la corrélation. Dans un premier temps, le régime stationnaire sera calculé par une intégration temporelle directe, et ensuite pour limiter les temps de calcul et obtenir le comportement dynamique de l’assemblage sur toute la plage de fréquence 0-200 Hz nous réaliserons une balance harmonique. 4.5.1 Réponses stationnaires expérimentales de la commande Le montage expérimental est présenté dans la figure 4.18. Il est similaire au montage utilisé précédemment pour la caractérisation de la gaine. Seul le câble de sélection est étudié dans ce cas. Le parcours du câble est droit, les mousses de protection et le passe tablier sont retirés. Le câble interne et la gaine sont attachés via leurs embouts sur une pièce d’adaptation rigidement liée au pot vibrant. Cette pièce d’adaptation imite la fixation de la commande sur la boîte de vitesses et présente un premier mode propre au-delà de 500 Hz. A l’autre extrémité, le câble est attaché au levier de vitesses et la gaine est clipsée dans le boîtier. L’excitation est contrôlée par un accéléromètre placé sur le pot vibrant et la réponse vibratoire est mesurée en un point de la gaine. Il est placé à 13.5 cm du boîtier. Comme dans l’étude de la gaine seule, nous avons réalisé un balayage sinusoïdal entre 20 et 200 Hz. La figure 4.19 présente les résultats pour des niveaux d’excitations entre 0.5 et 8 m.s−2 , où seul le niveau de la première harmonique a été relevé. Les courbes de réponses sont similaires aux courbes de réponses obtenues pour la gaine seule. Trois modes sont présents entre 20 et 200 Hz (avec un quatrième inférieur à 20 Hz). La gaine régit l’ensemble de la dynamique du système. Toutefois les fréquences des modes propres sont décalées vers la gauche en raison de la masse supplémentaire dûe à la présence du câble à l’intérieur de la gaine. Même si ces essais fournissent des résultats importants concernant l’influence de la gaine dans la réponse dynamique finale de l’assemblage, ils ne permettent pas de déterminer si oui ou non la commande grésille. Ce sont les réponses temporelles à différents niveaux et fréquences d’excitations qui le permettront. Pour une excitation de 106 Hz, nous nous trouvons autour du troisième mode du câble de sélection. La figure 4.20 illustre les réponses périodiques pour des excitations comprises entre 0.5 et 4 m.s−2 . Pour le niveau d’excitation 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 129 Fig. 4.18: Montage expérimental du câble interne et de la gaine droits le plus faible (4.20(a)), la réponse est une fonction sinus de même fréquence que l’excitation. Dans ce cas nous n’entendons pas de grésillement sur la commande. Lorsque l’excitation augmente (4.20(b), (c), (d)), un signal périodique haute fréquence est superposé au sinus de base. Ceci est la caractéristique vibratoire du grésillement et représente le battement entre le câble et la gaine. De plus, pour l’excitation la plus forte, on commence à entendre le grésillement sans microphone directionnel. Ces remarques sont essentielles car il est nécessaire d’avoir les mêmes comportements physiques sur notre montage simplifié que sur le montage complet utilisé à PSA. La figure 4.21 montre l’évolution de l’accélération et du déplacement pour une excitation de 2 et 4 m.s−2 à une fréquence de 186 Hz. Sur les figures (a) et (b), les réponses sont de la même période que l’excitation. Par contre, pour une excitation de 4 m.s−2 (figures (c) et (d)), la réponse est de période double par rapport à l’excitation. Le comportement observé correspond à un dédoublement de période. Ici, nous avons présenté quelques résultats obtenus sur un montage de la commande plus simple que sur véhicule. Nous n’avons conservé qu’un seul câble (en l’occurrence le câble de sélection) et le parcours de câble est droit. Cependant, nous avons montré que ce montage simplifié possède les mêmes comportements dynamiques que la commande complète. Une telle approche était motivée par le besoin d’avoir un cas pour lequel nous maîtrisons toutes les données en vue de réaliser une corrélation essais-calculs [120, 121]. CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 130 5 Excitation augmente −2 Accélération (m.s ) 4 3 2 1 0 50 100 150 Fréquence (Hz) 200 250 Fig. 4.19: Réponses en fréquence du câble de sélection pour des excitations entre 0.5 m.s−2 et 8 m.s−2 0 −5 0 Accélération (m.s−2) Accélération (m.s−2) (a) 5 0.02 Temps (s) (c) 5 0 −5 0 0.02 Temps (s) 0.04 131 (b) 5 0 −5 0.04 0 Accélération (m.s−2) Accélération [m.s−2] 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 0.02 Temps (s) 0.04 0.02 Temps (s) 0.04 (d) 5 0 −5 0 Fig. 4.20: Mesures expérimentales pour une excitation de 106 Hz pour différents niveaux d’excitation : (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 132 (a) (c) −2 Accélération (m.s ) 5 −2 Accélération (m.s ) 5 0 −5 −10 0.1 0.12 0.13 Temps (s) 0.14 0.11 0.12 0.13 Temps (s) 0.14 0.15 0.11 0.12 0.13 Temps (s) 0.14 0.15 (d) (b) −6 m) 2 1 Déplacement (10 −6 Déplacement (10 −5 −10 0.1 0.15 m) 2 0.11 0 0 −1 −2 0.1 1 0 −1 −2 0.11 0.12 0.13 Temps (s) 0.14 0.15 0.1 Fig. 4.21: Dédoublement de période à 186 Hz. Accélération (a) et déplacement (b) avant le dédoublement pour une excitation de 2 m.s−2 . Accélération (c) et déplacement (d) après le dédoublement pour une excitation de 4 m.s−2 . 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 4.5.2 133 Le modèle éléments finis de référence Par une étude expérimentale, nous avons identifié l’origine vibratoire du grésillement : il s’agit d’un battement entre le câble et la gaine. Nous avons vu qu’il apparaît à partir d’un certain niveau d’excitation, qu’il induit des vibrations hautes fréquences dans les structures, et qu’une simple contrainte sur le câble interne élimine complétement le phénomène. Notre modèle numérique devra donc être capable de reproduire au plus juste l’ensemble de ces phénomènes afin qu’il puisse être considéré comme représentatif du système. Lors des essais sur câble et gaine seule, nous avons commencé à poser un certain nombre d’hypothèses pour limiter la taille du modèle en vue d’un calcul dynamique : le modèle est en deux dimensions, le câble interne et la gaine sont modélisés par des poutres d’Euler Bernoulli, les embouts de câble ne sont pas modélisés, l’assouplissement et l’amortissement de la gaine sont respectivement intégrés à travers des modules d’Young et des coefficients d’amortissement variables en fonction du niveau d’excitation. Ces hypothèses aboutissent au modèle éléments finis suivant qui doit pouvoir reproduire fidèlement l’origine vibratoire du grésillement. Pour ce calcul de référence, le câble est représenté par 73 éléments poutres et la gaine par 68 éléments. Chaque élément a une longueur de 1 cm. Les autres paramètres sont pris égaux aux données trouvées dans les paragraphes précédents. 31 éléments de contact sont répartis le long du câble et de la gaine. Ils sont numérotés de 1 à 31 en partant de l’encastrement côté boîtier. Après l’application de la gravité, le modèle ressemble à la figure 4.22 (la déformation est multipliée par 200). Les points correspondent aux noeuds des éléments poutre et les traits de liaison entre câble et gaine représentent les éléments de contact noeud-à-noeud. Cette étape de mise en gravité est importante car elle permet de placer le câble dans la gaine. Le câble, qui est plus souple en flexion que la gaine, va venir reposer contre la gaine. Le tableau 4.4 donne les efforts de contact vu par le câble après une mise en gravité. Seuls les éléments dont les noeuds rentrent en contact sont présentés. On remarque que les efforts de contact sont positifs ce qui confirme bien que le câble repose s’appuie sur la gaine. Element de contact Effort de contact (N) 12 13 15 16 17 31 0.0031 0.0426 0.0056 0.0192 0.0192 0.2134 Tab. 4.4: Etat des éléments de contact après application de la gravité 4.5.3 Intégration temporelle directe Nous avons préparé ce modèle éléments finis sous Abaqus en vue de réaliser l’intégration temporelle. Le câble interne est contraint dans la gaine par des éléments de contact noeudà-noeud et lorsqu’il y a contact entre 2 noeuds, l’impact est considéré comme entièrement plastique. Après l’impact, la condition de contact est imposée par des multiplicateurs de 134 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS Fig. 4.22: Modèle éléments finis après l’application de la gravité Lagrange. L’algorithme de résolution est décrit plus précisément dans le paragraphe 3.1.1 ou [46]. Non seulement cette approche permet de modéliser la dissipation au moment de l’impact, mais elle permet aussi d’éviter des problèmes numériques liés aux "rebonds" (chattering) entre les noeuds qui peuvent arriver lorsque le contact est élastique (par exemple avec une méthode de pénalité [46]). Nous nous intéressons au comportement dynamique qui caractérise le grésillement afin de valider notre modélisation éléments finis. Nous allons observer l’accélération de la gaine au point où se situe l’accéléromètre sur le banc d’essai pour quatre fréquences particulières : à 106 Hz sur le troisième mode, à 186 Hz sur le quatrième mode, à 126 Hz et 156 Hz qui sont entre ces deux modes. Comportement vibratoire au voisinage de 106 Hz La figure 4.23 compare les résultats des mesures et des intégrations temporelles sur l’ensemble câble-gaine à 106 Hz et pour différents niveaux d’excitations. Les courbes de gauche sont les relevés expérimentaux et à droite sont les réponses calculées. Nous voyons immédiatement que le modèle représente l’évolution aussi bien qualitative que quantitative de la réponse. Pour une excitation de 0.5 m.s−2 (fig. 4.23 (a)), aucun battement n’est relevé entre le câble et la gaine. La réponse est alors purement sinusoïdale. Lorsque l’excitation augmente, un signal plus haute fréquence vient se superposer au sinus de base, caractéristique du battement câble gaine. Pour une excitation de 1 m.s−2 (fig. 4.23 (b)), on commence à voir l’apparition des impacts. Le niveau de l’harmonique de base est comparable. Par 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 135 contre, les impacts n’ont pas lieu en même temps. Pour une excitation de 2 m.s−2 (fig. 4.23 (c)), l’harmonique de base est toujours de bonne amplitude. Cette fois, les impacts sont répartis identiquement sur une période même si l’amplitude n’est pas tout à fait respectée. Pour une excitation de 4 m.s−2 (fig. 4.23 (c)), la corrélation des essais et du calcul est quasi parfaite : l’impact provoque un pic de la même amplitude, le phasage de l’impact est identique et il est amorti en des temps comparables. L’étude à cette première fréquence a permis de voir que notre modèle était capable de reproduire très fidèlement le battement câble gaine mesuré sur le banc d’essai. Nous reviendrons sur les écarts constatés plus loin. 1 1 (a) 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −1 0.05 (b) 2 0 −2 −2 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 4 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 2 0 0 −2 −2 −4 −4 0 −2 0.02 4 (c) 2 Accélération (m.s ) 0.01 2 0 0 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 10 10 (d) 5 5 0 0 −5 −5 0 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 0.05 Fig. 4.23: Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 106 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 136 Comportement vibratoire au voisinage de 126 Hz La figure 4.24 compare les résultats des mesures et des intégrations temporelles à 126 Hz. Dans cette zone, on se trouve entre les modes 3 et 4 de l’ensemble câble-gaine. En absence de réponse modale de la gaine, on peut donc s’attendre à voir apparaître le grésillement pour des niveaux d’excitations un plus élevés que précédemment. Pour 4 m.s−2 (fig. 4.24(d)) le système réel et le modèle ne présentent toujours pas un battement câble-gaine significatif. Pour les quatre niveaux d’excitations, le niveau de l’harmonique de base est bien estimé. 1 1 (a) 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −1 0.05 (b) 1 0 −1 −1 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 2 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 1 0 0 0 2 (c) 1 1 0 0 −1 −1 −2 Accélération (m.s ) −2 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −2 0.05 (d) 2 2 0 0 −2 −2 0 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 0.05 Fig. 4.24: Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 126 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 137 Comportement vibratoire au voisinage de 156 Hz Lorsque l’on compare les mesures expérimentales et les calculs pour une fréquence de 156 Hz (fig. 4.25) on a une nette différence de comportements. Quelque soit l’excitation, le niveau de l’harmonique de base est plutôt bien reproduite. Par contre, à partir d’une excitation de 2 m.s−2 (fig. 4.25(c) et (d)) de forts impacts apparaissent sur les courbes expérimentales. On ne les retrouve pas sur les courbes accélérométriques calculées. Malheureusement pour cette fréquence, il apparaît un mode très localisé dans le système que nous ne modélisons pas. En effet, ce n’est plus un battement du câble et de la gaine, mais un battement du sertissage du câble dans le tube guide. Comme notre modèle n’intègre ni le tube guide, ni le sertissage de l’embout, il n’est pas possible de voir numériquement ce comportement. 0.4 0.4 (a) 0.2 0.2 0 0 −0.2 −0.2 −0.4 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −0.4 0.05 1 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 1 (b) 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 0 0.01 0.02 0.03 0.04 (c) 2 2 0 0 −2 −2 0 Accélération (m.s−2) −1 0.05 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 10 (d) 10 5 5 0 0 −5 −5 −10 0 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 0.05 −10 Fig. 4.25: Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 156 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 138 Comportement vibratoire au voisinage de 186 Hz La figure 4.26 compare les résultats des mesures et des intégrations temporelles à 186 Hz. Comme précédemment on voit bien que l’évolution qualitative de la réponse est respectée. Pour de faibles excitations (fig. 4.26(a) et (b)) il n’y a pas de grésillement, par contre lorsque l’excitation augmente le battement du câble et de la gaine est de plus en plus présent (fig. 4.26(c) et (d)). Même le dédoublement de période relevé expérimentalement est prédit par le calcul (fig. 4.26(d)). Par contre, d’un point de vue quantitatif, nous sommes moins précis que pour 106 Hz. De manière générale, le niveau de l’harmonique de base est légèrement surestimé. Pour une excitation de 2 m.s−2 (fig. 4.26(c)) et 4 m.s−2 (fig. 4.26(d)) les impacts ne sont pas bien reproduits. Voyons maintenant les raisons possibles de ces écarts. 1 1 (a) 0.5 0.5 0 0 −0.5 −0.5 −1 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −1 0.05 (b) 2 0 −2 −2 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 4 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 4 (c) 2 2 0 0 −2 −2 −4 −4 0 Accélération (m.s−2) 0.01 2 0 0 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 10 (d) 10 5 5 0 0 −5 −5 −10 −10 0 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 0.05 Fig. 4.26: Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 186 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 139 Commentaires De manière générale, nous pouvons affirmer que notre modèle reproduit qualitativement le comportement du câble et de la gaine pour des fréquences comprises entre 100 et 200 Hz. Cette plage est la plus critique pour le grésillement. Sur les modes 3 (fig.4.23) et 4 (fig.4.26) nous voyons apparaître un grésillement assez marqué pour de faibles niveaux d’excitations. Au contraire, pour une excitation entre les deux modes de la gaine (fig.4.24), le seuil d’apparition du grésillement est plus élevé. Pour certaines fréquences, les réponses sont aussi quantitativement très bonnes (fig.4.23). Il est toutefois difficile d’en faire une généralité au vue des réponses calculées pour les autres fréquences. Le phénomène de battement câble gaine est extrêmement rapide dans le temps et localisé dans l’espace. De ce fait, notre recalage des modules d’Young et des coefficients de Rayleigh est suffisant pour estimer correctement l’harmonique de base mais manque de précision pour prédire systématiquement la bonne amplitude et le phasage des impacts. Les écarts constatés entre essais et calculs sont principalement liés au recalage des paramètres du câble et de la gaine (voir fig. 4.17 ou tab. 4.2 et 4.3). Si ce recalage n’est pas parfait, les modes numériques du câble et de la gaine ne se trouvent pas aux mêmes fréquences que ceux du montage expérimental. Par conséquent, les fréquences où battent le câble et la gaine ne peuvent être identiques. Il y a aussi d’autres sources d’erreurs. Le niveau des impacts et leurs temps caractéristiques d’atténuation vont être sensibles à l’amortissement haute fréquence présent dans le modèle. Or, les coefficients de Rayleigh ont été recalés sur 2 modes basses fréquences. De ce fait, rien n’assure que le comportement haute fréquence de la gaine soit identique dans la réalité et dans le modèle. En somme, nous connaissons les sources de disparités entre les essais et les calculs. En plus des hypothèses nécessaires pour créer le modèle éléments finis, les modes du câble et de la gaine seuls ne sont pas identiques expérimentalement et numériquement. Dans ces conditions, on ne peut s’attendre à obtenir rigoureusement les mêmes réponses pour un phénomène de vibro-impacts comme le grésillement. Pour améliorer la prédiction il faudrait une modélisation plus complexe du câble, de la gaine, et surtout des zones de contact. Mais à un coût numérique important. En effet, les calculs d’intégrations temporelles menés ici nécessitent déjà entre 11000 s et 110800 s sur une machine IBM Power 4 cadencée à 1.3 GHz. Or nous désirons connaître le comportement dynamique de la commande, non pas pour quelques fréquences, mais sur toute la plage de fréquence [20 − 200] Hz. Ce qui nécessiterait environ 30 jours de calcul pour connaître le comportement d’une commande (avec 50 pas de fréquences où chaque calcul dure 50000 s). Dans un contexte d’avant projet un tel temps de calcul n’est pas envisageable. C’est pourquoi dans la suite nous nous attachons à calculer une réponse approchée par une méthode de balance harmonique. 140 4.5.4 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS La balance harmonique Le paragraphe précédent a permis de valider nos choix de modélisation. Le modèle éléments finis suivi de l’intégration temporelle précédente sera donc considéré comme la démarche de référence pour prédire l’apparition ou non de grésillement sur notre système. Nous allons voir dans cette partie que la balance harmonique permet de réduire considérablement le temps de calcul. Toutefois, avant d’aller plus loin, il est nécessaire d’évaluer son efficacité sur ce type de système. Les solutions de la balance harmonique présentées dans la suite ont été calculées de la manière suivante dans un code implémenté en C++ à l’aide des librairies Lapack [122], Minpack [123] et Atlas [124] 1. la mise en gravité est réalisée sous Abaqus. 2. le code récupère les matrices de masses et de raideurs tangentes élémentaires, les états des éléments de contact, et les déplacements aux noeuds du calcul Abaqus. 3. les matrices du câble et de la gaine sont réassemblées. 4. la balance harmonique est réalisée pour une excitation donnée. Dans le cas d’une solution périodique, si une infinité d’harmoniques est retenue dans la balance harmonique, celle-ci fournit exactement la même réponse qu’une intégration temporelle. En pratique, on ne retient que les premières harmoniques qui assurent une bonne représentativité du comportement vibratoire du système. C’est ce que l’on va voir dans notre application : le mouvement basses fréquences ainsi que les efforts d’impacts sont régis par les premières harmoniques, même si les impacts induisent l’apparition de très hautes fréquences. Validation de la balance harmonique Dans ce paragraphe, nous nous attachons à présenter les résultats de la balance harmonique sur le modèle de référence présenté dans le paragraphe 4.5.2. Nous retenons 16 harmoniques dans le développement de Fourier. Après condensation sur les degrés de liberté non-linéaires et sur les déplacements relatifs (voir 2.4.2) il reste 31 degrés de liberté non-linéaires. Le problème non-linéaire que nous devons résoudre comporte donc 31×(2 × 16 + 1) = 1023 inconnues. Pour les réponses calculées dans la suite, nous utilisons l’algorithme de balance harmonique telle qu’il a été présenté dans la section 2.4.1. Les efforts non-linéaires sont calculés dans le domaine temporel par AFT et sont gérés par une méthode de pénalité ou de Lagrangiens augmentés. La figure 4.27 compare les résultats de l’intégration temporelle réalisée sous Abaqus et les 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 141 résultats de la balance harmonique réalisée avec 16 harmoniques. Nous voyons qu’il y a une très bonne corrélation entre les deux calculs pour ce niveau d’excitation (4 m.s−2 ) et pour toutes les fréquences. Dans la figure 4.27 (b), le signal 2T périodique a été obtenu en choisissant judicieusement les conditions initiales pour que l’algorithme converge sur la solution 2T-périodique et non T-périodique. Toutefois si les courbes d’accélérations sont très proches, elles ne sont pas identiques pour la simple raison que nous ne retenons pas suffisament d’harmoniques dans le développement. Lors d’impacts très forts (notamment 4.27 (a) et (b)), un pic très haute fréquence apparaît sur le signal temporel, il faudrait retenir bien plus d’harmoniques pour le capturer avec la balance harmonique. Malheureusement, les algorithmes de résolution peinent lorsque la dimension du problème augmente. La figure suivante 4.28 présente les efforts de contact au niveau de l’élément 13 pour une excitation de 4 m.s−2 pour des fréquences différentes. Selon la fréquence d’excitation, cet élément de contact est, ou en contact permanent (4.28(d)) ou en contact/séparation (4.28(a),(b),(c)). Pour les deux cas où il y a pas ou peu d’impacts entre câble et gaine (4.28(c),(d)), on a une très bonne corrélation entre les deux calculs. Lorsque le niveau des impacts augmente (4.28(a),(b)), la disparité entre l’intégration temporelle et la balance harmonique augmente. De manière macroscopique, on voit que les efforts de contact sont identiques et se répartissent de la même manière dans le temps. Mais, en observant avec plus de précision, on voit que chaque zone d’impacts est en réalité composée de plusieurs impacts successifs qui n’ont pas les mêmes amplitudes dans les deux cas. Dans l’intégration temporelle, le câble et la gaine restent collés pendant de courts moments, alors que dans la balance harmonique ils "rebondissent" systématiquement. Ces différences s’expliquent par la dissipation qui est introduite dans la loi de contact de l’intégration temporelle alors que l’impact est entièrement élastique dans la balance harmonique. Comme nous l’avons déjà dit, l’ajout de cette dissipation est nécessaire pour la convergence du calcul temporel. Toutefois, si cette dissipation a une influence sur les efforts de contact, on conclut qu’elle a une une faible influence sur le comportement dynamique globale de la structure car les accélérations et déplacements calculés sont identiques dans les deux cas. Temps de calcul Nous avons montré dans cette partie que la balance harmonique permet de calculer les mêmes réponses stationnaires que l’intégration temporelle sur l’ensemble câble-gaine. L’utilisation de la balance harmonique va permettre de déterminer le comportement vibratoire de la commande sur la plage de fréquence 0-200 Hz en des temps acceptables, ce que l’intégration temporelle ne permet pas. Les intégrations temporelles sont effectuées sur des processeurs IBM Power 4 cadencés à CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 142 10 10 (a) 5 5 0 0 −5 −5 −10 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −10 0.05 20 0 −10 −10 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −20 0.05 4 (c) 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 2 0 0 −2 −2 0 0.01 0.02 0.03 0.04 −4 0.05 4 Accélération (m.s−2) 0.03 4 2 4 (d) 2 2 0 0 −2 −2 −4 0.02 10 0 −4 0.01 20 (b) 10 −20 0 0 0.01 0.02 0.03 Temps (s) 0.04 0.05 −4 Fig. 4.27: Comparaison des accélérations issues de l’intégration temporelle (à gauche) et de la balance harmonique (à droite) au même niveau d’excitation (4 m.s−2 ) pour différentes fréquences d’excitation (a) 106 Hz (b) 186 Hz (c) 126 Hz (d) 156 Hz 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 143 0.15 (a) 0.1 0.1 0.05 0.05 0 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0 0.025 0.2 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.2 (b) 0.15 0.15 0.1 0.1 0.05 0.05 0 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0 0.025 0.05 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.04 0.03 0.03 0.02 0.02 0.01 0.01 0 0.005 0.01 0.015 0 0.02 0.05 Effort de contact (N) 0.005 0.05 (c) 0.04 0 0 0.01 0.015 0.02 0.05 (d) 0.04 0.04 0.03 0.03 0.02 0 0.005 0.01 Temps (s) 0.015 0.02 0 0.005 0.01 0.015 Fig. 4.28: Comparaison des efforts de contact sur l’élément 13 issus de l’intégration temporelle (à gauche) et de la balance harmonique (à droite) au même niveau d’excitation (4 m.s−2 ) pour différentes fréquences d’excitation (a) 106 Hz (b) 186 Hz (c) 126 Hz (d) 156 Hz 144 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 1.3 GHz. Chaque calcul est parallélisé sur deux processeurs de ce type, ce qui représente un gain de temps de 1.6 par rapport au même calcul sur un processeur. La balance harmonique est réalisée sur un processeur Intel Pentium M 2.13 GHz. La parallélisation du calcul temporel vient compenser la lenteur des processeurs, ainsi les deux calculs sont menés sur des processeurs de cadences comparables. Nous comparons donc les temps de calcul en partant de conditions initiales identiques dans le tableau 4.5. La balance harmonique présente des Fréquence d’excitation (Hz) Intégration temporelle (s) Balance harmonique (s) 106 126 156 186 110800 19800 19100 105200 1350 500 460 1200 Tab. 4.5: Comparaison des temps de calcul entre l’intégration temporelle et la balance harmonique pour différentes fréquences d’excitation temps de calcul entre 40 et 100 fois plus rapide en fonction des fréquences. Une montée en régime de 50 pas entre 100 et 200 Hz passe alors de 30 jours à moins d’une journée de calcul. Le gain de temps est significatif. En réduisant le nombre d’harmoniques retenu aux dépens de la précision, la montée en régime peut s’effectuer en quelques heures. Nous reviendrons sur ce point dans l’application sur l’assemblage complet dans les paragraphes suivants. 4.5.5 Critère de grésillement Jusqu’à présent nous avons montré que les résultats de l’intégration temporelle reproduisent bien avec les données expérimentales et que la balance harmonique fournit la même réponse que l’intégration temporelle pour des temps de calcul nettement inférieurs. Expérimentalement, le grésillement se distingue par l’apparition d’un bruit acoustique rayonné par la commande et par l’apparition de hautes fréquences dans les mesures accélérométriques, témoins des impacts qui ont lieu entre le câble et la gaine. Afin de concevoir une commande qui grésille moins il est nécessaire de déterminer un critère qui donne rapidement une vue d’ensemble du comportement "grésillant" de la commande. Nous choisissons, pour le moment, un critère sur les efforts d’impacts car il est raisonnable de supposer que le grésillement va être directement relié au nombre, et à l’amplitude des impacts entre câble et gaine. Nous choissisons donc de prendre la moyenne des efforts de contact sur une période des éléments où il y a contact et séparation. Les éléments où le contact est permanent n’ont pas de conséquence sur le grésillement. Dans la suite, nous regarderons donc si ce critère est capable de représenter l’évolution du comportement dynamique de l’ensemble câble gaine. Critère sur les efforts de contact Le calcul présente l’avantage de fournir directement les efforts de contact entre le câble et la gaine. L’inconvénient d’un tel critère est qu’il ne sera pas possible de l’utiliser pour faire 4.5. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS SUR LA COMMANDE DROITE 145 de la corrélation avec les essais, car c’est une donnée que nous ne pourrons pas mesurer sur le banc expérimental. Toutefois, son exploitation est simple et ne demande aucun calcul supplémentaire. Moyenner les efforts de contact sur une période pour tous les éléments de contact où il y a impact permet de localiser immédiatement les zones où le battement câble gaine est important. Ainsi dans la figure 4.29 nous comparons la moyenne des efforts d’impacts sur une période issus du calcul temporel (à gauche) et de la balance harmonique (à droite). Nous constatons un comportement similaire pour les fréquences 106, 126 et 156 Hz (4.29(a),(c),(d)). Pour une excitation de 186 Hz (4.29(b)), la corrélation est moins bonne, c’est dû au fait que la réponse est 2T périodique : dans la balance harmonique nous couvrons une bande de fréquence 2 fois moins large que dans le calcul de solutions T périodique pour le même nombre d’harmoniques (à cause de l’entier n dans l’équation 2.41). Pour conserver la même précision il faudrait réaliser la balance harmonique avec 32 harmoniques. Sur la figure 4.29 on voit bien la répartition des impacts entre le câble et la gaine. Ils se situent principalement au milieu de l’assemblage. Dans les cas les plus grésillants nous voyons qu’il y a de nombreux points d’impacts (4.29(a),(b)). Pour une excitation de 126 Hz (4.29(c)), il y a moins de points d’impacts entre câble et gaine, mais le niveau moyen est plus fort. Il est donc difficile de définir par ce critère quel cas va être plus grésillant. Par contre, lorsque l’excitation est de 156 Hz (4.29(d)), il est évident que ce cas est le moins grésillant : le niveau moyen est plus faible et le nombre de points d’impacts est plus faible. Si ce critère est simple d’utilisation pour localiser les zones d’impacts il ne permet pas toujours de déterminer la situation la plus défavorable pour le grésillement. Cette difficulté provient du fait que ce phénomène dépend du nombre de points d’impacts, des niveaux d’impacts et aussi des durées d’impacts. En effet, plus la durée d’un impact est court, plus l’excitation induite va être large bande. 4.5.6 Conclusion Dans cette partie nous avons montré qu’il était possible de prédire numériquement le comportement dynamique de l’ensemble câble-gaine. Des essais simples ont permis d’établir une référence qui a servi pour la corrélation entre essais et calculs. De plus nous avons montré que la balance harmonique associée à un critère de grésillement permettait de déterminer simplement et rapidement si un système est grésillant ou non. Dans la suite, nous allons donc appliquer ce critère sur un cas industriel. Il s’agit de réaliser une étude paramétrique sur un ensemble complet pour savoir quelles situations sont favorables ou non à l’apparition du grésillement. CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 146 0.02 0.02 (a) 0 1 6 11 16 21 16 0 31 1 6 11 16 21 26 31 1 6 11 16 21 26 31 1 6 11 16 21 26 31 1 6 11 16 21 26 31 (b) 0.02 0 0.02 1 6 11 16 21 26 0 31 0.02 0.02 (c) Effort de contact (N) 0 1 6 11 16 21 26 0.02 0 0 31 (d) 1 6 11 16 21 Elément de contact 26 31 0.02 0 Fig. 4.29: Comparaison des moyennes des efforts de contact issus de l’intégration temporelle (à gauche) et de la balance harmonique (à droite) au même niveau d’excitation (4 m.s−2 ) pour différentes fréquences d’excitation (a) 106 Hz (b) 186 Hz (c) 126 Hz (d) 156 Hz 4.6. ETUDE SUR LE SYSTÈME EN CONFIGURATION VÉHICULE 4.6 147 Etude sur le système en configuration véhicule Maintenant que nos calculs reproduisent les mesures expérimentales, nous pouvons entreprendre des études paramétriques sur le système complet tel qu’il est placé dans un véhicule. Dans cette partie, nous allons modifier différents paramètres de conception et étudier l’influence qu’ils peuvent avoir sur le grésillement de notre système. Nous n’avons pas d’essais avec lesquels faire une corrélation exacte, nous adopterons donc la démarche qui est susceptible d’être utilisé par des ingénieurs. Les calculs sont effectués sur toute la montée en régime, nous désirons connaître le comportement vibratoire sur les 4 modes de résonance entre 0 et 200 Hz. Précisons encore une fois que cette étude ne concerne que le battement du câble et de la gaine. Des phénomènes supplémentaires qui apparaissent sur le banc d’essai n’apparaissent pas ici : en effet vers 50 Hz, il y a une résonance entre le câble et le levier de vitesse, et vers 150 Hz nous relevons un fort battement du sertissage du câble dans son tube guide. Notre souhait initial était de pouvoir calculer la réponse en fréquence comme elle a été calculée dans le paragraphe 3.4 sur le modèle simplifié. Ainsi à chaque pas de fréquence nous pouvons réaliser une étude de stabilité, et si nécessaire calculer la réponse T, 2T ou 4T périodique apparaissant après une bifurcation. Malheureusement, le calcul de stabilité est irréalisable sur notre système en raison du temps de calcul qu’il nécessite. Comme expérimentalement nous avons observé des instabilités uniquement sur de faibles plages de fréquences, et surtout dans des fréquences vers 200 Hz, nous allons considérer que ce ne sera pas très pénalisant d’omettre l’étude de stabilité en dehors de cette plage. Nous supposons donc que la réponse stationnaire est toujours de même période que l’excitation. 4.6.1 Modèle éléments finis en configuration véhicule Pour mieux se rapprocher de la réalité industrielle, nous utilisons un modèle éléments finis qui subit une déformation statique non-linéaire. Cette étape est réalisée avant le calcul dynamique. Nous incluons un modèle simplifié du passe-tablier qui est nécessaire pour maintenir la gaine en position. Le passe-tablier est modélisé simplement par un ressort de raideur K= 1e6N.m−1 . La figure 4.30 illustre la déformation du câble et de la gaine après cette étape de mise en position. Le câble et la gaine sont composés respectivement de 56 et 52 éléments. 25 éléments de contact sont répartis entre l’encastrement boîtier et la boîte de vitesses. Contrairement à la configuration de validation 4.22, nous ne distinguons pas le câble et la gaine, car leurs fibres moyennes sont superposées. L’excitation est appliquée sur l’extrémité de ces derniers. Pour imiter les débattements du moteur, nous imposons un déplacement harmonique constant sur la plage de fréquence [35 − 200] Hz d’amplitude 10 µm. Ne disposant pas de paramètres matériaux pour ce niveau d’excitation, nous choisissons des données cohérentes avec les identifications réalisées dans la partie 4.4. CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 148 Fig. 4.30: Déformation statique du câble et de la gaine en configuration véhicule Après la déformation statique, le câble et la gaine sont en contact uniquement en quelques endroits. Le câble repose dans la gaine. Le tableau 4.6 présente uniquement les éléments qui sont en contact avant le calcul dynamique. On remarque que l’effort sur le câble aux éléments 3 et 4 est négatif. Ce positionnement est induit par le faible rayon de courbure imposé sur la gaine par le passe-tablier. Element de contact Effort de contact (N) 1 2 3 4 13 14 15 16 17 18 25 48 2 -28 -0.6 0.01 0.05 0.002 0.01 0.02 0.01 0.36 Tab. 4.6: Etat des éléments de contact après la mise en position statique Les résultats présentés dans la suite ont été obtenus par une méthode de continuation séquentielle sur la fréquence d’excitation, combinée avec une balance harmonique dans laquelle nous avons retenu 6 harmoniques. Une telle approche a permis de déterminer le comportement vibratoire de la commande sur la plage d’excitation [35 − 200] Hz en moins de 6000 secondes. La figure présente le critère de grésillement que nous avons choisi. Il s’agit de l’effort d’impact moyen au cours d’une période d’excitation relevé sur la gaine. Rappelons que seuls les éléments de contact dans lesquels il y a des impacts sont retenus pour présenter les 4.6. ETUDE SUR LE SYSTÈME EN CONFIGURATION VÉHICULE 149 résultats. En abscisse on a les numéros des éléments de contact et en ordonnée la fréquence d’excitation. Les couleurs déterminent le niveau de l’effort moyen d’impact. Plus elles sont foncées, plus l’impact est important. 0 180 −0.005 160 Fréquence (Hz) −0.01 140 −0.015 120 −0.02 100 −0.025 80 −0.03 60 −0.035 40 5 10 15 Elements de contact 20 25 Fig. 4.31: Efforts d’impacts (N) en fonction de la fréquence d’excitation et des éléments de contact Cette figure permet de localiser les zones où l’ensemble des impacts ont lieu entre le câble et la gaine. Jusqu’à 60 Hz, il n’y a aucun impact entre le câble et la gaine. Entre 60 et 90 Hz, des impacts apparaissent dans les éléments 13 et 15. Ces éléments sont ceux sur lesquels l’effort de contact statique est la plus faible. Ils commencent à décoller avant les autres noeuds. A partir de 90 Hz, des impacts apparaissent dans l’élément 19 qui n’était pas en contact après la déformation statique. Progressivement, il y a de plus en plus d’impacts entre le câble et la gaine. A 160 Hz, 9 éléments de contact présentent des impacts. Dans la suite, nous allons présenter brièvement les résultats sur des configurations légèrement différentes, dans lesquelles nous ne modifions qu’un seul paramètre à chaque fois. Il faut noter que la modification d’un paramètre entraîne systématiquement une modification de la configuration d’équilibre statique après la mise en configuration. CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS 150 4.6.2 Câble plus raide Dans ce cas nous modifions uniquement la raideur du câble. Nous la prenons deux fois plus raide que dans le calcul précédent. La figure 4.32 présente les efforts d’impacts entre le câble et la gaine en fonction des éléments de contact et de la fréquence d’excitation. Contrairement au cas précédent, des impacts apparaissent dès 40 Hz. Mais le niveau général reste plus faible et il y a moins d’éléments qui rentrent en contact autour de 160 Hz. On peut donc supposer que le système sera moins grésillant que dans le cas précédent. Toutefois, nous retrouvons ici les limites de ce critère évoquées précédemment. Il ne tient pas compte de la durée de l’impact, donnée qui va avoir une conséquence directe sur la largeur de la bande spectrale excitée. 0 180 −0.005 160 Fréquence (Hz) −0.01 140 −0.015 120 −0.02 100 −0.025 80 −0.03 60 −0.035 40 5 10 15 Elements de contact 20 25 Fig. 4.32: Efforts d’impacts (N) en fonction de la fréquence d’excitation et des éléments de contact 4.6.3 Modification d’une condition aux limites sur le câble Dans ce cas, nous modifions la configuration initiale en déplaçant l’extrémité du câble côté boîte de vitesses d’1 millimètre dans la direction horizontale. Durant le calcul dynamique, l’extrémité du câble est maintenue dans cette position. Ainsi les débattements horizontaux sont nuls sur ce noeud. Les conséquences sur l’équilibre statique sont immédiates : seuls les éléments 5, 21, 22, 23, et 24 ne sont pas en contact. La figure 4.33 présente les efforts 4.7. CONCLUSION 151 d’impacts entre le câble et la gaine. 0 180 −0.005 160 Fréquence (Hz) −0.01 140 −0.015 120 −0.02 100 −0.025 80 −0.03 60 −0.035 40 5 10 15 Elements de contact 20 25 Fig. 4.33: Efforts d’impacts (N) en fonction de la fréquence d’excitation et des éléments de contact Le comportement vibratoire est grandement modifié dans cette configuration. Des impacts apparaissent uniquement dans les éléments 5 et 21. Dans ce cas, il est clair qu’il y a moins de grésillement que dans les deux cas précédents. Ce calcul vient confirmer les observations expérimentales : en appliquant une pression sur le pommeau de vitesse, le grésillement est réduit, voire disparaît complètement en fonction de la pression appliquée. L’application de cette pression provoque un déplacement de l’extrémité du câble. Ce déplacement provoque une répartition différentes des efforts de contact statique entre le câble et la gaine. Comme nous l’avons vu, presque tous les éléments de contact sont collés, ce qui est une situation inverse des deux cas précédents. En conséquence le câble a moins de libertés pour débattre dans la gaine. 4.7 Conclusion Nous avons présenté dans un premier temps, les résultats des mesures expérimentales. Ces mesures ont permis de déterminer l’origine du grésillement, et d’identifier les comportements non-linéaires de la gaine. Lorsque l’excitation sinusoïdale augmente, on remarque un 152 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS assouplissement dû aux frottements entre les fils constituant la gaine et au comportement du caoutchouc de l’arrêt de gaine. Ces effets sont intégrés dans un modèle Euler-Bernoulli à travers des modules d’Young et des coefficients de Rayleigh qui varient avec le niveau d’excitation. Un montage simplifié de la commande a permis d’établir une référence afin de valider la modélisation éléments finis proposée. La corrélation est bonne aux différentes fréquences étudiées. On s’aperçoit que le grésillement apparaît à partir d’une valeur seuil de l’excitation et varie en fonction des fréquences et des modes du câble et de la gaine. Enfin, nous proposons un critère de grésillement sur les efforts de contact qui permet de déterminer si le système va grésiller ou non. L’application des méthodes de calcul développées permet ainsi de connaître le comportement vibratoire de la commande sur la plage de fonctionnement du moteur en des temps de calculs raisonnables. Nous confirmons par le calcul les premières observations expérimentales qui avaient été faites : lorsque l’on applique une tension horizontale sur le câble, le grésillement disparaît. Conclusion et perspectives Dans cette étude, réalisée en collaboration avec la société PSA Peugeot-Citroën, nous nous sommes intéressés au grésillement des commandes à câbles des boîtes de vitesses. Dans un premier temps, nous avons montré que ce phénomène acoustique était en partie causé par des vibro-impacts entre le câble et la gaine. Nous nous sommes donnés comme objectif de déterminer la réponse fréquentielle de notre système sur la plage de fréquence de fonctionnement d’un moteur. La synthèse bibliographique traite des méthodes non-linéaires utilisées pour déterminer les réponses stationnaires et la stabilité de ces réponses. Les méthodes basées sur la balance harmonique et une gestion des efforts non-linéaires par AFT nous ont semblé les mieux adaptées pour des systèmes avec de nombreux degrés de liberté non-linéaires. Le problème de vibro-impacts étant fortement non-linéaire, nous avons proposé une adaptation dans le domaine fréquentiel de la formulation de Lagrangiens augmentés, classiquement utilisée dans le domaine temporel. Une telle approche, en combinaison avec une méthode de continuation, permet d’obtenir de manière plus robuste les réponses vibratoires. Nous avons montré aussi que les méthodes d’étude de stabilité dans le domaine fréquentiel étaient restreintes aux faibles non-linéarités. Nous avons donc eu recours à la théorie de Floquet. Le grésillement ayant une manifestation hautes fréquences, nous avons cherché à récupérer ce contenu spectral dans le calcul. Après un calcul par balance harmonique, nous avons proposé de réinjecter les efforts non-linéaires déterminés lors de la partie temporelle de l’AFT, dans une intégration temporelle où les efforts de contact sont connus. Une telle approche permet de récupérer et d’estimer le contenu hautes fréquences. Toutefois, nous avons vu qu’elle était tributaire de la précision de la balance harmonique. A travers ce travail, nous avons également fourni une modélisation éléments finis représentative de la réalité. Différents essais ont permis de caractériser les embouts de câble, les arrêts de gaine, le câble et la gaine. Nous avons isolé les comportements dynamiques spécifiques de la gaine. Les non-linéarités peuvent être causées par le caoutchouc dans les arrêts de gaine, ou par le frottement inter-filaire. Ces effets ont été intégrés dans le modèle par des modules d’Young et des coefficients de Rayleigh variables en fonction de l’amplitude d’excitation. 153 154 CHAPITRE 4. CORRÉLATION ESSAIS/CALCULS Un montage simplifié de la commande, excité par un pot vibrant, a permis d’établir une référence qui a servi à la validation du modèle éléments finis. Ce dernier présente une bonne corrélation qualitative avec la réalité. A certaines fréquences, la corrélation quantitative est très bonne. Nous avons vu que la modification d’une condition aux limites sur le câble fait disparaître le grésillement. Toutefois, comme toujours, notre modélisation a des limites : les impacts étant très localisés autant dans l’espace que dans le temps, une corrélation exacte demanderait une connaissance très précise des propriétés matériaux et une discrétisation très fine du modèle. De plus, certains phénomènes, comme le battement du câble dans le tube guide, ne sont pas représentés. Cette thèse aboutit sur un code, implémenté en C++, qui permet de déterminer la réponse vibratoire d’un ensemble câble-gaine sur la plage de fonctionnement d’un moteur en des temps de calcul raisonnables. Nous avons proposé un critère sur les efforts de contact qui permet de déterminer si oui ou non la commande va grésiller. Cette approche va permettre de réaliser efficacement des études paramétriques, semblables à celles que nous avons présentées dans la dernière partie. Les résultats de cette étude peuvent donc ouvrir sur les perspectives suivantes. Au cours de cette étude, nous avons choisi des modèles simples pour le câble et la gaine. Les choix de modélisations nous ont ammené à intégrer les non-linéarités de ces composants dans des modules d’Young et de Rayleigh variables. Ce choix impose de réaliser des essais avant les calculs afin de déterminer les paramètres matériaux. En effet, les paramètres que nous avons identifiés sur notre montage simplifié (câble et gaine droits), doivent varier lorsque le système est mis dans la position véhicule. Avec une connaissance plus fine des comportements du câble et de la gaine, nous pourrions être en mesure de proposer un modèle plus générique. Toujours dans l’objectif de se rapprocher de la réalité, une modélisation 3D du système semblerait intéressante. Le critère de grésillement que nous avons proposé permet d’identifier et de comparer le niveau de grésillement de différents systèmes. Toutefois, ce critère repose sur les efforts de contact. Il serait intéressant de définir un critère qui ait plus de lien avec le comportement acoustique de la commande. Une possibilité serait de développer la méthode de réinjection. Quant à la perspective industrielle, il s’agit d’intégrer ce code dans l’ensemble des outils disponibles pour les ingénieurs. Il leur sera alors possible d’imaginer et de tester numériquement différentes solutions technologiques afin d’en choisir une qui permette d’éliminer le grésillement dans l’ensemble des configurations. Bibliographie [1] & Holmes P.J. Shaw, S.W. A periodically forced piecewise linear oscillator. Journal of Sound and Vibration, 90(1) :129–155, 1983. [2] S.W. Shaw, P.J. Holmes. A periodically forced linear oscillator with impacts : Chaos and long-period motions. Physical Review Letters, 51 :623–626, 1983. [3] C. Padmanabhan, R. Singh. Spectral coupling issues in a two degree of freedom system with clearance nonlinearities. Journal of Sound and Vibration, 155 (2) :209–230, 1992. [4] C.N. Bapat. Periodic motions of an impact oscillator. Journal of Sound and Vibration, 209(1) :43–60, 1998. [5] D.J. Wagg, S.R. Bishop. A note on modelling multi degree of freedom vibro-impact systems using coefficient of restitution models. Journal of Sound and Vibration, 236(1) :176–184, 2000. [6] P. Vielsack. A vibro-impact model for the detection of delamination. Journal of Sound and Vibration, 253(2) :347–358, 2002. [7] G.W. Luo, J.H. Xie. Hopf bifurcation and chaos of a two degree of freedom vibro impact system in two strong resonance cases. International Journal of Nonlinear Mechanics, 37 :19–34, 2002. [8] W. Fang, J.A. Wickert. Response of a periodically driven impact oscillator. Journal of Sound and Vibration, 170(3) :397–409, 1994. [9] E.L.B Van De Vorst, D.H. Van Campen, A. De Kraker. Periodic solutions of a multidof beam system with impact. Journal of Sound and Vibration, 192(5) :913–925, 1996. [10] C. Wang, J. Kim. New analysis method for a thin beam impacting against a stop based on the full continuous model. Journal of Sound and Vibration, 191(5) :809–823, 1996. [11] C. Wang, J. Kim. The dynamic analysis of a thin beam impacting against a stop of general three dimensional geometry. Journal of Sound and Vibration, 203(2) :237–249, 1997. 155 156 BIBLIOGRAPHIE [12] X.C. Yin. Multiple impacts of two concentric hollow cylinders with zero clearance. International Journal of Solids and Structures, 34 :4597–4616, 1997. [13] X.C. Yin, L.G. Wang. The effect of multiple impacts on the dynamics of an impact system. Journal of Sound and Vibration, 228(5) :995–1015, 1999. [14] D.J. Wagg, S.R. Bishop. Application of non smooth modelling techniques to the dynamics of a flexible impacting beam. Journal of Sound and Vibration, 256(5) :803– 820, 2002. [15] J. Knudsen, A.R. Massih. Impact oscillations and wear of loosely supported rod subjected to harmonic load. Journal of Sound and Vibration, 278 :1025–1050, 2004. [16] M.F.A. Azeez, A.F. Vakakis. Numerical and experimental analysis of a continuous overhung rotor undergoing vibro-impacts. International Journal of Nonlinear Mechanics, 34 :415–435, 1999. [17] G. Von Groll, D.J. Ewins. The harmonic balance method with arc-length continuation in rotor/stator contact problems. Journal of Sound and Vibration, 241(2) :223–233, 2001. [18] A.S. Yigit, A.P. Christoforou. Coupled axial and transverse vibrations of oilwell drillstrings. Journal of Sound and Vibration, 195(4) :617–627, 1996. [19] M.A. Trindade, C. Wolter, R. Sampaio. Karhunen-loève decomposition of coupled axial/bending vibrations of beams subject to impacts. Journal of Sound and Vibration, 279 :1015–1036, 2005. [20] E.K. Ervin, J.A. Wickert. Repetitive impact response of a beam structure subjected to harmonic base excitation. Journal of Sound and Vibration, 307 :2–19, 2007. [21] C. Potthast, J. Twiefel, J. Wallascek. Modelling approaches for an ultrasonic percussion drill. Journal of Sound and Vibration, 308 :405–417, 2007. [22] J.C. Simo, T.A. Laursen. An augmented lagrangian treatment of contact problems involving friction. Computers and Structures, 42(1) :97–116, 1992. [23] O.C. Zienkiewicz, R.L. Taylor. Finite Element Method. Butterworth Heinemann, 1982. [24] H. Kardestuncer, D.H. Norrie. Finite Element Handbook. Mc Graw Hill, 1987. [25] J.T. Oden, E.B. Pires. Algorithms and numerical results for finite element approximations of contact problems with non classical friction laws. Computers and Structures, 19 :137–147, 1984. [26] D. Charleux. Etude des Effets de la Friction en Pied d’Aube sur la Dynamique des Roues Aubagées. PhD thesis, Ecole Centrale de Lyon, 2006. BIBLIOGRAPHIE 157 [27] G. Duvaut, J.L. Lions. Les inéquations en mécanique et physique. Dunod, Paris, 1972. [28] J.T. Oden, N. Kikuchi. Finite element methods for constrained problems in elasticity. International Journal for Numerical Methods in Engineering, 18 :701–725, 1982. [29] A.J. Mijar, J.S. Arora. Review of formulations for elastostatic frictional problems. Structural and Multidisciplinary Optimization, 20 (3) :167–189, 2000. [30] S. Adhikari. Damping modelling using generalized proportional damping. Journal of Sound and Vibration, 293 :156–170, 2006. [31] D.J. Ewins. Modal Testing, Theory, Practice and Application. Research Studies Press Ltd., 2000. [32] M. Gerardin, D. Rixen. Théorie des Vibrations. Recherche en Mécanique, Masson, 1997. [33] S. Adhikari, J. Woodhouse. Identification of damping : part 1, viscous damping. Journal of Sound and Vibration, 243 :43–61, 2001. [34] T.K. Caughey. Classical normal modes in damped linear dynamic systems. Journal of Applied Mechanics, 27 :269–271, 1960. [35] S.H. Crandall. The role of damping in vibration theory. Journal of Sound and Vibrations, 11 (1) :3–18, 1970. [36] J.A. Inaudi, J.M. Kelly. Linear hysteretic damping and the hilbert transform. Journal of Engineering Mechanics, 121 (5) :626–632, 1995. [37] J. Wang, X. Zeng, D.A. Gasparini. Dynamic response of high speed rail foundations using linear hysteretic damping and frequency domain substructuring. Soil Dynamics and Earthquake Engineering, 28 :258–276, 2008. [38] M. Otrin, M. Boltezar. Damped lateral vibrations of straight and curved cables with no axial preload. Journal of Sound and Vibration, 300 :676–694, 2007. [39] R. Seydel. Nonlinear computation. Journal of Franklin Institue, 334B :1015–1047, 1997. [40] G.W. Luo, J.H. Xie. Hopf bifurcation of a two degree of freedom vibro impact system. Journal of Sound and Vibration, 213(2) :391–408, 1998. [41] P. Holmes. The dynamics of repeated impacts with a sinusoidally vibrating table. Journal of Sound and Vibration, 84 :173–189, 1982. [42] R.Fletcher. Practical Methods of Optimization. Wiley, 1987. [43] Jean-Pierre Nougier. Méthodes de calcul numérique, volume 1. Hermes Science, 2001. 158 BIBLIOGRAPHIE [44] M.J.D. Powell. A Hybrid Method for Nonlinear Equations. Gordon and Breach, 1970. [45] Matlab Help, V7R1. [46] Abaqus Documentation V6.4. [47] B. S.Garbow, K.E. Hillstrom, J.J. More. User Guide for minpack-1. National Argonne Laboratory, 1980. [48] Jean-Pierre Demailly. Analyse numérique et équations différentielles. Presses Universitaires de Grenoble, 2006. [49] Jean-Pierre Nougier. Méthodes de calcul numérique, volume 2. Hermes Science, 2001. [50] J.R. Dormand, P.J. Prince. A family of embedded runge-kutta formulae. Journal of Computational and Applied Mathematics, 6 (1) :19–26, 1980. [51] P. Sundararajan, S.T. Noah. An algorithm for response and stability of large order nonlinear systems - application to rotor systems. Journal of Sound and Vibration, 214 (4) :695–723, 1998. [52] M. Peeters, R. Viguié, G. Sérandour, G. Kerschen, J.C. Golinval. Nonlinear normal modes, part ii : Toward a practical computation using numerical continuation techniques. Mechanical Systems and Signal, doi :10.1016/j.ymssp.2008.04.003, 2008. [53] C. Padmanabhan, R. Singh. Analysis of periodically excited nonlinear systems by a parametric continuation technique. Journal of Sound and Vibration, 184 (1) :35–58, 1995. [54] A.H. Nayfeh, B. Balachandran. Applied Nonlinear Dynamics : Analytical, Computational, and Experimental Methods. Wiley, 1995. [55] L. Cesari. Functional analysis and periodic solutions of nonlinear differential equations. Contribution to Differential Equations, 1 :149–187, 1963. [56] S.L. Lau, Y.K. Cheung, S.Y. Wu. A variable parameter incremental harmonic balance method for dynamic instability of linear and nonlinear elastic systems. ASME Journal of Applied Mechanics, 49 :849–853, 1982. [57] S.L. Lau, Y.K. Cheung, S.Y. Wu. Incremental harmonic balance method with multiple time scales for aperiodic vibration of nonlinear systems. ASME Journal of Applied Mechanics, 50 :871–876, 1983. [58] A.A. Ferri, E.H. Dowell. Frequency domain solutions to multi-degree of freedom, dry friction damped systems. Journal of Sound and Vibration, 124 (2) :207–224, 1988. [59] A.A. Ferri. On the equivalence of the incremental harmonic balance method and the harmonic balance - newton raphson method. ASME Journal of Applied Mechanics, 53 :455–466, 1986. BIBLIOGRAPHIE 159 [60] A.A. Ferri, E.H. Dowell. The behavior of a linear, damped modal system with a nonlinear spring mass dry friction damper system attached, part ii. Journal of Sound and Vibration, 101 (1) :55–74, 1985. [61] F.H. Ling, X. Wu. Fast galerkin method and its application to determine periodic solutions of nonlinear oscillators. International Journal of Nonlinear Mechanics, 22 :89–98, 1987. [62] T.M. Cameron, J.H. Griffin. An alternating frequency/time domain method for calculating the steady-state response of nonlinear dynamic systems. Journal of Applied Mechanics, 56 :149–154, 1989. [63] M. Urabe. Galerkin’s procedure for nonlinear periodic systems. Archive for Rational Mechanics and Analysis, 20 :120–152, 1965. [64] Klaus-Jürgen Bathe. Finite Element Procedures in Engineering Analysis. PrenticeHall, INC., Englewoods Cliffs, New Jersey, 1982. [65] R.E. Mickens. Comments on the method of harmonic balance. Journal of Sound and Vibration, 94 :456–460, 1984. [66] L. Liu, J.P. Thomas, E.H. Dowell, P. Attar, K.C. Hall. A comparison of classical and high dimensional harmonic balance approaches for a duffing oscillator. Journal of Computational Physics, 215 :298–320, 2006. [67] S.L. Lau, W.S. Zhang. Nonlinear vibrations of piecewise linear systems by incremental harmonic balance method. Journal of Applied Mechanics, 59 :153–160, 1992. [68] J.W. Cooley, J.W. Tukey. An algorithm for the machine computation of the complex fourier series. Mathematics of Computation, 19 :297–301, 1965. [69] K.C. Hall, J.P. Thomas, W.S. Clark. Computation of unsteady nonlinear flows in cascades using a harmonic balance technique. AIAA Journal, 40 (5) :879–886, 2002. [70] S. Nacivet, C. Pierre, F. Thouverez, L. Jezequel. A dynamic lagrangian frequency time method for the vibration of dry friction damped systems. Journal of Sound and Vibration, 265 :201–219, 2003. [71] D. Calvetti, L. Reichel. Iterative methods for large continuation problems. Journal of Computational and Applied Mathematics, 123 :217–240, 2000. [72] D.M. Grobman. Homeomorphisms of systems of differential equations. Dokl. Akad. Nauk, 128 :880–881, 1959. [73] P. Hartman. A lemma in the theory of structural stability of differential equations. Proceedings of American Mathematical Society, 11 (4) :610–620, 1960. [74] G. Genta. Dynamics of Rotating Systems. Springer, 2005. 160 BIBLIOGRAPHIE [75] A.H. Nayfeh, D.T. Mook. Nonlinear Oscillations. Wiley, 1995. [76] S.W. Shaw. Dynamics of harmonically excited systems having rigid amplitude constraints. part i : Subharmonic motions and local bifurcations. Journal of Applied Mechanics, 52 :453–458, 1985. [77] S.W. Shaw. Dynamics of harmonically excited systems having rigid amplitude constraints. part ii : Chaotic motions and global bifurcations. Journal of Applied Mechanics, 52 :459–464, 1985. [78] F. Peterka, J. Vacik. Transition to chaotic motion in mechanical systems with impacts. Journal of Sound and Vibration, 154(1) :95–115, 1992. [79] D. Pun, S.L. Lau, S.S. Law, D.Q. Cao. Forced vibration analysis of a multidegree impact vibrator. Journal of Sound and Vibration, 213(3) :447–466, 1998. [80] V.P. Lukomsky, I.S. Gandzha. Cascades of subharmonic stationary states in strongly nonlinear driven planar systems. Journal of Sound and Vibration, 275 :351–373, 2004. [81] G. Frula. Rigid rotor dynamic stability using floquet theory. European Journal of Mechanics - A/Solids, 19(1) :139–150, 2000. [82] C.S. Hsu. Impulsive parametric excitation : Theory. Journal of Applied Mechanics, June :551–558, 1972. [83] Y.K. Cheung, S.H. Chen, S.L. Lau. Application of the incremental harmonic balance method to cubic nonlinearity systems. Journal of Sound and Vibration, 140(2) :273– 286, 1990. [84] D. Laxalde. Etude d’amortisseurs non-linéaires appliqué aux roues aubagées et aux systèmes multi-étages. PhD thesis, Ecole Centrale de Lyon, 2007. [85] M. Guskov. Dynamique non-linéaire des systèmes multi-rotors. Etudes numérique et expérimentale. PhD thesis, Ecole Centrale de Lyon, 2007. [86] A.B. Chaudhary, K.J. Bathe. A solution method for static and dynamic analysis of three dimensional contact problems with friction. Computers and Structures, 24 (6) :855–873, 1986. [87] W.H. Chen, P. Tsai. Finite element analysis of elastodynamic sliding contact problems with friction. Computers and Structures, 22(6) :925–938, 1986. [88] W.H. Chen, P. Tsai. Dynamics of multibody systems containing dependent unilateral constraints with friction. Journal of Vibration and Control, 2 :162–192, 1996. [89] T.A. Laursen, J.C. Simo. A continuum based finite element formulation for the implicit solution of multibody large deformation frictional contact problems. International Journal for Numerical Methods in Engineering, 36 :3451–3485, 1993. BIBLIOGRAPHIE 161 [90] J.C. Simo, T.J.R. Hughes. Computational Inelasticity. Springer, 1998. [91] G. Zavarise, P. Wriggers, B.A. Schrefler. A method for solving contact problems. International Journal for Numerical Methods in Engineering, 42 :473–498, 1998. [92] M.R. Hestenes. Multiplier and gradient methods. Journal of Optimization and Theory Applications, 4 :303–320, 1969. [93] P. Alart, A. Curnier. A mixed formulation for frictional contact problems prone to newton like solution methods. Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering, 92 :353–375, 1991. [94] C. Pierre, A.A. Ferri, E.H. Dowell. Multi-harmonic analysis of dry friction damped systems using an incremental harmonic balance method. Journal of Applied Mechanics, 52 :958–960, 1985. [95] P. Saad. Modélisation et Identification du Comportement Nonlinéaire des Cales en Caoutchouc. PhD thesis, Ecole Centrale de Lyon, 2003. [96] D. Sauter, P. Hagedorn. On the hysteresis of wire cables in stockbridge dampers. International Journal of Nonlinear Mechanics, 37 :1453–1459, 2002. [97] S. Nacivet. Modélisation du frottement en pied d’aube par une approche fréquentielle. PhD thesis, Ecole Centrale de Lyon, 2003. [98] S. Narayanan, P. Sekar. A frequency domain based numeric analytical method for nonlinear dynamical systems. Journal of Sound and Vibration, 211 (3) :409–424, 1998. [99] T.C. Kim, T.E. Rook, R. Singh. Super- and sub- harmonic response calculations for a torsional system with clearance nonlinearity using the harmonic balance method. Journal of Sound and Vibration, 281 :965–993, 2005. [100] J.V. Ferreira, A.L. Serpa. Application of the arclength method in nonlinear frequency response. Journal of Sound and Vibration, 284 :133–149, 2005. [101] N. Lesaffre, J.J. Sinou, F. Thouverez. Stability analysis of rotating beams rubbing on an elastic circular structure. Journal of Sound and Vibration, 299 :1005–1032, 2007. [102] N. Leib, S. Nacivet, F. Thouverez. Dynamics of two flexible vibro-impacting bodies. Soumis à European Journal of Mechanics Applied to Solids. [103] C.H. Lamarque, O. Janin. Rapport d’étude : Grésillement d’une boîte de vitesses, 1999. [104] N. Leib. Caractérisations des embouts de câble et arrêts de gaine de la commande t5be4. rapport interne., 2006. [105] S.M. Han, M.A. Grosenbaugh. Nonlinear free vibration of a cable aginst a straight obstacle. Journal of Sound and Vibration, 273 :337–361, 2003. 162 BIBLIOGRAPHIE [106] V. Gattulli, M. Lepidi. Nonlinear interactions in the planar dynamics of cable-stayed beam. International Journal of Solids and Structures, 40 :4729–4748, 2003. [107] V. Gattulli, L. Martinelli, F. Perotti, F. Vestroni. Nonlinear oscillations of cables under harmonics loading using analytical and finite element models. Computational Methods Applied to Mechanical Engineering, 193 :69–85, 2004. [108] G. Chamberlan. Elements de contrôle actif nonlinéaire. PhD thesis, Ecole Centrale de Lyon, 2000. [109] G. Ricciardi, F. Saitta. A continuous vibration analysis model for cables with sag and bending stiffness. Engineering Structures, 30 :1459–1472, 2008. [110] N. Barbieri, O.H. Souza, R. Barbieri. Dynamical analysis of transmission line cables. part i - linear theory. Mechanical Systems and Signal Processing, 18 :659–669, 2004. [111] N. Barbieri, O.H. Souza, R. Barbieri. Dynamical analysis of transmission line cables. part ii - damping estimation. Mechanical Systems and Signal Processing, 18 :659–669, 2004. [112] N. Barbieri, O.H. Souza, R. Barbieri. Dynamical analysis of transmission line cables. part iii - nonlinear theory. Mechanical Systems and Signal Processing, 18 :659–669, 2004. [113] G.A. Costello. Theory of Wire Rope. Springer, 1997. [114] S.R. Ghoreishi. Modélisation Analytique et Caractérisation Expérimentale du Comportement de Câbles Synthétiques. PhD thesis, Ecole Centrale de Nantes, 2005. [115] A. Nawrocki, M. Labrosse. A finite element model for simple straight wire rope strands. Computers and Structures, 77 :345–359, 2000. [116] D. Sauter. Modeling the Dynamic Characteristics of Slack Wire Cables in Stockbridge Dampers. PhD thesis, Technischen Universität Darmstadt, 2003. [117] R.R. Gerges, B.J. Vickery. Design of tuned mass dampers incorporating wire rope springs : Part i : Dynamic representation of wire rope springs. Engineering Structures, 27 :653–661, 2005. [118] G.E.B. Tan, S. Pellegrino. Nonlinear vibration of cable stiffened pantographic deployable structures. Journal of Sound and Vibration, 314 :783–802, 2008. [119] Z.H. Zhu, S.A. Meguid. Nonlinear fe-based investigation fo flexural damping of slacking wire cables. International Journal of Solids and Structures, 44 :5122–5132, 2007. [120] N. Leib, S. Nacivet, F. Thouverez. Experimental and numerical study of a vibroimpact phenomenon in a gearshift cable. Soumis à Journal of Sound and Vibration. BIBLIOGRAPHIE 163 [121] N. Leib, S. Nacivet, F. Thouverez. Experimental and numerical analysis of two vibroimpacting beams. Proceedings IMAC XXVI, Orlando, Florida, 2008. [122] R.C. Whaley, A. Petitet, J.J. Dongarra. http ://www.netlib.org/lapack/, 2007. Linear algebra package v3.1.1. [123] J. More, B. Garbow, K. Hillstrom. Minpack. http ://www.netlib.org/minpack/, 1999. [124] R.C. Whaley, A. Petitet, J.J. Dongarra. Automated empirical optimization of software and the atlas project. http ://math-atlas.sourceforge.net/, 2000. [125] M.A. Crisfield. Nonlinear Finite Element Analysis of Solid and Structures. Wiley, New York, 1997. [126] K.B. Blair, C.M. Krousgrill, T.N. Farris. Harmonic balance and continuation techniques in the dynamic analysis of duffing’s equation. Journal of Sound and Vibration, 202 (5) :717–731, 1997. 164 BIBLIOGRAPHIE Table des figures 1 Une commande manuelle de boîte de vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 Banc d’essai utilisé au centre technique de La Garenne Colombes . . . . . . 2 3 Réponses accélérométriques sur le banc d’essai pour une excitation de 150 Hz 3 1.1 Problème de contact entre deux corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 1.2 (a) Loi de contact unilatéral (b) Loi de frottement de Coulomb . . . . . . . . 9 1.3 Discrétisation spatiale en éléments finis avec des quadrangles à 4 noeuds . . 13 1.4 Oscillateur linéaire composé de 30 éléments masse-ressort . . . . . . . . . . . 14 1.5 Taux d’amortissement modaux pour 30 modes, (o) réels, (·) identifiés avec taux constant sur les modes 11 à 30, (×) identifiés en utilisant une pseudo inverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 1.6 Evolution du taux d’amortissement modal en fonction de la fréquence pour un amortissement de Rayleigh : (- -) amortissement proportionnel à la raideur (··) amortissement proportionnel à la masse (·) amortissement de Rayleigh . 17 1.7 Taux d’amortissement modaux (o) réels, (·) amortissement de Rayleigh . . . 19 1.8 Taux d’amortissement modaux (o) réels, (·) amortissement de Rayleigh généralisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 2.1 Un oscillateur vibro-impactant à deux degrés de liberté . . . . . . . . . . . . 24 2.2 Comportement dynamique de l’oscillateur libre amorti . . . . . . . . . . . . 25 2.3 Comportement dynamique de l’oscillateur vibro-impactactant pour ω = 0.73 26 2.4 Comportement 3T périodique de l’oscillateur vibro-impactant pour ω = 0.76 27 2.5 Comportement quasi-périodique de l’oscillateur vibro-impactant pour ω = 0.74 28 2.6 Comportement chaotique de l’oscillateur vibro-impactant pour ω = 0.7519 . 29 2.7 Vue d’ensemble d’un algorithme d’optimisation locale . . . . . . . . . . . . . 31 2.8 Un algorithme de prédiction-correction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 2.9 Schéma itératif de la méthode de tir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 165 166 TABLE DES FIGURES 2.10 Schéma d’une méthode de tirs multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 2.11 L’effort non-linéaire en fonction du déplacement relatif . . . . . . . . . . . . 57 2.12 Continuation séquentielle (–) solution exacte (· · · ) prédiction (- -) correction 60 2.13 Continuation arclength avec une prédiction sécante (–) solution exacte (· · · ) prédiction (- -) correction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 2.14 Continuation pseudo-arclength avec une prédiction tangente (–) solution exacte (· · · ) prédiction (- -) correction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 2.15 Les principaux types de bifurcation en fonction de l’évolution des multiplicateurs de Floquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 2.16 Démarche pour étudier la stabilité d’une solution périodique obtenue par balance harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 2.17 Réponses en fréquence de l’oscillateur de Duffing pour f0 = 0.5 et β = 0.1 (a) Hill (b) Echelles Multiples (c) Floquet (d) Intégration temporelle (•) Stable (·) Instable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 2.18 Réponses en fréquence de l’oscillateur de Duffing pour f0 = 0.5 et β = 1 (a) Hill (b) Echelles Multiples (c) Floquet (d) Intégration temporelle (•) Stable (·) Instable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 2.19 Réponses en fréquence de l’oscillateur de Duffing pour f0 = 5 et β = 3 (a) Echelles Multiples (b) Floquet (c) Intégration temporelle (·) Stable (+) Instable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 3.1 Modèle vibro-impactant avec contact unilatéral . . . . . . . . . . . . . . . . 88 3.2 Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique (-) avec 3 harmoniques sur une période à 64 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération . . . . . . . . . . . 90 3.3 Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique avec 3 harmoniques sur une période après (· · · ) la réinjection à 64 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 3.4 Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique avec 3 harmoniques sur une période avant (- - ) et après (· · · ) la réinjection à 65 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 3.5 Comparaison entre l’intégration temporelle (–) et la balance harmonique avec 10 harmoniques sur une période avant (- - ) et après (· · · ) la réinjection à 65 Hz (a) Déplacement (b) Effort de contact (c) Accélération (d) Spectre de l’accélération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 3.6 Modèle vibro-impactant simplifié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 TABLE DES FIGURES 167 3.7 Vue d’ensemble du comportement dynamique du modèle simplifié . . . . . . 99 3.8 Illustration du dédoublement de période à 49 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . 100 3.9 Illustration de la bifurcation secondaire de Hopf à 51.3 Hz . . . . . . . . . . 100 3.10 Illustration du dédoublement de période à 153 Hz . . . . . . . . . . . . . . . 101 3.11 Illustration du passage d’une réponse 2T périodique à une réponse T périodique autour de 200 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 3.12 Comparaison des vitesses de bifurcation en fonction des conditions initiales après le dédoublement de période à 153 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 3.13 Réponse en fréquence détaillée du modèle simplifié entre 135 et 205 Hz, suivie de la solution 2T périodique calculée par la balance harmonique (–) réponse stable (· · · ) réponse instable (o) intégration temporelle . . . . . . . . . . . . 104 4.1 Installation d’une commande manuelle sous le capot . . . . . . . . . . . . . . 109 4.2 Câble de passage et de sélection avant montage dans véhicule . . . . . . . . . 110 4.3 Câble interne et gaine dénudés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 4.4 Section du câble interne et de la gaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 4.5 Montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 4.6 Accélération sur la gaine pour différents niveaux d’excitations (a) 0.9 m.s−2 (b) 1.1 m.s−2 (c) 1.3 m.s−2 (d) 1.6 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 4.7 Deux positions différentes de l’embout de câble côté boîte de vitesses . . . . 113 4.8 Accélération pour une excitation de 1.4 m.s−2 à 120 Hz pour différentes positions du câble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 4.9 Schéma de propagation des vibrations jusqu’à l’habitacle passager . . . . . . 114 4.10 Verin 1000 Hz utilisé pour la caractérisation des pièces filtrantes . . . . . . . 115 4.11 Montage pour caractériser la raideur d’un embout de câble filtré . . . . . . . 116 4.12 Courbe de réponse statique de l’embout de câble filtré . . . . . . . . . . . . . 116 4.13 Montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 4.14 Réponse en fréquence du câble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 4.15 Montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 4.16 Réponses en fréquence de la gaine pour des excitations entre 0.5 m.s−2 et 8 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 4.17 Réponses en fréquence expérimentales (–) et simulés (· · · ) pour différents niveaux d’excitations (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 3 m.s−2 (e) 4 m.s−2 (f) 5 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 4.18 Montage expérimental du câble interne et de la gaine droits . . . . . . . . . 129 168 TABLE DES FIGURES 4.19 Réponses en fréquence du câble de sélection pour des excitations entre 0.5 m.s−2 et 8 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 4.20 Mesures expérimentales pour une excitation de 106 Hz pour différents niveaux d’excitation : (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 . . . . 131 4.21 Dédoublement de période à 186 Hz. Accélération (a) et déplacement (b) avant le dédoublement pour une excitation de 2 m.s−2 . Accélération (c) et déplacement (d) après le dédoublement pour une excitation de 4 m.s−2 . . . . 132 4.22 Modèle éléments finis après l’application de la gravité . . . . . . . . . . . . . 134 4.23 Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 106 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 4.24 Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 126 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 4.25 Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 156 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 4.26 Comparaison des accélérations expérimentales (à gauche) et calculées (à droite) pour différents niveaux d’excitations à 186 Hz (a) 0.5 m.s−2 (b) 1 m.s−2 (c) 2 m.s−2 (d) 4 m.s−2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 4.27 Comparaison des accélérations issues de l’intégration temporelle (à gauche) et de la balance harmonique (à droite) au même niveau d’excitation (4 m.s−2 ) pour différentes fréquences d’excitation (a) 106 Hz (b) 186 Hz (c) 126 Hz (d) 156 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 4.28 Comparaison des efforts de contact sur l’élément 13 issus de l’intégration temporelle (à gauche) et de la balance harmonique (à droite) au même niveau d’excitation (4 m.s−2 ) pour différentes fréquences d’excitation (a) 106 Hz (b) 186 Hz (c) 126 Hz (d) 156 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 4.29 Comparaison des moyennes des efforts de contact issus de l’intégration temporelle (à gauche) et de la balance harmonique (à droite) au même niveau d’excitation (4 m.s−2 ) pour différentes fréquences d’excitation (a) 106 Hz (b) 186 Hz (c) 126 Hz (d) 156 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 4.30 Déformation statique du câble et de la gaine en configuration véhicule . . . . 148 4.31 Efforts d’impacts (N) en fonction de la fréquence d’excitation et des éléments de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 4.32 Efforts d’impacts (N) en fonction de la fréquence d’excitation et des éléments de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 TABLE DES FIGURES 169 4.33 Efforts d’impacts (N) en fonction de la fréquence d’excitation et des éléments de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 Liste des tableaux 3.1 Modes propres des corps 1 et 2 (Hz) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 4.1 Comparaison des fréquences propres expérimentales et numériques [Hz] . . . 120 4.2 Modules d’Young recalés de la gaine en fonction du niveau d’excitation . . . 123 4.3 Coefficients de Rayleigh et taux d’amortissement modaux de la gaine en fonction du niveau d’excitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 4.4 Etat des éléments de contact après application de la gravité . . . . . . . . . 133 4.5 Comparaison des temps de calcul entre l’intégration temporelle et la balance harmonique pour différentes fréquences d’excitation . . . . . . . . . . . . . . 144 4.6 Etat des éléments de contact après la mise en position statique . . . . . . . . 148 171 Annexe A Aspects pratiques des méthodes de continuation Un point qu’il est important de saisir dans les méthodes de continuation avec paramétrisation de la longueur d’arc est le suivant. Comme le paramètre de contrôle est une inconnue, et que les matrices du système 2.52 dépendent de ce paramètre, à chaque fois qu’il va être modifié dans l’algorithme de Newton il va falloir recalculer les matrices. Dans une formulation fréquentielle, l’équation à résoudre est de la forme 2.42. Si le paramètre de contrôle est la fréquence d’excitation f , il faut recalculer les matrices de raideur dynamique Λ à chaque itération de l’algorithme de Newton. Ce processus peut s’avérer très lourd si le système a beaucoup de degrés de liberté. C’est le principal inconvénient de ces méthodes. A cela s’ajoute une limitation moins grave : ces méthodes permettent de suivre une branche d’une solution périodique et passent facilement les points de retournement. Par contre, les autres types de bifurcations donnent souvent naissance à plusieurs branches. Dans ce cas, il faut déterminer le type de bifurcation à l’aide d’une étude de stabilité par multiplicateurs de Floquet et réinitialiser une continuation en choisissant la branche sur laquelle on désire connaître l’évolution. En théorie donc, ces méthodes de continuation permettent le tracé effectif de la courbe de réponse. En pratique, hormis les inconvénients précédents, il est courant de rencontrer divers problèmes lors de leur utilisation, comme des mauvais conditionnements de matrices (comme nous venons de le voir avec la prédiction tangente), des convergences très lentes de l’algorithme de Newton, etc... Quelques considérations supplémentaires permettant d’améliorer considérablement la robustesse de ces méthodes sont présentées ci-dessous. Gestion du pas Dans toutes les méthodes de continuation apparaît le pas ∆sk . La valeur prise pour cet incrément est primordiale, car d’un côté, un pas trop long donne une mauvaise approximation initiale (trop éloignée de la solution exacte) et par conséquent de nombreuses itérations sont nécessaires pour converger, et d’un autre côté, un pas trop faible conduit à un nombre de points à calculer excessif. Afin d’optimiser au mieux le temps de calcul, l’emploi d’un 173 pas variable est préconisé. La gestion du pas de temps est très utilisée dans les méthodes d’intégration des équations différentielles ordinaires, où l’adaptation du pas se fait sur des critères de précision. Dans le cas présent, on a plutôt recours à des critères d’origine statistique. Le principe est d’utiliser, pour le calcul de chaque point, le pas du calcul précédent multiplié par une constante β (comme dans Levenberg-Marquardt 2.2.4). Ce coefficient multiplicateur dépend du nombre d’itérations nécessaires pour atteindre la convergence dans le dernier calcul et doit permettre d’augmenter le pas lorsque le solveur converge rapidement et de le diminuer si le nombre d’itérations dépasse un certain seuil. On peut prendre à titre d’exemple β= Iopt ou β = 2(Iopt −I)/4 I (6) où I est le nombre d’itérations du pas précédent et Iopt le nombre d’itérations souhaité [125]. Il est par ailleurs conseillé de borner la valeur du coefficient multiplicateur pour éviter que celui-ci ne deviennent trop grand ou trop petit. Mise à l’échelle Lors de l’implémentation de ces méthodes de continuation il est possible et souvent nécessaire d’apporter quelques modifications afin de faciliter la convergence de l’algorithme de Newton-Raphson. En effet, dans une continuation arclength ou pseudo-arclength il peut y avoir plusieurs ordres de grandeurs de différences entre la variable y et le paramètre de contrôle λ. Typiquement, dans les exemples que nous avons traité dans le domaine fréquentiel, le déplacement était de l’ordre de 10−5 m et le paramètre de contrôle, la pulsation ω, était pluôt de l’ordre de 103 rad.s−1 . Même si les algorithmes de Newton disponibles effectuent des normalisations en interne, celles-ci ne font pas de différences entre les paramètres. Ainsi, les normes utilisés vont contenir l’influence des déplacements et de la pulsation. Pour pallier ce problème, il vaut mieux effectuer une mise à l’échelle préalable où les déplacements seront normalisés par des déplacements et la pulsation par une pulsation. Dans de nombreux articles ce problème n’apparaît pas puisque les auteurs travaillent à partir d’une équation différentielle adimensionnalisée. L’approche que nous avons utilisé lors d’une balance harmonique est la suivante. Au pas k de l’algorithme de continuation les harmoniques des déplacements sont normalisés par rapport à l’harmonique prépondérant du déplacement de l’itération k − 1. Ainsi le terme de normalisation à l’itération k s’écrit ynorm = p a2max + b2max (7) où amax et bmax sont respectivement les coefficients de Fourier (cosinus et sinus) de l’harmonique contenant la majeure partie du déplacement. La pulsation est, quant à elle, sim- plement normalisée par rapport à la pulsation trouvée au pas précédent. Si la continuation est combinée avec une méthode de tir la normalisation des termes de déplacements pourrait se faire avec ky0 k. Une autre approche pour améliorer la convergence consiste à pondérer les termes de l’équation de contrainte par un facteur d’ajustement ξ. Avec une méthode arclength cela donne ξ kyk − yk−1 k2 + (1 − ξ) (λk − λk−1 )2 − ∆s2 = 0 (8) Mais se pose alors le problème du choix de ξ. Blair et al. [126] proposent la pondération suivante kyk−1k kyk − yk−1k2 (9) + (λk − λk−1 )2 − ∆s2 = 0 avec σ = 2 σ λk−1