Etude expérimentale et modélisation des vibrations mécaniques des
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Etude expérimentale et modélisation des vibrations mécaniques des
3e Conférence Francophone de Modélisation et Simulation "Conception, Analyse et Gestion des Systèmes Industriels" MOSIM'01 – du 25 au 27 avril 2001 Troyes (France) Etude expérimentale et modélisation des vibrations mécaniques des systèmes électromécaniques de conversion d'énergie Stanislav L. Koschinsky, Yuri V. Kolokolov* Kondo H. Adjallah Department of Design and Technology of Electronic Systems, State Technical University of Orel, 29, Naugorskoe Shosse, 302030, Orel, Russia, tel. 7 0862 421661, fax 7 0862 416684, E-mail: [email protected], [email protected] Département Génie des Systèmes Industriels Université de Technologie de Troyes 12, rue Marie Curie – BP 2060 10010 Troyes Cedex – France tel. +33 325 71 56 31, fax +33 325 71 56 49 e-mail: [email protected] RESUME : On présente une approche d'analyse et de modélisation des systèmes technologiques à risque. Pour l’élaboration de cette approche, on utilise à titre expérimental une plate-forme électromécanique de conversion d'énergie, représentative des systèmes technologiques à risque. On propose alors une démarche pour la modélisation et l'analyse de leurs comportements dynamiques. Cette démarche permet d'élaborer un modèle suffisamment exact et simple pouvant reproduire en simulation l'ensemble des scénarios de développement des dynamiques du système considéré. Ces modèles mathématiques serviront à élaborer un système d’aide à la conception et au diagnostic fiables des EECS. MOTS-CLES : système dynamique, système électromécanique, modéliser, bifurcation, vibration 1 INTRODUCTION L'utilisation des systèmes de conversion d'énergie est très largement répandue dans les processus technologiques à risque. La complexité de structure, l'importante quantité du flux d'énergie à contrôler, le niveau requis de fiabilité et de sécurité, ainsi que le coût élevé de ces systèmes exigent la mise au point d'approches quantitative et qualitative appropriées à leur conception. Pour leur sûreté de fonctionnement, il est en plus nécessaire d'élaborer des méthodes de detection, d'isolation et de diagnostic précoce de leurs défaillances. Pour cela, certaines caractéristiques spécifiques sont à respecter, si l'on tient compte des remarques suivantes: a) L'approche méthodologique moderne d'analyse quantitative et de conception des EECS est basée sur la bifurcation [Nayfeh et al, 1998; Ueda et al, 1998]. Cette approche est un outil efficace aussi bien pour simplifier les modèles dynamiques des EECS (en vue de réduire l'ordre des modèles) que pour garantir leur adéquation (i.e. garantir la reproductibilité des scénarios qualitatifs de développement des dynamiques des EECS). b) Une des approches modernes de construction de systèmes de détection précoce de défaillance utilise les observateurs non linéaires d’état [Adjallah, 1993] [Isermann et al, 1992]. Elle se base sur la détection des signes précurseurs de défaillance qui peuvent être révélés dans le comportement dynamique d’un système par l’intermédiaire de ses variables d’état. Pour cela, les modèles dynamiques des EECS doivent satisfaire les exigences de description mathématique exact (i.e. reproductibilité des scénarios qualitatifs du développement des dynamiques des EECS avec les variations dans les paramètres du système) et sa suffisance est nécessaire pour construire un système de détection de défaillance [Kolokolov et al, 2000]. Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte les caractéristiques spécifiques de la topology des EECS et les conséquences spécifiques à leurs dynamiques non linéaires, pour le développement d’approches de modélisation. Dans ce cas, les investigations ont pour but de vérifier le degré d’adéquation entre les approches de modélisation des EECS par la comparaison des résultats théoriques et expérimentaux que l’on suppose pratiquement indispensables. 2 DESCRIPTION DE L’INSTALLATION ET DES RESULTATS EXPERIMENTAUX L’objet des travaux présentés dans ce papier est une installation électromécanique constituée de machines tournantes électriques entrainant une charge mécanique non uniforme et une génératrice électrique à courant continu, dont la structure est représentée par la figure 1. Des systèmes réels, tels que les motopompes par exemples, peuvent être modélisés suivant la même démarche. L’objectif de ces travaux est de construire le modèle dynamique le mieux adapté à la description des vibrations mécaniques dans le cas présent, et de mener une recherche expérimentale sur les paramètres d'influence des vibrations de cette catégorie de systèmes. La charge électromécanique du système est constituée par une résistance active placée dans le circuit d’induit de la génératrice, et sa puissance varie par pallier de 0,6 kW entre 0,6 et 4,8 kW. La non uniformité de la charge mécanique entrainée par l’intermédiaire de l’arbre du moteur est obtenue par addition de masses au disque MOSIM'01 – du 25 au 27 avril 2001 – Troyes (France) d’équilibrage (voir figure 1, disk 1). Cette non uniformité entraine des balourds sur la partie rotative en phase de fonctionnement. La somme de la masse d’arbre du moteur et de la masse du disque d’équilibrage est de 16,7 kg. La masse de l’installation est de 700 kg. Les expérimentations ont été menées en utilisant des masses additionnelles de 0,24 kg et 0,36 kg disposées à une distance de 0,12 m du centre du disque d’équilibrage. Balancing Mechanical disk 1 fix coupling D.C. Motor rotation à 8,87 Hz, masse d’équilibrage de 0.24 kg, et puissance de charge génératrice à 0,6 kW). vibrations, m 0,68·10 -3 Balancing disk 2 D.C. Generator -3 -1,02·10 Control desk ~ ~ 0 Gear box M 3,55 time, s Figure 2. Exemple de série temporelle des vibrations horizontales. M R* 1 2 Coupling mechanism ~ Generator’s excitation winding IN F O R M A T IO N IN P U T A D A PT E R IB M P C A T internal bus 1 - rotational speed sensor, 2 - vibration sensors (horizontal and vertical). Moteur cc : 6kW, 1500 tr.mn-1; Générateur cc: 6kW, 3000 tr.mn-1. Figure 1. Schéma structurel de l’installation Les informations provenant des capteurs de vibration (accéléromètres placés sur la structure du moteur), du capteur de vitesse de rotation du moteur (codeur incrémental) et des enroulements d’exitation et d’induit du moteur te de la génératrice (mesures d'intensité et de tension) sont échantillonnées et enregistrés sur un PC. La démarche expérimentale était la suivante : le processus de démarrage (respectivement d’arrêt) du moteur avec des masses sur le disque d’équilibarge a été étudié. La tension d’alimentation des enroulements d’induit du moteur a été variée suivant des valeurs discrètes (variations quasi statiques) dans une plage allant de 30 V à 230 V, par pallier de 5 V. Dans ce cas, les séries de données ont été échantillonnées des modes quasi stationnaires correspondant à des tensions particulières de l’induit du rotor (vitesses de rotation particulières de l’arbre). Remarquons qu’aucune différence significative n’a été révélée entre les vibrations suivant les axes horizontal et vertical dan le plan transversal du moteur, au cours de l’expérience. C’est pourquoi seules les vibrations horizontales seront considérées dans ce qui suit. Une série de mesures typiques des vibrations horizontales du moteur est représentée sur la figure 2 (vitesse de On peut distinguer aisément sur la figure 2 des composantes de basse fréquence et haute fréquence dans le spectre des vibrations. Chacune de ces composantes est induite pour différentes raisons que nous allons considérer séparément. 2.1 Composante Haute Fréquence des vibrations En général, les spectres des composantes de haute fréquence sont constituées : - de l’harmonique principale qui correspond à la fréquence de rotation fr de l’arbre du moteur, et d’autres harmoniques élevées qui sont induites par des forces élastiques non linéaires et autres colisions internes, - des harmoniques d’odre ni (nifr) proportionnelles à la fréquence de rotation de l’arbre, qui sont induites par les colisions entre les dents des engrenages des réducteurs de vitesse (ici, les ni correspondent au nombre de dents des engrenages) et leurs harmoniques combinatoires, - des bruits induits par l’environnement de l’installation. Comme résultat des études spectrales des composantes de haute fréquence dans les séries temporelles des différentes expériences, il a été révélé que l’énergie des vibrations est esssentiellement portée par les premières harmoniques (fr, 2fr, etc), et c'est une caractéristique que de trouver dans les spectres des composantes haute fréquence des harmoniques de rangs paires et impaires. Cela signifie que la composante haute fréquence correspond à une source d'oscillations non symétriques. La figure 3 montre des diagrammes d’intensité de vibration en fonction de la fréquence de rotation pour le premier harmonique fr (diagrammes 1 et 2), et pour le deuxième harmonique 2fr (diagrammes 3 et 4). Les diagrammes 1 et 3 ont été obtenus pour une masse d’équilibrage de 0,36 kg, et les diagrammes 2 et 4 ont été tracés pour une masse d’équilibrage de 0,24 kg. MOSIM'01 – du 25 au 27 avril 2001 – Troyes (France) vibrations, m 10 Avec: -3 1 10 c1 k = 2ς 1ω 1 , 2 = ω 22 , m1 m2 k1 = ω12 , m1 c1 k k = 2ς 1ω1 , = b1 , = b2 . m1 k1 k2 2 -4 3 4 F1 =f(x1) 10 c1 m, ε -5 x1(t) ϖt m1 10 O1 -6 6 10 F=f(x1-x2) 100 frequency, Hz x2(t) Figure 3. Intensité de vibration en fonction de la fréquence de rotation. Diagrammes 1 : harmonique fr avec une masse de 0,36 kg. Diagrammes 2 : harmonique fr avec une masse de 0,24 kg. Diagrammes 3 : harmonique 2fr avec une masse de 0,36 kg. Diagrammes 4 : harmonique 2fr avec une masse de 0,24 kg. On distigue facilement sur la figure 3, un pic de résonance spécifique autour des fréquences 10 Hz et 25 Hz pour l’harmonique principale, et autour des fréquences 25 Hz et 50 Hz pour l’harmonique f = 2fr. L’apparition de pics de résonance principale aux fréquences ≈10 Hz, ≈25 Hz peut être facilement expliquée du point de vue de la mécanique classique linéaire [Tse et al., 1963; Babakov 1968]. Supposons que la structure de l’installation ne vibre pas, alors le système considéré peut être représenté par le schéma équivalent, de la figure 4, avec des paramètres condensés. m2 F2 =f(x2) En supposant linéaire tout couplage élastique, tel que F1=k1x1, F2=k2x2, F=k(x1-x2), on déduit le modèle mathématique correspondant au schéma de la figure 4 sous la forme [Tse et al., 1963] : 2 2 = −2ς1ω1 ⋅ y1 − (1 + b1 )ω1 ⋅ x1 + b1ω1 ⋅ x2 m εϖ 2 ⋅ sin(ϖt ) + m1 = −2ς 2ω 2 ⋅ y2 − (1 + b2 )ω 22 ⋅ x2 + b2ω 22 ⋅ x1 dx1 = y1, dt dy1 dt dy2 dt dx2 = y2 dt (1) O2 ε - radius of disbalance a) x1 b) Dans la représentation de la figure 4, la masse m1 représente la somme des masses de l’arbre du moteur et celle du disque (disk 1) d’équilibrage (voir figure 1), et la masse m2 représente la la masse de l’arbre de la génératrice. Le couplage entre le moteur et la génératrice est supposé non élastique. La masse d’équilibrage m placée sur un rayon ε du disque 1 tournant à la witesse ϖ est une source de vibration. c2 misplacement of center of mass Figure 4. Schéma équivalent de l’installation (a), et schéma équivalent de l’arbre du moteur avec l’équilibrage (b). Les fréquences de résonance ω1 and ω2 des arbres peuvent être déterminées à partir des configurations et propriétés physiques des arbres, et ces fréquences correspondent approximativement aux valeurs ≈10Hz, ≈25Hz. Les coefficients d’amortissement ζ1 et ζ2 ainsi que la rigidité de leur couplage mutuel élastique peuvent être estimés (ou plutôt ajustés) sur la base de données expérimentales. Ce modèle mathématique est représenté par deux oscillateurs couplés [Haken, 1983]. Le modèle approxime assez bien le pic de résonance, mais il n’est pas capable de decrire les distortions de forme des signaux de vibration (apparition des composantes ultra-harmoniques) et une résonance d’ultra-harmonique à la fréquence ≈50Hz de rang impair 2fr. Dans les travaux de [Krukov, 1984] et [Babakov 1968] l’apparition des résonances d’ultraharmoniques dans des systèmes similaires est décrite par la présence du couplage non linéaire F(x) = k(x)+k(x)3 MOSIM'01 – du 25 au 27 avril 2001 – Troyes (France) entre les éléments de ce système. Par ailleurs, [Krukov, 1984] indique que l'aspect de la résonance ultraharmonique pour l’harmonique de rang impair intervient de façon ‘‘raide’’ uniquement pour les circuits oscillants symétriques. 2.2 Composante Basse Fréquence des vibrations La composante basse fréquence des vibrations est représentée par des oscillations apériodiques avec des fréquences fondamentales de l’ordre de ≈fr/20 (il s’écarte de 0,4 Hz à 1,1 Hz), avec une intensité approximativement équivalente à l’intensité de la composante haute fréquence. L’étendu de mesure de fréquence (1Hz-10kHz ) des accéléromètres Bruel & Kjaer type 8325 utilisés comme capteurs de vibration dans les expérimentations, n’a pas permis de donner une estimation quatitative de la composante basse fréquence des vibrations. On peut supposer [Babakov 1968] que la raison principale d’apparition de composantes basse fréquence dans le spectre des vibrations est une oscillation axiale distribuée le long de l’arbre du moteur. Le modèle de la figure 4 n’est donc pas suffisant pour estimer les paramètres relatifs à ces oscillations. 3 CONCLUSIONS Une recherche expérimentale sur les vibrations des machines tournantes avec masse d’équilibrage met en évidence dans le spectre des vibrations des composantes basse et haute fréquence. Il a été mis en évidence que l’apparition des composantes basse fréquence et haute fréquence sont induites pour différentes raisons, et décrite par différents modèles mathématiques avec des paramètres respectivement distribués et condensés. De plus, il a été montré qu’il est indispensable d’affiner les modèles bien connus des oscillateurs mécaniques couplés pour expliquer l’apparition d’une résonance ultraharmonique de rang impair dans le spectre des composantes haute fréquence des vibrations. Les investigations futures sur cette plateforme visent à établir des modèles mathématiques suffisement exacts pour élaborer un système fiable d’aide à la conception et au diagnostic précoce des EECS. 4 REFERENCES Isermann R., B. Freyermuth. Fault detection, supervision, and safety for technical processes (SAFEPROCESS'91). Oxford [England] ; New York : Pergamon Press, 1992. Nayfeh A.H., A.M. Harb, C.-M. Chin, A.M.A. Hamdan and L. Mili. Application of bifurcation theory to subsynchronous resonance in power systems. Int. J. Bifurcation and Chaos. Vol.8. No.1.157-172. 1998. Ueda Y., Y. Ueda, H.B. Stewart, R.H. Abraham. Nonlinear resonance in basin of two coupled swing under periodic forcing. Int. J. Bifurcation and Chaos. Vol.8. No.6.1183-1197. 1998. Kolokolov Yu.V., Koschinsky S.L. and Adjallah K.H. The Mathematical Problems of Forecasting Adequacy of Emergency Situations in the Dynamics of the Pulse Energy Conversion Systems when Using Bifurcation Approach. Proceedings from conference “Mathematical problems for maintenance and reliability (MMR’2000)”, France, Bordeaux, 4-7 July 2000. – pp. 603-606. Tse F.S., I.E. Morse, R.T. Hinkle. Mechanical vibrations. Allyn and Bacon Inc., Boston, 1963. Babakov I.M.. The theory of oscillation. Moscow, Nauka, 1968. (in Russian). Haken H.. Advanced synergetic. Instability hierarchies of self-organizing systems and devices. (Russian edition, Moscow, Mir, 1985 translated from SpringerVerlag, 1983). Krukov B.I.. Forced oscillations in substantially nonlinear systems. Moscow, Mashinostroenie, 1984. (in Russian). Adjallah K. Contribution au diagnostic des systèmes par observateur d'état. Thèse de doctorat de l'Institut National Polytechnique de Lorraine, octobre 1993. 5 REMERCIEMENTS Cet artricle est le résultat d’un travail de collaboration entre l’Université Technique d’Etat d’Orel (Russie) et l’Universite de technologie de Troyes (France), pour la maintenance et la fiabilité des systèmes électromécaniques de conversion d’énergie. Ce travail a été supporté financièrement par une subvention du Conseil Régional de Champagne Ardenne (France).